James Potter

James Potter ronflait allègrement, tout en bavant avec application sur son oreiller. L'un de ses bras était tordu sous son ventre, tandis que le second s'étendait devant lui jusqu'à la tête de son lit. Un pied emergeait de l'édredon tel un rocher à marée basse, tandis que l'autre jambe restait sagement enfouie sous la couverture.

La chambre était aussi paisible que son occupant. On y trouvait un bureau partiellement rangé, où se côtoyaient plumes, parchemins, brouillons, livres commencés sans être achevés, moignons de stylos et des épluchures de gommes. Était appuyé contre le bureau un balai de quidditch flambant neuf, face à une étagère supportant tant bien que mal le poids de livres traitant tout de près ou de loin les sports sorciers. Le Quidditch apparaissait par ailleurs sur les murs eux-mêmes, à travers des affiches animées ou des joueurs poursuivaient une éternelle partie, l'attrapeur photographié à la recherche d'un vif d'or qu'il ne parviendrait jamais à saisir dans sa réalité.

Soudain, un claquement régulier provenant du rideau perturba la quiétude ambiante. James se retourna dans son lit avec un ronflement sonore sans pour autant émerger de son profond sommeil. Ce fut alors que le bruit persista, revenant à des intervalles de plus en plus rapprochées et à chaque fois un peu plus puissant. On aurait dit que quelqu'un dans le jardin s'entêtait à jeter des pierres contre la fenêtre.

Un coup particulièrement fort retentit. S'il y avait réellement un jet de caillou, celui qui venait d'être envoyé devait être particulièrement gros. Comme si son subconscient redoutait que la fenêtre parte en éclat, James se réveilla en sursaut.

Il resta quelques instants hébété, se demandant sans doute ce qui venait de le tirer aussi brusquement de ses songes. Il sembla s'en rappeler lorsque le dérangement auditif reprit de plus belle.

Grognant d'agacement, il recracha un filet de salive qui le reliait à son oreiller et repoussa ses draps en frissonnant. Il bondit hors de son lit, les yeux papillonants de sommeil, et écarta avec gaucherie les rideaux.

Un torrent de lumière inonda la pièce, et James failli crier de douleur alors que ses rétines protestaient un contraste aussi soudain. Quand il enfin entrouvrir les paupières, il aperçut un énorme hibou grand-duc qui s'impatientait derrière la vitre. En voyant enfin son destinataire hors de son lit, l'oiseau montra son empressement en frappant encore une fois la fenêtre de son bec crochu.

- Oh ça va, ça va, deux secondes, grommela le jeune homme en déverouillant la poignée.

Le hibou rentra dans la pièce dans un ouragan de plumes, non sans émettre un formidable cri d'indignation. James mit un certain temps à le convaincre de bien vouloir lui donner la lettre ficellée à ses serres repitiliennes.

Enfin, au moment où il détachait son courrier, le rapace le gratifia d'un pincement de bec sur l'index et s'envola sans demander son reste, alors que James s'exclamait derrière lui :

- Saleté de piaf !

Il baissa les yeux vers l'enveloppe, et sa mauvaise humeur disparut aussitôt, replacée par une joie qui faisait bondir son cœur d'un bout à l'autre de sa poitrine.

Aussi rapide qu'un éclair, il sortit à tout volée de sa chambre et dévala les escaliers menant au salon, tout en s'égosillant :

- Papa ! Maman !

Il déboucha dans la cuisine comme un poisson hors de l'eau. Des effluves de café, de pain grillé et de porridge flottaient dans la pièce. Ses parents levèrent les yeux vers lui, surpris. Fleamont Potter tenait un exemplaire de la gazette du sorcier entre les mains, une tasse fumante posée sur la table près de lui. Euphémia Potter quand à elle avait momentanément suspendu le couteau à beurre au-dessus de son toast partiellement tartiné.

- Ça alors, Euphémia, notre fils hors de son lit à huit heures moins le quart un samedi matin, en pleines vacances de juillet. Tout va bien, James ? demanda Fleamont, amusé.

- Oui ! Oui tout va bien, tout va TRÈS BIEN ! J'ai reçu ma lettre pour Poudlard ! s'extasia le concerné, brandissant l'enveloppe devant le nez de ses parents.

Celle-ci était scellée avec un cachet de cire écarlate, frappé du seau de l'école de sorcellerie.

Eophémia abandonna aussitôt son petit déjeuner sur la table pour se précipiter vers son fils. Ignorant ses gesticulations, elle l'embrassa tendrement sur le sommet de son crâne ebourrifé.

- Je suis tellement fière de toi, mon Jamie ! J'étais sûre que tu finirais par la recevoir.

- Avec le temps qu'il passe sur un balai, ce serait étonnant qu'il soit un cracmol ! intervint Felamont, les yeux brillants.

- Alors, tu n'ouvres pas ta lettre ?

James se mit s'attaqua aussitôt à l'enveloppe, prenant soin de ne pas la déchirer, elle et son son précieux contenu. Il en extirpa ensuite un parchemin, sur lequel s'étalait une écriture forgée d'élégantes boucles. Ayant oublié ses lunettes sur sa table de nuit, James plissa les yeux afin de déchiffrer la calligraphie.

- Alors ? questionna Fleamont en avalant le fond de sa tasse.

- Bah, alors je suis bien pris ! répondit James, surexcité. C'est génial ! Il faudra seulement que l'on aille au chemin de Traverse pour les fournitures, et aussi pour une robe et...

- Évidemment, mon grand. On va s'organiser tout de suite, le rassura Euphémia en mordant dans son toast.

Fleamont rangea sa gazette du sorcier sur un coin de la table, recula légèrement sa chaise et croisa pensivement les mains sur son ventre.

- Dis-moi, James, les élèves sont-ils autorisés à avoir leur propre balai de Quidditch ?

James parcouru de nouveau le parchemin des yeux, et son sourire se fâna imperceptiblement.

- Ah, non, c'est interdit, constata-t-il, légèrement déçu.

- Ah. Les règles n'ont donc pas changé... Cependant, j'ai quelque chose pour toi qui n'est pas explicitement refusé à Poudlard.

James releva la tête, subitement intéressé.

- Hein ? De quoi ?

Ses parents échangèrent un regard chargé de sous-entendus. Puis Fleamont se leva avec un regard mystérieux.

- Tu ferais bien te t'asseoir, James, je reviens dans deux petites minutes.

James obtempéra, perplexe, puis regarda son père disparaître de la cuisine. Il pivota aussitôt vers sa mère, qui mâchait son toast avec un air malicieux.

- Qu'est-ce qu'il voulait dire, maman ?

- Patience, tu verras bien !

Trépignant, James se servit en attendant un bol de porridge. Il l'avala sans même savourer le goût familier de l'avoine bouilli, guettant les sons venant de l'étage. Un bruit sourd lui indiquait que son père traînait probablement un carton sur le sol.

Quand, enfin, Fleamont réapparu, il s'avança solennellement vers son fils, et lui donna un petit paquet enveloppé d'un vieil emballage jauni.

- Qu'est ce que c'est ?

- Ouvres, et tu verras bien.

James ne se fit pas prier. Il fit sauter la ficelle qui le fermait aussi facilement que s'il s'agissait d'une toile d'araignée. Il en sortit aussitôt une immense cape pourpre, aux étranges reflets argentés, bien assez grande pour qu'il puisse de rouler dedans.

James ne savait pas vraiment à quoi il s'attendait, mais se sentait tout de même un peu déçu. Tout ce cinéma pour... Pour une cape qu'il n'aurait jamais la taille de porter ?

- Ce n'est pas une cape ordinaire, James, expliqua Fleamont avec douceur, comme s'il avait lu dans ses pensées. Vas-y, enfile-là, tu vas vite comprendre pourquoi.

Il s'exécuta. Le vêtement était doux sous ses doigts, et étonnamment confortable. Il la passa par-dessus ses épaules, alors que Fleamont l'observait faire, une lueur étrange dans les yeux.

- Elle est beaucoup trop grande pour moi, papa, tu vois bien que...

James s'interrompit. Il avait baissé les yeux vers ses pieds pour désigner le fait que le tissu traînait pas terre sur plusieurs bon centimètres, mais le fait était qu'il n'avait plus de pieds. En fait, il n'avait même plus de corps du tout. Celui-ci avait entièrement disparu.

- Papa... Ce n'est quand même pas...

- Une cape d'invisibilité, compléta-t-il.

- Ça m'a toujours fait bizarre, commenta sa mère, les yeux brillants.

James ouvrit des yeux aussi ronds que des soucoupes.

- Mais... Mais... Mais c'est incroyable ! C'est super rare ! Comment...?

- Elle est dans notre famille depuis des générations. Mon grand-père l'a tenu de son père, mon père l'a tenu de mon grand-père et je la tiens moi-même de mon père. J'ai pensé que ton acceptation à Poudlard était la meilleure occasion de te la léguer à mon tour.

- Et j'espère que tu la donneras également à ton fils, ajouta Espérance avec un coup d'œil sous entendant clairement « tu as intérêt à nous donner plein de petits enfants ! »

- Je...

James n'avait plus les mots. Il balbutia quelques phrases décousues puis, finalement, sauta au cou de son père en s'écriant :

- Merci ! Merci infiniment ! Je ferais très attention, bien sûr.

- Et un bon usage, également, n'est ce pas ? demanda Fleamont avec une sévérité feinte. Ce n'est pas un jouet.

- Évidement, papa. Je le jure solennement !


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