Jour 3: Ressentir
"Quand j'étais petite, maman me disait tout les jours que j'étais la plus belle poupée qu'elle avait faite. Elle aimait ses poupées de cire, mais moi, elle aspirait à autre chose que de l'amour. Depuis que je suis née, et ceci jusqu'à mes douze ans, elle m'a choyé, gâté. Je ne faisais jamais rien. Toute la journée, je restais assise à attendre sur une chaise, que nous mangions, puis, que j'aille me coucher. Bien sûr, elle me faisait dessiner, danser, chanter et travailler aussi. Mais j'étais, au final, tout autant que toi, prisonnière de ce monde.
Je me souviens qu'un jour, j'étais sortie sans son consentement, dans le petit jardin, et je m'étais assise dans l'herbe. Là, j'avais prise entre mes mains trois fleurs, une rouge, une blanche, et une violette. Je les avais noués ensemble avec quelques brins d'herbe plus solides que les autres, et je les avais mis dans mes cheveux. J'avais des cheveux très longs à cette époque, encore plus que maintenant. Ils m'arrivaient au genoux. En faite, ma mère ne les avait jamais coupés.
Enfin bref, je m'égare. Tout ça pour dire, qu'au final, ma mère est entrée en hurlant dans le jardin, comme une folle. Je n'avais pas très bien compris pourquoi. Maintenant je sais. Elle m'avait prise dans ses bras, puis m'avait giflé. Puis, elle s'était excusée, mais ce n'était pas important pour moi. Je n'avais rien, et elle n'était plus en colère. Cela ne s'est plus jamais reproduis. Je restais assise à lire des livres, vêtus de robes plus extravagantes les unes que les autres. Je n'allais jamais à l'école, ma mère ayant peur que l'on abîmé sa précieuse petite poupée, et mon père était en voyage, bien trop souvent, d'ailleurs.
C'est un de ses jours où mon père travaillait, et ma mère enseignait à ses apprentis l'art de fabriquer des poupées de cire, de véritables monstre selon mon avis de petite fille, et d'extraordinaire merveille pour les adultes et ma mère. Elle ne pensait qu'à cela, mais j'étais fière d'être 'sa plus belle création, la plus belle poupée qu'ait porté le monde'. Je ne pensais qu'à cela, jour et nuit, à cette chose que ma mère faisait de moi, et que je trouvait magnifique.
Je n'étais pas ca tarde, détrompe toi, seulement, j'aimais être belle, adulée, regardée, que l'on m'admirent sans fin, que l'on m'aime comme on aime une œuvre d'art. Je n'avais pas la notion des autres. Je regardais les enfants des autres adultes, comme des moucherons, des feux sans intérêts, des petites filles et des petits garçon désuet, vieux, cassé, des poupées bâclés, des ratures ou encore des erreurs que l'on aurait pas du produire. Comme tu peux t'en douter, je n'avais aucun ami.
Et puis, c'est arrivé. Je ne m'y attendais pas le moins du monde. C'était en juillet, et j'ai venais de fêter mes douze ans passés. Il faisait beau et chaud, et je portais juste une robe en tissus doux blanc. Ma peau crème étant exposée, je restais à l'intérieur. Je ne le voulais pas, c'était une erreur. Je jouais avec un papillon blanc. Il était beau, mais soudain, il s'est envolé de mon doigt. Je l'ai poursuivi, et mal m'en prit.
J'ai glissé sur le tapis qui tapissait le sol, et je suis tombée. Par malchance, c'était sur le rebord de ma petite table en bois. J'ai eu une cicatrice sur l'épaule, longue de huit centimètres, enfin à peu près. Regarde, on ne la voit presque plus. Pour retourner au sujet, j'ai été à l'hôpital. J'étais à moitié consciente, je ne m'en souviens plus, mais ma mère, a bien vu que désormais, son chef-d'oeuvre ne serait plus jamais le même, et que cette horrible cicatrice sur son épaule de lait ne partirais pas. Elle ne me l'a pas pardonné. Deux mois plus tard, elle m'abandonnait chez ma tante. Voilà tu connais toute l'histoire."
-Je trouve ça très triste.
-Je suppose que tu as raison. Mais on n'y peut rien.
-Mais ta tante ? Est-elle gentille avec toi ?
-Elle ne pourras jamais remplacer ma mère, mais c'est une amie, une confidente et une parente.
-Alors tu es heureuse au moins.
-Non.
-Pourquoi ? Ta tante semble gentille.
-Oui. Mais tu es trop pure et lumineuse pour comprendre. Tu te souviens de cette question, hier ?
-Oui, mais—
-As-tu compris ce que je voulais te demander ?
-Non...
-Ne fait pas cette tête Ella. Ce n'est pas de ta faute. Tu comprendras, tu verras.
-Quand nous serons vraiment amies ?
-Si nous devenons vraiment amies.
-D'accord.
-Tu vois, ma vie, au finale, n'est pas meilleure que la tienne. Juste différente. Au fond, on se ressemble, plus que tu ne l'imagine.
-Mais moi je suis pure, et pas toi.
-Ce n'est pas une mauvaise chose.
-Je voudrais que toi aussi, tu sois innocente et pure. Nous serions vraiment pareille alors.
-Nous serions comme des soeurs. Je ne veux pas que tu devienne ma soeur.
-Pourquoi ? C'est une bonne chose pourtant, et j'en serais très heureuse, alors—
-Je sais, mais tu ne comprend pas encore. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a rien entre deux soeurs. Un lien fragile de sang. Entre des amies, il y a bien plus. C'est indestructible, l'amitié.
-J'ignore ce que tu essaie de me dire.
-Ne t'en fais pas, tu n'as pas besoin de le savoir. Bientôt, tu comprendras tout. Tout, du meilleur, et tout du pire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top