C'est comme un fantôme, une ombre qui traverse les couloirs sans bruits, qui baisse la tête devant les autres et se tait lorsque les cris et les rires fusent. En fait, c'est comme un mort. Mais ce n'est pas important pour eux, puisque c'est un jouet. Qu'est-ce qu'un jouet, en vérité ?

Une petite fille, qui pleure toute seule ? Ou un jeune garçon qui ramasse ses lunettes désormais cassées ? Peut-être aussi une adolescente qui se tait, rase les murs, et crie en silence quand les autres s'amusent. Elle est toute ces personnes silencieuses en même temps, alors que les autres sont la face lumineuse d'un miroir.

Elle n'était pas si différente que ça, au début. Juste une fille comme les autres, gentille, un brin timide, mais de celle que l'on ne remarque pas, que l'on apprécie en silence. À chaque groupe sa timide. Et puis, il fallait bien que ça arrive. Tout d'abord, ils l'ont évité. Puis, les murmures.

Après, il y a eu le reste. Les insultes, les coups bas, les petits mots, les bousculades, ou encore les vols. Elle s'en est accoutumée. Qui est-elle pour les juger, ces gens qui la regardent de haut. Pourquoi devrait-elle se plaindre de vivre. Elle est en bonne santé, dans une famille ignorante, mais aisée.

Et puis, il y a les professeurs. Ils ne sont pas ignorants, ils savent. Ils voient et entendent, mais ne réagissent pas. De toute façon, cela retomberait sur quelqu'un d'autre après. Alors, ils réfrènent ce qu'ils voient, et laissent faire le reste. Pitoyable.

C'est ce que tous, ils appellent la Loi du Cycle.