Épilogue.

Trois ans plus tard

Chris terminait de préparer sa valise et je le regardais depuis l'encadrement de la porte empiler les derniers vêtements qu'il restait dans la commode. Quand je le vis plier son sweat gris foncé à capuche, je m'avançai vers lui avec regard suppliant.

- Laisse-moi celui-là s'il te plait, quémandai-je.

Il jeta un œil au vêtement qu'il avait entre les mains et me le tendit. Il savait que j'aimais le porter alors il n'hésita pas une seule seconde. Lui, avait mon écharpe rouge, celle qu'il possédait depuis notre rencontre. Plus précisément, depuis la première nuit que nous avions passés tous les deux. Cette fameuse nuit où je l'avais abandonné le lendemain matin. Sauf que là, c'était lui qui m'abandonnait.

J'avais du mal à contenir mes larmes de couler, mais je devais résister. Pour lui. Pour nous.

Il referma la fermeture éclair de sa valise et la descendit du lit pour la poser près de la porte. Il fit de même avec son sac à dos. Ses bagages ne pouvaient pas transporter toutes ses affaires, alors il n'avait pris que le nécessaire.

Je ne voulais pas sortir de notre appartement et Chris le voyait bien. Il s'avança vers moi et me prit dans ses bras. Je serrai fermement son tee-shirt dans mes mains pour me rappeler de la sensation de son corps contre le mien, de ses bras autour de moi, de l'odeur de son parfum et de n'importe quoi d'autre. J'en avais désespérément besoin.

Après de longues minutes, son frère nous appela depuis le salon. Chris se détacha alors de moi et mit son sac sur son dos. Je passai devant lui et il fit rouler sa valise. Je saluai Andrew et on descendit les escaliers pour rejoindre sa voiture. Le trajet fut beaucoup trop court. Les garçons parlaient, mais moi je n'y parvenais pas. C'était trop difficile. Dans quelques minutes, il ne sera plus là. A la seule pensée de l'imaginer s'éloigner de moi, une larme coula sur ma joue. Je l'essuyai rapidement pour qu'ils ne remarquent rien à l'avant de la voiture, mais Chris tourna la tête vers moi juste à cet instant.

Il me tendit sa main et je l'attrapai en serrant ses doigts. Je ne pourrai bientôt plus le faire alors j'en profitais.

En descendant de la voiture une fois arrivés à l'aéroport, Chris sortit sa valise du coffre et la tira derrière lui, tenant fermement ma main de sa main libre. Mes doigts se resserrèrent autour des siens au fur et à mesure qu'on avançait et je ne les lâchais pas une seule seconde. Pas même lorsqu'il parti enregistrer ses bagages.

Le femme qui s'occupait des bagages me demanda si j'en avais et je me contentai de secouer négativement la tête. Non je n'en avais pas, puisque je ne partais pas. Chris s'en allait. Seul.

Une fois ses bagages enregistrés, on avança dans l'aéroport, sans qu'aucun de nous ne parle. A un moment, Chris s'arrêta et je ne me rendis compte que maintenant de la raison de son arrêt. Seuls ceux qui possédaient un billet d'avion pouvaient avancer plus loin.

Il leva ma main qu'il tenait pour y déposer un baiser dessus et la relâcha pour faire face à son frère.

- Tu prends soin d'elle, d'accord ? lui demanda-t-il.

- Ne t'en fais pas.

Il s'en suivie une accolade fraternelle que j'épiais sans honte, puis ils se parlèrent à voix basse. Après deux longues minutes, Chris revint vers moi. Il passa une main sur ma nuque et m'attira contre lui. Mes mains s'agrippèrent fermement à son tee-shirt. Je ne voulais pas qu'il parte.

- Ne pleure pas, mon Ange, murmura-t-il contre mon oreille.

En effet, je pleurais. Je m'étais promis de ne pas craquer, mais c'était trop difficile. Il partait, j'avais mal, alors je pleurais. Voilà tout. Je ne voulais plus dissimuler mes émotions à quiconque.

Quand il se recula d'un pas pour croiser mon regard, mes joues étaient déjà humides et je voyais trouble.

- Juste une petite année, me rappela-t-il en essuyant mes joues à l'aide de ses pouces.

- C'est long, sanglotai-je.

- Ça passera vite Emmy. Je te le promet. On aura le téléphone et les conversations vidéos pour se parler. Tu seras tellement occupée par tes révisions que tu ne verras même pas le temps passer, et dans un an, tu me rejoins.

Une année c'était beaucoup trop long, mais Chris n'avait pas le choix, j'en étais parfaitement consciente. Le mois dernier, il avait été contacté pour avoir le travail qu'il souhaitait depuis le début. Dans deux semaines, il sera professeur de français dans un lycée privé à Sydney, en Australie. Comment refuser cette offre ? Il venait seulement de finir ses études et il avait le privilège incroyable d'avoir immédiatement ce qu'il voulait. Il avait voulu refuser. Pour moi. Mais je l'avais poussé à accepter parce que je ne voulais pas qu'à cause de moi, il finisse par regretter son choix. Même si je devrai patienter un an avant de le revoir et que ça me faisait mal de le voir s'éloigner de moi, j'avais bien fait. Cette offre ne se représenterait pas de si tôt.

- Tu m'attendras ? demandai-je désespérément alors que je connaissais sa réponse qu'il m'avait déjà donné une bonne vingtaine de fois.

- Évidemment que je t'attendrai, me sourit-il. La maison sera toute prête quand tu arriveras.

Les larmes continuaient de s'écouler sur mes joues et il colla son front contre le mien.

- Je t'aime Emmy.

- Moi aussi je t'aime, pleurai-je de plus belle en revenant dans ses bras. Tu vas me manquer.

- Toi aussi, mon Ange.

Une voix dans les hauts-parleurs annonça que le vol de Chris partirait bientôt, ce qui me fit davantage pleurer.

- Je dois y aller, souffla-t-il avant de m'embrasser tendrement.

Ce baiser lent et passionné sembla ne durer qu'une demie seconde avant qu'il ne l'interrompe. Il s'empara de mes mains et les porta à sa bouche pour les embrasser.

- J'ai quelque chose à te demander avant de partir.

- Tout ce que tu veux.

Il se recula d'un pas et lâcha une de mes mains pour prendre quelque chose dans la poche de son jean. Et il posa un genou au sol.

Mon coeur s'arrêta en même temps que ma respiration et j'en oubliais même de pleurer. Il n'allait tout de même pas... faire ça, pas vrai ? Si. Si, il le faisait.

- Je n'ai pas le temps pour un grand discours, mais tu sais tout ce que j'ai sur le coeur. Tu sais à quel point je t'aime, et ce depuis le début. Je suis tombé amoureux de toi avant même de pouvoir te regarder, mon Ange, et je suis toujours fou de toi après toutes ces années, alors est-ce que tu accepterais de devenir ma femme dans un an ?

Il ouvrit la petite boite rouge révélant une bague argentée, que je ne parvenais pas très bien à voir avec ces larmes qui me brouillaient la vue.

Il était dingue.

Complètement dingue.

C'était du grand n'importe quoi ! Il avait perdu la tête, c'était insensé.

Ses yeux me suppliaient de lui répondre et je hochai la tête sans même m'en rendre compte. Je n'avais pas besoin de réfléchir à cette question, la réponse était évidente.

Un immense sourire naquit sur son visage.

- Tu veux ? insista-t-il.

- Oui, pleurai-je en riant. Bien sûr que je le veux.

Il se leva rapidement et je me jetai dans ses bras, en pleurant et lui répétant sans cesse que je l'aimais. Il me sembla entendre comme des applaudissements autour de nous, mais seul Chris m'importait.

- Tu es dingue Chris, lui dis-je lorsqu'il me reposa au sol. Je ne pleurais pas déjà assez ?

Il se mit à rire doucement et quelques larmes s'échappèrent de ses jolis yeux. De ses mains tremblantes, il s'empara du petit anneau argenté et me le passa au doigt, puis déposa un baiser dessus en me regardant dans les yeux.

- Je t'aime, me souffla-t-il avant de m'embrasser à nouveau.

Ce baiser était bien trop rapide, mais une femme annonça que l'avion allait bientôt partir.

Chris s'écarta de moi pour serrer son frère dans ses bras une dernière fois.

- Je m'occupe de ma belle-sœur, ne t'inquiète pas, le prévint Andrew en souriant.

- Tu as intérêt ! plaisanta Chris.

Puis il revint vers moi pour m'embrasser. Encore.

- Je t'aime, mon Ange. Ne l'oublie pas.

- Je ne risque pas de l'oublier. Je t'aime.

Il déposa un dernier baiser sur mes lèvres et le contact entre nous fut brisé. Il s'éloigna à reculons jusque vers une femme à qui il donna son passeport pour qu'elle le vérifie. Quand elle lui rendit, il le rangea dans sa poche sans dévier son regard du mien, et disparu quelques secondes plus tard, après un dernier signe de la main pour me dire au revoir.

Je vis l'avion s'envoler quelques minutes plus tard, à travers la vitre de l'aéroport. D'autres larmes s'échappèrent de mes yeux et se mêlèrent aux larmes de joie que je venais de verser. Il me manquait déjà, et il continuera de me manquer chaque jour, pendant presque onze mois, mais l'anneau qui entourait l'annulaire de ma main gauche était une promesse supplémentaire de revoir celui que j'aimais profondément.

Dans quelques mois, je traverserai le monde et je m'envolerai pour rejoindre mon fiancé.

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