Chapitre 50 : Emmy.
« Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls, nous mourons seuls. Ce n'est que par notre amour et l'amitié que nous pouvons créer l'illusion un instant que nous ne sommes pas seuls. » - Orson Welles
*****
Je me penchai vers Chris pour vérifier s'il dormait, et c'était le cas. Ses yeux étaient fermés et un très léger ronflement se faisait entendre.
- Chris, murmurai-je pour ne pas trop le brusquer.
Il ne bougea même pas le petit doigt. Je touchai alors son bras pour le remuer doucement et l'appelai encore une fois. Cette fois-ci, il grogna légèrement et se tourna sur le dos, mais ses yeux restaient clos. Je prononçai son prénom une troisième fois.
- Quoi ? soupira-t-il endormi.
- J'ai une question.
- T'es chiante Emmy, marmonna-t-il. Tu me la poseras demain.
- Non demain j'aurai oublié. Juste une s'il te plait.
Il soupira longuement ce que je pris comme une incitation à parler.
- Comment on fera si on s'engueule ? Je veux dire : si je t'énerve ou quelque chose comme ça, je ne pourrai pas retourner chez moi. On sera obligé de rester dans le même appartement sans se parler. Ça va être compliqué, non ?
Il ne répondit pas.
- Chris ?
- Quoi ? s'exclama-t-il.
- Si on se dispute, comment on va faire ? répétai-je en sachant pertinemment qu'il n'avait rien écouté.
- Eh bien tu iras dormir sur le canapé, rétorqua-t-il en se tournant dos à moi.
Je fronçai les sourcils.
- Pourquoi ce serait moi d'abord ?
- J'irai, d'accord ? dit-il en haussant le ton. Si on se prend la tête, je dormirai sur le canapé, Ok ?
Je me tus en entendant sa réponse. Il fallait vraiment que j'arrête avec mes questions. Ça faisait trois nuits que je me torturais l'esprit, c'est à dire, depuis que Chris m'avait demandé de venir vivre chez lui. Il me reprochait de me poser beaucoup trop de questions, mais je n'y pouvais rien, c'était plus fort que moi. Même si je vivais déjà indirectement chez lui, étant donné que je retournais rarement dans mon studio, j'étais un peu angoissée à l'idée que ce soit définitif. Je ne savais même pas d'où me venait cette anxiété.
- Et si c'est une grosse dispute ? grimaçai-je.
Il se tourna vivement et me lança un regard meurtrier.
- Tu sais quoi ? Je vais y aller maintenant sur le canapé, décréta-t-il, désormais bien réveillé.
Je levai les yeux pour admirer le plafond.
- Tu vois, je t'énerve déjà... bredouillai-je.
- C'est sûr que pour m'énerver, tu ne fais pas semblant ! rétorqua-t-il. T'es insupportable.
- Alors pourquoi tu veux vivre avec moi ? l'accusai-je.
- Emmy, tu vis quasiment ici depuis des mois. Ça ne changera rien à d'habitude, m'expliqua-t-il. À part ton nom sur la boite aux lettres et une clé en moins sur ton porte-clés !
- Oui mais...
- Arrête de stresser comme ça, me coupa-t-il. Si je t'ai proposé de vivre avec moi c'est parce que j'en ai envie depuis quelques temps mais ça ne voulait pas dire que ça se ferait dans l'immédiat. Prends ton temps pour réfléchir.
Le ton qu'il employait s'était radouci sur ses dernières phrases et ça se voyait qu'il voulait me rassurer. Il se pencha au dessus de moi et caressa ma joue du bout des doigts.
- Je sais que ce que je te propose est un peu rapide, mais je voulais seulement que tu saches ce que je pensais. Mais tu sais, depuis trois jours, tu es insupportable. Tu me poses les mêmes questions trente fois par jour ! Alors cesse de te torturer l'esprit, mets ma proposition de côté un moment, et on en reparlera plus tard. D'accord ?
Je hochai la tête doucement et il me sourit, déposant un baiser sur mes lèvres.
- Est-ce que je peux dormir maintenant ?
- Oui, fis-je en riant. Désolée.
- Je te remercie, soupira-t-il exagérément avant de se laisser tomber sur le lit.
***
Mon réveil sonna quelques heures plus tard. Contrairement à Chris, je n'avais pas réussi à me rendormir. J'avais trop de questions en tête. Trop de réflexions, trop de tergiversions pour pouvoir dormir.
Je me levai, laissant Chris dormir et pris une rapide douche avant de m'installer à la table de la cuisine pour prendre mon petit déjeuner, tout en pensant, encore et toujours, à cette proposition.
Il voulait qu'on vive ensemble. Il me l'avait proposé le lendemain de notre retour de chez ses parents, au petit-déjeuner. Ce n'était pas une décision à prendre à la légère tout de même ! J'y pensais jour et nuit, à tel point que Chris allait bientôt me faciliter la tâche en revenant sur ses mots. Cette nuit, il avait eu l'air un peu énervé quand même... Ce que je comprenais tout à fait.
Il avait dit que ça faisait quelques temps déjà qu'il voulait que j'habite chez lui, mais est-ce qu'il me supporterait réellement tous les jours ? Finalement, j'avais déjà la réponse à cette question. En effet, j'étais chez lui depuis plus de quatre mois, et jamais il ne m'avait dit de rentrer chez moi. Même lorsqu'on se disputait, il ne m'avait jamais demandé de le laisser tranquille, et moi non plus, je n'avais jamais eu l'idée de partir. Sauf ce fameux soir où j'avais littéralement pété un plomb. Mais depuis cette soirée, je n'avais plus eu envie de sortir, ni de son appartement, ni de sa vie, encore moins de son coeur. Alors pourquoi ne pas accepter, après tout.
Mes réflexions prirent fin lorsque je regardai l'heure affichée sur mon téléphone. Je me dépêchai de débarrasser mes affaires, pris mon sac et partis en cours, sans oublier de laisser un petit mot à Chris - près de la cafetière, étant donné que j'étais certaine qu'il passerait par là - pour lui rappeler que je mangeais avec Julia ce midi.
Je rejoignis rapidement cette dernière, déjà installée à notre place habituelle dans l'amphithéâtre. Le prof arriva juste après moi.
- Alors ? Tu es prête à te faire marquer à vie ? lançai-je pour la taquiner.
- Fin prête !
- En vrai ? fis-je en haussant un sourcil.
Son sourire s'affaissa immédiatement et elle soupira.
- T'es sûre que ça ne fait pas mal ? demanda-t-elle paniquée.
- Un peu, mais ça va. Et puis de toute façon, tu ne peux plus faire demi tour.
Mon amie s'était enfin décidée à se faire tatouée alors je l'accompagnais au salon de Jack à quatorze heure. On avait pris rendez-vous la semaine dernière. Ça faisait donc sept jours qu'elle était angoissée et ça me faisait rire. Je n'avais pas été comme ça pour mon premier tatouage. Ça avait beau être le plus imposant et important pour moi, je l'avais fait sur un coup de tête. Bien entendu, mes ailes avaient été réalisées en plusieurs séances. Elles étaient bien trop grandes pour être dessinées en une seule fois.
Mais celui de Julia n'avait rien à voir. C'était seulement un petit nœud papillon très mignon qu'elle voulait sur la nuque. Je n'étais pas tatouée ici, alors j'ignorais si cet endroit faisait mal. Elle verra bien.
Notre discussion s'arrêta quand le prof prit la parole. Mon amie se tourna alors de l'autre côté, vers Caro qui elle, ne se privait pas de parler pendant le cours. Je préférais suivre le cours. J'aurai tout le temps de parler avec elle tout à l'heure.
***
Pendant le déjeuner, je me décidai à parler à Julia de ce qui me travaillait. Ça m'étonnait même que je sois parvenue à faire abstraction de toute cette histoire pendant mes trois heures de cours.
- Chris m'a demandé de vivre avec lui, lâchai-je de but-en-blanc.
Sa fourchette retomba bruyamment dans son assiette et sa mâchoire se décrocha. Finalement, il n'y avait pas que moi que cette proposition choquait.
- Mais c'est génial ! s'écria-t-elle surexcitée.
Sauf qu'elle, c'était dans le sens joyeuse et hyperactive.
- Tu as déjà rendu ton mini studio ?
- Mon studio est très bien, et non, je ne l'ai pas rendu, rétorquai-je en baissant la tête.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est encore chez moi.
Je croisai son regard, dans un premier temps dubitatif, puis furieux.
- Tu n'as pas accepté ! m'accusa-t-elle.
- Non. Mais je n'ai pas refusé non plus, me défendis-je lamentablement.
- Mais pourquoi ? s'exclama-t-elle désormais indignée. Tu l'aimes, il t'aime, c'est logique non ?
Vu sous cet angle, c'était vraiment simple, en effet.
- Je ne sais pas.
- Je me fiche que tu ne saches pas ! Tu vas me faire le plaisir de lui dire immédiatement en rentrant que tu acceptes étant donné que tu es raide dingue de lui.
Je me mis à rire.
- Qu'est-ce qu'il te prend de t'énerver comme ça ?
Son excitation et sa colère retombèrent immédiatement. J'avais du mal à la cerner à cet instant.
- Ton copain te propose de venir habiter chez lui alors que ça fait quoi... six mois que vous êtes ensemble ? Moi ça fait un an et demi que je suis avec Peter et il ne veut toujours pas. Je rêve que de ça alors que toi tu dis non. On échange de copain ?
J'éclatai de rire en voyant la mine dépitée qu'elle me montrait, mais me ressaisis en remarquant qu'elle était sérieuse.
- Désolée, m'excusai-je tout de même.
Elle marmonna quelque chose que je ne compris pas puis leva le nez vers moi.
- Sérieusement : tu ne lui as pas répondu parce que ça te fait peur ?
- Un peu... avouai-je. C'est quand même un peu rapide.
Elle me sortit alors les mêmes arguments que Chris cette nuit. À savoir que ça ne changerait rien puisque je vivais déjà quasiment chez lui. Je savais tout ça. La seule chose que je voulais savoir, c'était pourquoi je ne parvenais pas à lui donner une réponse. Je ne savais pas moi-même pourquoi. J'avais confiance en lui maintenant, alors je ne comprenais pas pourquoi je réfléchissais autant.
Chris avait raison : même moi je me trouvais insupportable parfois.
***
Julia avait profité de tout le repas chez elle pour me persuader que je devais accepter. Moi de mon côté, je lui avais répété je ne savais combien de fois que Peter finirait un jour, par lui demander de vivre avec lui. Elle avait déjà prit l'initiative de lui faire elle-même la proposition mais il avait malheureusement refusé. Elle n'avait donc pas manqué l'occasion de m'expliquer à quel point un refus faisait mal.
Mais en ce moment, elle n'en menait pas large alors que je jubilais en lui ouvrant la porte du salon de tatouage. C'était sadique, j'en étais consciente, mais tant pis pour elle.
Quand Jack lui annonça qu'elle allait avoir un peu mal, je la vis pâlir. Et elle garda cette couleur et la grimace qui allait avec, tout le long de la séance. La pauvre, elle devait avoir un peu mal tout de même.
Pendant qu'il tatouait, Jack me demanda si je voulais quelque chose moi aussi, mais je refusai.
- Je n'ai pas le droit.
- Comment ça ? me questionna-t-il sans lever les yeux de la peau de mon amie.
Quand je lui expliquai que Chris me l'avait formellement proscrit, il se mit à rire. Julia, elle, riait beaucoup moins et craignait que Jack bâcle son travail. Mais j'avais confiance en lui, il ne ratait jamais rien.
Au final, mon amie était vraiment heureuse du résultat, comme je le pensais, et on put retourner en cours, le sourire aux lèvres pour elle et des réflexions plein la tête pour moi.
Quand je rentrai chez Chris après mon dernier cours, celui-ci n'était pas seul. Anthony, Étienne et Ethan étaient installés sur le canapé, chacun une manette à la main, laissant mon copain assis par terre, adossé à l'accoudoir.
- Salut, lançai-je en refermant la porte.
Il me répondirent tous d'une seule et même voix sans dévier leur regard de la télévision.
J'avançai jusqu'à la chambre pour déposer mon sac et ma veste et parti à la cuisine me faire un thé, avant de revenir au salon. Une ribambelle de protestations me fit comprendre que je n'aurais peut-être pas dû passer devant l'écran où un match de foot corsé se déroulait.
Je posai ma tasse sur la table basse et je vis Chris lever un peu ses bras en l'air, les mains toujours accrochées à la manette. Je compris alors et me débrouillai tant bien que mal pour m'asseoir entre ses jambes, le dos collé à son torse. Il rabaissa ensuite ses bras, posant ses mains sur mon ventre alors que je m'emparai de ma tasse.
- Ça va ? murmura Chris en déposant un baiser sur ma joue.
Je hochai la tête en soufflant sur ma boisson.
- Pas de nouveau tatouage hein ?
- Non, ris-je. Pas pour l'instant.
Je fus surprise par un élan de joie de la part de Chris et Ethan, alors que les deux autres râlaient.
- C'est de ta faute ça, Emmy ! s'exclama Anthony.
- Qu'est-ce que j'ai fait ? m'indignai-je.
- T'es passée devant la télé et ça nous a déconcentré.
- J'ai caché l'écran une seconde maximum, en quoi ça t'a dérangé ?
- Cherche pas, il veut une excuse pour s'être prit un but, rit Ethan.
- Bon, on reprend ? rétorqua Étienne. On n'a pas encore perdu.
Quelques minutes plus tard, Chris remit un but.
- Deux buts en dix minutes ! rigola le coéquipier de mon copain en lui tapant dans la main. C'est toi qui joue Emmy ?
- Tu veux vraiment qu'elle prenne ma place ? fit Chris en riant. Tu prends des risques !
- De très gros risques ! ajoutai-je, ce qui fit rire les garçons.
Anthony mit le jeu sur pause et se leva en râlant pour aller dans la cuisine, surement pour remplacer sa bière vide et j'en profitai pour demander à Chris s'ils mangeaient ici ce soir.
- Non t'inquiète. Je les vire après la partie.
- Ça ne me dérange pas si tu veux qu'ils restent, lui affirmai-je.
- T'es sûre ? voulut-il s'assurer.
- Oui.
- Bon, d'accord alors.
Il proposa ensuite aux gars s'ils voulaient manger ici et tous acceptèrent sauf Ethan qui devait aller voir Charlotte. Je me levai donc pour aller faire à manger pendant qu'ils reprenaient leur partie qui ne m'intéressait pas vraiment. Ça ne me dérangeait pas de cuisiner, j'aimais ça.
Pour une fois, il n'y eu plus de restes. Ces trois-là étaient des ventres sur pattes et s'étaient assurés que le plat était bel et bien vide.
Quand ils partirent plus tard dans la soirée, Chris s'affala sur le canapé et je ne perdis pas de temps pour m'allonger sur lui. Il entoura ma taille de sa bras et je patientai quelques minutes avant de lui demander doucement :
- Je peux te poser une question ?
Comme je me l'imaginais, il soupira longuement.
- Moi qui pensais que tu venais pour un câlin...
Je me redressai en souriant et posai mes coudes de part et d'autre de sa tête.
- Je veux aussi un câlin, bien sûr.
- J'espère bien ! rit-il. À quoi tu penses ?
Il ramena une mèche de mes cheveux qui s'était échappée de mon chignon, derrière mon oreille.
Je me lançai alors sérieusement.
- Tu pourras m'aider à déménager ce qu'il reste de mes affaires chez moi avant de rendre mon studio ?
Sur le coup, il ne sembla pas saisir la portée de mes mots, puis ses yeux s'écarquillèrent de surprise et sa bouche s'entrouvrit.
- T'es en train de me dire que...
- Que je t'aime, que j'accepte de vivre avec toi et que je suis désolée d'avoir mis autant de temps pour me décider. Mais vaut mieux tard que jamais, non ?
Il sembla un peu sous le choc, ce qui me fit rire.
- Mais si tu veux, je peux réfléchir encore un peu pour être certaine de...
- Non ! s'écria-t-il horrifié. Non je...
Il me repoussa pour se redresser et s'asseoir sur le canapé, adossé à l'accoudoir, ses jambes écartées puisque j'étais agenouillée entre elles.
- C'est vrai ? insista-t-il. Tu veux ?
Je hochai la tête activement, ressemblant probablement à une enfant.
- Vraiment ? répéta-t-il encore une fois. T'es sûre ?
- Oui, Chris ! ris-je. Tu t'attendais tant que ça à un refus ?
- Non mais je pensais que tu ne donnerais pas ta réponse maintenant, répondit-il perdu.
- Tu l'as dit toi-même : ça ne changera rien à d'habitude.
Son sourire s'élargit grandement. Il entrelaça nos doigts et gardait son regard plongé dans le mien.
- T'es prêt à me supporter ? le questionnai-je amusée.
- Plus que prêt, mon Ange, murmura-t-il en m'attirant près de lui pour me serrer dans ses bras. Je le suis depuis longtemps.
Chris avait toujours été confiant dans notre relation. Même quand il était aveugle, il l'était plus que moi. Qu'est-ce qui clochait chez moi ? Je l'aimais énormément, alors pourquoi je doutais encore aujourd'hui ? J'avais eu une mauvaise passe et il m'avait aidée à en sortir. Sans lui, je ne saurais dire où j'en serais en ce moment même. C'était grâce à lui que je parvenais aujourd'hui à sourire alors que ma sœur n'était plus là et c'était pour lui que je me levais le matin. Alors pourquoi je doutais toujours un peu ? Je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas parce que je ne comprenais pas ce qu'il se passait dans ma tête. Ça devrait être simple, non ? Lui ne se prenait pas la tête alors que moi si. Et ça m'insupportait. J'étais vraiment chiante, en fait.
Je décidai malgré tout de lui faire part de mes pensées, ne voulant plus lui cacher quoique ce soit.
- Ça me fait toujours un peu peur quand même, Chris... dis-je dans un souffle contre son cou.
- Je sais. Mais je te montrerai que tu n'as aucune raison de craindre quoique ce soit, affirma-t-il avec une conviction que j'aurais aimé avoir.
J'avais confiance en lui, mais c'était en moi que je n'avais pas confiance.
Il logea sa main dans mes cheveux et me caressa doucement. Je me sentais vraiment bien avec lui, dans ses bras, à l'abri de n'importe quel danger.
- Je t'aime Chris.
- Si tu savais à quel point j'aime entendre ces mots.
Je relevai la tête pour croiser son regard.
- J'ai attendu longtemps de te l'entendre dire et je ne m'en lasse plus, fit-il en me regardant sérieusement.
- Pourquoi tu ne me l'as jamais demandé ?
- Comment ça ?
- Tu m'aurais simplement demandé ce que je ressentais pour toi, je n'aurais pas réussi à te mentir.
Un sourire sublime se dessina sur ses lèvres.
- Je voulais te l'entendre le dire par toi-même. Je voulais que tu veuilles le dire, et non le comprendre par moi-même.
- Je suis désolée d'être lente à comprendre les choses les plus importantes, m'excusai-je en reposant ma tête sur le haut de son torse.
- C'est parce que tu penses trop aux autres et pas assez à toi.
Il n'avait pas besoin d'ajouter quoique ce soit d'autres pour que je comprenne.
Je m'étais en quelques sortes, empêchée de l'aimer parce que je ne voulais pas lui faire de la peine. Tout comme je m'étais cachée de la mort de Jena, pour ne pas qu'elle m'en veuille, et indirectement, pour pouvoir soutenir mes parents.
- Je suis compliquée, en fait, soupirai-je.
- Tu m'étonnes.
Sa confirmation nous fit rire et il m'embrassa sur le sommet de la tête en me serrant dans ses bras. Après quelques minutes, il reprit la parole.
- Em ?
- Oui ?
- J'aime beaucoup te prendre dans mes bras mais je suis en train de me détruire le dos contre l'accoudoir du canapé, dit-il sérieusement.
Je me relevai vivement et il se décala en grimaçant légèrement pour s'asseoir correctement, reposant ses pieds au sol.
- Désolée, fis-je en grimaçant.
Il leva son bras pour que je puisse m'installer contre lui puis déposa un baiser sur mon front.
- Je te promet que tout se passera bien.
- Je sais.
Puis je continuai mon petit manège que j'avais commencé il y a trois jours.
- Je peux te demander quelque chose ? tentai-je en souriant.
- Quoi encore ? soupira-t-il.
Je levai la tête pour croiser son regard à la fois amusé et blasé.
- On pourra juste changer ton canapé par le mien ? Il est plus confortable si toi ou moi on se retrouve à dormir dessus.
Il éclata de rire en acquiesçant vivement.
- Comme tu veux.
Chris avait raison : tout se passerait bien, j'en étais désormais persuadée.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top