Chapitre 39 : Chris.
« Au fond de chacun de nous, il y a l'enfant qu'on était. L'enfant constitue le fondement de ce que nous devenons, de qui nous sommes, et de ce que nous serons. » - Docteur Joseph
*****
- T'es encore là toi ? lança Andrew en entrant chez moi sans avoir frappé.
- Je suis sûre que je t'avais manqué ! s'exclama Emmy sans même lui jeter un regard.
Ces deux-là aimaient beaucoup se taquiner et le faisaient de plus en plus. Bien entendu, le commentaire d'Andrew était pour plaisanter, même si c'était vrai qu'Emmy était bel et bien encore et toujours là. Déjà deux semaines étaient passées depuis notre retour de chez ses parents et deux semaines qu'elle était chez moi. Et ça me plaisait énormément.
Malgré notre semaine de partiels respective et nos cours la semaine suivante, je pouvais la voir chaque soir avant de m'endormir et au réveil tous les matins. C'était tout simplement parfait.
La semaine dernière, elle m'avait très sérieusement demandé si je voulais qu'elle rentre chez elle parce qu'elle me dérangeait. J'avais rit face à cette question stupide en ajoutant qu'elle était bien loin de me déranger. Bien au contraire ! Du coup, elle était restée. Et chaque fois qu'Andrew venait, elle était là. Ce qui lui avait valut cette petite remarque.
Mon frère retira sa veste et la posa sur l'accoudoir du canapé puis s'adressa à nouveau à Emmy.
- Tu prends toute la place. Bouge tes grandes jambes... tatouées ?
Le dernier mot m'interpela et je jetai un coup d'œil aux jambes d'Emmy qui n'étaient couvertes que d'un short court. J'esquissai une grimace. Mon frère avait vu les deux larges bandes qui entouraient chacune de ses cuisses et, égoïstement, je n'aimais pas ça.
Emmy, qui était allongée sur le canapé, sa tête sur mes jambes, se redressa pour s'asseoir et laisser de la place pour mon frère. Je la vis tirer un peu sur le bas de son short pour cacher en vain, l'encre noire que j'affectionnais tout particulièrement.
- Tu m'avais caché ça tout ce temps ? s'insurgea-t-il en fixant les cuisses de ma copine.
- En quoi ça te regarde ? répliquai-je froidement.
- J'aime bien tout savoir.
- Ouais et bien regarde ailleurs.
- Oh ça va ! soupira-t-il. C'est pas comme si elle était à poil non plus.
- Encore heureux, marmonnai-je.
- Et puis je dois avouer que c'est très sexy, ajouta-t-il.
Je tournai vivement la tête vers lui et lui lançai un regard que j'espérais dissuasif. Je savais bien que c'était mon frère et que jamais il ne me trahirait d'une quelconque façon avec Emmy, mais il ne fallait tout de même pas abuser. Déjà que je me retenais tant bien que mal de piquer une crise à chaque contact physique, alors s'il se mettait à faire des commentaires de la sorte, je n'allais pas tenir.
Mon frère m'offrit un sourire et se tourna enfin vers la télévision qui diffusait une série.
- Andrew ? l'appela Emmy tout en gardant les yeux rivés sur l'écran.
- Ouais ?
- Garde tes commentaires pour toi s'il te plait.
- Si je dis que c'est joli, ça passe ? insista-t-il.
- Oui si veux, répondit-elle.
- Alors c'est joli ! conclut-il fier de lui.
- Merci, rit Emmy.
Pourquoi cette discussion m'énervait à ce point ? J'avais envie de lui demander d'aller enfiler un pantalon ou n'importe quoi d'autre lui couvrant les jambes, mais je m'abstenais. De toute façon, elle ne l'aurait pas fait, j'en étais persuadé et Andrew n'aurait pas manqué l'occasion d'en rajouter une couche.
- Tu venais pour quoi sinon ? demandai-je pour changer de sujet.
- Je dois aller chercher ma copine dans une heure à son travail et comme je m'ennuy...
- Quelle copine ? le coupai-je brutalement, me tournant vers lui en même temps qu'Emmy.
- On se calme ! s'exclama-t-il en riant. Je suis avec elle seulement depuis trois jours.
- Elle s'appelle comment ? voulu savoir Emmy.
- Lena.
Puis Emmy continua son interrogatoire et finit par laisser tomber sa série, tout comme moi. On se retrouva donc à discuter tous les trois de cette fameuse Lena, qui d'ailleurs, portait un prénom un peu dérangeant selon moi. Il ressemblait trop à Jena et chaque fois qu'il prononçait ce nom, j'avais l'impression de parler de la sœur d'Emmy. Mais j'en fis abstraction pour en apprendre plus sur mon frère et elle.
Lena était en fait sa voisine de palier. Ils s'étaient rapprochés au fil des jours, puis mon frère l'avait invitée à boire un verre chez lui il y a quelques jours après l'avoir croisée dans les escaliers. Ce verre s'était transformé en plusieurs, puis ils avaient finit dans la chambre. Andrew nous épargna les détails de cette nuit très romantique, je n'en doutais pas, probablement à cause de la présence féminine parmi nous. Il ne se privait pas habituellement quand il me parlait de ses relations alors je pouvais remercier Emmy d'être là !
Le lendemain de cette soirée, ils en avaient discutés et avaient finalement décidé de se mettre ensemble. Autrement dit, c'était une histoire d'amour très romantique ! Mais si Lena plaisait à mon frère, peu m'importait. Tant qu'il était heureux avec elle.
Selon ses dires, Andrew n'était jamais tombé amoureux. Maintenant que je savais ce que ça faisait de l'être, je ne pouvais que lui souhaiter la même chose, même si toutefois, ça ne faisait que trois jours qu'il était avec elle.
Mais je m'avançais peut-être un peu... Il n'avait pas pour habitude de faire durer une relation et se lassait très vite. C'était même étonnant qu'il soit resté plus de quatre mois avec Élodie, son ex. Je devrais plutôt attendre quelques semaines avant d'associer Andrew et amour dans la même phrase...
***
Quand mon frère fut parti, Emmy s'étendit de nouveau de nouveau de tout son long et regarda à nouveau la télévision tout en continuant de me parler de Lena. Elle aussi était contente pour mon frère.
Puis elle changea totalement de sujet :
- Je n'ai pas cours demain après-midi, me dit-elle.
- Tu prendras mes clés alors. Je mange avec les gars demain midi. Par contre, il faudra qu'on aille faire les courses avant d'aller à ton rendez-vous chez le tatoueur.
- J'irai quand tu seras en cours, répondit-elle nonchalamment.
- T'inquiète on ira ensemble.
- De toute façon je comptais déjà y aller, dit-elle en me souriant. Ça ne me dérange pas. Et puis, si on y va tout les deux, on devra se dépêcher et on n'aura pas trop le temps alors ça va être chiant. Julia doit y aller aussi, donc on ira toutes les deux.
Je passai ma main dans ses cheveux doux et soyeux tout en lui répondant.
- T'es sûre ?
- Oui oui. Dis moi juste ce qu'il te faut.
Je réfléchis un instant. Je le pensais à chaque fois, mais c'était bien pratique qu'Emmy dise toujours ce qu'elle pense. Ça l'aurait dérangée, elle me l'aurait dit clairement, donc je savais qu'elle ne disait pas ça seulement pour me faire plaisir.
- Ok. Tu prendras ce que tu veux à manger et je te ferai une petite liste aussi. Mais pas grand chose, ne t'inquiètes pas.
- Pas de soucis.
Cette discussion me faisait l'effet d'être marié avec Emmy depuis peu de temps. Un jeune couple qui venait d'emménager ensemble et qui s'arrangeait calmement pour savoir qui ferait les courses. Inconsciemment, je vis une image de nous deux, habitant ensemble depuis quelques années, nous disputant sur ce même sujet de conversation. Mais je m'avançais un peu dans un avenir trop lointain et incertain pour le moment. Je me voyais parfaitement vivre avec elle, parce que je savais que je l'aimais, mais j'ignorais tout de ce qu'elle pensait. Et ça, ça m'effrayait de plus en plus. J'espérais toujours l'entendre me dire que ce que je ressentais pour elle était réciproque, mais ça n'était pas arrivé, et j'avais l'impression qu'elle ne serait pas celle de nous deux qui ferait le premier pas.
- Je te passerai l'argent tout à l'heure, me souvins-je.
- Pas besoin.
- Comment ça « pas de besoin » ? ris-je. J'ignorais que tu étais une voleuse.
- La seule chose que j'ai volé dans ma vie c'est une sucette à la boulangerie parce que ma mère ne voulait pas en acheter à ma sœur, alors je me vois mal voler tout un panier complet, m'avoua-t-elle avec sarcasme.
Chaque fois qu'elle mentionnait sa sœur avec autant de nonchalance, j'avais un pincement au cœur en me rappelant qu'elle n'était plus de ce monde et qu'Emmy l'ignorait, en quelques sortes.
Je mis quelques secondes à saisir où elle voulait en venir.
- Je ne vais pas te laisser payer mes courses.
- Chris, ça fait deux semaines que je suis ici et même avant les vacances j'y étais déjà. Alors je peux bien...
- Non, refusai-je catégoriquement.
Emmy se redressa pour s'asseoir puis se tourna vers moi, le sourire aux lèvres.
- De toute façon, tu n'as pas pas le choix.
- Ah ouais ?
- Ouais. Tu peux me le donner ton argent, il restera ici.
- N'importe quoi, soupirai-je.
- Je ne le prendrai pas Chris, s'obstina-t-elle.
- Tu es vraiment en train de t'entêter pour ça ?
- Et toi ?
On resta quelques secondes à se regarder dans les yeux, attendant chacun de notre côté que l'autre cède. C'était tellement ridicule que ça me fit rire.
- Tu te moques de moi ? demanda-t-elle en haussant les sourcils.
- Pas du tout, fis-je en souriant.
- Je doute un peu quand même. De toute façon, c'est soit ça, soit je retourne chez moi, déclara-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
- Sérieusement ?
- Oui.
Elle s'obstinait pour un détail inutile ! Je l'aimais mais bon sang, ce qu'elle pouvait être insupportable parfois ! Mais c'était une femme après tout...
Je soupirai devant son air sérieux et finis par capituler.
- T'es chiante quand tu t'y met, râlai-je.
- Ça tombe bien parce que toi aussi.
- Viens là, dis-je en tendant mon bras pour qu'elle vienne contre moi.
Elle m'offrit un sourire victorieux et déposa un baiser sur mes lèvres avant de caler son visage contre mon cou.
- Heureusement que tu m'aimes bien quand même... marmonna-t-elle en regardant l'écran en face de nous.
Je t'aime plus que bien, mon Ange.
Au lieu de prononcer ces mots qui, je le savais par avance, ne nous mènerait à rien de bon pour le moment, je l'embrassai sur le front.
À la télévision, le générique d'un troisième épisode était en train de débuter. Ce n'était donc pas finit ? Moi qui croyais qu'il n'y avait que deux épisodes...
Je posai ma main sur la cuisse d'Emmy et commençai à tracer de petits cercles sur sa peau tatouée avec mon pouce, mais son téléphone vibra sur la table basse, interrompant mon geste. Elle se détacha de moi pour l'attraper tout en gardant les yeux sur l'écran. Quand elle le déverrouilla, je jetai malgré moi un rapide coup d'œil pour voir qui lui envoyait un message. C'était un geste inconscient que j'avais l'habitude de faire très souvent avec Emmy. Quand je vis le nom de Julia s'afficher, je détournai le regard pour ne pas lire sa conversation. Elle tapa rapidement une réponse et reposa son téléphone près d'elle avant de ramener ses jambes sous elle. Ses yeux ne déviaient toujours pas de la télévision. Ça faisait trois semaines que chaque jeudi elle regardait cette même série et ce soir, ça me prenait la tête. Je n'appréciais pas particulièrement et d'ailleurs, je ne regardais jamais avec elle, mais ce soir, je n'avais rien d'autre à faire.
Toutefois, c'était certain que j'avais beaucoup mieux à faire avec elle au lieu de rester posé gentiment sur le canapé.
Je reposai ma main sur sa jambe et m'approchai d'elle pour l'embrasser dans le cou, me délectant de sa délicieuse odeur. Ma main remonta jusqu'à sa taille tout en déposant un second baiser.
- Chris.
Je passai ma main sous son tee-shirt.
- Chris... C'est le dernier épisode. S'il te plait.
Son ton se faisait suppliant. Au son de sa voix, je devinai que ses paroles étaient plus pour se persuader elle-même, que m'empêcher de faire quoique ce soit. Emmy savait dire non, et là, ce n'était pas un non.
Mes lèvres remontèrent jusqu'à son oreille pour venir en mordiller le lobe, petit point faible de mon Ange que j'avais découvert très tôt dans notre relation, et dont je profitais à chaque instant.
Comme je m'y attendais, un petit soupir s'échappa de sa bouche.
Je remontai un peu plus ma main pour venir caresser doucement sa poitrine que j'avais envie d'embrasser. Elle ne tenta même pas de la retirer.
- Chris je...
- Chut.
J'aimais sa façon de seulement prononcer mon nom dans ces moments-là.
Je continuai d'embrasser son cou, arrivant jusqu'à sa clavicule, où je laissai glisser ma langue.
- T'as pas le droit...
Je souris contre sa peau, puis sans que je ne comprenne quoique ce soit, elle s'installa à califourchon sur moi, collant brutalement mais délicieusement ses lèvres aux miennes. Ses mains glissèrent dans mes cheveux au moment où sa langue rencontra la mienne. C'était certain qu'elle craquerait et j'en étais plus que ravi.
Lentement, je fis remonter mes mains sur ses ailes puis retirai son tee-shirt. Elle était si belle.
Alors que j'allais embrasser chaque centimètre de sa poitrine, elle plaqua ses deux mains sur mes joues et colla son front au mien, me permettant de voir ses pupilles, encerclées d'une jolie couleur dorée, se dilater.
- T'es chiant, souffla-t-elle.
- J'ai envie de toi, mon Ange.
- Et si moi je ne veux pas ? me taquina-t-elle.
Je posai mes mains sur ses fesses pour la rapprocher de moi.
- Eh bien dis moi non, la défiai-je en souriant.
- Impossible.
***
Mon réveil sonna bien trop tôt le lendemain matin et je m'empressai de l'étreindre. Emmy se retourna dans le lit en geignant faiblement et je l'embrassai sur le sommet de sa tête avant de quitter la chambre pour la laisser dormir. Je pris une douche rapide et me dirigeai dans la cuisine. En passant par le salon, je vis nos vêtements éparpillés près du canapé, vestiges de nos ébats enflammés de la veille. Un sourire se dessina inconsciemment sur mes lèvres lorsque je ramassai les vêtements pour aller les mettre dans le panier à linge dans la salle de bain.
Lorsque je revins dans la chambre après avoir pris un petit déjeuner, Emmy était allongée sur le ventre, le drap ne couvrant que le bas de ses jambes, m'offrant une vue parfaite et sublime sur son corps. Ses cheveux de feu ébouriffés encadraient son joli visage endormi, et, n'étant vêtue que d'une simple culotte blanche, mon Ange me montrait ses ailes majestueuses et les deux rubans de dentelle qui encerclaient ses cuisses. En la voyant ainsi, je ne me souvenais même plus de la raison qui m'avait fait détester les tatouages. C'était tellement sexy sur elle !
Je m'emparai de l'appareil photo posé sur ma commode, et, même si je devais passer pour le plus grand psychopathe du monde, je pris quelques photos de celle que j'aimais, et le reposai ensuite à sa place.
Je m'approchai du lit et m'y installai en continuant de la regarder. Sa peau lisse et douce ne demandait qu'à être caressée délicatement alors je posai ma main sur son dos. Je fis glisser mes doigts le long de sa colonne vertébrale, m'arrêtant en rencontrant le tissu de son sous-vêtement qui cachait ses fesses rondes et rebondies, puis remontai ma main. Elle était réveillée. Ses yeux étaient toujours clos, mais un sourire étirait ses lèvres.
- Bonjour, murmura-t-elle.
Je balayai de ma main les cheveux qui retombaient sur son visage et déposai un baiser sur sa joue.
- Salut, chuchotai-je à mon tour. Bien dormi ?
- Pas assez, grogna-t-elle en enfouissant son nez dans l'oreiller ce qui me fit rire.
J'aimais la réveiller le matin pour voir son visage à moitié souriant, à moitié grognon quand il était si tôt.
- Je vais y aller, fus-je contraint de dire à cause de l'heure assez avancée. Les clés de l'appart' sont sur la table basse.
- Mmh.
- Réveille-toi ou tu vas rater ton premier cours.
- Mmh.
Je me penchai vers elle pour embrasser son épaule et lui assenai une petite claque sur les fesses.
- Hey ! protesta-t-elle en tournant son visage vers moi, les yeux maintenant grand ouverts.
- Aller debout, lançai-je en riant.
- Je vais appeler SOS femmes battues, je te préviens, me menaça-t-elle d'une voix cassée.
- D'accord mais lève-toi, fis-je en me séparant d'elle pour enfiler ma veste.
Elle soupira et se retourna en s'étirant longuement. L'appareil photo à portée de main, je l'allumai rapidement et repris une photo d'elle pour l'embêter. Le flash l'aveugla momentanément et elle se frotta les yeux. Quand elle les rouvrit et qu'elle me vit, l'appareil en main, elle me jeta un regard qui aurait pu me tuer sur place et rabattit la couverture sur tout son corps.
- Repose ça tout de suite ! s'écria-t-elle depuis sa cachette improvisée.
Je retirai la carte mémoire et la mis dans ma poche avant d'exécuter son ordre.
- C'est bon.
Comme une gamine, elle laissa une toute petite ouverture juste pour passer son oeil et vérifier par elle-même si je disais vrai.
- Je te déteste, grogna-t-elle en se cachant à nouveau.
- C'est toi qui a choisit de m'offrir ça pour Noël. Et je dois dire que c'était une très bonne idée !
Elle se redressa vivement pour s'asseoir dans le lit, la couverture maintenue sur sa poitrine.
- C'était pour prendre des photos des paysages ! s'indigna-t-elle.
- Ce n'est pas marqué sur la notice, lui rappelai-je.
Je m'approchai à nouveau d'elle pour l'embrasser mais elle tourna la tête et je me retrouvai donc à lui faire un simple bisou sur la joue.
- À tout à l'heure ! m'écriai-je en sortant de la pièce.
Je me ravisai en arrivant au salon puis revins sur mes pas. Dans la chambre, Emmy, enroulée dans le drap se dirigeait vers la commode, comme je l'avais pensé.
- Ça ne sert à rien, j'ai retiré la carte mémoire, ris-je.
- Donne-la moi.
- Rêve ! m'exclamai-je en sortant pour de bon pour aller en cours.
Au moment de refermer la porte derrière moi, un second « Je te déteste » retentit dans l'appartement.
Elle avait bien fait de m'offrir cet appareil photo et je savais qu'elle, elle pensait tout le contraire. Emmy devait se maudire en ce moment-même.
Quand j'avais déchiré le papier cadeau, j'avais d'abord été surpris. Puis elle m'avait dit qu'un jour, elle avait vu mon vieil appareil photo cassé dans mon placard et qu'elle en avait eu l'idée. Elle en avait parlé à Andrew qui lui avait avoué qu'avant, j'aimais beaucoup prendre des photos d'un peu tout ce qui passait devant mes yeux. Mais quand mon appareil avait rendu l'âme, je n'avais pas eu assez d'argent pour m'acheter celui que je voulais alors j'avais abandonné. Et Emmy m'avait offert ce super modèle, mieux que celui que je voulais quelques années auparavant. Elle avait dû débourser une sacrée somme d'argent pour cet objet et ça m'avait un peu gêné. Jusqu'à ce que je la prenne en photo une première fois. A cet instant, ma gêne venait de disparaitre complètement.
Ça faisait maintenant deux semaines que je ne manquais aucune occasion pour capturer son image. Chaque fois elle râlait et chaque fois je riais. En deux semaines, j'avais réussi à avoir toutes les expressions de son visage. Plusieurs fois, même. Mais je voyais que ça commençait à vraiment l'énerver alors depuis deux jours, j'avais un peu arrêté. Ce matin faisant exception.
Mais du coup, je me retrouvais en retard pour aller en cours. Je me dépêchai d'arriver jusqu'au bâtiment où j'avais cours et entrai discrètement dans l'amphithéâtre pour prendre place à côté d'Ethan.
- Eh bien alors ? Tu t'es perdu ? dit-il à voix basse.
- J'ai été retenu, répondis-je en sortant mon ordinateur.
- Emmy est toujours chez toi ? demanda Anthony qui était installé à côté d'Ethan en se penchant en avant pour me voir.
- Ouais.
Il jeta un coup d'œil à sa montre puis haussa les sourcils.
- Et elle ne t'a retenu que sept minutes ? C'était rapide !
Ethan se mit à rire en comprenant le sous-entendu de son voisin.
- Je devais seulement la réveiller avant de partir et elle n'était pas vraiment motivée pour se lever.
- M'ouais. Je suis sûr que c'est faux, répliqua-t-il en tapant sur le clavier de son ordinateur.
J'allumai le mien et commençai en prendre le cours de mon prof d'anglais quand Ethan s'adressa à moi.
- J'aurais quelque chose à te demander.
- Vas-y, fis-je en gardant les yeux rivés à l'écran.
- Tu dirais quoi si un de tes potes sortait avec ton ex ?
Je m'arrêtai soudain de taper sur mon clavier et écarquillai les yeux en le regardant.
- Tu sors avec Charlotte ?
Il soupira en comprenant que son sous-entendu était inutile.
- Ouais.
- Depuis quand ?
- On a bu un verre ensemble hier soir et on a beaucoup discuté. J'ai fini par lui demander de sortir avec moi et elle a accepté.
- C'est pas trop tôt ! m'exclamai-je en continuant de prendre mon cours.
- Tu vois, je te l'avais dit, intervint Anthony.
- Donc tu t'en fiche ? insista Ethan.
- Ouais. Tu fais ce que tu veux. Charlotte et moi c'est fini, mais tu dois être au courant.
- Oui mais c'est ton ex quand même. Ça ne te dérange pas ?
- Je suis avec Emmy. Comment voudrais-tu que ça me dérange ?
Inconsciemment, des images de sa bouille en colère de ce matin me revinrent en mémoire et je me mis à sourire.
- Donc ça ne te fera rien si tu nous vois ensemble ce soir à la soirée d'Anthony ?
J'avais déjà oublié que j'y allais à cette soirée...
- Tu sais, ça fait déjà plusieurs semaines que je m'attends à vous voir ensemble. Alors non, ça ne me fera rien.
- Tant mieux alors.
Oui, c'était tant mieux et c'était une bonne nouvelle pour moi qu'ils soient enfin ensemble tout les deux. Charlotte allait enfin me lâcher.
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