Chapitre 38 : Emmy.

« La musique, c'est un cadeau de la vie. Ça existe pour consoler. Pour récompenser. Ça aide à vivre. » - Michel Tremblay

*****

Dire au revoir à mes parents fut beaucoup plus difficile que je ne le pensais. Ils nous avaient accompagnés à l'aéroport et je les avais serrés dans mes bras chacun leur tour. Ma mère avait versé quelques larmes, pas mon père, même s'il paraissait tout de même triste que je rentre chez moi. Tout comme moi. Ça faisait bien longtemps que je ne pleurais plus, même lorsque je quittais mes parents. Je les reverrai, après tout.

Je leur avais promis que je reviendrais aux prochaines vacances, ou celles d'après selon mes cours, mais cela n'avait pas réconforté ma mère. Elle avait même demandé à Chris de bien s'occuper de moi et l'avait pris dans ses bras lui aussi. Ça me faisait chaud au cœur de constater que mes parents appréciaient tous deux mon petit-ami. Même mon père, qui était très protecteur avec moi, semblait bien l'aimer. Je m'en étais aperçue quand il l'avait à son tour pris dans ses bras - ce qui m'avait surprise - mais quand Chris avait hoché la tête, j'avais compris que mon père avait dû lui dire quelque chose.

Dans l'avion, j'avais questionné Chris à ce propos, mais mon père lui avait seulement demandé de prendre soin de moi. Ce que Chris comptait évidemment faire, selon ses dires.

Cette semaine de vacances avec lui était tout bonnement parfaite. Nos moments ensemble nous avaient beaucoup rapprochés mais j'espérais sincèrement que l'aveu que je lui avais fait à propos de ma sœur ne l'éloignerait pas de moi. Il avait eu l'air de comprendre, alors je souhaitais vraiment que ça continue ainsi.

- J'aurais dû me douter qu'il serait en retard, soupira Chris en arrivant dans le hall de l'aéroport.

- Il va arriver.

- Sauf s'il a oublié.

Je le regardai en fronçant les sourcils.

- Me regarde pas comme ça, c'est très probable venant d'Andrew, se défendit-il.

- Il va venir, tentai-je de me persuader.

En l'attendant, on s'installa sur un banc dans le hall, nos valises à nos pieds. On ne patienta qu'une dizaine de minutes avant de le voir marcher vers nous, le sourire aux lèvres et les mains dans les poches.

- T'es en retard, grogna Chris lorsqu'il arriva.

Je le frappai à l'épaule et il leva les yeux aux ciel en se mettant debout.

- Mais toi aussi tu m'as manqué, petit frère, répliqua-t-il en souriant.

Puis il se tourna vers moi et me prit rapidement dans ses bras pour me saluer.

- Tu vas bien ?

- Épuisée mais ça va. Merci d'être venu, lui dis-je.

- Au moins une qui est polie ! rétorqua-t-il à l'adresse de Chris.

- On peut y aller ? contra ce dernier impatient.

- Tu pourrais être un peu plus aimable s'il te plait ? demanda Andrew avec sarcasme. Je ne suis en retard que de quinze minutes, ce n'est pas grand chose.

- Tu es en retard quand même.

Il continuèrent de débattre jusqu'à ce qu'on arrive à la voiture. Les garçons mirent les valises dans le coffre et je montai à l'arrière, les laissant se chamailler comme ils en avaient l'habitude.

- Hey ! J'ai même pensé à remplir tes placards, protesta Andrew en arrivant devant chez son frère.

- Je paris que c'est pour ça que tu étais en retard. Tu t'es rendu compte au dernier moment que tu avais oublié, tu t'es dépêché d'aller faire les courses, et tu es arrivé en retard à l'aéroport.

- Mais j'ai fait les courses, répéta Andrew en souriant hypocritement à son frère.

- Merci, lâcha tout de même Chris en sortant de la voiture.

Andrew sortit ma valise et la porta jusque chez Chris, qui lui, s'occupait de la sienne. Une fois dans l'appartement, Chris se laissa tomber sur le canapé en soupirant. Il avait l'air vraiment épuisé par ce voyage.

Quelques minutes plus tard, un second débat débuta et je fus rapidement mise de côté puisque cette fois-ci, les garçons s'allièrent et se mirent immédiatement d'accord : le livreur de pizza serait là dans une demi-heure.

- Mais tu peux te faire un couscous oriental si tu en as envie, ajouta Andrew en raccrochant. J'ai acheté plein de légumes de toutes les couleurs.

On éclata tous de rire à son commentaire.

- Non merci. Je n'ai vraiment pas envie de cuisiner.

- Comme tu voudras ! Mais ça t'arrive vraiment de manger de la pizza ? s'étonna-t-il.

À cet instant, je croisai le regard amusé de Chris. Ça ne sera que la seconde fois que je mangerai une pizza avec lui, la première étant le jour de notre première fois.

- Rarement, mais oui, répondis-je finalement, ce qui provoqua un petit rire de la part de mon copain.

Andrew nous regarda chacun notre tour en fronçant les sourcils puis se leva du canapé.

- Ok, je ne veux pas savoir ce qu'il y a entre vous et une pizza, vous faites ce que vous voulez. Je vais chercher une bière. Vous en voulez une ?

On hocha tous les deux la tête en contenant notre rire. Je n'osais même pas imaginer ce qui était passé dans la tête de Monsieur Muscles !

Chris passa son bras sur mes épaules et m'attira contre lui.

- Tu vois que je n'ai pas besoin de te faire l'amour pour avoir une pizza, dit-il à voix basse. L'inverse est encore plus vrai !

- Je vois ça. Mais je réclamerai quand même mon dû plus tard.

- Avec plaisir ! répondit-il avant de m'embrasser sur la joue.

Andrew arriva au même moment, trois bières à la main. Il resta discuter avec nous toute la soirée, de nos vacances, des siennes et de ses matchs. Ce fut une soirée plutôt agréable mais la fatigue commença à arriver peu après minuit. Le décalage horaire n'avait aucun impact sur ma fatigue puisqu'il était assez tôt à Los Angeles mais le voyage était épuisant. Chris était de mon avis puisqu'il dormait à moitié. On décida donc d'aller nous coucher, laissant Andrew devant la télévision.

Dans sa chambre, Chris se contenta de se déshabiller et de se mettre au lit. Je le suivis et ne mis que très peu de temps pour m'endormir.

***

Lorsque je me réveillai le lendemain matin, Chris dormait encore. J'hésitai alors quelques instants à savoir si je le réveillais ou si je le laissais dormir. Un coup d'œil à mon téléphone pour regarder l'heure me dissuada de le secouer et je me levai sans lui.

En passant par le salon, je fis attention à ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller Andrew qui dormait encore sur le canapé. Je me préparai alors un chocolat chaud et m'installai à la table pour le boire tranquillement. Comme il était encore tôt pour que les garçons ne se lèvent et que je commençais déjà à m'ennuyer, je sortis de quoi préparer des pancakes. Chris avait beaucoup aimé cette semaine, alors ça devrait lui plaire.

Andrew fut le premier à se lever et parut surpris de me voir une poêle à la main.

- T'aimes les pancakes ? lui demandai-je lorsqu'il s'installa à la table de la cuisine que j'avais déjà encombré de tout le nécessaire pour un petit déjeuner copieux.

Il regarda de ses yeux écarquillés les confitures, beurre, sirop d'érable fraîchement acheté la semaine dernière, pâte à tartiner, café et croissants que j'avais trouvé dans le placard.

- Je suis sûr que oui, répondit-il finalement en souriant. Tu fais ça souvent ? Parce que si c'est le cas je vais venir habiter chez Chris.

- Les pancakes, c'est la première fois que j'en fais ici, dis-je en versant de la pâte dans la poêle.

- Je parle du petit déjeuner en général. Chris a droit à ça tout les matins ?

- Il y a eu droit toute la semaine dernière grâce à ma mère. Sinon, quand je me lève tôt en général, je fais quelque chose.

- Comme quoi ?

- Ça dépend. J'ai déjà fait une brioche, des crêpes et des madeleines.

Je déposai un pancake sur la pile déjà présente dans l'assiette et versai à nouveau de la pâte dans la poêle.

Andrew se leva, s'approcha de moi et passa un bras sur mes épaules, approchant son visage du mien. Je fronçai les sourcils attendant qu'il parle.

- Tu ne voudrais pas larguer mon frère pour sortir avec moi ? Ou juste venir habiter chez moi, ça me va aussi. Je te donnerai même mon lit si tu veux.

- C'est tentant mais je vais devoir rejeter ta proposition Andrew, dis-je sérieusement.

- Tu pourrais faire un effort quand même, marmonna-t-il.

- Désolée mais c'est trop loin de la fac chez toi.

- Si ce n'est que ça ! Je viens vivre chez toi alors ! conclut-il en approchant sa main de la pile de pancakes.

Je la repoussai vivement.

- Pas touche.

- Ça va, je ne vous dérange pas trop ? demanda Chris qui venait visiblement d'arriver.

Andrew retira son bras de mes épaules et je continuai de préparer mon petit déjeuner.

- Si un peu, répondit-il en retournant s'asseoir. Je suis en pleine négociation là.

Chris posa sa main sur ma taille et m'embrassa sur la joue avant de me murmurer quelques mots à l'oreille qui me firent sourire.

- T'es géniale mon Ange.

Puis il s'installa près de son frère sans me proposer son aide. Il savait très bien que je la refuserais.

- Quelle négociation ?

- En fait, Emmy va te larguer pour moi.

- C'est vrai Em ?

- Ouais, j'ai appris ça juste avant que tu arrives.

- Autant pour moi alors, fit Chris distraitement tout en se servant un café.

J'allais parler mais Andrew fut plus rapide.

- T'as bientôt fini ?

Sa question me fit rire et d'autant plus lorsque j'entendis un grognement de douleur. Chris avait dû le frapper.

Je ne savais pas ce qu'ils avaient depuis hier mais ils ne faisaient que de se chamailler comme deux enfants. Une semaine sans se voir et ils craquaient ! C'était drôle de les voir comme ça. Ils se taquinaient tout le temps, mais je savais qu'au fond ils s'aimaient. Même si ça, ils ne l'avoueraient sans doute jamais à voix haute !

Quelques minutes plus tard, je déposai l'assiette de pancakes sur la table et Andrew se jeta dessus en me remerciant. Chris soupira en voyant la réaction de son frère mais capitula en remarquant que je souriais.

On mangea donc tous les trois tout en riant et en discutant et vu le peu de nourriture qu'il restait sur la table après le petit déjeuner, ce que j'avais fait avait plu. Ils m'aidèrent tout deux à débarrasser puis Andrew s'éclipsa pour aller prendre une douche. Chris me prit alors la main et m'entraîna dans sa chambre. Après avoir refermé la porte, je le vis farfouiller dans son bureau, puis il se tourna face à moi, une enveloppe blanche à la main qu'il me tendit. Je l'interrogeai du regard et haussai les sourcils.

- Prends, m'ordonna-t-il en souriant. C'est pour toi.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ouvres et tu verras, dit-il en s'asseyant sur son lit.

Je ne manquai pas de remarquer qu'il avait passé la main dans ses cheveux pour la troisième fois depuis que nous étions dans la chambre. Il était nerveux, et je n'en comprenais pas la raison.

Je ne le torturai pas plus longtemps et retournai l'enveloppe en m'installant près de lui. J'en sortis deux morceaux de papier et au fur et à mesure que je découvrais les mots inscrits dessus, mon sourire s'agrandissait.

Tchaïkovski. Le lac de cygnes. Opéra.

Je relevai la tête vers lui et il se détendit en me voyant sourire.

- Je ne savais pas quoi t'offrir. Ce pas vraiment quelque chose qu'on offre habituellement à Noël, mais j'ai eu cette idée un jour où tu écoutais de la musique. Je me suis souvenu que tu m'avais dit que tu étais déjà allée voir Les quatre saisons alors je me suis dit que peut-être...

Je ne le laissai pas terminer sa phrase et me jetai à son cou, le faisant tomber en arrière sur son lit.

- ... ça te plairait, finit-il en riant.

- Merci Chris. C'est parfait.

- Vraiment ?

Je me redressai pour pouvoir l'embrasser tendrement.

- Tu ne pouvais pas mieux choisir, fis-je sincèrement.

Il s'empara de mon visage en plaquant ses mains sur mes joues et me regarda attentivement.

- Joyeux Noël, mon Ange.

- Joyeux Noël, Chris, murmurai-je avant d'enfouir mon visage contre son cou.

Ses bras se resserrèrent autour de moi et je me sentais parfaitement bien, en sécurité, et... aimée ? Je ne savais pas. Peut-être me contenterais-je d'être appréciée par Chris. Aimer était un sentiment beaucoup trop fort pour être déjà présent entre nous, même si pour ma part, j'avais l'impression de m'attacher de plus en plus à lui. Je l'aimais beaucoup, c'était indéniable. Mais est-ce que je l'aimais, tout simplement ?

Peut-être bien après tout. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien qu'auprès de lui. De plus, lui parler de Jena m'avait paru naturel. Je lui faisais confiance. Oui. Mais j'avais peur. Était-il possible qu'il... m'aime ? Je voyais dans ses yeux, à sa manière de me regarder qu'il tenait à moi, mais était-ce plus fort que ce à quoi je pensais ? M'aimait-il de la manière dont moi je...

Étais-je réellement en train de tomber amoureuse de lui ? Ou était-ce déjà arrivé... Probablement. Ce qui ne m'effrayait que davantage.

J'avais aimé Josh, et il m'avait fait souffrir sans rien savoir de moi. J'étais resté avec lui plusieurs mois et jamais je ne lui avais parlé de moi comme je l'avais fait avec Chris, alors que je ne sortais avec lui que depuis quelques semaines. Il prenait déjà une si grande place dans mon cœur. C'était impressionnant de se dire qu'en si peu de temps, il était devenu si important à mes yeux.

Il n'était pas partit en m'entendant parler de ma sœur, c'était déjà ça. Mais le problème était qu'il ne savait pas encore tout de moi. Et qu'il ne saura jamais. Je ne voulais pas lui faire de la peine, alors jamais je ne lui dirai. Ce qui me faisait prendre conscience qu'être à ses côtés n'était pas quelque chose d'éternel et qu'il arrivera un jour où je me retrouverai seule de mon côté, et lui du sien. Mais ce n'était pas le cas aujourd'hui. Pas encore.

J'allais donc me contenter d'être heureuse avec lui pour le moment, et je verrai par la suite. J'étais dans ses bras et c'était parfait pour aujourd'hui. De plus, son cadeau me touchait bien plus qu'il ne le pensait.

Je devais vraiment passer pour une fille étrange à sauter de joie en recevant deux billets pour aller à l'Opéra, mais Chris savait que je n'étais pas comme les autres.

Je n'y étais allée qu'une seule fois et c'était un moment magique qui resterait gravé dans ma tête à jamais, alors j'étais vraiment contente de pouvoir y retourner. D'autant plus si c'était pour voir Le lac de cygnes. J'avais entendu dire que c'était un spectacle magique et sublime.

- Tu viendras avec moi ? lui demandai-je, rompant le silence agréable qui s'était installé.

- Non.

Sa réponse directe me surpris. Il continuait toutefois à caresser la naissance de mes cheveux sur ma nuque d'une main, et ma hanche de son autre main.

- D'accord, répondis-je en tentant de cacher ma déception.

Après tout, ce n'était pas parce qu'il m'offrait quelque chose que j'aimais que lui aussi était de mon avis.

- Tu vas me larguer alors tu emmèneras ton nouveau copain, dit-il en soupirant.

Je ris à sa remarque.

- Ah oui c'est vrai. J'avais oublié.

Puis je me redressai afin de voir ses yeux et son sourire.

- Mais tu sais, j'ai bien réfléchi et je pense que je vais rester avec toi encore un peu.

- C'est vrai ? s'exclama-t-il faussement surpris. C'est trop d'honneur que tu me fais.

- J'ai envie d'être gentille aujourd'hui.

- Tu m'en vois ravi, dit-il en riant.

Il se redressa et me repoussa sur le côté pour m'allonger et venir au dessus de moi. Il allait m'embrasser mais je l'en empêchai en plaquant mes mains sur son torse.

- Ma mère aurait bien aimé m'accompagner mais elle est un petit peu loin de Paris. Après, je demanderais bien à Julia mais elle n'aime pas du tout ce genre de choses.

Je fis mine de réfléchir sous le regard amusé de Chris puis lui demandai :

- Tu crois que Jimmy serait d'accord ?

- N'y pense même pas, répliqua-t-il immédiatement.

- Pourquoi ?

- Parce que j'ai changé d'avis, me sourit-il avant de plonger sur mes lèvres.

Je tentai de le repousser juste une seconde avant de me laisser aller dans ses bras et de l'embrasser en retour. Ça m'était impossible de lui résister plus longtemps. Ses lèvres étaient devenues une addiction depuis quelques temps. Heureusement que cette addiction n'était en rien dangereuse !

Ou peut-être que si, elle l'était. Elle atteignait immédiatement mon cœur.

***

Une fois Andrew parti, on passa le restant de la journée, assis sur le canapé, à réviser nos cours pour l'affreuse semaine qui arrivait. Rien de bien réjouissant.

- Tu veux un café ? me demanda Chris en se levant.

- Oui je veux bien s'il te plait.

Il partit dans la cuisine et revint quelques minutes plus tard, deux tasses fumantes à la main. Il en posa une sur la table basse et gardant l'autre. Je le remerciai rapidement tout en continuant ma lecture.

- Fais une pause le temps de boire ton café, me proposa Chris en passant sa main dans mon dos.

Je quittai ma feuille des yeux pour lui jetai un regard blasé.

- Quoi ? s'insurgea-t-il en riant. Il va être dix-neuf heure et tu es sur tes cours depuis qu'Andrew est parti à midi.

- Et alors ? J'ai mes partiels dans deux jours je te rappelle.

- Je suis au courant. Ça fait une semaine que tu as le nez dans tes cours.

Deux semaines en réalité. J'avais beau avoir passé mes vacances chez mes parents, je n'avais pas pour autant cessé de réviser. Même quand Chris était là. Je me levais tôt le matin pour travailler et être tranquille l'après-midi avec lui. La plupart du temps. Il avait d'ailleurs prévu le coup puisque ses cours l'avaient accompagné à Los Angeles étant donné que lui aussi avait des épreuves en même temps que moi.

Sans attendre ma réponse, il s'empara des feuilles que j'avais entre les mains et les déposa sur la table basse surmontée de dizaines de feuilles de cours, aussi bien à moi, qu'à lui, et de nos ordinateurs. Il remplaça ce que je tenais quelques secondes auparavant par ma tasse de café et m'embrassa sur la joue.

- Je ne t'ai jamais vue aussi stressée.

Je capitulai finalement et m'enfonçai dans le canapé en buvant une gorgée de ma boisson brûlante. Ça faisait un bien fou.

- Je n'y peux rien, je n'ai pas envie de tout rater.

- Pourquoi tu raterais ? Et puis, tu n'étais pas aussi stressée chez tes parents.

- Je ne sais pas. Peut-être parce que c'est bientôt.

- Je suis sûr que tu vas réussir, dit-il en souriant ce qui me fit rire.

- Tu dis ça seulement pour me rassurer.

- Et ça marche ? demanda-t-il en haussant les sourcils.

- Pas vraiment, ris-je.

Il se mit à rire aussi puis termina son café.

- Bon alors j'ai autre chose.

- Quoi ?

Il regarda son téléphone puis revint face à moi.

- Tu vas t'habiller ? J'ai réservé une table au restaurant, il faut qu'on parte dans une demi-heure.

J'écarquillai les yeux face à son annonce.

- Tu plaisantes ?

- Pas le moins du monde.

Il souriait comme un idiot, fier de lui, mais il semblait plus que sérieux.

- Tu n'aurais pas pu me le dire avant ? m'indignai-je.

- Ça va, riposta-t-il, tu as juste à te changer rapidement et on est parti.

On se dévisagea quelques secondes, puis il se pencha vers moi et déposa un simple baiser sur mes lèvres.

- Dépêche-toi, souffla-t-il contre ma bouche.

Je soupirai et fini tout de même par me lever et aller dans sa chambre. S'il avait pris la peine de réserver, je n'allais pas tout gâcher. Et puis, il avait raison : ça me détendra très certainement.

J'attrapai un pantalon et un pull que j'enfilai rapidement puis passai par la salle de bain. Je défis mon chignon avant de me souvenir de la raison pour laquelle je les avais attachés : je ne les avais pas lavés et ils étaient très moches. Il aurait pu me prévenir plus tôt ! Qu'est-ce que j'allais faire de mes cheveux en quelques minutes ?

Je retournai dans la chambre de Chris pour fouiller dans mes affaires et trouver un élastique pour mes cheveux mais au moment de sortir de la pièce, je vis un de ses bonnets noirs posé sur la commode. Je m'en emparai et l'enfonçai sur ma tête. Je passai tout de même devant le miroir et décidai que ça ferait l'affaire. Je me contentai d'ajouter un coup de mascara sur mes cils et revins vers Chris, qui était sur son téléphone. Il releva la tête en m'entendant revenir.

- Seulement dix minutes ! Tu vois, tu n'avais pas besoin de plus. Hey mais c'est à moi, ajouta-t-il en remarquant son bonnet.

- Et alors ? lui souris-je.

Il me sourit à son tour.

- Ça te va bien.

- Mes cheveux sont moches, alors ça ne peut qu'être mieux ! soupirai-je en me laissant tomber sur le canapé.

Je commençai à rassembler mes cours pour les ranger pendant que Chris débarrassait nos tasses à café vides et les papiers de chocolats dont il était responsable. Il s'éclipsa quelques minutes pour se changer et revint vers moi.

- C'est en quel honneur cette invitation ? lui demandai-je alors qu'il enfilait ses chaussures.

- J'ai besoin d'une raison pour t'inviter ?

- Il y en a une ? insistai-je.

- Non. J'ai juste pensé que tu en avais besoin, répondit-il en haussant les épaules.

Il venait de dire cela comme si c'était une évidence pour lui, mais moi, ça me touchait. Je m'approchai de lui et entourai son cou de mes bras. Je nichai mon visage contre lui et l'embrassai dans le cou.

- Merci, soufflai-je. J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on a pas mangé que tout les deux.

- Ça fait une éternité, répondit-il en serrant furtivement ma cuisse. Une éternité de deux semaines, mais quand même !

Il était vrai que la semaine passée on avait mangé tous nos repas avec mes parents. Pas que ça me dérangeait, bien au contraire, mais je me rendais compte qu'un petit dîner en tête à tête nous ferait du bien.

- On y va ? proposa-t-il.

Je hochai la tête et me détachai de lui pour me lever.

- Rappelle moi qu'il faut que j'aille chez moi demain, lui dis-je en me souvenant de quelque chose qui m'était totalement sortit de la tête.

- Pour faire quoi ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- Aller chercher ton cadeau, répondis-je avant de plaquer un baiser sur ses lèvres et de mettre mon manteau.

- Parce que j'en ai un ?

- Évidemment. Mais vu comme on n'était pas sensé se voir cette semaine, je comptais te le donner aujourd'hui. Tu me pardonnes si je te dis que j'ai complément oublié cet après-midi malgré ton magnifique cadeau de tout à l'heure ?

- Je te pardonne à une condition, rétorqua-t-il sérieusement.

- Laquelle ?

Un sourire sadique s'étira d'une de ses oreilles à l'autre.

- Tu me laisses payer l'addition sans discuter.

Je levai les yeux aux ciel. Il commençait à bien trop me connaitre !

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