Chapitre 36 : Emmy.

« La confiance c'est offrir sa main dans la pénombre. » - Georges Iles

*****

- Ferme les yeux.

- Sérieux ?

Je ris face au ton désabusé qu'il venait d'employer.

- Oui, sérieux.

- Emmy, j'ai fermé les yeux pendant de très longues semaines, alors laisse moi te dire que ça m'agace un peu. En plus, il fait déjà noir et je ne vois rien.

- Quand j'ouvrirai la porte, tu verras clair alors s'il te plait, ferme les yeux, soupirai-je.

- Je gagne quoi ?

J'entendais dans sa voix qu'il souriait.

- Ce que tu veux, tant que tu fermes tes yeux.

- Tout ce que je veux, hein ?

J'imaginais à la perfection le haussement de sourcil, accompagné de son regard vicieux.

- Oui, fis-je en explosant de rire.

- Fallait le dire plus tôt, je les aurais fermé directement, marmonna-t-il en souriant.

Je levai mes mains à son visage pour m'assurer que ses paupières étaient bel et bien closes derrière ses lunettes, que je replaçai sur son nez.

- Tu n'ouvres pas avant que je te le dise, le prévins-je.

- Ça ne risque pas ! Vu ce que je viens de prévoir pour ce soir quand on rentrera, ajouta-t-il fier de lui.

Je levai les yeux au ciel, mais ouvris tout de même la porte qui donnait sur le toit. Il faisait nuit mais la lune me permettait de voir que Chris avait toujours les yeux fermés. Je pris ses mains et marchai à reculons pour garder les yeux rivés sur lui. On fit quelques pas en silence et je m'arrêtai à quelques mètres de la bordure du toit, qui donnait une vision vertigineuse sur le vide d'une hauteur de quatorze étages.

Je relâchai une de ses mains pour me poster à ses côtés, entrelaçant nos doigts, les yeux désormais face au paysage.

- M'autorisez vous à regarder ? demanda Chris.

- Je t'en pris, dis-je en tournant la tête vers lui pour voir sa réaction.

À l'instant où ses paupières se soulevèrent, son sourire se fana et ses lèvres s'entrouvrirent, sûrement surpris de ce qu'il avait en face de lui. Je détournai le regard pour voir le paysage ; tout Los Angeles brillait devant nous. Des centaines et des centaines de points lumineux scintillaient dans la nuit et rendaient la ville magnifique. C'était cette vision de Los Angeles que je préférais. Être en bas, entourée de centaines de personnes et du bruit de la ville n'était pas très plaisant. Alors qu'ici, je me sentais bien. Seule au monde, je regardais la ville s'animer la nuit, sous la brillance de la lune et des étoiles. Ce n'était peut-être pas grand chose, mais je trouvais ça magique.

Chris retira sa main de la mienne et se déplaça pour se mettre derrière moi, entourant ma taille de ses bras. Sa tête reposait sur mon épaule et je sentais son délicieux parfum musqué.

- Quand j'habitais ici, je venais souvent sur ce toit, juste pour regarder. Je pouvais rester des heures assise sur la bordure à simplement admirer la vue. Ce n'est pas grand chose, mais je voulais que tu vois ça.

- C'est magnifique, souffla-t-il.

Oui, c'était magnifique.

Passées quelques minutes à observer, je me détachai de son emprise pour m'approcher encore un peu du bord, me penchant légèrement pour voir en bas.

- Emmy.

- J'aime bien regarder les gens d'ici. Ils sont tout petits et...

- Emmy revient.

Je tendis la main derrière moi pour faire signe à Chris de me rejoindre.

- Viens voir.

- Non. Toi viens-là, m'ordonna-t-il sèchement.

Je me tournai vers lui en fronçant les sourcils.

- S'il... S'il te plait. Éloigne toi du bord.

Je percevais les tremblements dans sa voix et son regard effrayé qui alternait entre la bordure du toit et moi. Ses poings étaient crispés et il pinçait durement ses lèvres. Ce n'était pas difficile à comprendre.

- Tu as peur du vide.

- Oui. Et là, tu me fiches la trouille à être aussi proche alors s'il te plait, viens là.

Son ton était presque suppliant et ça me faisait mal de le voir aussi apeuré, alors je n'hésitai pas une seule seconde et le rejoignis immédiatement. Quand il me vit m'éloigner du bord, il soupira, rassuré.

- Merci.

Il attrapa ma main et la broya presque dans la sienne pour m'approcher de lui et nous fit reculer de quelques pas supplémentaires pour être sûr.

- Désolée, je ne savais pas.

- Tu ne pouvais pas deviner.

Il gardait le regard rivé sur le paysage. Il semblait gêné de la situation alors pour l'aider, je lui proposai de rentrer. Il ne se fit pas prier pour accepter. On redescendit les quelques marches qui nous ramenaient à l'intérieur du bâtiment puis on prit l'ascenseur pour rejoindre l'extérieur.

- Tu as toujours eu le vertige ? le questionnai-je en appuyant sur le dernier bouton qui nous mènera jusqu'au rez-de-chaussée.

- Non. Quand j'étais petit, je montais souvent sur le toit de ma maison depuis la fenêtre de ma chambre. Puis un jour, Andrew a voulu me rejoindre, sauf qu'il a trébuché et est tombé. Ce n'était pas très haut, seulement deux étages, mais on était gamin. Ce jour-là, il s'est seulement déboîté l'épaule, mais depuis, j'ai une peur bleue. Voir mon frère depuis le toit, allongé au sol, était quelque chose d'insupportable.

Il haussa nonchalamment les épaules et garda le regard rivé au sol. Je ne voyais pas pourquoi il avait honte de ça. Chacun avait ses propres terreurs, et on ne pouvait rien y faire. Je lui pris la main pour entrelacer nos doigts et il la serra doucement, comme pour me remercier de ne pas insister.

***

En me réveillant le lendemain matin, Chris n'était plus dans mon lit. Un coup d'œil à ma chambre m'apprit qu'il n'était pas très loin. Debout, devant mon bureau, il avait un cadre photo dans les mains et le regardait attentivement. Ce devait être une photo de ma sœur. Celle où ses longs cheveux blonds avaient disparu, contrairement à son sourire toujours présent, en quelques circonstances que ce soit.

J'avais été agréablement surprise de constater à quel point Chris avait bien réagit lorsque je lui avais parlé de Jena. Il n'avait pas changé son comportement vis-à-vis de moi, et j'aimais beaucoup. Même si toutefois, ça m'avait brisé le cœur de le voir verser des larmes le soir de son arrivée chez moi. Ma mère avait eu raison, il avait eu l'air de comprendre et ne m'avait pas rejetée. Heureusement. Dans le cas contraire, je ne l'aurais très certainement pas supporter.

J'aimais beaucoup Chris et j'étais très attachée à lui, ce qui ne m'effrayait que davantage. Et si un jour il décidait de s'en aller et de me laisser seule ? Je ne le supporterais pas. Il était désormais une part de moi et je ne me voyais pas sans lui. Mais ce jour où il me quittera arrivera, je le savais pertinemment, alors pour le moment, je voulais seulement profiter de l'instant présent et me réjouir de sa présence près de moi.

J'avais bien vu à quel point ça avait été dur de le laisser à l'aéroport quand je devais venir ici. Lui dire au revoir, même pour deux semaines, était difficile. Mais heureusement, il était venu me rejoindre et il était près de moi aujourd'hui.

Quand il se rendit compte que je l'observais, Chris me sourit et reposa le cadre à sa place pour venir me rejoindre. Il s'allongea près de moi, sur le côté, et commença à caresser mon dos nu du bout des doigts. Mes yeux se refermèrent immédiatement et je plongeai mon nez dans l'oreiller.

- Je t'ai réveillée ?

- Non.

- Tant mieux alors, murmura-t-il en embrassant mon épaule. Je m'en serais terriblement voulu sinon.

Je le laissai continuer de me faire des papouilles pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.

- J'adore tes ailes. Elles sont sublimes.

Je rouvris les yeux pour croiser son regard.

- Tu veux les mêmes ? le taquinai-je.

- Sûrement pas, rit-il.

- À ce propos... Je veux me refaire tatouer.

Ses caresses cessèrent immédiatement.

- Encore ? s'étonna-t-il. T'en as pas assez ?

- J'en veux un autre.

- Mais il n'y a plus de place, soupira-t-il en se laissant retomber sur le dos.

- Si, partout, l'informai-je en me redressant sur mes coudes.

- Très bien. Tu veux le faire où ?

Je haussai les épaules. C'était vrai que je n'avais pas vraiment réfléchi à cette question.

- Et tu veux faire quoi ?

J'avais déjà ma petite idée sur ce point, même si ce serait Jack qui se chargerait des détails. Je n'étais pas très douée pour imaginer quoique ce soit alors que mon tatoueur savait parfaitement retranscrire avec exactitude ce que je voulais.

- Tu verras, souris-je à Chris avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

Je me redressai pour m'asseoir sur mon lit, une main tenant pudiquement le drap contre ma poitrine, et regardai où était mon tee-shirt ou quoique ce soit qui pourrait avoir cet usage.

- Tu sais au moins ce que tu veux te faire ? insista Chris en se redressant à son tour.

- J'ai une idée, oui. Mais il faudra que je vois avec Jack. Tu pourrais me passer ton tee-shirt s'il te plait ?

Il jeta un œil au vêtement au sol que je pointais du doigt avant de reporter son regard sur moi.

- Seulement une idée ? Tu n'as pas une photo ou quelque chose ?

- Non. En général, je lui dis ce que je veux, il le dessine rapidement, et je lui dis si ça me plaît et s'il y a des modifications à apporter.

Vu son froncement de sourcils, il semblait septique.

- Tu viendras avec moi ? demandai-je pour tenter de le détendre.

- Pourquoi ?

- Pour que tu me donnes ton avis.

- Et tu en tiendras compte ?

- Si tu viens pour me dire non à tout ce que Jack proposera, je n'en tiendrai pas compte. Mais si tu viens pour me donner un vrai avis, j'en tiendrai compte, évidemment.

- Et si je te dis de ne pas en faire ?

J'arquai un sourcil et il soupira en se laissant tomber sur le lit.

- Tu le feras quand même, c'est ça ?

- Tout à fait, répliquai-je en passant par dessus ses jambes pour récupérer le tee-shirt qu'il n'avait pas l'air de vouloir me donner. Tu ne les aimes pas mes tatouages ?

- Si, beaucoup. Mais tu en as déjà pas mal alors ça fait un peu trop, non ?

Je haussai les épaules et il me regarda enfiler son maillot.

- Et les ultimatums ça marche ? tenta-t-il en dernier recours.

Je me levai fis le tour du lit pour venir à côté de lui. Il n'osait tout de même pas me proposer un ultimatum là-dessus ?

- Un truc qui me ferait choisir entre toi ou un tatouage ?

- Ouais, avoua-t-il en tendant le bras pour attraper ma main.

- Ça marcherait, oui.

- Vraiment ? s'exclama-t-il étonné de ma réponse.

- Oui, mais je t'en voudrais beaucoup.

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres que j'embrassai rapidement.

- Parce que tu me choisirais ? voulut-il savoir alors que j'allais passer la porte qui menait à ma salle de bain.

- Évidemment.

Tout ce que je vis avant de m'engouffrer dans la pièce fut ses yeux écarquillés de surprise. Visiblement, il s'attendait à ce que je préfère les tatouages.

Si vraiment il ne voudrait pas, peut-être que j'y réfléchirais. Un peu. Mais s'il s'abaissait à me poser un ultimatum pour ça, comme il l'avait dit, je pourrais lui en vouloir pendant longtemps. S'il ne voulait vraiment pas que je me fasse un nouveau tatouage, il aurait simplement en m'en expliquer la raison et non à me demander de choisir entre quelque chose que je faisais pour m'amuser et lui. C'était inutile.

Chris aimait mes tatouages. Je voyais comment il les regardait, comment il touchait les parcelles de ma peau qui étaient couvertes d'encre. Il ne pouvait le nier. Il me répétait d'ailleurs souvent qu'il n'aimait pas les tatouages ailleurs que sur moi. Alors un de plus, qu'est-ce que ça pouvait bien changer ?

***

Quand je descendis les escaliers, mes parents et Chris m'attendaient patiemment autour de la table de la salle à manger, où ma mère avait préparé le déjeuner. Je ne m'étais pas rendue compte qu'il était déjà si tard et c'était rare que je dorme autant le matin, mais on était rentré tard hier soir avec Chris. Je saluai mes parents et m'installai près de Chris. Ma mère nous servis alors que mon père m'interrogea :

- Vous allez où ce soir du coup ?

- Sur la place, je pense.

Ce soir était le réveillon du nouvel an. Comme Chris ne connaissait pas la ville, il m'avait chargée de choisir pour nous ce qu'on ferait de notre soirée.

Quand je vivais à Los Angeles, j'allais souvent sur la place près de chez moi. Il y avait beaucoup de soirées organisées, que ce soit en hiver ou en été, et avec mes amis, on y passait de bons moments. J'avais donc décidé qu'on irait là-bas ce soir.

Un peu plus tard dans la journée, j'étais en pleine réflexion face à mes vêtements, réfléchissant à ce j'allais me mettre. J'optai finalement pour une petite robe noire et blanche qui m'arrivait juste au dessus des genoux. Juste assez longue pour cacher mes tatouages. Je passai aussi un collant couleur chaire et enfilai une paire de chaussures plates. Je n'aimais pas vraiment les talons.

Chris entra dans ma chambre alors que j'étais en train de me maquiller dans la salle de bain, où il me rejoignit. Dans le miroir, je vis ses yeux passer sur mon corps, le détaillant dans la moindre de mes courbes.

- Waouh, souffla-t-il finalement. T'es très belle.

Ses mains s'approprièrent mes hanches et il se colla contre mon dos pour m'embrasser dans le cou, m'interrompant ainsi, la brosse de mon tube de mascara à la main.

- Tu te rends compte que c'est la première fois que je te vois porter une robe ?

- Il fait un peu trop froid à Paris. Et puis, j'en ai déjà porté avec toi.

- Ouais... Quand je ne pouvais pas te voir, marmonna-t-il.

- Tout à fait, ris-je.

- Ça te va bien, dit-il sérieusement en croisant mon regard dans le miroir.

Voyant la sincérité dans ses jolis yeux, je lui souris.

- Merci.

Il ne fit aucun commentaire sur mon remerciement, mais je voyais qu'il se retenait. Les fois où ce simple mot avait franchi la barrière de mes lèvres après un compliment de la part de Chris se comptaient sur les doigts d'une main, mais je faisais des efforts. Vraiment. Et je crois que c'était pour cette raison qu'il s'était tu, se contentant de me sourire.

Juste après, il se recula un peu pour me laisser terminer de me préparer. Lui, était déjà prêt. Tout vêtu de noir, comme à son habitude, mais toujours très beau et très élégant.

Avant de descendre, il enfila sa veste en cuir et je pris un gilet épais pour ne pas avoir trop froid. Il faisait plutôt bon en cette saison à Los Angeles, mais pas au point de se balader les bras nus. Juste avant de partir, mes parents, eux aussi sur le point de partir, nous souhaitèrent une bonne soirée.

J'étais heureuse que Chris soit avec moi, ce soir-là. On allait pouvoir passer une soirée rien que tout les deux, et fêter le début de cette nouvelle année ensemble.

On avançait, main dans la main, dans un silence apaisant. Plus on s'approchait de la place qui n'était qu'à quelques minutes de chez moi, plus la musique se faisait entendre. En arrivant, des centaines de personnes étaient déjà présentes. Nombre d'entre elles se pressaient déjà sur la piste de danse improvisée devant la scène où jouait un groupe, d'autres buvaient, installées aux tables placées pour l'occasion. Beaucoup de projecteurs de toutes les couleurs illuminaient le lieu de fête. Ça n'avait pas changé depuis la dernière fois que j'étais venue ici pour fêter la nouvelle année. Tout était resté comme dans mes souvenirs.

Avec Chris, on s'avança vers le bar pour commander deux bières et on s'installa à une table libre. Il se rapprocha de moi pour pouvoir me parler.

- Je repensais à ce que tu me disais ce matin, commença-t-il.

- À propos du tatouage ?

Il hocha la tête avant de boire une gorgée de sa boisson.

- Et ? insistai-je en haussant les sourcils.

- Et je t'accompagnerai. Si tu veux toujours.

Un large sourire s'étira sur mes lèvres, heureuse qu'il soit finalement revenu sur ses mots. Je passai ma main sur sa joue et déposai doucement mes lèvres sur les siennes.

- Merci.

- Mais pas un trop gros ! me prévint-il.

- Promis, ris-je.

- Tant mieux, souffla-t-il en passant son bras sur mes épaules pour m'attirer près de lui et déposer un baiser sur mes cheveux.

On continua de discuter tout en terminant nos verres et je me levai pour aller en chercher deux autres. En passant devant la piste de danse, j'enviai toutes ces personnes en train de se déhancher. J'avais envie d'aller danser, mais je savais que Chris ne voudrait pas. Mais ce n'était que le début de la soirée et je comptais bien insister auprès de lui à un moment donné. Il n'y échappera pas.

Les deux boissons à la main, je me retournai pour rejoindre Chris, et le vis en charmante compagnie avec une jolie brune aux cheveux courts et au sourire charmeur. Chris plaisait à la gente féminine, c'était indéniable. Je n'étais partie que quelques minutes, que déjà on m'avait pris ma place. De là où j'étais, je n'entendais, bien évidemment, rien du tout. Mais je vis Chris lui sourire, puis rire. Puis ce fut au tour de la jeune fille de rire. Elle replaça ensuite une mèche de ses cheveux derrière son oreille et se rapprocha de Chris, qui lui se décala sur le banc, comme pour laisser un espace respectable entre eux. Ce simple geste me fit sourire même si au fond de moi, je bouillonnais.

J'en avais assez de voir cette fille à ses côtés alors je continuai d'avancer. À quelques mètres d'eux, Chris leva un regard désespéré vers moi, comme s'il était en train de me supplier de le sauver. Au même moment, la brune prit la parole avec un accent américain très prononcé.

- Tu ne veux toujours pas aller danser ?

Les yeux de Chris revinrent se poser sur elle juste une seconde avant de revenir vers moi.

- Je t'ai déjà dit non.

Se rendant compte qu'elle n'accaparait pas son attention, la fille tourna la tête vers moi au moment où je tendis son verre à Chris. Il se leva et l'attrapa en même temps que le mien, puis les déposa sur la table. Il passa ensuite par dessus le banc et me prit la main.

- Ça te dirait d'aller danser ? me demanda-t-il en souriant.

La brune que Chris avait déjà oublié fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il disait puisqu'il me parlait en français. Elle se leva et se pencha vers son oreille pour lui murmurer quelques mots mais je ne la laissai pas terminer sa phrase puisque je tirai Chris par la main jusqu'à la piste de danse. Tout compte fait, le supplier pour aller danser ne semblait pas très utile.

Arrivés sur la piste de danse, j'enroulai mes bras autour de son cou tout en jetant un œil à la petite brune qui nous regardait. Je lui offris puérilement un sourire et détournai le regard en entendant le rire de Chris.

- Quoi ?

- Ça ne sert à rien d'être jalouse d'elle, tu sais, dit-il amusé.

- Je ne suis pas...

- Fais attention Emmy. Je te rappelle que tu ne mens jamais.

J'ouvris la bouche pour protester mais me ravisai et lui jetai un regard noir, auquel il répondit en riant, me rapprochant de lui pour pouvoir enfouir son nez dans mon foulard.

- Tu n'as pas à être jalouse des autres filles. Il n'y a que toi qui compte à mes yeux.

Je resserrai mes bras autour de lui. Ses mots me faisaient vraiment plaisir mais ils sonnaient comme un aveu. Une déclaration. Il avait déjà prononcé des mots du mêmes genre, avec autant de sincérité, mais ceux là me touchaient d'autant plus et j'en ignorais la raison.

- Je croyais que tu voulais danser ?

J'entendais son sourire dans sa voix, ce qui me fit rire. Je m'écartai de lui pour voir dans ses yeux une lueur d'amusement.

- J'ai déjà entendu cette phrase, lui dis-je.

- Assez parler, mon Ange. J'aimerais beaucoup te voir danser.

J'éclatai de rire et me mis à bouger comme il le demandait. Il fit de même et une danse sensuelle démarra entre nous, comme la dernière fois en boite de nuit. Sauf que cette fois-ci était beaucoup plus intense puisque ses yeux ne quittaient pas les miens. Il y avait énormément de monde autour de nous, certains nous rentraient dedans accidentellement, mais je ne m'en rendais pas vraiment compte. Il n'y avait que lui avec moi. Je ne voyais rien d'autre que lui, ses yeux, son corps contre le mien, ses lèvres sur les miennes.

Seulement lui et moi, seuls, et pourtant entourés d'une foule qui ne faisait que s'accroitre.

***

Après plusieurs musiques, Chris m'entraîna hors de cette horde de gens pour pouvoir respirer un peu d'air frais, ce qui était loin de me déplaire. Je n'en pouvais plus et j'avais terriblement soif. Avant d'aller danser, on avait laisser nos verres sur la table sans même y toucher et bien entendu, ils n'y étaient plus.

Cette fois-ci, Chris me suivi jusqu'au bar et on patienta quelques minutes avant d'avoir notre commande. Nos boissons à la main, on slaloma entre les tables pour trouver une place pour s'asseoir, mais aucune n'était libre. J'indiquai alors à Chris la fontaine un peu plus loin. On s'y avança et on s'installa sur la bordure en pierre.

- Et dire que tu n'aimes pas danser ! soupirai-je en m'asseyant.

- Il n'y a que toi qui réussisse à me faire aller sur une piste, rit-il.

- On dirait que tu y es forcé ! m'exclamai-je faussement vexée.

- J'y suis forcé, figure-toi. Si je ne viens pas avec toi, tu vas quand même y aller.

Sa mine dépitée me fit rire, mais c'était vrai qu'il n'avait pas tort. Toutefois, je préférais être avec lui que seule.

J'ouvris alors la bouche pour lui répondre, mais je fus coupée dans mon élan.

- Emmy ?

Je tournai la tête vers celui qui venait de m'interrompre et ma mâchoire se décrocha. Je ne m'attendais vraiment pas à le voir.

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