Chapitre 34 : Emmy.

« Les choses les plus attendues arrivent souvent par surprise. » - Pierre Lemaître

*****

- Emmy !

- J'arrive !

Je descendis les escaliers, mon téléphone à la main pour lire le message que je venais de recevoir.

- C'est Chris ?

Je tapai une réponse rapide et rangeai mon portable dans ma poche. En relevant la tête, je vis mes parents face à moi, qui me fixaient attentivement.

- Quoi ?

- Je t'ai demandé si c'était Chris, répéta mon père amusé.

- Qui veux-tu que ce soit ! s'indigna ma mère. Ta fille n'a pas le sourire aux lèvres pour rien !

- J'aimerais bien le rencontrer ce jeune homme, continua-t-il. Tu es ma fille tout de même et...

- Oui Papa, le coupai-je en souriant. Je l'obligerai à venir avec moi un jour, et il n'aura pas le choix. Promis.

Je me hissai sur la pointe de mes pieds pour embrasser la joue de mon père.

- On y va ? demandai-je en ouvrant la porte de la maison.

Ma mère acquiesça et on partit tout les trois pour le restaurant, pour le réveillon de Noël. Toutefois, la discussion ne s'arrêta pas là et mon père enchérit de plus belle.

- C'est un bon garçon au moins ?

- Papa... soupirai-je lassée.

- Quoi ? Je m'informe, c'est normal !

- Ce n'est pas comme si je ne vous avais jamais parlé de lui, ris-je.

Il maugréa quelque chose en réponse mais je n'entendis pas.

Papa était inquiet pour sa fille, ce que je ne comprenais que trop bien. Il n'avait eu vent que d'une seule de mes relations précédentes. Celle qui m'avait fait le plus de mal, non seulement parce que Josh était quelqu'un de génial mais aussi parce que j'avais commencé à avoir des sentiments à son égard. Alors, quand mon père avait appris la raison de notre rupture, il était entré dans une colère noire en proclamant haut et fort que personne n'avait le droit de faire de mal à son bébé. Bien que ce bébé soit grand et désormais capable de s'occuper de lui. Même quand son ex couchait avec une fille dont il ignorait même le nom.

Ma mère décida, fort heureusement , de changer de sujet.

- Et tes révisions, ça avance ?

Il s'en suivie toute une discussion autour de mes cours et ça ne me dérangeait pas le moins du monde.

Mes parents m'avaient manqué, bien plus que je ne le croyais. Quand j'avais vu mon père à l'aéroport il y avait de ça quelques jours, je lui avais sauté dans les bras, comme une gamine. Il en avait été de même avec ma mère en arrivant à la maison. Ça faisait six mois que je ne les avais pas vu, et je n'avais jamais été séparée d'eux aussi longtemps. Bien entendu, je leur avais téléphoné, mais rien n'était comparable à leur présence.

Ce réveillon de Noël était identique aux précédents : de nos voix enjouées, on parlait d'anecdotes idiotes et amusantes des années passées, et j'adorais. Je me rendais compte que finalement, j'étais contente de rester plus longtemps auprès d'eux. Une semaine de plus ne fera pas de mal. Même si Chris me manquait, j'avais besoin d'être avec eux. J'avais besoin de combler ce vide dans ma poitrine que je m'efforçais tant bien que mal de dissimuler de mes propres pensées.

Noël était synonyme de fête, alors je n'avais aucune raison de manquer de quoique ce soit. Comme tous les autres jours.

***

Le jour suivant ce réveillon fut très reposant. Je l'avais passé avce mes parents, devant la télévision sans rien faire de particulier. Ils m'avaient empêchée de réviser pour la journée, et finalement ce n'était pas plus mal. J'avais besoin de me vider la tête.

Le lendemain, le vibreur de mon téléphone me tira du sommeil et je grognai en l'attrapant.

Chris : J'ai une surprise pour toi. J'espère qu'elle te plaira.

Il me réveillait à sept heure onze pour me dire que j'aurais une surprise ? Je ne l'aurai pas avant mon retour en France, qu'elle était l'utilité de me l'apprendre maintenant ! En plus, je n'aimais pas les surprises... Et puis, j'étais fatiguée.

Moi : Tu es cruel de me réveiller aussi tôt. Le décalage horaire, ça te parle ?

Sa réponse ne se fit pas attendre.

Chris : Pas le moins du monde, mon Ange.

J'allais taper ma réponse quand quelqu'un toqua à ma porte. Ma mère n'attendit pas pour l'ouvrir.

- Il y a un colis pour toi. Il faut que tu viennes signer, m'apprit-elle un large sourire aux lèvres.

Un colis ? Elle ne pouvait pas signer à ma place non ?

- Il vient tout droit de Paris, ajouta ma mère avant de refermer la porte derrière elle.

Et alors ? Qu'il vienne de New York ou de Paris elle pouvait bien signer. Mon réveil était sensé sonner dans quarante-cinq minutes, elle aurait pu m'épargner ça.

Soudain, je me redressai dans mon lit. Chris venait de me dire qu'il avait une surprise et un colis venait d'arriver. Serait-ce une coïncidence ?

N'étant plus le moins du monde fatiguée, il ne me fallut que quelques secondes pour traverser le couloir et dévaler les escaliers à toute vitesse. Arrivée au rez-de-chaussé, je vis une valise près de la porte. Étonnée puisque mes parents n'avaient pas prévu de déplacements pour ces vacances, je tournai la tête pour interroger ma mère mais deux perles aussi bleues qu'un ciel d'hiver interceptèrent mon regard. Je ne cherchai pas à connaître les tenants et aboutissants de la raison de sa présence chez moi, dans ma maison, à des milliers de kilomètres de la capitale française, et je me précipitai dans ses bras, déjà ouverts pour m'accueillir.

Seulement huit jours me séparaient de la dernière fois que je l'avais pris dans mes bras, et le manque s'était affreusement fait ressentir.

Ses mains encerclaient fermement ma taille et son nez se logea dans mes cheveux en bataille. Sa peau était chaude, et il sentait un mélange de café et de son parfum musqué habituel. Ce mélange que je lui associais désormais, et qui était tout bonnement divin.

Au bout de ce qui me parut de longues minutes, je me détachai de lui pour amener mon visage face au sien, qui se fendait d'un sourire éblouissant. Une de ses mains se décrocha de mon dos pour venir caresser ma joue, au moment ou ses lèvres rejoignirent les miennes dans un tendre baiser qui me montrait que je n'avais pas été la seule à avoir ressenti un manque flagrant de l'autre. C'était tellement surréaliste qu'il soit là, aujourd'hui et je n'en revenais pas.

- Salut, murmura-t-il ensuite en ouvrant les yeux.

Je lui souris et déposai à mon tour mes lèvres sur les siennes avant d'entourer à nouveau son cou de mes bras.

- Salut, chuchotai-je à mon tour contre son oreille.

Il déposa un petit baiser dans mon cou, puis je me reculai un peu pour pouvoir le regarder, attrapant sa main au passage.

C'était idiot, je le savais, mais je ne pouvais m'empêcher de vérifier si rien n'avait changer. Et c'était le cas, bien entendu. Sa barbe était juste un peu plus courte, mais il avait toujours ses éternels vêtements noirs ainsi que son sourire adorablement trop sexy. Et ses yeux toujours ancrés dans les miens qui me gênaient de moins en moins.

- Tu viens d'arriver ? demandai-je finalement.

- Depuis un peu plus d'une heure. Mais je t'ai laissée dormir alors j'en ai profité pour discuter un peu avec tes parents.

Mes parents... Je les avais complètement oublié. Mais pas eux, visiblement. Ils étaient tout les deux à l'autre bout de la pièce et nous regardaient fixement, tout en me souriant. Je fronçai les sourcils.

- Ils savaient que tu venais ?

- Étant donné que c'est ta mère qui m'a invité et ton père qui est venu me chercher à l'aéroport, oui, me sourit-il longuement.

- Ma mère ? Mais que... Quand ? bredouillai-je.

- Je lui ai téléphoné il y a quelques jours avec ton portable, répondit ma génitrice en s'avançant vers nous. Tu m'avais dit que tu aurais voulu qu'il vienne avec toi ici, alors je me suis dit que ça ne te dérangerait pas qu'il soit là.

Mon regard alternait entre elle, Chris et mon père, puis s'arrêta sur mon petit ami.

- Mais tu n'étais pas chez tes parents ?

- Je t'ai dit que je n'y restais qu'une semaine. Andrew m'a déposé à l'aéroport en revenant.

Devant mon absence de réponse, Chris continua :

- Mais si tu ne veux pas que je reste, je peux repartir tu sais. Je...

- Non ! le coupai-je brutalement, ce qui le fit rire. C'est juste que... Je ne m'attendais pas à te voir. Mais ça me fait plaisir que tu sois là.

- Vraiment ? insista-t-il en haussant les sourcils.

- Oui, vraiment, ris-je.

- Donc il peut rester ? questionna ma mère.

Je hochai la tête et m'approchai d'elle pour la serrer dans mes bras.

- Merci, lui chuchotai-je à l'oreille avant de l'embrasser sur la joue.

Elle me répondit d'un sourire radieux puis je m'approchai de mon père pour le remercier lui-aussi et je me détournai pour aider Chris à apporter ses affaires dans ma chambre. Il monta les escaliers, sa valise à la main, pendant que je m'occupai de son sac à dos. En soit, je ne servais donc pas à grand chose...

On longea ensuite le couloir et je lui indiquai ma chambre dont la porte était toujours ouverte. Il la referma après avoir laissé sa valise et se retourna vers moi. Je n'eus pas le temps de prononcer un mot que je me retrouvai plaquée contre la porte, les lèvres de Chris, collées aux miennes, ses mains encadrant mon visage, me faisant lâcher son sac au sol par surprise. J'étouffai un gémissement de satisfaction lorsque sa langue s'insinua dans ma bouche, caressant délicieusement la mienne comme si notre dernier baiser remontait à plusieurs mois. Ce baiser n'avait rien à voir avec celui de tout à l'heure, devant mes parents. Et heureusement ! J'aurais été affreusement gênée alors que là, je pouvais profiter en toute intimité de ses lèvres, de sa langue et de ses mains qui parcouraient mon corps, comme pour le redécouvrir.

Il me souleva sans aucune difficulté pour me porter jusqu'à mon lit que je venais de quitter. Son corps emprisonnait le mien et pesait sur moi, mais je m'en fichais. Mes mains se faufilèrent sous son tee-shirt pour caresser sa peau brûlante de désir. J'avais beaucoup trop chaud d'un seul coup.

- Tu m'as tellement manqué... murmura-t-il contre ma bouche avant de se diriger vers mon cou pour l'embrasser et y laisser glisser sa langue.

Je n'arrivais pas à répondre. Trop de sensations délicieusement déconcertantes m'en empêchaient.

Ses baisers remontèrent jusqu'à ma mâchoire pour rejoindre à nouveau ma bouche, dans un baiser plus doux, avant de délaisser mes lèvres pour me regarder.

- Beaucoup trop manqué, ajouta-t-il en caressant ma joue.

Je dégageai mes mains de sous son tee-shirt pour pouvoir les passer sur sa nuque.

- Toi aussi, avouai-je en l'incitant à ramener sa bouche contre la mienne pour que j'y dépose un nouveau baiser. Même si tu m'as réveillée...

- J'aurais pu le faire plus tôt tu sais, dit-il en souriant. Mais ton père m'a interdit de monter dans ta chambre.

Je le repoussai sur le côté pour me mettre au dessus de lui.

- Alors qu'est-ce que tu fais là ? Je vais te montrer la chambre d'amis.

- Sûrement pas ! s'exclama-t-il en riant.

Il se redressa pour s'asseoir et je me retrouvai assis à califourchon sur ses genoux, ses jambes pendant dans le vide.

- Ah d'accord ! Donc si tu es venu, c'est juste pour être dans mon lit ?

- Exactement !

Je fis mine de réfléchir, puis j'approchai mes lèvres des siennes en entourant son cou de mes bras.

- Ça me va.

J'étouffai son rire en l'embrassant et ses bras enserrèrent ma taille.

- Mais j'ai une question, repris-je.

Chris fronça les sourcils.

- Tu m'as dit que tu avais une surprise. Elle est où ? demandai-je sérieusement.

Il explosa de rire et me serra contre lui.

- Je suis prétentieux si je dis que ta surprise est devant toi ? marmonna-t-il contre mon cou.

- Oui.

- Alors je suis prétentieux.

Je me reculai pour croiser son regard et on resta ainsi, à se regarder dans les yeux un long moment, silencieusement, et ça faisait un bien fou. Je n'en revenais toujours pas qu'il ait traversé la planète pour venir me voir que ça paraissait improbable. Mais il était là, devant moi.

Après quelques secondes de silence, je vins poser mon front contre le sien. Mes paupières se fermèrent et je lui chuchotai quelques mots.

- Je suis heureuse que tu sois là.

***

- Ça fait longtemps que Chris et Papa sont partis, remarquai-je alors que je préparais le dîner avec ma mère. Ils ne devaient pas ramener seulement une bouteille de vin ?

- Ils ont dû s'arrêter en route pour discuter un peu.

Je hochai la tête tout en tranchant les légumes en petits dés.

- Dis Maman, tu en penses quoi de Chris ?

Elle s'interrompit dans son geste pour sortir le plat du four pour me regarder, dubitative.

- Tu as besoin de mon avis pour être avec lui ? s'étonna-t-elle.

Je secouai négativement la tête en souriant.

- Non. Mais j'ai besoin de savoir.

Elle soupira et sembla rassurée de ma réponse, avant de me répondre.

- Il a l'air d'être quelqu'un de bien, gentil et attentionné envers toi. En plus, sa façon de ne pas te quitter des yeux quand tu es dans la pièce est étonnante. Ça se voit qu'il tient beaucoup à toi.

Depuis qu'il avait retrouvé la vue, Chris ne me quittait jamais des yeux, et ça restait toujours troublant, mais de moins en moins dérangeant.

- Je suis contente que tu l'apprécies, dis-je à ma mère en lui offrant un sourire.

- Je ne peux que l'apprécier s'il te fait sourire de la sorte.

Oui il me faisait sourire, bien plus que je ne l'aurais jamais imaginé.

- Tu lui as parlé ? demanda-t-elle soudainement.

- Parlé de quoi ?

- De Jena.

Mon sourire disparut. Ça m'étonnait aussi qu'elle n'ait pas abordé ce sujet depuis mon arrivée. Elle se réservait pour aujourd'hui !

- Non.

- Pourquoi ?

- Tu le sais pourquoi, soupirai-je en versant les légumes dans la poêle.Je te l'ai déjà dit au téléphone J'ai peur de sa réaction. J'ai peur qu'il ne comprenne pas.

- Je suis certaine qu'il comprendra.

Je reposai durement la cuillère sur le plan de travail et me tournai vers elle.

- Tu ne peux pas le savoir, et moi non plus.

Elle ouvrit la bouche pour me répondre quand la porte d'entrée s'ouvrit, laissant retentir deux voix masculines un peu plus loin. Cette discussion était, heureusement pour moi, terminée et je repris mon occupation au moment où mon père entra dans la pièce.

- Et bien, tu as été la chercher au Mexique ta bouteille de vin ? lança ma mère avec sarcasme.

- On s'est arrêté boire une bière.

- J'espère que vous n'avez pas été manger je ne sais où, prévint-elle.

- Bien sûr que non. Mais je meurs de faim ! s'exclama mon père.

- Et bien viens m'aider à mettre la table, lui ordonna ma mère.

Leur voix sortirent de la pièce et s'estompèrent pour ne devenir que de faibles chuchotements depuis la salle à manger.

Désormais seuls, Chris s'approcha de moi et ses deux mains se posèrent sur mes hanches, collant dans le même temps son torse contre mon dos et ses lèvres sur mon cou.

- Je voulais venir te rejoindre mais ton père m'avait à l'œil, m'apprit-il en chuchotant tout contre mon oreille.

- Je vois ça, répondis-je en continuant de remuer le plat.

Je le sentis sourire contre ma joue, puis il passa ses mains sous mon tee-shirt pour les déposer sur mon ventre brûlant, contrastant effroyablement avec la froideur de ses mains. Je laissai échapper un petit cri de surprise et sursautai. Chris se mit à rire lorsque je le repoussai en me tournant face à lui.

- Tu es réellement en train de me menacer avec une cuillère pleine de sauce tomate ? m'interrogea-t-il amusé en arquant un sourcil.

- On dirait, ris-je en jetant un coup d'œil à mon arme de fortune.

J'entendis mes parents revenir alors je baissai les armes et reposai la cuillère sur le plan de travail.

Quelques minutes plus tard, nous étions tous attablés. Ma mère nous servis et on parlait tous ensemble tout le long du repas.

Quand mes parents se levèrent pour débarrasser nos assiettes et aller chercher le dessert, je me tournai vers Chris, installé à côté de moi.

- Comment vont tes yeux depuis la semaine dernière ?

- Très bien. Je n'ai plus mal.

Quelques fois, il ressentait comme des picotements dans les yeux, mais selon son médecin, c'était tout à fait normal et ça passerait progressivement.

- Tant mieux alors, lui souris-je sincèrement.

Chris attrapa mon menton au creux de sa main pour que je le regarde alors que je m'apprêtais à tourner à nouveau la tête.

- Tant mieux ? répéta-t-il en haussant les sourcils.

- Bien sûr.

- Commencerais-tu à apprécier mon regard sur toi, mon Ange ?

Je voyais bien qu'il disait cela pour me taquiner, mais derrière cette phrase, une réponse sérieuse était attendue.

On resta ainsi pendant quelques secondes, à se regarder dans les yeux jusqu'à ce que mes parents reviennent. Chris me relâcha immédiatement pour se tenir droit sur sa chaise, mais je percevais sa frustration de ne pas avoir eu de réponse. Il avait besoin de la réponse à cette question, et j'avais autant besoin de la lui donner. Je me penchai alors vers lui pour lui murmurer un petit « oui » à l'oreille avant de l'embrasser sur la joue. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il gardait le regard rivé sur l'assiette à dessert qui venait d'être déposée devant lui. J'attrapai alors sa main sous la table et il la serra doucement en signe de remerciement.

J'avais conscience que mes parents étaient face à nous et nous observaient, mais ça ne me gênait pas. Ce n'était qu'un petit baiser sur la joue après tout. Et puis, ils avaient le sourire, c'était donc que ça ne les dérangeait pas tant que ça.

***

Une fois le repas terminé, on se retrouva tout les quatre dans le salon, pour discuter tout en buvant un café, et mes parents nous laissèrent seuls quand leur boisson fut terminée. Je n'avais pas beaucoup été seule avec lui aujourd'hui. Mes parents semblaient vouloir le connaitre un peu mieux.

Chris n'attendit pas une seconde de plus pour passer son bras sur mes épaules et m'attirer contre lui. Je me laissai faire et posai ma tête sur le haut de son torse, puis il me fit un baiser sur le front.

- Je crois que mes parents t'aiment beaucoup.

- Comme les miens, dit-il avec un sourire.

- On a de la chance alors, ris-je.

Il acquiesça doucement et le silence reprit. C'était agréable. Il n'y avait que nos respirations et le bruit de son cœur contre mon oreille qui perturbaient ce silence, et ce n'était pas pour me déplaire.

Au bout de quelques minutes, je relevai la tête vers lui.

- Tu es fatigué ?

Je voyais dans ses yeux qu'il l'était. Le voyage et le décalage horaire auraient déjà eu raison de moi à sa place. Pourtant, il m'offrit un grand sourire vicieux qui me fit rire.

- Ça dépend pour quoi. Qu'est-ce que tu me proposes ?

- Parler ?

Oui, j'avais besoin de lui parler. Je n'avais peut-être pas choisi le moment opportun pour ça, mais j'en profitais, parce que sinon, je ne le ferai jamais. J'étais décidée malgré mes doutes et mes craintes qui persistaient inlassablement.

Chris haussa un sourcil en approchant son visage du mien.

- Seulement parler ?

Je comblai l'espace qu'il restait entre nous deux pour l'embrasser doucement, avec pour intention un simple baiser, mais il n'était pas de cet avis. Il m'attrapa par la taille pour me faire asseoir sur lui, puis sa langue caressa mes lèvres, que j'entrouvris pour pouvoir l'accueillir. Ses mains remontèrent le long de mon dos alors que les miennes étaient déjà emmêlées dans ses cheveux.

Il délaissa mes lèvres pour s'attaquer à mon cou, l'embrassant délicatement et avec envie.

Sans le vouloir, les mots de ma mère me revinrent en mémoire.

« Je suis certaine qu'il comprendra. »

Disait-elle vrai ? Comment pouvait-elle le deviner alors qu'elle ne l'avait vu que quelques heures ? Elle ne connaissait pas Chris. Moi si. Pourtant, je n'arrivais pas à penser avec certitude qu'il comprendrait. Mais lui parler de tout cela me permettra de lui montrer que je lui faisais confiance, et peut-être alors, comprendrait-il mieux certaines choses. Je lui avais déjà un peu parlé de mon passé, et il ne m'avait pas jugée. Même si cette fois-ci, c'était quelque chose de beaucoup plus important pour moi et aussi très différent, je voulais le lui dire.

- Toi, tu es ailleurs.

Je croisai le regard de Chris qui avait cessé ses baisers. J'avais honte ; je ne m'étais même pas aperçue qu'il avait arrêté. Je m'en voulais de penser à autre chose d'autre pendant que ses délicieuses lèvres étaient sur moi.

- Désolée, m'excusai-je en grimaçant, cachant mon visage contre son cou pour masquer mes joues qui commençaient à rougir.

- Je te pardonne si tu me dis à quoi tu penses.

Je me redressai et croisai son regard légèrement inquiet. Ses mains avaient quitté ma peau pour retrouver gentiment mes hanches. Je m'en voulais de casser ce moment entre nous et tout ce que j'espérais, c'est que ça ne briserait rien de plus. Qu'il ne s'enfuirait pas.

- En fait, j'aimerais te parler de quelque chose. Quelque chose d'important pour moi.

- Je t'écoute, répondit-il avec un sourire rassurant.

Je pris une légère inspiration et me levai de ses genoux pour me diriger vers le buffet où reposait un cadre photo. Je m'en emparai et me mis immédiatement à sourire en voyant cette image. Je revins vers Chris et la lui donnai.

- C'est toi ? demanda-t-il en pointant la petite tête blonde à gauche.

- Oui. J'avais huit ans.

- T'es trop mignonne, dit-il en souriant. Et elle ?

Il posa son doigt sur la seconde fille, plus jeune mais tout aussi souriante que moi.

- J'ai vu une photo de la même petite fille chez toi, en France, continua Chris. Je croyais que c'était toi. Elle a les même yeux et le même sourire que toi.

Il leva le nez du cadre et attendait la réponse.

- C'est Jena.

Il fronça les sourcils.

- Qui est Jena ?

- Ma petite sœur.

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