Chapitre 33 : Chris.
« Montrez-moi un homme avec un tatouage et je vous montrerai un homme avec un passé intéressant. » - Jack London
*****
Je fus un peu surpris par sa réponse. Je lui avais posé cette question un peu dans le vent en me disant qu'elle allait gentiment décliner, mais non, elle était d'accord. J'allais enfin savoir pourquoi elle ne se sentait pas à l'aise lorsque je la regardais, et j'espérais donc comprendre ce qui se passait dans sa tête.
Ses iris dorées me fixaient attentivement, et je pouvais y déceler un peu d'appréhension, mais elle était sûre d'elle et de sa décision.
Après une petite minute de réflexion, Emmy se lança.
- Quand j'étais au collège, j'ai beaucoup grossi. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'étais obèse mais j'étais vraiment en surpoids.
Je devinai aisément la suite : son embarras, les moqueries, son mal-être... Tout découlait forcément de ça.
Je lui fis un sourire pour l'encourager à continuer.
- Tout le monde se moquait de moi et au début je m'en fichais un peu. Mais quand mes amis ont commencé à s'y mettre, je me suis remise en question. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point j'avais pris du poids d'un seul coup. En seulement quelques mois. Du coup, j'ai arrêté de manger pour perdre ce que j'avais pris. Mais étant donné que je ne mangeais plus, j'étais toujours fatiguée et je dormais souvent en cours. En plus de ça, plus personne ne me parlait, donc je ne suivais aucun cours et j'ai fini par redoubler. L'année suivante, j'étais aux États-Unis et ça allait beaucoup mieux. J'avais déjà perdu pas mal de poids en arrivant, et la gouvernante que mes parents avaient engagé me cuisinait essentiellement des légumes et des choses équilibrées. Et j'y ai pris goût, comme tu peux t'en rendre compte.
Un large sourire prenait place sur son visage. Elle paraissait vraiment détendue et loin de tout ce monde de moquerie et de rabaissement qu'elle avait dû subir. C'était le passé, et elle semblait l'avoir mit de côté, même s'il continuait d'avoir un impact sur son présent.
- Ces gens-là sont stupides. Ils ignorent totalement la portée que leurs mots peuvent avoir.
- Je sais, certifia-t-elle en haussant les épaules.
Je pouvais comprendre qu'elle avait dû en baver au collège, mais j'avais l'impression qu'elle ne se sentait toujours pas pleinement à l'aise dans son corps. Le fait était qu'elle venait d'élargir mon tee-shirt qu'elle portait pour pouvoir ramener contre sa poitrine ses jambes nues et les dissimuler de ma vue. Elle entoura ses jambes de ses bras comme pour se protéger davantage et reposa le menton sur ses genoux.
- Mais tu ne te sens pas vraiment mieux, pas vrai ? tentai-je.
- Si, un peu. Mais le problème c'est que j'étais assez mince et j'ai pris beaucoup de poids en l'espace de deux mois alors mon corps en a encore les traces.
- Comment ça ?
- J'ai des vergetures sur les cuisses et les hanches, et je détestais les voir. Je les vois toujours d'ailleurs.
Je fronçai les sourcils. Des vergetures ? Je n'en avais pas vu tout à l'heure. Mais j'en compris la raison.
- C'est pour ça que tu t'es fait tatouée ?
- Oui, me sourit-elle. Comme tu l'as si bien dit au début, ça attire l'attention. Je vois moins mes cicatrices, mais je sais qu'elles sont là. Et je n'aime pas.
Emmy me regardait timidement et attendait vraisemblablement une réponse de ma part.
- J'aime beaucoup tes tatouages. Mais je t'assure que ça ne m'aurait pas dérangé s'il n'y en avait pas eu et que j'aurais pu voir ces traces blanches que tu détestes. Ce ne sont que de petites cicatrices, ce n'est rien. Tu n'as pas à en avoir honte.
- Je n'en ai pas honte. Pas vraiment. Ca me rappelle seulement de mauvais souvenirs et je n'aime pas les voir.
- Je comprends. Pour être honnête, je ne les ai pas vues. Mais même si ça avait été le cas, je n'aurais pas pris la fuite.
- Je l'ai crains tu sais, m'avoua-t-elle en souriant. Que tu n'aimes pas mes tatouages. Surtout après ce que tu m'avais dit le jour où je t'avais avoué que j'en avais.
- Je regrette ce que j'ai dit ce jour-là, dis-je honnêtement en me rappelant de mes mots. Sur toi, c'est parfait. Ils sont magnifiques tes tatouages, mon Ange. Et toi aussi tu es magnifique.
Comme je m'y attendais, elle secoua négativement la tête en baissant les yeux, ce qui me fit rire.
- Il va falloir t'habituer à ces mots parce que je te les répéterai très souvent !
Je m'approchai d'elle pour l'embrasser sur le front et elle se tourna laborieusement pour venir dans mes bras. Il fallait dire que ses jambes repliées sous mon tee-shirt ne devaient pas aider.
Le générique de fin du film défilait désormais sur l'écran face à nous et Emmy reprit.
- Il y a autre chose aussi.
Moi qui pensait que c'était tout, j'appréhendais maintenant.
- Dis-moi, fis-je en caressant son bras.
- Les garçons avec qui je suis sortie.
Les ? Combien ? Pourquoi ? Dans quelles circonstances ?
À ces mots, tout mon corps se tendit. Pour plusieurs raisons. Déjà parce que je me mis à imaginer un autre homme poser ses mains sur ma petite-amie et ça me révulsait au plus haut point. Mais aussi parce qu'à cause d'eux, Emmy avait perdu beaucoup de sa confiance en elle. Même si j'ignorais ce qu'ils avaient fait pour cela, je me mis à les détester.
Emmy du sentir mes muscles se bander puisqu'elle se reprit :
- Désolée j'aurais peut-être pas dû parler de ça maintenant, s'excusa-t-elle.
- C'est... Ok. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Elle se redressa pour me regarder, une grimace déformant ses jolies lèvres.
- Je viens de tout gâcher. Pardon. Ce n'est pas vraiment un sujet à aborder alors qu'on vient juste de... Enfin. Désolée. Oublie.
- Ça va, ne t'inquiète pas. Dis-moi.
Elle parut surprise. Mais maintenant qu'elle avait commencé, elle n'avait pas le droit de s'arrêter. Même si j'étais certain que je n'allais pas apprécier la suite.
- T'es sûr ?
Je hochai la tête en souriant et l'embrassai sur le nez. Elle rit doucement et repositionna sa tête sur mon torse.
Après une inspiration, elle commença.
- Quelques mois après mon entrée au lycée, j'ai commencé à sortir avec un garçon. Mais au bout d'un mois, il est partit parce que je ne voulais pas coucher avec lui.
- Tu ne l'avais jamais fait ?
- Non. C'était un peu trop tôt pour moi et je n'étais pas prête, mais il ne l'a pas compris.
Je soupirai.
- Ces mecs là sont de vrais imbéciles. Jamais je ne comprendrai ça.
- Moi non plus. Mais bon...
Emmy n'aurait pas voulu avec moi, jamais je ne l'aurais laissée partir. Je pensais d'ailleurs qu'elle aurait voulu attendre quelques temps et je m'étais déjà préparé psychologiquement à devoir patienter. Ca aurait été difficile vu son corps, mais je l'aimais trop pour la quitter simplement parce qu'elle aurait refusé.
- Après, continua Emmy, la deuxième année, j'ai eu un autre copain.
Déjà qu'un ex, je trouvais ça de trop, alors deux... Qu'est-ce qu'il avait fait celui-là ?
- C'est moi qui suis partie cette fois-ci parce qu'il m'avait trompée.
- Il t'a trompée ? répétai-je incrédule. Parce que tu ne voulais pas aller plus loin avec lui non plus ?
- Si, j'ai voulu.
Ma mâchoire se contracta à ses mots. J'avais deviné tout seul tout à l'heure qu'Emmy n'était plus vierge, mais entendre que c'était un crétin qui lui avait prit quelque chose d'aussi précieux pour ensuite aller voir ailleurs me mettait hors de moi. Jamais je n'en serais capable. Après avoir vu et touché Emmy, jamais je ne pourrai. C'est impensable. Elle était beaucoup trop parfaite.
- On était ensemble depuis cinq mois, mais visiblement, je ne lui suffisais pas, termina-t-elle en riant.
Elle prenait ça à la légère et ça me faisait un peu mal au coeur. C'était comme si c'était sa faute à elle s'il l'avait trompée. Comme si c'était normal puisqu'elle n'était pas assez bien pour lui. Alors que c'était tout le contraire. Lui ne l'avait pas mérité.
- S'il y a bien une chose sur laquelle tu dois vraiment me faire confiance, c'est bien ça. Jamais je ne ferai ça, Emmy, et jamais je ne l'ai fait.
J'avais ce besoin de la rassurer sur ce point primordial. Elle ne devait pas douter de moi à propos de ça.
- Je te fais confiance, répondit-elle immédiatement. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que tu n'es pas comme ça.
- Je ne le suis pas.
Elle me sourit et le silence reprit un instant avant qu'elle ne continue.
- Quand je suis revenue en France, j'avais dix-huit ans alors j'ai commencé à me faire tatouer. Mes parents n'étaient pas vraiment d'accord, alors j'avais attendu d'être majeure.
- Et ils sont d'accord maintenant ?
- Non, rit-elle.
- Et ça te fait rire ?
- Oui. Mais tu vois, le problème c'est que ça ne plait pas à tout le monde.
- À moi, ça me plait même si à la base je n'aimais pas. C'était avant d'y voir sur toi. Mais je peux comprendre que tes parents n'apprécient pas.
- Il n'y a pas qu'eux qui n'aiment pas.
- On s'en fiche un peu des autres étant donné que tu ne t'amuseras pas à montrer ton corps à tout le monde ! m'exclamai-je.
- Le dernier gars qui les a vu a prit la fuite.
Donc ce n'était pas terminé, l'histoire de ses anciens copains... Je n'aimais pas vraiment ça.
- C'était l'année dernière. Je n'en avais que quatre à ce moment là. Mon ex m'avait invité chez lui où il avait une piscine et dès qu'il m'a vu en maillot de bain, il m'a dit que ce n'était plus possible qu'on continue. Selon lui, j'étais une gothique. Déjà qu'il avait essayé de me persuader de reprendre ma couleur de cheveux naturelle, alors les tatouages c'était beaucoup trop pour lui.
Elle soupira et j'explosai de rire.
- Arrête ce n'est pas drôle ! s'indigna-t-elle en me frappant la cuisse. J'ai eu l'air d'une idiote ce jour-là.
- C'est lui l'idiot dans l'histoire ! Comment il peut s'enfuir après t'avoir vue ? Il est vraiment stupide.
- C'est pour ça que j'avais peur que tu prennes la fuite en me voyant.
Je repris mon sérieux à l'entente de sa phrase.
- Je t'assure que c'est impossible, lui soufflai avant de déposer un baiser sur son front.
Donc si je résumais, c'était à cause d'un macho, d'un connard et d'un idiot que mon Ange n'avait pas confiance en moi. Heureusement pour deux d'entre eux, ce n'était pas possible que je les croise un jour étant donné qu'ils devaient être aux États-Unis en ce moment. Pour le troisième, il ne faudrait pas que je le rencontre. De plus, j'espérais sincèrement que le quatrième n'existait pas. Même si je n'aimais pas entendre ce genre de chose, je lui posai la question. Je devais savoir.
- Et le suivant, il t'a fait quoi ?
- Rien du tout.
Et merde... Ça voulait dire que numéro quatre était présent et ça commençait un peu à m'agacer. Pourquoi avais-je insister pour qu'elle me parler de ses ex déjà ?
- Il n'est pas comme les autres, continua Emmy. Il n'a rien a voir avec eux d'ailleurs. Il est gentil, attentionné, très mignon, vraiment sexy et adorable avec moi.
Je déglutis difficilement.
- Le mec parfait en fait, marmonnai-je.
- C'est ça.
Qu'est-ce que je foutais là si son ex était parfait ? Je n'aurais jamais dû poser la question.
Emmy redressa la tête et un sourire éblouissant se dessinait sur ses lèvres. Si parler de son ex la faisait sourire comme ça, j'étais un peu dans la merde. Elle était encore amoureuse de lui ou quoi ? Ca faisait mal.
- Et pourquoi vous n'êtes plus ensemble s'il est si parfait ? demandai-je sans prendre la peine de dissimuler mon agacement.
- Qui te dit que je ne suis plus avec ?
Je fronçai les sourcils et Emmy explosa de rire. Puis je compris. Et j'avais l'air d'un parfait imbécile.
Elle prit mon visage entre ses mains pour m'obliger à la regarder.
- Tu étais obligée ?
- Non, c'est vrai. Mais t'es trop mignon quand t'es jaloux !
- Tu ne voudrais pas te taire ? lui demandai-je en lui coulant un regard blasé.
- D'accord, répondit-elle joyeusement en dégageant ses jambes de mon tee-shirt pour se mettre debout.
Elle passa devant moi pour aller je ne savais où, mais j'attrapai sa main pour la retenir. Mes yeux se posèrent immédiatement sur l'encre qui entourait ses cuisses et je m'amusai à passer mes doigts dessus. Deux jarretières en dentelle d'environ six centimètres de large faisaient le tour de chacune de ses cuisses. Les deux tatouages étaient identiques, excepté le fait qu'à celui de sa jambe droite pendait un attrape-rêve dont les plumes arrivaient un peu au dessus de son genou.
Ses tatouages étaient peut-être faits pour cacher ses cicatrices, mais elle n'avait pas choisit les moins sexy, de toute évidence. J'embrassai chacune de ses jambes avant qu'elle ne s'empare de mes mains.
- On va se coucher ?
Je hochai la tête et me levai pour l'empêcher de débarrasser la table basse afin de l'emmener dans ma chambre. J'éteignis la lumière et m'allongeai près d'Emmy. Elle vint se blottir contre moi et j'entourai ses épaules de mon bras en l'embrassant sur le front.
En réalité, elle n'était vraiment sortit qu'avec un seul mec. Celui qui l'avait trompée. Les deux autres ne comptaient pas réellement, alors ça me rassurait beaucoup. Il était vrai que c'était toujours dérangeant de connaitre le passif amoureux - ou non d'ailleurs - de sa copine. D'autant plus lorsqu'il était lourd ! Alors avec Emmy, je n'avais pas à me plaindre. Et puis, de toute façon, vu à quel point elle était gênée quand quelqu'un posait les yeux sur elle, j'aurais vraiment été surpris si elle m'avait dit être sortis avec plusieurs mec. Donc un seul, ça m'allait parfaitement. Même si j'aurais préféré aucun, bien entendu...
- Ne doute plus de moi s'il te plait, murmurai-je.
- Je vais essayer, je te le promet. Mais j'ai une question.
Aïe. Je le sentais mal.
Emmy se redressa pour être à la hauteur de mon visage. Mes volets fermés laissaient passer peu de lumière mais je distinguais tout de même ses traits grâce à la lueur de la lune. Je passai ma main sur sa joue pour l'inciter à parler.
- Marie, tu es sortis avec elle ?
J'avais raison d'avoir redouté sa question... Pourquoi avait-il fallut que ce soit elle qui soit venue avec nous au bar ce week-end !
- Pas exactement, répondis-je vaguement en grimaçant.
- Je m'en doutais, dit-elle en reprenant sa position initiale.
- Comment ça ?
- J'ai vu comment elle te regardait, alors tu m'aurais dit qu'il ne s'était rien passé, je me serais tout de suite dit que tu étais un menteur.
Elle avait donc compris mon sous-entendu, bien évidemment. Et avait même deviné ma réponse.
- J'ai réussi le test alors ? plaisantai-je.
- Haut la main ! rit-elle.
- Tant mieux alors.
- Mais je pensais tout de même que tu allais me répondre un simple oui, bougonna-t-elle.
Je n'étais pas très fier de moi sur ce coup-là mais je me devais de lui expliquer.
- Ça s'est passé en soirée et c'est la seule fois que j'ai agit comme ça. Ce n'est pas mon genre les coups d'un soir.
- Sauf avec elle, ajouta-t-elle.
- Ce n'est pas parce que c'était elle. C'était juste... Sur un coup de tête. Elle avait un peu bu, moi aussi, alors voilà. Je regrette un peu d'avoir agit de la sorte.
Ce n'était pas la meilleure des explications, mais j'espérais qu'elle comprendrait.
- D'accord.
- D'accord ? répétai-je surpris. C'est tout ?
- Ouais. Bon. Je pourrais très bien dire que du coup je ne l'aime pas, que ce soir-là, au bar, j'avais envie de lui arracher son sourire bien qu'il soit joli et de lui faire avaler ses yeux, mais j'aurais peur de t'effrayer.
Ce commentaire là ressemblait plus à Emmy et je me mis à rire.
- C'est bien ce qui me semblait. Je ne suis donc pas le seul de nous deux à être jaloux.
- Je ne suis pas...
- Si, la coupai-je. Tu l'es.
- Peut-être un petit peu alors... concéda-t-elle.
- Beaucoup ?
- Chut.
Elle se redressa pour déposer un simple baiser sur mes lèvres et se retourna dos à moi. Je me collai à elle, le sourire aux lèvres, pour pouvoir m'endormir, la chaleur de son corps réchauffant le mien.
***
Deux ailes d'ange, majestueuses et sublimes, repliées de chaque côté de sa colonne vertébrale, allant de ses omoplates à la chute de ses reins. Chaque plume paraissait plus réelle que celle d'à côté, dessinée avec le plus grand soin. Je pouvais presque en percevoir le relief, en sentir la douceur du bout de mes doigts sur sa peau délicieuse. Les ombres étaient si bien représentées que j'avais l'impression que c'était dû à la lumière que diffusait l'ampoule. C'était sublime et tellement parfait.
- Je peux finir de m'habiller ? s'impatienta Emmy.
- Non.
Elle ne m'écouta pas et s'avança d'un pas pour pouvoir enfiler son débardeur librement.
- J'avais dit non.
- Oui et bien si tu continues, on va être en retard en cours.
J'avais fait exprès de mettre mon réveil un peu plus tôt ce matin pour pouvoir trainer au lit avec Emmy, mais elle s'était éjectée de sous la couverture peu de temps après, parce qu'elle mourait de faim. Soit-disant à cause de la pizza peu nourrissante de la veille.
Au moment où j'étais entré dans ma chambre après ma douche, Emmy était en train de s'habiller. Je l'avais alors interrompue pour pouvoir revoir ce tatouage. Le plus beau de tous. Celui que je préférais, même si les autres étaient très beau eux aussi.
- Toi aussi tu devrais peut-être penser à t'habiller.
Elle venait de mettre son pull et j'étais quasiment nu face à elle.
Je soupirai et ouvris ma commode pour sortir de quoi me vêtir. Je laissai tomber ma serviette - seul morceau de tissu qui me couvrait - pour enfiler mon caleçon et mon pantalon et me mis à sourire en sentant le regard de ma petite-amie sur moi. Je me tournai face à elle en passant les bras dans mon tee-shirt. Elle était bel et bien en train de me mater et ne s'en privait pas.
Je ne m'en étais pas privé moi non plus la veille, quand j'avais retiré un à un chacun de ses vêtements. Quand elle était allongée sous moi, son corps chaud et parfait contre le mien. Ses iris dorées ancrées dans le miennes m'envoutaient autant qu'hier soir quand mes mains se promenaient sur son corps. Quand ses ongles s'enfonçaient dans mes bras ou sur mon dos.
J'avais bien fait d'attendre avec Emmy. De patienter jusqu'au retour de ma vue. Je n'aurais jamais pu garder les yeux fermés en lui faisant l'amour. J'avais besoin de la voir, de la regarder et de m'imprégner au maximum de chacune de ses émotions visibles sur son visage, de chaque sourire, de chaque regard, de chaque soupir.
Elle aussi m'avait regardé, presque de la même façon qu'en ce moment. Ce qu'il y avait entre nous était tellement puissant qu'il ne m'en faudrait pas beaucoup pour recommencer tout de suite. Mais c'était impossible pour ce matin. Malheureusement.
Je haussai un sourcil et elle explosa de rire en me jetant au visage le pull que je venais de sortir.
Il n'était même pas huit heure du matin et le seul fait de voir mon Ange sourire me mettait en forme et de bonne humeur.
Je la rejoignis dans le salon pour terminer de m'habiller et la vis en train de nouer l'écharpe rouge autour de son cou. Oh non. Elle n'allait pas la récupérer, si ?
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Rien, ça va.
Je mis mon manteau sous son regard inquisiteur. Je n'allais tout de même pas lui demander de me la laisser. J'allais avoir l'air d'un psychopathe. Ou d'un gamin. Au choix.
- On y va ? fis-je en prenant mes clés.
Elle hocha la tête et on descendit les escaliers. Le froid glacial de ce matin nous accueillit lorsque j'ouvris la porte extérieure de mon bâtiment. Il y avait bien cinq centimètres de neige au sol et de gros flocons tombaient du ciel. Emmy enfonça son menton dans son écharpe et ses mains au fond de ses poches, avant de soupirer grandement.
- Je veux retourner me coucher, geignit-elle.
- Ça ne me dérangerait pas non plus, répliquai-je.
On marcha silencieusement jusqu'au croisement où on devait se séparer.
- Ton dernier cours il est où ? me demanda-t-elle.
- Bâtiment C. Pourquoi ?
- Pour savoir où t'attendre.
- Tu finis à quelle heure ?
- Midi.
Soit, une demi-heure avant moi. Je sortis alors mes clés et lui tendis.
- T'auras moins froid chez moi.
Elle hésita quelques secondes avant de se résigner et de les mettre dans son sac.
- Je ne comptais pas t'attendre dehors, m'informa-t-elle.
- Tu n'auras pas à le faire.
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