Chapitre 27 : Chris.
« L'homme est incapable de choix et il agit toujours en cédant à la tentation la plus forte. » - André Gide
*****
Le son affreux de mon réveil fut vite oublié ce matin, et remplacé quelques minutes plus tard par un petit mot murmuré contre mon cou et une voix dont je ne me lasserai jamais.
- Bonjour.
Un léger baiser sur ma mâchoire me fit émerger du sommeil et je me retrouvais à sourire sans même m'en rendre compte.
- Salut, répondis-je d'une voix rauque.
Son bras reposait négligemment sur mon torse et Emmy leva sa main pour l'amener jusqu'à mes cheveux. Ses caresses seraient capables à elles seules me rendormir. Je pourrais passer la journée entière ici, Emmy dans mes bras.
On resta ainsi pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'elle me fasse tourner la tête vers elle pour m'embrasser tendrement, avant de me ramener brutalement sur Terre.
- Tu as cours dans moins d'une heure.
- Et alors ? rétorquai-je en repoussant légèrement Emmy juste une seconde, le temps d'emprisonner son corps sous le mien.
Ses bras entourèrent mon cou et je m'approchai d'elle pour l'embrasser.
C'était ce réveil-là que j'aurais souhaité ce week-end, mais peu importait. Elle était ici, en ce moment, et c'était tout ce qui comptait. Visiblement, il avait fallut que ce week-end se déroule ainsi pour qu'on en arrivant là tout les deux, alors je ne regrettais pas. Comment le pourrais-je ? Emmy était là, avec moi, mon nez bien au chaud dans ses cheveux et ses mains caressant les miens.
Mais malheureusement, il fallait que je me lève. Ce fut en soupirant et après un rapide baiser sur ses lèvres que je me dirigeai dans la salle de bain. J'en sortis une dizaine de minutes plus tard pour la rejoindre dans la cuisine. Je sentais une odeur de lait chaud et de café. Elle buvait les deux dès le matin ?
- Je t'ai préparé un café, répondit-elle à ma question silencieuse, c'est bien ce que tu prends le matin ?
- Oui oui. Merci.
Je m'installai sur la chaise en m'emparai immédiatement de la tasse brûlante pour en boire une gorgée. Elle savait que je n'aimais pas le lait, alors ce n'était pas bien difficile de deviner ce que j'avalais en me levant. Néanmoins, j'appréciais beaucoup son geste. Et j'appréciais d'autant plus cette matinée, même s'il n'était que sept heure et demi.
***
En sortant de l'amphithéâtre à midi, Ethan me rattrapa rapidement et m'entraina dans le fastfood près de la fac avec les autres. Je ne mangeais plus beaucoup avec eux depuis que je ne voyais plus - et encore moins depuis que je connaissais Emmy - alors mon ami ne me laissa pas trop le choix cette fois-ci, m'entrainant derrière lui malgré mes protestations.
Je me retrouvai donc assis à une table, dans un lieu qui grouillait d'étudiants affamés qui ne savaient non pas parler mais hurler et tout ceci était insupportable.
- Chris, on fait une soirée demain soir, et ce coup-ci, tu n'as pas le droit de te défiler, annonça Anthony, fier de lui.
- Dommage parce que je vais bel et bien me défiler.
- Tu ne pourras pas ! proclama-t-il haut et fort.
- Ça, c'est ce que tu crois... marmonnai-je.
Ethan rejoignit Anthony dans un éclat de rire que je ne compris pas et Charlotte m'éclaira rapidement.
- Il a raison. Puisque la soirée sera chez toi.
Elle accompagna cet aveux d'un large sourire pendant que je manquais de m'étouffer avec mon soda.
- Ils ont déjà prévenu plein de monde, continua-t-elle sans se préoccuper une seule seconde de mon état de mort imminente.
Une fois ma quinte de toux disparue, je réussis enfin à articuler quelques mots.
- N'y pensez même pas.
- Trop tard, rétorqua Ethan avant d'énoncer les noms de tout ceux qui étaient invités.
Je n'en écoutai pas un seul.
- Vous pourrez venir si ça vous chante mais la porte sera fermée, les prévins-je.
- Tu l'ouvriras quand tu en auras assez de nous entendre sonner, plaisanta Anthony.
- Tu pourras sonner autant que tu veux étant donné que je ne serai pas là.
- Mais bien sûr. Tu te terres chez toi tout les soirs, répondit Charlotte avec sarcasme. Et puis, tu es déjà sorti le week-end dernier alors je suppose que tu as déjà dépasser ton quota mensuel.
Était-ce parce qu'Emmy ne sortait plus de ma tête que la voix de mon ex petite-amie m'insupportait à ce point ? Sans doute.
- Venez si vous ne me croyez pas, dis-je en haussant les épaules avec nonchalance.
- Tu peux compter sur nous.
- Et où tu serais alors ? m'interrogea la seule fille de la table.
- En quoi ça te regarde ?
Ma remarque n'eut pas l'effet escompté puisque je sentais désormais trois paires d'yeux inquisiteurs braqués sur moi.
Toutefois, je ne m'en préoccupai pas et piochai sans grand appétit dans mon sachet de frites. Et dire que j'aurais dû être seul chez moi, devant mon assiette de saumon et de riz qu'il restait de la veille au lieu d'être entouré de mon ex, son acolyte et Anthony, en train d'avaler un hamburger fade et sans goût.
Oui, je commençais à avoir une addiction irréfutable à la nourriture d'Emmy. Elle cuisinait tous les jours, et c'était toujours excellent. Un jour, je lui avais demandé vainement si elle ne préférait pas commander des hamburger pour une fois au lieu de cuisiner, et bien entendu, elle était déjà en train de sortir une poêle. Le lendemain, elle m'avait invitée à manger chez elle et je m'étais retrouvé face à un hamburger. J'avais été plus que surpris, mais en mordant dedans, j'avais compris. C'était elle qui l'avait fait. Entièrement. Elle avait même fait le pain elle-même ! Je n'en revenais pas. Et c'était vraiment délicieux et pas du tout gras. Un vrai festin. Mais maintenant, face à mon sandwich, je me rendais compte que finalement, le fastfood, ça n'avait rien de bon. Même les frites n'étaient pas bonnes. En même temps, comparer ça, aux frites que faisait Emmy...
Je soupirai de lassitude. Puis je me rendis compte que tout le monde parlait autour de moi.
- Mais si, c'est obligé.
- Non, contra Ethan. T'as pas vu comment elle était avec son frère ce week-end. Hein Charlotte ?
- Ouais. Même Andrew la bouffait des yeux.
- En même temps, c'est vrai qu'elle est pas mal du tout, rétorqua Anthony la bouche pleine.
- Exact, confirma Ethan.
J'entendis Charlotte souffler d'exaspération avant de grommeler :
- De toute façon, dès que vous voyez une jolie fille, vous n'en pouvez plus. En plus, je paris que c'est une perruque qu'elle porte.
- Blondie serait-elle jalouse ? la questionna Ethan avec un large sourire.
- N'importe quoi ! Pourquoi je serais jalouse d'elle ?
Dans sa voix, j'entendais sa gêne. Et son mensonge. Et je ne compris que maintenant qu'ils étaient en train de parler d'Emmy. Le ton qu'elle avait employé dans la simple prononciation du mot « elle » était rempli d'animosité.
- Parce qu'elle a plus de classe que toi ? tenta Anthony.
- Parce que chaque fois que tu la vois elle est avec Chris ? ajouta son voisin de table.
- N'importe quoi ! répéta Charlotte.
- Vous parlez de qui ? demandai-je innocemment tout en connaissant la réponse.
- De la fille au bras de laquelle tu es parti de la boite la semaine dernière, m'informa Ethan.
- Elle s'appelle Emmy.
Il marmonna je ne savais quoi avant de reprendre :
- Tu ne voudrais pas me passer son numéro ?
Un rire nerveux sorti involontairement de ma bouche.
- Même pas en rêve.
- Ah ! s'exclama Anthony. Je le savais !
- Qu'est-ce que tu savais ? lança ma voisine.
- Tu sors enfin avec elle ? continua-t-il sans répondre à Charlotte.
Je confirmai sans attendre.
- Oui.
- Ce n'est pas trop tôt ! Je savais que ça allait arriver.
- Comment ? s'enquit Ethan.
- Je ne sais pas. Je le savais c'est tout. Et puis, la semaine dernière, je lui ai proposé de sortir un soir pour voir sa réaction et...
- T'as fait quoi ? l'interrompis-je immédiatement.
- Ca va, Chris, calme toi, soupira-t-il. C'était seulement pour voir ce qu'elle allait dire. Elle m'a dit que ça pourrait se faire mais seulement si c'était seulement entre amis. Elle a dû me prendre pour un gros lourd, mais du coup je me suis dit que dans quelques jours vous seriez ensemble. Et ça n'a pas loupé ! Je suis trop fort, se venta-t-il. Donc Ethan, je ne pense pas que tu auras son numéro de si tôt, quant à toi Charlotte, il semblerait que ce soit trop tard pour faire machine arrière.
***
J'avais mentit au gars à midi en leur disant que j'étais absent demain soir. Il fallait donc désormais que je trouve quelque part où aller. Soit je demandais à mon frère de m'héberger, soit j'allais mendier auprès d'Emmy un petite place dans son lit juste pour la nuit. Cette seconde solution me paraissait bien meilleure. J'espérais seulement qu'elle n'aurait rien de prévu.
J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir alors que je remplissais la machine à laver et Emmy scanda mon prénom en entrant.
- J'arrive, lui criai-je.
Une fois cette tâche terminée, je retournai au salon pour prendre place près d'elle. Je l'embrassai rapidement et elle attrapa ma main pour me remettre un morceau de tissu que je connaissais bien dans les mains.
- Elle est chez toi depuis quand ? me demanda-t-elle.
- Samedi matin, dis-je en lui rendant son écharpe rouge. J'avais complètement oublié de te la rendre.
Un petit mensonge sans grande importance, rien de plus.
- Je la cherchais partout. Merci ! s'exclama-t-elle en souriant.
- Je t'en pris.
Je n'aurais pas dû la laisser là... Mais ces derniers jours, c'était devenu machinal ; je l'avais toujours dans les mains. Mais je ne l'aurai plus, malheureusement.
- Dis, tu fais quoi demain soir ?
- Rien, pourquoi ? voulut-elle savoir en se levant pour aller dans la cuisine.
J'attendis qu'elle revienne, une tasse de café à la main, étant donné l'odeur de caféine bien présente.
- Et bien... commençai-je un peu gêné. Mes potes en ont assez que je ne vienne plus aux soirées avec eux alors ils ont décidé d'en faire une chez moi.
- Et ça t'arrange du coup ?
- Pas du tout, ris-je. En fait, je leur ai dit que je n'étais pas chez moi.
- Ah oui ? sourit-elle.
- Ouais. Du coup... Je me demandais si tu pourrais, par hasard, me servir d'alibi, avouai-je alors qu'elle se tourna face à moi et passa ses bras autour de mon cou.
Elle ramena ses jambes sur le canapé, par dessus les miennes.
- Tu sais, tu n'as pas besoin d'une excuse de ce genre si tu veux venir chez moi, me rappela-t-elle.
- Hey ! m'indignai-je. Ce n'est pas une excuse, c'est vrai.
- M'ouais, si tu le dis.
- Ça veut dire oui ?
Au lieu de me répondre, elle me fit un doux baiser sur les lèvres et je passai mes bras autour de sa taille.
- Je vais donc considérer ça comme un oui, marmonnai-je contre son cou.
- Tu peux. Seulement si je mange avec toi ce soir.
- Ça peut se faire.
***
J'ignorais si c'était fait exprès ou non, mais Emmy avait laissé son écharpe rouge en repartant hier soir. Je devenais accro à son odeur à tel point que je commençais à m'en effrayer moi-même. Ce n'était pas possible d'être devenu aussi dépendant d'une personne en si peu de temps, pas vrai ? Ça allait me passer, n'est-ce pas ? Ça le devait. Je n'avais pas le choix, ou j'allais devenir complètement dingue.
En descendant les escaliers pour me rendre chez Emmy, je croisai Ethan et Charlotte. Ces deux-là étaient toujours collés ensemble alors ça m'arrangerait qu'il se passe quelque chose entre eux. Mon ex me lâcherait peut-être un peu...
- Alors c'est vrai ? Tu t'en vas ? constata Ethan.
- Je vous l'avais dit hier, non ? lançai-je avec sarcasme.
Je continuai de descendre les escaliers, les deux sur mes talons.
- Tu vas chez ta copine ? continua-t-il.
- Oui.
- On peut venir ?
- Surement pas ! m'exclamai-je.
- N'importe quoi, marmonna Charlotte en même temps que moi.
Je passai la porte extérieure et ils me suivirent.
- Tu ne veux pas l'inviter chez toi plus tôt ? J'ai déjà prévenu tout le monde de venir chez toi et ça ne se fait pas trop d'annuler au dernier moment, geignit-il.
- T'avais juste à réfléchir un peu au fait que peut-être je ne serais pas d'accord.
- Ou autrement, tu me passes les clés de chez toi et...
- Mais bien sûr, l'interrompis-je en riant. Comme si je te faisais confiance.
Arrivé au croisement de la rue d'Emmy et de la mienne, je m'arrêtai pour leur faire face.
- Vous comptez me suivre jusque chez elle ?
- Ouais, répondit fièrement Ethan.
- Tu ne devrais pas être en train de chercher un autre appartement à détériorer à la place ?
- Je préfère aller voir ta copine et essayer de la convaincre moi-même. C'est par où ?
Voyant que je ne comptais pas répondre, il ajouta :
- De toute façon, je ne vais pas te lâcher. C'est soit tu retournes chez toi et je dis à tout le monde de rappliquer, soit tu me laisses parler juste deux minutes avec ta copine.
- C'est bon, intervint Charlotte lassée de tout ça. Tu vois bien qu'il ne veut pas.
- Je gère. Alors ? s'enquit-il.
Après une dizaine de minutes de tergiversions dans le froid, je me retrouvai face à l'interphone du bâtiment d'Emmy, contre mon gré. J'appuyai sur le bouton juste à côté de son nom et Ethan lu par dessus mon épaule.
- Madden. Ça me dit quelque chose... réfléchit-il à voix haute.
- Pourquoi tu parles de Madden ? le questionna Charlotte.
- Parce que c'est le nom de famille de sa copine.
- Elle s'appelle Madden ? s'exclama mon ex que je croyais endormie depuis tout à l'heure. Madden comme MFD ? Dis-moi que c'est juste une coïncidence.
La porte extérieure s'ouvrit alors je n'eus pas le loisir de lui répondre. Toujours derrière moi, les deux intrus parlaient de la société de la mère d'Emmy et Charlotte en conclut donc que c'était un hasard que ma petite-amie porte le même nom.
Arrivé au premier étage, je m'arrêtai devant sa porte pour sonner. Quelques secondes plus tard, elle ouvrit la porte et je pris la parole avant qu'elle ne le fasse.
- Désolé, ils ont tenu à me suivre pour s'assurer que je n'aie pas un accident. Mais maintenant, ils vont s'en aller et...
- Surement pas, m'interrompit Ethan en passant devant moi pour faire la bise à Emmy. Est-ce qu'on pourrait parler quelques minutes ?
Je sentais le regard d'Emmy sur moi mais ne trouvai rien à dire.
- Hum. Ouais je... Entrez.
Ethan ne se fit pas prier, suivi de près par Charlotte. J'allais m'excuser à nouveau mais sa voix m'en empêcha et elle me tira doucement par la main pour pouvoir fermer la porte derrière moi.
- Maman ? [...] Je te rappelle tout à l'heure, je dois raccrocher. [...] D'accord. Bisous. Et embrasse Papa.
Puis elle s'adressa à moi en souriant :
- Je me demandais pourquoi tu mettais autant de temps, plaisanta-t-elle.
- Désolé, je n'ai pas réussi à m'en débarrasser, m'excusai-je à nouveau. Ne te gène pas pour les virer.
- Pas de problème, ne t'inquiète pas, m'assura-t-elle avec un grand sourire avant de m'embrasser sur la joue.
Après avoir prit mes affaires et les avoir déposées je ne savais où, on s'installa sur le canapé avec Charlotte et Ethan. Mon ex en profita immédiatement pour savoir si son hypothèse du hasard était fondée, et Emmy lui avoua finalement qu'elle était bien la fille de sa créatrice de vêtements préférée. Charlotte était une grande fan de Madden's Fashion Design, bien qu'elle n'aie même pas une écharpe provenant de là-bas. Cette marque constituait le Saint Graal inaccessible pour cette blonde désormais bel et bien réveillée.
Charlotte s'était donc prise d'amitié avec Emmy et Ethan n'avait pas eu le loisir d'en placer une. Mon ex petite-amie, et ma petite-amie... C'était un peu étrange, non ? Ou alors c'était une pseudo-amitié basée sur le profit que pourrait en tirer mon ex. Emmy s'en rendit compte elle aussi, puisque, quand elle réussit enfin à les faire quitter son appartement près d'une heure plus tard sans qu'Ethan n'aie réussis à la convaincre de venir chez moi, elle m'annonça en se laissant tomber sur le canapé :
- Si elle croit qu'avec un sourire et un petit mot gentil elle obtiendra une robe avec la signature authentique de ma mère, elle n'est pas tombée sur la bonne personne.
- C'est exactement ce que je me suis dis ! m'exclamai-je en riant.
- Mais si toi tu veux quelque chose, autre que tes jeans et tes tee-shirts noirs, je pourrais te l'avoir.
Alors qu'elle se leva, surement pour aller dans la cuisine, je l'attrapai par les hanches pour la faire s'asseoir sur moi.
- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais les jupes et les talons hauts, ce n'est pas trop mon truc, lui rappelai-je en souriant.
- Ah ouais ? plaisanta-t-elle. Je n'avais pas fait attention.
Elle planta un rapide baiser sur mes lèvres et se releva. Une porte - probablement celle du four, vu la délicieuse odeur qui s'en dégageait - s'ouvrit, puis se referma.
- En fait, si je te dis ça c'est parce que ma mère m'a appelé tout à l'heure pour me dire qu'elle se mettait enfin dans la création de vêtements pour hommes. Ça fait bien un an qu'elle hésite, et elle se lance enfin. Ce n'est pas trop tôt !
- Tu sais, moi, à part le noir, je ne porte pas grand chose.
- C'est bien pour cette raison que je t'ai dit ça ! C'est prêt, tu viens manger ?
Je me levai pour la rejoindre et m'installai au bar. Elle me parlait de sa mère et de tout les vêtements qu'elle était en train de créer. Son entreprise se développait très rapidement partout dans le monde et de plus en plus de demandes de vêtements étaient faites. Elle avait dû engager de nombreux autres employés et travaillait énormément.
Je me souvenais être passé devant un magasin MFD en me promenant dans Paris avec Charlotte. On était resté une dizaine de minutes devant la vitrine à regarder les vêtements aux prix exorbitant que portaient les mannequins derrière la vitre. Ils étaient vraiment beaux, mais hors de prix. La clientèle de Madame Madden était très ciblée, et Charlotte, malheureusement pour elle, n'en faisait pas parti.
***
Une fois le repas terminé, on continua de discuter sur le canapé pendant plusieurs heures, puis Emmy voulut aller se coucher.
Et ce fut à cet instant que ça se compliqua pour moi.
C'était difficile. Très difficile. D'autant plus difficile dès lors qu'elle s'évertuait à se déshabiller devant moi, tout en continuant de me parler comme si elle n'était pas presque nue à seulement quelques mètres de moi. Il suffisait seulement que je tende la main pour sentir sa peau contre la mienne. Est-ce qu'elle agira encore de la sorte lorsque je ne serai plus aveugle ? Sans passer pour le plus gros des pervers, je l'espérais.
Mais c'était frustrant. Totalement frustrant. Déjà que je me mettais moi-même une barrière avec elle pour m'empêcher d'aller trop loin, alors si elle s'amusait à péter chaque barreau de cette barrière à chaque minute passée avec elle, j'allais finir par craquer. Je n'étais qu'un homme après tout. Et elle, la femme que je désirais de plus en plus chaque jour. Celle qui me rendait dingue. Celle qui allait finir par me tuer si elle continuait ce genre de torture.
- Chris ? m'appela-t-elle, me sortant brutalement de ma contemplation imaginaire.
- Ouais ?
- Tu m'écoutes ?
- Pas du tout, dis-je honnêtement en l'attrapant par les hanches pour la faire tomber sur son clic-clac déplié.
La surprise lui arracha un adorable petit cri, suivi d'un doux rire que j'interrompis en me jetant sur ses lèvres. Elle ne perdit pas une seule seconde pour répondre à mon baiser passionné et je passai une jambe par dessus les siennes, les encadrant ainsi avec les miennes. Ses mains se promenaient délicieusement sur mon dos, puis sur ma nuque, avant d'atteindre mes cheveux. D'une main, elle retira mes lunettes et je m'attaquais maintenant à son cou. Un soupir mélodieux s'échappa de ses lèvres quand j'attrapai délicatement le lobe de son oreille entre mes dents. Elle réagissait exactement pareil que la dernière fois, et je m'en délectais.
Mes lèvres contre son oreille, je lui murmurai quelques mots qui sonnaient comme une supplication :
- Mon Ange... Montre-moi où sont cachés tes tatouages s'il te plait. J'aimerais les voir.
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