Chapitre 11 : Chris.
« Le plus important que les parents peuvent apprendre à leurs enfants, c'est comment se passer d'eux. » - Frank Clark
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- Tu as deux solutions petit frère : soit tu me racontes tout, soit j'opte pour la méthode de quand on était petit, attaqua Andrew quand j'ouvris la porte de mon appartement pour le laisser entrer.
- Quelle méthode ? Celle ou tu dis tout à maman pour qu'elle me tire les vers du nez ? plaisantai-je.
- Exactement, répondit-il fièrement.
- Tu n'en as pas assez de faire ton gamin à longueur de journée ? protestai-je rageusement en m'asseyant dans le salon.
Il partit dans la cuisine se prendre à boire et un paquet de chips.
- Jamais. Je veux savoir alors c'est la seule solution, me cria-t-il depuis l'autre pièce.
- Ça m'étonne même que maman ne soit pas encore au courant que je sois sorti avec une fille ce week-end, toi qui lui raconte toujours tout, répliquai-je avec sarcasme.
Il me répondit qu'il voulait pour une fois, s'essayer à la maturité, mais qu'il le ferait si je ne lui parlais pas. Mon frère mature ? Impossible. Il avait déjà tenter plusieurs fois et ça n'avait jamais rien donné de bon.
- En plus, quand je t'ai téléphoné vers deux heures du matin le soir de ton rendez-vous, tu n'as pas répondu. Tu devais être trop occupé, n'est-ce-pas ? ricana-t-il en allumant la télévision.
- Ouais. Très occupé ! m'exclamai-je.
- Ah ! Je le savais ! s'écria-t-il en souriant. Toi qui n'était pas sûr de toi, tu n'as pas mis longtemps !
Je le faisais mariner juste pour bien l'assommer après. On dirait vraiment que j'avais affaire avec un adolescent avide de détails de ma nuit croustillante.
- En tout cas, juste pour te rassurer, elle est vraiment belle. Pas du tout dans le genre de ton ex, mais je suis qu'elle te plairait, affirma-t-il avec entrain.
- Arrête, je ne veux pas savoir comment elle est.
- Quoi ? s'exclama-t-il en se tournant face à moi. Tu ne sais toujours pas comment elle est physiquement ? Tu ne lui as pas demandé de se décrire ou je ne sais pas ?
Il semblait décontenancé par ma remarque, ce que je comprenais puisque j'étais dans le même cas. C'était étrange de ne pas vouloir connaitre cela d'elle mais je voulais que ça reste comme ça.
- Non.
- Tu es sérieux ? Tu ne veux pas savoir comment est ta copine ?
- Emmy n'est pas ma copine, rigolai-je.
- Alors c'était juste pour la soirée ? conclut-il. Tu me déçois, tu m'as toujours dis que ce n'était pas ton truc les histoires d'un soir.
Il continua de zapper et s'arrêta sur une chaine de sport, d'après ce que j'en entendais.
- Et ce n'est toujours pas mon truc, lui assurai-je.
- Alors pourquoi tu...
- Je dormais. C'est pour ça que je ne t'ai pas répondu ! Heureusement que tu comptais devenir un peu plus mature, marmonnai-je.
Comme je m'y étais attendu, il m'asséna un coup de poing sur l'épaule ce qui me fit exploser de rire.
Du coup, je lui racontai le déroulement de notre soirée qui n'avait rien de palpitant je devais l'avouer, mais qui m'avait vraiment plu. J'avais appris à la connaitre un peu - pas suffisamment à mon goût - et j'aimerais en savoir davantage sur elle.
- Elle n'a rien dit sur le fait que tu sois aveugle ? voulu savoir mon frère.
- Elle m'a posé une ou deux questions mais sans plus. Ça n'avait pas l'air de la déranger de me parler.
- Tu dis ça mais si ça se trouve, elle a maté le mec derrière toi tout le long de la soirée ! se moqua-t-il.
Cette fois-ci, c'est moi qui le frappa et ça le dérangeait pas le moins du monde. Il a renchérit immédiatement sur une autre question.
- Et elle s'est apitoyée sur ton triste sort combien de fois ?
- Aucune.
- Elle ne t'a pas aidé ?
- Non.
- Indiqué le chemin alors ?
- Non plus.
- Elle t'a au moins dit de faire attention au poteau ?
- Toujours pas. Tu as bientôt fini ?
Il s'est tu et semblait réfléchir. Mon frère en était venu à la même conclusion que moi : Emmy devait connaitre d'autres personnes aveugles. C'était tellement rare les gens qui ne passait pas leur temps sur mon dos !
- Elle s'est même foutu de ma gueule, alors c'est pour te dire ! m'exclamai-je encore étonné.
- Si c'est le cas, alors je la veux en belle-sœur Chris ! rit Andrew. Ça serait tellement mieux deux contre toi.
- Ferme-là ! Et puis je t'ai dis que je ne sortais pas avec elle, l'ai-je corrigé.
Il affirma que ce serait pour bientôt, mais je n'étais pas de son avis. Pas tant que je serai toujours dans le noir.
Plus tard, dans l'après-midi, mon frère m'aida à ranger mes vêtements, me prépara rapidement quelques plats et fit un peu le nettoyage de ce que je ne pouvais pas faire. Il n'avait jamais autant fait de nettoyage chez moi en l'espace d'un mois ! Je devais en profiter, parce qu'il arrêtera tout quand je pourrai revoir la couleur de ma porte d'entrée.
Il partit vers dix-neuf heure pour rejoindre ses amis qui l'attendaient et je pris mon téléphone pour appeler Emmy. Elle avait terminé son travail depuis un peu plus d'une heure, alors ça devrait aller. Elle répondit à la seconde sonnerie et me salua avec énergie.
- Je ne te dérange pas ? lui demandai-je.
Sa voix résonnait comme si le haut-parleur était mis. Elle m'indiqua qu'elle était en train de faire à manger ce qui confirma ce que j'avais pensé. Elle avait dû poser son téléphone quelque part. De plus, j'entendais aussi en fond sonore ce qui me semblait être de la musique classique. Une fille d'à peine vingt ans qui écoutait du classique ? C'était rare !
- Du coup tu veux que je te rappelle plus tard ? lui proposai sans trop le vouloir.
- Non non, aucun problème, répondit-elle en souriant.
- J'imagine que c'est trop tard pour t'inviter boire un verre du coup, compris-je.
Ça m'amusait de me dire que j'avais paniqué, en quelques sortes, pour rien. J'aurais dû virer mon frère un peu plus tôt pour pouvoir l'appeler. Tant pis, ce serait pour une prochaine fois.
- Un peu en fait, rigola-t-elle. Je suis en plein travail. Tu as mangé ?
- Non pas encore. J'allais me faire réchauffer quelque chose, lui répondis-je tout en prenant une boite en plastique dans mon réfrigérateur.
Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'il y aurait à l'intérieur. Mon frère pouvait très bien y avoir mis un poisson cru, je l'aurais tout de même avalé en me disant que ça avait un drôle de goût. Ça m'étonnait même qu'il ne m'aie toujours pas fait une blague de ce genre. Peut-être ne lui était-ce pas encore monté à la tête, à ma plus grande joie. Même pour les conneries il lui fallait un certain tant de réflexion, et heureusement pour moi dans certains cas !
- Tu veux venir manger chez moi ? Je crois que j'ai encore vu trop gros en cuisinant. Comme d'habitude... ajouta-t-elle en marmonnant comme pour se réprimander.
Je faisais si pitié que ça avec ma boite en plastique surprise ?
- Non ne t'en fais pas. Je ne veux pas te déranger.
- Je te rappelle que tu voulais déjà me déranger pour prendre un verre, plaisanta-t-elle. Dis-toi qu'on aura à boire aussi !
Je rigolai. Elle n'avait pas tort mais je ne voulais pas m'imposer. Pourtant, si elle me le proposait c'est que ça ne la gênerait pas, pas vrai ?
Après une insistance supplémentaire de sa part, j'acceptai sa proposition en lui demandant ce que je devais apporter. Rien du tout, m'avait-elle dit. Ça me dérangeait de venir les mains vides mais je me rendis vite compte que je n'avais pas grand chose chez moi. Il ne me restait que deux bières et des plats à réchauffer. J'ai pris les deux bouteilles en verre, je verrai bien si Emmy apprécie cette boisson. Si ce ne sera pas le cas, je me rattraperai un autre jour.
En sortant de mon bâtiment, j'ai avancé jusqu'au croisement, puis j'ai tourné à gauche avant d'atteindre le premier immeuble. Ce devait être celui-ci. Si je me souvenais approximativement de la configuration des lieux, l'entrée devait être en face. En m'approchant, ma main trouva le mur. Je la laissai glisser sur à peine un mètre sur la droite avant de rencontrer une surface lisse - du verre il me semblait. L'interphone se trouvant à droite de la porte, j'y avançai et fis le contour de celui-ci du bout du doigt, puis je redescendis pour atteindre le dernier bouton. Je passai ma main sur le second carré puis le troisième en partant du bas et j'appuyai.
Emmy m'avait proposé de m'attendre en bas, mais l'entêté que j'étais avait refusé. J'avais préféré lui demander de m'indiquer quel était le bouton qui se trouvait face à son nom.
Elle répondit au bout de quelques secondes et m'ouvrit la porte. Je suis allé jusqu'au premier étage où j'ai pu sentir sa présence avant même qu'elle ne parle. De plus, j'entendais des notes de musiques jouées au piano et je pouvais aussi sentir une bonne odeur de nourriture.
Je la saluai et elle m'entraina à l'intérieur de son appartement où mon ouïe et mon odorat s'affinèrent d'avantage. Des crépitements d'une poêle, le parfum à la vanille d'Emmy un peu plus prononcé que d'habitude, une odeur de viande et de quelque chose d'autre que je ne savais identifier. N'importe quel individu qui entrerait chez quelqu'un pour la première fois détaillerait visuellement la pièce dans laquelle il se trouverait, plus ou moins rapidement. Moi, j'observais à ma façon. Je n'avais pas tellement le choix.
- Tu n'as pas trop galéré, ça va ? me demanda-t-elle en m'emmenant vers un canapé, je supposais.
- Non ça va. Je connais quelqu'un qui habite ce bâtiment, au quatrième.
- Tant mieux alors, répondit-elle en souriant. Tu veux boire quoi en attendant que ce soit prêt ?
Je lui indiquai que j'avais apporter deux bières en m'excusant du peu dont je m'étais contenté et elle rigola en me disant que ça lui allait très bien. Heureusement, parce que je n'avais rien d'autre.
Je l'entendis s'affairer non loin de moi mais il me semblait entendre des ustensiles de cuisine. Je ne savais pas qu'il y avait des studios dans ce bâtiment. Le gars chez qui j'avais déjà été quelques fois vivait dans un appartement contenant deux chambres si je me souvenais bien. Je questionnai tout de même Emmy.
- C'est un studio ?
- Ouais, affirma-t-elle en s'asseyant près de moi. Tu l'as deviné au son ?
- En quelques sortes.
Je sortis les boissons de mon sac à dos et tendis la main pour m'assurer de la présence d'une table basse, ce qui était le cas. Je pouvais donc poser les bouteilles dessus.
Je me rendais compte maintenant que je n'étais jamais entré chez personne depuis mon opération. J'avais été habitué à mon appartement que je connaissais par cœur alors un nouvel environnement était étrange et un peu déstabilisant.
Emmy décapsula les bières et me demanda si je voulais un verre mais je déclinai son offre.
- Je t'ai invité mais je ne sais même pas ce que tu aimes manger, avoua-t-elle un peu gênée de ne pas y avoir pensé avant.
- Je ne suis pas très difficile, rigolai-je. Et puis je m'apprêtais à avaler un truc non identifié préparé par mon frère alors tu me sauves peut-être la vie !
Ce n'était pas totalement vrai. Ce qu'Andrew cuisinait était mangeable pour la plupart du temps. Mais ses plats étaient un peu rébarbatifs.
- Tu devineras ce qu'il y aura dans ton assiette alors ! s'exclama-t-elle amusée. A moins que ce ne soit déjà fait ?
- Je ne suis pas devin, mais je pense sentir de la viande et des légumes.
- Tu ne prends pas trop de risques en disant cela ! plaisanta-t-elle.
Je pris une gorgée de bière en souriant. Elle n'avait pas tort, évidemment.
Après avoir bu nos boissons tout en discutant, Emmy m'annonça que le dîner était prêt et m'emmena jusqu'au bar qui devait être dans le coin cuisine. Vu la taille de celui-ci, il ne devait contenir que deux places. Une fois servi, je parcourais avec le bout de ma fourchette ce qui était dans mon assiette. A gauche, ce devait être de la viande. C'était carré et plutôt dur. A droite, une montagne de je-ne-sais-quoi me fit prendre conscience que j'avais beaucoup à manger. Elle avait versé le plat entier dans mon assiette ou quoi ? Quand je lui en fis la réflexion, elle m'indiqua qu'il en restait encore.
- C'est donc pour ne pas gaspiller que tu m'as invité ? lui demandai-je pour la taquiner.
- C'est ça ! rit-elle. Je suis toute seule à manger et j'en fais toujours de trop, alors je me retrouve souvent le lendemain à terminer les restes.
- Je t'épargne les restes alors !
- Et je t'en remercie grandement, dit-elle en souriant.
Je rigolai et me décidai à piquer un morceau du je-ne-sais-quoi. Toutefois, même en goûtant, ça ne m'aidait pas beaucoup. Tout ce que je pouvais dire c'était que c'était très bon. Excellent même. Je pouvais sentir le goût de la crème, assaisonnée juste comme il fallait, et de l'emmental grillé. Un gratin à la crème donc. Mais un gratin de quoi ? J'en repris une bouchée, puis une troisième et j'interrogeai Emmy, séchant totalement. C'était quelque chose que je ne connaissais pas visiblement.
- Des brocolis.
- Des brocolis ? répétai-je ébahi.
- Oui, rigola-t-elle. Tu n'aimes pas ?
- Si, c'est excellent, lui certifiai-je en souriant. Je n'avais jamais eu le courage d'en goûter. A cause du nom ou de l'aspect, je ne sais pas.
Elle se moqua de moi et de mes préjugés. Elle n'avait pas tort !
Après avoir goûter la viande, je devinai facilement que c'était un steak haché de bœuf, tout ce qu'il y avait de plus banal, mais bien meilleur que ceux que je faisais, ou que mon frère faisait. J'ignorais ce qu'elle mettait avec mais c'était vraiment bon. Elle me remercia timidement quand je lui en fis le compliment.
- Ce sont tes parents qui t'ont appris à cuisiner ? lui demandai-je avant de reprendre une bouchée.
- Non. C'est ma gouvernante.
- Tu as une gouvernante ? m'exclamai-je, surpris.
- Non, rit-elle. Plus depuis que j'habite seule. Mes parents étaient rarement à la maison, alors ils me laissaient avec elle. Je leur ai répété que je n'en avais pas besoin, mais ils s'obstinaient, alors j'ai arrêté. Et puis, elle était sympa et ça me faisait de la compagnie !
Ses parents avaient engagé quelqu'un pour s'occuper de leur fille de dix-neuf ans ? Ils n'avaient pas confiance en elle ou quoi ?
Emmy m'expliqua qu'elle ne faisait que la cuisine et le ménage, alors ça l'arrangeait beaucoup. Ça lui avait permis d'apprendre des recettes et d'éviter la poussière.
Quand je la questionnai que le métier qu'exerçaient ses parents, ma mâchoire se décrocha. Je n'en revenais pas. Son père était le fondateur de Madden's World et sa mère, la créatrice de Madden's Fashion Design - ou plus communément appelé MFD. Seulement. Je comprenais pourquoi ils n'étaient jamais là : deux des plus grandes sociétés du monde appartenaient à sa famille !
Du coup, qu'est-ce qu'elle faisait dans un studio ? Et pourquoi travaillait-elle dans un bar ? Ses parents avaient assez d'argent non ? Elle aurait coupé les ponts avec sa famille après le lycée ? Je n'osais pas lui poser ses questions un peu trop indiscrètes et optai pour un peu plus de subtilité.
- Tu les vois souvent ?
- Ils sont partis début juillet aux États-Unis et je les rejoins pour passer les vacances de Noël avec eux.
Je venais de terminer mon assiette et Emmy me demanda si j'en voulais encore mais je déclinai. J'étais sur le point d'exploser.
Je continuai mon interrogatoire.
- Tu n'as pas de vacances à la fin du mois ? m'étonnai-je.
- Si, j'ai deux semaines mais mes parents sont tout les deux en déplacements alors c'est inutile.
- C'est sûr vu comme ça...
- Et toi tu vas aller rendre visite à tes parents pendant les vacances ?
- J'aurais voulu, mais je ne peux pas. Andrew a deux matchs importants dans la semaine.
- Et eux ne peuvent pas venir ? s'étonna-t-elle.
Je lui expliquai qu'ils tenaient tout les deux un hôtel et que par conséquent, ils ne pouvaient le laisser. Mon père réceptionnait et s'occupait du côté administratif, ma mère était en cuisine. Bien sûr, ils avaient du personnel, mais pas assez compétent pour abandonner l'établissement si précieux à leurs bons soins. L'hôtel était la fierté de mes parents depuis plus de dix ans alors ils ne pouvaient pas le délaisser pendant une semaine. Je les reverrai à Noël.
- Mais tu pourrais appeler un taxi, non ? insista Emmy. Ou les transports en commun à la limite.
- Ça ne me dérange pas que mon frère m'aide, mais je ne veux pas de la pitié des autres, déclarai-je un peu trop froidement.
Au lieu de s'excuser d'avoir dit quelque chose qui avait paru me blesser, elle me surpris une fois de plus en plaisantant, rire à l'appui. Je n'ai pu que lui sourire.
- Tu ne pourrai pas mettre ton égo de côté juste le temps d'un trajet ?
Emmy Madden. Fille de deux français vivant maintenant aux États-Unis. Fille de deux parents riches comme pas possible.
J'avais toujours eu une mauvaise image des gosses de riches. Pourris gâtés, prétentieux, égocentriques et égoïstes. Emmy était tout le contraire et ne semblait pas vivre dans l'excès. De plus, sa personnalité me plaisait beaucoup ; elle disait ce qu'elle pensait et passait son temps à rire et à sourire. C'était quand j'entendais le son de son rire que je regrettai de ne pas avoir l'image qui allait avec. J'espérais être toujours en contact avec elle le jour où je retirai les pansements de mes yeux. Ce jour-là, je tenterai par tout les moyens de la faire rire.
Je crois que je commençais à l'apprécier et j'avais envie de la connaitre. Et la voir. Au sens propre du terme.
Ce soir, Emmy avait les cheveux noirs, des yeux bruns et une peau bronzée. C'était l'image que j'avais d'elle pour aujourd'hui. Elle changerait le lendemain, j'en étais certain.
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