CHAPITRE VII



WYATT



— Le Miroir des Vérités n'existe pas, ce n'est qu'une légende stupide à laquelle les vampires veulent croire uniquement parce que cela ajoute une touche de piquant dans l'immortalité.

— Ainsi que les humains ne l'oublie pas, ajoute Rosalie.

Voilà plus d'une semaine que la nouvelle est arrivée au sein de notre clan. Je n'en croyais pas mes oreilles lorsque Delhia m'a annoncé que les recherches sur le miroir reprenaient. Nous avions abandonné cette quête après plus de cinquante ans de recherche acharnée à travers de nombreux pays dans l'espoir de le trouver. Ne le trouvant pas, nous avions décidé d'arrêter ces explorations lors de l'arrivée de Rosalie. De plus, Delhia avait trouvé le coin charmant et ne souhaitait pas abandonner une fois de plus le confort d'une véritable maison.

— Comment tu te sens ?

— Bien du moins je crois. J'essaie de me maintenir éloigné de Jane.

La blonde ne souhaitait plus être surnommée la nouvelle alors nous avons finalement convenu de l'appeler Jane en attendant de trouver sa véritable identité. Cela ne semble pas lui déplaire ce qui est plutôt rassurant. Delhia craint que celle-ci décide de prendre de nouveau la fuite alors elle la comble de cadeaux et lui confie des tâches simples. Deux fois par semaine, Rosalie et elle partent dans la forêt afin qu'elle apprenne à contrôler ses nouvelles aptitudes vampirique, elle est également conviée aux activités quotidiennes dont elle s'occupe sans se plaindre une seconde.

— Elle ne porte pas la bague.

— Je n'aurais jamais dû sortir de mes gonds et l'attaquer de cette façon.

— Tu sais aussi bien que moi ce n'est pas toujours facile de contrôler notre vampire intérieur. Que l'on veuille ou non notre sauvagerie demeure présente à chaque instant bien que nous la faisons taire.

Je passe une main nerveuse dans mes cheveux.

— Ne crois-tu pas qu'il serait plus simple de redevenir un vampire normal ?

— Je n'aime pas le mot normal parce qu'il n'existe pas à mes yeux.

Elle marque une pause.

— Je ne crois pas que nous soyons différents des autres. Certains apprécient le confort et le luxe tandis que d'autres veulent simplement la liberté. Bien sûr nous évitons de tuer les humains contrairement à certains, mais nous demeurons des vampires.

— Cela ne te manque pas d'être humaine ?

Elle secoue la tête avec un sourire triste.

— Non pas une seconde.

Rosalie ne parle jamais de son ancienne vie la qualifiant de banale et ennuyeuse. Durant les premières années de sa transformation, Rosalie veillait sur sa petite soeur qui grandissait au fil du temps évoluant peu à peu en une superbe jeune femme. Malheureusement cela faisait souffrir la rouquine de la voir vieillir et construire sa propre famille. Du jour au lendemain, elle s'est décidée de faire une croix sur son passé et évoluer en tant que vampire.

— Rosaline Dawson est morte durant cet accident de voiture, elle n'existe plus.

Je me contente de hocher la tête en silence. Rosalie ne répondra pas à mes questions au sujet de sa famille. De plus c'est un sujet sensible qu'elle semble vouloir mettre de côté. Nous avons nos propres secrets et parfois il est préférable de ne pas aborder ces éléments du passé.

— Des nouvelles pistes ? demandé-je finalement.

La connaissant elle s'est certainement précipité sur Internet afin de trouver des traces concrètes sur le miroir.

Rosalie referme un énième livre puis secoue la tête. Nous parcourons les mêmes oeuvres que les fois précédentes et bien évidemment cela ne change rien. Ces informations n'ont rien apporté la première fois. Cette quête est une perte de temps.

— Aucune.

— C'est bien ce que je disais...

— Arrête de faire ta tête de mule et aide-nous sérieusement. Ne pas avoir de souvenirs doit être un sentiment horrible.

— Je n'ai pas tous mes souvenirs et je m'en sors plutôt bien moi.

D'une humeur fracassante, Faith fonce droit sur nous. Elle porte un slim en cuir noir lui donnant l'air incroyablement vulgaire. Elle aime provoquer et la voyant ainsi me rend fiévreux. Évidemment que Faith est attirante et elle en profite généralement pour prendre le dessus sur moi. Je serre les poings n'étant pas d'humeur à l'écouter.

— Tout le monde semble déterminé à aider cette pauvre petite amnésique. Elle est présente au sein du manoir uniquement pour être examinée.

— Qu'est-ce que tu veux dire par examiner ? demandé-je.

— Elle représente un mystère aux yeux de Delhia. Un vampire dont l'odeur ressemble fortement à celui d'un humain, un coeur qui bat et des blessures qui cicatrisent moins rapidement. Elle se fiche totalement d'elle et veut seulement l'analyser.

Rosalie abat son poing sur la table.

— Tu plaisantes j'espère ? Comment peux-tu penser ça d'une femme qui te donne tout ce dont tu as besoin et qui t'aide dès que tu le demandes ?!

— Ce ne sont que des prétextes pour nous maintenir en laisse. Nous sommes des prisonniers et vous n'êtes même pas capable d'en prendre conscience !

Je lève la main interrompant cette conversation. Les disputes n'aideront pas à avancer ce n'est certainement pas le moment d'en avoir. Calmer Faith est une chose éprouvante et je ne suis absolument pas prêt à gérer aujourd'hui. Elle est probablement furieuse que Delhia décide de reprendre les recherches du miroir uniquement parce que l'inconnue l'a demandé. Elle voulait poursuivre cette quête malgré toutes nos tentatives, mais personne ne souhaitait partir de nouveau en exploration surtout après l'arrivée de Rosalie.

— Ces remarques n'aideront pas à avancer les recherches.

— N'est-ce pas toi qui me répétait sans cesse que ces recherches étaient peine perdues ? Pourquoi l'aider elle et pas moi ?

— Parce qu'elle a besoin d'espoir.

Faith serre les poings puis quitte précipitamment la bibliothèque.

— Elle ne changera jamais, murmuré-je.

— La sagesse vient avec le temps.

Nous poursuivons nos recherches en inscrivant de nouvelles informations nous semblant importantes. Les légendes du miroir sont bien différentes selon les époques, mais peu importe la version racontée, le miroir disparaît toujours à la fin. Personne ne sait d'où vient la légende officielle, certains racontent que le sorcier venait d'Italie tandis que d'autres affirment qu'il était d'origine Anglaise ou Écossaise. Personne n'est en mesure de répondre à la principale question ce qui permettrait d'éliminer des fausses pistes.

— J'ai besoin de me dégourdir les jambes.

— Prenons une pause.

Nous quittons la bibliothèque pour rejoindre les autres dans le salon. Matt et Delhia discutent calmement autour d'un thé chaud. La rousse s'installe auprès d'eux énonçant les nouvelles pistes bien qu'elles soient peu nombreuses. De mon côté je m'approche de la fenêtre profitant des derniers instants de la nuit. Le soleil est sur le point de se lever. Je donnerais tout pour savourer la chaleur du soleil une dernière fois.

— Où est Jane ?

L'absence de la blondinette est étonnante et personne ne semble l'avoir remarquer avant que je n'aborde le sujet. Je me tourne vers mon aînée.

— Dans sa chambre je suppose, répond-t-elle.

— Non elle est dehors.

Adossé contre le mur les bras croisés, Faith semble ennuyée par cette conversation. Un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres cerises.

— J'ai tenté de la convaincre de ne pas sortir, mais elle n'a pas écouté. Elle est sacrément stupide pour s'exposer à la lumière du soleil.

— Ta jalousie te tuera mon enfant, déclare froidement Delhia.

Nous nous précipitions vers la véranda qui ne baigne pas encore dans la lumière du jour. Furieuse, Delhia tente de trouvera solution la plus adaptée pour sauver Jane.

Je m'avance dans le jardin ignorant les protestations de mes camarades. Les effets de la lumière du jour commencent déjà à ralentir mes aptitudes de vampire. Je reste à l'ombre évitant au maximum les coins regorgeant de soleil. Jane s'approche dangereusement du centre de la lumière, les yeux perdu dans le vide.

— Jane !

Elle ne se retourne pas à l'évocation de son prénom d'emprunt. Ma présence ne semble pas provoquer la moindre réaction. La main tendu vers la source de lumière, Jane entre finalement dans le coin illuminé de soleil. Mes pupilles ont beaucoup de mal à rester ouverte et ma peau commence sérieusement à gratter. J'essaie d'ignorer ces symptômes afin de reporter mon attention sur la blonde. Je ne dois pas l'abandonner et la laisser mourir. Ignorant les effets du soleil, je me précipite vers elle et l'entraîne avec moi bien loin de la lumière du jour.

Nous nous retrouvons en sécurité au sein du manoir. Mes mains sont brûlés, mais ne tarderont pas à guérir avec une bonne dose de sang.

— Wyatt !

Rosalie se précipite vers moi les yeux écarquillés d'horreur.

— Tout va bien.

Je me tourne vers la blonde inquiet de découvrir les dégâts du soleil. Bien sur nous cicatrisons rapidement, mais ce n'est pas son cas. Immobile, elle regarde autour d'elle. Je pose ma main sur mon épaule malheureusement celle-ci recule d'un pas. Elle semble terriblement effrayée par ma simple présence. J'aimerais arranger les choses, mais comment ?

— Jane...

Elle tourne la tête vers moi me laissant voir son visage. Celui-ci ne montre pas la moindre trace de brûlure ! J'attrape délicatement ses mains qui sont intactes et douces comme de la soie. Comment est-ce possible ? J'ai affronté le soleil et en à peine quelques secondes je me retrouve brûlé aux mains et probablement au visage.

Son regard est encore vitreux, mais elle cligne des yeux retrouvant cet éclat de vie. Je lui lance un sourire chaleureux bien que j'éprouve un mauvais sentiment. Comment est-ce possible ?

— Avalon, murmure-t-elle.

— Pardon ?

— Je m'appelle Avalon.

20/04/2020

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