CHAPITRE III


WYATT

— Je n'en reviens pas qu'elle puisse rester ! s'exclame Faith.

Allongée dans mon lit vêtue d'une simple chemise à moi, la jolie brunette ne cesse de répéter en boucle à quel point cette situation lui déplaît.

— Il y a quelque chose qui cloche chez elle !

Je pousse un soupir puis referme le livre que je tiens dans la main. Impossible d'avoir la moindre conversation avec le caractère exécrable de ma camarade.

— Accordons-lui une chance.

— Comment sommes-nous supposés l'appeler en attendant qu'on découvre son identité ? Jane Doe ?

— Pourquoi es-tu aussi méchante envers elle ? Représenterait-elle une menace à tes yeux ?

Mon amie détourne le regard puis quitte le lit d'un bond.

— Là n'est pas là question.

— Lors de l'arrivée de Rosalie tu n'étais pas aussi maigrichonne. Explique-moi la raison de cette haine.

— Et si c'était un piège ?

— Quel piège ? Elle ne connaît rien à la vie !

Lors de l'annonce officielle de notre meneuse, nous avons découvert que certains objets représentaient un véritable mystère aux yeux de la nouvelle arrivante. La jolie blonde ne connaît visiblement pas la télévision ou le téléphone portable. Ces détails n'ont fait qu'accentuer la colère de Faith.

— Tu penses à lui n'est-ce pas ? demandé-je.

Ce manoir regorge de souvenirs et certains ne sont pas des plus heureux. Faith s'était attachée à un nouveau-né malheureusement celui-ci s'est avéré être un manipulateur. Je me demande encore aujourd'hui si ses sentiments n'étaient pas plus que de l'amitié.

— Nous n'avons pas besoin de nouvelles recrues et encore moins celles qui n'ont aucune mémoire ! Tu ne la trouves pas trop parfaite ?

La brune mord violemment sa lèvre.

— Un nouveau-né est incroyablement sauvage pourtant elle est très calme. Wyatt il faut prévenir les autres du danger que cette fille représente !

Je l'attrape par les épaules.

— Delhia décide de lui faire confiance et nous devons faire de même. Peu importe qui elle était dans son ancienne vie aujourd'hui elle est une des nôtres que tu le veuilles ou non.

Ma réponse ne semble pas lui plaire. Dans un lourd silence, Faith attrape ses affaires sur le sol puis quitte la chambre en claquant violemment la porte. Je pousse un soupir puis m'allonge sur mon lit les yeux fixés sur le plafond. Elle n'a pas tord sur certains points, mais derrière chaque vampire se cache une vie humaine. Cette inconnue à la chance de ne pas se souvenir des mauvaises choses et une part de moi la jalouse. Je suis condamné à me souvenir de ces abominations en boucle, mais cette blondinette peut recommencer à zéro.

On toque doucement à ma porte. Je reconnais ces gestes comme étant ceux de Rosalie. Elle pénètre dans la pièce sans attendre ma réponse et m'inspecte de la tête aux pieds.

— Pardonne-moi de couper court à tes... activités, mais pourrais-je t'emprunter une chemise ?

— Oui bien sûr mais pourquoi ?

— La nouvelle prend une douche, mais nous n'avons pas quoi l'habiller. Mes vêtements sont trop petits et Faith refusera d'en prêter.

— Pourquoi pas Matt ?

— Tu le connais...

Matt n'est pas du genre à partager ses affaires encore moins ses chemises qui coûtent un peu plus de deux cents dollars chacune.

— Sers toi, déclaré-je finalement.

Elle me remercie et ouvre d'un geste mon armoire. Elle décroche une simple chemise noire que je ne porte jamais. Connaissant mon amie, elle utilisera ses dons de stylisme pour en faire une jolie robe.

— Wyatt... je sais que cela ne me regarde pas, mais ne crois-tu pas qu'il est temps que votre relation s'arrête ?

— Effectivement ça ne te regarde pas.

— Faith est en train de tomber amoureuse de toi.

— N'importe quoi !

Rosalie hausse les épaules puis inspecte la chemise. Je m'affale dans le lit méditant sur ses paroles. Et si elle avait raison ? Non impossible Faith ne s'attache jamais aux autres encore moins depuis que lui s'est joué d'elle et de ses sentiments.

— Mon instinct ne me trompe jamais.

Elle quitte rapidement ma chambre puis s'enferme dans la sienne. Rosalie tente seulement de me protéger. Elle était contre cette relation depuis le commencement et ne cesse de me le reprocher. Je ne lui en veux pas, mais son inquiétude m'agace parfois.

Je pousse un soupir puis quitte à mon tour ma chambre. Je descends les escaliers tête baissée pour me rendre dans la cuisine. Avec ces événements je n'ai pas encore bu ma dose de sang habituelle.

La cuisine est le seul endroit moderne du manoir. C'est un mélange de bois et de meubles noirs. Le seul désir extravagant qu'à demander Rosalie pour préparer des plats. Bien que la nourriture ne soit plus dans notre mode de vie, la rouquine ne peut s'empêcher de cuisine lorsqu'elle ne va pas bien et de les distribuer aux sans-abris.

J'ouvre la porte du frigo contenant les poches de sang et en attrape une. Je la verse dans un verre puis m'installe sur un tabouret. Je suis heureux de prendre mes repas en décalés des autres, cela me permet de ne pas croiser les autres. Certains qualifieraient mon comportement d'insociable, mais j'aime avoir mon espace de solitude et de tranquillité.

J'avale une gorgée de mon breuvage puis savoure ce silence apaisant. Je ne me souviens pas du goût de la nourriture humaine et bien que nous pouvons en manger celle-ci n'apportera rien à notre corps. Le sang est vital pour notre survie et nous devons en consommer chaque jour pour ne pas devenir incontrôlable.

— Excuse-moi, mais aurais-tu vu Delhia ?

Je me retourne puis découvre la nouvelle. Ses cheveux blonds tombent soigneusement sur ses épaules, elle porte un jean bien trop grand pour elle ainsi que ma chemise qui ne la met pas du tout en valeur. N'importe qui la trouverait ridicule, mais malgré cet accoutrement elle demeure très belle. Sa chevelure blonde vire presque sur un blond polaire naturel, ses lèvres sont d'un beau rose et une lueur brille dans son regard bleuté.

— Elle est dans son atelier, je peux t'y emmener si tu veux.

L'inconnue hoche la tête sans prononcer un mot de plus. J'abandonne mon verre puis la guide jusque la véranda menant au jardin. L'herbe est parfaitement entretenue à l'arrière de la propriété. Des lampes sont alignés afin de nous éclairer vers l'atelier de notre aînée. Habituellement nous évitons de la déranger lors de ses travaux cependant l'arrivée de la blondinette bouleverse nos habitudes.

Delhia ouvre la porte avant notre arrivée devant la porte. Elle lance un sourire chaleureux à notre invité.

— Que puis-je pour toi ?

— J'aimerais acheter quelques vêtements si possible, mais je n'aimerais pas abuser de votre gentillesse.

— Il n'y a pas de mal.

La gentillesse et la générosité de Delhia pourrait surprendre, mais elle se comporte toujours comme ça. Le mystère que représente l'inconnue doit lui retourner le cerveau. Pour être franc je ne comprends pas comment un vampire peut avoir un coeur qui bat. Est-ce la forme d'une nouvelle ère vampirique ? Les Anciens disent que nous sommes en pleine évolution et qu'au fil des siècles les nouveaux nés deviennent plus forts. L'inconnue appartient peut-être à une nouvelle catégorie bien plus puissante que nous. Après tout les humains ont évolué d'une manière incroyable ces derniers siècles, il serait fort possible que la génétique atteigne les transformations. Je ne suis pas certain d'aimer la perspective de voir des nouveaux vampires errer dans les rues...

25/03/2020

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