Ava s'avance sur la scène. Elle tient la main d'un homme en pyjama, à l'air fatigué. Ils se ressemblent.

Ava : J'ai rencontré un garçon bizarre en venant te voir...

Amos : en souriant Célestin ?

Ava : "Qui vient du ciel"... elle marque un temps d'arrêt, un sourire aux lèvres Oui, je pense que c'était lui.

Amos : Il me fait penser à toi. À la différence que tu es toujours pessimiste et qu'il est l'optimisme incarné !

Ava : Rien à voir, donc.

Amos : Un équilibre parfait entre Églantine et toi.

Ava : L'ancienne Ég alors...

Un silence gêné s'installe.

Amos : ... et maman ?

Ava : Les visites sont interdites. De toute façon je ne comptais pas y aller.

Amos : C'est ta mère Ava...

Ava : Et alors ? Elle n'est plus rien de ce qu'elle était avant. Je ne veux pas associer ce cadavre ambulant à la femme qui m'a élevée.

Amos : Et moi alors ? Moi aussi je suis un cadavre ambulant. Je ne suis pas ton père ?

Ava : C'est pas pareil papa... Tu te bats pour survivre alors qu'elle ne fait aucun effort. Elle vit dans la peur sans le moindre courage.

Amos : La peur est ce qui régit un homme Ava. Moi aussi je vis dans la peur, par honte de mon cancer, par honte de mon état, par peur d'être jugé, moqué, mis à l'écart, par peur de mourir. Amos signifie "fardeau". Je n'ai jamais compris ce que ça voulait dire. Aujourd'hui, un peu.

Ava : ... tu veux survivre ? il hausse les épaules Non mais, tu veux vraiment simplement survivre, tu trouves vraiment que ça a un sens de ne vivre que pour ne pas mourir, sans donner aucun but à ta vie ?

Amos : Tout au long de notre vie, nous ne faisons que survivre Ava. Quoi que tu fasses dans ta vie, le fait même de vivre n'a plus aucun sens face à la mort. On vit pour survivre et l'on survit pour vivre.

Ava : Toi peut-être. Moi non. Je suis désolée, je sais qu'il ne te reste peut-être que quelques jours à vivre mais c'est toi qui m'a appelée Ava. La vie. La vie n'est pas simplement une survie pour moi papa. Je veux lui donner un sens.

Elle quitte la scène et il reste là, en souriant.