4 - Vendetta
En arrivant sur place, je les vois tout de suite. Ces connards sont toujours là, et bien sûr, c'est ma Yamaha VMAX. Les pneus ont été massacrés à coup de tournevis. Le petit enfoiré d'hier est en tête, celui qui m'a jeté un regard noir quand je les ai doublés. Apparemment, il a ramené trois potes pour sa petite vendetta.
— Bande de fils de pute !! Vous allez me le payer !!
Je démarre avant même d'avoir fini ma phrase. Direct sur le mec à la tête. Ma droite s'enfonce dans sa mâchoire. Son regard stupéfait se fige une seconde avant qu'il ne s'écroule comme une merde. Y'a pas à dire, il s'attendait pas à ça.
— Val, fais gaffe ! hurle Miguel en voyant un autre m'arriver dessus avec son tournevis levé.
Je l'esquive de justesse, mais ce fils de chien réussit à m'entailler la joue. Ça pique, ça chauffe, mais rien d'insupportable. Sauf que je suis sonné une seconde. Pas le temps de réagir que les trois autres sont déjà sur moi. L'un me cogne dans les côtes, l'autre vise ma tronche. Je pare comme je peux, mais les coups pleuvent de tous les côtés. Je prends cher, mes bras encaissent à peine, et puis deux d'entre eux me saisissent, m'immobilisent. Merde. J'ai plus de répit.
Ils se rapprochent. Le connard, remis de ma droite, se frotte les mains, retrousse ses manches. Il va me finir, et il kiffe déjà l'idée. Si il croit que je vais gentiment me laisser tabasser, il se met le doigt dans l'œil jusqu'au trou du cul.
J'envoie un coup de pied direct dans ses parties. Je sens ma godasse s'enfoncer dans sa virilité. Il hurle comme une truie qu'on égorge. Je profite de sa douleur pour me dégager des deux autres. Miguel envoie un direct du droit dans la gueule du quatrième, et on commence à reprendre le dessus.
— Arrêtez immédiatement ! crie une voix stridente.
En l'entendant, tout le monde s'arrête et se retourne vers elle : Mme Torres, la directrice en personne vient de nous surprendre.
— Dans mon bureau, tout de suite ! beugle-t-elle.
Après nous avoir tous sermonnés dans son bureau pendant plusieurs minutes, elle demande à tout le monde de quitter la pièce sauf moi. C'était déjà assez humiliant comme ça de se faire faire la morale pour avoir voulu simplement se faire justice mais faut croire que c'est pas finit...
— Valentino, je ne compte même plus tes visites... soupire-t-elle.
Je lève les yeux au ciel. C'est reparti pour sa leçon de morale de bas étage. Elle fouille dans ses tiroirs, sort un paquet de mouchoirs et s'approche de moi. Qu'est-ce qu'elle fait ? Je me recule.
— Mais arrête de bouger ! T'as du sang qui coule partout sur ta joue.
Elle commence à me nettoyer le visage. Sérieux ? Je suis pas un gosse, je peux le faire moi-même !
— Pourquoi vous faites ça ? Je peux très bien le faire, je râle, exaspéré.
Elle me donne une petite tape après avoir fini.
— Voilà, je veux pas que tu sèches les cours pour une simple égratignure. Pas besoin d'aller à l'infirmerie pour ça.
Évidemment, la voilà qui joue l'infirmière. Sérieusement, elle se prend pour qui ? pour ma mère ?
— C'est bon, je peux me barrer ? je demande, même si je me doute que si elle m'a demandé de rester c'est pas simplement pour me nettoyer le visage.
— Non, Valentino. On va parler sérieusement. Est-ce que tu comptes prendre ta vie en main un jour ? T'as un plan pour l'avenir, ou c'est toujours "je m'en fous tant que je gagne du fric" ?
— C'est ça, tant que j'ai du pognon, ça me va. Le reste, je m'en tape, je réponds sans réfléchir.
Elle s'improvise vraiment tous les rôles.. directrice, surveillante, infirmière, psy, conseillère d'orientation... Elle devrait apprendre à rester à sa place un peu, aussi compétente soit-elle. Et puis pourquoi elle se soucie autant de moi ? Elle me gave !!
— Vraiment ? Tu t'en tapes de ta vie ?
— Ouais. "Donner un sens à sa vie", c'est pour les gens bien. Moi, je vis juste au jour le jour. Basta.
— Tu ne te considères donc pas comme quelqu'un de bien ?
— Allez, faites pas semblant d'être naïve. Demandez à n'importe qui ici, ils vous diront tous que je suis un mec tordu, un gars à éviter.
Elle secoue la tête.
— Moi je pense pas ça. Je crois que t'as un bon fond. Sinon, ce jour-là tu te serais jamais battu pour défendre ce jeune qui se faisait racketter.
Elle parle de Pedro. Le jour où je l'ai défendu, on est devenus potes. Mais ça change rien.
— Ouais, et alors ?
— Les surveillants voulaient que je te renvoie. Mais moi, je savais que t'étais différent. Tu vaux mieux que ça, Valentino. Et crois moi, je ne le dis pas de tous mes élèves ! Alors, à qui tu veux donner raison ?
Je me marre intérieurement. J'ai juré de plus jamais me laisser embobiner par les belles paroles d'une femme. Mais malgré tout, une partie de moi est touchée.
Rien qu'une toute petite.
Dehors, Miguel m'interpelle aussitôt.
— Alors, qu'est-ce qu'elle te voulait ?
— Rien d'important.
— Ok. J'ai des infos sur Eduardo, celui qui a crevé tes pneus.
— Ah ouais ? Vas-y, crache.
— Ses parents ont l'air assez friqués, et il a une sœur, m'annonce-t-il comme si ce détail allait régler mon problème de pneus..
— Et ?
— Elle fait une fiesta ce soir. Grosse soirée pour son anniversaire. Je me dis qu'on pourrait y foutre un peu d'ambiance, si tu vois ce que je veux dire.
Il pense qu'on pourrait se taper la sœur pour se venger. Pas con... ça pourrait vraiment le faire.
Soudain, je sens une main claquer mes fesses. Je me retourne et tombe sur Paola, tout sourire, qui me lance un regard plein de sous-entendus.
— On se voit plus tard ? demande-t-elle en se trémoussant.
Cette pute est sûrement en train de mouiller à cette idée. Et je dois dire qu'elle me fait tout autant d'effet. Depuis qu'elle s'est refait faire les seins, c'est un putain de missile. La meilleure paire de tout le bahut. Elle me manque presque, ça fait une semaine qu'elle est pas venue gratter à ma porte.
— Eh bah putain, t'as un vrai marathon avec les meufs en ce moment ! balance Miguel, un brin jaloux.
— C'est clair, j'me plains pas. Franchement, y a rien qui bat ça. Le sexe, c'est la meilleure drogue, sans hésiter. J'pense pas que je tiendrais deux semaines sans baiser !
— Carrément, moi non plus, répond-il, en hochant la tête.
La journée défile, et entre deux cours, je galère à trouver une solution pour ma moto. J'appelle des dépanneurs, mais évidemment, personne n'est dispo. Génial. Je pourrais toujours demander à quelqu'un de me déposer, ou pire encore, appeler mon vieux... mais notre plan pour ce soir risque de tomber à l'eau.
Les cours enfin terminés, je me retrouve à la sortie du campus avec Miguel, à parler de tout et de rien. Les pneus crevés me trottent dans la tête tandis que je regarde la circulation en bas. Les bus crachent leur fumée noire en file indienne, leurs moteurs hurlants noyant les conversations. De l'autre côté de la rue, un vieux panneau "Universidad de Valparaíso" pend de travers, à moitié effacé par le temps, comme si même l'endroit s'en foutait. Les étudiants déambulent, plus absorbés par leur téléphone que par ce qui les entoure. Je reste là, planté comme un con, me demandant comment je vais bien pouvoir faire pour ce soir.
— Euh, Val ? m'interpelle Miguel, accompagné d'un petit coup de coude.
— Quoi ?
Il me fait un signe de tête vers la route.
— Regarde, là-bas, y'a une meuf qui nous fait signe.
Je plisse les yeux et aperçois en effet une fille, assise dans sa voiture, faisant de grands gestes dans notre direction. Elle insiste, agitant les bras comme une folle. Je fronce les sourcils. On la connaît, cette fille ? Non, pas à première vue. Avec Miguel, on jette un coup d'œil derrière nous, juste pour vérifier si elle s'adresse pas à quelqu'un d'autre. Personne. C'est bien à nous qu'elle fait signe.
— Elle veut quoi, tu crois ? je lance en commençant à traverser la rue, esquivant les voitures et les bus qui klaxonnent.
Miguel me suit de près, aussi curieux que moi. Mais sérieux, qu'est-ce qu'elle peut bien nous vouloir ?
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