2 - Routine

Il est midi, je bâille et m'étire sur ma chaise en entendant la sonnerie. Je me lève et me dirige vers le réfectoire, accompagné de Miguel et Sergio. On s'aperçoit qu'il y a une très longue file d'attente, trop chiant d'attendre comme des cons. Je prends l'initiative de doubler l'espèce de groupe de geeks devant l'entrée. La plupart ne bronchent pas mais l'un d'eux s'indigne.

— On était là avant, faites la queue comme tout le monde !

À cette remarque, un nerf de ma mâchoire se contracte. Instinctivement, je bombe le torse et me retourne vers lui, plantant mon regard dans le sien à quelques centimètres de son visage.

— Et tu vas faire quoi ? je lui demande de ma voix la plus virile.

Je le vois se figer sur place, contrarié de se voir totalement impuissant face à nous. Ces petits cons qui se croient plus intelligents que tout le monde doivent comprendre que dans la vie la raison du plus fort est toujours la meilleure. Et ouais, la justice c'est de la merde, le système nous exploite alors autant exploiter le système, plus tôt ils l'auront compris, mieux ce sera pour eux. On se sert machinalement notre plateau repas avant de nous diriger vers la salle à manger.

— Ah tiens regardez, y'a Sebastian et sa meuf là-bas. On a qu'à s'asseoir avec eux, suggère Miguel.

On s'installe à côté de lui, sans rien demander. Sebastian soupire et lève les yeux au ciel.

— Vous êtes obligés de débarquer juste après avoir fait votre numéro de caïds ? râle-t-il.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ha ha ? Dis-moi mon petit 'Astian, t'en ai où dans tes révisions ? T'es libre ce soir ? demande Sergio en passant un bras sur ses épaules.

— Nan ferme-la, je bosse moi.

Sebastian est un premier de la classe, on dirait pas comme ça mais il vient d'une famille aisée contrairement à nous. Beaucoup de pressions pèsent sur ses épaules et il essaye de préserver sa réputation en évitant de trop trainer avec nous. Par contre, quand ses darons ont le dos tourné, c'est plus la même personne. Je me demande si sa meuf est au courant de sa double-vie. Même moi ça m'a scotché la première fois, jamais vu un mec aussi versatile.

— Bon, moi j'ai terminé je vais vous laisser, annonce Tania, sa petite amie.

Je crois qu'on la met un peu mal à l'aise, déjà qu'on fait chier Sebastian. Il voudra même pas venir en plus, son truc c'est plutôt les club vip ou les soirées privées. Je suis même prêt à parier qu'il préfère juste se défoncer seul dans sa chambre entre deux exos de maths que de sortir faire la fête. Ils se lèvent pour débarrasser leur plat. Pedro nous aperçoit et vient s'installer avec nous. Dommage, à pas grand-chose près notre bande était au complet.

— Les mecs, j'ai rencontré une fille. Elle est tellement belle et gentille, s'émerveille-t-il, comme si c'était la révélation du siècle.

Pedro, c'est clairement le pote le plus pur et naïf que j'ai. Parfois, il me saoule avec ses leçons de morale et son romantisme à deux balles, mais je l'apprécie. C'est un gars fiable et honnête, sur qui je peux toujours compter.


Après avoir fini notre repas, je me dirige quelques instants dans la salle de Mme Ortega, ma prof de littérature. Je m'approche discrètement et l'observe depuis l'encadrement de la porte, elle a l'air complètement absorbée dans ses copies. Aujourd'hui elle me semble particulièrement apprêtée dans sa jolie robe cintrée.

— Comment ça va, Monica ? je lui demande après quelques secondes.

Elle sursaute et passe la mèche de cheveux blond vénitien qui la gênait derrière son oreille.

— Ah ! Val ! Tu m'as fait peur, je suis en train de corriger des copies. Entre... Et ferme la porte, s'il-te-plaît, bégaye-t-elle.

C'est toujours marrant de la voir dans tous ses états dès que j'arrive, comme si elle avait peur que quelqu'un me voie entrer. J'aime bien la voir aussi nerveuse.

— J'ai rêvé de toi cette nuit, je lui lance, d'une voix sensuelle. 

—Ah ouais ? Tu peux m'en dire plus ?

Je pose fermement mes mains sur le bureau, me penche vers elle, et lui chuchote à l'oreille.

— J'ai rêvé que je te prenais sur ce bureau, et que c'était encore plus torride que la première fois...

Elle détourne le regard, mordille sa lèvre inférieure. C'est son petit tic quand elle est excitée par ce que je dis, et là, ça marche bien. Elle se penche vers moi, commence à m'embrasser, enfonçant sa langue dans ma bouche. Juste au moment où on se laisse aller, quelqu'un toque à la porte, nous faisant sursauter et interrompre brusquement notre étreinte.

— Euh, euh oui !? Entrez ! s'écrie-t-elle, le visage rouge de gêne, en me repoussant.

Heureusement, c'est juste une élève qui entre, mais je vois Monica suer à grosses gouttes à cause de cette interruption inattendue.

— Je viens vous voir pour un devoir à rendre la semaine prochaine.

— Oui ! Bien sûr ! Hum, M. Díaz, si vous n'avez plus rien à me demander concernant votre mauvaise note non négociable par aucun moyen, vous pouvez me quitter, euh... qui.. quitter cette salle, je veux dire !

Non mais quelle comédie. Je suis majeur, elle ne va pas finir en prison si elle se donne un peu de plaisir de temps en temps non ?! Et puis on n'a que 10 ans d'écart.


La journée traîne en longueur, les cours sont un supplice. Le temps paraît interminable quand on attend toute la journée pour vivre la nuit. D'ailleurs, j'espère que Sergio a prévu assez pour ce soir.

Enfin, c'est l'heure de rentrer. Je remonte les rues en pente, ma bécane rugit sous moi. À côté, un funiculaire grimpe lentement, ses wagons rouillés grincent, contrastant avec la vitesse à laquelle je roule. Ces vieux machins tiennent encore debout, va savoir comment. À ma droite, l'océan s'étend à perte de vue, immense et bleu sombre. Les vagues se brisent contre les quais, les cargos glissent lentement sur l'eau. Valparaíso est chaotique, un peu déglinguée, mais c'est son charme. Les graffitis couvrent les murs, des couleurs vives, des messages que personne ne lira. Moi, je roule, les cheveux au vent, sans me soucier de tout ça. Je rentre chez moi, mon père n'est pas encore là. Je m'affale sur mon lit, histoire de récupérer quelques heures de sommeil.

Une notif me réveille, il doit être minuit. Miguel me dit qu'ils sont déjà à El Huevo, la plus grosse discothèque du coin. Je repars aussitôt. Quelques minutes plus tard, je suis dans la place. Je prends quelques shots de pisco pur pour me plonger directement dans l'ambiance. Il y a déjà pas mal de nanas chaudes sur la piste de danse, mais pour l'instant, j'ai autre chose en tête.

— T'as la marchandise ? je demande discrètement à Sergio.

— Ouais, comme d'habitude.

— Parfait.

On swap rapidement, et je me dirige vers les toilettes. La lumière crue des néons donne un aspect clinique au lieu. Je déplie une ligne de coke sur le bord du lavabo, mes doigts tremblent légèrement. Je prends une paille, la plonge dans la poudre et inspire profondément. La brûlure intense traverse mon corps, me faisant pousser un soupir de satisfaction. Mes sens s'emballent, chaque bruit et chaque couleur deviennent plus vifs. Je m'appuie contre le mur, un sourire s'étirant sur mes lèvres, prêt à embrasser l'énergie que la nuit promet.

De retour dans la salle, je vois Sergio déjà à l'œuvre avec son stratagème bien rôdé : il surprend une fille sur le point de boire dans un verre, lui dit qu'il a vu quelqu'un mettre un liquide suspect, et pour prouver ses dires, il sort un test GHB bidon acheté sur un site chinois qui donne toujours un résultat positif. La fille, le prenant pour un héros, ne se méfie plus de lui, jusqu'à ce qu'il parvienne à ses fins. Quel stratagème sournois ! Pendant que je le vois sortir de mon champ de vision avec sa cible, une lycéenne m'accoste.

— Hé, excuse-moi, ma pote là-bas a parié 10 000 pesos que je serais pas capable d'aller parler au mec le plus bg de la soirée.

— Ha ha, donc je dois conclure que c'est moi le mec le plus bg, hein ? Vous êtes venues en groupe ?

— Euh, ouais, en fait, c'est mes potes qui m'ont un peu poussée... Tiens, t'as un accent, t'es pas d'ici toi ? répond-elle, nerveuse, en passant sa main dans ses cheveux.

— Je suis espagnol.

— Oh t'es européen, trop stylé.

— Ha ha ! En tout cas tes amies n'auraient pas dû te forcer à mon avis.

— Ah bon, pourquoi ?

— Parce que tu es clairement la plus jolie et audacieuse ici, elles n'ont aucune chance de se démarquer à côté de toi.

Elle rougit, c'est gagné. Je lui propose de lui montrer un endroit tranquille. Elle se tourne vers ses amies, leur fait un signe de la main pour leur dire qu'elle part un instant. On se dirige vers les toilettes, sans vraiment réfléchir.

— T'as une capote ? me demande-t-elle, sans perdre de temps.

— Évidemment.

Sans attendre une seconde de plus, elle se jette sur moi et commence à me rouler une pelle. Je la soulève d'un bras et l'emmène dans une des cabines individuelles. Je la plaque contre le mur pendant qu'elle me déshabille.

— En plus t'es bien fichu, avoue-t-elle en reprenant son souffle.

Je déboucle ma ceinture.

— Et t'as encore rien vu.

De ma main libre, je palpe ses seins tout en la pénétrant. Hm, clairement pas aussi gros que ceux de Paola je me dis... Peu importe, ça fera l'affaire pour ce soir. Un orgasme sous cocaïne, c'est clairement la meilleure sensation du monde. Mais bon, atteindre le sommet implique toujours une redescente. Jusqu'à quel point je serai au fond du trou demain ?

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