Chapitre 39

Chapitre Trente-Neuvième

Esmée avait ouvert les yeux parce qu'elle avait cette très désagréable sensation d'être observée dans son sommeil. Le soleil était déjà bien levé dans le ciel. Il devait être aux alentours de sept ou huit heures du matin et si elle avait cette désagréable sensation d'être observée c'était parce qu'elle l'était. Deux officiers de police étaient plantés juste devant eux. Elle tourna la tête vers Simon qui émergeait du sommeil aussi rapidement qu'elle.

« Bonjour, lança le plus jeune des deux qui avait aussi l'air d'être le plus commode.

— Bonjour, fit Esmée d'une toute mais alors toute petite voix.

— Vous savez qu'il est interdit de dormir sur la plage ?

— On s'est juste assoupi, tente de les défendre Simon. On est allé dehors parce que mon amie ne se sentait pas très bien.

— Donc quand vous êtes malade, vous dormez dehors ?

— Elle est pas malade. Elle avait juste t...

— Elle avait quoi ?

— Rien. Rien. Juste un peu mal au ventre. »

L'officier en face n'était visiblement, pas convaincu par ce que lui disait Simon. Il alterna pendant quelques secondes son regard de l'un à l'autre.

« Vous êtes mineurs ?

— Moi, je suis majeur, prévint Simon.

— Et votre amie ? demanda-t-il en se tournant vers Esmée.

— Aussi, répondit-il avant qu'elle puisse dire quoi que ce soit.

— Et je peux avoir vos papiers. »

Ses papiers. C'est à ce moment là qu'Esmée se rendit compte qu'elle avait laissé sa petit pochette avec ses papiers et un peu de monnaie dans le bar où ils avaient été. Elle avait tout laissé là-bas.

« On les a pas sur nous.

— Mmhmmh...

— On s'est juste assoupi. On ne pensait pas s'endormir. Elle voulait juste prendre un peu l'air et on s'est installé sur ses transats. C'était pas prévu qu'on s'endorme.

— Mmmh. Mais on va quand même allé vérifier votre identité.

— Vraiment ? Pour une simple nuit ?

— Et si vous discutez encore une fois, on agrémente le tout par un petit test d'alcoolémie. Debout. »

Esmée n'avait pas discuté une seule seconde et s'était immédiatement levée. A contre cœur, Simon aussi.

X+X+X+X+X

C'est Magda qui avait pris la route. Déjà parce que de toute façon Martijn était beaucoup trop énervé pour deux heures de route ; et de toute façon, depuis qu'ils avaient reçu un coup de téléphone de la police leur expliquant qu'ils avaient trouvé Esmée endormie sur la plage sans papier et avec un taux d'alcool dans le sang supérieur à la normale pour une adolescente de dix-sept ans à huit heures du matin, il était en boucle. « Je savais qu'on aurait jamais dû la laisser aller là-bas. Je le savais ! » et ses autres variantes. Il avait même appelé Louis pour lui raconter l'histoire mais comme ça l'avait fait rire et qu'il avait même osé rajouter qu'à leur époque, l'alcool était autorisé dès seize ans. Martijn avait raccroché. Il n'avait pas trouvé que c'était un argument recevable. C'est donc toujours avec le même refrain qu'il était parti au travail. Ils allaient être ravis à la galerie.

Magdalena était arrivée à Doneburg aux alentours de midi. Elle avait trouvé son aînée au commissariat, assise sur une des chaises en métal du hall. Elle s'était présentée à l'accueil et une ou deux signatures plus tard, elle avait pu récupérer sa fille. Esmée l'avait suivit jusqu'à la voiture la tête base. Elle n'en menait pas large. Elle s'était assise à la place du passager et avait attendu que sa mère s'installe derrière le volant.

« Ton père était furieux.

— Je suis désolée, maman, dit-elle presque au bord des larmes. Je suis vraiment désolée.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Et je veux la vraie version, précisa-t-elle avant d'entendre quoi que ce soit.

— C'était l'anniversaire d'Eduard et... On est allé dans un bar prendre quelques verres pour finir la soirée.

— On t'as servi de l'alcool ?

— C'est que...

— Esmée.

— J'en prenais dans le verre des autres. J'ai finis par sentir ma tête tourner. Tout bougeait devant moi et d'habitude je m'arrête à ce moment-là. Mais là, j'ai continué. Je sais pas pourquoi... Je te promets que je recommencerais plus, maman. Je te jure que... Plus jamais.

— Comment tu as fini sur la plage ?

— J'étais sur les canapés avec Simon et... Et j'ai finis par me sentir pas très bien. Du coup, on est sorti pour que je prenne un peu l'air. Sauf que ça passait pas vraiment pas et... Et j'ai vomi. Mais il m'a pas tenu les cheveux, hein. Juste tendu une serviette pour que je m'essuie le visage... Je me sentais super nulle à ce moment-là, si tu savais... Et... Et j'ai eu besoin de voir la mer. Il m'a suivi... On s'est engueulé. Fort. Et, je crois que ça m'a fait du bien. Et après y avait ses transats oubliés sur la plage et... En fait, on s'est juste endormi.

— Okay, dit Magda sans être pour autant certaine d'avoir tout compris.

— Et... C'est tout ? demanda Esmée en oscillant entre l'espoir et la surprise.

— T'as mal à la tête ?

— Trop. C'est horrible... Je te jure que plus jamais de ma vie, je boirais de l'alcool.

— Mmhmmh. Bon. Là, on va passer chercher tes affaires et ensuite on rentre directement à la maison. Je vais rien dire de plus parce que les deux heures de route avec la gueule de bois et ce qui t'attend avec ton père ce soir... Je pense que ça suffira à te passer l'envie de recommencer. »

Esmée avait hoché la tête sans chercher à discuter.

« Et quand tu raconteras ça à ton père, enlève le « d'habitude ». »

X+X+X+X+X

Le trajet jusqu'à la maison des grands-parents d'Eduard avait déjà été interminable et il avait duré moins de vingt minutes. Esmée redoutait la route jusqu'à Amsterdam mais elle n'avait rien dit. Magda lui avait donné quelques minutes pour prendre ses affaires et dire au revoir à ses amis. Elle l'attendait ici pour l'instant mais elle n'avait pas intérêt à traîner. Ce n'était pas non plus ce qu'Esmée comptait faire.

En rentrant, avec le plus de discrétion possible, elle était directement montée dans la chambre qu'elle partageait avec Eduard pour la semaine. Elle avait sorti son sac de voyage de sous la commode et avait mis sans ménagement ses affaires à l'intérieur. Elle avait entendu les marches de l'escalier grincer malgré la moquette. Eduard avait toqué deux coups à la porte ouverte pour se signaler.

« Ma mère m'attend en bas. J'ai pas trop le temps. »

Eduard n'avait rien dit. Il était juste resté là, à la regarder. Esmée trouvait qu'il y avait quelque chose de très étrange dans son regard mais elle n'avait pas vraiment le temps pour s'attarder sur ce genre de détail.

« C'est toi qui as pris mon chargeur de téléphone ?

— Donc aucune explication ?

— Simon est rentré, non ? Il vous a expliqué.

— J'aurais bien voulu ta version.

— Y'a pas plusieurs versions, Eduard, rappela-t-elle en retrouvant enfin sous chargeur sous le lit. Celle de Simon, c'est aussi la mienne. On s'est juste endormis sur la plage, y'a rien de plus à dire. »

Eduard allait répondre quelque chose mais Simon avait fait à son tour son apparition sur le palier de l'étage. Ils s'étaient tous les trois regardé en chiens de faïence avant qu'Eduard ne décide de lui-même de descendre. Esmée aurait bien voulu le retenir mais son corps n'avait pas bougé. Simon lui, il avait baissé la tête le temps que l'autre garçon soit réellement parti.

« Je suis désolé.

— De ?

— T'avais dis qu'on se ferrais arrêté mais je t'ai pas cru... Je suis désolé. ... Tu t'es pas trop fait engueulée ?

— Bah écoute... Redemande-moi ça quand mon père sera rentré à la maison. Mais... J'imagine que ça aurait pu être pire.

— Okay... Cool.

— T'étais juste désolé pour ça ? »

Si Esmée s'était entendue, elle se serait demandé si elle était bien à l'origine de cette question. Depuis quand elle bousculait les gens elle ? Ceci dit, il devait lui rester encore assez d'alcool dans le sang pour qu'elle trouve le courage de faire ce genre de chose. Simon lui s'était assis sur le bord du lit alors qu'Esmée commençait un dernier tour. Histoire de vérifier qu'elle n'avait rien oublié.

« Il disait quoi le message que tu m'as envoyé en plein milieu de la nuit ? finit-il par demander parce qu'il lui restait une et unique question sans réponse après la nuit qu'ils avaient passée.

— Quel message ?

— C'était le mois dernier, précisa-t-il. Le lendemain du bal.

— Je ne t'ai jamais rien envoyé, assura Esmée avec beaucoup d'assurance.

— C'est un message qui disait que t'arrivais pas à dormir, que t'avais pas l'habitude de faire ce genre de chose mais qu'il fallait que tu vides ton sac. ... Il était long mais tu l'as supprimé avant que je puisse tout lire.

— Je n'ai jamais rien supprimé. Je ne t'ai jamais rien envoyé, assura de nouveau Esmée qui avait peur de comprendre ce que Simon avait reçu. Faut que j'y aille. »

Il y avait quelque chose derrière et Simon aurait bien aimé chercher un peu. Il y avait une vérité qu'il avait failli effleurer du doigt cette nuit-là. Mais Esmée ne semblait pas décider à lui livrer, en tout cas pas aujourd'hui.

« Tu veux que je t'aide à descendre ton sac ?

— Non. C'est bon.

— On se voit à Amsterdam ?

— On verra. »

X+X+X+X+X

Eduard était étendu là sur le lit. Cette nuit, il était tout seul. Il s'était surpris à s'être rapidement habitué à la présence d'Esmée à côté de lui. Elle avait une respiration toute douce , elle s'entendait à peine et c'était super rassurant. Sauf que cette nuit, Esmée n'était pas là. Parce qu'Esmée était rentrée à Amsterdam avec sa mère ce matin même. C'était juste après qu'elle ait été retrouvée par la police sur la plage avec Simon. Le lendemain de son anniversaire à lui. Il avait imaginé d'autres choses pour ses dix-huit ans, il devait bien l'avouer. Mais il avait dû se contenter de ce qu'Esmée avait à lui donner. À savoir pas grand-chose. Il était là avec son amour pour elle, empêtré dans une relation qu'elle ne faisait pas évoluer. Si tant est qu'elle en soit capable. Parce qu'il devenait de plus en plus clair pour Eduard que dans son couple, il était bien le seul à être amoureux. Malgré toute la bonne volonté d'Esmée. Esmée en aimait un autre. Il savait avant de commencer cette histoire mais Eduard avait eu un égo assez imposant pour croire qu'il suffirait pour lui faire oublier un autre. Spoiler alerte, ça n'avait pas fonctionné. Pas du tout même.

Eduard reprit son téléphone dans la main pour vérifier encore une fois l'absence de notification. Toujours rien. Esmée était rentrée depuis des heures et elle ne l'avait pas appelé. Elle ne l'avait pas fait parce qu'elle n'en n'avait pas eu besoin. Alors que lui, il aurait bien aimé qu'elle l'appelle. Parce qu'il avait besoin de l'entendre, parce qu'il avait presqu'autant besoin de réponses. Dans un long soupir, Eduard avait décidé de se lever. Rester seul dans ce lit à attendre que le temps passe n'était pas la meilleure façon d'attendre que le temps passe. Il était donc descendu à la cuisine. Dès la dernière marche de l'escalier, il avait pu apercevoir qu'il y avait de la lumière. Il n'était pas le seul à ne pas trouver le sommeil. Il n'était qu'à moitié surpris de trouver Simon assis à la table de la véranda qui juxtaposait la cuisine. Sans un bruit, il s'était servi un verre d'eau directement au robinet de l'évier. Il s'était assis sur le tabouret d'à côté.

« Pourquoi t'as accepté de venir ? demanda soudainement Eduard après un très long moment de silence entre eux.

— Parce que je pensais qu'en étant pas dans ma vie de tous les jours... Je trouverais une certaine forme de courage, j'imagine...

— Tu l'as pas trouvé ?

— Pas vraiment. Non, soupira Simon en levant ses sourcils.

— Tu voulais quitter Vivian ?

— Je suis pas sûr qu'avoir cette conversation avec toi est une bonne idée.

— La réponse est donc oui. ... Est-ce que j'ai envie de savoir pourquoi ?

— Clairement pas, assura Simon en se levant. Je pense que c'est le moment où il faut que j'aille me coucher. »




--- NDA ---

🐣❤️


Simple message pour vous dire qu'à partir d'aujourd'hui ça sera un chapitre par jour ! Pour un fin prévue dimanche si mes calculs sont bons. J'ose espérer qu'ils le sont.


Allez des bisous venteux !


A demain !!


Uthopie. 🐥❤️💨

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