Chapitre 29

Chapitre Vingt-Neuvième

La date du bal de fin d'année approchait, indéniablement et Esmée aurait rajouté dangereusement. Aujourd'hui, on était le mercredi 26 mai, ce qui laissait mathématiquement et précisément neuf jours à Esmée pour se trouver une robe. Eduard avait pris la précaution de lui envoyer une photo du costume qu'il porterait et elle voulait trouver une robe qui irait avec. Il fallait être honnête, c'était la première fois qu'elle voulait choisir avec tant d'attention à sa tenue et donc fatalement, elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Mais heureusement pour elle, la nature avait mis sur sa route sa merveilleuse petite sœur : Victorinne Gelderman. Elle n'avait qu'à lui demander de l'aide. Mais Esmée connaissait sa petite sœur depuis quinze ans maintenant, et elle savait que la convaincre n'allait pas être tâche facile. Tant pis. Il lui restait neuf jours et pas de plan B.

Ce mercredi-là, Esmée avait donc attendu que sa sœur rentre du lycée en lui préparant son goûter préféré : smoothie, pain au lait et des carrés de chocolat noir. Quand Vicky avait passé la porte d'entrée, elle avait lancé un « Salut ! » assez joyeux pour qu'Esmée évalue son humeur de correcte type plus-que-la-moyenne.

« C'est quoi ça ? demanda la plus jeune en fronçant les sourcils.

— Je t'ai fait ton goûter !

— Pardon ?

— Je t'ai fait un goûter, répéta Esmée en perdant soudainement de sa superbe devant sa petite sœur.

— Okay... Et... Qu'est-ce que tu veux ?

— Rien ! assura Esmée en suivant du regard sa sœur qui se glissait sur un des tabourets de la cuisine.

— À d'autres. Depuis quand on attend pas Erasme et maman pour le goûter du mercredi ? Alors ? Qu'est-ce que tu veux ? »

Elle était maligne la petite... Esmée avait donc changé de stratégie.

« Okay. J'ai besoin de toi.

— J'aime pas trop beaucoup ça...

— C'est sérieux Vicky, soupira Esmée.

— Elle est géniale cette réplique ! se défendit l'une des cadettes en s'appliquant à couper correctement son pain au chocolat pour y glisser des carrés de chocolat. Bon... En quoi je peux t'aider ? Dis-moi et puis on verra si c'est possible...

— Il faut que tu m'aides à choisir ma robe pour le bal.

— T'y vas ?

— Evidemment ! C'est vexant que tu sois surprise.

— Avec ton mec ?

— Comment t'es au courant de ça toi ?

— Je t'ai vu l'embrasser dans les couloirs la semaine dernière, expliqua Victorinne en mordant dans sa nourriture. Il est mignon. Je t'imaginais pas avec un mec comme ça mais... Il est mignon.

— Tu vas m'aider ou pas ? préféra demander Esmée qui ne tenait pas du tout à avoir cette conversation avec sa petite sœur.

— Tu pourrais dire merci...

— Merci de ? De trouver mon copain mignon ? Je te demande pas vraiment une validation.

— Donc c'est bien ton mec !

— Tu vas m'aider ?!

— Ouais... Ouais. T'inquiète Ginette. Je gère, assura Vicky alors que Max poussait la porte d'entrée. »

X+X+X+X+X

Victorinne avait embarqué Max dans cette histoire de robe et samedi après-midi, elles étaient parties toutes les trois dans le centre-ville pour une séance de shopping. Esmée n'aimait pas vraiment ça, mais elle n'avait pas eu le choix. Donc elle avait suivi et enchaîné les boutiques les unes après les autres, en essayant sans broncher toutes les idées les plus farfelues de sa petite sœur. Et honnêtement, pour certaines... Elle était allée un peu trop loin ; même Max en avait convenu. Comme par exemple lors du huitième essayage dans la deuxième boutique, où elle lui avait fait enfiler une robe sirène rose pâle avec un dos nu. Max s'était même sentie obligée de lui rappeler que c'était sa sœur et non pas une poupée à qui elle pouvait faire porter n'importe quoi. Cette dernière avait alors proposé une jolie robe bleu ciel avec des manches longues et un col rond qui plaisait beaucoup à Esmée. Mais Victorinne avait dit non sous prétexte que ça n'irait pas avec la tenue d'Eduard, ce qui était le critère numéro un.

La deuxième folie de Victorinne avait été une jupe à étage à volant en dégradé de rose associée à une sorte de crop top rose aussi. C'est en captant le regard de dégoût d'Esmée dans le miroir que Max avait exercé un droit de veto qu'elle s'octroyait d'elle-même. C'était non. Victorinne s'était alors rabattue vers une nouvelle robe. Celle-ci était droite et avec des rayures noires et argentées qui brillaient avec la lumière du spot de la cabine. La robe avait le col rond et les manches longues qu'Esmée appréciait sur la précédente. Elle était aussi fendue jusqu'au-dessus du genoux mais ça ne semblait pas la déranger plus que ça. En sortant de la cabine, elle était tombée sur Victorinne seule qui était très emballée.

« Elle est vraiment bien celle-ci !

— Je suis pas convaincue...

— T'es jamais convaincue.

— Si. Mais pas là. Et puis... Ça brille trop.

— C'est ton bal de fin d'année. Il faut que ça brille ! Il faut qu'on ne voit que toi.

— Non. Carrément pas. Il faut juste que ce soit bien.

— Bah c'est bien ça. Franchement Mémé... T'abuses là. C'est la sixième boutique qu'on fait...

— Genre ça te dérange ?

— Bah on avance pas ! Tu sais pas ce que tu veux...

— C'est pour ça que t'es là d'ailleurs... Banane.

— Banane toi-même, rit Vicky en donnant un coup dans les cheveux de sa sœur.

— Pas celle-ci, Vic'. C'est pas celle-ci.

— Okay... Bon bah enlève-là. »

Esmée était donc retourné pour une énième fois dans la cabine pour changer de tenue. Elle s'apprêtait à renfiler son t-shirt blanc quand une robe fut glissée entre le rideau et le mur de la cabine.

« Une dernière pour voir, fit la voix de Max de l'autre côté. Avec le costume d'Eduard, ça serait trop mignon. »

Esmée n'avait pas discuté parce que pour la première fois depuis qu'elles étaient parties de chez elles, cette robe lui plaisait vraiment. Elle avait rapidement abandonné son t-shirt sur le tabouret qui supportait déjà son jean et son sac à main pour enfiler ce que Max venait de lui donner. Avant de sortir de derrière son rideau, Esmée s'était épiée dans le miroir.

Il s'agissait d'une longue robe bustier faite dans un tissu gris incrusté de quelques discrètes paillettes qui renvoyaient quelques reflets tantôt bleus, tantôt blancs. Tout dépendait de l'angle dans lequel elle s'observait. Esmée aimait les manches tombantes qui allaient presque jusqu'à ses coudes. Si elle avait d'abord eu peur qu'elles la gênent, elle se rendait maintenant compte qu'elles étaient suffisamment légères pour ne pas ressentir le contact - ou à peine. Esmée aimait aussi que cette robe n'ait pas de dos nu, que le tissu à la fin de la robe soit léger mais pas transparent, qu'il y ait une petite traîne derrière elle.

« Tu sors ? finit par demander Max pour qu'Esmée tire enfin le rideau. »

Esmée guetta les réactions de ses sœurs dans leur regard. Max avait souri tandis que Vicky avait pincé ses lèvres et plissé les yeux.

« Alors ?

— Alors j'ai trop bien choisi. T'es trop belle, assura Max en sortant son téléphone de sa poche. Tourne sur toi-même.

— Max...

— Tourne. »

Esmée s'était exécutée une première fois mais avec trop peu d'entrain selon sa sœur alors elle avait refait un tour.

« Ça vole en plus... Erasme va dire que tu ressembles à une princesse.

— Je ne suis pas une princesse.

— Si. Une mini-Cendrillon. Une princesse pour une nuit, contredit Maxellende en posant ses lèvres sur la joue de sa sœur avant de chuchoter. Au vu de l'absence de réaction de Vic', on s'arrête là-dessus.

— Ouais. On va faire ça, confirma Esmée alors que Vicky se réveillait enfin.

— Il faut que tu te coupes les cheveux.

— Non.

— Mémé ! Avec des cheveux courts et la couronne de fleurs que j'avais achetée l'été dernier ça va être canon.

— Non. On touche pas mes cheveux.

— Tu veux voir ?

— Victorinne. On ne touche pas à mes cheveux. »

Esmée avait tenté d'utiliser un ton qu'elle ne voulait pas discutable. Elle avait vu dans le regard de Victorinne que sa tentative n'avait pas été très concluante. Preuve à l'appui, après avoir complété l'achat de cette robe par une paire de boucles d'oreilles couleur argent, elles étaient rentrées dans un salon de coiffure. Elle s'était installée dans le fauteuil en cuir noir que la gentille coiffeuse lui avait désigné. Esmée devait avouer qu'elle n'avait pas tout écouté à ce que Vicky et la coiffeuse - Sophie, de son petit prénom - disaient à propos de ce qui était le mieux pour la forme de son visage. Elle fixait avec une certaine obsession ses mèches brunes qui lui arrivaient jusqu'au niveau de la poitrine. D'ici une quinzaine de minutes, elles ne seraient plus qu'un vague souvenir... C'était pas une bonne idée. Elle était à peu près sûre qu'Eduard n'allait pas aimer. Si ça se trouve, il allait changer d'avis pour le bal à cause de ça ; et toute cette après-midi n'aurait plus aucun sens.

Bon un shampooing, quelques coups de peigne, de ciseaux et le passage d'un sèche-cheveux plus tard, ses mèches brunes ne retombaient plus devant ses épaules mais arrivaient à peine à leur niveau. Et à se regarder dans le miroir pour voir son dos, Esmée était surtout en train de se demander pourquoi elle n'avait pas fait ça avant ? Ça faisait un bien fou cette nouvelle tête. 

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