Chapitre 22

Chapitre Vingt-Deuxième

Esmée s'était levée péniblement du matelas sur lequel elle avait dormi. Le lit de Barbara était vide à côté d'elle et il y avait un peu de bruit sur la Péniche. Alors Esmée s'était levée, avait attrapé son téléphone, puis enroulé une couverture autour de ses épaules avant d'aller se servir un petit-déjeuner.

Barbara était déjà là en train d'aider sa petite sœur à étaler correctement le chocolat en poudre sur sa tartine couverte de beurre en train de fondre. Magda leur faisait ce genre de goûter quand elles étaient petites et les filles avaient pris l'habitude d'en faire leur petit-déjeuner de lendemain de soirée. Le genre de petit-déjeuner qu'elles s'apprêtaient à prendre.

« 'llo, grogna Esmée en s'asseyant à côté de Lika.

— Ça va ? demanda immédiatement Barbara.

— Je suis pas réveillée encore.

— Tiens. Il reste du thé de mamma, fit la plus jeune de la famille Van Den Wall en lui servant un mug de thé vert.

— Ils sont partis vos parents ?

Pa travaille sur un mariage aujourd'hui, commença à expliquer Barbara. Et mamma avait des rendez-vous mais elle finit à treize heures. Et il paraît qu'on mange chez vous ce soir. Du coup, on peut passer l'après-midi ensemble.

— Cool, soupira Esmée en rapprochant sa tasse de thé fumante de son nez.

— Ça va ?

— J'ai un peu mal au ventre. Je me sens pas au top.

— T'as pas trop l'habitude de boire aussi. »

D'un mouvement de tête, Esmée et Barbara se tournèrent vers Lika qui se faisait toute petite dans l'espoir qu'on l'oublie et qu'elle puisse enfin entendre les conversations des grandes.

« Tu dis rien aux parents... Je suis sérieuse. Pas un mot.

— Promis.

— Super. Allez... Va dans ta chambre maintenant.

— Mais...

— Si t'y vas maintenant, je débarrasse la table à ta place. »

La petite dernière n'hésita pas plus longtemps et sauta de sa chaise pour aller s'enfermer dans sa chambre avant que sa sœur ne change d'avis.

« J'ai même pas bu tant que ça.

— Mais c'est bien ce que je dis : t'as pas l'habitude.

— Tais toi, soupira Esmée en lançant en sa direction les miettes que sa tartine avait fait tomber sur la nappe.

— Tu te souviens de tout ?

— Oui.

— Vraiment ?

— Oui ! Et fais pas ta tête de meuf surprise s'il te plait. ... ... Je déteste les soirées.

— Alors du coup, si je te dis que Eduard est venu me voir juste avant qu'on parte pour me rendre ton manteau, tu me réponds ?

— Okay. C'est cool, soupira Esmée en commençant son premier tour des réseaux sociaux de la journée.

— Il m'a aussi demandé de te demander de l'appeler dès que t'irais mieux. Tu vas mieux là ?

— Okay, répondit distraitement Esmée toujours le nez sur son téléphone. C'est cool.

— Il m'a aussi demandé que si tu pouvais lui envoyer des nudes à l'occasion... Il dit pas non. Ça aussi c'est okay-cool ?

— Hein ?

— C'est bon ?! Tu m'écoutes ?!

— Non, soupira Esmée en faisant glisser son téléphone vers Barbara.

— Je disais donc qu'Eduard, tu sais le gars sur lequel tu pleurais quand je suis arrivée. Il est venu me voir avant qu'on parte. Il est venu pour s'assurer que tu allais le rappeler aujourd'hui. Tu le feras ?

— Oui.

— Vraiment ? J'ai même pas besoin d'insister plus que ça ? s'étonna Barbara.

— Non. Maintenant, tu m'excuses ? Faut que j'aille vomir. »

Esmée s'était péniblement levée de sa chaise et avait traîné son corps jusqu'au toilettes. Elle avait laissé son téléphone sur la table et Barbara n'avait pas pu s'empêcher de z'yeuter ce qu'il y avait sur l'écran. Une photo du compte vivianhooft. Un charmant fondant au chocolat avec une bonne dose de chantilly en premier plan et on distinguait, si on le connaissait, Simon à l'arrière-plan. Barbara avait soupiré. Qui mangeait du fondant au chocolat au petit-déjeuner ?

X+X+X+X+X

18 Henrick de Keijserstraat. C'était l'adresse que lui avait donnée Simon. Il était convenu qu'ils allaient prendre leur mercredi après-midi pour finir l'exposé. Simon avait bien précisé « finir » comme si ça importait énormément. Puis il lui avait proposé qu'ils se voient chez lui, apparemment ses frères ne seraient pas là. Esmée qui au final n'avait pas vraiment le choix, avait dit « okay. ». C'est pourquoi actuellement le GPS de la voiture de sa mère les menait dans les rues du sud de la ville. Quand elles étaient arrivées devant un immeuble qui semblait être le bon, Esmée embrassa sa mère et descendit de la voiture. Sur l'interphone de l'immeuble elle avait appuyé sur le bouton à côté de « Famille Mudler ».

« Hallo Esmée ! Troisième étage ! fit la voix de Simon grésillante. »

Et avant qu'elle ait le temps d'ajouter quoi que ce soit, la porte s'était débloquée. Troisième étage. Sans ascenseur. Quand elle était enfin arrivée au bout de l'escalier, Simon l'attendait sur le pas de la porte.

« C'est toujours compliqué la première montée, avait-il souri. Vas-y rentre, je t'en prie.

— T'es tout seul ? demanda Esmée en caressant l'épagneul breton qui était venu à elle.

— Non, y a mon frère dans sa chambre. Et mon chien du coup. Thelma. On peut se mettre ici, proposa-t-il en désignant la table de salle à manger. Ma chambre va pas être très pratique.

— Non, non. Très bien la salle à manger. »

Ils avaient bien travaillé puisqu'ils avaient fini leur exposé. Ou tout du moins, ils avaient fini leur partie. Et c'était déjà super bien. Pourtant au départ, c'était pas trop gagné parce qu'Esmée avait du mal à ne pas fixer Simon de façon un peu trop insistante. Elle le regardait et elle pensait aux bras d'Eduard autour d'elle qui pleurait quelques jours plus tôt. Elle se souvenait qu'elle était bien là où elle était même si elle ne ressentait pas la même chaleur dans le ventre, leurs peaux qui la brûlaient presque quand elles se touchaient et tout ce qui se passait dans son corps et sa tête quand Simon était dans les parages. C'était plus... Plus calme. Mais ça existait. Ça existait n'est-ce pas ?

Le frère de Simon n'était pas descendu de l'après-midi. Esmée avait juste entendu ses pas à l'étage et sa voix quand il avait crié un « Je vais prendre une douche ! ». Simon en avait rapidement déduit qu'il avait oublié qu'elle était là car il n'était pas trop le genre à gueuler son intimité à des inconnus. Ça avait fait sourire Esmée.

Simon s'était occupé de déposer le bilan de leur travail sur le dossier qu'ils partageaient avec les deux autres du groupe et avait proposé à Esmée quelque chose à manger ou boire parce que clairement, ils le méritaient. Au début, elle n'avait pas très faim alors elle avait juste pris quelque chose à boire mais il avait sorti la boîte de cookies... Alors elle en avait pris un. Peut-être même deux. À sa décharge, ils étaient presque aussi bons que ceux de Max. Presque. Elle allait piquer le troisième quand son téléphone avait vibré. Coupée dans son élan.

De EDUARD :
Tu bosses toujours chez Simon ?

De ESMÉE :
On vient de finir.

De EDUARD :
Je sors de la patinoire. On se rejoint en ville ?

« C'est qui ? demanda Simon en tentant de faire rentrer un morceau beaucoup trop grand de cookie dans sa bouche.

— Quelqu'un.

— Je le connais ?

— Pourquoi tu veux savoir ça ?

— Pour rien ! Je fais la conversation. C'est tout.

— C'est Eduard.

— Who... Vous vous lâchez plus. C'est fou. »

Elle n'arrivait pas à savoir s'il disait ça pour rire ou s'il disait ça avec une petite dose d'énervement.

« Bah... Euh... C'est sympa de se voir à d'autres occasions que nos cours de français.

— Bah oui. C'est sûr. »

Il semblait bien y avoir un souci. Esmée tenta de le sonder du regard, mais soyons honnête deux secondes, elle était nulle pour ça. Et comme elle était beaucoup trop timide pour poser la question directement et droit dans les yeux, elle ne le saurait probablement jamais. Du coup, elle avait repris son troisième cookie en dix minutes et ce coup-ci c'est le portable de Simon qui avait sonné :

« Comme on a fini, je... Je pense que je vais y aller, dit-elle alors qu'il regardait déjà son écran.

— Ta mère est en bas ?

— Je vais rejoindre Eduard en ville du coup.

— Okay ! Mais du coup Vi' me propose qu'on se voie. Pourquoi est-ce qu'on se retrouverait pas tous les quatre ? »

Esmée était déjà en train de ranger ses affaires dans son sac quand Simon avait lancé son idée. Elle l'avait fixé avec de grands yeux mais il ne l'avait pas remarqué parce qu'il ne décrochait pas de son téléphone, qu'il se balançait négligemment sur sa chaise avec le genou au niveau de la table. C'était une blague ?

« Esmée ? T'en dis quoi ? Vivian est partante. ... ... Et Eduard aussi.

— Bah si Vivian et Eduard sont partants... Faisons ça.

— Super ! Je vais prévenir mon frère. Je reviens. »

Super.

X+X+X+X+X

Ils étaient allés voir un film pourri. Pourtant Esmée n'était pas vraiment difficile, mais celui-ci était vraiment nul. Heureusement, la séance était enfin terminée et la nuit finissait de tomber sur la capitale. Esmée n'avait qu'une seule envie : rentrer chez elle. Et elle était certaine de ne pas être la seule ; car même si elle n'était pas très forte pour lire dans le regard des autres elle avait suffisamment de bases pour dire que cette sortie n'avait plu ni à Vivian, ni à Eduard, ni à elle d'ailleurs. Seul Simon semblait absolument ravi de cette situation.

« Vous voulez faire quoi maintenant ? »

Il fallait qu'elle trouve un moyen de partir d'ici.

De ESMÉE : 
Appelle moi.

De MAX :
Pourquoi ?

De ESMÉE : Appelle moi !!!!

Elle remercia la vie que sa sœur n'ait pas besoin de toujours tout comprendre à 100% pour rendre un service.

« C'est quoi le problème ? demanda-t-elle tout de même quand sa grande sœur décrocha.

— Oui. Okay. Je rentre tout de suite.

— Hein ?

— Je sais Max. Je me dépêche, promis.

— Tu fais ce que tu veux Mémé. Après, évidemment, tu en subis les conséquences. C'est Barbara qui t'a entraînée dans un plan foireux ?

— Dis aux parents que je suis là dans quinze minutes.

— Okay. Je leur dis. C'est Barbara ?

— Non. J'arrive.

— Okay. Oh ! Et tu veux manger quoi ?

— Comme tu veux. À toute. ... Je suis désolée il va falloir que j'y aille, mes parents veulent absolument que je rentre maintenant. Vraiment désolée.

— Tu remontes jusqu'aux ferrys ? demanda Eduard.

— Ouais. Mais j'en ai pas pour trop longtemps.

— Je peux te déposer en vélo si tu veux. Ça ira un peu plus vite.

— Oh... Euh...

— On peut tous remonter avec toi aussi, proposa Simon.

— Non, c'est pas la peine, assura Eduard à la place d'Esmée. Je vais la déposer. Okay ?

— Ouais ? fit Esmée pas trop sûre de la réponse que la majorité attendait d'elle.

— Parfait ! On se voit lundi au lycée, Simon, lança Eduard en passant son bras autour des épaules de la jeune fille. »

Du coin de l'œil, Esmée put voir Vivian tirer sur la main de son copain avant de lui tourner le visage pour l'embrasser. Elle s'était retournée pour suivre Eduard.

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