Chapitre 21
Chapitre Vingt-Et-Unième
Eduard et Esmée étaient arrivés chez Rianne quarante-cinq minutes après l'heure prévue. Ça avait un peu stressé Esmée parce que comme disait son grand-père : « après l'heure c'est plus l'heure » ; mais Eduard lui avait assuré qu'ils étaient piles à l'heure. Après leur arrivée, Esmée s'était rapidement dirigée vers la table qui avait été poussée contre la grande baie vitrée du loft. En fait, elle y était allée dès qu'elle avait remarqué qu'Eduard se dirigeait vers ses amis. Ceux qu'elle ne connaissait pas vraiment. Toutes sortes de bouteilles avaient été entreposées sur la table et elle était certaine de se trouver quelque chose à boire. Elle avait aperçu, du coin de l'œil, Vivian dans une large robe beige et Simon en simple jean et polo bleu marine, mais elle n'était pas allée dans leur direction. Pas encore le courage. Elle avait un peu hésité devant les bouteilles... Alcool ou sans alcool ? Alcool. Vin ou cocktail ? Cocktail. Mojito ? Mojito.
« Coucou. »
Elle avait sursauté et une partie de ce qu'elle se servait avait fini à côté du verre.
« Tu m'as fait peur, dit-elle sans regarder Simon pour autant.
— Tu devrais essayer le truc que Isaya a bidouillé, conseilla-t-il en épongeant ce qui était sur la table avec une serviette en papier qui trainait dans le coin. Le truc bleu là-bas. On dirait du Canard WC à la couleur, mais promis, c'est bon.
— Après.
— Tu fais toujours la tête.
— Non.
— C'était pas vraiment une question.
— Je ne fais pas la tête, assura-t-elle en le regardant droit dans les yeux.
— Ok. ... ... ... Et pourquoi t'es venue avec Eduard ?
— Je suis pas venue avec Eduard.
— Ah ouais ?
— Ouais. ... Et quand bien même. Je viens avec qui je veux, non ?
— Ah oui ! Evidement ! Tu fais ce que tu veux. »
Ce coup-ci, c'est Simon qui ne l'avait pas regardée dans les yeux. Il avait même un peu froncé les sourcils en attrapant la bouteille de vin blanc devant lui. Il en avait rempli un verre avant d'attraper une bouteille de bière qu'il décapsula rapidement.
« N'empêche que tu m'as pas dit au final...
— Je t'ai pas dit quoi ? demanda-t-elle en s'appuyant contre la table pour faire face à la grande pièce à vivre libérée de tout meuble.
— Si tu m'en voulais vraiment. »
Nœud dans le ventre. Premier de la soirée. Elle avait pris quelques gorgées en parcourant la pièce du regard. Technique numéro un pour ne pas avoir la voix qui tremble quand on nous pose une question : s'occuper l'esprit avec autre chose avant de répondre. Elle avait vu Rianne en train de présenter son copain à tout le monde en passant de groupe en groupe. Ça avait fait sourire Esmée parce que Rianne était fière comme un camion et comme Esmée aimait beaucoup Rianne, elle était fière elle aussi. Elle avait vu Vivian qui cherchait Simon et son verre de vin du regard. Elle avait vu Isaya hésitante devant les différentes pizzas de disponibles devant elle. Elle avait vu Ji dans un canapé et une guitare dans les mains, entouré d'un groupe de personnes. Elle avait vu Oswald montrer ses nouvelles baskets à qui voulait bien l'écouter et les voir. Et elle avait vu Eduard qui lui avait souri. Alors elle avait tourné la tête vers Simon qui attendait toujours sa réponse lui aussi adossé à la table derrière eux. Il l'interrogeait du regard.
« Non. Bien sûr que non. »
Même pas de voix qui tremble. Même pas de coup de chaud. Un vrai sourire sur les lèvres. Et en plus, il avait souri en retour.
« Merci. »
Esmée avait voulu rajouter un truc mais elle savait pas quoi. Et puis de toute façon, Rianne était arrivée avec son copain.
« Alors Simon, je te présente Rembrandt. Et voici Simon, le copain de Vivian. Et puis Esmée que tu connais déjà. »
Esmée avait souri poliment alors que les deux garçons se serraient la main. C'est à ce moment-là que Simon se senti obliger de préciser :
« Et est-ce que Rianne t'as présenté Oswald ?
— Non. Pas encore.
— C'est mon meilleur ami. Il faut que tu le rencontre. Vous allez vous adorer.
— Oui ! s'exclama Rianne avec un grand sourire. Alors qu'elle se retournait déjà à la recherche de son camarade de classe.
— Il est là-bas, désigna Simon.
— On se voit après, fit Rianne en s'éloignant de nouveau avec Rembrandt à son bras.
— C'est moche.
— C'est drôle, rectifia Simon.
— T'es un briseur de cœur.
— Pas du tout.
— Si. Mais tu t'en rends même pas compte. »
Et elle était partie. Nœud dans le ventre. Deuxième de la soirée.
X+X+X+X+X
Esmée était en train de faire la queue aux toilettes et elle avait actuellement un peu besoin du mur pour être sûre de ne pas sentir la Terre tourner sous ses pieds. Elle arrêtait l'alcool pour ce soir. Elle ne supportait pas l'idée de prendre le risque de ne pas se souvenir de ce qui allait se passer pour le reste de la soirée.
« Ça va Esmée ?
— Hein ?
— Tout va bien ? fit Simon en arrivant à côté d'elle.
— Oui. J'attends pour faire pipi. Y'a Isaya actuellement.
— Ok, sourit-il.
— Tu veux aussi aller aux toilettes ?
— Non. Je viens chercher nos affaires. Avec Vivian, on s'en va.
— Oh. D'accord. »
Nœud dans le ventre. Troisième de la soirée. Est-ce qu'il savait qu'elle savait ? Non. Les mecs ne peuvent pas imaginer tout ce que les filles peuvent se raconter. C'était sûr que non.
« Bonne soirée alors.
— Tu rentres dormir chez toi ?
— Euh... Ouais ? Non. Je sais pas encore.
— Appel un Uber si tu rentres, ok ? T'es pas en état de rentrer toute seule jusqu'à chez toi.
— Ouais.
— Je suis sérieux Esmée. T'es pas en état.
— Je suis pas bourrée.
— Non. Pas encore.
— T'inquiète pas pour moi. Ça va, assura Esmée alors qu'Isaya sortait enfin des toilettes. Rentrez bien. »
Et elle s'était enfermée dans les toilettes en quatrième vitesse. Elle avait rapidement entendu Simon et Isaya discuter derrière la porte mais elle avait décidé de ne pas faire attention.
X+X+X+X+X
C'est dans les bras d'Eduard qu'Esmée s'était mise à pleurer. C'était pas vraiment des pleurs, c'était juste qu'elle arrivait pas à arrêter les larmes de couler. Ça coulait littéralement tout seul. Elle avait resserré ses bras autour du coup d'Eduard et lui, avait resserré ses bras autour de sa taille. La musique c'était Got It In You du chanteur BANNERS. Elle ne savait pas très bien au juste à quel moment elle s'était sentie assez alcoolisée pour accepter qu'Eduard l'emmène danser et la prenne dans ses bras. En fait si, elle le savait - parce que ce n'était même pas une question d'alcool. La Terre ne tournait plus sous ses pieds. C'était quand elle avait vu Vivian et Simon partir main dans la main. Elle les avait aperçus par la fenêtre et sans qu'elle n'ose se l'avouer, elle avait ressenti une bonne dose de jalousie. Elle aurait aimé être elle. Et ça faisait sacrément mal. Nœud dans le ventre. Quatrième de la soirée.
Alors elle était allée rejoindre Eduard qui discutait avec des amis. Elle avait mis un petit sourire sans écouter ce qui se disait ; puis quand le groupe s'était peu à peu dissout, elle était restée assise à côté d'Eduard sur ce canapé blanc. « Tu viens danser ? » avait-il demandé en lui tendant la main. Et là, elle avait pensé à l'image de Vivian et Simon qu'elle venait de voir et elle avait dit oui. Deux minutes plus tard, elle pleurait.
Quand elle avait réouvert les yeux, elle avait vu Barbara. Elle ne savait même pas qu'elle avait prévu de venir. Mais elle la soupçonnait grandement à n'être venue que parce que Vivian était partie. Elle l'avait vue et lui avait fait un petite signe de tête.
Esmée avait essuyé ses yeux du revers de la main et s'était excusée auprès d'Eduard et était allée rejoindre son amie. Elles étaient allées dans la cuisine, et Barbara avait viré sans aucun remords le couple qui avait trouvé ici, un endroit tranquille. Ils avaient même refermé la porte en partant. Et Esmée était tombée dans les bras de son amie.
« Je suis fatiguée, avait-elle sangloté. »
Barbara n'avait rien dit et lui avait caressé les cheveux en balançant leurs deux corps lentement, longtemps et patiemment.
« Je te... Je te jure que... Que c'est tellement fatigant. ... C'est fatigant de... De tout enfouir et... ... De s'asseoir dessus. ... C'est vraiment horrible.
— On rentre ?
— Tu viens d'arriver, non ?
— On s'en fout de ça. On rentre. Allez viens.
— Je peux pas sortir dans cet état... Attends encore un peu alors. »
Elles avaient attendu un peu que les joues et les yeux d'Esmée se sèchent. Elle s'était passé un coup d'eau sur le visage et elle entendait d'ici Vicky hurler pour le maquillage qu'elle avait mis tant de temps à lui faire. Mais tant pis.
« Je vais juste dire au revoir à Rianne.
— Je t'attends à la porte. »
Esmée s'était faufilée entre les groupes pour retrouver l'hôte de la soirée. Elle lui glissa à l'oreille qu'elle se sentait fatiguée et qu'elle préférait rentrer maintenant. La pièce était sombre et Esmée s'était appliqué à avoir une voix posée, alors même si Rianne l'avait bien regardée pendant quelques secondes, elle n'avait rien vu. Elle l'avait prise dans ses bras en lui promettant de la rappeler dans la semaine pour qu'elles puissent se voir.
Pendant ce temps-là, Barbara attendait toujours Esmée à côté de la porte d'entrée. Elle se demandait si elle avait le temps de prendre une bière avant de partir puis elle s'était dit que si ses parents la voyaient rentrer avec une bouteille de bière, vide qui plus est, à la main elle allait passer un sale quart d'heure. Ça ne valait définitivement pas le coup. Elle fumerait la cigarette qu'elle s'autorisait en soirée et ça serait déjà bien.
« Tiens. C'est la veste d'Esmée. Histoire qu'elle ne parte pas sans.
— Merci, dit-elle en prenant la veste que lui tendait Eduard.
— Elle va bien ?
— Je crois qu'elle a un peu trop bu et... Elle est vraiment à fleur de peau quand elle est bourrée. Encore plus que d'habitude.
— Oh... Okay. Tu... Tu pourras lui demander si elle peut m'appeler demain ? Quand elle ira mieux... »
En entendant ça, Barbara n'arrivait qu'à ne se demander qu'une seule chose : pourquoi Esmée s'accrochait autant à Simon ? Sérieusement.
« Bien sûr. Je lui dirai.
— Merci. Rentrez bien.
— Bonne soirée Eduard. »
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