Chapitre 19
Chapitre Dix-Neuvième
Erasme adorait les vacances. C'était vraiment beaucoup trop cool les vacances. Déjà il avait sa mère et ses grandes sœurs rien que pour lui toute la journée. Son réveil ne sonnait plus le matin pour le réveiller. Quand il sortait du lit, Max avait déjà préparé un vrai petit-déjeuner. Et les petits-déjeuners de Max était vraiment trop bons, et encore meilleurs quand elle était là pour les manger avec lui ; alors même si Max n'était pas là le matin car elle était déjà partie au sport quand il se levait, Erasme appréciait le petit-déjeuner. Le deuxième point super cool était qu'il n'était pas obligé de prendre une douche avant midi, même s'il préférait quand même parce que comme disait Vicky : « C'est pas parce qu'on sort pas beaucoup de la maison qu'on est pas obligé de garder une hygiène. Donc à la douche le dernier ! ». Du coup, Erasme allait à la douche et Vicky avait raison c'était mieux de sentir bon. Dans l'après-midi, il avait le droit de regarder un film ou un dessin animé. Donc vraiment les vacances c'était vraiment beaucoup trop cool. Le seul petit nuage dans le ciel bleu des vacances d'Erasme était que pendant les vacances, il n'y avait pas de cours de danse. Alors il se contentait de danser dans le salon mais ça embêtait pas mal Vicky alors il évitait d'en faire
Ce mercredi-là s'annonçait même encore plus cool que les autres jours de la semaine parce que ce mercredi il allait au cinéma avec tous ses copains de la danse et sa grande sœur. Ils étaient partis après le déjeuner, leur père les avait accompagnés jusqu'au ferry ; Gifted au bout de la laisse qui les faisait s'arrêter approximativement tous les trois mètres.
« À cette allure-là, on va louper le ferry, avait soupiré Esmée en regardant encore une fois l'heure sur son téléphone.
— Ne nous attendez pas alors... répondit Martijn qui s'arrêtait une nouvelle fois à côté d'un lampadaire. »
Il ne fallait pas en dire plus à Esmée qui attrapa la main de son petit frère pour filer vers le port.
« Profitez bien ! cria Martijn à ses enfants qui s'éloignaient déjà.
— On aurait pu faire un bisou à Pa quand même...
— Tu lui en feras deux ce soir. Mais on va finir par louper le début du film, Erasme. »
Au final, ils avaient eu le bon bateau et ils étaient arrivés au cinéma une minute avant l'heure indiquée. En les voyant enfin, Simon avait adressé un signe de la main à Esmée avant de venir vers eux.
« Erasme, tu peux aller dire à Watse que tu es arrivé ? »
Le petit garçon avait filé non sans avoir vérifié que sa sœur était d'accord. Il n'était pas revenu. Rencontre surprise avec des copains oblige.
« Alors ces premiers jours de vacances ?
— Pas trop mal. Je profite au maximum de mon lit, j'arrive pas trop à quitter ses bras.
— Je fais un peu pareil. J'avoue. Je vais encore m'y prendre au dernier moment pour les devoirs mais tant pis. J'ai l'habitude. Au pire je demanderai à Oswald de me les filer.
— T'es ce genre de personne ?
— Carrément ! Et puis honnêtement, je préfère profiter du temps où je ne dors pas pour voir Vivian.
— Quand elle est libre.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Bah Eduard m'a dit qu'ils s'entrainaient beaucoup pour leurs prochaines compétitions.
— Tu lui donnes des cours de français pendant les vacances ?
— Oh non. Mais on parle pas que pour les cours de français, sourit Esmée amusée par la réflexion de Simon.
— Okay... ... C'est cool que vous vous entendiez bien au final.
— Comment ça au final ?
— Il m'a semblé comprendre que... Au début il ne voulait pas que ce soit toi pour l'aider en français. Enfin... J'ai peut-être mal compris...
— Quoi ?! Pourquoi ?
— Après le râteau que tu lui as mis l'année dernière faut le comprendre.
— C'est pas un râteau, j'ai juste pas voulu aller au bal de fin d'année avec lui. Et puis, comment t'es au courant de ça toi ?
— Tout le monde le sait. »
Là, Esmée prit quelques secondes pour accuser le coup. Comment tout le monde pouvait le savoir ? Eduard lui avait demandé ça au détour d'un couloir. C'était lors d'un inter-cours mais il n'y avait pas beaucoup de monde autour d'eux pour autant ; et ceux qui étaient là, n'avaient absolument pas fait attention à eux. Ou alors Esmée ne s'en souvenait pas... Elle ne l'avait dit qu'à Barbara, Rianne, Isaya et Vivian. Comment toute l'école pouvait-elle être au courant ?
« Pourquoi tu me dis ça ?
— Parce que tu me l'as demandé ? proposa le garçon.
— Non. Je t'ai rien demandé. Watse nous fait signe. Faut qu'on y aille. »
Esmée avait un tout petit peu bousculé Simon pour le dépasser. Il lui semblait qu'il l'avait appelée mais elle avait fait comme si de rien n'était. Il était marrant lui... Comment pouvait-il balancer ce genre d'information comme ça. Il était peut-être de ceux qui se fichent éperdument de ce que les autres peuvent penser d'eux ; de ceux qui ont bien compris que le ridicule ne pouvait pas tuer ; de ceux qui ont assez confiance en eux pour toujours prendre naturellement la place de devant. Simon était peut-être de ces gens-là. Mais pas elle. Non. Esmée, elle est de celles qui prennent très - trop - à cœur l'avis des autres sur elle. L'idée de passer pour celle qu'elle n'est pas, ne serait-ce qu'au regard d'une seule personne, lui est tout simplement insupportable. Elle est de celles qui ont besoin d'être rassurée sans jamais rien oser demander parce qu'elle est de celle qui ne veulent pas déranger. Elle est de celles qui ne veut pas être invisible mais qui le deviennent. Esmée, elle est la copine de Vivian. Elle est la copine de Barbara. Et visiblement elle est aussi celle qui a refusé les avances d'Eduard alors qu'elle avait juste eut peur.
Elle avait eu tellement peur quand Eduard l'avait arrêtée dans ce couloir. Ses souvenirs sont probablement déformés car elle se souvient avoir été toute petite face à Eduard qui lui paraissait si grand - beaucoup plus grand que ce qu'il est réellement. Elle n'arrivait pas à vraiment se souvenir des traits précis de son visage, elle ne souvenait clairement que du tatouage sur sa main. Une rose entre son pouce et son index. Elle ne souvenait pas non plus de ce qu'il lui avait dit, en tout cas, elle ne se souvenait pas clairement des mots qu'il avait employés. Par contre elle se souvenait qu'elle avait répondu quelque chose du genre : « Je suis pas sûre que ce soit une bonne idée... Euh... Ouais... Non. Désolée, mais non. ». Elle avait dit non parce qu'il l'avait prise par surprise, et parce qu'elle n'aimait pas vraiment ce genre de surprise. Parce que quand elle est surprise, elle fuit. Ce qui n'est pas le plus courageux, elle le condensait volontiers mais cela reste, à son humble avis, le plus sûr. Elle avait dit non parce qu'elle avait eu peur, parce qu'elle avait été terrorisée, qu'elle avait oublié de respirer et qu'elle avait sentit son visage rougir. Elle avait eu peur parce qu'elle ne savait pas faire tout ça, parce qu'elle n'était de ce genre de personne qui vont accompagner à un bal. Elle n'était pas de celles-ci.
X+X+X+X+X
Dans la salle, les plus grands s'étaient répartis au milieu des petits. Erasme avait décidé de se mettre à l'opposé de sa sœur, et le plus près possible du pot de pop-corn. Evidement à la fin, il ne restait qu'une place à côté d'elle. Simon lui avait demandé s'il pouvait s'asseoir à côté d'elle. Elle avait juste hoché la tête ; il avait pris place à sa droite ; elle avait fait basculer ses cheveux vers la droite pour cacher le visage de Simon avec.
« J'ai pris des Malthazers si t'en veux. »
Elle avait secoué la tête. Hors de question. Il avait un tout petit peu insisté en faisant apparaître le paquet rouge dans son champ de vision. Elle n'avait pas bougé et les lumières s'étaient éteintes.
« Dommage... avait dit Simon en ramenant son paquet vers lui. Tu sais pas ce que tu loupes... »
Le film avait commencé. Esmée avait tenu cinquante-huit minutes avant de laisser la première des larmes couler, et elle était persuadée d'avoir établi un nouveau record personnel. D'ailleurs elles coulaient toujours quand les lumières s'étaient rallumées.
« Tu pleures ?
— Non.
— T'as quand même vachement de larmes sur les joues pour quelqu'un qui ne pleure pas, avait faire remarquer Simon en lui tendant un mouchoir alors qu'Esmée le remerciait du bout des lèvres. Toujours pas de Mathazer ? Il en reste deux. »
Esmée avait enfin tourné son regard vers Simon. C'est comme ça qu'elle remarqua un autre mouchoir dans ses mains et ses yeux rouges. À la différence qu'elle était persuadée que Simon avait pleuré à cause du film alors qu'elle, elle ne savait pas encore. Si les premières avaient été dues au film, les suivantes étaient probablement celles qu'elle avait retenues tout à l'heure.
« Toi aussi t'as pleuré, fit-elle remarquer.
— Evidemment. Tu connais un dessin animé plus triste que Là-Haut ?
— Non.
— Moi non plus. Il n'en reste plus qu'un... »
Elle avait pris Simon de vitesse et avait plongé sa main dans le petit sachet en plastique. Le dernier était pour elle.
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