Chapitre 17
Chapitre Dix-Septième
Sans rien demander à personne, Barbara avait attrapé l'ordinateur qui chargeait paisiblement sur la commode dans la chambre de son amie d'enfance.
« Faut tout faire soi-même quand même... soupira-t-elle en reprenant place dans le lit.
— Arrête... T'es pas sérieuse ?
— C'est quoi ton mot de passe ? ... ... Non. Ne dis rien. ... « Simon »... Ça marche pas ? ... ... Ah non, t'es maligne toi, t'as mis Mudler. Un poil plus compliqué. Bon alors... Facebook. ... Instagram. ... Google. ... On est fin prêtes pour une séance de stalkage dans les règles de l'art.
— Tu viens d'inventer ce mot. Tu le sais, ça ?
— Elle ne met jamais de photos d'elle avec son partenaire sur son compte Insta ? Ceci dit, logique. Son égo occupe trop la photo pour laisser la place à une autre âme vivante. Regarde-moi ça... Moi, moi, moi, moi. Exaspérant.
— Pas du tout. Regarde là. Neuvième photo. Elle est avec une fille.
— Julia de Vries. Connais pas. Bon c'est pas elle qui nous intéresse. »
Evidement, Barbara avait continué sa recherche de l'inconnu partenaire de Vivian. Elle voulait savoir qui c'était. Et ce, avant le dîner. Ne trouvant absolument aucune information sur Facebook, elle avait très rapidement orienté sa recherche sur Instagram. Et d'identification en identification, elle était remontée au compte de son club de patinage. Le dernier post servait à présenter les couples qui participeraient à la compétition du dimanche même. Vivian faisait partir des photos avec un garçon dont le visage lui disait clairement quelque chose.
« On l'a déjà vu quelque part lui, non ? »
Esmée, qui n'approuvait en rien l'enquête de son amie, avait tout de même décroché de son téléphone pour ne pas fixer l'écran de son propre ordinateur. Oui. Elles l'avaient déjà vu quelque part, mais hors de question que Barbara se souvienne d'où. Elle n'allait plus la lâcher.
« Il est au lycée avec nous... tenta Esmée un peu désespérément. On l'a déjà croisé dans les couloirs.
— Mmmh... Pas ailleurs ?
— Non. »
Esmée aurait dû savoir qu'un « non » aussi clair et assuré soit-il ne suffirait pas. Elle avait farfouillé encore quelques secondes sur plusieurs pages web avant de s'exclamer :
« Mais si ! Eduard Rotterveel ! C'est le mec qui t'avait demandé de venir avec lui au bal de fin d'année en juin dernier.
— Non. Pas du tout.
— Si. C'est le mec qui t'avait demandé mais à qui t'avais dit non.
— Non.
— Si.
— J'avais pas dit non !
— Ah ouais ?
— J'avais dit que c'était pas une bonne idée. On se connaissait pas. ... Et on se connaît toujours pas d'ailleurs.
— Bah c'est formidable. Parce qu'avec les cours que tu vas lui donner tu vas le connaître. Et j'en connais une qui va avoir un charmant cavalier pour le bal de cette année, conclut Barbara en refermant l'ordinateur de son amie.
— Mes parents voudront jamais.
— Tu veux pas arrêter de rejeter la faute sur les autres ? Sérieux Mémé ! Bouge toi un peu ! T'auras qu'à oublier Simon avec ton patineur.
— Je suis pas ce genre de personne.
— Qu'est-ce que t'en sais ? T'as jamais essayé, fit remarquer Barbara.
— Je le sais. C'est tout.
— Non tu sais pas. Donc tu vas me faire le plaisir d'accepter de donner des cours de français à cette personne. Et tu vas commencer à t'ouvrir plus sur le monde. Ça va te faire du bien. Ok ? »
Esmée avait regardé Barbra avec une petite moue. Ça avait l'air tellement simple dans la bouche de Barbara. Pour elle, il suffisait qu'elle s'intéresse à quelqu'un d'autre pour que Simon se gomme de son esprit. Mais Esmée savait que ça ne serait pas aussi simple, que ce n'était pas aussi simple. Comme l'avait dit Rika : on n'a qu'une seule âme sœur.
« Ok ? répéta Barbara.
— Ok. »
X+X+X+X+X
Quand Rika, Louis et les filles étaient partis après le dîner la table était déjà débarrassée et le lave-vaisselle avait déjà fait une première tournée. Martijn avait demandé à ce qu'il soit vidé avant que tout le monde aille se coucher. Alors Esmée s'y était mise vu que les trois énergumènes qui lui servaient de frère et sœurs étaient rapidement montés se coucher. Sa mère l'avait rejointe après être rentrée du ferry avec Gifted.
« Pourquoi il faut toujours attendre que Louis vienne à la maison pour sortir les histoires d'avant et les photos dossiers ? avait malicieusement demandé Esmée à sa mère en lui tendant une tasse encore humide pour qu'elle puisse l'essuyer. »
C'est un peu après le dessert que Louis s'était mis à raconter la première rentrée de Barbara et Esmée. Pour qui et pour quoi personne n'en n'avait eu aucune idée mais Lika et Erasme avaient absolument voulu savoir, il n'en n'avait pas fallu plus Louis.
« Elles avaient genre... Quatre ans ? C'était hier quoi... Donc Martijn et moi, on vous a déposé dans la classe. Vous étiez collées l'une à l'autre. Littéralement. Vous étiez restée là, à juger un peu tout le monde. Martijn arrêtait pas de dire qu'il fallait qu'on aille vous montrer comment jouer pour que vous n'ayez plus peur. Mais au bout de quelques minutes, Barbara a attrapé la main de Mémé vous êtes parties jouer avec un mec.
— Louis à direct dit que c'était un petit con, s'était rappelé Martijn en se prenant un coup de serviette de la part de Magda.
— Je suis sûr qu'il l'était. Toujours est-il que la maîtresse nous a fait comprendre qu'il fallait qu'on y aille. On est parti dans le couloir. On a attendu un peu...
— Vous avez attendu quoi ? avait demandé Vicky qui prêtait grande attention à cette nouvelle histoire sur ses parents.
— Il attendait d'entendre les pleurs de sa fille, expliqua Martijn. Mais y a rien eu donc on est parti et c'est en débarquant sur le trottoir en face de l'école qu'on s'est rendu compte qu'on pleurait tous les deux.
— Que JE me suis rendu compte que TU pleurais.
— Pas du tout.
— Y a une photo quelque part dans tous ces albums, que tu es le seul sur Terre à encore t'obstiner à faire, qui prouve ce que je raconte ! »
Erasme avait voulu voir. Martijn avait dit non. Magda avait dit qu'elle retrouverait ça ce week-end. Ça avait fait rire tout le monde.
« Je suis sûre que si Louis pleurait aussi, Pa aurait pris une photo, fit remarquer Esmée à sa mère en refermant le placard des assiettes.
— Peut-être qu'il était trop occupé à sécher ses larmes ? proposa Magda en attrapant le panier des couverts. Et sinon... On en parle ou pas ?
— Euh... Non. »
Esmée voyait très bien de quoi sa mère voulait parler mais elle avait décrété que ce n'était pas encore le bon moment pour demander à ses parents. Alors même si Barbara avait gentiment attendu la fin du repas pour mentionner l'air de rien cette idée de cours de français ; et même si Max avait renchéri avec « C'est une super idée ça ! » qui sonnait extraordinairement faux, Esmée n'allait pas rebondir dessus. Ce qui n'était pas de l'avis de sa mère.
« Donc on parle pas de cette histoire de cours de français ?
— Barbara t'en as reparlé en allant au ferry ?
— Un peu.
— Bon bah, je suis sûre qu'elle a tout dit déjà... C'est juste Vivian qui a m'a dit qu'un de ses amis avait des galères en français donc elle a gentiment pensé à moi.
— T'as refusé ?
— J'ai pas répondu encore. Je suis punie, je te rappelle.
— Tu peux toujours développer... Pour quand ta punition sera levée.
— Ça sera trop tard. C'est maintenant qu'il en a besoin... Alors forcément, moi... Je m'étais dit que ça serait pas mal pour mon dossier scolaire et pour la faculté. Forcément... Mais... C'est pas grave.
— Calimero, se moqua gentiment Magda en lançant le torchon qu'elle avait dans les mains sur sa fille. Je vais en parler à ton père. »
Esmée avait souri et avait embrassé sa mère avant de se diriger vers l'escalier. « Le lave-vaisselle est vidé si ça intéresse quelqu'un ! » avait-elle crié avant d'entrer dans sa chambre.
De BARBARA :
J'ai remis une petite couche avec ta mère.
De ESMÉE :
Ah ouais ?
Elle m'en a PAS DU TOUT reparlé !
De BARBARA :
Super !
Elle a dit oui ?
De ESMÉE :
Elle va en parler avec mon père.
De BARBARA :
Parfait !
C'est pas pour me vanter mais quand même : je suis vraiment trop forte.
De ESMÉE :
...
Bonne nuit !
X+X+X+X+X
Martijn était assis sur le vieux rocking-chair de Magda, il avait trouvé sa place dans un des angles de la chambre, celui à partir du quel il y avait une vue sur toute la pièce. Martijn était donc aussi là, avec son ordinateur sur les genoux quand Magda était arrivée dans leur chambre. Il semblait travailler et ne cessait de replacer la mèche de cheveux qui lui tombait constamment sur le front.
« Faut que tu prennes rendez-vous chez le coiffeur.
— J'ai l'impression d'aller constamment chez le coiffeur.
— C'est parce que tu y vas constamment, répondit Magda en ouvrant les portes de leur dressing pour se changer. Euh... Sinon...
— Oui ?
— Mémé m'a reparlé de cette histoire de cours de français, en vidant le lave-vaisselle.
— Ouais ?
— Je pense que ça serait bien qu'elle le fasse.
— Bah qu'elle le fasse, répondit Martijn sans lever les yeux de son ordinateur. C'est très bien.
— T'es sérieux là ? fit Magda en se plantant devant son mari.
— Bah quoi ?
— Marty ! »
Ce dernier releva les yeux vers sa femme avec son traditionnel sourire sur les lèvres.
« T'es très sexy dans ce t-shirt.
— Change pas de sujet, Marty. Elle ne veut pas parce que tu l'as punie. Depuis presque deux semaines maintenant. Je tiens les comptes.
— Donc c'est à moi de prendre une décision là ?
— Oui. Tout à fait.
— Je vais réfléchir cette nuit.
— Viens te coucher alors...
— Je finis ce mail avant. J'ai pas eu le temps avant de partir de la galerie. »
À peine avait-il finit sa phrase que Magdalena s'était occupée elle-même de fermer l'ordinateur de son mari.
« Magdaaa... »
La dernière syllabe s'était perdue dans leur baiser.
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