Chapitre 10
Chapitre Dixième
Erasme avait pleuré ce soir-là. Une bonne grosse crise de larmes. Et quand son fils était dans cet état-là Martijn détestait partir. Mais comme avait dit Magda : « Il a ses trois grandes sœurs pour prendre soin de lui, et si on continue comme ça, on va être en retard chez Harry. ». Alors Martijn avait fait un gros câlin à son petit garçon et l'avait laissé dans les bras d'Esmée. Esmée qui lui proposait plein de trucs super cool à faire comme regarder Aladdin sous une tonne de couvertures et d'oreillers, ou choisir le jeu de société et Vicky serait obligée de jouer avec eux, et en plus il pouvait choisir ce que Max allait faire à manger - et si ce n'était pas dans le frigo, ils commanderaient. Mais Erasme se contentait de dire non de la tête à toutes les propositions de sa sœur. Rien n'allait réussir à le consoler, il allait quand même louper le dernier cours de danse de l'année. Il s'en fichait pas mal de l'avion pour aller voir ses grands-parents et ses cousins, cousines. Il voulait juste aller danser.
C'est une fois qu'il engageait la voiture sur l'autoroute que Martijn avait vraiment voulu faire demi-tour.
« Non mais Marty. C'est l'anniversaire de Laura. On va pas faire demi-tour et louper le dîner du mois, parce que Erasme trouve trop triste de louper le dernier cours de danse.
— Il avait l'air super triste quand même.
— Bien sûr qu'il avait l'air super triste mais, t'inquiète pas une fois dans l'avion la semaine prochaine, il sera plus triste du tout. Tu connais ton fils, c'est un grand sentimental.
— Comme son père. »
Magda avait ri et la voiture avait continué sa route vers le Sud de la ville. Ils avaient rendez-vous chez Harry.
Quand Harry était revenu s'installer aux Pays-Bas, il avait acheté une nouvelle maison pour lui, Maya et Ina. Il en avait trouvé une charmante, que Laura détestait, sur le bord de l'Amstel. Elle était un peu éloignée de la ville et demandait à Harry de faire un peu de route pour aller jusqu'à la faculté ; mais cette maison avait le grand avantage de pouvoir loger tout le monde dans sa salle à manger, au contraire de l'appartement de Laura.
Ils avaient fini par arriver. Louis et Rika n'étaient toujours pas là. Comme d'habitude. Il restait quatre place autour de la table. Magda et Martijn avaient pris d'assaut les deux places côte à côte entre Jan et Erda. En arrivant Louis avait râlé en remarquant que personne ne leur avait laissé deux places côte à côte ; ils avaient tous répondu qu'il n'avait qu'à être à l'heure. Le dîner avait commencé dans la bonne humeur.
« En tout cas profitez bien de ce Noël parce que c'est clairement le dernier qu'on passe ici.
— C'est-à-dire ? s'étonna Rika qui adorait clairement cette maison.
— Harry veut vendre !
— Et ça ne te plaît pas, devina facilement Louis alors qu'Harry à sa droite hochait la tête avec une petite moue.
— Ça ne lui plaît pas du tout, confirma-t-il. Alors que... Maintenant qu'Ina est partie en septembre... cette maison sans les filles, c'est trop bizarre et trop grand.
— Vous achetez enfin ensemble alors ? s'enthousiasma Alex à l'autre bout de la table. »
Laura n'avait même pas pris la peine de répondre, Harry avait dit quelque chose du genre « il faut qu'on y réfléchisse » avec un sourire qui voulait clairement dire « non ». Laura était allée chercher le plat pour couper court à la discussion. Elle avait espéré que ses amis se rangeraient de son côté mais c'était sans compter sur Louis, Staas et Eleanor qui trouvaient que c'était une merveilleuse idée de déménager. Le début du reste de leur vie, ou une autre connerie du genre. Ils discutaient déjà des maisons qu'Harry avait remarquées ces derniers jours dans des agences. Amis en carton-pâte.
X+X+X+X+X
Esmée et Max avaient enfin réussi à calmer Erasme. Elles avaient négocié l'empactation des cadeaux de Noël. Il adorait et ça tombait bien, Esmée aussi. Alors ils avaient mangé tous les quatre devant la télévision. Max avait embauché Erasme pour faire des wraps à la tartiflette. Leur mère allait adorer : ça sentait le fromage dans toute la maison. Il allait falloir attendre quelques jours pour pouvoir se débarrasser de l'odeur. Pour le programme à l'écran, Erasme avait choisi un dessin animé. Vicky avait soupiré mais n'empêche qu'elle était restée avec eux. Et une fois la princesse sauvée, ils étaient montés chercher les cadeaux pour leurs parents, leurs cousins et cousines, leurs oncles et tantes, leurs grands-parents. Il y en avait tellement qu'il était parfois difficile de savoir quoi était pour qui. Erasme, qui ne maniait pas toujours les ciseaux avec une très grande prudence, était préposé à écrire sur les étiquettes pendant qu'Esmée découpait les morceaux de Scotch pour sa sœur Max qui elle, emballait les cadeaux dans du papier-journal avec beaucoup de soin. Vicky était restée sur le canapé et les regardait d'un œil.
« Y a un E à la fin de Charlie, précisa Esmée à son petit frère qui récupéra son feutre violet le plus foncé pour corriger son erreur.
— Mais... Mémé ?
— Oui ?
— Pourquoi Charlie on l'appelle Charlie ?
— C'est-à-dire ?
— Bah une fois, quand on était en France avec tout le monde, j'ai entendu Granny se fâcher contre lui et elle l'appelait Charles. Pourquoi nous on l'appelle pas Charles ?
— Parce que nous, on l'aime bien Charlie, expliqua simplement Max toujours aussi concentrée sur ses paquets. Scotch Mémé.
— Granny, elle l'aime pas ?
— Si. Si ! Bien sûr que si elle l'aime. Trois quart du temps. Par exemple, quand il oublie de ramener des sacs pour le caca du chien de la balade, là... Elle s'énerve un peu. Et elle l'appelle Charles.
— Ah. D'accord. Donc il faut l'appeler Charles quand on est énervé contre lui.
— Exactement !
— Ok. Il est pour qui celui-là ?
— Céraphine. Les trois sont pour elle.
— C'est P-H, Erasme. C'est pas un F.
— Mais ça fait le même son...
— Oui. Mais c'est pas comme ça que ça s'écrit. Reprend une étiquette.
— C'est bizarre quand même, se plaint Erasme en attrapant l'étiquette que lui tendait sa sœur.
— De toute façon, on a tous des prénoms chelous dans cette famille, fit remarquer Vicky toujours avachie dans le canapé. S'il vous plait... Maxellende, Victorinne, Céraphine, Ambroise,... Ils avaient fumé nos parents. C'est sûr. Ça existe même pas ces prénoms !
— Tu veux pas venir aider Erasme à attacher les étiquettes au lieu de grogner toute seule.
— Pour avoir de l'encre partout sur les mains ? Non.
— C'est moi qui ai l'encre sur les mains, fit remarquer Max.
— Bah quand même.
— Steuplaît Vicky... J'y arrive pas tout seul.
— Si. T'y arrives très bien tout seul. T'es grand maintenant. Tu sais que le Père-Noël, c'est Pa et maman. C'est que t'es grand.
— Et pourquoi Pa et maman, ils m'ont toujours menti ? Et vous aussi d'ailleurs ?
— Ils t'ont pas menti Erasme, commença Esmée alors que Vicky se relevait du canapé pour voir comment allait se dépatouiller sa sœur. C'est juste que... Le Père-Noël, il existe que pour ceux qui y croient. »
Le petit dernier de la famille avait fixé sa sœur en penchant la tête. Il commençait à réfléchir, c'était pas bon signe.
« Il est pour Annabeth celui-ci, fit Max en faisant glisser un nouveau paquet vers son frère lui évitant ainsi de trop réfléchir. E-T-H à la fin.
— Mais j'ai pas fini celui de Céraphine...
— Rholala, vous êtes vraiment pas doués, soupira Vicky en escaladant le dossier du canapé. Faut tout faire dans cette maison. Sans déconner, ils viennent d'où tous ces journaux ?
— Pa les as ramenés de la galerie, explique Esmée en déchirant de nouveau bout de Scotch pour Max.
— T'es sûre que tu veux pas un peu d'encre ? demanda Maxellende en approchant ses mains du visage de sa jumelle.
— Ne t'avise même pas de faire ça, prévint Vicky en tenant sa sœur à distance d'elle. Je te jure, Max. Arrête ça tout de suite.
— Sinon quoi ?
— Ne le fais pas. C'est tout. »
Max avait dû dépasser la limite de sécurité car Vicky avait hurlé - littéralement - et s'était mise à courir dans la maison, sa jumelle sur les talons. Gifted qui dormait dans un coin, s'était soudainement réveillé et se dit que prendre part à la course-poursuite dans la maison était une bonne idée.
« Elles sont trop bêtes, avait soupiré Erasme en s'appliquant pour joliment écrire le nom de sa tante sur l'étiquette qu'il avait dans les mains. »
Esmée, elle, ça la faisait rire. Les filles avaient fini par se calmer... Enfin, plus exactement, Max avait fini par coincer sa jumelle dans la buanderie et lui avait appliqué ses mains sur le visage. Elles étaient revenues vers eux, Max en souriant, Vicky en râlant et tentant de s'essuyer le visage ce qui ne faisait qu'aggraver la situation. Evidemment. Elles s'étaient rassises, il avait fallu calmer Gifted avant de pouvoir reprendre leur tâche de la soirée. Vicky s'était installée entre Esmée et Erasme et était préposée à l'accrochage de chaque étiquette sur chaque paquet.
« On est d'accord que tu as à peu près le même rôle que Charlie le jour de Noël, lança Vicky à son aînée.
— C'est-à-dire ?
— C'est-à-dire que tu fous rien.
— Je supervise.
— Donc c'est bien ce que je dis. Le même rôle que Charlie. »
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