Chapitre 7

La pluie avait sauté sur l'occasion et me prenait pour cible, étant l'unique silhouette à arpenter les rues. Le ciel pleurait si fort sa détresse que les perles roulant sur ma peau auraient pu me laisser des milliers de marques rouges. En ce début d'après-midi, le vent se mêlait à ce combat automnal, et pour contrer son attaque je rabattais plus fort contre ma poitrine les pans de ma veste. Je m'insultais d'avoir oublié mon parapluie sur la table à manger, l'esprit trop en vrac pour penser à autre chose qu'à mon lit douillet.

En effet, ma nuit m'avait quelque peu reposé, ce n'était pas la meilleure que j'eus passé mais elle m'avait permis de ne pas débarquer à l'ARCANUM décoré de cernes tirant vers le violet. L'orage qui avait grondé en pleine nuit m'avait gardé éveillé, ou peut-être que je confondais avec celui qui avait rugi dans mes pensées. La foudre de mon esprit avait frappé de plein fouet l'image du carton qui ne voulait plus me quitter.

Et du foutu prénom qui le décorait.

Je m'agaçais de faire une fixette sur une pauvre boîte que j'avais malencontreusement frappée du pied. Néanmoins, je ne pouvais m'empêcher de croire qu'elle n'était pas posée là par hasard, puisque depuis mon arrivée ici, tout me ramenait toujours à lui. Tout le temps. Il avait le dernier mot. Tout le temps. Il gagnait, tout le temps.

Cette idée me répugnait autant qu'elle m'enrageait.

Mais j'étais celui qui se ruait vers le loup, puisqu'au loin, malgré le vent qui faisait pleurer mes yeux et les larmes du ciel gris me brouillant la vue, je parvins à repérer la devanture de l'ARCANUM et ses lettres argentées.

Un soupir las s'échappa d'entre mes lèvres pour se mêler au souffle hurlant dehors. Je n'étais pas encore entré mais je pouvais déjà sentir l'odeur d'encre flotter dans l'air, dansant avec les notes de blues rock et le son des machines à tatouer qui gravaient des peaux à tout jamais.

J'accélérai dans la ruelle, mes paumes plongeant plus profondément dans mes poches, s'acharnant à attraper la moindre source de chaleur qu'elles puissent y trouver. Néanmoins, mes doigts s'extirpèrent à contrecoeur de leur cachette pour pousser la poignée de l'ARCANUM où je pénétrai enfin.

Mes joues et mes oreilles hurlèrent au bonheur quand l'air chaud de l'intérieur les enveloppa, et je roulai mes épaules, rouillées par le froid pendant que ma main s'insinua entre mes mèches rouges, y posant un semblant d'ordre après leur défaite par KO contre la force du vent.

Mes yeux coururent du canapé au comptoir, s'attardant même sur le couloir, tentant d'attraper la moindre silhouette qui pouvait s'y pavaner, mais j'étais bel et bien la seule âme à errer dans l'entrée. Pourtant, je pouvais sentir des yeux me transpercer, ses yeux me transpercer. Sa présence était ancrée dans les murs du salon, et son parfum avait élu domicile au creux de mes narines. Je secouai la tête, espérant que mes pensées parasites s'écroulent sous le tumulte infligé. Mais les frissons avaient résisté aux secousses, traçant une ligne glaciale le long de ma colonne pendant que mes semelles frottaient le paillasson. Pourtant la porte était fermée derrière moi, je n'avais pas froid, ma veste était encore sur mon dos. Il s'agissait seulement de l'ombre glissant sur le sol, engloutissant la mienne, bloquée au seuil du salon.

Et avant même que je n'ose trouver son visage, je sus que c'était lui.

Que Sunghoon était là.

Par pur réflexe mes yeux bousculèrent les siens, nos regards s'attrapant, se jaugeant, se défiant. J'étais certain d'avoir vu une lueur de surprise éclairer ses yeux ambrés, mais elle fut aussitôt avalée par un froid qui me gela plus que d'accoutumée.

Ma langue poussa l'intérieur de ma joue à l'instant où mes prunelles furent aimantées par son cou. Le col rond de son t-shirt blanc faisait ressortir que plus encore l'encre noire qui lui servait de collier. Il savait comment attirer les regards.

Et je n'eus même pas le temps de cligner des yeux pour enregistrer cette image de lui dans la galerie de mon esprit que son manteau cacha ses épaules et les dessins sur ses bras.

— Tu t'en vas déjà ? demandai-je en retrouvant ses prunelles.

En fait... J'en ai strictement rien à foutre.

Sunghoon boutonna son manteau gris, un poil plus foncé que ses mèches qui cachaient ses prunelles. Chaque clic résonnait dans mes oreilles, effaçant la pluie battante dehors. Sa mâchoire se serra, peut-être que sa gorge en fit autant vu la manière dont sa salive roulait contre sa pomme d'Adam. 

Et ce fut comme si le monde s'arrêtait, ou peut-être qu'il ne s'agissait que de mon coeur, lorsque ses doigts s'immobilisèrent et que son regard happa ma présence entière.

Pris en flagrant délit, mes prunelles bondirent de sa silhouette jusqu'à l'horloge sur le mur, s'accrochant désespérément aux aiguilles enfermées dans le cadran. Les secondes s'écoulaient dans une lenteur atroce, comme s'il manipulait le temps, comme si Sunghoon avait cliqué sur pause pour faire durer l'instant.

Je clignai des yeux, 13H30 s'affichait. Mon premier client de la journée n'allait plus tarder.

Encore un qu'il m'avait dégoté et inscrit sur ce fameux bout de papier.

J'expirai faiblement, pour virer ma fierté se baladant dans mes poumons, et c'est maintenant que je réalisai que son silence m'agaçait plus que n'importe lequel de ses mots malicieux.

— Merci pour la dernière fois, tu sais, les clients que tu m'as envoyé.

Mes mots me brûlaient la langue, m'écorchaient les cordes vocales qui auraient pu se briser sous les paroles que j'osais prononcer. Je n'étais même pas certain que Sunghoon me comprenne, je parlais si vite que j'aurais pu faire jalouser le plus performant des rappeurs.

— Et désolé du coup... D'avoir déchiré le papier, terminai-je, quasi à bout de souffle.

Heureusement pour moi, mes joues ne rougissaient pas, mes doigts ne tremblaient pas, et mes yeux étaient ancrés dans les siens.

Je m'attendais à tomber sur un rictus en me promenant sur les traits de son visage, mais la surprise avait sauté de ses yeux aux miens lorsque je constatai que pas même l'ombre d'un sourire n'effleurait ses lèvres.

Et la seule réponse que Sunghoon m'offrit fut un geste subtile du menton juste après qu'il ait accueilli mes mots et ouvert son parapluie au milieu du tattoo shop. De toute manière, je ne m'attendais pas un "merci" mais plutôt à une réplique bien lancée comme il m'avait habitué, j'étais presque vexé de ne pas mériter le son de sa voix pour me demander de dégager le passage, alors je croisai les bras, mes semelles ancrées dans le paillasson.

Et encore une fois, Sunghoon ne cilla pas.

Son visage était fermé à double tour et je n'avais pas la moindre idée d'où pouvait être la clé.

C'était comme si, à ses yeux, je n'étais qu'un détail parmi toutes les décorations de l'ARCANUM.

Alors, comme si je n'étais qu'une infime poussière dont il pouvait se débarrasser, Sunghoon me poussa sur le côté. Ce ne fut pas violent, pourtant j'étais blessé. Blessé de n'avoir mérité que son mépris, alors qu'il s'extirpait hors du salon. Mes pieds s'emmêlèrent sur le paillasson mais je me retournai à la volée, accueillant ma fierté revenant au galop, aussi vite qu'un film que l'on choisissait d'accélérer.

— Va te faire foutre, grommelai-je entre mes dents.

Sunghoon se figea sans plus de réaction. La porte était grande ouverte, ses doigts agrippèrent la poignée argentée qui aurait pu hurler sous la pression infligée. Le vent s'invita aussi au rendez-vous, chamboulant mes mèches et raidissant mes os. Et si je crus d'abord que Sunghoon n'avait pas entendu mes mots, la véritable raison se rua à mon cerveau lorsque je remarquai Niki, adossé contre la façade du salon. Mes prunelles s'échouèrent sur sa silhouette élancée mais furent vite captées par le bout rougeoyant de sa cigarette qu'il écrasa sous sa botte.

Je ne savais pas si c'était la cigarette mourante sous son pied où la façon dont il fit craquer ses doigts qui me retint le plus. Pendant un instant, mon envie d'hurler sur Sunghoon s'évapora, englouti par Niki et son aura. Je retrouvai ses cheveux humides, collant son front d'où perlait une gouttelette de pluie qu'il ignora superbement. Elle ruisselait sur sa tempe pour continuer sa course sur la peau pâle de sa joue.

Sunghoon, lui, toujours dans l'encadrement de la porte, le jaugeait de la pointe de ses bottes jusqu'aux abysses qu'enfermaient ses prunelles.

— Toujours aussi théâtral, lâcha une voix basse et rauque.

Le cendré inclina son parapluie avec délicatesse, la pluie atteignait enfin les grains de beauté parsemés sur son visage, et comme s'il était un objectif qu'il rêvait d'atteindre, le Ciel gronda plus fort encore. Et Sunghoon accueillit les mots de Niki avec un fugace rictus sur le coin des lèvres.

Ce rictus qu'il n'avait pas daigné m'accorder.

— Il n'a pas encore vu le clou du spectacle.

Même si son regard ne me visait pas, j'étais certain que chacun de ses mots étaient braqués sur moi.

Malgré mes vaines tentatives de lire au travers des flammes qui avivaient leur regard, je n'y voyais que des cendres. Un passé effacé, impossible à déchiffrer, me contraignant à n'être qu'une âme de trop dans cet enfer brûlant de tension.

Si je me concentrais j'étais certain de pouvoir toucher du bout des doigts cette tension nous entourant. Elle était comme une boule autour de nous trois où les non-dits régnaient, nous figeant hors du temps et empêchant même la pluie de nous toucher.

Désormais, le silence pesait une tonne, alourdi par les cris du vent et les larmes du ciel qui écrasaient les pavés sur le chemin où Sunghoon s'en allait.

Mes yeux se figèrent sur son dos alors qu'il s'enfonçait dans l'allée, je le haïssais de soulever en moi une curiosité que je ne me connaissais pas.

Et quelque chose en moi me disait que Niki était le seul capable d'assouvir la soif de savoir qui m'asséchait la gorge. Il passa d'ailleurs à côté de moi, lui aussi. Il m'évita, lui aussi.

Je me retournai, la porte claquant dans mon dos, presque aussi fort que mes pas sur le parquet en liège de l'ARCANUM. Niki, lui, s'engouffrait dans le couloir, les mains cachées au fond des poches de sa veste en cuir pour rejoindre sa salle. Je sentais les mots se former dans mon cerveau ; les deux uniques syllabes de son prénom, mais alors qu'elles prirent vie sur mes cordes vocales, elles moururent aussitôt sur le bout de mes lèvres.

— Sunoo, m'interpella Jake, viens voir, il faut que je te parle.

Mes pieds stoppèrent aussitôt leur course, mais mes yeux, eux, restèrent collés sur la silhouette de mon collègue. Et l'unique moment où mes prunelles tombèrent dans celles de Jake, fut lorsque la porte de Niki claqua et qu'il n'était plus là.

Mon piercing cogna mes dents alors que je suivais Jake jusqu'en salle de repos, au fond du salon. Il ouvrit la porte, m'invitant à entrer le premier, et je fus accueilli par une table pour quatre et des chaises bien rangées. La fenêtre entre-ouverte me fit grelotter mais Jake, tout aussi gelé, se rua pour la fermer, alors je m'assis, les yeux se perdant sur l'heure qu'indiquait le micro-ondes ou sur les photos de Jake et Sunghoon accrochées au frigo, les mains liées s'ils n'étaient pas enlacés.

Je ne sais pas ce qui me frappa le plus entre leurs sourires étincelants ou le fait que Niki ne soit jamais présent.

Jake et Sunghoon avaient l'air... insouciants. Et je voulais croire que Niki était celui qui capturait le moment.

Alors je regardais, les yeux plissés pour ne rien manquer. Mon patron était le même que je connaissais, et cela même au travers des clichés. Un sourire charmeur qu'on n'osait pas approcher, une confiance en lui qui se lisait dans ses yeux et un anneau en argent accroché à sa lèvre. Mais Sunghoon, lui, était différent. Moins tranchant, moins provocateur... Plus facile.

Qu'était-il arrivé pour qu'il décide de changer ?

Jake s'installa enfin face à moi, me coupant dans ma contemplation et me forçant à abandonner le noeud qui serrait mes pensées. Mes yeux caressèrent chaque recoin de son visage, son nez rebondi, ses yeux barrés par les mèches de cheveux que sa queue de cheval avait laissé s'en aller.

— Tu veux déjà me virer ? plaisantai-je.

Un fin rictus releva les lèvres de Jake, reflet de celui qui naissait sur les miennes.

— Ça te donnerais une bonne raison de t'enfuir.

— Me barrer n'est pas dans mes plans, répondis-je, mon dos s'appuyant contre le dossier de ma chaise.

Et un rire passa la barrière des lèvres de Jake qu'il humidifia juste après, sa langue trébuchant sur l'anneau qui y était accroché alors que les miens à mon oreille se firent bousculer par le bout de mon doigt.

— Alors pourquoi es-tu nerveux ?

Mes sourcils se froncèrent.

— Je ne suis pas nerveux.

—  Tu l'es, tu joues avec tes piercings.

Ma bouche s'entrouvrit alors que mes mains se ruèrent sur la table, et Jake haussa ses sourcils, satisfait.

— Alors ? Tu te sens comment ici ?

Il s'enfonça plus sur sa chaise, le coude contre le dossier. Et mon coeur se mit à s'accélérer, uniquement pour s'adapter au rythme de mon cerveau qui faisait courir mes pensées et tous les récents événements.

— C'est de ça dont tu voulais me parler ? demandai-je pour gagner du temps.

— Oui, ça fait une semaine que t'es là, il s'agirait peut-être de faire le point, tu ne crois pas ?

Un fin soupir passa la barrière de mes lèvres. Je ne savais même pas par où commencer, lui raconter mes séances passées à percer ou comparer l'ARCANUM avec l'ancien salon où je travaillais ?

— Tout va bien, lâchai-je sans réellement le penser.

Jake leva les yeux au ciel, visiblement déçu que je le laisse sur sa faim.

— Arrête de mentir.

Je pinçai mes lèvres, me traitant mentalement de ne pas avoir trouvé de meilleures excuses. Et ici, écrasé par le silence entre les murs et ses yeux qui tentaient de lire en moi je finis par avouer :

— Je ne mens pas, je te promets que ça va, c'est juste...

Mes mots hésitèrent sur le bout de ma langue, mais l'impatience dans le regard de Jake les avait faits s'échapper.

— Sunghoon... murmurai-je, honteux.

— Quoi Sunghoon ?

Les paroles de Jake me frappèrent tel un marteau et j'étais certain que les miennes, le simple prénom qui avait volé d'entre mes lèvres l'avait heurté également. Ses sourcils s'étaient froncés, sa mâchoire contractée. Et dorénavant je me demandais si je devais continuer sur ma lancée.

— Rien de mal, clarifiai-je pour l'apaiser, c'est juste que... Il est particulier, tu comprends ?

Jake ne cilla pas, pendu à mes lèvres, prêt à attraper chaque information que j'acceptais de lui lancer.

— Il me met mal à l'aise, avouai-je, peinant à chercher mes mots, j'ai l'impression qu'il a toujours un coup d'avance sur moi et ça m'énerve... Je me sens... Contrôlé.

Encore une fois, il n'y eut que le silence qui me répondit.

— Mais en même temps... Je ne sais pas... Je ne le déteste pas, c'est juste qu'il est...

— Intriguant ? me coupa Jake, un sourire aux lèvres.

Je haussai les épaules, prenant une grande inspiration, espérant inhaler quelques particules de courage.

— Tu le connais toi, t'en penses quoi ?

Jake se redressa, croisant les bras sur son torse.

— Hoon à ses côtés difficiles, mais il n'est pas méchant.

Hoon, évidemment.

— Je ne dis pas qu'il est méchant, clarifiai-je la situation, il est ... Arrogant.

Descendre... Non, chuter d'un étage lui ferait le plus grand bien.

— T'es un peu dur avec lui, il faut juste apprendre à le connaitre.

Je roulai les yeux au ciel, n'écoutant que d'une oreille les éloges que Jake faisait au sujet du cendré. J'aurai pu jurer que ce n'était pas le même Sunghoon dont on parlait, mais je me contentai d'hocher la tête, attrapant des bribes de mots pour les ranger au plus profond de mes pensées. Je ne sais pas à quoi je m'attendais de toute manière, et rien ne m'assurait que Jake n'allait pas courir tout rapporter à son employé adoré.

— Hoon c'est comme... Jake chercha ses mots, il est comme un tatouage : douloureux au début, mais il peut vite devenir une part de toi.

***

Pas grand monde n'était passé  à l'ARCANUM cette après-midi, j'avais eu le droit aux deux, trois groupes de potes venus se percer en bande après les cours du vendredi. Rien de passionnant.

Jake était déjà parti, me laissant les clés du salon avec la lourde responsabilité de le fermer. Mes yeux s'étaient ouverts en grand, dans le salon où je travaillais avant j'avais mis plus d'un mois avant de pouvoir me pavaner seul entre les murs, Jake accordait vite sa confiance visiblement. Alors, j'avais encore une heure à tuer, et j'allais la passer seul, puisque Niki, se dressant devant moi, s'habillait déjà.

Je ne l'avais pas croisé de la journée, la dernière image que mon esprit avait gravé de lui était celle de la cigarette qui avait perdu la vie sous sa semelle. Et le voilà qui s'apprêtait à s'en aller, ajustant les pans de sa veste, ne m'offrant que son dos alors que j'étais assis sur le canapé à l'entrée.

Sa main rejeta ses mèches en arrière et mon regard suivit son geste pour trouver un détail derrière son oreille : un tatouage aux traits fins décorait sa peau.

Le nombre 10, la renaissance.

C'était le seul que j'eus le droit d'observer depuis que nos chemins s'étaient croisés.

— T'en a d'autres ? mes mots glissèrent de mes lèvres sans que je ne puisse les arrêter.

Niki stoppa tout mouvement, la tête tournant sur ses épaules pour attraper mes yeux.

— Des tatouages, clarifiai-je.

— Pourquoi ça t'intéresse ?

Je ne contrôlai pas le mouvement de recul de mon dos contre le canapé. Milles et une questions brillaient dans mes yeux alors que les siens m'avaient déjà quitté. Et sans me laisser le temps d'en placer une, Niki sortit une cigarette de sa poche qu'il coinça entre ses lèvres, il ne l'alluma qu'une fois dehors et disparut comme si cette "conversation" n'avait jamais existé.

Un long soupir passa la barrière de mes lèvres alors que mes pensées rejouaient en boucle la scène. Mais je dus mettre le film de mon esprit sur pause quand mon téléphone vibra dans ma poche et un sourire grandit sur mes lèvres quand le prénom de mon meilleur ami s'afficha sur l'écran.

Heeseung
Jake te demande de jeter les cartons
vides du stockage dans le recyclage <3

Je levai les yeux jusqu'au plafond.

Sun
Vous êtes encore tous les deux ?

Heeseung
Je dois bien vérifier que tu ne l'aies
pas percé autre part.

J'enfonçai mon téléphone dans ma poche, secouant ma tête où virevoltait mes mèches avant de m'enfoncer dans le couloir de l'ARCANUM pour rejoindre le stockage.

Encore une fois, mes paumes tâtonnaient le mur et la lumière s'alluma, me laissant vérifier où je posais mes pieds, afin de ne pas faire la même bêtise que la dernière fois.

Je ne contrôlais pas mes pupilles qui couraient à la recherche de ma fameuse bêtise, celle que j'avais tapée du pied et rangée à la volée. Et mon coeur se mit à s'accélérer, presque aussi rapidement que les paumes du diablotin sur mon épaule qui m'applaudissait.

En une simple nuit la poussière avait de nouveau envahi le carton, posé au même endroit où je l'avais laissé.

Ne t'approche pas Sunoo.

À pas lents, je m'approchai.

Ne le touche pas Sunoo.

Mes doigts firent voler la poussière qui cachait le prénom de son propriétaire.

Sunghoon.

Je me mordis la lèvre, hésitant entre ouvrir ses secrets ou aller jeter les cartons comme Jake me l'avait si gentiment demandé. Ma salive s'insinua douloureusement dans ma gorge, et mes pensées hurlaient si fort que je n'entendais plus l'ange à ma droite qui m'implorait de tout reposer.

Personne ne pouvait me prendre en flagrant délit, j'étais seul ici.

C'est l'occasion ou jamais.

Mais était-ce une bonne chose de fouiller dans son intimité ?

Sunghoon l'a probablement juste oublié, je ne pouvais pas me permettre de fouiner.

Pourtant, mes doigts glissèrent à l'intérieur du carton.

Et ce que j'en ressortis me fit froncer les sourcils.

Un lecteur cassette.

— Pourquoi..?

L'objet dans une main, ma seconde plongea de nouveau dans le carton pour en sortir plusieurs cassettes. Je les tournai dans tous les sens, jusqu'à remarquer qu'elles étaient numérotées, alors de nouveau, je courus à la recherche de la première.

Trouvé.

Par automatisme, mes doigts, tremblants, firent glisser la cassette dans le lecteur. Mon coeur battait si fort, hurlait jusque dans mes tempes. Je pouvais encore reculer, je n'avais pas encore appuyé sur le logo qui pouvait tout me faire écouter.

Ma raison se battait avec ma curiosité à coup d'épées. Le combat était rude, fouiller dans ses effets personnels ou regarder Sunghoon dans les yeux et apprendre à le connaitre comme Jake me l'avait conseillé ?

Play.

La voix de Sunghoon bouscula mes tympans.

Le regret s'installa en moi.

Je tournai le lecteur cassette dans tous les sens, cherchant désespérément à faire taire les mots qui s'en échappaient.

— Merde, merde, merde.

J'avais l'impression d'étouffer, écrasé entre les quatre murs du stockage.

Mes doigts tremblaient si fort que l'appareil s'écrasa à mes pieds mais la voix de Sunghoon ne cessa jamais de s'y échapper.

Et tout mon corps se figea quand la nouvelle éclata.

— Ce n'est pas trop mon truc d'écrire, les journaux intimes tout ça... Je préfère parler pour me libérer, c'est plus moi... Alors non, je ne vais pas passer en revue les 24 années de ma vie...

Sunghoon marqua une pause à travers l'enregistrement.

— ... Mais seulement celle que j'ai passé aux côtés de mon copain... Enfin de mon ex.


Un soupir résonna dans la cassette.


— Niki. Il s'appelle Niki.






***

TADAAAAAAM

Hello ! J'espère que vous allez bien

Premier chapitre de l'année que j'avoue aimer particulièrement ! Tout d'abord j'espère que votre début d'année se passe bien, je vous souhaite plein de bonheur et de bonnes choses pour cette nouvelle année 🤍

Ensuite, cette petite (?) révélation signe un grand tournant pour l'histoire alors j'espère que vous êtes prêts 🤭

Niki est toujours aussi peu bavard mais prononce de plus en plus de mots au fil des chaps, bientôt la phrase complète je le promets 🤚
Sunghoon un poil lunatique et Jake... Jake mon personnage préféré j'aime tellement l'écrire alors soyez pas étonnés si le HeeJake devient le main ship (jamais de la vie 🤚)

En tous cas j'espère que ce chapitre vous a plu et je vous dis à bientôt pour le prochain qui sera différent de ce que j'ai fait jusqu'ici 🤭

Bisouuuus <3

• Adiaaa •

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