Chapitre 4


Des pas frappant le sol venaient agacer le silence. J'aurais pu dire que Sunghoon l'était tout autant, vu la vitesse à laquelle ses yeux s'étaient détournés de moi pour s'attarder sur la venue du nouvel invité. Néanmoins, les rides sur son front disparurent et le sourire sur ses dents fit scintiller plus encore le couloir quand, l'ombre de Jake se projeta sur les murs.

— Tout va bien ici ? demanda le patron, les sourcils froncés.

J'avais envie de lui hurler que non, que son employé n'était pas des plus merveilleux en ce qui concernait l'accueil des nouveaux arrivants. Mais d'un autre côté je n'avais rien à dire, encore moins quand, subtilement, Sunghoon glissa son bras autour de la taille du patron.

Mes yeux s'arrondirent mais retrouvèrent aussitôt ceux de Jake qui cherchaient les miens depuis son arrivée. J'éclaircis ma voix, feignant un sourire et envoyant au loin la pagaille dans mon esprit.

Et dire que ça ne fait qu'une heure que je suis là.

— Niquel, répondit Sunghoon à ma place, je lui ai montré notre salle.

Jake chercha confirmation au fond de mes yeux où défilaient encore les images de Sunghoon tout près de moi, mon poignet enchaîné par la chaleur de ses doigts.

— Ouais, niquel.

J'avouai à contrecœur bien que je savais qu'il existait une discordance dans l'harmonie que jouaient mes paroles et mes doigts triturant mes oreilles. En effet, la tension commençait à me grignoter l'estomac, si seulement les deux pouvaient détourner leurs regards de moi. Je me sentais épié ainsi, pris au piège entre leurs prunelles et les murs du couloir que je ne tarderai à sentir s'approcher de moi jusqu'à m'étouffer.

Fort heureusement, le patron ne poussa pas plus loin, ses yeux quittant les miens. Ce fut comme s'il soulevait un poids de ma poitrine qui se gonfla à nouveau. Et pour mon plus grand bonheur, Sunghoon en fit de même, ses prunelles ambrées suivirent la silhouette de Jake qui s'extirpa de son toucher.

Étonnamment, il ne broncha pas. Du moins jusqu'à ce que la porte ne s'ouvre de nouveau, accueillant Hee Seung dans le tattoo shop.

Le Soleil prit possession de mes yeux quand je vis mon meilleur ami pénétrer dans l'ARCANUM. Enfin une source de vie qui ne menaçait pas d'arrêter mon coeur.

Par pur réflexe, je me dirigeais vers Heeseung. Quant à Sunghoon, sur mes talons, je sentais son regard sur ma nuque, la chaleur m'irradiait alors que je m'efforçais de me focaliser sur mon meilleur ami dont les mots s'échappaient d'entre ses lèvres :

— Déjà trauma ?

Je levai les yeux au ciel, mon épaule cognant la sienne pour le faire taire. Mais son attention capta trop rapidement la mienne, toujours figée sur Jake et Sunghoon plus loin, appuyés sur le comptoir.

— Lequel de vous deux a déjà choqué le perceur ? plaisanta Heeseung, sa voix portant dans le salon.

Je sentais les couleurs me quitter à peine mon meilleur ami eut-il prononcé ces mots. Et l'envie de me faire aspirer par le sol sous mes pieds ne m'avait jamais autant tenté que lorsque Jake et Sunghoon se retournèrent pour me regarder.

J'étais certain d'avoir aperçu l'ombre d'un rictus sur les lèvres du cendré, mais pour être tout à fait honnête, ce sont celles de Jake sur lesquelles je louchais désormais.

Bordel, son piercing finira par me rendre fou.

Pourtant, mon regard trébucha de nouveau sur Sunghoon, levant les mains au ciel, signe qu'il se dédouanait alors qu'il était celui qui aurait pu faire exploser mes artères tant mon cœur avait grondé.

— Personne ne m'a choqué imbécile, me moquai-je en frappant l'épaule de Heeseung, je dois juste m'habituer.

— Ouais c'est ça, intervint Jake, laisse lui le temps de s'y faire.

Heeseung s'était arrêté sur sa lancée, s'affalant plutôt sur le canapé en cuir marron tel un habitué des lieux. De leurs côtés, Jake et Sunghoon vaquèrent de nouveau à leurs occupations, leurs prunelles focalisées sur le PC posé sur le comptoir en bois vernis.

— Comment ça se fait qu'il n'y ait personne ?

Mon meilleur ami leva encore la voix, de façon à ce que le patron, au bout de la pièce, puisse répondre à sa question.

Heeseung faisait comme chez lui et moi j'étais planté là, debout, à ses côtés. Les bras ballants et la langue tournant dans ma bouche, mon piercing y cognant mes dents.

Putain, ce que je suis ridicule.

Jake se retourna de nouveau, le bassin appuyé contre le comptoir pour nous faire face.

— Justement, c'est ce que je regardais, répondit le patron qui tapota l'épaule de Sunghoon à ses côtés, t'avais quelqu'un de prévu à 10h30 tu sais ?

Contrairement au patron, le cendré nous offrait toujours son dos, je ne voyais que sa tête pivoter sur ses épaules afin de plonger ses prunelles ambrées dans celles du maître des lieux.

Je ne les voyais pas, mais j'aurais pu les décrire mille fois.

Il souffla sur ses mèches de cendres qui lui barraient la vue avant de répondre à Jake :

— Je sais, mais il n'est jamais venu, maugréa Sunghoon.

Le patron claqua sa langue contre son palais, passant une main dans ses longues mèches qui retombaient au milieu de ses joues.

— Il a réglé l'acompte ?

Sunghoon confirma d'un hochement de tête. Et, déjà excédé au tout début de sa journée, Jake pencha sa tête en arrière, son soupir volant tout droit vers le plafond. Je me surpris à loucher sur son cou, qui, contrairement à son employé, était dénué de dessins.

Malheureusement, la vue me fut trop vite coupée, le patron ayant décidé de lui-même vérifier ce qu'il se tramait sur ce PC. Mais, deux ou trois clics plus tard, sa voix fut teintée de soulagement quand il parla :

— C'est un client de Niki normalement, c'est pour ça qu'il n'est pas là.

Les jambes engourdies, je m'assis à côté de Heeseung sur le canapé, lui aussi regardait la scène que les deux autres garçons jouaient.

Mais malgré les quatre ou cinq pauvres mètres nous séparant, le soupir qu'avait libéré Sunghoon grimpa sur mes épaules pour courir le long de mon dos. Et bien que ses paroles ne m'étaient pas destinées, je crus recevoir la puissance de ses paroles me gifler la joue.

— Laisse-le lui, faudrait pas énerver Niki.

L'atmosphère changea brusquement, la tension me noua les poumons alors que je n'y comprenais rien. J'avais juste entendu les tons de voix baisser dans les octaves, les regards courir ailleurs que sur le visage sans faille du cendré. Et sentis Heeseung à mes côtés qui murmura à mon oreille :

— Ils ne sont pas que deux, précisa Heeseung, il y a un troisième tatoueur, Niki.

Je hochai la tête, ayant bien compris qu'une âme manquait au sein de ces murs mais désormais, je pouvais y coller un prénom.

Néanmoins, je ne pouvais m'empêcher de me demander à quoi ressemblait ce troisième individu, je suppose que l'encre devait aussi couler sur son corps. Mais surtout, quelle note jouait-il dans la partition de l'ARCANUM ?

Jake et Sunghoon sonnaient comme une parfaite harmonie, presque dérangeante. La façon dont le cendré avait agrippé sa taille, la manière dont il s'était défait de moi quand le patron avait fait savoir qu'il était là. Et surtout, ses doigts à cet instant qui effleuraient le front de Jake pour éloigner ses longues mèches tombant devant ses yeux.

— Au fait, Heeseung me coupa de ma contemplation, tu ne m'as pas dit que t'avais percé Jake.

Je pouffai, surpris que Heeseung ait déjà découvert ce qu'il se cachait sous le t-shirt de mon patron. Je le regardai, toujours assis sur le canapé alors que Jake papotait toujours avec son employé adoré. Désormais, mes yeux fixèrent son nombril sous son vêtement ample, on n'y voyait rien. Mais mes pensées se prenaient pour une cassette constamment en replay, rejouant  la scène de sa peau nue contre mon gant, de l'aiguille transperçant sa chair telle une épée parfaitement aiguisée.

— T'as kiffé ?

Heeseung cajola sa lèvre du bout de la langue, et je pus constater par l'éclat dans ses yeux que son cerveau lui renvoyait toutes les images de Jake déjà explorées.

— Un peu frais sous la langue... Parfait.

***

Heeseung n'était pas resté bien longtemps, il avait vite fui, menacé par Jake et son envie de travailler, mais surtout par Sunghoon et la rage qui sommeillait dans ses yeux ambrés. Mon meilleur ami n'avait pas relevé ce point, je pensais carrément  l'avoir inventé. J'étais sûrement juste trop fatigué... Ou peut-être que le stress n'avait plus de quoi se mettre sous la dent au creux de mon esprit et qu'il s'en prenait désormais à l'un de mes sens les plus précieux.

En bref, j'avais passé la journée avec Jake et Sunghoon. Même si le plus clair de mon temps avait été aux côtés du maître des lieux. Il avait mis son grain de sel dans la visite que Sunghoon était censé m'avoir faite, la saupoudrant de plus de précision et d'une touche d'intimidation.

Il y avait cinq salles, dont un stockage et une salle de repos. Puis il y avait celle qu'il partageait avec Sunghoon, juste en face de la pièce dédiée à Niki que je n'avais encore jamais vue. La mienne d'ailleurs, était juste à côté de la sienne.

Mon coeur avait trébuché quand Jake avait posé au creux de ma paume les clés de la salle qui m'appartenait. Ou alors était-ce parce que je n'étais pas préparé à son toucher ?

En plus, Jake avait cru important d'ajouter que j'étais encore en période d'essai, mais il m'avait déjà autorisé à aménager ma salle de travail comme bon me semblait.

Il s'était d'ailleurs fait un malin plaisir à me rappeler à l'ordre sur les règles de l'ARCANUM ; pas de retard -et j'aurais pu jurer que c'était dû au mensonge que Sunghoon lui avait soufflé au téléphone plus tôt ce matin. Pas d'absence injustifiée, aucun acte sans le matériel adapté. Le b.a.-ba.

Mais je devais admettre que j'avais lutté pour empêcher mes joues de se colorer quand Jake m'avait mis en garde sur le fait de fumer à l'intérieur. Strictement interdit. C'est l'exact instant où mon cerveau crut bon de me rappeler la sensation qui avait couru sur ma peau quand le patron avait allumé sa clope entre les quatre murs du tattoo shop. Et si je me concentrais j'étais certain de pouvoir retracer chaque contour de son cou saillant qui expirait la fumée tout près de mon visage.

Ma journée était sur le point de se terminer, et honnêtement, j'étais un peu frustré, ayant passé le plus clair de mon temps à le regarder dessiner sur les peaux de ses clients parce que moi, je n'en avais pas encore.

Néanmoins, le patron faisait ma promotion à chaque fois que quelqu'un passait la porte, quant à Sunghoon, lorsque les habitués demandaient qui j'étais, il leur répondait avec un rictus au coin des lèvres que j'étais là pour décorer.

L'enfoiré.

Dix huit heures venaient de sonner, Jake s'occupait de son dernier client, mais il avait tout de même pris le temps de m'autoriser à m'en aller. Pourtant, j'étais encore derrière le comptoir. La raison n'était rien d'autre que le catalogue que Sunghoon avait sorti plus tôt, quand un nouvel intéressé s'était présenté à l'ARCANUM, désirant se renseigner.

C'est ainsi que les pages du catalogue volaient entre mes doigts et s'arrêtaient parfois quand mes yeux traînaient un peu trop longtemps sur les images qui y étaient enfermées.

Des tatouages et encore des tatouages.

Néanmoins, cela n'empêchait pas mes prunelles de vagabonder sur les plus fins détails que l'encre avait laissé couler sur les peaux de tous ces gens.

Toutes les premières pages, les premiers dessins étaient signés SH. Sunghoon, je devinai. Et je me détestais de le trouver extrêmement doué. Chaque ombre, chaque relief, rien n'était mis de côté. Il maniait ses doigts, son art, avec une minutie qui aurait pu faire trembler le plus renommé des chirurgiens. Je me surpris à me demander ce à quoi le cendré pouvait bien penser à chaque fois qu'il dessinait ; la noirceur de son encre m'envoyait vers des images sombres, là ou la colère et la peur dominait.

Cependant, la lumière arriva au fur et à mesure que j'explorai l'art de l'ARCANUM puisque les dessins d'encre noire de Sunghoon disparaissait, laissant leur place aux couleurs qui pointaient enfin le bout de leur nez. Mais la rigueur, elle, ne s'était jamais envolée, ancrée elle aussi dans chaque cellule qu'ils tatouaient. Cette fois-ci les dessins étaient moins sombres, comme si le Soleil les avait enfin faits doré en plein mois de juillet. Les couleurs se chamaillaient, une douce querelle de laquelle résultait un rendu quasiment parfait.

Les tatouages noirs me faisaient penser à des cauchemars figés sur la peau, alors que les colorés eux, étaient des morceaux d'été qui retroussaient les lèvres et réchauffaient les coeurs.

Et alors que je cherchai la signature de l'auteur de ce nouvel art, le froissement du catalogue entre mes doigts s'interrompit brusquement. Deux paumes claquèrent contre le comptoir, et je sursautai, le livre glissant alors jusqu'au parquet dans un bruit sourd.

Mon souffle finit par se frayer un chemin dans ma gorge, et mes yeux n'eurent même pas besoin de chercher les orbes du responsable de ma frayeur puisque, l'apparence de ses doigts contre la vitre du comptoir me renvoyait vers un seul nom.

Sunghoon.

— Tu veux quoi ? je grommelai entre mes dents.

Ses yeux cherchaient les miens qui roulaient sur ses épaules pour tomber sur ses bras et glisser jusqu'au bout de ses doigts desquels il fit tourner son trousseau de clés. Et je devinai grâce au manteau sur son dos qu'il venait de finir sa journée.

— Je t'ai fait peur ?

C'était comme si mes mots n'avaient jamais quitté mes lèvres, ou pire qu'ils avaient vogué dans l'air sans même effleurer ses tympans. Alors, je soupirai, regardant derrière lui avant de retrouver son visage et de me répéter :

— Sunghoon, tu veux q-

— Tiens, c'est pour toi, me coupa le cendré.

Sa paume s'enfonça dans la poche de son manteau d'où il en sortit un morceau de papier plié sur lui-même. Mes sourcils se froncèrent dès que mes yeux tombèrent sur mon nouveau cadeau.

Mes bras, ballants jusqu'à présent, se ruèrent sur le présent posé sur le comptoir. Et bien que ma curiosité me titillait l'estomac, ma raison, elle, s'immisçait dans mes os jusqu'à grignoter mes phalanges une par une, me poussant à hésiter.

— C'est quoi ? demandai-je, un sourcil haussé et les doigts s'étant arrêtés à quelques centimètres du morceau de papier.

Un rire sans joie s'échappa des lèvres de mon vis-à-vis. Peut-être avait-il mal pris mon ton un poil trop ennuyé ? Tant pis pour lui, mais j'admettais que ça me faisait marrer de l'intérieur.

— Mon numéro.

Sérieusement ?

J'imitai le même rire forcé qu'il m'avait offert, secouant doucement ma tête où mes mèches rouges se mirent à se chamailler. Sa simple réponse déclencha un incendie dans chacune de mes cellules, carbonisant tous mes neurones. Néanmoins, les derniers survivants à l'intérieur de mon crâne m'ordonnèrent de déplier le papier qu'il m'offrait, et cela sans lever mes yeux des siens. Mais avant même que son rictus ne puisse apparaître sur ses lèvres, le bruit sec et net de la feuille se déchirant entre mes doigts crissa dans l'air.

Sunghoon ne cilla pas. Ses yeux où la malice régnait, restèrent figés dans les miens, ce fut comme si plus rien entre nous n'existait. Il n'y avait que lui, moi et ce foutu morceau de papier déchiré en deux entre nous. J'attendais une réaction, n'importe laquelle. Je voulais qu'il réagisse. Mais je n'eus droit qu'à une paume cajolant ses mèches avant qu'il ne tourne les talons, rompant enfin notre combat de prunelles. Ses pas contre le parquet écrasaient mon coeur et ma fierté tandis que je le regardai attraper la poignée, laissant le ding signaler son départ. Et surtout, je le vis frissonner au travers de la fenêtre quand le froid de septembre lui caressa le bout du nez. Et il s'éloigna, son départ pesant plus lourd sur mes épaules que le morceau de conversation que l'on venait d'échanger.

Je restai figé, debout derrière le comptoir et le catalogue que j'avais oublié à mes pieds. Et si je crus que sa présence m'oppressait, le silence qu'il laissa derrière lui m'étouffait. Il n'était plus là mais son sourire s'affichait encore sous mes paupières, son rire résonnait encore dans mes oreilles, et son putain de papier, scindait en deux, reposait toujours au milieu du comptoir. Tous ces brefs détails, ancrés en moi comme une marque indélébile. Et cela n'attisa que plus encore le feu de ma colère qui brûlait mes joues.

Mes dents croquaient ma langue, empêchant les jurons d'y sortir par milliers et pas même le froid de mon piercing contre mes dents ou le courant d'air s'étant immiscé lorsque Sunghoon s'était barré ne parvint à faire descendre les degrés qui grignotaient mon esprit.

Après avoir ramassé et presque balancé le catalogue dans son tiroir, je repris possession du cadeau qu'il m'avait laissé.

J'étais mitigé entre le déchirer que plus encore ou rassembler les deux morceaux. Et cette fois, ma curiosité se battait contre ma fierté,  j'aurais aimé la laisser gagner, mais le K.O que lui avait mis ma soif de savoir me poussa à réunir les deux bouts.

Et je sentis tous mes sens se refroidir lorsque les écritures laissées par Sunghoon remontèrent jusqu'à mon cerveau.

Ce n'était pas son numéro.

Il avait passé la journée à faire comme si je n'existais pas, chuchotant à ses clients que je n'étais que de passage, mais désormais mes yeux grand ouverts manquèrent de tomber sur le comptoir.

Sunghoon avait inscrit les prénoms de quelques clients qu'il avait vu passé dans la journée, et à côté de ces derniers, des horaires y étaient notées avec entre parenthèses des mots que je connaissais trop bien : septum, helix, smiley.

Je ravalai mon agacement, mon coeur pulsait désormais moins vite et mon sang ne cramait plus mes veines lorsque je notais sur le PC les nouveaux rendez-vous obtenus par Sunghoon. J'allais devoir le remercier je le savais alors mes mains cachèrent mon visage le temps d'un soupir, m'éloignant le temps d'un instant de cet réalité.

Sunghoon n'était peut-être pas si terrible.

Il l'était.

Je voyais déjà la malice danser dans ses yeux quand mes remerciements escaladeront ses oreilles et il n'en fallut pas plus pour que je roule les yeux jusqu'au ciel.

Néanmoins, l'horloge tournait, et Jade m'attendait dans un café à quelques pas d'ici. J'en avais besoin, juste pour décharger de cette première journée. Alors je quittai le comptoir pour m'avancer dans l'entrée, attrapant ma veste accrochée au porte manteau, mais j'eus à peine le temps de l'enfiler que j'entendis les pas de Jake s'approcher.

Et à ma grande surprise, il était accompagné. Je pensais qu'il avait tout remballé, que plus de clients ne traînaient encore dans les murs de l'ARCANUM, mais visiblement, je m'étais trompé.

J'osai un regard dans le couloir, les deux individus s'approchant de moi sans couper court à leur conversation.

— Tu n'es pas obligé de revenir tout de suite si ça ne va pas, tu le sais ? dit Jake d'une voix qui se voulait apaisante.

J'eus beau plisser les yeux et m'approcher, je ne parvins pas à lire quoi que ce soit sur les traits de notre invité. Ses mèches aussi noires qu'un cauchemar tombaient sur ses yeux et ses épaules roulaient dans sa veste en cuire alors qu'il pianotait sur son téléphone.

— Ça va mieux.

Ce fut tout ce qu'il prononça avant que les deux garçons n'arrivent vers moi. Les sourcils de Jake se froncèrent le temps d'une seconde, surpris que je sois encore là. Je lui répondis que j'étais sur le point de m'en aller, que son cher Sunghoon m'avait un peu retardé.

— Rentre chez toi, m'ordonna Jake, je vais fermer.

— Mais ton client-

Et mes mots volèrent dans l'air aux côtés de la mélodie de la sonnette qui résonnait entre les murs de l'ARCANUM.

Son client venait de s'en aller avant même que je ne puisse le saluer.

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