Cassette n°0.1


Mes yeux étaient vidés de toute énergie, asséchés, dépeints de toutes les larmes qu'il avait fait couler sur ma peau. Elle me brûlait désormais, presque aussi fort que les mots qu'il me claquait à la figure.

Les siennes, ses orbes à lui, scintillaient d'un plaisir désastreux, des paillettes dansaient dans ses yeux où seul mon reflet désarmé, complètement effrayé, se perdait au fond de ce trou noir mordu de sordides émotions.

Pourquoi avais-je croisé son regard ? Pourquoi avais-je cru à ses mots doux ? Pourquoi derrière cette beauté se cachait une créature que la terre devrait avoir honte de porter ?

D'ailleurs, je voyais dans ses yeux que mes larmes le laissaient perplexe. Il aimait les regarder couler. Il aimait les goûter. La tristesse qui coulait sur mes joues lui faisait toujours de l'effet, une vague de puissance qui noyait son coeur, qui comblait son envie d'être le maître de cette douleur.

— Je t'ai toujours aimé, tu le sais, murmura-t-il contre mes lèvres.

Sa voix m'enivrait, son parfum m'envoutait, et ses doigts autour de mon cou ne faisait que de me rappeler à quel point je lui appartenais...

Mais ses mots avaient sur moi l'effet d'un poison dont je ne pouvais plus me passer.

...À quel point il avait fait de moi le pantin dont il avait toujours rêvé.

Mes larmes roulaient sur mes joues, s'échouaient sur ses doigts alors qu'un sourire étirait ses lèvres avant qu'il ne les pose sur les miennes.

Et seul Dieu savait à quel point je résistais. À quel point je voulais résister. Mais le démon qu'il était m'avait entrainé avec lui dans son gouffre enflammé. Et sans que je ne puisse me contrôler, c'est avec une boule dans le fond de la gorge que mes lèvres se mouvaient contre les siennes.

J'avais chaud. J'avais mal. J'avais peur.

Peur de le perdre. Peur qu'il ne m'aime plus.

Il se détacha de moi, et j'agrippai ses bras.

Ne pars pas, je t'en prie, c'est ce que lui criaient mes doigts.

Et mon coeur se brisa en mille morceaux quand il me repoussa. Ma peau ne touchait plus la sienne, décorée par des litres d'encre noire qui racontait une histoire sur sa peau.

— Pourtant, tu m'obliges en même temps à te détester.

Mon corps se secoua dans un long frisson. Chaque mot qui parvenait à mes oreilles avait le don de faire briller plus fort mes yeux.

Et malgré qu'il ne m'offrait que son dos, j'étais persuadé que la mélodie de mes sanglots avait fait frétiller son coeur.

Il voulait que je m'excuse, que je le supplie de me pardonner. Mais aujourd'hui mes mots refusaient de s'échapper de mes lèvres.

J'aurais pu le faire, j'aurais pu y arriver, si seulement son regard ne s'était pas mis à courir le long de mon corps pour finalement plonger dans mes yeux. Il m'avait entraîné dans sa chute, je n'étais pas encore tombé mais la douleur qui me consumait était plus folle encore.

Il s'était rapproché de moi, avait passé un index le long de ma mâchoire qui se décontracta à son contact. Il était doux. Affreusement doux.

— Mais on ne peut pas se détester, tu le sais pas vrai ? Pas après tout ce que je t'ai donné.

Mes yeux se fermèrent, les souvenirs affluèrent.

Je pinçai mes lèvres quand les siennes se mirent à ramasser les perles salées sur mes joues. Il était attentionné. Diaboliquement attentionné.

Mes poings se serraient, mes ongles s'enfonçaient dans ma peau, appelant mon esprit vers la douleur dans ma paume plutôt que celle qui me consumait depuis le jour où sa présence avait marqué ma vie.

Pourtant, malgré mes cils fermés qui caressaient mes joues, je ne pouvais empêcher mes pensées de jouer en boucle le film qu'on jouait depuis des années.

— Tu n'es rien sans moi, trésor.

Et un soupir s'échappa d'entre mes lèvres.

J'étais son trésor, celui qu'il devait trouver et qu'il ne laisserait plus s'échapper désormais qu'il avait la main dessus.

Alors j'acceptais mon sort, j'acceptais ses touchers, j'acceptais son amour parce qu'au fond j'espérais qu'il ne cesserait jamais de m'en donner.

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