Gouttes d'eau

Quinze heures.

Le brouhaha autour de moi indiquait que les combats allaient commencer d'ici peu. Même si les Mages n'aimaient pas les Anges et inversement, on pouvait presque tous être d'accord sur le fait que le dimanche après-midi était l'un des meilleurs moments de la semaine. Chaque séance était différente, dirigée vers divers objectifs selon les âges, les éléments, le niveau de la personne. Parfois, je tombais face à quelqu'un qui avait une magie opposée à la mienne, ou au contraire, qui était similaire. Fréquemment, seuls la force, l'intelligence, le courage comptaient. Les professeurs visaient à nous faire devenir les meilleurs, sous toutes les aptitudes, souvent, ils voulaient voir de l'audace, de la fourberie, tout ce qu'on était capables de faire pour réussir, sans mettre en danger l'adversaire. Le fait d'être en face à face et en concurrence aidait tout le monde à y aller de plein fouet, sans retenue. De souvenir, il était rare qu'il y ait des blessés, et si c'était le cas, ce n'était rien de grave. En parlant de blessures, les miennes avaient cicatrisé et commençaient à s'effacer tout doucement. Heureusement pour moi, je n'allais pas être marqué à vie par des branches et des feuillages.

— Je croise les doigts pour qu'on puisse utiliser de la magie aujourd'hui, dis-je à Clément, qui attendait à mes côtés.

Les combats de force, par les mains, les pieds, le corps tout entier, la malice et la ruse, c'était bien, mais lorsque nos pouvoirs entraient en jeu, c'était encore mieux. On ne faisait qu'un avec la nature et tout ce qui nous entourait, les sensations étaient incroyables. En cours, les entraînements se ressemblaient presque tous, on était habitués à nos partenaires, on faisait vite le tour de toutes les attaques et les techniques que l'on connaissait, mais face aux Anges, on devait s'adapter. Tout était différent, ils ne nous attaquaient pas de la même manière, restaient plus sur la défensive qu'autre chose.

— Ils vont l'annoncer d'une minute à l'autre, me répondit mon ami, qui fixait les Mages à nos côtés.

Mon regard passait sur la foule autour de nous, découvrant des visages des Anges que je côtoyais depuis maintenant de longues années. On avait presque grandi tous ensemble, mais dans deux écoles différentes, et sans attache. Malgré cette rivalité, leurs faiblesses et leurs forces nous aidaient à nous améliorer, à nous rendre compte de nos erreurs et de la puissance de notre magie.

— Ne regarde pas à ta gauche, il y a la rabat-joie.

Automatiquement, mes yeux se posèrent sur la jeune fille de la dernière fois, celle qui m'avait fait tomber d'un arbre et qui m'avait surtout évité de grosses blessures, si ce n'est pire. Son visage se tourna vers le mien avant de se replacer face aux professeurs, qui commençaient à expliquer la séance. Comme chaque dimanche, il y avait une liste de personnes qui allaient vivre leur Choix la semaine prochaine, et une petite partie des élèves s'occuperait d'eux en priorité, afin de les aider à s'entraîner à fond une dernière fois. Ce n'était pas rare de vivre ça, je l'avais déjà traversé à mon tour l'année passée. J'avais vingt et un ans, ce qui voulait dire que depuis maintenant plus d'un an, mes pouvoirs avaient pris en puissance, j'étais plus doué, plus habile, et je n'osais imaginer mon niveau dans les années qui arrivaient.

— Je vous ai mis les noms des Mages à combattre, considérés comme les plus forts ou ceux aptes à vous faire sortir le meilleur ou le pire, de vous.

Il y avait aussi une feuille pour chaque participant, sur laquelle il y avait les informations concernant chacun de nos adversaires durant cet après-midi.  On avait cinq petites minutes pour réfléchir aux meilleures attaques, et à la manière de s'y prendre face à l'autre, avant que le combat ne commence. J'allais découvrir mes ennemis, un deuxième année, une fille de mon âge, un second garçon plus âgé, et une Ange plus jeune. Je savais d'avance quel pouvoir ils allaient utiliser, et leur niveau, précisé sur une note. 57, 86, 68 et 100. Je fronçai les yeux. 100 ? Était-ce au moins possible ? Peut-être qu'ils avaient ajouté un zéro en plus. Ou peut-être que j'allais me faire écraser. Je continuai de prendre connaissance des spécialités de mes adversaires avant d'aller me placer dans ma zone de combat, en regardant tout le monde rejoindre leurs partenaires à leur tour. Que cette longue après-midi commence.

Je glissai de nouveau mon papier dans ma poche et m'appuyai contre le tronc d'un arbre. Je commençai à faiblir, cela faisait plusieurs heures que je m'entraînais sans relâche, en essayant de me montrer fort, ce qui n'avait pas toujours été le cas. On sous-estimait beaucoup trop les pouvoirs des Anges, alors qu'ils n'avaient pas besoin de puiser leurs forces dans la nature, contrairement à nous. La plus jeune du groupe avait usé de l'eau contre moi, et étant l'élément point faible de mon feu, j'avais eu du mal à ressortir victorieux. Il me restait une seule personne à affronter avant de rejoindre mon lit, ou pour courir. Tout dépendait de son pourcentage, s'il se révélait être à 100 ou par erreur, à 10. Je priais intérieurement pour que ce soit la deuxième option.

Je vis une ombre se placer à mes côtés, et en tournant la tête je remarquai une nouvelle fois l'Ange que j'avais croisée quelques jours avant. Elle avait l'air en pleine forme, comme si elle n'avait pas vécu des combats précédemment. Et dire que la toute première fois où l'on s'était croisés, Kelly l'avait mise à terre en deux secondes, sans qu'elle puisse se défendre ou dire quoi que ce soit. Aujourd'hui, elle semblait avoir mis tous ses adversaires au sol, sans se fatiguer. C'était la première option.

— Alexandre Gray, vingt et un ans, élément feu, récita-t-elle en me regardant. Fort en défense, ne se laisse pas faire quand on l'attaque, se montre imprévisible. Point faible eau, mais c'est la magie qu'il connaît le mieux et celle qu'il sait contrer.

Si peu de monde lisait entièrement les feuilles qu'on nous donnait avec toutes les informations nécessaires sur nos partenaires, je pouvais être certain qu'elle savait tout de moi, sur le bout des doigts. 

— Maëlle Clarke ?

Elle hocha la tête. Je pouvais poser un nom sur ce visage, sur ce regard indigo. Elle vint se poster face à moi, sûre d'elle. Un peu trop à mon goût. Je détestais ça. La confiance en soi que l'on montrait aux autres se révélait souvent source d'un manque d'assurance. Lorsqu'on est forts, le reste du monde n'a pas besoin de le savoir, c'est une fierté personnelle et la clamer tout haut gâche absolument tout. À l'inverse d'elle, je taisais mes qualités, et même si elles étaient peu nombreuses et que je n'étais pas évalué à 100 % comme elle, je savais me montrer puissant, je pouvais la défier très facilement. 

— Pourquoi ton Choix s'est porté sur le feu si tu contrôlais l'eau mieux que personne ?

— Mes ailes ont choisi à ma place, lui répondis-je seulement.

Imaginez ma surprise lors de mon Choix, et de la déception qui m'avait serré dans ses bras les semaines suivantes. J'avais mis quelque temps avant de passer au-dessus de la frustration.

— Mais ça te donne un avantage, comprit-elle.

Oui et non. J'avais toujours préféré mettre en avant l'élément qui me permettait d'être le plus fort au dépend des autres, et maintenant je me retrouvais avec le feu, que j'avais longuement délaissé.

— Plus ou moins. Ça dépendra de toi.

Je lui envoyai un sourire et tout d'un coup, son air trop sûr d'elle qu'on lisait sur son visage quelques minutes avant, disparut, laissant place au doute. Peut-être que ce n'était qu'une carapace, en fin de compte. Ou un piège.

— Tu es censée utiliser un seul élément à la fois, pour chaque combat. Lequel souhaites-tu manipuler à mes côtés ?

Pour le peu que j'avais observé d'elle, si j'avais retenu une seule chose, c'était sa magie, son aisance pour la liaison des éléments. Et je ne l'avais vu à l'œuvre qu'une dizaine de secondes, et de loin. Pourtant, sa magie avait été si fluide, et les éléments étaient accordés les uns aux autres, sans qu'elle n'ait à faire d'effort ou à attendre qu'ils se réveillent, qu'ils viennent à elle. Malheureusement, elle ne pouvait se permettre de jouer à ça aujourd'hui, c'était son dernier combat avant de vivre son Choix, qui lui imposerait un seul élément. Mais je n'avais sûrement pas besoin de le lui rappeler, ses professeurs avaient dû le lui répéter un nombre incalculable de fois.

— Lequel me conseilles-tu ?

Elle me demandait réellement ? Si j'étais  à sa place, je me serais tourné vers mon élément favori. La pluie pouvait surgir à chaque instant, ce serait facile de puiser sa magie dans l'air autour de nous. Mais elle n'avait pas besoin de la nature pour m'affronter, selon ses dires elle maîtrisait chaque élément à la perfection, et je n'étais pas à sa place non plus. Je haussai simplement les épaules et elle fit mine de réfléchir, comme si ce n'était pas plus qu'évident. Tous les deux, on était parfaitement conscients que son choix se porterait sur l'eau. C'était souvent la réponse que j'obtenais lorsque la personne savait que mon élément était son contraire. Je n'étais plus étonné de me retrouver face à mon ancienne magie préférée, Cependant, j'avais énormément progressé en un an, je savais exactement quoi faire pour lutter contre l'eau. Je connaissais tous ses points faibles puisqu'ils avaient aussi été les miens.

— La terre, dit-elle finalement.

J'étais surpris, même si j'essayais de ne rien laisser paraître. La terre. Élément peu aimé et évité des Mages, celui considéré comme le plus faible, malgré qu'il se trouve de partout. J'ignorai les questions qui grimpaient dans mon esprit, les gardant pour plus tard et en fonction du résultat de cette rencontre. On se plaça au centre de la zone de combat, et je vis quelques Mages former un rond autour de nous. Je n'aimais pas avoir de spectateurs, ça enlevait du réel à l'affrontement. J'essayai de faire le vide, de ne penser qu'à moi, à elle.

Les bruits lointains devinrent sourds et le silence s'installa autour de nous. Maëlle me fixait, à quelques mètres de moi, avant de regarder le sol sous mes pieds. Comprenant ce qu'elle cherchait à faire, je me déplaçai pour ne pas rester au même endroit. Si elle avait l'avantage pour la présence de la terre, je n'allais pas me laisser faire, loin de là. Je sortis un briquet de ma poche, et l'allumai, tout en l'observant. Je ne la quittai pas des yeux. Si beaucoup arrivaient à puiser du feu dans la chaleur de l'air, de la terre, ce n'était pas mon cas, je n'avais encore jamais réussi. J'enchaînai échec sur échec avant d'avoir la bonne idée de toujours garder un briquet sur moi, qui m'aiderait à fabriquer ma propre source de magie.

Je n'étais jamais le premier à attaquer, je préférais de loin attendre que l'autre ose et tente, pour voir de quoi il était capable, mais elle semblait faire la même chose que moi. Si aucun de nous n'essayait de faire un pas en avant, le combat allait durer une éternité. Mais on n'allait pas se tourner autour indéfiniment, ce n'était pas ça le but de cet entraînement. Au fond de moi, j'espérais qu'aucun de nos professeurs était présent aux alentours, parce que patienter était une force, certes, mais ils aimaient aussi voir de l'audace, et il n'y en avait pas encore la trace pour le moment. Enfin, sauf pour le choix de son élément. 

Je fis alors grandir une flamme dans ma main, et j'observai sa réaction. Mais elle n'en avait aucune. Elle me fixait, un léger sourire sur les lèvres, comme si elle n'allait pas lâcher l'affaire et rester là, sans rien faire. Je lançai la première attaque, sous forme de petites boules de feu, projetées sur elle, qu'elle évita en se décalant sur le côté. Je veillai à me rappeler chacun de ses déplacements, et au bout du quatrième essai, ma magie toucha son bras. Elle jeta du sable sur ses vêtements pour éviter qu'ils prennent feu, et je sentis des racines s'accrocher à mes jambes. Elle pouvait faire deux choses à la fois, je le notai. 

Pendant les longues minutes qui s'écoulèrent par la suite, elle continua d'essayer de me faire tomber sur le sol, mais je brûlais chaque herbe, chaque branche qui me touchait. Quant à elle, elle arrivait à esquiver mes attaques, échappait à mes projections de feu, éteignait mes flammes avec la terre, et tentait de m'aveugler avec de la poussière. Je comprenais son choix pour cet élément, parce qu'elle pouvait lutter éternellement contre moi, si elle le souhaitait. Mais l'un de nous devait remporter ce combat, et je n'allais pas lâcher l'affaire.  Je sentais que l'ennui arrivait, puisque les spectateurs commençaient à fuir notre combat. S'ils voulaient de l'action, ils allaient la manquer.

— Montre moi de quoi tu es capable, Maëlle, lui lançai-je, espérant un peu plus de violence dans ce combat.

Je vis son sourire grandir un peu plus. Je ne savais pas si on avait pensé à la même chose, mais je comprenais rapidement que j'aurais sûrement dû être plus précis. Ça allait mal se finir si elle croyait que je lui parlais d'utiliser le reste de sa magie. Terre et feu. Pas tous ses éléments contre le mien. Je n'avais aucune chance face à une liaison, elle le savait. Mais pourtant, elle le fit quand même et m'envoya de l'eau, pensant me déstabiliser, tout en utilisant la terre et l'air pour me faire tomber. Je lui lançai un regard froid, en espérant qu'elle arrête. Elle trichait. Et elle en avait conscience. Malheureusement pour elle, elle m'avait surtout aidé en faisant ça. Je lançai une grande flamme sur l'eau qui venait de toucher le sol à nouveau, et une douce vague de chaleur remonta immédiatement vers nous, me permettant de puiser un peu plus de magie pour le lui renvoyer en pleine tête.

En entendant son gémissement plaintif, je savais que je lui avais fait mal, mais elle n'abandonna pas pour autant. Ses attaques devinrent plus violentes, mieux contrôlées, comme si elle voulait me montrer, me prouver qu'elle était plus forte que moi. J'entendis un professeur lui ordonner de s'en tenir à son élément choisi, et le combat continua, sans triche de sa part. Les minutes passaient, et la violence augmenta d'un cran. Ses coups me faisaient mal, je sentis une branche me fouetter sous l'œil. De peu, elle me rendait aveugle. Si j'avais l'habitude de me montrer réservé, avec elle je ne pouvais pas. Elle envoyait tout, sans retenue, sans même paraître se fatiguer. Elle allait faiblir, à un moment ou à un autre, et j'en profiterai. 

— Allez Alex ! Cria Clément.

Je profitai des encouragements autour de nous, qui avaient l'air de la déstabiliser, au vu de son regard quelque peu perdu qu'elle me lançait, et j'attrapai mon briquet. J'allumai une flamme que je projetai aussitôt face à elle, et lorsqu'elle la toucha, je la fis grandir, encore et encore, au point où elle ne pouvait pas rester debout pour l'affronter. La fumée s'éparpillait, les personnes s'éloignaient, et même si je ne pouvais pas me blesser avec ma propre magie, je devais la limiter pour pouvoir l'apercevoir. Je la vis se coucher à terre, essayant de se battre avec des plantes pour se défendre, mais celles-ci prirent feu dès qu'elles apparaissaient. Comprenant que je lançai une dernière attaque, elle essayait de résister avec des branches, comme protection, mais elle s'était mise dans la mauvaise position pour lutter. La poussière n'était pas suffisante pour éteindre ce feu, qui ne cessait de la brûler.

Mais soudain, sans que je puisse le prévoir, je vis un grand courant d'air déplacer mes flammes un peu plus loin, qui créa un mouvement de panique. Elle fut sur pied la seconde d'après, sans être troublée, sous mon regard surpris et mécontent. Je ne savais pas à quoi elle jouait, mais ce n'était pas comme ça que ça allait se finir.

— Tu triches Maëlle.

Je ne lui laissai pas le temps de répondre en faisant grandir un peu plus les flammes qui l'entouraient. Peut-être que l'air lui avait permis de se relever, de s'en sortir encore, mais il m'avait aussi aidé à pousser mon feu, à le rendre beaucoup plus sauvage, plus impressionnant, pour elle comme pour moi. Je n'utilisais jamais autant de magie, pourtant, face à Maëlle, j'avais l'impression de me vider peu à peu. Je ne tiendrais plus longtemps à cette cadence. Alors, je puisai dans l'énergie qu'il me restait, je tentai le tout pour le tout, faisant grandir les flammes, provoquant un début d'incendie, qui l'empêchait de s'enfuir, de crier, parce que l'air devenait de moins en moins présent. Pourtant, du peu que je croisais son regard, la peur ne le traversait pas, bien au contraire. Elle semblait toujours aussi solide, comme si je ne l'atteignais pas. Comment faisait-elle ? Si elle avait un si grand mental pour se forger une carapace et rester impassible de la sorte, je n'osais imaginer la puissance que cachait cette fille.

Mais contre toute attente, son corps s'effondra sur le sol, dans un bruit strident qui me glaça le sang. En voyant sa tête toucher la terre avec violence, je serrai les dents. J'entendis des quintes de toux un peu plus fortes, et je la vis avoir des convulsions, sûrement dues au manque d'air récurrent ces dernières minutes. J'éteignis immédiatement les flammes autour d'elle, qui continuaient de caresser ses membres sans l'épargner. Ses vêtements étaient poussiéreux, sombres, presque cramés, et sa peau semblait dans le même état. Je me laissai tomber à genoux, épuisé. Contrairement aux combats de corps à corps, ce n'était pas le premier à terre qui perdait, mais celui qui abandonnait, qui n'était plus conscient, qui n'avait plus de force, qui déclarait forfait. Ça ne m'était pas encore arrivé. J'avais déjà eu des égalités, mais aucun abandon. Jamais. 

J'avais gagné.

Quelques secondes passèrent, durant lesquels je regardai les élèves s'éparpiller pour aller observer d'autres combats. Heureusement que le nôtre se terminait maintenant, je n'avais plus la force de le poursuivre. Elle m'avait épuisé. J'étais fier de moi, de ce que j'avais fait. Je n'étais pas un 100 %, certes, mais j'en avais battu un. Je repris mon souffle, en surveillant Maëlle, près de laquelle se précipitaient des adultes, pour vérifier qu'elle n'avait rien. Elle était toujours contre le sol, et avait arrêté de bouger. Est-ce qu'elle était blessée ? Est-ce que je lui avais fait mal ? Je ne pouvais m'empêcher de me poser les questions. Je n'étais pas méchant, je n'avais pas envie ni de ridiculiser l'autre, ni de le faire souffrir. Je me relevai pour la rejoindre, afin de l'aider à se relever, et pour m'excuser si je m'étais montré trop violent durant certaines attaques, mais avant que je puisse lui tendre la main, j'entendis un craquement. Discret. Sourd. Mais trop près de moi.

Je vis quelques personnes se tourner pour me regarder, et mes yeux se posèrent sur Maëlle, à mes pieds, qui relevait la tête lentement. Son regard brillait un peu trop, et je connaissais cette lueur qui le traversait. Je n'eus le temps d'ouvrir la bouche et de penser quoi que ce soit, que je sentis mon corps perdre l'équilibre. Je tombais. Je sombrais. Un trou immense m'engloutit sans attendre mon avis, et mes pieds touchèrent le sol, quelques mètres plus bas. Je n'aimais pas cette nouvelle chute, et ma cheville non plus, puisque j'entendis un léger claquement, puis une douleur aiguë se répandre dans mon membre. Sans que je puisse réagir, je sentis des gouttes d'eau, ou de pluie, perler le long de mon visage. Un liquide glissa le long des parois, avant de m'écraser avec violence, jusqu'à remplir le trou dans lequel j'étais piégé. Je sentis quelque chose agripper mes pieds, me maintenir sur le sol, tandis que je manquais de m'étouffer à chaque seconde.

La panique m'envahit beaucoup trop vite, je ne savais plus quoi faire, je ne pouvais ni utiliser ma magie, ni m'en sortir tout seul. Mon esprit se posait des questions sans réellement m'aider à trouver une solution à ce gros problème. Je vis une ombre se placer au-dessus de moi, celle de Maëlle, qui me regardait d'en haut. Elle était douée, je ne pouvais rien dire là-dessus. Qui avait l'intelligence de penser comme ça, de faire semblant ? Et qui osait réellement le faire ? Qui à part elle ? Je n'avais jamais vu quelqu'un avoir autant de force que cet Ange et pourtant, j'en avais croisé des personnes puissantes, qui agissaient en voulant être les meilleures, quitte à piétiner les autres sur leur passage. 

L'air s'envolait doucement, pour s'enfuir loin de moi. Elle m'asphyxiait, m'emprisonnait, me ligotait, me noyait. Tout ça en même temps. Je sentais mes dernières forces s'évaporer et la fatigue m'envahir rapidement. Mes poignets me faisaient souffrir, je ne sentais même plus mon pied droit, et l'eau montait trop rapidement. Il n'y avait plus rien à faire, alors je fermai simplement les yeux.

  J'avais perdu.

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