Au loin la fête bat son plein. Les basses raisonnent fort. J'entends les cris des participants. Ils sont heureux. Ils sont ivres. Peut-être d'alcool mais surtout de la vie, de ce moment entre amis, entre inconnus à danser coller serrer.

Moi, je suis seul. Le seul homme ici. Nous sommes tellement indifférents à la vie qui nous entoure ! Un oiseau chante. L'entêtante rythmique des cigales me monte à la tête. Le vent et sa brise fraîche me chatouille. Je n'aime pas avoir froid. Je n'aime pas le bruit des cigales mais... Mais au cœur de la nuit, je me sens bercé. Doux cocon !

Je ne suis pas un romantique fou. Je n'ai pas vu dans ces champs d'herbes l'image de ma quelconque tristesse. Je dirais que ce sont ces champs d'herbes qui ont vu en moi l'émois d'un miroir. Mon cœur s'est calmé. Il s'est calqué sur les branches des saules pleureurs qui ondulent tristement. Mes yeux se sont agrandis. Ils se sont mis à apercevoir les infimes mouvements des insectes. Je me suis fait léger tel un oiseau, une petite hirondelle. Mes soucis se sont envolés. Mes états d'âme et mes pensées aussi. Je suis là et je contemple.

Alors que le soir m'emporte, je pense à cet instant. La tombée de la nuit m'apporte toujours la même mélancolie.

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L'entends-tu ce bruit sourd au loin ? Elles sonnent, les cloches. Toutes les heures, elles réveillent les voisins et font aboyer les chiens. Elles sonnent le glas du soldat trépassé. Oui, celui dont on n'a pas retrouvé le corps. La petite médaillette sera la seule à témoigner. Ce sera la seule qu'on priera. Mais au fond, personne ne saura si ton soldat est bien mort au combat ou s'il n'a pas préféré regagner une autre voie. Celle où il aura la vie sauve. Demain matin, les cloches se tairont. Ce sera fini. Il n'y aura plus personne pour pleurer. Plus personne ne fera sonner les cloches car plus personnes ne sera là pour les entendre. Personne ne pourra les entendre enfui six pied sous terre.

A midi, elles reprendront leur symphonie. La clochette légère tintera clairement le mariage. Union de deux personnes par amour ou par envie. Ce sera un moment de joie partagé, de plaisir dissipé dans la promesse d'un futur avenir à deux. A deux mais pas avec les mariés qui deux ans plus tard n'auront pas de cloches pour sonner leur divorce. Juste quelques papiers à signer pour les accompagner en plus des cartons.

Un soir, jour de fête, elles retentiront de nouveaux. Venu au monde d'un nouveau-né. Dans la foulé il sera baptisé. Les parents et la foule sous les coups du dôme joyeux riront le futur glorieux de leur petit.

Rythmé par les matines et les angéluse, ce beau monde quotidien et sans secret écouleront leur jour non loin de la répétition du verset. Protégé par des murs de pierres, ces géant instrument de métal, enfantins, matures ou posés, feront sonner le temps qui s'écoule entre nos doigts. Du premier réveil au dernier trépas moi j'écoute ces cloches, le sommeil m'emportant ici-bas.     

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Grimaud