Horreur ! Que vois-je ? Je perds mes mots ! Ils s'envolent, petit à petit, les uns après les autres. Mais comment vais-je faire s'ils me quittent tous ? Que pourrais-je écrire s'ils décident de partir ? M'abandonner comme ça ! Quelle honte ! Moi qui essaie pourtant de vous glorifier, de vous présenter au monde entier. Moi qui vous aime tellement. Vous partez peu à peu de mes écrits de mes pensées. Mais que vais-je faire si je ne peux plus faire couler l'encre ?

Le héros ne pourra plus achever le monstre. Il sera dans une éternelle attente. L'épée levée prête à l'action attendant seulement que des mots viennent lui dire quoi faire, l'alléger de son éternelle contraction. La sorcière ne pourra plus faire sa potion magique et le paysage sera à moitié crayonné attendant la fin d'un coup de pinceau pour lui donner un peu de couleur.

Ne partez pas ! Toutes ces actions n'attendent que vous. Que vais-je faire si je vous perds ? J'aime les pinceaux mais j'ai deux mains ! L'une pour tenir le pinceau et l'autre pour la plume ! Pour que les deux puissent créer. Si l'encre ne coule pas... cela signifie qu'il n'y a plus rien !

Je sais que vous me direz « mais on ne t'a pas tous abandonné regarde ce qu'il te reste ». Oui, oui. Vous êtes encore nombreux mais saleté d'obsession du chiffre. Je commençais à trois-cents et voilà que le tier s'est envolé. Il ne m'en reste quasi moins. Déjà que ce n'était que des petits écrits, ce que je tâchais de faire, si en plus vous me quittez, à quoi servira la noisette que je pourrais pondre ?

Non. Oui. Je sais ! Si vous partez alors c'est que j'ai une chance de vous reconquérir. Vous voulez prouver que l'on doit être digne de vous pour vous appeler, pour vous nommer. Alors je me montrerais digne ! Je combattrai, tuerai, apprendrai, pardonnerai. Je serai digne !

Partez ! Volez ! Loin très loin. Cachez-vous. Je viendrai vous retrouvez. Je vous le promets Les mots couleront de nouveaux. L'encre coulera à flot pour faire saigner les empires, construire les châteaux et lier les familles.

Je vous le promets !

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Grimaud