A un triomphateur

Je me coiffais de mes plus beaux atouts. Aujourd'hui était un jour de fête. Un jour de célébration qui resterait à jamais dans les mémoires. Le laurier sur la tête, le glaive au côté, le dos drapé de rouge, j'étais prêt à paraitre dans la gloire et le mérite que mes victoires m'accordaient. C'est avec fierté que je montai dans le quadrige des triomphateurs. 

Rangée d'honneur, cris d'allégresses et musique pour m'accueillir. L'entièreté de la plèbe était là pour m'observer moi, général victorieux. Depuis le champ de Mars nous remontions moi et mes soldats à ma suite profitant de mes accomplissements. La foule nous acclamait tous. Elle s'écriait à mon passage, fière de pouvoir contempler un chef de guerre, un triomphateur. Je me laissais emporter par tout ce faste, cette foule, cette joie, cette gloire. Un sourire s'étirait peu à peu sur mes lèvres en même temps que nous avancions dans la ville.

Lorsque soudain quelque chose siffla à mes oreilles. Mon sourire disparu. Un de mes soldats, placé sur ma gauche s'était moqué de moi. Il avait osé se moquer de moi et maintenant je regardais ses compagnons rire avec lui de la plaisanterie. A peine calmé que l'un d'entre eux renchéri, me dénigrant aux yeux de tous. Et alors que les ricanements allaient de plus belle, nous continuions d'avancer et je continuais d'être acclamé. Mon demi-sourire, visage figé, fini d'achever d'hilarité ces impertinents. Alors l'un d'eux s'avança vers moi pour me dire :

-       Excusez-moi mon général ! Mais c'est ainsi que cela doit se passer. Vous êtes un triomphateur acclamé aujourd'hui mais il ne faut pas oublier que vous êtes encore un homme et que demain vous redeviendrez citoyen romain. Rien n'aura changé. Si vous voulez éterniser le bruit de votre triomphe, gravez-le dans la frise avant que l'herbe n'étouffe vos victoires.

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Le temps ou plutôt le Temps est un grand mot ! Il a fait trembler bon nombre de grande figure ou d'inconnu quelconque. Ais-je encore du temps ?

L'oubli aussi est une chose qui a effrayé de nombreuses personnes. On a cherché à oublier des massacres, des mauvais souvenirs, des personnes ou au contraire, on a essayé de ne rien oublier. Ne pas oublier notre histoire, nos amis, notre rêve de la nuit dernière. Et pourtant, est-ce que l'on décide de ce qu'on oublie ?

L'un comme l'autre passe, peu importe ce que l'on fait ou ce que l'on ne fait pas. O toi triomphateur, tu ne peux pas échapper à ces deux-là. Mais on ne sait pas quand ils viendront. Fait du bruit tant que tu le peux encore !

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On dit qu'un écrivain ou un artiste a deux morts: celle physique lorsqu'il meurt et celle artistique lorsqu'on oublie ce qu'il a fait.

Grimaud

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