Soulager c'est donner

En prenant de la maturité, je devins de plus en plus audacieux. Et aujourd'hui, je n'hésite plus à me montrer de jour en ville, dans des quartiers où l'étrangeté d'un semi-homme semi-félin fait son exotisme. Enfin, du moins, c'était avant les attentats !L'ignorance de ma prime adolescence, en milieu rural, ne me donnait cependant pas cette audace. Encore au pelage blanc, je vivais ma double nature comme je pensais que mes ancêtres la vivait. Savais-je qu'en d'autres temps, les galipotes cultivaient leur mystère en entretenant leur pelage blanc ? Autres temps, autres mœurs, aujourd'hui on a moins de scrupule à s'afficher.

Mais avant l'aisance vient l'apprentissage. Ainsi, il y eu une première fois où, tout à fait par hasard, je découvris mon pouvoir empathique et ses corolaires de "sortilèges", non prononcé par des paroles humaines mais par une expression intense de ma force vitale féline, particulièrement forte quand je prenais ma forme animale. 

Je me souviens de cette première nuit, maraudant dans le village, allant par les rues et le cimetière. Car, oui, j'aime la compagnie des morts comme des vivants, à l'affût de leurs histoires, et de leurs plaintes comme pour les soulager et faire vivre les souvenirs.

Cette nuit-là, chat au rebord d'une fenêtre, écoutant au travers des volets, il était minuit ou peut-être après, dans ma langue maternelle qui n'est pas le français mais que je traduis ici, j'entendis cette brève conversation :
— Jeanne, je vais mal. Je veux mourir.
— Tais toi donc André, arrête tes sottises et dors.
Alors, sur la margelle, bouleversé par ce désespoir que je ressentais, je fermai les yeux, et l'émotion me dicta d'émettre cette volonté silencieuse par devers moi :
— André, je prends sur moi ta douleur, et je te donne ma paix. Que ce don t'apaise et te redonne espoir.

Il n'arriva nul malheur à André, ni le lendemain, ni les jours d'après. Je su même que cette famille, accablé de malheur pendant des années connu la libération. Et alors qu'elle vivait, recluse du village, ses portes s'ouvrirent à nouveau, et elle repris une vie heureuse.

C'est ainsi que j'en vins à soupçonner que ma nature hybride avait un sens, pas seulement pour moi, mais destinée aux autres. Mais, j'étais loin encore d'imaginer toutes les conditions nécessaires de cette magie, ni même bien certain qu'elle existât vraiment. Et j'étais encore plus loin d'imaginer ce que cette charge allaient représenter pour moi. Car, dispenser le bonheur comme le malheur s'est avéré avoir un coût. Et plus le sort était puissant, plus son coût allait s'avérer élevé pour moi.

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