chapitre 12
Sourire. A défaut de pleurer. J'ai refait ce rêve où j'appelle inlassablement ma mère. Je dissimule mes cernes sous une tonne de fond de teint, plus rien n'y paraît. Je continue encore et toujours à tout masquer. Je relève mes cheveux en une haute queue de cheval. Je claque mes mains contre mes joues, ferme les yeux quelques instant puis les ouvre. Ma détermination et mon calme de retour, je sors des loges et rejoins Austin et les danseurs sur la scène construite au bout du stade. Pour le concert de Justin nous étions au centre. Aujourd'hui est notre avant dernière répétition. Demain le grand jour. Le soleil est déjà levé. Sept heures trente. Je frissonne. L'air est frais. Je croise le regard d'Austin. Mon cœur s'emballe, je sers les poings pour faire redescendre la tension. Ce n'était pas prévu ! Depuis notre tête à tête à la plage, nous n'avons plus eu l'occasion de se retrouver seuls et j'en suis soulagée. La clef reste toujours introuvable malgré les nombreuses recherches effectuées au magasin et chez moi. Le coach arrive, sourire plaqué aux lèvres et tout le monde se rapproche. J'avale rapidement la dernière gorgée de café que compte mon gobelet et les rejoins. Soudain je dérape et ferme les yeux attendant la chute imminente. Rien ne vient. Je risque un œil ouvert, puis un second. Je suis dans les bras d'Austin et des sifflements s'élèvent autour de nous ! Mes yeux se plongent dans ceux du chanteur, inquiet.
Austin : Rien de casser ?
On se croirait dans une scène de film. Je me relève rapidement, laissant s'échapper la chaleur qui m'entourait dans ses bras.
Coach : Ally ! Tu as de la chance d'être une fille ! Tu es si bien traitée ! Tu viendras me voir quand tout sera terminé.
Serait-ce de la moquerie que je perçois dans sa tonalité ? J'acquiesce et n'y prête pas plus attention. Les gars me donnent des tapes amicales dans le dos, me charriant à l'occasion. La répétition se passe sans accroche Et nous sommes libérés à midi, nous devons être en pleine forme pour demain, mercredi vingt huit août. Cette date résonne dans ma tête. Je ferme les yeux, laissant l'eau brulante de la douche couler le long de mon corps. Je ne pensais pas que le temps passerait si vite. J'ouvre le rideau de douche, la buée cache mon reflet dans le miroir. J'approche mon bras pour la dissiper mais renonce. Après une séance intensive comme celle-ci une douche est ce qu'il y a de mieux ! Mes muscles sont détendus et mon esprit tranquille. Du moins l'était. Austin attend dehors les vestiaires du stade, mains dans les poches. Il sourit en me voyant et s'approche.
Austin : Que voulait le coach ?
Je fronce les sourcils, j'avais presque oublié notre discussion.
Moi : Rien qui ne te concerne ! Juste un ou deux conseils pour demain.
Austin : J'ai hâte d'y être !
Un sourire se dessine sur mes lèvres, on dirait un gosse qui attend impatiemment ses cadeaux de noël. Nous marchons ensemble vers la sortie où nous attend un taxi que blondinet a appelé peu avant. Trish souhaite nous réunir pour « un conseil d'état ». Nous n'avons toujours pas retrouvé la clef de mon journal et les cours reprennent dans moins d'une semaine. Une ombre traverse mon visage. Le trajet s'effectue en silence. Austin essaye de temps en temps de lancer un sujet de conversation qui s'achève le plus souvent dans un lourd silence. Il est bizarre. Depuis vendredi soir, quelque chose en lui a changé mais je ne saurais dire quoi. Le chauffeur prend un virage serré et je tombe sur lui. Nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre s'empourprent et on se sépare en bégayant quelques excuses. Je ferme les yeux et me maudis silencieusement en adossant ma tête contre la fenêtre. Les rayons du soleil qui filtrent à travers la vitre me chauffent le visage, c'est agréable après la pluie de ces derniers jours.
Austin donne des billets au chauffeur et nous nous engouffrons dans le centre commercial. Trish et Dez sont déjà installés sur la terrasse d'Hagen Daz, chacun un pot de crème glacé à la main. Austin court s'en acheter un et revient en fourrant une grosse cuillère dans sa bouche. Pour ma part, je sors une bouteille d'eau que je vide d'une traite. L'air s'est réchauffé et déjà quelques gouttes de sueurs perlent dans ma nuque. Puis après quelques minutes de silence Trish prend la parole, la détermination dans les yeux.
Trish : Il faut faire quelque chose pour ce journal !
Entre deux bouchées, Dez répond, la bouche pleine.
Dez : Et si on forçait le cadenas ?
Silence. C'est une bonne idée ... Trop bonne à mon goût.
Trish : Mais pourquoi tu ne l'as pas dit avant ?!
Dez : Je voulais quand même vérifier si l'une de mes clefs pouvait l'ouvrir ... Et puis ça m'amusait de faire une chasse au trésor.
Mon amie est sur le point de lui sauter à la gorge. Austin lui s'apprête à partir chercher de quoi « faire sauté ce con de cadenas ». Je les retiens par la manche en me levant, légèrement affolée.
Moi : Attendez ! Je ne veux pas qu'on l'ouvre maintenant !
Trois paires d'yeux semblables à ceux des hiboux me fixent. Bras ballants et bouche grande ouverte, ils n'en reviennent pas. Je me redresse en passant une main dans mes cheveux ondulés et emmêlés. Le soleil les a séché rapidement.
Moi : ... J'aimerai attendre la fin du concert ... J'ai peur de ce que l'on va découvrir ! Vous savez ... Je ne voudrais pas être perturbée par ça avant le concert ! Je ne voudrais pas qu'il soit raté à cause d'une mauvaise surprise ... On a tellement travaillé, ça serait dommage et je ne veux pas qu'on casse du sucre sur mon dos par la suite !
Il semblerait que mes arguments les aient touché. Je souffle et me rassois dans mon fauteuil. J'ai besoin de gagner du temps. Juste vingt quatre heures. Mon portable vibre, un nouvel SMS est arrivé. Mes doigts se crispent autour de l'appareil.
De Kira Starr à Ally Dawson, mar.27, 13h45
« Ce soir, 18h là où il t'a dit ! »
Elle fait allusion au coach. Je vois ... Maintenant que j'y pense, elle n'est plus collée à lui telle une sangsue assoiffée de sang. Ont-ils rompu ? Je toise la starlette du regard. La question me démange et titille mes lèvres. Une demie heure plus tard, je m'empare de mon sac et me dirige vers le Sonic Boom avec Trish.
Trish : Il s'est passé quelque chose vendredi soir ?
Si j'étais entrain de boire j'aurai tout recraché. Je ne m'attendais pas à ce genre d'attaque de sa part. D'autant plus que le sujet a déjà été abordé à de nombreuses reprises.
Moi : Non. On est juste resté allongé sur le sable à regarder le ciel comme deux gamins.
Trish : ... Tu sais ... A une époque je t'ai encouragé avec tes sentiments. Tu voulais sortir avec un gars mais ...
Elle secoue la tête et me sourit.
Trish : Oublie ça va !
Moi : Tu parles comme une grand-mère.
Mon visage se ferme. Je sais très bien ce qu'elle allait dire. Le temps presse.
J'aide mon père a rangé les derniers cartons dans la réserve. La boutique est vide, il est l'heure de fermer.
Lester : Tu n'aurais pas du venir m'aider, tu as encore pas mal de chose à finir pour demain !
Moi : Ne t'inquiètes pas ! Il ne me reste qu'un léger détail à régler et tout sera prêt.
Lester : Tu es sûre que tu ne regrettes rien ?
Moi : J'ai fais mon choix. Je dois y aller ! On se rejoint à la maison !
Je monte dans le studio, rassemble mes affaires et m'apprête à sortir. Je me retourne pour observe la pièce, silencieuse, une dernière fois. Mes yeux se posent sur le piano, où deux fantômes apparaissent. Moi et Austin, assis l'un à côté de l'autre entrain de jouer. Je ferme les yeux pour me concentrer sur la vision qui s'efface aussitôt. Je sors en suffoquant. Dehors, l'air est lourd et le vent chaud. Je jette un coup d'œil à l'immense horloge planté au milieu de la place du centre, encore cinq minutes. Je rentre ma tête dans les épaules et me fraye un chemin parmi les passants. Si je suis en retard à son rendez-vous, Kira sera furieuse et je veux pouvoir rester calme or si d'entrer de jeu elle m'agace, ma tension va battre tous les records. Je presse le pas. Je ne veux pas croiser de visage familier qui pourrait me suivre. Arrivée au point de rendez-vous, j'attends. Le temps passe et j'attends encore. Le soleil commence à disparaître sous l'horizon. Je grince des dents. Elle s'est bien moquée de moi. J'aurai pourtant du le sentir venir le coup du lapin ! Je m'apprête à partir quand mon prénom résonne à mes oreilles. Kira apparaît dans l'ombre derrière moi.
Moi : J'espère que ça sera rapide, tu m'as assez fait perdre mon temps comme ça.
Elle se rapproche, presque mécaniquement et je vois enfin son visage. Un frisson me parcourt le dos. Ses cheveux sont en bataille, ils n'ont pas été brossés depuis plusieurs jours, ses yeux bouffies d'avoir pleurer sont encore rouge et on adopté la forme des poissons quant à son teint, aussi terreux qu'un cadavre. Qu'a-t-il bien pu arrivé à l'héritière Starr dont l'apparence est la seule chose qui compte à ses yeux ?
Kira : Tout ça c'est ta faute !
Ben voyons ! Ca commence bien ! Les premiers mots qu'elle prononce sont des accusations.
Moi : Qu'est-ce que j'ai fait encore ? Que se passe-t-il ?
Kira : Si tu n'étais pas là, je sortirai avec Austin en ce moment même !
Sa voix se brise et elle éclate en sanglot. C'est donc de cela qu'il s'agit ... D'un autre côté je ne vois pas ce que ça aurait pu être d'autre.
Moi : Il aurait fini par rompre de toute manière, ma présence n'y est pour rien !
Kira : Bien au contraire !
Elle se redresse tel un pantin désarticulé et un sentiment d'effroi me prend aux tripes. Elle va me tuer, c'est ce qui se dégage d'elle. Je fais un pas en arrière.
Kira : C'est parce qu'il veut se consacrer à toi qu'il m'a quitté ! Pour te faire retrouver ta soi distante mémoire ! Mais je sais que tu ne l'as jamais perdu ! Tu as fait tout ça dans le but de nous séparer parce que tu étais jalouse ! Parce que tu ne pouvais pas l'avoir !
Moi : Et alors ?
Mes yeux ne quittent pas les siens. Ma réaction l'étonne, l'espace d'instant elle ne sait quoi répondre. Je ne veux pas perdre mon temps à lui prouver le contraire. Un sourire de victoire se dessine sur ses lèvres gercées.
Kira : Tu le reconnais enfin !
Elle rit. Son rire cristallin me fait vibrer les tympans. Je m'empêche de me boucher les oreilles.
Kira : Tu es forte Dawson ! J'ai pourtant tout fait pour vous éloigner ! J'empêchais au maximum Austin de t'approcher et je me suis arrangée de mon côté pour t'éloigner de lui ! Je dois reconnaître que ce petit groupe de danseur m'a été très utile.
Je me redresse. Son expression ne cache pas sa jubilation.
Kira : Oh tu ne savais ? Jake et ses amis travaillent dans la compagnie de mon père depuis longtemps ! Je leur ai promis de participer à un concert si en échange ils s'occupaient de toi !
Ne te laisse pas avoir Ally ! Elle n'était pas au courant de ton accident ! Elle ment. Les visages souriant de mes amis danseurs apparaissent les uns après les autres.
Kira : Mais je n'avais pas prévu qu'il tombe amoureux de toi, je dois bien le reconnaître ! Mais cela m'a bien arrangé car il te voulait tellement qu'il était prêt à tout pour t'éloigner de lui. C'est moi qui lui ai conseillé de simuler un coma et lui ai demandé de t'accaparer !
Son sourire s'efface. Je suis encore sonnée parce qu'elle me dit. Ca ne peut pas être vrai, pas Jake. Ce n'est pas le Jake que je connais, il n'aurait jamais fait semblant de prendre soin de moi ...
Kira : Mais il a abandonné ! Il t'a laissé partir car il ne le supportait plus. Te voir penser à Austin, de voir les regards que vous vous échangiez ! Ne crois pas que nous sommes aveugles !
Par un effort intense, je retrouve mon sang froid. Ma bouche est sèche et pâteuse. Je ne peux pas laisser mes sentiments me dominer. Pas maintenant !
Moi : Peu importe puisqu'à présent nous ne sortons plus ensemble. Ce que tu me dis ne m'atteins pas Kira ! A présent, dis ce que tu attends de moi ! Ne me fais pas perdre mon temps d'avantage !
Elle fait une pause. Je vois dans son regard que les choses ne se passent pas comme prévu. Elle pensait sans doute que j'allais être abattue et fondre en larme. Je dessers la mâchoire petit à petit. Elle n'avait pas tord. Je suis blessée. Blessée de ce que Jake a fait mais je lui ferai pas plaisir. Elle lève la tête et pose sur moi ce regard de supériorité et d'autorité qu'ont tous les enfants de riches.
Kira : Je veux que tu disparaisses de la vie d'Austin ! Si tu refuses je réduirai sa carrière à néant ! Je ferai en sort de le détruire !
Je soupir et saisis mon sac. Je fais quelques pas vers la sortie et tourna ma tête sur le côté la faisant apparaître dans un coin de mon champ de vision. Le visage à moitié dissimulé dans l'ombre projeté par le crépuscule, je lui souris et lui fais un signe du dos de la main.
Moi : C'est ce que j'ai prévu depuis bien longtemps !
Point de vue : Austin Moon.
Je n'ai pas quitté Ally des yeux durant toute la répétition. Elle n'a fait aucun faux pas pourtant je la sens distraite. Peut être que le trac commence à faire effet, après tout le concert n'est que dans huit heures et les heures passent vite. Je la vois disparaître dans les coulisses pendant que je termine les derniers tests son et éclairage avec l'équipe. Durant la pause de midi, je pars à sa recherche mais ne la trouve nulle part. Personne n'est capable de me dire où elle est ! J'envoie un SMS à Trish et Dez. Personne n'est supposé quitter le stade aujourd'hui.
Quatorze heures trente, la costumière est là et les maquilleuses aussi mais toujours aucuns signes d'Ally. Quant à Trish et Dez, on dirait qu'ils sont murés dans le silence ! Pourquoi ne me répondent-ils pas ?! Je sers d'avantage mes mains et fais trembler mon pied. Je ferme les yeux. Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour elle. Mon portable sonne, je m'en empare immédiatement.
De Trish à Austin, mer.28, 14h37
« Elle n'est ni chez elle ni au Sonic Boom ! Elle m'a juste envoyé un texto où elle disait qu'elle souhaitait resté seule un moment ! »
Elle veut être seule ... Je me lève brutalement surprenant les maquilleuses qui s'occupent des gars. Je les préviens de mon absence et cours à travers le dédale de couloirs, évitant de m'emmêler les pieds dans les fils. Un employé à la sono apparaît à un croisement poussant une brouette que je franchis d'un bond. Je vois la sortie et m'y précipite mais les gardes m'empêchent de sortir. Des fans attendent déjà dehors. Jimmy arrive derrière, braillant quelques ordres dans son oreillette avant de poser ses yeux sur moi.
Jimmy : Que se passe-t-il super star ?
Moi : Vous devez me laisser sortir ! Je dois aller chercher Ally !
Un pli apparaît dans le coin de sa bouche.
Jimmy : C'est fâcheux ! Mais tu dois comprendre que je ne peux pas te laisser partir ! S'il t'arrive quoi que ce soit ...
Moi : Je suis le seul à pouvoir la retrouver et la faire monter sur scène !
Je souffle comme un mufle. Je ne comprends pas d'où vient cette tension. J'ai un mauvais pressentiment, je dois la retrouver quoi qu'il arrive ! Il accepte et me dépêche une voiture supposée m'emmener au centre commercial. Le trafic est dense aujourd'hui. Ally ... Ma mâchoire se crispe. Je regarde pour la dixième fois en cinq minutes l'heure sur mon portable. Toujours aucune nouvelle d'Ally ! Je n'arrive pas à faire cessé cet appel dans ma tête : Ally ! Son prénom est répété inlassablement. J'aurai du le savoir que ça n'allait pas. Je demande au chauffeur d'accélérer mais il ne peut rien faire, nous sommes coincés dans les bouchons à quelques minutes du centre ville. Je fais tapé mon pousse, nerveusement sur mon jean. Sans crier garde, j'ouvre la porte de la voiture et cours au milieu des voitures immobiles qui klaxonnent à mon passage.
Essoufflé, j'arrive au centre commercial une demie heure plus tard. Je ne m'arrête que quelques instants. L'air brûle mes poumons. J'entends un groupe de fille crier mon nom. Ce n'est pas le moment ! Je recommence ma course, dansant entre les passants pour éviter de leur rentrer dedans, d'écraser leur chien. Je m'arrête subitement sur le fronton, le long de la promenade de Miami beach. Où est-elle ? Le soleil dans les yeux, j'essaie de l'apercevoir au milieu de la foule. A cette heure, la plage est bondée ! Comment vais-je la retrouver !? Si elle stresse elle va surement chercher un endroit plus calme ... Des images de vendredi soir remonte à la surface. Son visage faiblement éclairer sous le ciel nocturne, son regard perdu parmi les étoiles, ses mèches de cheveux éparpillés sur le sable. La dune ! Je cours en partant sur ma droite. Mes pas frappe le bois et je m'élance sur les dunes, jusqu'à l'endroit où nous avions l'habitude de traîner jusque tard le soir. Elle n'est pas là. Je me passe une main dans les cheveux, perdu. Je regarde une dernière fois autour de moi et aperçois un sac de sport, c'est les sien! Je l'ouvre et me fige de surprise. Tout au fond, repose mon collier sur un de mes tee-shirts. Un morceau de papier déchiré traîne à côté sur lequel sont griffonnés quelques mots. « Tu es la clefs de mon journal. » Qu'est-ce que ... Je saisis mon portable et envoie un message à Dez, on se rejoint devant le Sonic Boom dans vingt minutes. Je balance le sac sur mon épaule et cours, cette fois, chez moi. Pourvu que mes parents y soient encore. Je tambourine frénétiquement contre la porte qui tarde à s'ouvrir. Je ne prends pas le temps de me moquer du visage médusé de ma mère et monte dans ma chambre en ouvrant tous les tiroirs.
Mimi : Austin Monica Moon ! Peux-tu m'expliquer ce que tu fais ? Ta chambre vient d'être rangée ! De plus tu devrais être au stade pour ton concert ! Tu t'épuises !
Je me redresse, les cheveux en batailles. Où ai-je bien pu le ranger ! Bon sang ! Mon portable sonne, Jimmy. Je le lance à ma mère qui répond à ma place. Je tape du poing mon bureau. Je n'ai pas pu le perdre !
Mimi : C'était ton producteur, il s'inquiète !
Moi : Je sais ! Dis tu n'aurais pas vu un collier avec une clef ?
Mimi : Ah si il est dans ma chambre ! Je ne comprenais pas ce qu'un collier de fille faisait dans ...
Je la contourne et m'engouffre dans la pièce interdite. La chambre de mes parents. J'écarte violement les portes de son armoire à la recherche du bijou. Si ce n'était pas ma mère je lui aurais crié dessus. Elle ouvre un tiroir d'une commande et me tend le pendentif, le regard inquiet et interrogateur. Je la salue brièvement et dévale les escaliers manquant de peu de me rétamer. Le chauffeur de Jimmy m'attend devant chez moi, il semblerait qu'il se soit sorti des bouchons. Je m'engouffre à l'intérieur du véhicule et lui indique le même endroit, le centre commercial. Mes yeux ne quittent pas le bijou. Pourquoi je n'y ai pas pensé ? Je ferme les yeux et presse la clef contre mon cœur. Elle me l'a donné à l'aéroport avant la tournée, un porte-bonheur selon elle. Je souris. Il n'y a qu'elle pour penser qu'une clef puisse apporter le bonheur. Bientôt seize heures. Je déteste perdre mon temps et c'est exactement ce qu'il se passe. Je cours dans tous les sens mais je ne sais toujours pas où Ally a disparu !
- Austin !
J'aperçois Dez me faire de grands signes de la main en agitant le journal d'Ally.
Dez : Tu l'as retrouvé ?
Austin : Non mais j'ai la clef du cadenas !
Trish : Qui s'occupe du journal alors qu'elle a disparu ?!
Austin : C'est la seule chose qu'elle a laissée à la plage ! Elle veut qu'on l'ouvre !
Trish : Il est déjà quatre heures Austin ! Tu devrais retourner au stade ! En plus c'est l'heure de pointe, il va y avoir des bouchons !
Austin : Pas sans Ally !
L'injonction dans ma voix la surprend, moi aussi. Mes mains tremblent et je suis crevé. Je cours à droite à gauche depuis deux heures. Je laisse Trish faire pendant que je vais me payer une boisson et une gaufre pour me redonner des forces. A mon retour aucun ne parle, Dez ouvre de grands yeux, le visage de Trish reste fermé, inflexible. Elle le ferme en faisant le faisant claquer entre ses mains.
Trish : Tu devrais lire.
Elle le fait glisser sur la table et se lève pour s'éloigner. Je jette un regard intrigué à Dez qui me sourit et m'incite à lire les dernières pages. J'ouvre le journal qui m'a toujours été interdit. « Ne touche pas mon livre ! » Je souris. C'est bien son écriture. Ca et là, des photos de nous, des fragments de souvenirs. Je parcours rapidement les pages.
20 mai 2013,
Déjà une semaine qu'il est parti avec elle. Je ne pensais pas que mes sentiments pour lui étaient si forts. J'espère qu'avec le temps ils vont disparaître ! Je ne veux pas que notre relation change, je suis heureuse comme ça !
25 mai 2013,
Je l'aime. Il me manque. Je ne peux le voir qu'à travers des vidéos postées sur Youtube. Il est fantastique ! Comme toujours ...
30 mai 2013,
J'ai écris une nouvelle chanson pour lui, j'ai hâte qu'il rentre pour la lui faire écouter ! Il va l'adorer !
6 juin 2013,
Je ne comprends pas pourquoi il ne répond pas à mes mails ni aux SMS que je lui envoie malgré l'interdiction de mon père, ça coûte cher. Que fait-il en ce moment ? Est-il avec elle ?
16 juin 2013,
J'ai reçu un mail de Kira qui me disait qu'il n'avait pas le temps de me parler, que je le dérangeais. Est-ce qu'il s'est juste servi de moi ? Mon cœur se sert en y pensant.
20 juin 2013,
J'essaye de l'oublier mais il est partout. Tu me manques ! Reviens ! Tu me manques ! Tu me manques ! Tu me manques ... J'aimerai lui dire tout ça ... Je t'aime !
25 juin 2013,
Trish s'inquiète de ma perte de poids et de mon état. Elle me propose de l'appeler mais je refuse. Chaque soir je pleure en l'imaginant dans ses bras. En me disant qu'il l'embrasse peut-être sous la tour Effel ou qu'il prend un petit déjeuner romantique sur la terrasse d'un hôtel à Rome. J'en ai assez ... Pourquoi je ne peux pas arrêter de l'aimer ? Je vois toujours, quand je ferme les yeux, son visage gravé sous mes paupières, ses cheveux blonds, son sourire charmeurs et ses yeux noisette qui se plongent dans les miens. J'ai mal ... Je veux que ça s'arrête !
30 juin 2013,
J'ai décidé d'enfermer mes sentiments. De me reprendre pour ne pas l'inquiéter. Je ne veux pas que Trish se face un sang d'encre pour moi.
Mes mains tremblent en tournant la prochaine page. Ce n'est pas possible ... Une chanson et une lettre sont coincée. J'étouffe, mon cœur bat de plus en plus vite. Le sang bat dans mes tympans. Tremblant de tout mon être j'ouvre la lettre qui m'est destinée.
« Austin,
A l'heure où tu lis ces mots, je suis peut être déjà loin. Je suppose que tu as lu les dernières pages de mon journal ... Ce que j'ai écris sont mes véritables sentiments que j'ai ancré au fond de mon cœur pendant plusieurs mois. Mais je dois à présent te dire une autre vérité, à toi, Dez et Trish. Je n'ai jamais perdue la mémoire. Depuis le début j'avais prévu d'avoir un accident, de m'améliorer en danse, de changer mon caractère. Je voulais te mettre à l'épreuve. J'espérais dans mon cœur que tu sois amoureux de moi et voulais voir si mon état t'aurait permis de dévoiler tes sentiments mais au final, si tu lis cette lettre, c'est que j'avais tort. Ce que j'ai fait ne mérite pas d'être pardonné, j'en suis bien consciente. Je ne pouvais tout simplement pas partir sans vous le dire.
Je continuerai à te regarder, te dévorer des yeux, comme je l'ai toujours fait : De loin. A travers les écrans au bras d'une autre sûrement.
N'essaye pas de me chercher si jamais tu en as l'envie. Nos chemins sont définitivement séparés.
Je te souhaite tout le bonheur du monde,
Ally. »
Le papier se froisse entre mes mains. Trish a lu la lettre par dessus mon épaule et s'est effondré en larme. Quant à moi, une boule dans ma gorge m'empêche de parler. Je relis encore et encore la lettre. Et tout ce que je vois, c'est elle. Son visage illuminé. Sourire.
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