chapitre 10


Courir. Hors d'haleine, j'entre dans la chambre d'hôpital. Mes cheveux mouillés par la pluie dégoulinent sur mes épaules et se plaquent contre ma peau. Je reprends mon souffle, les mains sur les genoux. Légèrement calmée, je relève enfin la tête. Aucun mot n'a été prononcé depuis mon entrée. Kim, Chris et Mac s'écartent du lit. Mes yeux rencontrent enfin ceux de Jake, j'ouvre la bouche mais les mots restent coincés dans le fond de ma gorge. Je laisse tomber mon sac et cours jusqu'à lui pour me jeter des ses bras tendus. Il enfouit son visage dans le creux de mon cou, son souffle me donne des frissons. Ses bras refermés autour de mon corps me serrent, à chaque seconde qui passe, un peu plus contre lui. J'agrippe sa blouse blanche que tous les internés doivent porter. Nul ne parle. Je suis soulagée. Il va bien. Je le repousse délicatement tout en plongeant mes mains dans les siennes.

Moi : Crétin fini ! Tu n'imagines pas à quel point j'étais inquiète ! Qu'est-ce que tu as fait pour te retrouver dans cet état !?
Jake : J'ai traversé un peu trop vite la chaussée et une voiture m'a percuté ...

Mon cœur s'arrête brusquement de battre. Mon corps entier se crispe. La lumière aveuglante des phares, le bruit assourdissant des pneus sur le béton de la route, les rires d'une enfant, des cris d'effrois et un prénom inlassablement répété. Une voix lointaine me tire de mon rêve. Je secoue la tête et regarde innocemment Jake dont l'inquiétude se lisait dans ses yeux noisette.

Jake : Ally ! Tout va bien ?
Moi : Je ...

Je n'ai pas le temps d'en dire plus qu'il me prend de nouveau dans ses bras. Je n'ai pas la force de le repousser. À l'instant ... Je fronce les sourcils.

Jake : Je suis désolé de t'avoir inquiétée à ce point ! Je veux rattraper le temps perdu ! Pourquoi ne pas passer les prochains jours chez moi ? Ne t'inquiète pas il y aura mes parents !
Moi : Avec la tempête je préfère rester auprès de mon père, en plus tes parents doivent être fou de joie, et voudront sûrement passer du temps avec toi ...
Jake : J'insiste ! Je peux sortir d'ici dès ce soir ! Le médecin est déjà venu faire des tests, je suis en pleine forme !

Il commence à remuer et souhaite se relever mais je l'en empêche.

Moi : Tu viens à l'instant de te réveiller ! Tu as subi un trauma pour tomber dans le coma ! Tu dois faire attention !

Il caresse mes boucles humides avec un doux sourire. Pourquoi ses yeux sont-ils si mélancoliques ?

Jake : Je vais bien ... Je te le promets !



Je n'ai pas suivi le film. Je n'ai rien retenu de l'histoire. Je suis incapable de dire s'il s'agissait d'un film romantique ou bien d'horreur. Je suis perdue dans mes pensées. Je suis comme submergée et je déteste ça. Il a sûrement du le remarquer. Depuis que nous avons quitté l'hôpital jusqu'à présent, où nous quittons la salle de cinéma, il ne m'a pas lâché la main. Pourtant son existence a été effacée si facilement. Jake crie mon prénom et m'attire contre lui.

Jake : Ally ! Fais plus attention !

Je cligne des yeux comme sortant d'un rêve, et balaye la scène d'un regard. J'ai échappé de peu à un poteau. Il m'attire sur un banc trempé du centre commercial, la pluie c'est arrêtée mais pas le vent.

Jake : Que se passe-t-il ? Je te trouve étrange depuis que nous avons quitté l'hôpital !
Moi : Ce n'est rien ... J'ai eu comme un flash ... Ma mémoire me joue des tours, je suppose ...
Jake : Comment ça ? ... Tu as eu toi aussi un accident de voiture ... Je ...

Je sourie faiblement, des goûte de sueur perlent sur mon front. L'air est vraiment lourd.

Moi : On ferait mieux de rentrer pour ce soir.



Je vois sa silhouette s'engouffrer dans le taxi qui démarre en trombe. Je continue de lui faire signe de la main, mécaniquement, jusqu'à ce que le véhicule jaune disparaisse de ma vue. Ma main retombe mollement le long de mon corps. J'entre et m'affale dans le canapé après avoir jeté mes ballerines quelque part dans la pièce. J'allume machinalement la télé et fixe le plafond, un bras derrière la tête, l'autre sur mon ventre. Quelque chose ne tourne définitivement pas rond. L'attitude du groupe était trop sereine même s'ils ne sont pas du genre émotionnels. Je dois tirer ça au clair. Mon père arrive, lunette sur le bout du nez.

Lester : Comment va Jake ?
Moi : ... Bien il me semble. Il m'a amené au cinéma juste après être sorti.
Lester : Il récupère vite dis donc ! Tu devrais aller te coucher, il est tard.

J'acquiesce d'un hochement de tête et traîne des pieds jusqu'à mon lit. Je suis exténuée, physiquement et moralement. Je me retourne plusieurs fois dans lit. Soit j'ai froid, soit j'ai chaud, et la technique d'une jambe dedans, une jambe dehors est inutile ! Je ne trouve pas de bonne position pour dormir et mon cerveau cogite de trop. Mon sixième sens me dit que quelque chose se prépare, en plus de la tempête. Allongée sur le côté, mes yeux se posent sur mon piano électrique, dans un coin de ma chambre depuis plus d'un mois. Il est une heure du matin.



Je suis arrachée brutalement de mon rêve. Mes yeux me brûlent, je me cache sous la couette malgré la chaleur étouffante de ma chambre. J'entends l'orage gronder à l'extérieur. Après quelques grognements de protestation, je m'extirpe de ma carapace et découvre mon père avec une assiette de pancake. Je le regarde, méfiante. La dernière fois qu'il m'a apporté mon petit déjeuner au lit, c'était il y a deux semai nes et il avait quelque chose à me demander. De plus nous sommes samedi, et le samedi je fais une grasse matinée !

Moi : Que me vaut un tel honneur ?
Lester : Il est midi et Trish a appelé au moins cinq fois.

Je me lève et prends l'assiette, fourrant au passage une crêpe dans ma bouche. J'éteins la lumière de ma chambre. Simple sécurité.

Moi : Faisons comme si l'orage avait coupé les lignes de communication ! D'ailleurs il n'est pas recommander d'utiliser l'électricité quand il y a des tempêtes ! On pourrait mettre le feu à la maison !
Lester : Tout comme il n'est pas recommandé de fuir ses amis ...
Moi : Tu as dis quelque chose ?

Il tourne sur ses talons et descend dans la cuisine. Il a même mis des cornichons dans le coin de l'assiette ! S'il me prend par les sentiments, je n'ai pas d'autre choix que d'obéir. Je regarde à travers la fenêtre, les arbres sont dangereusement penchés, couchés par le vent. Les gouttes s'écrasent violemment contre la vitre ne laissant derrière elle qu'un bref plic-ploc. Un flash m'aveugle, un éclair a frappé la route. L'odeur du café emplit la pièce baignée dans une douce lumière, adaptée à mes yeux de taupes. Je m'assieds un coin de la table et termine mon assiette.

Lester : Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ?
Moi : J'ai rien prévu de particuliers pour les prochains jours à cause de la tempête. Je ne pense pas que sortir soit une bonne idée ... Je vais me coucher !

Je fais craqué mon dos et remonte dans ma chambre. Me réveiller pour me dire ce genre de chose n'est d'aucune utilité ! Je m'assois sur le matelas et m'empare de mon portable sur ma table de chevet. J'y intègre la batterie et l'allume. L'appareil vibre entre mes mains. J'entre le code pin puis les notifications s'enchaînent. Une trentaine de message, provenant de Trish principalement mais également de Dez, d'Austin et de Jake. Les messages vocaux sont de Trish. Ce qu'elle a à me dire doit vraiment être important. Je ne peux pas lui échapper plus longtemps. Le bip répétitif de la mise en réseau, résonne dans ma tête. Au bout de la cinquième sonnerie, elle décroche enfin.

Moi : Trish ... De quoi voulais-tu me parler ?
Trish : Je suis en bas de chez toi !



Je dépose un verre de coca devant moi et mon amie aux cheveux frisés s'en pare, le buvant d'une traite. Ses vêtements trempés dans l'entrée ont créé une flaque.

Moi : Je peux savoir ce qu'il t'a pris de venir ici par ce temps ?! C'est super dangereux !
Trish : Au moins, j'étais sûre de pouvoir te parler ! J'ai essayé je ne sais combien de fois de te contacter !

Je soupir. Elle est têtue et elle a raison. Mon père parti se doucher, je lui propose de s'installer dans le canapé du salon.

Trish : Ce que je vais te dire risque de te choquer ... Es-tu prête à m'écouter ?
Moi : Vu comment tu m'as harcelé je crois que tu ne me laisserai pas le choix même si je refusais.

Elle fait un mouvement de tête qui laisse entendre de j'ai raison. Un sourire plaqué sur les lèvres, je la regarde avec le plus grand intérêt.

Moi : Dis moi donc quelle est cette terrible révélation !

L'hésitation se fait lire sur son visage. Elle entortille ses doigts les uns aux autres. Elle ne va pas me faire le coup du « Je peux pas » maintenant ... Je lève les yeux au plafond. Finalement elle prend une profonde respiration.

Trish : Jake n'est jamais tombé dans le coma ! Hier en début d'après-midi, je suis tombée sur Mac. Il discutait au téléphone avec Jake et le prévenait de ton arrivée. Je t'assure que ce que je te dis est la vérité ! Ca n'a absolument rien à voir avec le fait que je n'aime pas Jake ni ...

Elle va finir par s'étouffer à force d'enchaîner les phrases sans respirer.

Moi : Je te crois.
Trish : Je t'en supplie Ally crois moi ... Attends !

Je la fixe droit dans les yeux de me répète.

Moi : Je te crois.

Ses pupilles se dilatent, ses yeux s'écartent.

Trish : Vraiment ? Tu ne remets même pas en cause mes paroles ?

Je me lève en lui tournant le dos. Je n'aime pas l'admettre mais je la crois. C'est la seule explication plausible au comportement de Mac, au mensonge de Kim et à mon pressentiment. Je sers les poings. Je n'aime pas ce qu'à fait Jake mais je n'ai aucune leçon à lui donner ... Je suis pire que lui. Une main se pose sur mon épaule.

Trish : Ally ... Je sais que ça doit être dure. Ca en plus de ta perte de mémoire ... Mais si tu as besoin de pleurer, je suis là ! Je ne suis pas ton amie depuis la primaire pour rien !

Son sourire franc me réchauffe le cœur mais je ne peux pas lui rendre. Les jours passent et rien ne change.



Le plus gros de l'orage est passé. Je raccompagne Trsih à la porte qui est restée chez moi ces deux derniers jours.

Trish : Tiens moi au courant surtout !
Moi : Ne t'inquiète pas.

Après notre conversation de samedi midi nous n'en avons plus reparlé. De toute façon, il n'y avait rien à dire. Jake est mon petit ami, c'est donc à moi de régler ça. Dans la poche de mon jean, mon portable vibre.

De Jake à Ally, 10h16,lun.19
« Maintenant que l'orage est passé, on peut sortir ? J'ai envie de te voir ! »

Détrompe toi Jake, l'orage plane toujours au-dessus de nos tête. J'accepte sa demande et monte me préparer. Lavée et habillé, j'ouvre la partie de mon armoire qui contient mes accessoires. Je parcours des yeux mes colliers puis me stoppe. Je porte ma main à mon cou. Il n'est plus là ! J'ouvre en grand tous les tiroirs que possède ma chambre, les renverses. Où est-il !? Je saute à plat ventre et regarde sous mon lit. Rien ! Je me relève comme une dératée oubliant la démangeaison de mon épaule. Rien à la salle de bain ! Tout en dévalant les escaliers j'appelle mon père en criant dans toute la maison. Je m'emmêle les pieds dans le tapis et mon père me rattrape juste à temps, un beignet plein sucre dans la bouche, les yeux écarquillés.

Lester : Pourquoi es-tu si énergique dès le matin ?
Moi : As-tu vu le collier avec le sifflet en pendentif !?
Lester : Non. Je ne savais même pas que tu avais ce type de collier ...
Moi : Mais si ! Tu sais j'ai souvent une chaine argentée autour du cou ...

Il se caresse le menton, répandant du sucre glace dans sa barbe. Je fouille pendant ce bref instant de silence tous les recoins de ma mémoire. J'étais tellement préoccupée ces derniers temps que je ne l'ai même pas remarqué ...

Lester : Maintenant que tu le dis ... Il me semble t'avoir vu avec lorsque tu es partie voir Jake ... Mais je n'ai aucune mémoire pour ces choses là ... Désolée ... Mais je peux t'en racheté un si tu y tiens tellement ...
Moi : Depuis quand es-tu généreux pour ce genre de chose ?
Lester : Je ne suis pas radin à ce point !
Moi : C'était un cadeau !
Lester : Je vois, un cadeau de Jake...

Je ne réponds pas. Mais vu le regard de mon père, quelque chose a du suffisamment se tordre sur mon visage pour le poussé à se poser des questions. Je jette un œil à l'horloge, je vais être en retard. Je n'aime pas ça mais je vais devoir reporter mes recherches à plus tard. Je fouillerai le Sonic Boom cet après midi. Je presse mon père pour qu'il m'emmène au centre commercial avec lui. Je n'aime pas prendre le bus quand il pleut, de plus les bourrasques de vent restent fortes. Je claque la portière et fais un signe de la main à mon père qui s'enfonce plus loin dans le parking. Je marche à grande enjambée vers l'ascenseur. Il est trop long. Je fais un 180 sur mes talons et me dirige vers l'escalier. Ma démarche n'a surement rien d'élégante mais je ne m'en préoccupe pas. Quatre à quatre, je parviens à bout de mon ascension rapidement et remonte le couloir jusqu'à l'allée principale. Je vois Jake en face, mains dans les poches de son jean, adossé sous le parasol du Smoothie Bar dont le pied est enchaîné pour ne pas s'envoler. Je le rejoins. Il m'accueil en me prenant dans ses bras. Maintenant que j'y pense, notre relation n'a pas changé d'avant.

Jake : Tu ne m'as pas envoyé de sms de tout le week-end ! J'étais inquiet !
Moi : Excuse moi ... Le réseau était coupé ! Que veux-tu faire ?
Jake : Et si on se faisait un ciné ...
Moi : N'importe quoi mais pas un film ! J'en ai regardé tout le week-end !
Jake : Et bien ... Un bowling ou bien la salle d'arcade mais les filles ...

Un éclair traverse mes yeux. Je choisis la salle d'arcade sans la moindre hésitation. C'est même moi qui l'y tire.

Moi : Ne sois pas surpris par mon esprit de compétition !

Je dois tout d'abord évacuer ma frustration. Massacrons des zombies ! Je m'empare de la mitraillette d'une main d'experte. Je ne laisse pas le temps à Jake de tirer. Chaque zombie est pour moi. Chaque zombie est une partie de mes soucis, une partie de moi-même que je déteste. La partie terminée, j'exprime un long soupir. Je relève brusquement la tête, souriant à Jake, son arme toujours en main, clignant des yeux comme s'il me voyait pour la première fois.

Moi : Bien ... A ton tour de choisir !

Un sourire se dessine sur ses lèvres, il m'agrippe le poignet et me tire contre lui.

Jake : Un défi ?

Je regarde sur le coté. La machine Dance Dance Révolution. Il suit mon regard et m'entraîne.

Jake : Endurance ?
Moi : Plus gros score !
Jake : Tu veux la jouer comme ça ? Le perdant doit obéir au gagnant !
Moi : Macho ! Mais ne force pas trop ... Après tout tu viens de sortir du coma, tu dois te remettre doucement !
Jake : Ne t'inquiète pas pour moi ! Je suis solide !

Je l'observe choisir les pistes en silence, cherchant avoir à travers lui. Il s'énerve.

Jake : Il n'y a que de la musique japonaise !

Je pousse sa main et choisis les pistes pour lui. Zeotrope de Nagi Yanagi pour commencer. On se met en place. Je regarde mes pieds, laissant passer l'intro. Puis le rythme s'accélère et j'entre dans la musique. La chanson me correspond, elle m'appelle. Nous jetons de rapides coups d'œil à l'écran mémorisant les pas. Il ne s'en sort pas mal. La piste change. Le rythme est crescendo. Des gouttes de sueur perlent sur mon front, glissent sur ma peau et s'écrasent sur le sol.

Jake : Je ne vais pas perdre à ce jeu !
Moi : Je suis motivée aujourd'hui, ne sois pas trop sur de toi !

Il rit et se met face à moi, continuant de danser. J'affronte son regard. La tension monte. Un groupe d'observateur s'est réuni autour de nous, sifflant et applaudissant ! Je commence à être mal-à-l'aise. Est-ce parce que j'ai perdu la chaine qui me donnait confiance ou moi ? Ou bien parce que je me rends comptes que ce combat est contre moi-même ? Non. Je ne dois perdre ! Si je gagne je le forcerai à m'avouer ses motivations !

Jake : Abandonne Ally ! Tu vas te faire mal à l'épaule.
Moi : Je n'ai presque plus rien !

Parmi la foule, une chevelure blonde attire mon regard. Aux côtés de Kira, Austin se rapproche. Voilà la dernière personne que je voulais voir. Je porte ma main à mon cou ... Je dois le retrouver rapidement. Je regarde l'écran, Jake prend de l'avance. Je ne dois pas me laisser déstabilisé.

Jake : Quelque chose ne va pas ?
Moi : Ils sont là !

Je me tourne face à l'écran. Concentre toi Ally. Plus que quelques jours et après tout ça sera fini !

- Vas y Ally !

Cette voix. Mon rythme cardiaque s'accélère. Quel crétin ... Ca m'a fait peur ... Jake me saisit la main et danse en me tenant. L'a-t-il entendu ? Sa main est froide malgré qu'il soit en nage. Je sens son regard sur moi. Les yeux d'Austin me transpercent. Je pers de ma rigueur. Quelques instant plus tard la musique s'arrête. Jake a gagné. Si je n'avais pas été déconcentrée j'aurai pu gagné ... Je crois. Je passe ma main dans ma nuque. La sensation du manque est fortement présente. On descend de la piste sous les applaudissements. On a entré deux records dans la machine. Il me sert contre lui par les épaules et se fraye un chemin jusqu'à Kira et Austin. J'essaye d'éviter le regard d'Austin. Etrangement, Kira et Jake s'entendent bien, plus ou moins.

Kira : C'était impressionnant ! Je ne pensais pas vous croiser ici !
Moi : Je suis également étonnée de te voir ailleurs que dans une boutique de vêtement. Allons y Jake ...

Je le tire mais il résiste plongeant ses yeux dans ceux d'Austin avec un air de défi. Je la sens mal cette histoire.

Austin : Puisque nous sommes ici pourquoi ne pas rester nous amuser ensemble ?
Jake : Très bonne idée ! Un jeu de course vous intéresse ?
Moi : Jake ...
Jake : Le perdant devait obéir au gagnant, Ally, c'était le marché.

Austin me regarde en coin, son regard est plein de reproche. Comme s'il me grondait d'avoir fait une bêtise. Il m'énerve. Il relève le défi de mon petit ami et s'assoit sur une moto. Cette histoire va très mal se finir ...
Une heure plus tard, assise à l'intérieur du café d'en face, je fixe le café qui se trouve dans mes mains depuis maintenant une bonne demie heure. Assise en face de moi, Kira Starr dont les yeux de vipère ne me quittent pas. De petites vaguelettes se forment à la surface du liquide noir. La pluie s'est momentanément arrêtée. Les garçons n'ont pas l'intention de revenir avant que l'un n'ait abandonné.

Kira : Comment ça se passe avec Jake ?

Si j'avais pris une gorgée de ma boisson, elle en aurait eu sur tout le visage. Etrange. Elle ne me lance aucun pic, aucun sou entendu sur ma perte de mémoire ...

Moi : ... Bien.
Kira : Pour ma part tout se passe bien avec Austin ! J'ai vraiment cru qu'il t'aimait mais on dirait bien que non finalement !
Moi : J'en suis ravie.

Je bois mon café d'une traite. Il va falloir massacrer quelques zombies supplémentaires avant de rentrer à la maison. Je règle et sors en laissant l'héritière Starr siroté sont jus de goyave. La mâchoire serrée, je traverse l'allée pour rejoindre Jake qui sort de la salle d'arcade avec Austin, l'aura qu'ils dégagent n'est pas la plus amicale qui m'ait été offert d'observer. Je me demande de quoi ils ont discuté.

Jake : Ally ! Tu viens chez moi ? Ma mère a fait des crêpes !

Après les pancakes voici les crêpes ... Je dois reprendre en main mon alimentation ! Nous partons mais on me retient par le poignet. Je sens un courant électrique me traverser tout le bras.

Austin : N'oublie pas ! Mercredi on a les répétitions !
Moi : J'y serai.



Assise, les coudes sur les genoux, le menton dans la paume de ma main, je regarde Jake faire les cent pas dans le salon cosi de leur maison. Nous n'avons pas décoché un seul mot depuis plus d'une heure. La tension entre nous est palpable. Le tonnerre retentit au dessus de nos têtes. Aucun ne semble surpris. La pluie s'abat de plus en plus violement contre les fenêtres. J'ai passé la nuit chez lui, seule à dormir dans le canapé. Moins par envie que par contrainte. La météo n'avait pas prévue une seconde tempête. Combien de temps encore va-t-il falloir attendre avant de voir le retour du soleil ? Mais cette nuit n'a fait que confirmé que Jake et moi ne somme que de bons amis. Je me lance, rompant le silence.

Moi : Tu n'es jamais tombé dans le coma n'est-ce pas ?

Sa surprise est la réponse que j'attendais, pas celle que j'espérais. Au moins, il ne nie pas. C'est ce que j'apprécie chez lui. On devine sur son visage tout ce qu'il pense.

Moi : Kim, Chris et Mac étaient dans le coup eux aussi ? Pourquoi ?
Jake : C'est eux qui te l'ont dit ?
Moi : Trish a entendu Mac te téléphoner pour te prévenir de mon arrivée.

Pas de réponse. Quelle excuse cherches-tu Jake ?

Jake : Veux-tu vraiment savoir ?

J'acquiesce d'un mouvement de tête. Il se stoppe et prend appuie contre un mur puis me fixe. Pour la énième fois, je passe ma main dans ma nuque. Là encore je sens son regard persistant.

Jake : Tu as perdu quelque chose ?

Je pose immédiatement mes yeux sur lui. Légèrement plissés, suspicieux. Il fouille énergiquement la poche de sont bermuda et en extirpe quelque chose qu'il me lance. Je l'attrape. Le sifflet d'Austin.

Jake : Voilà pourquoi !

Je me mords la lèvre inférieure. Il s'assied face à moi.

Jake : Pourquoi as-tu le collier d'Austin Moon ?
Moi : Il me l'a donné.
Jake : Et tu as accepté ?!
Moi : En quoi cela est interdit ?
Jake : Depuis quand ?
Moi : La randonnée, à l'hôpital.

Les veines ressortent sur le dos de sa main. Il contient sa colère. Je ne pensais pas qu'il avait remarqué la chaine. J'ai fait une erreur.

Jake : ... C'est lui que tu aimes n'est-ce pas ?
Moi : Jake, je t'avais dit que je ne ressentais rien d'autre que de l'amitié ...
Jake : Alors pourquoi as-tu accepté de sortir avec moi ?
Moi : ...
Jake : C'était pour le rendre jaloux ?!

Je sers d'avantage mes poings. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mon silence n'est pas la réponse qu'il attend. Je n'ai pas le droit d'être en colère contre lui. Je suppose que c'est une rupture. Je soupir. Je ne pensais pas que les choses se termineraient comme ça. Je me lève et me dirige vers la porte.

Moi : Je ferai mieux d'y aller.

J'enfile mes converses et ouvre la porte, du moins essaye. Jake la maintient fermé. Je sens son corps près du mien.

Jake : Reste le temps de l'orage ...

Sa voix est suppliante. Je me déteste de l'avoir rendu comme ça. Je lâche la poignée et reviens dans le salon où il s'assied à côté de moi. Sa tête tombe sur mon épaule.

Jake : Ma mère me l'avait dit ...
Moi : Dis quoi ?
Jake : Que tu allais me faire souffrir ...

Je lui prends sa main dans la mienne. Une goutte coule sur mon épaule, puis une autre. Il me sert plus fort. Sa douleur, je la comprends. Elle est présente au fond de moi. Je sens son cœur battre, se serrer. Courir.

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