36 - 𝐏oint final
Très chers lecteurs...
Le moment est venu ❤
Je suis très heureuse de vous présenter le dernier chapitre d'ARE ! Je ne pense pas qu'il réponde à vos attentes, mais je ne peux sincèrement pas faire mieux pour conclure le chaos indescriptible qu'a été cette fanfiction lmao
Je vous ferai un long pavé nostalgique dont j'ai le secret dans une semaine, le 25 avril, date à laquelle je publierais l'épilogue en même temps qu'une autre surprise... ;)
Je peux cependant déjà vous remercier pour votre présente lecture et je souhaite également, avec un peu de retard, un très bon Ramadan à tous ceux qui le font <3
bonne lecture !
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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐓𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞-𝐬𝐢𝐱 - 𝐏𝐨𝐢𝐧𝐭 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐥
Un mail. En provenance d'un seul expéditeur, mais signé par de nombreux noms. Il lui avait été adressé, en signe de réconfort. Le jeune homme esquissa un petit sourire. Il était rare qu'il se laisse aller à de telles démonstrations d'affection, mais il était véritablement touché. Il avait pendant trop longtemps vécu avec ce sentiment de vide ignoble qui lui enserrait la poitrine. Ce sentiment n'allait pas disparaître aussi aisément, aussi facilement, mais c'était un début pour lui. Un début qui le touchait.
Ce mail, c'était la jeune femme qui l'avait émis. Elle était à l'origine de l'idée, et aussi de l'envoi, parce que si c'est toi, il lira le mail. Peut-être que oui, peut-être que non. Elle ne savait pas trop, mais elle espérait qu'il le ferait. Et elle espérait qu'il y répondrait ― mais là, elle voyait peut-être trop loin. Il n'avait jamais aimé montrer son affection, même si elle était sûre qu'il en éprouvait à leur égard. On pouvait être un imbécile insolent qui n'écoutait pas les ordres. Mais on ne pouvait pas être un imbécile insolent qui n'écoutait pas les ordres et qui se fichait de tout le monde. C'était trop de péchés pour un seul homme.
Le dernier jeune homme, lui, n'avait rien à voir avec ce mail. Il ne l'avait pas signé, parce qu'il savait que cela ne vaudrait rien aux yeux du destinataire. Ils ne se connaissaient même pas. Mais il avait observé ses supérieurs alors qu'ils le composaient et ajoutaient leur nom. Ils avaient semblé heureux. Il ne savait pas à qui s'adressait cette missive moderne, qui allait circuler sur une ligne invisible avant d'atteindre son destinataire. Mais qui que cela fût, il sentait que c'était une personne importante.
Une personne qui, de par son retour, changerait beaucoup de choses.
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J+15
01 FEVRIER
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Rapport d'incident
n° 34610
Bureau des Enquêtes Criminelles de Yokohama
Inspecteurs contributeurs : Akiko Yosano (inspectrice principale), Edogawa Ranpo, Osamu Dazai, Doppo Kunikida, Atsushi Nakajima, Ryunosuke Akutagawa, Yukito Ayatsuji, Mizuki Tsujimura, Santoka Taneda, Sakaguchi Ango, Yukichi Fukuzawa (à titre posthume).
Date(s) de l'incident : 15 novembre - 27 janvier.
Le 15 novembre, le criminel Karma Topaz s'évade de la prison de haute sécurité de Tokyo, où il a été incarcéré trois ans plus tôt pour le meurtre de Margaret Mitchell, et le cambriolage du domicile d'Ôgai Mori.
Cette évasion, orchestrée par un criminel d'origine russe nommé Fyodor Dostoevsky, s'est effectuée selon la manière suivante, en attestent les diverses preuves déposées en annexe et commentées par les inspecteurs Yosano, Ranpo et Ayatsuji :
- la veille, Dostoevsky dérobe un uniforme et une carte d'accès au parking du bâtiment. Il y introduit un véhicule volé à Yokohama, et laisse les clés sur le contact ;
- utilisant un passe-partout acheté quelques temps plus tôt à Kaiji Motojiro et amélioré, il pénètre dans la prison, et se rendu à la cellule de Topaz. Il n'a été repéré par personne, car il a préalablement repéré le rythme des rondes des gardes, et leur parcours précis. Il est impossible de déterminer de quelle manière il s'est procuré ces informations.
- Dostoevsky donne une montre à Topaz en ajoutant ces recommandations : se cacher dans un placard pendant vingt-quatre heures, puis monter dans la voiture la plus proche (celle volée plus tôt).
Topaz se plie aux ordres de Fyodor Dostoevsky. Il ne sort de la prison que vingt-quatre heures plus tard, alors que tout le monde a abandonné les recherches dans le secteur. Il suit ensuite les indications de son sauveur, et se rend dans le quartier de Kabukicho. Il y fait la rencontre de Ivan Goncharov. Celui-ci le fait sortir de la capitale, et entrer dans les égouts reliant Tokyo et Yokohama.
Le 16 novembre, l'inspecteur Minoura du Bureau des Enquêtes Criminelles de Tokyo interpelle un homme disant se nommer Karma Topaz. Il apparaît plus tard que l'homme interpellé ce jour-là n'est nullement Topaz, mais un étudiant américain répondant au nom de Mark Twain. Celui-ci répète sans en démordre une seule fois qu'il est Karma Topaz, et se montre même agressif avec les psychologues et policiers chargés de veiller sur lui.
Remarque : Mark Twain est renvoyé aux Etats-Unis le 20 novembre et placé sous surveillance policière. Une enquête approfondie menée plus tard mettra au jour une mise en contact de Dostoevsky et Twain après un voyage en Russie ; le premier a offert une large somme d'argent au second en échange du mensonge proféré par celui-ci.
Le 17 novembre, L'inspecteur Ryunosuke Akutagawa découvre dans la cellule de Karma Topaz une photographie d'un groupe de lycéens posant lors d'un voyage scolaire. Au dos de celle-ci se trouvent un logo stylisé (voir annexe six) et le nom de Sakunosuke Oda (voir annexe trois).
La photographie en question est un souvenir du groupe de soutien au sein duquel Topaz étudiait avant son arrestation. Dessus figurent les personnes suivantes :
- Jun'chiro Tanizaki ;
- Naomi Tanizaki ;
- Chuuya Nakahara ;
- Michizô Tachihara ;
- entre autres.
Le logo sera identifié comme signature de Fyodor Dostoevsky. Il est formé d'un F et d'un D soigneusement stylisés pour être rendus illisibles, et ainsi faciliter le rapprochement entre ces deux lettres et le nom de l'inspecteur Sakunosuke Oda.
Plus tard, alors que les inspecteurs Ranpo, Yosano et Akutagawa regagnent Yokohama, en l'absence des deux premiers, le troisième est attiré par Ivan Goncharov dans le quartier de Kabukicho avec la coopération non-consentante de Gin Akutagawa (voir annexe numéro deux). Il est quelques minutes plus tard attaqué par Goncharov, puis par un sniper embusqué derrière lui. Ses blessures, bien que minimes compte tenu des circonstances, le contraignent à une hospitalisation provisoire.
Le sniper en question ne sera identifié et appréhendé que bien plus tard ; cependant, chaque attaque provenant d'un tireur survenue ensuite est incontestablement de son fait. Il s'agit d'un surnommé Sigma, sur lequel plus d'informations seront mentionnées plus tard dans le rapport.
Les investigations concernant l'évasion de Karma Topaz se poursuivent à Yokohama. Lors d'entretiens avec les proches de l'évadé, l'inspecteur Osamu Dazai est témoin de la violence exacerbée de certains anciens amis quant à la condamnation de Topaz. De nombreux proches du criminel, comme Jun'chirô et Naomi Tanizaki, ainsi que Michizô Tachihara, se montrent réfractaires à l'égard de la justice.
Un entretien mené avec Chuuya Nakahara met cependant au jour l'information suivante : une célébration doit être organisée par les Tanizaki, à laquelle il suspecte la venue de Topaz ; cette hypothèse s'est avérée fausse. Il indique également aux inspecteurs l'existence d'une cachette secrète de Topaz à l'époque où il était un lycéen. Cette cachette sera perquisitionnée mais nulle trace du criminel ne sera trouvée.
Il a été prouvé par Osamu Dazai, bien plus tard, que Fyodor Dostoevsky se trouvait à cet entretien pourtant confidentiel. Les raisons de sa présence restent inexpliquées. Tout porte à croire qu'il ne pouvait pas être au courant du rendez-vous mis en place par Yukichi Fukuzawa, mais il semble aux yeux des inspecteurs ayant participé à la rédaction de ce rapport peu probable que Dostoevsky ne se soit trouvé là que pour voir Chuuya Nakahara.
Remarque : à partir de ce point et jusqu'à une indication contraire, l'inspecteur Dazai est en contact avec Fyodor Dostoevsky.
Le 21 novembre, une perquisition est menée au domicile de Michizô Tachihara par les inspecteurs Osamu Dazai, Edogawa Ranpo et Ryunosuke Akutagawa. L'objectif de cette perquisition est de déterminer si oui ou non Topaz a été abrité par Tachihara. Au vu des preuves récoltées et du bilan de la police scientifique à l'issue de cette perquisition, cette hypothèse était fausse. Jamais Tachihara n'a abrité Topaz chez lui.
Dans le même temps, Akiko Yosano et Edogawa Ranpo sont affectés à une seconde affaire, sur laquelle Yukichi Fukuzawa travaillait avant l'évasion de Topaz : veuillez-vous référer à annexe numéro deux pour le compte rendu complet de celle-ci. Cette affaire, consistant à retrouver la lycéenne Gin Akutagawa, leur apparaît étroitement liée à celle de Karma Topaz. Rapidement, Edogawa Ranpo affirme avoir retrouvé Gin Akutagawa. Cependant, l'endroit visé par la perquisition mise en place ensuite s'avère complètement désert ; et aucune trace d'ADN ne confortant cette affaire ne sera trouvée.
A posteriori, il a été prouvé par les dires d'Osamu Dazai que Gin Akutagawa se trouvait bien dans cet endroit jusqu'à très peu de temps avant la perquisition. Cependant, il a lui-même informé Dostoevsky de l'imminence de cette descente, permettant ainsi au criminel de déplacer son otage. L'inspecteur Dazai a justifié son geste par ces mots : « J'étais certain qu'il avait mis en place un piège. Il en a effacé toutes les preuves bien sûr. Mais j'étais certain qu'il allait tenter d'éliminer une partie des inspecteurs à cette occasion. » (voir annexe huit pour le compte-rendu détaillé de l'interrogatoire).
Au cours du mois qui suit, aucune progression notable n'est effectuée. Topaz se cache dans les égouts, tandis que Dostoevsky prépare la suite de son plan méticuleusement calculé. La poursuite de Topaz est confiée à une équipe du bureau de Tokyo, et les choses s'apaisent considérablement jusqu'au 22 décembre.
Ce jour-là, alors qu'elle se trouve à Tokyo pour une formation, l'inspectrice Akiko Yosano est prise pour cible par Ivan Goncharov. Il s'approche d'elle et tente de la poignarder à plusieurs reprises ; elle parvient à le mettre hors d'état de nuire et à appeler la police. Lors de son arrestation, Goncharov meurt ; l'autopsie prouvera qu'il a mis fin à ses jours lui-même en avalant un poison puissant qu'il conservait entre ses dents, semblable à ceux utilisés par les militaires en opération. Impossible de déterminer où il se l'est procuré.
Dans le même temps, l'inspecteur Edogawa Ranpo, alors en repos, se fait tirer dessus par un sniper embusqué en haut d'un immeuble. La balle évite les organes vitaux ; il est transporté à l'hôpital, mais son état est stabilisé rapidement.
Deux jours plus tard, le 23 décembre, l'inspecteur Yukichi Fukuzawa, en visite à Edogawa Ranpo à l'hôpital, est attaqué par le sniper. La balle transperce son poumon droit ; il décède quelques instants plus tard. La responsabilité du BEC de Yokohama et de l'enquête échoit à sa successeuse, l'inspectrice Akiko Yosano.
Gin Akutagawa reparaît, aux côtés d'Osamu Dazai. Il affirme dans sa première version des faits que l'inspecteur Fukuzawa, originellement chargé de la retrouver (voir annexe numéro deux), avait identifié le lieu où elle était désormais retenue prisonnière après son apparition à Tokyo, et qu'il le lui avait communiqué.
Un second entretien cependant, mené a posteriori avec l'inspecteur Dazai, prouve que cette version des faits était erronée : en réalité, c'est Fyodor Dostoevsky qui lui a communiqué lui-même le lieu de la cachette. L'objectif de Dostoevsky était de mettre l'inspecteur Dazai suffisamment en confiance pour continuer d'œuvrer en paix à ses méfaits.
L'inspecteur Osamu Dazai, ainsi que Fyodor Dostoevsky lui-même lors d'un interrogatoire postérieur, ont apporté les explications suivantes quant au lien entre l'évasion de Topaz et l'enlèvement de Gin Akutagawa :
- Gin Akutagawa n'a été choisie qu'en raison de ses liens forts avec l'un des inspecteurs, Ryunosuke Akutagawa.
- Son enlèvement a été perpétré par Ivan Goncharov.
- Elle a été retenue à Tokyo jusqu'à ce que Topaz s'évade et que les inspecteurs viennent mener l'enquête, puis ramenée à Yokohama.
Le 17 janvier, Francis Fitzgerald organise un gala pour célébrer son anniversaire de mariage et la naissance de son fils. Il est assassiné par balle lors de cet événement par Karma Topaz, déguisé en Chuuya Nakahara et accompagné par un autre complice de Dostoevsky, Nikolai Gogol.
Topaz s'est fait passer pour l'un des serveurs engagés par Fitzgerald pour l'occasion. Plusieurs policiers ont également été remplacés par des alliés de Dostoevsky pour s'assurer que l'évadé parvienne à ses fins. L'arme utilisée, ainsi que les gants recouvrant les mains de Topaz lors du meurtre ont été fournis par Fyodor Dostoevsky ; ceux-ci étaient recouverts de l'ADN de Chuuya Nakahara et de Karma Topaz lui-même.
Chuuya Nakahara sert de leurre destiné à déstabiliser les inspecteurs et brouiller les pistes. Son implication dans l'affaire Topaz est inexistante, quand bien même il possédait des liens avec Dostoevsky (voir annexe dix).
Un message obscur a, dans la soirée précédant le meurtre, été envoyé à Akiko Yosano, de la part de Kolya (pseudonyme de Nikolai Gogol). Ce message (retranscrit en annexe neuf) les avertissait à mots couverts que quelque chose de grave allait s'y produire ; il s'est accompagné d'un coup de fil de Dostoevsky plus explicite quant à ce qui va se passer.
Remarque : l'objectif était encore une fois de gagner la confiance des inspecteurs. À ce stade du rapport, il est évident que la stratégie de Dostoevsky quant au BEC de Yokohama était contradictoire : il essayait à certains moments de les tuer, à d'autres de les rallier à sa cause. Le principal concerné n'a pas souhaité commenter ces observations.
À la suite du meurtre seront interpellés John Steinbeck et Howard Lovecraft, deux amis de Francis Fitzgerald. Ils ne semblent pas avoir été particulièrement impliqués dans le meurtre, quand bien même leur présence n'était pas prévue par la liste des invités de Fitzgerald.
Remarque : à ce stade de l'enquête, il est très difficile de différencier cette affaire de plusieurs autres également prises en charge par le BEC de Yokohama, à savoir :
- l'affaire des joyaux d'Agatha Christie ;
- l'affaire internationale Rimbaud-Verlaine ;
- l'affaire Sakunosuke Oda ;
Pour conserver la clarté du rapport, nous avons conservé ces affaires comme annexes seulement.
Le 23 janvier, Karma Topaz est appréhendé par les inspecteurs Osamu Dazai, Akiko Yosano, Edogawa Ranpo et Ryunosuke Akutagawa. Il se cachait de nouveau après le meurtre de Fitzgerald dans les égouts de la ville, en attente des instructions de Dostoevsky.
Son interrogatoire révèlera l'implication de Nikolai Gogol dans le meurtre de Fitzgerald, ainsi qu'un renseignement de poids dans la recherche du criminel Dostoevsky : il se cacherait dans une carrière, ou du moins une cavité rocheuse abandonnée.
Cette première information permettra d'en recueillir deux autres :
- Fyodor Dostoevsky fabriquerait quelque chose dans une cavité rocheuse à proximité de Yokohama ;
- le matériel lui servant à cela proviendrait de Kaiji Motojiro, un scientifique ayant fait affaire avec un certain Alexander Pushkin, un autre allié de Dostoevsky.
À partir de ces constats, Osamu Dazai et Ango Sakaguchi effectueront une descente dans ladite cavité. Ils y rencontreront une dizaine d'ouvriers russes séjournant sans titre de séjour au Japon, ainsi qu'une immense salle de surveillance servant à Fyodor Dostoevsky.
L'inspecteur Osamu Dazai sera en mesure de suivre Dostoevsky, et d'arriver à l'une de ses cachettes. Les inspecteurs Atsushi Nakajima et Ryunosuke Akutagawa parviendront à le suivre, et à avertir leurs autres supérieurs de cette découverte.
Ainsi, à deux heures vingt-neuf du matin, le 25 janvier, une perquisition est lancée sur la cachette de Fyodor Dostoevsky et aboutit à son arrestation.
Dans le même temps, l'inspecteur Osamu Dazai découvre un système de détonation à distance, destiné à déclencher une bombe placée au BEC de Yokohama. Les efforts conjoints des inspecteurs Edogawa Ranpo et Yukito Ayatsuji permettront de la désamorcer avant qu'elle ne se déclenche automatiquement.
L'affaire Topaz-Fitzgerald a été officiellement classée résolue après cette arrestation. Il est également à noter que Alexander Pushkin, allié confirmé de Dostoevsky, a été appréhendé à l'aéroport de Tokyo deux jours après l'arrestation de Fyodor.
Le procès des quatre coupables principaux de l'affaire se tiendra à compter du 17 avril. Il visera à déterminer quelles peines seront requises pour chacun des crimes commis au cours des deux mois qu'a duré la résolution de l'affaire.
En remerciement pour les efforts exceptionnels fournis au cours de cette affaire, les inspecteurs Ryunosuke Akutagawa et Atsushi Nakajima ont été promus inspecteurs confirmés. Osamu Dazai a reçu une médaille d'honneur, au même titre que Akiko Yosano et Ango Sakaguchi.
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Extraits des annexes :
Annexe 01 : Affaire Topaz (initiale)
Karma Topaz reçoit un appel anonyme. Il a besoin d'argent, alors il prête une oreille attentive à ce que cet homme qu'il ne connaît pas lui explique : il doit commettre un cambriolage, s'emparer d'un cadre précieux, et toucher une récompense conséquente. Topaz accepte ; il récupère un pistolet dans une boîte aux lettres, et commet son crime.
En quittant le domicile d'Ôgai Mori, celui qu'il vient de cambrioler, il tombe sur Margaret Mitchell, civile, sur qui il tire dans un instant de panique. Elle succombera à sa blessure. Topaz est appréhendé quelques jours plus tard, après une tentative de fuite à l'étranger.
Remarque : des informations recueillies au cours de l'affaire Fitzgerald-Topaz prouveront que l'homme à l'autre bout du fil était Francis Fitzgerald. Il cherchait par ce moyen à se venger d'Ôgai Mori, avec qui il entretenait une forte rivalité depuis des années selon les dires de Kôyô Ôzaki et Osamu Dazai.
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Annexe 2 : Affaire Akutagawa
Gin Akutagawa, lycéenne scolarisée à l'Académie Internationale de Yokohama, est enlevée par Ivan Goncharov. L'affaire est confiée à Yukichi Fukuzawa dans un premier temps, puis élargie à Akiko Yosano et Edogawa Ranpo. Elle est mise de côté pendant quelques temps devant un manque significatif d'avancées, mais finit par être résolue par Osamu Dazai.
Il s'avèrera que l'enlèvement de cette lycéenne est intimement lié à l'affaire Topaz-Fitzgerald, puisque Dostoevsky essayait par ce moyen de se débarrasser d'un maximum de policiers et de gagner leur confiance.
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Annexe 3 : Affaire Sakunosuke Oda
L'inspecteur Sakunosuke Oda est assassiné par un tir de sniper alors qu'il était en repos. Un seul témoin est présent à ce moment : l'inspecteur Osamu Dazai, qui sera cependant dans l'incapacité de repérer l'identité du coupable.
Les enquêtes menées a posteriori permettront de découvrir que l'inspecteur Oda a été assassiné à cause de son implication dans l'affaire Rimbaud-Verlaine, par Arthur Rimbaud tout juste échappé de sa garde à vue. L'affaire sera classée, près de huit mois après son déroulement.
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Annexe 4 : Affaire internationale Rimbaud-Verlaine
Cette affaire a réuni des représentants de différents pays : France, Angleterre, Allemane, Chine, Russie et Japon.
Elle visait à enquêter sur les suspicions d'expérimentations illégales pesant sur Arthur Rimbaud et Paul Verlaine. Ceux-ci étaient les principaux mécènes d'un orphelinat où d'étranges disparations inexpliquées avaient lieu, d'où l'enquête approfondie qui a été mise en œuvre.
Cette enquête a abouti sur une arrestation des deux hommes et un long procès. Arthur Rimbaud a été condamné à dix ans de prison fermes ; Paul Verlaine à quatre ans de prison avec sursis. Durant sa captivité, Arthur Rimbaud est parvenu à s'échapper. Avec des moyens encore inexpliqués à ce jour* il s'est rendu au Japon pour se venger d'un des inspecteurs l'ayant condamné : Sakunosuke Oda, le tuant d'une balle dans la poitrine.
* Remarque : Il est impossible à ce jour de déterminer qui l'a aidé à se rendre au Japon malgré sa cavale. Les soupçons principaux pèsent sur Fyodor Dostoevsky, mais il ne l'a pas avoué.
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Annexe 5 : Affaire des joyaux (ou affaire Christie)
Lors d'une visite au Japon, la femme d'affaires Agatha Christie est retrouvée assassinée à son hôtel. Les joyaux qu'elle emmenait partout avec elle ont disparu.
Ces joyaux, tout d'abord supposés emportés par le meurtrier, ont en réalité été pris avant le meurtre, par le médecin Ôgai Mori. Celui-ci a été engagé par la sécurité d'Agatha Christie pour tester l'efficacité de leur système de surveillance. C'est donc le médecin qui les a encore en sa possession au moment du crime.
Le meurtrier est le chef de la sécurité, qui l'avait engagé. Il tente d'éliminer Ôgai Mori pour récupérer les joyaux ; mais ceux-ci seront fondus en un cadre photo afin de les protéger.
Ce même cadre sera dérobé par Karma Topaz au cours de la première affaire le concernant. Il sera ensuite donné à Yukichi Fukuzawa, avant d'être restitué, bien plus tard, à la famille d'Agatha Christie.
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« C'est du pipeau tout ça, fit observer Dazai après avoir parcouru l'entièreté du rapport avec plus d'attention qu'il ne l'avait jamais fait selon Akiko.
― Totalement, rétorqua sa supérieure et collègue. Enfin, la majorité des informations sont véridiques. On a juste... » Elle mima des guillemets avec ses doigts. « Epuré un peu. » Le brun lui renvoya un sourire amusé.
« Ils n'ont posé aucune question ? Je veux dire, il manque clairement des détails sur la fin.
― Les pontes veulent qu'on classe l'affaire définitivement. De plus, ces informations n'ont pas été divulguées aux médias, alors, quelle utilité de les détailler ? Cela restera entre nous, sourit-elle avant de retourner dans son bureau, et c'est mieux ainsi non ? »
Après tout, beaucoup de détails qui avaient été enlevés n'étaient en soit pas essentiels. Ils apportaient bien évidemment les éléments « manquants », mais auraient été plus un fardeau qu'autre chose. Même si elle serait toujours très reconnaissante à Chuuya Nakahara, Soseki Natsume ― et un petit peu, mais juste un peu, Mori ― pour les avoir aidés, révéler que de simples civils avaient été impliqués plus que de raison dans cette course-poursuite criminelle aurait amené son lot de problèmes bien trop conséquents.
Les concernés connaissaient le rôle qu'ils avaient joué, et avaient eux-mêmes approuvé la décision de garder leur implication secrète. Mori était resté dans l'ombre des affaires depuis longtemps, Natsume également. Nakahara avait suivi leur décision, arguant qu'il était fatigué de tout cela et qu'il préférait ne pas avoir d'ennuis. Et puis, comme il l'avait lui-même ajouté, il était intervenu pour aider Dazai, pas pour une autre raison...
Akiko avait été très surprise d'apprendre qu'il y avait quelque chose de plus entre Dazai et ce rouquin. Elle qui pensait que Dazai était complètement insensible aux affres de l'amour... Elle avait été bien surprise de découvrir qu'en réalité, il était la personne la plus niaise qu'elle connaisse en termes d'affection. Le nombre de fois où elle l'avait surpris cramponné à ce pauvre Nakahara qui lui hurlait dessus... Elle avait cru comprendre que leur relation avait été mouvementée, mais il semblait, de toute évidence, qu'ils avaient mis leurs torts respectifs derrière eux.
Bien que cela ne la concernait pas, elle se demandait ce qui avait pu se passer. Mais si elle interrogeait Dazai, elle était sûre qu'il allait essayer de marchander avec elle pour des informations sur sa relation avec Ranpo... Ils ne l'avaient pas encore rendue publique pour leurs collègues, mais avec tous ces profileurs, elle se rendait compte qu'il y avait, au sein de leur BEC, plus de personnes au courant que de personnes l'ignorant.
Quoi qu'il en soit, même si leur rapport était en effet allègrement pipeauté ― pour reprendre les termes de Dazai ―, il n'était pas faux. Il était au contraire exact, sur tous points de vue. Ils avaient effacé le rôle de certains pour garantir leur anonymat, donnant les crédits à d'autres pour leurs actes, et simplifié quelques détails pour ne pas avoir à justifier quelques actions qui auraient pu leur coûter des sanctions plus sévères. Seul Dazai avait assumé ses décisions en fin de compte ― très honnêtement, Akiko ne lui en avait pas laissé le choix, ayant trop de mal à digérer le fait qu'il s'était mis en danger seul sans avertir qui que ce soit ― mais son sauvetage héroïque de leur BEC grâce à sa compréhension de ce que Dostoevsky allait faire allait sans doute sauver sa carrière.
Elle finit par refermer le rapport qu'elle avait fait lire à Dazai, avant d'apposer sa signature et son cachet dessus ― elle se sentait si professionnelle avec cet objet, quand bien même il était au fond très banal ― pour le valider définitivement. Il serait ensuite envoyé sous format papier à Tokyo, et scanné également pour qu'une copie numérique soit accessible depuis la base de données.
Alors qu'elle terminait cela, Ranpo entra dans son bureau, sans s'annoncer comme toujours, un petit sourire aux lèvres.
« J'ai encore croisé Nakahara et Dazai en train de s'insulter. Enfin, l'un insulte l'autre la plupart du temps. » Yosano sourit.
« Je crois qu'on va devoir s'y habituer. Même si Chuuya Nakahara reste un civil, quelque chose me dit qu'on pourrait bien le voir régulièrement.
― Tu savais que Dazai a tenté de le faire entrer dans la police ? » L'inspectrice principale gloussa.
« J'espère que Nakahara a refusé. Je ne tiens pas à subir leurs disputes au quotidien, Kunikida et Dazai c'est déjà assez.
― Je crois bien. Ce ne doit pas être sa vocation. Mais c'est vrai qu'on va devoir recruter quelqu'un d'autre, pour remplacer Nakajima. »
Akiko opina. C'était un autre dossier qu'elle devait traiter : le remplacement de leur inspecteur. Il avait demandé sa mutation afin de quitter la capitale ― depuis le décès brutal de sa grand-mère, il avait éprouvé le besoin de prendre du recul ― et elle avait été acceptée. Il leur fallait donc un nouveau remplaçant.
« Je vais devoir ouvrir un poste.
― Ouvre-en-deux. » Akiko cligna des yeux.
« Qui d'autre part ? Je n'ai pas été avertie de...
― Akutagawa. »
L'inspectrice principale haussa un sourcil, avant de comprendre soudainement où son compagnon voulait en venir. Oui, en effet, cela ne la surprenait pas vraiment. Tout le monde avait repéré que les deux jeunes hommes s'étaient beaucoup rapprochés ― leur BEC commençait à devenir une mauvaise parodie d'un feuilleton à l'eau de rose. Elle n'était pas franchement surprise d'apprendre cela en fin de compte ― d'autant plus qu'Akutagawa devait aussi vouloir quitter un peu la ville.
Elle ne savait pas exactement ce qui s'était produit, mais de nombreux documents prouvant que la famille Ozaki était impliquée dans des affaires louches avaient commencé à circuler sur Internet. Yosano avait entendu que certains citoyens avaient assigné le temple en justice ― ou plus précisément, la famille derrière. La procédure avait peu de chances d'aboutir apparemment, essentiellement compte tenu du fait que les principaux corrompus étaient morts, mais l'ambiance devait être pesante au sein de la famille.
« La brigade va être bien différente dans peu de temps, soupira-t-elle. Nous aurons deux nouveaux inspecteurs, de nouvelles affaires...
― Plus simples que celle-ci. » fit observer Ranpo, ce qui la fit sourire.
« Espérons-le. Je démissionne sinon.
― Qui nommerais-tu à ta suite ? Moi ? Dazai ? » La jeune femme resta silencieuse. Ces deux options semblaient être de très, très mauvaises idées.
« Kunikida. » finit-elle par déclarer, par pur défi.
Ayatsuji était hors jeu, il était trop insensible pour le boulot d'inspecteur principal. Ce poste consistait à représenter leur Bureau, surtout publiquement. Si elle nommait son collègue blond, elle était certaine de se retrouver avec un scandale médiatique sur le dos en moins d'une semaine. Quant à Tsujimura, elle manquait encore d'expérience.
« Il refusera le poste, tu sais ? fit remarquer Ranpo.
― Je ne veux pas réaliser que je suis condamnée à vous diriger pour le reste de ma carrière. Je trouverai bien quelqu'un. » Son petit ami ricana.
« J'attends de voir cela. »
Son ton montrait clairement qu'il ne croyait pas à son hypothèse de trouver quelqu'un pour la remplacer ― mais Akiko décida de mettre ce fait sur son manque d'objectivité vis-à-vis d'elle plutôt que sur sa perspicacité. Elle préférait penser à autre chose pour l'instant ; l'affaire Topaz-Fitzgerald était enfin classée, comme toutes les autres qu'elle avait entraînée.
C'était presque inconcevable pour la jeune femme aux cheveux noirs. Après tant de nuits sacrifiées sur cette foutue affaire, ils pouvaient enfin dire qu'ils avaient triomphé. Dostoevsky était sous les verrous, en protection hyper renforcée pour prévenir d'une quelconque évasion. Pushkin et Topaz avaient regagné la prison de Tokyo également, et Gogol avait rejoint le tribunal d'Oulianovsk pour son procès.
Tout s'était donc passé pour le mieux lors de l'appréhension des suspects. Elle était reconnaissante à Dazai pour leur avoir offert l'opportunité d'arrêter Fyodor, même s'il avait été complètement inconscient. Sans cela, ils auraient sans doute patiné encore très longtemps. Il avait été idiot, mais un idiot qui leur avait sauvé la mise.
Et puis, sans son intelligence, ils n'auraient jamais découvert à temps la bombe, et elle aurait explosé, occasionnant des dégâts bien trop importants. Elle ne savait d'ailleurs pas comment il avait réalisé cet exploit. Nakajima et Akutagawa lui avaient raconté dans leur rapport que Dazai était intimement persuadé que Dostoevsky cachait quelque chose dans cette maison. Il avait émis l'hypothèse qu'il s'agisse d'une bombe ― était-ce un éclair de génie ou la preuve que Dazai et Dostoevsky réfléchissaient de la même manière ? ― et avait fini par comprendre où elle se trouvait et comment elle avait été introduite ― encore un grand mystère.
Dazai, lui, avait expliqué que cela lui semblait « logique » : tout était lié à Gogol et à ce fameux sniper en réalité. Ce qu'ils prenaient pour des attaques envers leur personne n'étaient pas que cela : il s'agissait aussi, et la jeune femme était toujours révulsée par cette idée, d'un code. Selon la personne attaquée par ce Sigma, les ordres n'étaient pas les mêmes. Ainsi, s'il avait dans un premier temps surtout attaqué des inspecteurs pour les tuer, le deuxième coup qui avait raté Akutagawa avait un but différent : communiquer avec Gogol.
Maintenant qu'Akiko y repensait à tête reposée, cela faisait presque sens. Akutagawa s'était présenté devant Gogol ― même brièvement ― après avoir été agressé. Le simple fait que le jeune homme soit arrivé en vie au BEC, alors que le plan de Dostoevsky devait prévoir sa mort, avait pu signifier à Gogol un changement de stratégie. Utilisant alors un émetteur implanté dans sa peau, il avait guidé Sigma pour que celui-ci, non identifié par la police, puisse introduire la bombe sans encombres.
(Sérieusement, qui mettait au point des techniques aussi glauques ?)
La réactivité de Ranpo et Ayatsuji au BEC leur avait sauvé la mise. Ils avaient arrêté Sigma, trouvé la bombe et l'avaient désactivée à temps. Et elle avait cru comprendre que même cette dernière action n'avait pas été une mince affaire ― en tout cas, Gogol avait un œil au beurre noir quand elle l'avait recroisé. Heureusement qu'Ayatsuji était un excellent profileur également...
Akiko osait à peine penser à ce qui se serait produit si la bombe s'était déclenchée. Les experts qui l'avaient analysée avaient expliqué qu'elle n'était pas très puissante ― la quantité de poudre dedans était minime ― mais qu'elle aurait malgré tout suffi à faire s'effondrer le bâtiment. Les dégâts auraient été faramineux, songeait-elle avec désespoir. Sans compter les blessés, et les morts... Il y avait près de cinquante personnes qui s'affairaient dans leur BEC ce matin-là, malgré l'heure. Le sommeil était surfait quand on pouvait attraper Fyodor Dostoevsky.
« Akiko. Arrête de ressasser tout ça. » Ranpo l'interrompit dans ses pensées en agitant une main devant ses yeux. Il affichait une expression enfantine et boudeuse qui la fit sourire.
« Je ne peux pas encore arrêter d'y penser. Je vais devoir aller à Tokyo dans les prochains jours. » Elle grimaça en désignant le rapport de son ongle rouge vif. « Bizarrement, je suis sûr qu'ils ne vont retenir que les problèmes qu'on a causé, et le temps que ça nous a pris pour attraper Dostoevsky.
― Rappelle-leur que pendant qu'ils se perdaient en paperasse inutile, on attrapait tous les tueurs, et ce malgré leur aide. » fit remarquer Ranpo en haussant les épaules. Il posa ensuite un œil émeraude moqueur sur elle. « C'est surtout Dazai qui risque la suspension. Ils ont beau lui avoir décerné une médaille d'excellence pour son rôle dans l'arrestation de Topaz et Dostoevsky, il a ouvertement désobéi aux ordres, pris des initiatives non approuvées, et a mis d'autres inspecteurs en danger en nous forçant à intervenir vite. Ils ne vont pas le louper.
― Tu penses qu'ils le suspendront définitivement ? » Elle n'avait que peu de poids face aux inspecteurs de Tokyo quand on en venait à ces décisions. Pas sûr qu'elle puisse sauver la peau de Dazai s'ils décidaient d'en faire le bouc émissaire de leurs échecs.
« Ça m'étonnerait. Il a Taneda et Ango dans la poche ― Ango a beau dire le contraire, il ne le laissera pas aisément être suspendu.
― Je pensais qu'ils étaient en froid depuis ce qui est arrivé à Oda.
― Moi aussi. Tout le monde le pensait, même eux. Et je crois qu'ils le sont toujours, en réalité. C'est juste...
― Compliqué, comme tout ce qui est relatif à Dazai. » conclut-elle avec un sourire.
Elle jeta un coup d'oeil à sa messagerie et à son portable pour s'assurer qu'elle n'avait pas d'affaire urgente à traiter ; ce constat fait, elle se redressa pour attraper sa veste, et se tourna vers Ranpo.
« Je t'invite pour manger ? » Son petit ami se redressa vivement.
« Oui ! » Il allait la forcer à acheter des confiseries ― c'était absolument certain. « Mais à ta place, j'éviterai de prendre ta voiture.
― Pourquoi donc ? s'étonna-t-elle.
― Mori est en embuscade devant. »
La jeune femme grimaça ― elle ne prit pas la peine de demander à son compagnon comment il savait cela, elle avait depuis longtemps acquis et accepté le fait que Ranpo savait toujours tout, surtout quand cela pouvait le concerner d'une manière ou d'une autre. Mori était un vrai entêté. Même depuis qu'ils avaient attrapé Dostoevsky, il continuait de leur traîner dans les jambes. Parfois, Yosano avait envie de lui rappeler qu'il n'avait plus rien à faire là et que l'inspecteur Fukuzawa n'était plus là pour le tolérer. Mais, c'était une réplique bien trop cruelle, même si elle méprisait Mori.
« Porte de service ? » Elle demanda finalement à Ranpo.
« J'attendais que tu proposes. »
Il rétorqua avant de prendre les devants pour se diriger là-bas ; Mori connaissait sans doute son existence, mais s'il était devant sa voiture pour le moment, il ne pouvait pas la surveiller en même temps, alors ils allaient pouvoir s'éclipser à peu près discrètement.
En descendant au rez-de-chaussée, ils croisèrent Tsujimura et son équipe qui rangeaient tout ce qui avait été sorti pendant les derniers jours de l'affaire : tableau blanc pour indiquer les inspecteurs présents, et les différentes sorties, piles entières de dossiers sur absolument tous les suspects et témoins des affaires concernées, et au moins mille photocopies de rapports, mandats et comptes rendus de perquisitions.
« J'allais vous demander si vous vouliez bien nous aider, inspectrice, fit remarquer Tsujimura en la voyant, mais je suppose que non, conclut-elle en regardant son manteau et Ranpo.
― Navrée, mais je suis certaine que vous faites un excellent travail sans moi. » sourit Akiko. Son interlocutrice aux cheveux bleus leva les yeux au ciel, amusée malgré tout.
« Au fait, vous avez reçu un courrier de l'inspecteur Taneda. » Elle lui tendit une enveloppe soigneusement cachetée portant son nom. Les yeux d'Akiko brillèrent légèrement et elle la saisit vivement pour en lire le contenu.
« Pourquoi passer par une lettre alors qu'il t'envoie toutes les infos par mail ? demanda Ranpo ― comme s'il ne pouvait pas deviner lui-même la réponse.
― Parce que c'est une déclaration officielle. » répliqua-t-elle en découvrant l'en-tête du gouvernement sur la feuille qu'elle tira de l'enveloppe blanche.
« Une déclaration officielle ? » répéta Tsujimura, et l'inspectrice principale sentit le regard de plusieurs autres personnes peser sur elle alors que le mot résonnait. Elle se tourna vers eux pour leur adresser un sourire.
« Vous allez voir dans quelques temps, s'amusa-t-elle. Vous ne serez pas déçus. »
Elle rangea ensuite l'enveloppe soigneusement dans son sac à main avant de reprendre son chemin avec Ranpo, ignorant leurs questions et leurs protestations quant à cette explication énigmatique. Son petit ami avait un petit sourire aux lèvres ― cette fois, il avait dû se donner la peine de réfléchir.
« Ils ont vraiment pris leur décision alors.
― En effet. Je vais faire en sorte que ça coïncide avec une certaine date.
― Tu as raison, approuva son compagnon. Ça fera plaisir à tout le monde.
― Surtout à lui. »
Akiko songea qu'elle allait encore avoir du pain sur la planche... Mais cette fois-ci, à la clé, il n'y aurait pas une arrestation. Plutôt un excellent renouveau.
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