34 - 𝐂eux qui mentent
ça commence à devenir un running gag ces confinements là lol
trop hâte de célébrer quand on sera au dixième 🥰
anyways! j'espère (comme toujours hein) que tout va bien chez vous et que votre vie est tranquille - pas comme la situation actuelle quoi.
avant-avant-dernier chapitre ce soir (et oui...), avec quelque chose que vous attendiez depuis le prologue !!
prochain chapitre le 03 avril ;) bonne lecture!!
ps : vous vous rendez compte qu'il y a un an je postais le chapitre 11 lmao ? ça passe vite je
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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐓𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞-𝐪𝐮𝐚𝐭𝐫𝐞 - 𝐂𝐞𝐮𝐱 𝐪𝐮𝐢 𝐦𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐭
Le jeune homme soupira en fermant le dossier qu'il parcourait depuis une vingtaine de minutes. Il n'avait pas appris grand-chose ― à vrai dire, il n'avait rien appris du tout, ses convictions intimes avaient simplement été renforcées. Il savait depuis longtemps qu'il ne trouverait rien sur sa famille dans ces dossiers. C'était justement le problème en soi.
Tout ce qui aurait pu être compromettant avait disparu ; ce qui ne faisait pas son affaire. S'il voulait enquêter sur l'accident qui avait tué ses grand-oncle et grand-tante, il avait besoin de savoir dans quoi ils avaient trempé exactement ― là, il ne risquait pas d'avancer.
Il savait qu'en soi, ce n'était pas foncièrement à lui d'enquêter de la sorte ― le grand-père de Kôyô le faisait déjà très bien lui-même. Mais avec les ressources de la police, il pensait qu'il aurait pu progresser un peu. Il n'approuvait pas vraiment les faits et gestes de sa famille quand ils s'y prenaient de la sorte pour effacer leurs péchés, mais il en voulait aussi à ceux qui avaient assassiné ses proches.
Il soupira de nouveau avant de se relever. Il ne progresserait pas plus ce soir, il le sentait. Il se décida donc à rentrer chez lui ― mais avant cela, il prit le temps de ranger tout ce qu'il avait sorti pour dissimuler ses traces au cas où, et envoya un message à sa tante pour l'informer qu'il n'avait rien trouvé de concret.
Rien ici non plus. C'est à toi de jouer maintenant.
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J+7
24 JANVIER
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Ryunosuke coula un regard inquisiteur dans la direction de Nakajima. Le jeune homme aux cheveux gris avait insisté pour conduire, mais l'inspecteur aux cheveux bicolores n'était pas très rassuré ― son camarade conduisait bien, cependant il était évident qu'il manquait de sommeil et souffrait du décalage horaire entre la Russie et le Japon.
Il trouvait le traitement de sa supérieure un peu rude vis-à-vis de lui ― il venait à peine de rentrer d'une mission stressante, pour en hériter d'une nouvelle quand même ― mais Ryunosuke avait conscience que Yosano n'avait pas vraiment le choix. Avec la nouvelle disparition de Dazai... Celui-là, franchement, faisait tout pour leur compliquer la vie.
Il ne savait même pas s'il espérait que le brun soit réellement en danger ou non. Bien sûr, il n'était pas sans cœur au point de souhaiter le malheur de ses collègues, mais il serait encore plus agacé d'apprendre que le brun n'en faisait qu'à sa tête de nouveau, et était juste parti suivre une piste sans accorder d'importance à Ango.
« J'espère qu'on trouvera monsieur Dazai sain et sauf. » Presque comme s'il lisait dans les pensées de l'inspecteur aux cheveux bicolores, Atsushi parla doucement. Ryunosuke se contenta de hausser les épaules.
« Je pense que oui. Il a dû suivre une piste et oublier de prévenir Ango.
― Il n'est pas du genre à oublier ce type de détails.
― Peut-être n'avait-il pas d'autre choix ? Il risquait de perdre sa piste s'il prenait le temps d'avertir Ango, alors il n'a rien fait. » Si Ryunosuke ne s'inquiétait pas assez, Nakajima s'inquiétait trop. Peut-être trouvaient-ils un équilibre de la sorte, comme une sorte de ying et de yang ― rien que cette pensée le fit lever les yeux au ciel, depuis quand se prenait-il pour un poète dans ses pensées ?
« On est encore loin ? demanda-t-il pour faire dévier la conversation, son regard perdu sur l'écran du GPS de leur voiture, qui semblait lui-même un peu perdu.
― Je ne sais pas trop, admit son collègue. L'inspecteur Ango m'a dit qu'il était difficile d'accéder à la cavité en voiture, compte tenu des engins qui se trouvent déjà devant. J'ai entré les coordonnées auxquelles il s'était apparemment arrêté quand il est venu avec l'inspecteur Dazai, mais je ne suis pas convaincu par la direction que nous prenons. »
Charmant, songea l'inspecteur aux cheveux bicolores. Il ne manquerait plus qu'ils se perdent alors qu'ils étaient sur une mission délicate. Fort heureusement, le jeune homme au volant sembla reprendre ses repères petit à petit, et ils s'engagèrent bientôt sur un chemin qui semblait être le bon.
« C'était comment alors, Oulianovsk ? » Ryunosuke finit par demander, pour briser le silence. D'ordinaire, rester muet en présence du jeune homme aux cheveux argentés ne le dérangeait pas, mais il éprouvait l'envie de faire la conversation pour une fois.
« Froid. » C'était ce que Nakajima lui avait déjà répondu ― avant que Ryunosuke ne manque de se faire tirer dessus de nouveau. « Mais c'était plutôt joli. On n'a pas fait beaucoup de tourisme bien sûr, mais j'ai trouvé la ville intéressante. On sent bien l'influence de Lénine. » Le jeune homme aux cheveux bicolores hocha la tête. « Je suis soulagé que nous soyons rentrés avec un début de piste, admit Nakajima après un autre silence, j'avais peur que tout cela ne serve finalement à rien.
― Cela aurait forcément servi à quelque chose, on aurait pu éliminer la piste d'Oulianovsk si vous n'aviez rien trouvé. » Son camarade lui jeta un regard en coin.
« Depuis quand donnes-tu dans l'optimisme ? »
C'était une question qui n'avait rien d'offensant ― Ryunosuke devinait sans mal au ton du jeune homme qu'elle était posée avec sincérité, et qu'elle l'intriguait réellement. Il admettait qu'il n'était pas friand d'optimisme ― mieux valait toujours voir le verre à moitié vide selon lui, cela évitait bien des ennuis et des déceptions ensuite. Sa réponse le surprenait donc lui-même.
« Il faut croire que c'est une maladie hautement contagieuse. »
Ce n'était pas à proprement parler une blague ― même si c'était une réponse nullement sérieuse ― mais en tout cas, elle fit rire son interlocuteur. Le stress qui l'avait envahi depuis qu'il avait pris le volant semblait un peu moins présent en lui soudainement ― de ce que Ryunosuke pouvait dire de la façon dont il tenait le volant en tout cas.
« On est arrivés je crois. » Rien n'était visible aux environs de leur véhicule, à part un chemin qui continuait de s'aventurer dans les broussailles. Les deux inspecteurs descendirent, sceptiques ― Ryunosuke n'apercevait même pas de carrière au loin.
« Tu es sûr ? » Nakajima semblait aussi sceptique que lui, mais il hocha la tête.
« Je suis certain des coordonnées de l'inspecteur Ango. »
Ils avancèrent pendant quelques instants, se demandant s'ils étaient vraiment au bon endroit et dans la bonne direction. Pourtant, malgré les doutes qu'ils partageaient, ils débouchèrent véritablement sur une cavité rocheuse devant laquelle des véhicules étaient stationnés. Cela devait être ici.
« J'espère qu'il n'y aura vraiment personne, lâcha Atsushi, visiblement toujours aussi angoissé.
― On a nos armes de service. » Il n'était pas sûr que cela réconforte son compagnon, mais il estimait que c'était un argument de poids.
« Je ne suis pas certain que cela me rassure. » marmonna justement le jeune homme en avançant prudemment vers l'entrée de la carrière.
Ils entrèrent avec prudence, mais ne virent personne dans la carrière, juste des outils abandonnés et des fragments de roche. Ryunosuke balaya les parois du regard ― y compris les hauteurs, il était quelque peu échaudé par la tentative d'assassinat dont il avait été victime. Ils semblaient bien être seuls.
« L'inspecteur Ango m'a dit que l'inspecteur Dazai était parti vers la droite. » Nakajima le guida vers la direction supposée. Ils ne trouvèrent d'abord que de la roche, mais finirent par discerner une entrée dissimulée.
« On ne voit rien, marmonna Ryunosuke.
― Je vais allumer mon téléphone. » Nakajima joignit le geste à la parole et s'aventura de quelques pas. « Je me demande pourquoi l'inspecteur Dazai s'est aventuré là. »
Ryunosuke haussa les épaules. Difficile de savoir ce qui lui passait par la tête. Sans doute la curiosité avait-elle pris le pas sur la prudence. Il soupira en suivant son compagnon. Ils se heurtèrent vite à un cul-de-sac, qui les laissa pantois.
« Qu'est-ce que... » marmonna Ryunosuke. Dazai n'était jamais ressorti, alors il devait bien y avoir un passage. Il ignorait juste où.
« Il doit y avoir un passage. » Nakajima était visiblement arrivé aux mêmes conclusions. Ils refirent le chemin inverse, cherchant à trouver la faille ― et y parvinrent après une dizaine de minutes.
« Je suppose qu'on devrait continuer... » Son collègue semblait soudainement regretter tous ses choix de vie.
« Allez. »
Son interlocuteur marmonna ― il était nul pour réconforter les gens. Ils avancèrent en posant une main sur leurs armes de service, surveillant les environs avec attention. Ils débouchèrent finalement sur une grande pièce remplie d'écrans, qui les intrigua grandement. C'était le dernier aménagement qu'ils s'attendaient à trouver ici, au fin fond d'une grotte artificielle creusée selon toute évidence par un criminel détraqué.
Comment avait-il l'électricité pour faire fonctionner toute cette installation ? Ryunosuke se posait cette question alors qu'il déambulait entre les écrans d'ordinateurs. Tous étaient éteints, signe qu'ils ne fonctionnaient peut-être pas autant qu'il ne le pensait... Mais ils étaient tous branchés, par des câbles qui disparaissaient dans un trou en hauteur. L'inspecteur aux cheveux bicolores se demanda où ils se trouvaient exactement, par rapport à la surface. Étaient-ils en dessous d'une centrale électrique, ou de quelque chose du style qui produisait de l'énergie ?
« Cette pièce est étrange. » Nakajima traduisit ses pensées, alors qu'il avançait lui aussi. Il s'arrêta finalement dans un coin, et se baissa au niveau du sol. Intrigué par cette attitude, Ryunosuke le rejoignit ― et manqua d'entrer en collision avec lui alors que l'autre se redressait soudainement. « Regarde ! »
Son interlocuteur agita sous son nez un petit appareil sombre. Il fallut quelques secondes au jeune homme aux cheveux bicolores pour comprendre qu'il s'agissait en fait d'un émetteur portable, très discret.
« Tu crois que l'inspecteur Dazai l'a laissé ? demanda Nakajima.
― Ça lui ressemblerait bien, soupira Ryunosuke. Mais il ne clignote pas, il n'a pas l'air d'être activé. Et puis, même s'il voulait qu'on trouve cette pièce, il ne nous a même pas laissé le récepteur qui va avec. Comment on était censés faire ? » L'attitude de leur aîné l'agaçait vraiment, même s'il était admiratif de la quantité de choses à laquelle le brun pouvait penser.
« Je ne pense pas que ce soit un émetteur justement, déclara finalement le jeune inspecteur aux cheveux argentés en le retournant sous toutes ses coutures. Je crois que c'est le récepteur. » Ryunosuke comprit immédiatement où il voulait en venir.
« Donc l'inspecteur Dazai a l'émetteur. Et on peut arriver jusqu'à lui grâce à ça. »
Cela semblait effectivement plus cohérent d'adopter cette attitude. Le jeune inspecteur aux cheveux bicolores ignorait totalement comment fonctionnaient ces petits instruments de localisation, mais d'autres sauraient le faire marcher. Enfin, ils allaient quand même devoir se balader dans toute la ville dans l'espoir de capter le signal de l'émetteur du brun...
« On devrait prévenir l'inspectrice Yosano. » Il finit par déclarer en sortant son téléphone. Elle devait attendre leur rapport avec impatience ― elle avait semblé si contrariée d'apprendre les nouvelles lubies de Dazai. Nakajima le prit cependant de court :
« Tu crois qu'il est parti avec Dostoevsky ?
― Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
― J'ai l'impression que c'est la seule explication, admit Nakajima. Cette salle, on dirait une immense salle de contrôle. Et ce simple récepteur... Il veut qu'on le suive. »
Ryunosuke réfléchit quelques instants avant d'admettre qu'il n'avait pas tort. À ce stade, seule la présence du russe laissait imaginer que Dazai les ait plantés ainsi sans prévenir personne. Peut-être même avait-il été emmené de force... Non, le fait qu'il ait laissé le récepteur semblait suggérer qu'il était parti de son plein gré... Mais où ? Le jeune homme ne voyait encore une fois pas d'autre sortie que celle qu'ils avaient déjà empruntée pour entrer.
Il remisa la recherche d'une porte de sortie à plus tard, hocha la tête pour signifier à Nakajima qu'il approuvait son idée, et composa le numéro de la jeune femme. Elle répondit comme toujours très vite, et lui demanda immédiatement s'il avait du nouveau.
« Non. Mais on sait où il est parti, indiqua Ryunosuke.
― Il a laissé un message ?
― Un émetteur, intervint Nakajima. Il a laissé le récepteur plus précisément.
― Et, reprit Ryunosuke, d'après toutes les preuves à notre disposition, il est parti avec Fyodor Dostoevsky. » Il y eut un silence prolongé, puis la jeune femme reprit :
― Remontez l'appareil à la surface et essayer de quadriller les alentours. Cela risque d'être fastidieux, mais si vous réussissez à capter le signal émis par l'émetteur dont il dispose, on le retrouvera. » Ils opinèrent à haute voix.
« On a aussi trouvé une salle étrange, reprit Nakajima. Il y a de nombreux ordinateurs, en tout cas les écrans. Ils sont éteints alors je ne suis pas sûr de ce qu'ils font ici. » Yosano resta quelques secondes songeuse avant de reprendre :
« Essayez de voir si vous pouvez les allumer. Ils pourraient peut-être nous apprendre quelque chose sur l'endroit où se trouve Dazai. »
Les deux inspecteurs opinèrent, et raccrochèrent après avoir reçu ces indications. Ils se mirent ensuite à la tâche ― près avoir enfilé des gants au cas où ils manqueraient d'effacer des preuves. La majorité des écrans restèrent complètement noirs, même après qu'ils eurent appuyé dessus, mais le jeune homme aux cheveux bicolores eut la surprise d'en voir un s'allumer soudainement devant lui.
Il n'avertit pas son compagnon tout de suite, attendant de voir si quelque chose allait bien s'afficher dessus. Il ne voulait pas se faire de faux espoirs. Peut-être qu'ils n'allaient rien apprendre sur cet écran. Mais, au bout de plusieurs minutes, une image s'afficha finalement, qu'il prit le temps de détailler.
Quelques secondes plus tard, ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il comprenait ce qu'il était en train de voir. Il s'agissait d'une vidéo d'un homme en train de s'affairer sur une voiture, qu'il identifia comme étant celle des parents de Kôyô. Il l'avait vue des milliers de fois.
Il était en train de visionner une preuve que la voiture avait été trafiquée. Sur laquelle on voyait clairement le visage du coupable ― un homme d'âge mur plutôt bien habillé pour un tueur. La preuve parfaite en somme.
« Akutagawa ? »
La voix de Nakajima lui rappela qu'il n'était pas seul, et que cette preuve aussi parfaite ne lui était pas fournie dans les conditions optimales qu'il aurait voulues. Si le jeune homme aux cheveux argentés la voyait, Ryunosuke devrait expliquer ce qui s'y trouvait et pourquoi cela l'intéressait. Un secret qu'il ne souhaitait pas vraiment dévoiler.
Il hésita, son regard passant de l'écran au jeune homme qui se rapprochait de lui. Il devait décider rapidement. Oublier cette vidéo, et tout ce qu'elle représentait, ou demander de l'aide à Nakajima pour la récupérer, mais tout lui dire, ou au moins les éléments essentiels.
Qu'est-ce qui serait la solution parfaite ? Il l'ignorait. Il finit par se tourner vers le jeune homme aux cheveux argentés qui atteignait son niveau, et lâcha :
« Il faut que je récupère cette vidéo. Tout de suite. »
L'autre le dévisagea avec de grands yeux, et Ryunosuke pouvait voir les rouages tourner dans son cerveau. Il se demanda quelques secondes si l'autre allait refuser ― heureusement, son altruisme ne faisait jamais défaut. Il finit par hocher la tête en signe d'acceptation, sans poser la moindre question, ce qui soulagea le jeune inspecteur aux cheveux bicolores.
Il se doutait cependant que lesdites questions finiraient par arriver, surtout que le regard de Nakajima finissait par se déporter sur l'écran qui diffusait toujours la vidéo. Il n'allait sans doute pas faire de lien immédiat avec l'accident de voiture qui avait coûté la vie aux Ôzaki, mais il allait sans aucun doute s'interroger dessus.
« Il faudrait voir s'il y a autre chose sur le bureau, finit par parler Nakajima après un petit silence. Quelque chose qui permette de transférer un fichier. Mais, il reprit après une hésitation, je ne vois même pas de clavier. » Ryunosuke admit en grimaçant qu'il avait raison et que cela rendait tout bien plus compliqué que cela ne l'était déjà. Il tapota l'écran, se demandant vainement s'il n'était pas tactile, mais rien ne bougea.
« Merde, il finit par jurer. Comment est-ce que... »
Son portable vibra quelques secondes plus tard, et il le tira en sachant exactement qui était l'expéditeur du message qu'il venait de recevoir. Le numéro inconnu. Ou plutôt, Fyodor Dostoevsky.
De : numéro inconnu
Intéressé par cette petite trouvaille ? Il m'a fallu soudoyer pas mal de monde pour l'avoir.
A : numéro inconnu
Envoyez-la moi.
De : numéro inconnu
Je ne travaille pas gratuitement je te rappelle. Si tu la veux, assure-toi de faire en sorte que j'ai un problème de moins sur les bras.
Ryunosuke lut ces mots, dubitatif. Un problème de moins ? Que voulait dire le russe avec cette injonction obscure ? Il était supposé deviner à quoi il pensait ? Au bout de quelques instants, un second message arriva.
De : numéro inconnu
En d'autres termes, fais en sorte qu'Atsushi Nakajima n'en soit plus un.
Ryunosuke grimaça vivement. Vraiment ? Il se retrouvait dans cette situation ridicule ? Même la plus mauvaise des séries policières n'aurait pas osé le mettre face à ce dilemme : s'en prendre à son ancien camarade de promo pour aider sa famille, ou risquer de tout mettre en péril. Parce que quelque chose lui disait que Dostoevsky serait très amusé par l'idée d'envoyer ce qu'il possédait sur la corruption du père de Kôyô aux médias si Ryunosuke ne faisait rien pour l'aider.
Quelle situation de merde.
Insensible aux demandes inhumaines de Dostoevsky, le principal concerné farfouillait la pièce pour trouver un clavier ou au moins une souris d'ordinateur à brancher sur l'écran pour récupérer ladite vidéo. Ryunosuke le regarda faire, avant de relire les messages. Sérieusement ? Il n'aurait pas de mal à mettre l'autre hors d'état de nuire bien sûr. Mais il ne le souhaitait pas.
D'un côté, il y avait l'honneur de sa famille et le mystère qui les hantait encore sur l'identité des meurtriers des Ôzaki. De l'autre, son propre honneur d'inspecteur et la vie d'un de ses collègues, qui n'était pas le plus anodin d'entre eux. C'était aussi son ancien camarade de promo, et une personne dont il connaissait la vie personnelle.
Pas n'importe quel type qu'il aurait croisé dans la rue par hasard. Si cela avait été le cas, si Akutagawa n'avait pas connu celui qu'on lui demandait d'attaquer, il se serait peut-être plié à la monstruosité de la demande. Peut-être que oui, il aurait envoyé paître ses beaux principes pour protéger l'honneur de ses familles.
Mais dans cette situation, il ne s'en sentait étrangement pas capable.
« Nakajima. » Il interpella le jeune homme qui cherchait toujours quelque chose pour récupérer la vidéo. Celui-ci tressaillit avant de se redresser et de lui jeter un coup d'oeil.
« Je vais trouver ne t'inquiète pas ! » Ryunosuke l'observa, se demandant pourquoi il était aussi déterminé. Avait-il peur que son collègue le prenne mal s'il ne faisait pas d'effort ?
« Laisse tomber. » Il finit par souffler en rangeant son portable. L'autre tourna dans sa direction un regard surpris, et demanda :
« Ce n'est pas important pour toi ?
― Pas plus qu'autre chose. » Il marmonna sans trop savoir ce que contenait exactement cette réponse. Une fois encore, Nakajima le dévisagea, avant de recommencer à chercher quelque chose. « Eh, l'interpella de nouveau Ryunosuke. Je t'ai dit de laisser tomber.
― Et alors ? Je vais quand même chercher. » Cette fois, ce fut Akutagawa qui le dévisagea longuement.
« Ce n'est pas important.
― Si, lui opposa le jeune homme aux cheveux argentés. C'est la première fois que je t'entends demander de l'aide. »
La réplique laissa Ryunosuke inhabituellement sans voix. Il écarquilla légèrement les yeux en la comprenant ; il était vrai qu'il ne demandait jamais d'aide, surtout à des gens comme Nakajima qu'il ne connaissait que peu et n'appréciait pas énormément. Mais il ne s'attendait pas à ce que ce soit justement pour cela qu'il prenne sa demande précédente tant à cœur.
Son portable vibra de nouveau, mais cette fois, Ryunosuke ne le sortit pas. Il ne voulait pas en connaître le contenu ― il savait que Dostoevsky avait dû entendre tout ce qu'il venait de dire. Il avait donc eu la réponse qu'il voulait concernant son marché. Maintenant, il allait juste devoir faire face à la manière dont il allait réagir.
« On est dans une planque de Dostoevsky, il reprit un peu plus abruptement, et cette vidéo n'est là que pour nous détourner de notre tâche. Remontons chercher l'inspecteur Dazai. C'est plus important. »
Nakajima sembla finir par entendre raison, parce qu'il se redressa vers lui pour repartir dans le sens inverse. Il jeta cependant un dernier coup d'œil à l'écran, comme pour demander à son interlocuteur s'il était certain de sa décision. Pour toute réponse, le jeune homme aux cheveux bicolores jeta ledit écran sur le sol.
(Et le bruit du verre qui se brisait en mille morceaux le fit étrangement se sentir mieux.)
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« J'espère qu'on va dans la bonne direction. » soupira Nakajima tandis que Ryunosuke agitait le récepteur, sans voir de changement notable. Il avait repéré un mince signal clignotant un peu plus tôt, mais ils avaient eu beau bouger dans toutes les directions, l'intensité n'avait pas évolué à son tour.
« Il doit se déplacer aussi, soupira-t-il finalement. Ce serait assez logique d'ailleurs.
― Cela voudrait dire qu'il suit bien quelqu'un. C'est au moins rassurant de songer que rien ne lui est arrivé.
― Pas forcément. Il peut très bien être emmené quelque part aussi. » Son interlocuteur ne sembla pas apprécier cette remarque, parce qu'il lui jeta un petit coup d'œil agacé assorti d'une mine inquiète.
« J'espère que non. »
Il n'avait étonnamment pas ramené sur la table l'incident de la vidéo, semblant décider que son interlocuteur ne souhaitait pas en parler. Cela ne dérangeait pas le jeune homme aux cheveux bicolores outre mesure, mais il ne parvenait pas à imaginer que l'autre n'était pas curieux du tout. Après tout, n'importe qui aurait eu sa curiosité piquée par sa demande insolite d'abord, puis par son changement d'avis tout aussi soudain.
Il savait que Nakajima n'était pas exactement n'importe qui, mais quand même. Il ne pouvait pas être à ce point différent des autres.
« Je me demande quand même par où l'inspecteur Dazai a pu sortir. » finit par reparler Nakajima. Ils avaient eu beau chercher, ils n'avaient pas trouvé d'autre sortie que celle qu'ils avaient eux-mêmes empruntée. Mais si leur collègue l'avait utilisée aussi, il aurait dû être vu. Un mécanisme leur échappait dans cette histoire, qu'il soit matériel ou plus complexe.
« Je me demande surtout par où il est passé, marmonna Ryunosuke en agitant encore et encore le récepteur. J'ai l'impression qu'on fait fausse route. » Comme pour appuyer ses dires, l'objet cessa de clignoter. Nakajima fit immédiatement demi-tour, et le signal revint, mais toujours aussi faible.
« On a essayé par là ? » demanda ensuite le jeune homme à son interlocuteur.
Depuis qu'ils étaient ressortis, ils testaient tous les chemins possibles et imaginables. Ils avaient d'abord passé un long moment à pied, à essayer toutes les directions, allant parfois jusqu'à manquer de se perdre. Ils avaient désormais pris une certaine distance, remontant dans leur voiture et allant dans les petites villes alentours. Impossible cependant de déterminer à quelle distance d'eux pouvait se trouver celui qu'ils poursuivaient. Selon quand il s'était volatilisé, il pouvait être déjà loin.
Ryunosuke secoua la tête négativement, et ils prirent ce chemin pour essayer de constater une différence dans la réception du signal. En vain, toujours. Les habitants devaient se demander ce qu'ils fabriquaient, à rouler ainsi en allers-retours incessants sans but précis. Peut-être allaient-ils appeler la police. Ce serait cocasse, un tête à tête avec leurs collègues autour de la question Qu'est-ce que vous foutez aux enquêtes criminelles ? ― et bien écoutez, on cherche notre collègue qui joue les filles de l'air. Et on est sur la piste d'un dangereux criminel. Et vous, ça va ?
Il se décida à abandonner l'humour noir pour se consacrer au sérieux qui était de mise dans une telle situation pourrie jusqu'à la moelle, et il testa différentes inclinaisons, différents points, dans l'espoir de voir quelque chose changer. Il commençait à croire que ce récepteur était juste cassé, et qu'il ne fonctionnait que de façon hasardeuse... quand soudainement, l'objet s'illumina plus fortement.
« Par-là. » Il désigna à Nakajima la direction dans laquelle l'objet avait commencé à clignoter avec plus d'intensité. Manque de chance pour eux, il s'agissait d'une rue piétonne bordée d'escaliers, ils durent donc quitter le véhicule pour s'y engouffrer.
« J'espère qu'on ne va pas tomber sur Dostoevsky ou je ne sais qui d'autre de dangereux, marmonna Nakajima en le suivant tandis qu'ils avançaient, guettant le moindre changement dans le signal.
― Au moins, on pourrait l'attraper. »
Son interlocuteur n'eut pas besoin d'ouvrir la bouche pour que Nakajima comprenne qu'il était totalement dubitatif sur ce qu'il venait d'avancer. Ryunosuke maintenait pourtant cette hypothèse ― si Dostoevsky prenait tant de soin pour se cacher, et utilisait toujours les autres pour commettre ses méfaits, n'était-ce pas justement parce qu'il ne savait pas se défendre lui-même ?
Le signal continua de se préciser alors qu'ils avançaient dans de petites rues pavillonnaires tranquilles, devenant de plus en plus puissant et pressant. Le jeune homme aux cheveux bicolores était surpris par l'environnement ― que pouvait bien fabriquer Dazai ici ?
Cependant, alors qu'ils avançaient en longeant les maisons, l'intensité finit par diminuer. Ils firent demi-tour illico ; et si le signal redevint plus fort pendant un temps, il diminua aussi alors qu'ils revenaient sur leurs pas. Après quelques allers-retours, ils finirent par déterminer qu'il atteignait son summum en face d'une petite maison qui respirait l'aisance financière, avec ses trois étages, sa façade ornementée et son jardin taillé au millimètre près.
« Quelque chose me dit qu'on ne va pas pouvoir simplement sonner à la porte pour demander si on peut fouiller chez eux. » Ryunosuke opina. Juger sur le physique était peut-être mal, mais il n'y avait absolument aucune chance pour que les individus qui habitaient cette jolie maison ne leur demandent pas au minimum un mandat avant de les laisser rentrer.
« Je suppose qu'on va devoir recontacter l'inspectrice Yosano avant de faire quoi que ce soit. »
Il lui passa un énième appel, lui expliquant encore une fois la situation. Sa supérieure l'informa ensuite qu'elle allait entamer les procédures nécessaires à l'émission d'un mandat, mais que celles-ci risquaient d'être laborieuses compte tenu de leurs preuves minces. Elle leur demanda ensuite de rester devant la maison, en se faisant discrets, pour guetter si quelqu'un en sortirait et ferait ainsi évoluer le signal. Ils ne pouvaient après tout pas exclure l'hypothèse que Dazai avait laissé l'émetteur sur quelqu'un d'autre ― mais dans ce cas-là, ils auraient dû être en mesure de le voir, non ? songea-t-il.
Ils se plièrent aux ordres de mauvaise grâce ― Ryunosuke n'avait pas vraiment comme objectif de la soirée de la passer assis en haut d'un escalier qui donnait sur la maison en attendant que quoi que ce soit se produise. D'ailleurs, absolument rien ne se produisait. La rue était on ne peut plus tranquille, comme tout quartier pavillonnaire qui se respectait en somme.
Les deux inspecteurs restèrent un long moment silencieux, leurs regards papillonnant de part et d'autre du quartier. Le récepteur dans la main de Ryunosuke continuait de clignoter, signe que la personne qui disposait de l'émetteur était encore dans les parages heureusement. Le jeune homme aux cheveux bicolores gardait un œil dessus, de peur de rater le moment où le signal changerait d'intensité et de laisser la personne qu'ils attendaient leur passer sous le nez.
« Akutagawa ? » Le susnommé tourna son regard métallique dans la direction de son collègue, qui venait de l'interpeller, mais ne le dévisagea que brièvement avant de retourner à sa contemplation. Cela ne sembla pas offusquer outre mesure son interlocuteur, qui poursuivit : « Je peux te demander quelque chose ? » Le jeune homme aux cheveux bicolores était prêt à parier que cela concernait cette foutue vidéo. Nakajima avait rongé son frein plus longtemps qu'il ne l'imaginait.
« Je suppose que si je te dis que je ne veux pas en parler, cela ne changera rien ?
― Je ne suis ni l'inspecteur Dazai, ni l'inspecteur Ranpo, répondit doucement son interlocuteur, donc cela changera quelque chose. Mais... » Akutagawa devinait qu'il voulait malgré tout des réponses à ses questions.
« Cette vidéo était importante pour ma famille. Elle leur aurait donné une réponse qu'ils cherchent depuis longtemps. Mais elle n'en valait pas la peine finalement.
― Parce que tu aurais dû m'attaquer pour la récupérer ? »
Ryunosuke en resta quelques secondes sans voix ― cela lui arrivait un peu trop souvent avec le jeune homme aux cheveux argentés. Il parvenait toujours à le prendre de court, sans qu'il ne comprenne vraiment comment il faisait. Là, il était vraiment confus. Comment avait-il deviné le sujet exact de sa discussion avec Dostoevsky ?
« C'était du bluff, lâcha son interlocuteur au bout d'un instant. Ça avait bien marché avec Gogol, je me suis dit que ça me permettrait peut-être d'avoir une réponse claire. » Il semblait presque un peu embarrassé. Ryunosuke, lui, avait du mal à saisir comment il avait pu tomber aussi proche de la vérité avec un simple bluff.
« Ouais. » Il répondit finalement, songeant que de toute manière, l'autre avait déjà deviné et que son silence était plus que suspect. « Je suis un inspecteur. Ça ne changera pas. Je ne tomberai pas aussi bas pour mon intérêt personnel. » Son interlocuteur le dévisagea quelques secondes, avant de s'esclaffer légèrement. Ryunosuke ne comprenait pas vraiment ce qu'il y avait de drôle dans ses dires.
« Je peux t'avouer quelque chose ? » Il opina silencieusement. « Je ne comprenais pas pourquoi tu étais inspecteur. Enfin, je ne croyais pas à toutes ces rumeurs qui disaient que tu n'étais qu'un type violent... Mais j'avais l'impression que cela ne te correspondait pas. Note que je n'ai pas de leçon à te donner... »
Ryunosuke fronça les sourcils en l'entendant prononcer ces mots. Oh, il était assez conscient de lui-même pour reconnaître qu'ils étaient mérités. De tous points de vue, il ne correspondait pas à la « norme » des inspecteurs. Il n'était pas agréable, pas sympathique et pas souriant. Mais il n'avait pas l'intention de changer de quelque manière que ce soit simplement pour faire plaisir à ses interlocuteurs. Oh que non.
« Tu as changé d'avis ? » Il demanda simplement sur un ton neutre. Nakajima lui jeta un coup d'œil assorti d'un petit sourire.
« Oui. Enfin, rectifia-t-il vite sur un ton un peu moins assuré, je ne prétends pas bien te comprendre ou quoi que ce soit. Mais je pense que tu as tes raisons de devenir inspecteur... Et que tu n'es pas un mauvais inspecteur. Sans doute plus doué que moi. »
Le jeune homme aux cheveux bicolores le toisa. Il n'était pas d'accord. Son interlocuteur était un bon inspecteur. Cela lui coûtait de l'admettre parce qu'il avait toujours estimé que Nakajima n'était pas taillé pour le boulot, mais il ne pouvait rien dire d'autre désormais. Le jeune homme aux cheveux argentés avait prouvé à maintes reprises qu'il avait mérité son poste.
« Comment fais-tu pour être toujours aussi honnête ? » demanda-t-il finalement au bout d'une poignée de secondes de silence. La question tournait dans son esprit depuis un moment. « On dirait que l'idée même de mensonge t'est inconnue. » Nakajima tourna dans sa direction un regard stupéfait, puis esquissa un petit sourire gêné.
« J'ai déjà menti, tu sais. » Ryunosuke lui retourna un regard sceptique.
« Les petits mensonges d'enfant ne comptent pas. » Tout le monde avait menti à ses parents pour des bêtises ― oui, c'est le chien qui a cassé le vase, non je n'ai pas mangé les bonbons, et cætera.
« Pas que quand j'étais enfant, répliqua son compagnon en évitant légèrement son regard. J'ai menti récemment, sur des choses plus importantes.
― C'est-à-dire ? ne put-il s'empêcher de demander.
― Je te le dirais si tu me dis pourquoi tu tenais tant à avoir cette vidéo. »
Nakajima avait parlé sur un ton relativement bas, si bien qu'il crut, pendant un instant, avoir mal compris. Mais non, vu l'attitude du garçon ensuite ― il esquiva ostensiblement son regard, davantage que précédemment ―, il l'avait bien entendue.
Il ne contesta pas cette réponse. Elle était amplement méritée. De plus, il n'était pas d'un naturel curieux. Il ne savait pas pourquoi ces questions lui avaient échappé, mais ce n'était pas dans ses habitudes d'en poser autant à ses interlocuteurs. Comme toujours, il agissait étrangement avec Nakajima. Cela n'était pas nouveau, mais cela le déstabilisait toujours énormément.
Nakajima le fixa pendant un bon moment après cet échange, et il finit par se retourner une nouvelle fois vers lui pour lui demander ce qu'il voulait (encore). Au bout d'un instant, la réponse lui fut donnée :
« J'avais espoir que tu me répondes pour avoir ta réponse. » Akutagawa haussa un fin sourcil. Il n'imaginait pas son collègue aussi curieux.
« Je ne tiens pas à ce point à savoir sur quoi tu as menti. Et je ne te savais pas aussi curieux.
― Tu parles si peu de toi que je saisis la moindre opportunité. » La réponse spontanée fit tressaillir le jeune homme aux cheveux bicolores, et rougir celui qui l'avait prononcée. « C'est juste que..., bredouilla-t-il comme pour essayer de se justifier, je ne sais rien de toi. D'un point de vue personnel.
― La réciproque est vraie.
― Elle pourrait ne pas l'être ! s'exclama le jeune homme. Et en plus c'est faux. Tu sais des choses sur moi. Plus que je n'en sais sur toi. Je ne savais même pas que ta sœur avait disparu avant qu'elle ne soit retrouvée.
― Je n'allais pas m'épancher dessus. En plus, ma famille aime rester discrète.
― C'est bien la seule chose que j'ai appris grâce à toi. » soupira Nakajima.
Ryunosuke ne savait pas pourquoi le jeune homme en faisait toute une histoire honnêtement ― surtout que c'était la première fois qu'il laissait à ce point suggérer qu'il voulait en savoir plus sur son collègue. Celui-ci pensait que le jeune homme aux cheveux argentés était juste... désintéressé. Ou assez intelligent pour se retenir de poser des questions quand le sujet était sensible. Mais visiblement, même le patient Nakajima avait ses limites.
« Il n'y a rien de spécial à dire, il finit par souffler. Ma famille est trop compliquée à suivre pour que j'aborde le sujet. Les joies des alliances et des grandes familles. » Cette réponse ne parut toujours pas convaincre Nakajima.
« Si je réponds à ta question, tu répondras aux miennes ? »
Son acharnement agaçait autant Ryunosuke qu'il le surprenait. Il ne saisissait pas du tout l'attitude étrange de son collègue. Ce qui le perturbait grandement ― et il n'aimait pas être perturbé. Sans attendre sa réponse cependant, le jeune homme aux cheveux argentés se redressa et lui tourna le dos, avant de déclarer d'une traite :
« Quand j'ai rompu avec Lucy, elle m'a dit qu'elle sentait qu'il y avait quelqu'un d'autre qui justifiait notre rupture. Je lui ai juré que non, que cela n'avait rien à voir. Mais la vérité... c'est qu'il y avait bien quelqu'un qui m'avait poussé à prendre cette décision. Toi. »
C'était lui qui avait parlé sans prendre de respiration, mais ce fut Ryunosuke qui eut le souffle coupé par la soudaine déclaration. Son cerveau lui renvoya un nombre incalculable de messages d'erreurs, tandis que son regard se fixait sur le dos de son interlocuteur. Celui-ci ne semblait pas oser regarder sa réaction.
Alors, en posant une main sur son bras, l'inspecteur le contraignit à lui faire face.
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