31 - 𝐋'insensible et le savant fou
hey!
je suis vraiment en train d'écrire les derniers chapitres de ARE, je suis presque émue - alors que vous connaissez mon désamour pour cette ff je crois. je n'ai pas encore de numéro certain, mais je pense qu'il y aura trente-six chapitres au total o/
sinon, comment allez-vous ? pas trop mal j'espère <3
la situation n'est pas franchement bonne, mais gardez le moral, je vous soutiens de loin 💞
parce que les bonnes vibes sont importantes en cette période, sachez qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma chère belle-sœur SalomeKayano, tu es une vile traîtresse mais je t'aime quand même, j'espère que tu as été gâtée <3
prochain chapitre le 20 février et bonne lecture :)
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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐓𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞-𝐞𝐭-𝐮𝐧 - 𝐋'𝐢𝐧𝐬𝐞𝐧𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐬𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐟𝐨𝐮
Le jeune homme pianota quelques secondes sur son portable, envoyant promptement un message anxieux à sa sœur. Il attendit une poignée de secondes avant d'en envoyer un deuxième devant l'absence de réponse immédiate, puis se contraignit à laisser passer encore une dizaine de minutes avant d'en envoyer quatre d'un coup.
Lui, stressé ? Ce n'était pas du tout son genre voyons. Il était toujours très serein, même quand cela concernait sa sœur qu'il savait parfois un peu trop inconsciente des risques... Oui, bon, il était peut-être un peu stressé.
Il resta quelques secondes immobile avant d'appeler sa correspondante à trois reprises, tombant à chaque fois sur sa messagerie. Il détestait les boîtes vocales et leur voix déshumanisée qui vous expliquaient que votre correspondant était injoignable pour le moment.
Fort heureusement, alors qu'il envisageait de contacter la police ― bon, il était la police, mais il pouvait rameuter ses collèges ― une réponse s'afficha enfin sur son écran. C'était un message terriblement court et sommaire considérant toutes les notifications qu'il avait dû causer sur le portable de sa cadette, mais il était on ne peut plus limpide :
Laisse-moi profiter de mon rendez-vous en paix.
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J+7
24 JANVIER
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Dire que le Bureau des Enquêtes Criminelles de Yokohama était un chaos sans nom aurait été le plus bel euphémisme de l'année. Assis sur la chaise froide et dure de son bureau, Ryunosuke observait sans ciller les inspecteurs et policiers qui couraient partout, cherchant désespérément des feuilles et des stylos qu'ils avaient déjà en main, et s'invectivant de toutes parts.
Lui restait à sa place, peu désireux de se mêler à cette foule frénétique qui s'agitait, et surtout ignorant ce qu'il était supposé faire. Yosano était enfermée dans son bureau depuis le début de la journée, enchaînant les appels à ses supérieurs et à son meilleur ami, apparemment lié à l'affaire qui les occupait. Nakajima et Kunikida venaient de prendre leurs billets pour rentrer en urgence avec Gogol. Ranpo était parti à Tokyo pour gérer les procédures relatives au criminel qui allait arriver ― Ryunosuke ne savait pas si confier ces procédures délicates à un inspecteur tout sauf délicat était une bonne idée, mais il fallait admettre qu'il était le seul assez gradé et expérimenté pour s'en charger, Yosano exclue.
Et puisque Dazai était encore et toujours aux abonnés absents... Akutagawa se demandait quand le brun allait daigner revenir se comporter comme un véritable inspecteur, et cesser de se cacher dans le moindre coin de rue juste pour piéger Dostoevsky. Enfin, il admettait que la stratégie avait porté ses fruits avec Topaz, alors ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée... Mais quand même, il était particulièrement agaçant quand il faisait tout dans son coin ainsi.
Alors qu'il se demandait s'il serait malvenu de partir fumer, il aperçut la porte du bureau de sa supérieure s'ouvrir, et la vit sortir en soupirant longuement. Elle ignora royalement les autres policiers qui l'attendaient pour lui donner les résultats plus ou moins fructueux de leurs recherches et se planta devant Ryunosuke.
« J'ai une mission pour toi. »
Le jeune homme aux cheveux bicolores haussa un de ses fins sourcils, surpris. Les autres policiers, derrière sa supérieure, semblaient stupéfaits de s'être fait ainsi snobés au profit d'une recrue en formation ― Ryunosuke n'avait pas encore reçu officiellement sa promotion. Si cela avait été dans son caractère, le jeune homme aurait presque pu leur envoyer un clin d'œil mesquin pour se moquer d'eux.
« De quoi s'agit-il ? » Il demanda à la place à Yosano. Celle-ci lui fit signe de la suivre à l'écart des policiers aux oreilles indiscrètes ― ceux-ci se virent donc ignorés une seconde fois.
« J'ai besoin que tu te rendes à cette adresse. » Elle lui tendit un bout de papier sur lequel quelques lignes étaient en effet griffonnées. Le jeune homme le saisit en se demandant à quoi tout cela rimait. Pourquoi tant de mystères ? Sa supérieure dut lire sa perplexité dans son regard, car elle explicita : « C'est l'adresse de Kaiji Motojiro. Mon ami d'enfance. Il ne répond pas à mes appels, et je ne peux pas quitter le bureau. »
Son ton était détaché et égal ; Ryunosuke devina qu'elle essayait de rester professionnelle, mais s'inquiétait malgré tout de ce silence. Maintenant qu'elle avait eu la preuve indirecte ― peut-être valait-il mieux parler d'intuition ― qu'il était peut-être lié à Dostoevsky (de façon bien sûr inconsciente, mais lié quand même), elle devait s'inquiéter pour sa santé. Particulièrement s'ils étaient amis de longue date.
« Il est du genre à s'isoler pendant des jours pour travailler sur ses inventions loufoques. » Une fois encore, Yosano parut lire dans ses pensées, puisqu'elle ajouta ces mots.
« Je vais lui parler. » Il répondit, tout en sachant intérieurement qu'il s'engageait aussi à tenter de retrouver Motojiro s'il avérait que celui-ci avait réellement disparu.
« Dis-lui de me rappeler dès que possible. Oh, et attends. »
Elle attrapa son portable, pianota dessus quelques secondes, puis la sonnerie de celui de Ryunosuke annonça la réception d'une notification. En le tirant de sa poche, il découvrit un message de sa supérieure, uniquement composé d'une photo en pièce jointe. En ouvrant cette dite pièce jointe, il y découvrit un cliché de sa supérieure posant avec un jeune homme aux cheveux bruns.
Les deux individus semblaient un peu plus jeunes ― enfin, Ryunosuke parlait surtout pour sa supérieure, puisqu'il ne connaissait pas Motojiro. Ils souriaient avec joie à l'objectif. Songeant que ce cliché est un moment de bonheur qui aurait dû rester personnel probablement, il se concentra surtout sur le visage de celui qu'il devait trouver.
Kaiji Motojiro avait des cheveux bruns coupés courts, dans une coupe un peu au bol. Il était affublé de petites lunettes rondes et d'une écharpe élimée qui devait avoir de nombreuses années d'ancienneté. Hormis ce détail, il ressemblait à un individu tout à fait banal. L'absence apparente de caractéristiques pouvant faciliter sa reconnaissance fit soupirer Ryunosuke. Si l'homme avait réellement disparu, le retrouver ne serait pas une mince affaire.
Mais évidemment, il ne formula pas ouvertement cette pensée à l'intention de sa supérieure, qui l'aurait sans doute étranglé pour son pessimisme. Il se contenta de hocher la tête avec sérieux, de ranger son portable et de se redresser en disant :
« Je m'en charge. »
Elle hocha la tête à son tour, et le laissa partir. Il pensait qu'elle allait enfin s'occuper des policiers qui lui jetèrent des regards mauvais quand il sortit, mais elle resta dans son bureau à lire quelque chose sur son ordinateur ― sans doute des courriels importants ou des informations de première utilité.
Ryunosuke ignora les murmures des représentants de l'ordre qui s'impatientaient, et descendit les escaliers pour quitter le bureau. Il avait sa propre affaire et n'avait donc plus de nécessité à rester dans les locaux ― surtout si c'était pour se faire dévisager. Une fois arrivé au rez-de-chaussée, il partit signaler son absence ― en temps normal, ils les signalaient à leur étage spécifique, équipe par équipe, mais puisque les trois équipes s'entraidaient, et que les tokyoïtes faisaient de plus en plus de détours par leur Bureau, ils avaient créé un tableau regroupant tous les inspecteurs, installé dans le hall ― et demander un véhicule de service.
Le parking était aussi considérablement rempli, conséquence de l'absence de congés pour les policiers de Yokohama et des effectifs de la capitale qu'ils recevaient fréquemment. Akutagawa se fraya un chemin pour accéder à sa voiture de service ― il avait bien cru qu'il n'en obtiendrait pas, car les places étaient chères, mais puisqu'il enquêtait pour l'inspectrice principale du bureau, il avait quelques avantages ― et monta dedans.
Par pur réflexe depuis qu'il avait trouvé Dazai dans sa voiture de service, son regard se déporta à l'arrière pour s'assurer qu'il n'avait aucun invité indésirable. Or...
« Sérieusement ? Vous vous transmettez le secret de génération en génération ? » Mori lui adressa un signe de main amusé, ponctué d'un sourire goguenard qui ne trompait absolument pas l'inspecteur aux cheveux bicolores.
« C'est bien possible. » commenta le médecin après quelques secondes. Il semblait être installé là depuis un bon moment, confortablement allongé sur la banquette arrière.
« Et donc ? A quoi vous jouez ?
― Je cherche des informations.
― En vous cachant dans les voitures d'inspecteurs ?
― C'est une méthode comme une autre.
― Louez-vous une chambre d'hôtel, ce sera mieux. » Le médecin ne parut pas relever son impertinence, et se contenta de soupirer. Il semblait quelque peu en meilleure forme que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, de nouveau enfoncé dans son attitude moqueuse et détachée de tout. « Vous pouvez descendre ? Il demanda ensuite avec agacement.
― Pas tant que je n'aurais pas d'informations.
― J'ai une affaire importante.
― Parfait : comme ça, tu iras plus vite pour me donner tes informations. »
Oh, bon sang. Ryunosuke leva les yeux au ciel en implorant les dieux d'être cléments avec lui et de le laisser en paix. Il n'avait pas envie de discuter avec le médecin, surtout que leurs informations étaient tenues confidentielles. En plus, il savait très bien que Yosano n'aimait pas Mori du tout, même s'il ne connaissait pas les raisons exactes de ce mépris. Si elle apprenait qu'il lui avait parlé de détails confidentiels, n'allait-elle pas annuler sa promotion ?
« Je n'ai rien à vous dire. » Il lâcha finalement en observant le médecin du coin de l'oeil grâce au rétroviseur intérieur. Celui-ci haussa un sourcil, apparemment peu satisfait par cette remarque.
« Vraiment ? Je vais donc rester dans cette voiture.
― Si j'appelle la sécurité, ils viendront vous faire sortir de force. » La menace fit ricaner le médecin.
« Je pense qu'ils ont d'autres chats à fouetter que de me faire sortir. Même si je commets un délit en entrant dans cette voiture de fonction, j'ai mes raisons, et des circonstances atténuantes.
― Lesquelles ? » Ryunosuke se demandait s'il allait oser décréter que le chagrin suscité par la mort de Fukuzawa était une circonstance atténuante pour ses délits. Heureusement, le culot de Mori n'allait pas jusque-là.
« Je veux attraper Dostoevsky. Au moins, vous aider à le faire.
― Vous n'êtes pas policier. Laissez-nous faire notre travail.
― Justement. Je peux faire des choses que vous ne pouvez pas faire. » Le jeune homme aux cheveux bicolores étouffa un soupir agacé. Mori était borné, presque autant que sa tante ― c'était sans doute pour cela qu'ils s'entendaient bien, encore que l'ambiance devait être électrique quand ils se disputaient, si cela se produisait.
« Laissez-nous faire notre travail, il répéta calmement, et on attrapera Dostoevsky. Il sera jugé, et vous aurez votre vengeance complète. Mais vous ne pouvez pas nous aider. »
Son interlocuteur garda le silence pendant quelques secondes, un silence qu'il pouvait aisément qualifier de louche. Quand Mori se taisait, c'était signe qu'il réfléchissait à sa prochaine réplique, et qu'elle risquait d'être acérée. Enfin, Akutagawa se fichait comme de l'an quarante de ce qu'il pouvait dire, il ne changerait pas d'avis. Et ses piques ne l'attendraient pas.
« Donc, ça ne t'intéresse pas de savoir que l'arrestation de Gogol était prévue ? » Ryunosuke fronça ses fins sourcils, et jeta une œillade intriguée à son interlocuteur.
« Prévue ? Il répéta doucement.
― Il était prévu dans les plans de Dostoevsky que Gogol soit arrêté et emmené au Japon. Enfin, pas dans le plan de base, mais dans l'un de ses plans de secours. » Maigre consolation que de savoir qu'ils avaient poussé le russe à recourir à l'un de ses plans de secours.
« Et donc ? demanda-t-il.
― Et donc, Mori détacha chaque syllabe avec un amusement qui rendait son interlocuteur fou, qui sait ce qu'il pourrait faire à ceux qui l'accompagnent. »
Oh. Oh. Ryunosuke venait de comprendre. Atsushi et Kunikida (ainsi que deux ou trois policiers russes) escortaient le blond jusqu'à Yokohama. Or, si tout était prévu par Dostoevsky, les choses pouvaient mal tourner. Cependant...
« Comment le savez-vous ? » Hors de question qu'il fasse confiance à Mori les yeux fermés. Il ne savait pas d'où l'homme tenait ses informations ― surtout qu'il s'agissait ici d'informations importantes et sans doute bien gardées par Dostoevsky.
« J'ai des sources. Et de la perspicacité.
― Des sources ? répéta l'inspecteur, sceptique.
― Oui. » Le silence se prolongea pendant un long moment, et Ryunosuke finit par se retourner entièrement pour dévisager son interlocuteur. Il n'allait pas accepter de réponses aussi évasives avant de faire quoi que ce soit. « Tu ressembles à ta tante avec ce regard. » commenta le médecin au bout de quelques instants. Ryunosuke le prenait comme un compliment.
« Dites-moi d'où vous tenez cette information.
― De Dazai. Partiellement.
― Partiellement ? » Les mystères faits par le médecin commençaient à l'agacer.
« Il m'a dit que Dostoevsky n'avait pas prévu cette arrestation dans son plan initial. Chose logique, puisque Topaz n'était pas supposé être arrêté. Il n'aurait donc pas dû révéler que Gogol l'avait aidé dans le meurtre de Fitzgerald.
― Mais on enquêtait sur l'implication de Gogol autrement.
― Exact, mais Gogol n'a été arrêté que parce qu'il ignorait que Topaz l'avait été avant lui. Sinon, jamais il ne serait venu dans l'hôtel où vous étiez. C'était trop risqué. » Le jeune homme aux cheveux bicolores admettait que cela faisait sens, mais cela semblait encore très tiré par les cheveux.
« Vous soupçonniez Dazai de traîtrise non ? » Sa supérieure lui en avait parlé. « Pourquoi l'écouter maintenant ?
― Parce que je sais qu'il peut m'aider à trouver ce fichu russe. »
Mori souffla ces mots sur un ton amer. On voyait très bien qu'il n'était pas allié à son fils de gaieté de cœur, mais que sa volonté de vengeance passait bien au-dessus de tout cela. Ryunosuke soupira longuement. Il avait du mal à accepter aisément les révélations de Mori, car elles lui semblaient tirées par les cheveux. D'accord, ils avaient toujours eu des doutes sur le hasard de l'arrestation, et craignaient qu'elle soit en effet déterminée à l'avance, mais ils avaient pris des mesures pour éviter tout problème. Donc, normalement, rien ne devait mal se passer... N'est-ce pas ?
« Sortez de la voiture. » Le jeune homme reprit finalement. Il n'avait plus rien à dire au médecin. Celui-ci esquissa un petit sourire que le bicolore ne sut pas interpréter.
« Au moins une information.
― Vous en avez déjà plein à disposition apparemment.
― Certes, mais je n'en ai jamais assez. » Le médecin était borné, Akutagawa épuisé, aussi il finit par lâcher un détail, un seul ― qui lui vaudrait sans doute malgré tout bien des ennuis si Yosano l'apprenait.
« Apparemment, Chuuya Nakahara va collaborer avec la police japonaise. Il va les aider à retracer le parcours de Dostoevsky en France, pour peut-être trouver ses habitudes de cachettes. »
C'était maigre, mais de toute manière, Akutagawa n'avait pas beaucoup plus à lui fournir. Si le médecin savait déjà que Topaz avait été arrêté et que Gogol venait au Japon pour répondre de sa complicité dans le meurtre de Francis Fitzgerald, il était presque autant avancé qu'eux ― et comment diable savait-il toutes ces choses ? Dazai travaillait de son côté, indépendamment de leur bureau. Pourtant, c'était comme s'il n'était jamais parti, et qu'il avait les informations en même temps qu'eux. Ryunosuke espérait que ce n'était pas la preuve qu'il y avait une taupe au BEC, car ce serait un grand problème pour eux.
Mori lui sourit narquoisement avant d'enfin sortir. L'inspecteur aux cheveux bicolores mit ensuite le contact, mais ne prit pas la route tout de suite ; il composa d'abord le numéro de sa supérieure. Elle répondit en moins de cinq secondes ― sans doute attendait-elle avec impatience ses nouvelles, et il regrettait un peu de ne pas l'appeler pour lui dire quoi que ce soit en rapport avec son ami.
« Oui ? » Son ton restait neutre et maîtrisé malgré le stress, songea-t-il.
« Je viens de croiser Mori. » Il y eut une seconde de silence, puis sa supérieure soupira longuement.
« S'il continue, je vais afficher son visage dans le hall avec la mention « Interdit de visite ». Qu'est-ce qu'il voulait ?
― Il dit qu'il a parlé avec Dazai, et que celui-ci pense que l'arrestation de Gogol était prévue. Et qu'il va s'en prendre à Nakajima et Kunikida.
― Comment est-ce qu'il... Oh, et puis, peu importe. Dazai tombe dans la paranoïa. On a pris toutes les mesures nécessaires. Même si c'est le cas, Gogol ne sera pas en mesure de faire quoi que ce soit à Nakajima et Kunikida. » Sa supérieure semblait aussi sûre que lui de ce fait, ce qui le rassura un peu ― pourquoi s'inquiétait-il, dans un premier temps ? Ce n'était pas nécessaire. Pas du tout.
« Je vois. » Le silence s'étira quelques secondes, puis Yosano reparla.
« C'est tout ?
― Oui. Je vais aller voir à l'adresse de Kaiji Motojiro. »
Sa supérieure raccrocha alors sans plus de cérémonie ― sans doute avait-elle un double appel ou une urgence de leurs comparses de la police ― et il resta songeur. Il n'avait pas besoin de s'inquiéter, non. Tout allait bien se passer, oui. Ils avaient pris toutes les mesures possibles. Il chassa les remarques négatives de Mori de son esprit pour se concentrer sur le trajet qui l'attendait, et démarra une bonne fois pour toutes sa voiture de service.
(Ce qui ne l'empêcha pas, une fois garé sur le parking le plus proche de l'immeuble de Kaiji Motojiro, d'envoyer un « Soyez prudents » à son ancien camarade de promo. Cela ne coûtait rien ― à part un peu d'insensibilité et d'image à Ryunosuke.)
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« Monsieur Motojiro ? »
Ryunosuke se fraya un passage entre les restes de béchers et d'éprouvettes qui jonchaient le sol de la clairière dans laquelle il se retrouvait désormais, cherchant à apercevoir la silhouette du « savant fou ». Lorsqu'il avait sonné à la porte de l'appartement du brun, il était tombé sur la mère de celui-ci, qui lui avait expliqué que son fils était parti en périphérie de Yokohama pour mener une de ses expériences farfelues.
« Son portable doit être déchargé, c'est pour ça qu'il n'a pas répondu. » avait expliqué la femme d'un certain âge avec un sourire désolé. L'inspecteur n'avait fait aucune remarque, mais il avait levé intérieurement les yeux au ciel. Donc, Yosano s'était fait un sang d'encre parce que son ami s'improvisait campeur, en plus de petit chimiste ?
« Monsieur Motojiro ? »
Il répéta son injonction tout en se rapprochant de la tente... enfin, des vestiges de tente qu'il apercevait. De son point de vue, le tissu avait plutôt l'air carbonisé et il était certain que l'eau devait passer sans mal à travers.
« Bonjour ? »
Il hasarda en essayant de se montrer avenant ― après tout, ce Motojiro ne le connaissait pas et il ne s'agissait pas de l'effrayer. Et puis, il avait repéré des produits hautement toxiques aux alentours de la tente, alors il n'était pas entièrement rassuré. Était-il bien sur la piste du meilleur ami de sa supérieure, ou d'un terroriste ?
« Bonjour ! » La voix soudainement enjouée qui retentit à ses oreilles le fit tressaillir, et il vit le fameux scientifique qu'il cherchait surgir d'un buisson. Pas de doute, il reconnaissait l'écharpe miteuse.
« Monsieur Kaiji Motojiro ? » Ryunosuke posa quand même cette question pour balayer tout doute possible.
« C'est bien moi ! » Les yeux de l'homme s'illuminèrent. « Vous voulez un autographe ? »
Ryunosuke eut un instant de silence, se demandant où il était encore tombé. Il finit cependant par secouer la tête négativement, sans se soucier de l'expression déçue de son interlocuteur, et par sortir sa plaque de service.
« Bureau des Enquêtes Criminelles de Yokohama. J'ai été envoyé par l'inspectrice Yosano à votre recherche. » L'homme pencha la tête, apparemment interloqué.
« À ma recherche ?
― Elle a essayé de vous appeler à de nombreuses reprises. Vous êtes convoqué au BEC de Yokohama au plus vite, en tant que témoin essentiel. » Les yeux de son interlocuteur devinrent ronds comme des soucoupes.
« Je ne comprends pas.
― Elle vous expliquera tout. Venez avec moi. »
Kaiji sembla vouloir protester, mais Akutagawa tourna les talons sans rien dire de plus, rebroussant chemin pour regagner sa voiture, garée en contrebas. Il n'avait pas envie d'entendre les quelconques protestations du pseudo-scientifique. Ils avaient une affaire sérieuse sur le feu !
« Attendez, attendez ! » Motojiro lui courut après. « Laissez-moi au moins ramasser mes affaires.
― Je vous laisse cinq minutes, il soupira, songeant que ce serait polluer l'environnement que de laisser tout cela dans la nature.
― Je suppose que c'est mieux que rien. Vous êtes aussi intransigeant qu'Akiko. » Ryunosuke eut une seconde d'hésitation à l'emploi du prénom non familier, mais retrouva vite de qui il s'agissait.
« Elle m'a formé. » Il répondit tandis que l'autre rebroussait chemin pour aller ramasser ses affaires. Le scientifique s'immobilisa cependant à ces mots, et se tourna lentement vers lui.
« Vous êtes Ryunosuke Akutagawa ? »
Le susnommé eut un mouvement de sourcil intrigué. Comment l'autre le connaissait-il ? Peut-être que Yosano lui avait parlé de son subordonné... Mais l'intonation de la question lui avait donné l'impression que le scientifique savait qui il était par un autre moyen. Sauf que lui ne le connaissait ni d'Adam ni d'Eve.
« Vous me connaissez ? » Il s'enquit, en essayant de ne pas sonner trop agressif.
« Oui. Enfin, je connais plutôt Higuchi. » Ryunosuke ouvrit la bouche, surpris.
« Vous êtes une connaissance d'Higuchi ?
― Oui. »
Le jeune homme aux cheveux bicolores était surpris d'apprendre cela, car il savait que la jeune femme était américaine, et qu'elle n'avait pas souvent été au Japon ― sauf depuis que Gin avait disparu, elle était venue et n'était jamais repartie. Il se demandait comment les deux individus pouvaient se connaître.
« Comment vous connaissez-vous ? il demanda avec suspicion.
― On s'est rencontrés par hasard. Sa sœur a eu le coup de foudre pour mon neveu. » Le jeune homme aux cheveux bicolores haussa un sourcil. Une histoire d'amour ?
« Et elle vous a parlé de moi ?
― Il fallait bien qu'on s'entraide. Elle voulait s'assurer que tout se passait bien pendant les rendez-vous de sa sœur avec mon neveu, et moi je voulais en profiter pour tester mes inventions sur l'amour adolescent. On s'est retrouvés à les espionner, alors ça rapproche. »
Ryunosuke en resta surpris, ainsi que consterné. Pauvres enfants. Avaient-ils conscience d'être espionnés de la sorte ? Sans doute, compte tenu de la discrétion d'Higuchi et celle supposée de ce type, ils ne devaient pas être des plus subtils dans leur espionnage.
« Ça ne me dit pas pourquoi vous parlez de moi, il grommela.
― On se raconte nos vies. Je sais qu'elle sort avec votre petite sœur.
― Merveilleux. » Il souffla, complètement sarcastique.
Il attendit patiemment que le scientifique range tout son bazar rapidement, se demandant ce qu'Higuchi avait pu raconter exactement à ce jeune homme. Sans doute beaucoup de choses s'il savait qui il était. D'un autre côté, elle faisait bien ce qu'il voulait. Mais sa famille, qui préférait vivre discrètement ne serait pas entièrement heureuse de savoir cela. Kôyô notamment, n'allait sans doute pas être ravie de cette nouvelle ― si elle l'apprenait un jour.
« C'est bon. » Kaiji revint finalement vers lui, un gros sac sur l'épaule. Le bicolore déverrouilla la voiture et lui fit signe de monter sur le siège passager.
« Je vais juste appeler l'inspectrice Yosano avant. » Il composa vite son numéro ; elle répondit rapidement une fois encore. « Je l'ai retrouvé. Il était juste parti camper sans prévoir de quoi recharger son portable. » Il entendit une insulte étouffée, puis sa supérieure parla :
« Passe-le moi. »
Il tendit au jeune homme son portable ; celui-ci pâlit et le prit avec précaution ― en jugeant probablement le vieux modèle du bicolore au passage.
« Salut Akiko... »
Le ton employé par le jeune homme permit à Ryunosuke d'obtenir la certitude que sa supérieure et ce scientifique avec des cases en moins étaient bien amis de longue date. Le jeune homme aux cheveux bruns avait parlé sur un ton rempli d'hésitation et de crainte, comme s'il savait parfaitement la violence de la tempête qui allait suivre. D'ailleurs, Akutagawa n'eut pas besoin d'activer le haut-parleur pour entendre distinctement les mots de Yosano :
« T'ES COMPLETEMENT STUPIDE ! » Kaiji et Ryunosuke grimacèrent devant son exclamation furieuse ― mais parfaitement méritée aux yeux du jeune homme aux cheveux bicolores.
« Je sais que tu es en colère, mais tu peux au moins me dire ce qui se passe ?
― Il se passe que tes fans ne sont pas des fans. » Elle avait parlé sur un ton plus posé, si bien que Ryunosuke avait eu du mal à saisir cette fois-ci. Des fans ? Il songea sans bien comprendre.
« Comment peux-tu dire ça ? » Le semblant de sérieux affecté par Motojiro avait déjà disparu, apparemment.
« Parce que j'ai des preuves sous le nez que quelque chose de louche se trame. Tu te souviens de ton acheteur compulsif ?
― En doudoune ?
― Celui-là même. C'est un type avec un casier judiciaire pour vol à l'étalage et tentative d'escroquerie. Condamné plusieurs fois à des amendes dissuasives. » Ryunosuke écoutait attentivement la conversation pour ne rien manquer, et son compagnon finit par activer le haut-parleur pour lui faciliter la tâche.
« Vous avez un nom ? Il intervint alors.
― Alexander Pushkin. » Encore un russe, observa mentalement le jeune homme. Donc d'autant plus louche.
« Mais il travaille bien dans une carrière non ? Il avait l'air de s'y connaître, reprit Kaiji.
― C'est là que ça se corse. On a enquêté sur les carrières de tout le Japon. Il n'y en a pas beaucoup, et seule une poignée est encore utilisée. Mais on a repéré près de Yokohama une grande cavité rocheuse, qui semble connaître une certaine activité d'extraction.
― Grâce à mes inventions. » Il y avait une pointe de fierté dans la voix de Motojiro qui agaça Akutagawa ― et Yosano apparemment.
« Non, pas grâce à mais plutôt à cause de ! Ce n'est pas une bonne chose qu'ils utilisent cette carrière. On ne sait pas encore ce qu'ils y fabriquent, et c'est probablement dangereux ! »
Ils échangèrent un regard ; Ryunosuke étant consterné et Kaiji désemparé. La jeune inspectrice principale semblait bien remontée contre son ami ― mais le jeune homme aux cheveux bicolores devinait que cette colère était principalement le fruit de son inquiétude, et non d'un véritable agacement.
« Donc je suis quoi ? Complice ? » Le brun prenait plutôt bien cette nouvelle, nota Ryunosuke ― mais il avait déjà établi qu'il lui manquait des cases, alors...
« Tu n'étais pas conscient de ce que tu faisais, alors ça ira. »
Il y avait un certain sous-entendu dans sa voix qui laissait penser qu'elle ne laisserait de toute manière pas autre chose arriver. Ryunosuke en tout cas, ne doutait pas qu'elle serait largement capable de menacer leurs supérieurs pour que personne ne mette quelque chose sur le dos de son ami ― elle les avait déjà menacés à plusieurs reprises pour obtenir diverses choses, elle n'allait sans doute pas s'arrêter de sitôt.
« Bon, dépêchez-vous de revenir. » Elle reprit finalement sur un ton un peu plus calme. On a encore des choses à gérer ensemble.
― De quelle nature ? s'enquit Kaiji, sans doute pour se préparer.
― Tu vas devoir nous dire tout ce que tu sais sur ce type, Pushkin. Et rester quelques temps au BEC.
― En détention provisoire ?
― Sous protection policière, elle corrigea. On ne sait pas sur quoi on a mis le doigt par hasard. »
Elle raccrocha encore une fois subitement sur ces mots, et Ryunosuke devina qu'elle avait encore dû avoir une visite urgente, sans doute de Taneda ou d'un autre haut placé quelconque. Il récupéra donc son portable, puis démarra la voiture sans ajouter quoi que ce soit. Motojiro resta silencieux pendant un bon moment, perdu dans ses pensées, puis reporta finalement son attention vers lui.
« Est-ce que les rumeurs sont vraies ? »
L'inspecteur fit la moue à ces mots. Il y avait tant de rumeurs qui circulaient, sur lui ou sur sa famille, qu'il ne savait même pas de quoi parlait le jeune homme. Enfin, même ainsi, il était capable de dire qu'elles l'étaient sans doute. La moitié des rumeurs qui passaient sur eux était véridique. Ils s'assuraient juste qu'aucune preuve ne vienne les corroborer.
« A quel sujet ? » Il s'enquit sèchement en prenant un virage. L'autre resta silencieux une fois encore, puis explicita enfin :
« Sur l'accident de voiture des parents de Kôyô Ôzaki. » Le virage, pourtant abordé prudemment, se termina dans un crissement de roue, et fit pâlir le jeune scientifique qui ajouta : « Non, ne m'éliminez pas dans un accident de la route ! » Cela fit soupirer l'inspecteur ― le mouvement brusque était involontaire, il ne s'attendait juste pas à cela et avait brièvement perdu son emprise sur le volant.
« Désolé. C'était inattendu. Pour un scientifique raté, vous en savez beaucoup.
― Je ne suis pas raté ! protesta le jeune homme. Je n'ai juste pas encore été reconnu. Sans doute ne le serais-je jamais de mon vivant malheureusement... » Ou jamais tout court, songea sarcastiquement son interlocuteur en abordant le virage suivant avec plus de prudence et en serrant fort le volant circulaire.
« Comment vous savez ?
― Pour ?
― Les rumeurs sur la famille Ozaki. » Celles-là avaient été étouffées violemment, à coups de pots-de-vin et parfois de plus. Il avait du mal à comprendre comment ce petit scientifique sans renommée ou envergure pouvait savoir quoi que ce soit dessus. (Sans offense pour Kaiji.)
« Je vis dans cette ville depuis que je suis né. Les rumeurs, ça me connaît un peu. Vous ne le savez peut-être pas dans votre famille, mais l'argent n'achète pas toujours le silence. Ou en tout cas, il a du mal faire face à l'alcool et l'esprit embrumé des hommes saouls.
― Qu'est-ce que vous savez au juste ? » Concrètement, ces rumeurs ne le concernaient pas, mais il savait que Kôyô allait très mal réagir si l'un des mystères de la famille Ôzaki ressurgissait soudainement. Sans parler du reste de la famille, peu réputé pour leur gentillesse.
« Avant de le dire, vous pouvez me jurer que vous ne m'éliminerez pas ? » Ryunosuke leva les yeux au ciel.
« Ça dépend. Vous comptez donner ces informations à quelqu'un d'autre ?
― Non.
― Vous ne le ferez jamais, peu importe les circonstances ?
― Je ne bois pas d'alcool, si cela vous rassure.
― Alors je me contenterai de la peur que je vous ai faite. »
Peur qui n'était même pas volontaire, mais il allait en profiter. Contrairement à ce que les rumeurs circulant sur son propre compte disaient, il n'était pas si violent. Pas au point de tuer quelqu'un pour le réduire au silence ― en plus, s'il provoquait un accident, il risquait d'y passer lui aussi. Quitte à éliminer le scientifique, autant le faire proprement et sans risque pour sa propre santé.
« Je sais que les anciens responsables du temple étaient impliqués dans des affaires louches. Et que l'accident qui leur a coûté la vie n'en était pas un, selon les rumeurs. » Akutagawa grimaça. Kôyô allait commettre un meurtre à son tour quand elle découvrirait qui avait parlé. C'était exactement la partie la plus problématique de ces rumeurs.
« Vous y croyez ?
― Je ne suis pas sûr d'en savoir assez pour avoir un avis. Mais l'accident était louche, non ? Tout le monde en parlait à l'époque, mais personne n'avait la même version. »
Oui, en effet, l'accident de voiture en apparence innocent avait révélé bien plus que cela après un regard approfondi. La voiture des Ôzaki avait été trafiquée pour que certaines pièces cessent de fonctionner subitement, entraînant une perte de contrôle totale du véhicule. Et le camion qui s'était trouvé sur sa route avait terminé le travail. Tout le monde savait cela dans leur famille ― personne n'en parlait, mais nul ne l'ignorait.
Le grand-père de Kôyô avait consacré toutes ces dernières années à enquêter sur ce qu'il s'était passé, pour trouver l'identité des coupables. C'était ainsi qu'il avait appris que son fils avait une légère tendance à passer par des moyens illégaux pour s'enrichir. Des moyens illégaux qui lui auraient valu bien plus qu'une amende ou un avertissement devant un tribunal.
« Vous êtes sûr de vouloir en savoir plus ? » Kaiji tressaillit légèrement, et détourna le regard.
« Ce ne sont pas mes affaires. Je me demandais juste si c'était la vérité.
― Qu'est-ce que cela vous apportera de le savoir ?
― Rien du tout. Mais, en tant que personne ayant vécu toute sa vie ici, j'aimerais bien savoir si ce temple auquel je me rendais quand j'étais jeune et qui est devenu un symbole de notre ville est réellement maculé de sang. »
Ryunosuke haussa les épaules avec désinvolture. Ce n'étaient pas des raisons assez importantes pour justifier qu'il dise au scientifique que tout était vrai. Il ne pouvait pas faire cet aveu à voix haute, quand il impliquait bien trop de choses.
Il songeait parfois qu'il était presque ironique qu'il soit un inspecteur de police, de brigade criminelle plus précisément, et que toute une branche de sa famille ait les mains couvertes de sang et de relations peu reluisantes. Si cela se savait... Eh bien, sa famille aurait de lourds ennuis, et lui avec. Après tout, il avait aussi contribué à dissimuler certains faits, bien que peu graves, et il savait que, si une enquête criminelle devait éclater sur la famille Ôzaki, il aurait des choix à faire. Des choix difficiles, auxquels il ne voulait pas penser par avance.
« Ce serait possible de s'arrêter chez moi ? » Ryunosuke adressa un regard ennuyé à Kaiji en entendant cette question stupide. L'autre se justifia immédiatement : « Au moins pour que je puisse poser mes affaires, rassurer ma mère et me changer. » L'inspecteur observa l'accoutrement du scientifique ― sa blouse blanche et son pantalon kaki maculés de boue, de feuilles, et de légères brûlures ― avant de soupirer et de se diriger vers la maison du jeune homme.
« Je vous laisse cinq minutes. » Il lâcha en se garant devant celle-ci quelques instants plus tard.
Motojiro le remercia et sortit rapidement de la voiture ― rapidité qu'il perdit ensuite lorsqu'il dut extirper sa tente de la banquette arrière et ses affaires du coffre. Pendant ce temps, Ryunosuke consulta ses messages, et y trouva à sa grande surprise un nouveau message en provenance de Nakajima.
De : Atsushi Bakajima
Je n'aurais jamais cru dire ça, mais il fait presque CHAUD !
En effet, considérant qu'ils étaient à la fin du mois de janvier, la remarque avait de quoi surprendre. Mais puisque le jeune homme revenait de Russie... Eh bien, cela devait être compréhensible. Il ne savait pas trop quelle température il faisait à Oulianovsk au mois de janvier, mais elle ne devait pas être très élevée.
En tout cas, il était content d'avoir des nouvelles de son ancien camarade de promo. Il semblait qu'il était revenu au Japon sans problème, et en parfaite santé. Cela le rassurait un peu ― il ne l'admettrait jamais, mais il était légèrement inquiet suite à sa conversation avec Mori. Le médecin avait réussi à l'inquiéter, malheureusement.
Il passa une main dans ses cheveux bicolores avant de soupirer. Il jeta ensuite un coup d'œil à l'heure, attendant de voir quand les cinq minutes seraient passées, afin de pouvoir réellement s'agacer contre Kaiji Motojiro quand il reviendrait.
Il voyait les cinq minutes toucher à leur fin, lorsque trois événements successifs se produisirent, dans un laps de temps si court qu'ils auraient pu passer inaperçu s'ils n'avaient pas été si voyants.
Un, le moteur de sa voiture se mit à surchauffer brutalement, faisant se dégager de la fumée du moteur à tel point qu'il dut en sortir de crainte que quelque chose n'explose.
Deux, la terre se mit à trembler moins d'une seconde plus tard, l'obligeant à se baisser vers le sol en protégeant sa nuque de tout ce qui pourrait se décrocher.
Trois, ce faisant, il esquiva dans le même mouvement la balle qui venait d'être tirée dans sa direction, et qui lui aurait transpercé la poitrine s'il ne l'avait pas fait.
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