30.5 - 𝐂oup de poker

hello!
j'espère que vous allez bien, que vos proches vont bien aussi et que votre vie n'est pas trop chaotique malgré la situation :')

on se retrouve aujourd'hui pour le dernier chapitre sur Atsushi et Oulianovsk, avec toujours plus de complications ~ j'ai d'ailleurs failli décaler la publication à demain juste pour poster le chapitre le jour où il se passe ksksks

on me le demande parfois, du coup je me suis dit que j'allais le dire clairement ici : oui, ARE est bientôt finie ! Je ne sais pas encore exactement combien de chapitres il reste, mais on devrait finir au niveau des trente-cinq chapitres. voilà voilà !
(je travaille déjà sur la relève 😳)

je vous retrouve le 06 février (retour des anniversaires en même temps que la publication ? ;)) et je vous souhaite une bonne lecture :D

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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐒𝐩𝐞́𝐜𝐢𝐚𝐥 - 𝐂𝐨𝐮𝐩 𝐝𝐞 𝐩𝐨𝐤𝐞𝐫

J+7
24 JANVIER

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Lorsqu'Atsushi ouvrit les yeux, il eut cette impression désagréable de n'avoir absolument pas dormi malgré les six heures qui s'étaient écoulées depuis qu'il s'était couché. Entre le décalage horaire et les événements survenus pendant la journée précédente, il n'était pas vraiment parvenu à savourer un sommeil réparateur, et avait au contraire l'impression d'être encore plus fatigué qu'avant.

En se redressant, il constata que Kunikida n'était plus dans son lit ― il l'avait même refait rapidement, fidèle aux habitudes maniaques que son subordonné lui connaissait bien. Sans doute était-il déjà parti se préparer pour la journée... Avait-il réussi à mieux trouver le sommeil que lui ? Atsushi espérait que oui, au moins l'un d'entre eux serait assez éveillé pour être efficace.

Il quitta la chaleur de la couette à contre-cœur pour se lever, et aperçut au même moment un post-it collé sur le mur en face de lui. Il le décrocha en reconnaissant l'écriture de Kunikida dessus et le lut rapidement.

« J'ai une réunion d'urgence avec Ranpo. Je te laisse te reposer, tu en as besoin. » La sollicitude de son aîné toucha le jeune homme aux cheveux gris. Malgré ses airs sévères, Kunikida était vraiment quelqu'un d'attentionné. Ce n'était pas de sa faute mais, pour un peu, l'inspecteur aux cheveux argentés regrettait presque de ne pas s'être tant reposé que cela.

Il passa une main dans ses cheveux courts ― et le regretta en passant devant un miroir et en s'apercevant que sa coupe de cheveux n'avait plus aucun sens (mais en avait-elle seulement le reste du temps ?). Il se prépara ensuite en vitesse, avant de relire le message laissé par le blond. L'homme ne précisait pas où il s'était rendu pour cette réunion, mais l'inspecteur devina qu'il avait dû s'installer au rez-de-chaussée, dans l'une des salles mises à disposition des clients, pour ne pas le déranger.

Atsushi se demandait ce qui nécessitait un tel branle-bas de combat de bon matin ― enfin, la journée était bien entamée au Japon ― et ce qui justifiait une réunion aussi soudaine. Ranpo et les autres avaient-ils fait des découvertes en interrogeant Topaz ? Il espérait que oui, et que cette réunion n'était pas organisée pour les informer qu'ils faisaient de nouveau chou blanc.

Fort heureusement, les ascenseurs étaient réparés, aussi l'inspecteur eut la satisfaction de pouvoir se rendre au rez-de-chaussée sans avoir à cracher ses poumons comme la veille. Encore que, la descente était toujours moins rude que la montée. Il n'eut que quelques minutes à patienter avant de pouvoir finalement arriver dans le hall.

Il partit ensuite à la recherche de son mentor, qu'il trouva bien plus facilement qu'il ne le craignait, installé sur un fauteuil dans une salle encore vide ― il était sans doute un peu tôt, encore qu'un petit coup d'œil à l'horloge lui apprît qu'il n'était déjà huit heures passées. Le jeune homme blond avait son téléphone contre son oreille, et semblait écouter avec attention les dires de son interlocuteur. Atsushi s'installa en silence à côté de lui pour ne pas le déranger.

« Je vais voir ce qu'on peut faire, mais on aura besoin de plus de moyens qu'un simple appel téléphonique. » disait Kunikida. Ses sourcils étaient froncés, et il paraissait avoir pris des notes sur son habituel petit carnet, quelque chose qui amusa un peu son subalterne, même s'il se doutait que la situation ne prêtait pas au rire. « Ils ne nous laisseront pas interférer facilement oui. (...) D'accord, tiens-nous au courant alors, Ranpo. » Le blond raccrocha quelques secondes plus tard, et se tourna vers son cadet.

« Bonjour, le salua ce dernier avant qu'il ne dise quelque chose. Vous auriez dû me réveiller. » Son interlocuteur haussa les épaules.

« Cela suffisait si l'un de nous deux parlait à Ranpo.

Quelque chose s'est produit ? » demanda le jeune homme aux cheveux argentés ensuite. Il appréhendait un peu de poser cette question, mais mieux valait être fixé au plus vite.

« Topaz a révélé qu'il a reçu de l'aide lors du meurtre de Fitzgerald. De l'aide d'un complice de Dostoesvky, qui n'est probablement autre que Nikolaï Gogol. » Atsushi écarquilla légèrement les yeux en entendant cela.

« Celui qui a été arrêté hier ?

Oui, apparemment. Je ne sais pas exactement si on peut se risquer à suivre cette piste, mais Ranpo préfère qu'on l'exploite. Gogol ou quel que soit son nom actuel doit encore être en garde à vue. En tout cas, Katsura n'est pas revenu.

En fin de compte, est-il vraiment fiable ? »

Avec tous les événements de la veille, ils n'étaient pas parvenus à trancher sur la fiabilité ou non de leur guide. La dernière situation dans laquelle ils l'avaient trouvé n'avait fait qu'augmenter leur confusion. Était-il réellement un homme innocent ? Ou plutôt un complice de Dostoevsky ? Mais si c'était cette deuxième hypothèse qui était la bonne, pourquoi avoir dénoncé Gogol ? Était-ce le plan de Fyodor ? Ou était-ce parce qu'il ignorait qui était ce fameux poseur de bombes ? Encore une fois, ils avaient trop de questions, et pas assez de réponses.

« Impossible à dire, soupira finalement Kunikida. Mais, je pense qu'on peut lui faire confiance. Au moins un minimum. Nous n'avons aucune preuve tangible de sa corruption, à part ce message énigmatique. Je pense qu'on doit traiter tout cela avec prudence.

On va aller les interroger ?

Oui. Mais il nous faut d'abord un mandat spécial de la hiérarchie, alors on est bloqués tant qu'il n'est pas émis.

En attendant, on va interroger le personnel de l'hôtel sur les événements d'hier ?

Exactement. On ne peut rien faire d'autre pour éclaircir le mystère de toute manière. »

Ils se levèrent de concert pour se mettre à la tâche. Ils interrogèrent tous ceux qu'ils croisèrent en anglais : avez-vous entendu un cri ? avez-vous vu un homme aux longs cheveux blonds entrer dans l'hôtel avec un sac suspect ? et un homme aux cheveux courts noirs ? connaissez-vous le couple qui habitait cette chambre à cet étage ?

Chacune de leurs questions se suivait en général de mouvements de tête négatifs, voire de mimiques d'incompréhension venant de personnes ne parlant pas un mot d'anglais. Ils furent heureusement aidés dans leur tâche par le réceptionniste qui les aida au bout d'un moment à traduire en russe leurs questions ― sans doute avait-il pitié des efforts désespérés des deux jeunes hommes qui essayaient de mener l'enquête. D'ailleurs, il semblait un peu surpris de voir deux civils poser des questions aussi techniques, mais il devait avoir l'habitude des clients étranges car il ne protesta pas lorsqu'ils lui dirent qu'ils voulaient jute éclaircir les faits pour leur conscience.

Ils finirent par abandonner après avoir fait tous les étages à proximité de l'endroit de « l'attaque », et n'avoir récolté que quelques informations isolées. Tout ce qu'ils savaient, c'était que Gogol ne séjournait pas dans l'hôtel, et que personne ne l'avait vu entrer. Ce n'était pas exactement ce qu'on appelait des informations utiles pour progresser, mais cela leur servirait de début pour communiquer avec Gogol, si d'aventure ils obtenaient l'autorisation de se rendre au commissariat où il avait été emmené.

Après ces interrogatoires, ils retournèrent attendre dans leur chambre d'hôtel. Kunikida essayait d'explorer les maigres pistes qu'il leur restait, tandis qu'Atsushi se penchait sur les analyses de certains messages envoyées par Ranpo, selon ses propres interprétations. Le jeune homme aux cheveux argentés trouvait qu'il allait parfois un peu loin dans la lecture entre les lignes, mais il était possible que quelque chose lui ait échappé, étant mieux caché que l'autre message ― si tenté que ce fusse possible.

Cela l'occupa un bon moment, si bien qu'il perdit légèrement la notion du temps. Il ne revint sur Terre que lorsque Kunikida fit claquer le dossier qu'il lisait en le refermant, et releva la tête pour voir l'heure qu'il était. La matinée était déjà quasiment terminée.

« Du nouveau ? » Il demanda à son aîné. La question parlait aussi bien de leur visite à Gogol que des pistes restantes.

« Pas vraiment. Mais j'ai peut-être un moyen de remonter jusqu'à une adresse de Dostoevsky. Etant donnée qu'elle est ancienne, je ne crois pas vraiment qu'elle nous mènera à lui, mais on peut toujours voir avec la police locale.

Elle est proche d'ici ?

Pas du tout : elle se situe à Moscou. On ne pourra pas s'y rendre rapidement. » Atsushi hocha la tête. Cela risquait en effet d'être compliqué, compte tenu des kilomètres qui séparaient les deux villes.

« Mais, Dostoevsky n'a résidé nulle part ici s'il est venu à l'exposition ? il demanda ensuite.

Eh bien, il a forcément habité quelque part, mais je n'ai aucune piste sur ce point. Il a sans doute résidé chez un complice ou un ami trop naïf, mais sans nom ce sera impossible de déterminer où. » Encore une impasse, soupira intérieurement Atsushi. « Et toi ? Les messages ont donné quelque chose ?

Monsieur Ranpo a des pistes vraiment profondes, mais je ne suis pas sûr que cela soit vraiment véridique. Enfin, je sais que Dostoevsky est du genre tordu, mais je ne suis pas certain qu'il faille décortiquer à ce point les dires de simples touristes.

On ne peut rien négliger, soupira Kunikida. Au point où on en est, n'importe quelle piste nous sauvera la vie.

Si au moins on pouvait aller parler à Gogol...

On peut peut-être tenter le coup, déclara son aîné au bout de quelques secondes de réflexion. Il nous faut au moins un mandat pour demander à ce qu'il vienne au Japon et pour l'interroger sur l'affaire Dostoevsky, mais avec nos plaques d'inspecteurs, on peut éventuellement réussir à entrer le voir en expliquant que nous sommes là pour l'affaire de la bombe. Après tout, nous sommes en droit de nous renseigner sur cette histoire, et il y a toujours des zones d'ombre dessus. »

Le jeune homme aux cheveux argentés n'était pas certain que la police russe accepte aussi aisément de les laisser « empiéter » sur leur territoire, mais cela pouvait fonctionner. De toute manière, mieux valait tenter cela que de jeter l'éponge tout de suite et de continuer à se tourner les pouces sans rien faire d'utile. Ils ne pouvaient pas laisser leurs collègues tout faire au Japon.

Les deux inspecteurs abandonnèrent donc définitivement leurs rôles de père et de fils, et se rendirent au commissariat de police local, plaques d'inspecteurs en main. Atsushi se demandait comment ils allaient expliquer simplement pourquoi ils étaient venus sous une fausse identité, pour mener une enquête dont personne au sein de la police russe n'avait été informé. Ils avaient privilégié la discrétion pour ne pas se faire repérer trop tôt par Dostoevsky, mais n'allaient-ils pas avoir des ennuis pour leurs mensonges ?

« Que voulez-vous encore ? » Le policier à l'accueil semblait les avoir reconnus, et les accueillit sur un ton assez rude, avec son accent à couper au couteau qui accentuait son mécontentement visible. A en juger par ses cernes, il avait aussi peu dormi qu'Atsushi ― en termes de repos en tout cas.

« Nous sommes inspecteurs du Bureau des Enquêtes Criminelles de Tokyo, au Japon. Nous avons été témoins de l'attaque à la bombe, enfin, de sa tentative, hier soir. Nous aimerions en savoir plus. » Kunikida agita devant le nez de son interlocuteur sa plaque, et Atsushi en fit de même. L'autre fronça les sourcils et les lut rapidement, avant de relever un regard à la fois interloqué et suspicieux vers eux.

« Vous êtes inspecteurs ?

C'est ce que je viens de dire.

Pourquoi ne sommes-nous pas au courant de votre venue chez nous ? » Le jeune inspecteur aux cheveux argentés se tendit imperceptiblement, mais son supérieur répondit sur un ton ferme et assuré :

« Nous sommes venus pour faire du tourisme, et non pour enquêter. » Son subordonné leva un sourcil interloqué, mais ne pipa mot. Ce n'était pas non plus l'entière vérité... mais il était vrai qu'ils pouvaient éventuellement prétendre que ce n'était qu'un coup du sort si, finalement, un de leurs principaux suspects avait croisé leur route.

« Mais, maintenant, vous souhaitez enquêter ?

On vient de voir un type essayer de faire sauter un hôtel entier. » Nul besoin de préciser qu'il était évident que la bombe n'aurait jamais fait sauter tout l'hôtel. « C'est un peu normal que ça nous intrigue en tant qu'inspecteurs. »

Malgré la logique imparable ― aux yeux d'Atsushi en tout cas ― des arguments, le policier continua de les dévisager en fronçant les sourcils. Un autre de ses collègues s'approcha de lui pour lui glisser deux mots, puis observa les japonais avec un air circonspect, avant de lui reparler, toujours en russe. Les deux collègues échangèrent ainsi plusieurs phrases consécutives sur un ton dubitatif, et Atsushi regretta pour la millième fois du voyage de ne pas parler russe ― dieu que c'était ennuyant de faire face à des gens qui parlaient de vous dans une langue que vous ne compreniez pas.

« On ne peut pas vous laisser voir les suspects. » Leur premier interlocuteur reprit finalement la parole en anglais. L'autre continuait de les dévisager sans rien dire, et le jeune inspecteur aux cheveux d'argent ne savait pas si c'était dû au fait qu'il ne parlait pas anglais, ou simplement qu'il était suspicieux et analysait toute leur attitude.

« Pourquoi ?

C'est un suspect interpellé par la police russe, leur interlocuteur détacha chacun de ces mots, donc la police japonaise n'a pas à s'en mêler. C'est notre juridiction, pas la vôtre. »

Le faux père et son faux fils ― qui avaient abandonné ces rôles depuis longtemps ― échangèrent un long regard. L'issue était prévisible, mais ils avaient espéré jusqu'au bout parvenir à leurs fins malgré tout. Alors qu'ils s'apprêtaient à rebrousser chemin, une porte s'ouvrit soudainement sur un troisième policier ― probablement plus gradé à en juger par le changement d'attitude immédiat de leurs deux interlocuteurs passés et aux boutons sur sa veste ― qui brandissant un document.

Il baragouina quelques mots en russe, puis son regard se posa sur les deux japonais. Atsushi et Kunikida se dirigèrent naturellement vers la sortie ― ils avaient compris le message, pas la peine de froisser le potentiel chef du commissariat en s'attardant ― mais furent retenus par le même homme.

« Attendez. Vous êtes l'équipe japonaise ? » Ils tournèrent la tête de concert, et Atsushi observa le document avec plus d'attention. Se pouvait-il que ce soit leur mandat ? Ils se rapprochèrent lentement du nouveau venu, tout en acquiesçant.

« C'est bien nous.

J'ai reçu un mandat signé par le premier ministre. »

Par le premier ministre ? Atsushi pâlit presque inconsciemment à la pensée que leur affaire était suivie par le gouverneur actuel d'une façon ou d'une autre. (S'il avait été un peu moins impressionnable, il aurait réalisé que tous les documents internationaux de cette envergure étaient signés par une haute autorité, sans que cela ne signifie que celle-ci accordât toute son attention à l'affaire concernée.)

« Un mandat ? » Puisque leur supérieur avait parlé en anglais, les deux autres policiers répétèrent le mot en anglais également, permettant à Atsushi de saisir leur exclamation stupéfaite.

« Oui. Apparemment Alov est impliqué dans une affaire de la plus haute importance au Japon. »

Le policer à qui ils avaient parlé leur jeta un coup d'œil suspicieux. Il avait sans doute deviné qu'ils étaient venus bien avant d'avoir la confirmation que ce mandat était édité et envoyé, et qu'ils avaient tenté de lui mentir et de lui dissimuler des informations pourtant importantes. Ils affectèrent tous les deux une mine innocente avant que Kunikida ne s'adresse au commissaire :

« C'est bien cela. Un meurtre a été commis, et cet homme pourrait y être lié.

Oui, c'est ce qu'on m'a expliqué. J'ai vu les preuves qui attestent de ce lien, et je ne vois pas d'objection à ce qu'il soit transféré au Japon ; mais laissez-nous au moins tirer au clair l'affaire de la bombe d'hier. Si ce Alov est encore coupable de ça aussi, il devra passer devant notre justice également. »

Finalement, Atsushi se prit à espérer que ce soit bien Katsura qui était le coupable sur ce coup-là ― il n'avait pas de pulsions haineuses particulière à l'égard du jeune homme aux cheveux noirs, mais cela leur simplifierait grandement la tâche si Gogol pouvait ne pas être jugé par les russes. Deux procès dans deux pays différents pour la même personne étaient complexes à traiter, surtout quand les peines prescrites pouvaient parfois s'opposer entre les instances judiciaires.

« Nous comprenons parfaitement, approuva Kunikida. Nous attendrons que votre enquête soit terminée pour l'emmener. Mais notre affaire est également de la plus haute importance. Des vies sont peut-être encore en jeu. » Leur interlocuteur sembla imperméable à l'argument des vies menacées, puisqu'il fronça simplement les sourcils avant de marmonner :

« Oui, bien sûr. » Il n'avait pas l'air très convaincu par ses propres dires.

« Merci. » ajoutèrent malgré tout les deux inspecteurs japonais.

Les russes se remirent à converser dans leur langue natale une fois leur supérieur parti, obligeant Kunikida et Atsushi à rester en retrait de leur conversation. Ils se rapprochèrent pour discuter à leur tour dans leur langue sans craindre les oreilles indiscrètes.

« On a eu de la chance que le mandat arrive, soupira Kunikida. Sinon, on allait se faire virer rapidement.

Oui, les gens du Bureau de Tokyo ont été rapides, approuva Atsushi. Ils ont dû vite mettre quelqu'un sur le coup pour éditer le mandat.

Je suppose qu'on doit remercier Taneda pour ça. Il a été efficace. »

C'est bien le seul, flottait en sous-entendu dans sa phrase. Ils étaient habitués à plus se crêper le chignon avec le BEC de Tokyo, qui avait tendance à faire passer leurs demandes en arrière-plan sous prétexte qu'ils n'étaient qu'un bureau mineur sous leur autorité. L'inspecteur Fukuzawa tout comme l'inspectrice Yosano aujourd'hui n'avaient de cesse de les harceler de mails et de coups de fils pour leur rappeler qu'eux aussi traitaient des urgences.

« On va pouvoir voir Gogol vous pensez ? reprit Atsushi au bout de quelques secondes de réflexion intérieure.

Je l'espère, répondit son mentor, mais j'ai bien l'impression qu'ils ne vont pas être des plus coopératifs tant qu'ils n'auront pas déterminé qui a tenté de poser la bombe.

On devrait peut-être aller s'incruster à un interrogatoire ? demanda le jeune homme aux cheveux d'argent.

Essayons. »

Ils s'approchèrent pour échanger quelques mots avec les russes au sujet de ce qu'ils avaient découvert. Leurs homologues avaient mis les deux suspects principaux en garde à vue, et essayaient de démêler le vrai du faux dans leurs dires. Chacun accusait l'autre d'avoir posé la bombe ― la seule chose qui ne variait pas, c'était le fait que oui, Katsura avait frappé Gogol. Mais même le motif avait une variation selon l'histoire.

« Au moins, ironisa Kunikida alors qu'ils obtenaient le droit d'aller parler à Katsura, on en connaît déjà un rayon en histoires incompréhensibles.

C'est sûr. » soupira avec une légère consternation Atsushi. L'affaire Topaz leur avait donné une expérience considérable dans ce domaine. Même s'ils le regrettaient parfois.

« Ah ! » Katsura s'exclama ces deux lettres en les voyant entrer dans la salle vide où il attendait. « Vous voilà ! Vous pouvez leur assurer que je suis un honnête travailleur non ? » Ils échangèrent un regard désabusé.

« Vous nous avez bien aidés c'est sûr, admit Kunikida. Mais on a appris à ne pas se fier aux gentillesses. » Katsura leur jeta un regard interloqué, et ils n'eurent d'autre choix que d'agiter leurs cartes d'inspecteurs pour lui révéler la vérité.

« Enquêtes criminelles de Yokohama. Bonjour. »

L'autre écarquilla les yeux en comprenant qu'il avait face à lui deux inspecteurs, et non un simple père et un fils comme il le supposait au départ. Il parut cependant juger que c'était secondaire ― ou alors, sa surprise n'était que feinte et s'était envolée aussi vite qu'elle était apparue ― et se reconcentra sur sa propre situation rapidement.

« Je ne suis pas le coupable. Oui, j'avais la bombe dans la main mais j'avais désarmé l'autre. » Le russe qui les avait guidés jusque dans la salle leva les yeux au ciel en marmonnant quelque chose dans sa langue natale, et Katsura y répondit aussitôt sur un ton sec. Ils commencèrent à échanger ce qui ressemblait à une pluie de piques en russe avant que les japonais ne les interrompent.

« Où étiez-vous parti avant de croiser Gogol ? demanda Kunikida avec sérieux. Nous vous avions cherché un moment avant de vous retrouver dans cette position surprenante.

J'étais descendu de quelques étages pour aller voir un ami que j'avais aperçu un peu plus tôt. Je sais que ce n'était pas professionnel. Mais je pensais juste aller le saluer. Sauf qu'en y allant, j'ai croisé ce type avec une bombe dans la main.

Quel est le nom de cet ami ? » demanda le policier russe. Le guide fronça les sourcils et lâcha un nom russe que le jeune homme aux cheveux argentés aurait été incapable d'épeler ou de répéter, mais l'autre le nota sans ciller sur une feuille. Sans doute allait-il ensuite vérifier que Katsura disait la vérité.

« Vous avez beaucoup de courage pour avoir essayé de désarmer un homme muni d'une bombe, fit observer Kunikida ensuite.

J'ai pris des cours de self-défense quand j'étais plus jeune, alors je sais comment me défendre. Et puis, je n'allais pas juste laisser partir ce type.

Vous auriez pu appeler la police, intervint Atsushi.

Vous auriez appeler la police. » corrigea le représentant de l'ordre russe.

La conversation continua quelques minutes encore, pendant lesquelles Katsura justifia ses différentes décisions avec une honnêteté plutôt convaincante : il expliqua qu'il n'avait pas voulu perdre la trace de l'homme en prenant le temps d'appeler la police, et qu'il l'avait suivi en pensant le désarmer, et n'appeler la police que si cela lui semblait impossible de le faire. Ce qui s'était avéré plutôt simple en fin de compte, l'autre n'étant pas expérimenté en matière d'arts martiaux.

« Nous allons aller voir Alov maintenant, indiqua ensuite le policier russe, mais gardez vos questions relatives à votre affaire pour plus tard. Nous nous concentrons sur la bombe. » Atsushi ne put retenir un soupir tandis que son supérieur levait les yeux au ciel.

« Vous croyez qu'ils sont conscients que des vies sont en jeu ? murmura l'argenté à son aîné.

J'ai l'impression que l'information a du mal à passer, lâcha ce dernier d'un ton consterné.

Espérons que l'un des deux avoue vite alors, soupira Atsushi. Sinon, cela risque de durer encore très longtemps. »

Ils entrèrent dans une autre pièce, en tous points identique à la première où ils avaient vu Katsura, et y trouvèrent l'homme blond de la veille, un air profondément ennuyé sur le visage. Il ne semblait même pas se soucier des suspicions qui pesaient sur lui, il avait juste l'air... totalement indifférent. Ses sourcils se levèrent lorsqu'il les aperçut, et il parut les reconnaître puisque sa moue blasée s'éclaira un peu.

« Il ne parle pas anglais donc laissez-moi faire, leur déclara le policier russe, je vous répèterai tout après. »

Atsushi et Kunikida ne pouvaient rien opposer à cette déclaration, aussi ils se contentèrent d'hocher la tête en signe d'acceptation. Ils attendirent ensuite que la conversation se déroule, analysant l'attitude du blond. Il semblait calme, très calme, et répondait sur un ton neutre et sérieux aux questions. Il paraissait aussi las, comme s'il répétait la même chose depuis des heures ― ce qui était sans aucun doute le cas.

Atsushi se demandait qui disait la vérité. Kunikida et lui n'avaient vraiment pas besoin d'un cas plus complexe comme cela, mais le monde semblait s'être arrangé pour leur en mettre un sous le nez. A leur plus grand désespoir.

Il essaya de prendre des notes sur le petit calepin qu'il avait lui aussi toujours avec lui ― Kunikida était un supérieur fier ― pour essayer d'y voir plus clair. Hier soir, leur guide avait disparu pendant au moins une demi-heure. C'était le temps qui s'était écoulé pendant qu'ils l'avaient cherché, mais il était peut-être parti depuis plus longtemps.

Selon ses dires, il s'était éclipsé pour aller voir un de ses amis, mais avait été interrompu en croisant un individu suspect avec une bombe dans la main. Il avait tenté de le désarmer, et les bruits de lutte avaient attiré un couple qui les avait vus faire. Nul doute que ce couple détenait la vérité, mais ils étaient partis sans laisser leur nom, et s'étaient même volatilisés de tout l'hôtel. Encore une preuve qu'il y avait quelque chose de bizarre là-dessous.

Déjà, en posant ces bases, Atsushi réalisa que quelque chose clochait : le temps écoulé. Ils avaient cherché Katsura pendant une demi-heure, ce qui signifiait qu'il s'était absenté pendant au moins une demi-heure, c'était la première chose qu'il avait noté. Or, descendre les étages, même à pied, n'avait pas dû prendre plus de dix minutes au guide en pleine forme, et il aurait dû, selon son témoignage, croiser son ennemi sur le champ. Mais, quand ils étaient arrivés, au bout de la demi-heure de recherches, Kunikida et Atsushi venaient d'entendre le coup et le hurlement. Il y avait donc un immense problème de temps : qu'avait réellement fait Katsura pendant le temps de sa « disparition » ?

Le jeune inspecteur aux cheveux argentés montra ses remarques à son supérieur, qui les approuva d'un signe de tête encourageant. Il avait bien mis au jour un point faible dans les explications de Katsura. Il allait le faire remarquer au russe quand il s'aperçut que celui-ci et Gogol se fixaient en chiens de faïence sans rien dire, potentiellement depuis un certain temps ― plongé dans ses recherches, il n'avait pas fait attention à leur conversation dont il ne comprenait de toute manière pas le sens.

« Cela ne mène à rien, soupira finalement le policier russe en revenant vers eux et en repassant à l'anglais. Il ne répète que sa propre version encore et encore.

Qui est ?

Il allait rendre visite à un ami séjournant dans l'hôtel quand il a croisé Katsura avec une bombe dans la main, il a tenté de l'arrêter mais l'autre s'est défendu et l'a frappé violemment. » C'était la symétrie parfaite de l'explication de Katsura, songea Atsushi avec consternation. A croire qu'ils s'étaient mis d'accord avant pour les faire tourner en bourrique.

« On a repéré une faille dans l'alibi de Katsura, finit-il par déclarer avec hésitation, il y a un problème au niveau du temps. » Il réécrit rapidement les notes essentielles en anglais en réalisant que, pour le russe, elles devaient ressembler à une suite de symboles incompréhensibles.

« Je vois... Vous êtes certain du temps avancé ?

Totalement, déclara Kunikida. On y a prêté une grande attention parce qu'on trouvait ça bizarre qu'il soit absent aussi longtemps. » Atsushi opina fermement pour essayer de faire oublier ses précédentes hésitations. Ils tenaient peut-être quelque chose de tangible. Le policier hocha la tête avant de les observer avec intérêt.

« Vous avez remarqué autre chose ? »

Il semblait soudainement un peu plus disposé à entendre ce qu'ils avaient à dire. Cependant, les deux japonais n'avaient pas grand-chose de plus à lui apporter ; ils se détruisaient déjà les neurones sur une affaire compliquée, alors ils avaient plutôt l'intention de laisser celle-là à leurs homologues russes. D'un autre côté, plus vite ils la résolvaient et plus vite ils pourraient ramener Gogol avec eux.

« Non, désolé. » dut malgré tout répondre Kunikida.

L'homme hocha la tête avant de repartir pour interroger Katsura à ce sujet, laissant les deux inspecteurs japonais seuls avec Gogol. Ils se fixèrent quelques instants dans le blanc des yeux ― Atsushi regrettait amèrement que la barrière du langage les empêche de procéder tout de suite à des questionnements en l'absence du policier russe pour leur servir d'interprète.

« J'espère que tout cela ne sera pas trop long à résoudre, finit par soupirer le blond. Enfin, je pense que dans le pire des cas, les autorités japonaises pourront ordonner un transfert de force, il y a des vies en jeu malgré tout.

Je l'espère, opina Atsushi. Qui sait ce qui peut bien se passer pendant qu'on reste là à attendre sans rien faire ?

Trop de choses, soupira Kunikida. Malheureusement.

Vous pensez que c'est Katsura qui a fait le coup ?

Il y a clairement un trou dans son alibi. Mais est-ce que cela signifie qu'il est coupable, je l'ignore. Espérons qu'on soit bientôt fixés.

Il ne m'est jamais apparu comme une mauvaise personne avant de voir son nom dans l'album..., soupira Atsushi.

Pourtant, la preuve qu'il est lié à Dostoevsky est bien là. Tu as décodé le code. » Le jeune inspecteur aux cheveux argentés sourit timidement en entendant le compliment discret.

« Oh, tu as décodé le code ? Plutôt doué pour un type aussi chétif. »

Pendant un instant, les deux inspecteurs ne réalisèrent pas qu'une troisième personne venait de parler ; Atsushi se contenta de se ratatiner sur place en entendant la semi-insulte tandis que Kunikida soupirait. Puis, l'information monta à leur cerveau, et ils écarquillèrent les yeux. Une tierce personne. Venait de leur parler. En japonais.

Ils redressèrent vivement la tête pour observer Gogol, qui leur rendit leur regard avec un sourire arrogant. Il semblait grandement amusé par la situation. Atsushi hésita pendant un instant ― n'était-il pas supposé ne parler ni japonais ni anglais ? Avaient-ils halluciné cette dernière réponse ? L'autre finit cependant par reprendre la parole en levant les bras en l'air :

« Surprise ! » Il s'exclama sur un ton enjoué. Il ricana ensuite devant leur incompréhension. « Oh, vous aviez vraiment cru que je ne vous comprenais pas ?

Vous- Vous parlez japonais ?

Anglais aussi si vous voulez. » Le blond leur offrit un sourire aussi enjoué que provocateur.

« Vous avez menti pour entraver la justice ? s'exclama Kunikida en fronçant les sourcils.

Oh, comme vous y allez. C'est plus amusant de se moquer d'eux, non ? » Les deux inspecteurs n'étaient pas sûrs de partager cette opinion, loin de là. Ils étaient plutôt certains que c'était la pire des choses à faire, et que ce type était réellement là pour les faire tourner en bourrique.

« À quoi jouez-vous ? » soupira Kunikida en foudroyant le blond du regard. Il prit la chaise face au suspect pour s'y asseoir, et le dévisagea sans ciller.

« Je joue à passer le temps. On s'ennuie ici, dans ce commissariat rempli d'incompétents qui ne comprennent rien à ce qui se trame ~

C'est sûr qu'orchestrer le meurtre de Fitzgerald a dû vous procurer plus de bonheur. »

Atsushi vit distinctement une lueur de surprise passer dans les yeux de leur interlocuteur. Il ne semblait pas s'attendre à ce qu'ils en sachent autant, ce qui était un triomphe considérable pour eux compte tenu de l'attitude de Gogol. Le blond resta silencieux quelques instants supplémentaires, paraissant chercher ses mots. Il finit par parler à nouveau, sur un ton plus sérieux :

« Vous avez Topaz ? » Les deux inspecteurs échangèrent un regard avant d'hocher la tête pour confirmer. Il était surprenant que le blond ne soit pas au courant s'il était un complice de Dostoevsky, mais cela signifiait qu'ils n'avaient pas communiqué depuis un bon moment.

« Que signifie votre présence ici ? demanda finalement Atsushi.

Ne pense pas que je vais tout avouer juste parce que Topaz m'a lâché. Je serais muet comme une tombe ! » Gogol ricana légèrement, tandis qu'Atsushi soupirait. Cela ne l'étonnait pas vraiment, mais ils allaient avoir besoin de ses informations pour progresser.

« C'est vous qui avez posé la bombe ? finit par intervenir Kunikida.

Ah ! Je l'ai déjà dit, non. Je suis la victime de cette histoire. »

Kunikida et son subordonné le regardèrent avec suspicion. Ils avaient du mal à le croire après ses précédentes révélations. Il leur semblait plutôt évident que le blond s'amusait à donner un témoignage contradictoire de l'incident pour les faire tourner en bourrique... et peut-être gagner du temps. Mais du temps, ils n'en avaient pas assez à disposition. Ils devaient rentrer sans tarder, et avec ce type. Donc ils devaient d'abord résoudre l'affaire de la bombe.

« Vous affirmez que c'est Katsura qui avait la bombe. Cela signifie qu'il était aussi complice de Dostoevsky ?

Dos n'est pas responsable de tous les méfaits vous savez.

― Vous ne nous ferez pas croire que c'est juste un coup du sort si notre guide est aussi un poseur de bombe. » Gogol sourit à cette remarque qu'il parut trouver désopilante.

« Vous croyez déjà énormément de choses, pourquoi pas cette remarque ? »

Les deux inspecteurs échangèrent un nouveau regard agacé. Ce Gogol commençait à leur taper sur les nerfs, et Atsushi avait de plus en plus l'envie de le coincer. Mais encore fallait-ils qu'ils parviennent à le faire parler efficacement. Il observa son interlocuteur, cherchant la moindre chose à dire. Katsura avait des points faibles dans son alibi et la présence de son nom dans un message codé était un autre indice de sa potentielle culpabilité. Mais Gogol était clairement louche, et cachait des choses.

Atsushi en avait assez de se sentir impuissant ; il voulait que les choses avancent, il voulait coffrer Dostoevsky pour que la paix revienne enfin. Il en mourait presque d'envie. Mais il ne savait pas comment faire face à un manque complet d'indices et de preuves. Sauf si...

« Katsura était un complice de Dostoevsky, mais sans avoir conscience d'être manipulé pour des crimes aussi graves. Il a aidé Twain, qui ne parlait pas russe, à communiquer avec des complices de Dostoevsky incapables de parler ou de comprendre l'anglais. Mais c'est bien vous qui avez amené la bombe. Vous l'avez donnée à Katsura en lui disant de la poser, sauf qu'il a commencé à comprendre qu'il se faisait manipuler. C'est pour cela qu'il vous a frappé. »

Il débita ces mots d'une traite, sur un ton neutre et inhabituellement assuré. Ses deux interlocuteurs le regardèrent avec une expression stupéfaite. Gogol semblait à court de mots pour une fois, ce qui le satisfaisait quelque peu. Au bout d'une poignée de secondes, il parla :

« Je suis impressionné. » Atsushi ne savait pas trop s'il était sarcastique ou non, mais il obtint vite la réponse : « Je pensais que vous étiez plus bêtes que cela. » Le jeune homme aux cheveux argentés retint son souffle quelques secondes, en comprenant qu'il avait peut-être résolu le mystère.

« N'imaginez pas que nous sommes de simples policiers de décor, rétorqua Kunikida en entrant dans le jeu de son subordonné, même s'il semblait toujours surpris.

Je vois qu'on vous a sous-estimés. Mais qu'est-ce que vous faites du message codé ?

Un leurre. Twain savait dès le début qu'il pourrait s'adresser à Katsura.

Pas mal. Vous avez raison, mais vous n'avez pas de preuves, alors cela ne changera rien. Ce n'était qu'une supposition pas vrai ? Vous êtes tombés juste sur un pur coup de chance ~ » Atsushi lui sourit doucement, avant de désigner le mur derrière le blond.

« Peut-être, mais vous êtes enregistré depuis le début. »

Une caméra clignotait derrière lui, comme dans de nombreuses salles d'interrogatoire. Elle était très discrète, tant et si bien qu'il fallait ouvrir un œil attentif et être du bon côté pour la remarquer. Et l'expression surprise de Gogol en valait la peine.

« Je suppose qu'on se reverra bientôt au Japon. » conclut Kunikida en se levant, et en quittant la pièce avec un sourire fier, suivi par son subordonné.

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