29 - 𝐏our attraper les rats qui courent
bouh.
j'espère que vous allez bien :)
c'est bientôt les fêtes, ça met du baume au cœur et illumine les rues, et surtout...
LA NEIGE EST ARRIVÉE DANS ANIMAL CROSSING !!
hum.
pardon.
(il n'y a quasiment jamais de neige par chez moi donc je me rattrape comme je peux :( )
sinon, on retourne du point de vue de nos inspecteurs favoris aujourd'hui, avec une poignée de soukoku pour la route :) on ne les a pas beaucoup vus dans les derniers chapitres après tout ☆
prochain chapitre le ... je ne sais pas ? normalement le 25 décembre mais je pense que je vais le décaler au 26 ou au 27 parce que les fêtes en famille voilà :)
je vous souhaite de passer un joyeux Noël en avance !
(mais n'oubliez pas : pas plus de six à table ;))
bonne lecture !
⋆✩⋆
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐧𝐞𝐮𝐟 - 𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐚𝐭𝐭𝐫𝐚𝐩𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐫𝐚𝐭𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐞𝐧𝐭
Le jeune homme observait les documents étalés devant lui avec circonspection. Il ne savait qu'en penser, et quelle attitude adopter face aux informations qu'ils contenaient. Il avait effectué des mois de recherche pour arriver à ces résultats, pourtant il ne savait que faire maintenant qu'il était devant.
Il poussa un petit soupir, avant de saisir son téléphone pour composer le numéro imprimé noir sur blanc sur la première page. Il avait un peu d'appréhension en le faisant, il ignorait complètement comment son interlocutrice allait réagir, mais il ne céda pas à ces stupides craintes et appuya sur le bouton « Appel » dès qu'il eut terminé de composer tous les chiffres.
Il porta ensuite l'appareil à son oreille et attendit patiemment que la tonalité s'installe. Il tapotait nerveusement des doigts sur sa petite table de fortune, installée à peine au-dessus du sol de sa chambre. Son visage, lui, était toujours impossible à déchiffrer.
Il attendit une poignée de secondes supplémentaires, et finit par entendre le son d'un portable que l'on décroche. Il rassembla ensuite tout son courage pour déclarer :
« Madame Tane Dazai ? »
⋆✩⋆
J+6
23 JANVIER
⋆✩⋆
L'inspecteur Dazai avançait d'un pas léger dans les rues de Yokohama lorsque la sonnerie de son téléphone retentit doucement dans l'air autour de lui. Il l'extirpa de sa poche pour le décrocher promptement. On aurait pu croire qu'il ne l'avait même pas consulté pour découvrir l'identité de son futur interlocuteur, mais son regard avait brillé quelques secondes, imperceptiblement, en lisant le nom qui s'était affiché.
« Te sens-tu fier de ce tu as accompli ? » La voix toujours doucereuse mais nouvellement agacée de Fyodor résonna dans son oreille.
« Oui. Merci d'avoir joué le jeu. » N'importe qui aurait pu mal interpréter ses paroles, mais le silence qui les suivit ne laissait pas de doute sur ses véritables intentions : il se moquait éperdument de son interlocuteur, qui n'avait « joué son jeu » que bien malgré lui.
« N'imagine pas que tu pourras en faire de même avec moi.
― Nous en reparlerons le moment venu.
― Je ne suis pas aussi stupide que Topaz. » Si Dostoevsky avait dû jouer pendant un temps l'amitié avec le criminel, il avait désormais abandonné toute hypocrisie le concernant et dévoilait ses véritables intentions.
« Ça, je le sais. Mais Topaz n'a pas compris comment je l'avais piégé, et il en sera de même pour toi. »
Il n'avait pas détaillé à ses collègues la véritable façon dont il avait complètement piégé le criminel qui les menait en bateau depuis tout ce temps. Acheter de la pâtée pour chiens de luxe n'était que la partie immergée de l'iceberg, et avait été la chose la moins compliquée qu'il n'ait à accomplir.
Il avait aussi pris soin de diffuser des conversations enregistrées non loin des endroits où il soupçonnait Topaz de se cacher : parmi ces enregistrements, on retrouvait plusieurs entretiens avec Ango, montés de toutes pièces et laissant sous-entendre que la surveillance autour de Topaz se relâchait. C'était un mensonge on ne peut plus grossier, mais il avait fonctionné avec brio.
Dazai se doutait bien que la patience de l'évadé atteignait ses limites. Lorsque Fyodor l'avait fait sortir de prison, il l'avait contraint à se cacher en lui promettant qu'il préparerait pendant ce temps le terrain pour qu'il puisse se venger de Fitzgerald. C'était sur cette motivation que le jeune homme avait tenu deux mois dans les ténèbres des égouts et des couloirs souterrains de la pègre japonaise.
Mais il était ensuite ressorti pour tuer le président de la Fitzgerald Corporation, et cet incident avait tout chamboulé. Dazai n'était pas psychologue, alors il n'était pas certain de savoir ce qui s'était produit. Peut-être que, sans vengeance à ruminer, Topaz n'avait pas pu accepter de rester dans ces tunnels humides où la lumière du jour ne filtrait pas. Ou peut-être plutôt que cette nouvelle mort dont il avait le sang sur les mains l'avait particulièrement choqué, lui dont le portrait psychologique de l'époque où il avait été enfermé témoignait d'une incapacité à tuer quelqu'un sans en éprouver le moindre remord.
Quoiqu'il en fût, il avait fini par sortir de son trou pour prendre l'air, persuadé qu'il passerait inaperçu s'il le faisait pendant quelques minutes seulement et en plein centre-ville. Il ne savait cependant pas que les inspecteurs de police avaient tout prévu, et qu'il n'aurait plus aucune chance de leur échapper une fois que Dazai l'aurait aspergé de pâtée pour chiens.
Un plan dont les policiers ne pouvaient pas vraiment se vanter dans les médias cependant, quand bien même il leur aurait permis de redorer leur image. Il ne savait pas trop ce que Yosano avait dit aux journalistes exactement, mais il ne l'imaginait pas se vanter d'avoir eu recours à de telles extrémités pour attraper un tueur en cavale depuis deux mois.
« J'attends de voir ce que tu inventeras, lâcha finalement le russe de mauvaise grâce.
― Avec plaisir. J'attends de voir ton visage. » rétorqua-t-il, fort de cette petite victoire personnelle.
L'autre raccrocha sans plus de cérémonie, et Dazai rangea son téléphone avec un large sourire amusé. Il était plus que satisfait d'avoir triomphé sur l'informateur auto-proclamé, mais il savait aussi qu'il devait rester prudent. Être démesurément arrogant ne lui apporterait que des problèmes ensuite : il risquait de se faire piéger à nouveau par son adversaire. Il avait pu gagner une fois, mais pas forcément deux s'il manquait de prudence et d'intelligence.
Il reprit tranquillement son chemin sans jamais cesser de prêter attention à son entourage, se demandant si Fyodor avait assisté à toute l'arrestation de près, ou avait simplement vu les informations à la télévision. Il ignorait si cela avait déjà été retransmis en direct, ou si les médias gardaient cela pour le journal de la soirée. Il doutait fortement qu'ils puissent garder une telle information en réserve cependant, d'autant plus que les réseaux sociaux devaient grouiller de vidéos de l'arrestation prise par les civils autour.
Il voyait d'ailleurs une grande masse de personnes arriver vers les lieux de l'arrestation, comme s'ils espéraient voir quelque chose. Ils voulaient sans doute prendre une photo pour signaler que oui, « ils y étaient ! ». Il trouvait cela ridicule, ce n'était même pas la vérité en plus. La culture des réseaux sociaux avait fait des gens des chasseurs de buzz, qui ne pensaient qu'à la meilleure façon de faire des likes ― lui-même se sentait parfois comme un vieil homme quand il pensait ainsi, et qu'il ne comprenait rien aux dernières mises à jour d'Instagram.
(De toute manière, il n'utilisait ce réseau que pour espionner ses connaissances ou les suspects de ses enquêtes. Les gens baissaient leur garde derrière leur écran, persuadé qu'on ne pouvait rien deviner d'eux quand ils répondaient par message à de banales questions.)
Il inspira profondément avant de continuer d'avancer dans les rues de Yokohama pour retourner se fondre dans la nature. Il devait éviter au mieux d'être suivi par un sbire de Dostoevsky, car cela lui lierait les mains et l'empêcherait de bien mettre au point ses stratégies, alors il prit grand plaisir à prendre de nombreux détours tout en observant les personnes derrière et devant lui.
Au bout d'une trentaine de minutes de ce petit manège, il décida que la voie devait être libre et prit la direction de son prochain lieu de rendez-vous. Mais alors qu'il obliquait dans une rue reculée, un éclat rose attira son attention. Enfin, rose... Magenta serait plus exact. Un magenta désagréablement familier.
Il avisa, garée en face d'une maison tranquille et pavillonnaire, une moto soigneusement entretenue, à la carrosserie brillante magenta. Exactement comme la moto qu'il avait conduite quelques temps plus tôt, avant que son propriétaire ne lui ordonne de descendre pour ne pas l'abîmer.
Il leva les yeux au ciel en soupirant. Depuis son « départ » stratégique, il avait soigneusement refoulé dans son esprit la moindre pensée relative à Chuuya, au profit de ses plans millimétrés à la seconde près pour régler une bonne fois pour toute cette affaire terriblement agaçante. Il avait essayé de ne pas repenser au fait que leur dernière conversation ne s'était pas exactement terminée sur des bonnes bases saines, et qu'il n'avait pas adressé la parole au rouquin depuis, même pas un seul petit message.
D'un côté, son égoïsme immense lui dictait qu'il n'avait pas tort sur toute la ligne dans sa façon d'agir. Le fait était que Chuuya lui avait caché des informations primordiales sur la mort d'Odasaku, des informations qui lui importaient pourtant beaucoup. Le sentiment de trahison qu'il avait brièvement ressenti n'était pas faux, dans le sens où il avait le droit de se sentir ainsi.
Mais de l'autre côté, il savait également ― en tout cas, sa voix intérieure le forçait à penser ainsi ― qu'il était injuste avec Chuuya. Le rouquin n'avait pas souhaité la mort d'Odasaku, et n'avait joué aucun rôle dedans. Il pouvait penser ce qu'il voulait avec tout son égoïsme, Chuuya n'avait probablement aucun moyen à l'époque de deviner ce que Rimbaud allait faire, et, le cas échéant, de l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Lui reprocher l'assassinat était donc ridicule sous bien des aspects, mais il ne parvenait pas non plus à complètement s'en empêcher. Et surtout, il ne pouvait pas observer le jeune homme sans y repenser, chose qui était assez difficile à supporter au quotidien.
Il soupira mais conserva son regard sur cette moto garée, puis le déplaça sur la maison devant laquelle se trouvait le véhicule. Une part de lui avait envie d'aller lire le nom sur la plaque de la maison, tandis qu'une autre part lui soufflait de juste reprendre son chemin et de faire comme s'il n'avait rien vu.
La curiosité finit par l'emporter, et il se dirigea d'un pas vif vers le domicile où se trouvait Chuuya. Il essaya de se faire discret ; il ne manquerait plus que le rouquin soit à la fenêtre et l'aperçoive de loin.
Comble de malchance, la plaque était usée et peu évidente à lire. Il dut la déchiffrer lentement, caractères par caractères, pour finalement y lire le nom Hirotsu. Il haussa un sourcil, intrigué, ne connaissant pas ce nom. Il s'agissait sans doute d'une connaissance du rouquin dont il n'avait jamais entendu parler ― il ne savait pas si ce constat le rassurait ou non.
Il observa la jolie demeure bien entretenue. Un petit jardin soigneusement taillé l'entourait, signe que la personne qui habitait ici avait un certain attrait pour le jardinage. Il se détourna ensuite de la bâtisse, peu désireux d'être confondu avec un voyeur ou un cambrioleur ; mais alors qu'il tournait les talons, il entendit une voix appeler son nom.
« Dazai ! »
Son premier instinct fut d'agir comme si de rien n'était, mais jugeant peu préférable d'attirer trop d'attention sur lui, il se retourna pour apercevoir Chuuya, qui venait de sortir de la maison, son casque de moto dans la main.
Le jeune homme n'avait évidemment pas changé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, et Dazai maudit quelques secondes ses traits on ne peut plus esthétiques qui rendaient impossible toute haine ou tout ressentiment.
« Chuuya. » le salua-t-il en l'observant de loin.
En même temps, leur dernière conversation lui revenait en mémoire. Juste après que Chuuya lui ait appris le nom du tueur d'Odasaku, Dazai l'avait regardé droit dans les yeux et lui avait demandé depuis combien de temps il savait qu'Odasaku était son mentor autrefois et que Rimbaud l'avait tué. Il voulait savoir si le rouquin lui avait ouvertement menti, même si ce n'était que de l'omission.
Chuuya s'était excusé puis défendu, et avait expliqué qu'il ne voulait pas envenimer inutilement la situation, et avait donné d'autres prétextes ridicules pour justifier son silence. Aucun n'était valable à ses yeux. Aucun ne le serait jamais ; qu'est-ce qui pourrait justifier un silence sur un sujet aussi grave ?
Au final, Dazai était parti en lui intimant seulement de pas se rendre au Bureau des Enquêtes Criminelles tant que personne ne serait venu le lui ordonner.
« Je vois que tu ne t'es pas encore fait tuer, fit observer le jeune homme aux cheveux flamboyants.
― Non. » Il ne voyait pas quoi répondre d'autre à cette remarque assez évidente et prononcée sur un ton neutre.
« Tant mieux.
― Tu m'aurais pleuré ? » demanda-t-il ironiquement. Son interlocuteur roula des yeux et se rapprocha un peu de lui.
« J'aurais surtout regretté ma liberté de conscience. »
Dazai ne put réprimer un petit sourire devant cette réponse sèche mais méritée. Il n'était pas simple à gérer ― et malgré tous ses sentiments contradictoires pour le jeune homme aux cheveux flamboyants, il était content de voir qu'il s'adressait à lui à peu près comme avant. La situation n'était pas derrière eux, il y avait encore de nombreuses zones concernant Odasaku qui continuaient de l'ennuyer, mais au moins, ils arrivaient à parler comme autrefois.
« Où étais-tu passé ? lui demanda ensuite le rouquin.
― J'organisais une arrestation. » Chuuya eut un petit sourire.
« J'ai cru entendre ça. » Il agita son téléphone dans sa direction. « On a vu l'arrestation à la télévision. Dommage qu'on ne te voie pas.
― Ma supérieure m'a volé tous les remerciements.
― Je pense que c'est mérité. Et puis, au moins, elle a renvoyé une image classe de votre bureau.
― Tu insinues que je ne suis pas classe ?
― Exactement. » Dazai gonfla les joues de façon puérile tandis que le rouquin secouait la tête avec amusement et consternation. « Vous allez attraper Fyodor ? demanda-t-il ensuite d'un ton neutre.
― Si tout se passe pour le mieux, oui. » Son interlocuteur resta silencieux quelques secondes, et le brun ne put s'empêcher de demander : « Cela te dérange ?
― Ce qui me dérange, c'est que tu continues de penser que j'ai toujours des sentiments pour lui. Ce n'est pas le cas. Il mérite son sort. »
Dazai l'observa quelques secondes, songeur, avant de hocher la tête. Il avait l'air sincère, oui. Malheureusement, sa dernière réplique réveilla chez l'inspecteur une pensée agaçante mais aux accents de vérité, qu'il ne put s'empêcher de lancer à son compagnon ― leur bonne entente n'avait pas duré si longtemps que cela.
« Tu pensais qu'Odasaku aussi méritait son sort ? » Un des sourcils du rouquin s'envola sous la surprise, puis il redescendit alors que Chuuya fronçait les deux.
« Non. Je te l'ai dit, je ne désirais pas la mort de qui que ce soit. Arthur a été le seul à orchestrer cette vengeance. Il a peut-être mis Paul dans la confidence, mais je ne crois même pas. Il a agi comme il le voulait, sans que personne ne comprenne assez vite.
― Mais vous l'avez couvert.
― Ouais, soupira Chuuya avec agacement, j'ai merdé. Je ne savais juste pas quoi faire de cette information, dont je n'avais en plus aucune preuve à part la discussion entendue entre Paul et Arthur. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Que je me pointe dans le premier commissariat venu pour leur dire que le type qui m'hébergeait avait commis un meurtre, mais que je n'avais aucune preuve à part des phrases entendues ? Ils m'auraient tous ri au nez. »
Dazai garda le silence. Une part de lui s'offusquait contre ces préjugés, tandis que l'autre ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'avait pas entièrement tort. Sans preuves, il était très difficile de prendre au sérieux les plaintes de ce genre. Dans leur bureau encore, ils avaient l'habitude de gérer des affaires sordides et accordaient ainsi plus facilement leur intérêt à ces hommes et femmes qui venaient leur soumettre des plaintes de cette sorte. Mais des policiers de commissariat qui passaient l'essentiel de leur temps à prendre des plaintes pour des vols et agressions mineurs ne s'en préoccupaient jamais vraiment.
« Je ne savais pas non plus comment te le dire, avoua ensuite le jeune homme aux cheveux roux. Quand tu as commencé à insinuer que ton mentor était décédé il y a peu de temps, j'ai commencé à me poser des questions. Quand j'ai fini par comprendre que oui, ton mentor était cet homme qu'Arthur avait abattu, ça m'a fait peur. Comment j'étais supposé te le dire ? « Oui salut Dazai, comment ça va ? en passant, l'homme qui m'a hébergé en France a aussi tué ton mentor. » »
L'inspecteur grimaça légèrement. Certes, cela n'aurait pas exactement été une manière adéquate de lui révéler la vérité sur les événements d'il y a huit mois. Mais son esprit buté continuait de protester contre le fait que Chuuya lui avait dissimulé des choses.
« Écoute, je peux comprendre que tu sois blessé. Mais je n'avais pas franchement d'autre alternative, et j'ai fini par tout t'avouer alors que rien ne m'y forçait. Ne peux-tu pas reconnaître ça ? » Dazai garda encore et toujours le silence. Bien sûr qu'il le pouvait. Mais lui qui détestait admettre ses torts avait du mal à le faire.
« Je suis content que tu me l'ais dit, avoua-t-il finalement. Mais je ne peux juste pas mettre cette information de côté et passer à autre chose aussi facilement. » Chuuya le dévisagea quelques instants sans rien dire avant de baisser le regard et de feindre l'indifférence.
« D'accord. Je comprends. »
Son regard bleu reflétait malgré tout ses véritables sentiments, montrant sa peine et son ressentiment devant ce rejet qu'il comprenait mais n'était pas en mesure d'accepter aussi facilement. Le cœur de Dazai aussi, le faisait souffrir. Il était tiraillé entre ses sentiments simples pour le rouquin, et toutes les émotions qui ressurgissaient avec cette révélation sur la mort d'Oda.
Accepter était plus simple que passer au-dessus, et le jeune homme aux cheveux bruns regrettait d'être encore au premier stade dans son esprit. Il aurait voulu passer au deuxième, en vain.
Les deux jeunes hommes - qu'étaient-ils d'autre ? des amis, des amants, des anciens amants ? - se dévisagèrent encore un moment, sans qu'aucun mot ne soit prononcé. Ils avaient bon nombre de choses à se dire, mais les mots ne pouvaient pas franchir leurs lèvres, retenus par la barrière de ce secret éventé qui avait causé bien des dommages.
« Tu sais... » Chuuya reprit la parole au bout de quelques instants de silence pendant lesquels aucun d'eux n'avait esquissé le moindre geste. « Je pense que Fyodor a peur de toi. » La déclaration laissa l'inspecteur pantois quelques secondes. Dostoevsky ? Peur de lui ?
« Je ne pense pas. Je suis juste un obstacle un peu trop embêtant.
- Pas uniquement. Je ne suis pas sûr étant donné que je ne le connais pas vraiment, mais je pense qu'il a peur de toi parce que tu lui tiens tête.
- Je doute que ce soit de la peur, continua d'objecter Dazai, ce qui fit lever les yeux au ciel à son interlocuteur.
- Tu es incapable d'admettre que tu as tort hein ?
- Non. Je ne vois juste pas en quoi la volonté de Dostoevsky de jouer avec mes nerfs prouve qu'il a peur de moi.
- Tu le menaces. Il a son petit plan soigneusement organisé, mais tu parviens à le déjouer alors que personne n'y était jamais parvenu jusqu'alors.
- Jamais personne ?
- On ne parlait pas vraiment de son penchant pour les crimes ensemble, mais s'il n'a jamais été inquiété, ce n'est pas juste parce qu'il sait échapper à la police. C'est aussi parce que rares sont ceux qui arrivent à anticiper ses actions. Moi, je ne pourrais pas.
- Tu n'es pas inspecteur de police.
- Tes collègues le sont et, pourtant, avec tout le respect que je leur donne pour te supporter, ils ne parviennent pas à anticiper aussi bien les actes de Fyodor non ?"
Le brun garda le silence quelques longues secondes. Il n'était habituellement pas du genre à refuser les compliments quand on lui en adressait - enfin, cela dépendait de la part de qui et quel type de compliments - mais il avait du mal à intégrer les mots de Chuuya. Il lui semblait étrange d'imaginer cet homme, avec qui il discutait presque quotidiennement et qui lui lançait fréquemment des piques et des menaces à mots couverts, qui avait en réalité peur de lui. Non, non, impossible.
En tout cas, cela ne pouvait pas être de la vraie peur. Peut-être juste de l'agacement. Sans doute même, beaucoup d'agacement. Parce que, quand on y réfléchissait, Dazai avait pris grand plaisir à mettre à mal ses stratégies, donc de l'agacement serait normal. Mais de la peur...
« Il peut avoir peur de moi pour le moment où je l'attraperai, finit-il par souffler, mais pas avant.
- Tu es déjà proche de ce moment. Tu as attrapé Topaz non ? » Il y avait de nouveau une certaine chaleur dans la joie de son interlocuteur, et il en fut inexplicablement heureux.
« C'est un début, admit-il, mais ce n'est pas fini. Je ne peux pas me relâcher maintenant.
- Tu y arriveras.
- Il vaut mieux. Je ne peux pas le laisser filer plus longtemps. Tout ce qu'il mérite, c'est un séjour ferme en prison. » Chuuya l'observa quelques secondes avant de demander à voix basse :
« Pourquoi est-ce que tu tiens tant à le mettre en prison ?
- C'est un criminel. C'est tout ce qu'il mérite pour avoir assassiné notre mentor et Fitzgerald, même indirectement.
- Ce n'est pas que ça. On dirait que tu en fais une affaire bien plus personnelle. »
Dazai garda le silence quelques secondes, surpris par cette remarque. Faisait-il de Dostoevsky une affaire plus personnelle, vraiment ? Encore une fois, il avait du mal à le croire. Mais il était vrai qu'il voyait en l'informateur deux visages, de deux personnes qu'il n'appréciait pas du tout.
La première était bien évidemment Mori. Il ne cachait plus depuis longtemps son aversion pour sa figure paternelle, et ne pouvait s'empêcher de penser que lui et Fyodor avaient des points communs - nul doute que Mori l'aurait écharpé vif pour cette analogie, lui qui haïssait l'informateur de tout son être pour le meurtre de Fukuzawa, mais il s'agissait de son ressenti. Ils partageaient ce don pour les phrases sulfureuses qui mettaient n'importe qui en confiance, et la manie de récupérer des informations sur tout et n'importe quoi - ou n'importe qui.
La deuxième personne n'était d'autre que lui-même. Tout comme il ressemblait à Mori, et que Fyodor ressemblait à Mori, ils se ressemblaient aussi tous les deux, comme le voulait la pensée philosophique. Dazai était conscient de leurs similitudes, et il les détestait presque autant qu'il se détestait lui-même. Même si ses tentatives de suicide avaient grandement diminué depuis plusieurs années, cela ne signifiait pas qu'il éprouvait pour lui-même un grand amour. Sûrement pas. Il avait beaucoup de hauts et de bas encore aujourd'hui - qu'en aurait pensé Odasaku ? Il aurait bien aimé le savoir.
« Dostoevsky me rappelle des personnes que je n'aime pas. Voilà tout.
- Et moi ? Je te rappelle qui ? » L'inspecteur eut un instant d'hésitation avant de se souvenir qu'il avait en effet mentionné une fois à Chuuya qu'il lui rappelait quelqu'un. Il lui paraissait bien malvenu de donner la réponse désormais - mais il le fit quand même :
« Odasaku. Tu me rappelles Odasaku. » Il avait failli l'accorder au passé, avant de se raviser.
« ... Pourquoi ?
- Vous avez les mêmes yeux. » Cela ressemblait à une mauvaise réplique dégoulinante de mièvrerie, pourtant c'était la vérité. Ils avaient les mêmes yeux bleus qui l'observaient sans jamais ciller. C'était un parallèle d'autant plus douloureux maintenant qu'il connaissait le « lien » entre les deux hommes.
« Les mêmes yeux..., répéta Chuuya quelques secondes. Je suppose que cela n'est pas censé sonner effrayant.
- Non. C'est une remarque innocente.
- Je m'en doute. » soupira le jeune homme avant de passer une main dans ses cheveux flamboyants. Son regard passa ensuite de sa moto à l'inspecteur, et il finit par demander d'une voix atone :
« Je suppose que tu vas retourner essayer d'attraper Fyodor ?
- Pas le choix. C'est mon travail. » Dazai voulut dire quelque chose, mais un raclement de gorge et une voix grave les interrompit.
« Navré de vous déranger mais mon jardin n'est pas un salon de thé. »
Celui qui venait de les interrompre était sorti de la maison derrière eux, et était un homme d'âge mûr ― Dazai misait sur cinquante ans environ ― aux cheveux grisonnants et aux yeux observateurs, dont l'un était dissimulé derrière un monocle. Il semblait tout droit sortir d'un film ancien, tout en paraissant parfaitement à sa place ici.
« Désolé monsieur Hirotsu, s'excusa Chuuya avant de quitter son jardin. On ne vous dérange pas plus longtemps. » L'homme l'observa avec un certain amusement avant de dévisager l'inspecteur brun de haut en bas.
« Il y a intérêt. » marmonna-t-il avant de sortir une cigarette ― mais il semblait toujours très amusé, et non agacé.
Dazai s'écarta un peu pendant que Chuuya retournait près de sa moto et posait son casque sur la selle avant de l'observer. Il parut lire la question muette dans les yeux de son interlocuteur puisqu'il ajouta sans qu'il n'ait à poser la moindre question :
« C'est un bon ami de ma mère. Il nous aide parfois à garder les petits, même eux n'osent pas le contrarier ― sauf quand ils l'appellent papy. » Dazai esquissa un sourire. Il n'avait aperçu les frères de Chuuya que de loin, mais n'avait pas trop de mal à les imaginer insolents. Il prit ensuite une profonde inspiration avant de déclarer :
« Je ne te ferais pas l'offense de te sortir une réplique clichée, mais après tout cela, j'aimerais qu'on prenne le temps de parler de nous deux.
― Parce qu'on a encore des choses à se dire ? » La question n'était pas agressive, plutôt intriguée.
« Je suis sûr que oui. »
Il se regardèrent encore quelques secondes, puis Dazai le salua d'un signe de tête avant de partir. Ses sentiments étaient toujours confus et difficiles à démêler, mais il savait que cela n'avait rien de nécessairement définitif. Les sentiments étaient des fragments éphémères voués à évoluer, jamais figés dans le temps. C'était sur cette certitude qu'Osamu savait que, s'il ne pouvait pour le moment pas dissocier la mort d'Odasaku de Chuuya, cela ne durerait pas forcément.
Il avait besoin de temps pour réfléchir, et une fois que tout serait terminé, il aurait tout le loisir de le faire justement. Cela lui donnait en prime une motivation supplémentaire ― bien que non nécessaire ― pour arrêter le russe.
En repartant, il surveilla les alentours pour vérifier que son arrêt ne l'avait pas compromis et que personne d'étrange ne l'observait ou le suivait, puis reprit sa direction initiale, l'endroit où il allait avant d'apercevoir la moto de Chuuya. Il n'avait pas perdu beaucoup de temps sur ses prévisions malgré cette rencontre imprévue, aussi il ne se dépêcha pas spécialement, préférant s'assurer encore et toujours que rien ne clochait. On aurait pu dire qu'il était paranoïaque ― et il y avait sans doute un fond de vérité là-dedans ― mais il entrait dans la dernière partie de son plan, et ne voulait pour rien au monde la rater.
Sinon, les conséquences seraient catastrophiques. Pour lui, comme pour tous ses amis, collègues et supérieurs.
⋆✩⋆
« Comment tu comptes piéger Fyodor ? » La question tira le jeune inspecteur de ses pensées et lui fit lever les yeux de son écran d'ordinateur qu'il contemplait depuis... six heures ? (Il n'avait pas réalisé que c'était tant avant de regarder l'heure).
« En ne répondant jamais à cette question. » répondit-il ensuite en étirant ses longs bras pour chasser la sensation d'engourdissement qui s'y était installée après tant d'heures passées dans la même position.
Il n'obtint en réponse qu'un regard ennuyé d'Ango, qui se laissa tomber sur le canapé à ses côtés ― bon, il s'agissait du sien, alors Dazai supposait que cela n'avait rien d'étrange en fin de compte. Depuis sa fuite impromptue pour échapper aux yeux de Fyodor et comploter en paix, il s'était établi... dans l'appartement de fonction de son ancien ami.
Il pensait tout d'abord que le jeune homme résidait dans un hôtel gracieusement payé par la préfecture de police, mais il s'avérait qu'il disposait en réalité de son propre appartement. Ce fait l'arrangeait, puisque c'était plus discret de se rendre dans un immeuble reculé dans les quartiers résidentiels plutôt que d'entrer dans un hôtel dans lequel on n'avait pas de chambre, mais l'agaçait en même temps. Comment diable Ango trouvait-il les moyens de se payer un appartement secondaire à Yokohama, en sachant qu'il en louait déjà un dans la capitale pour vivre à côté du BEC et ainsi se permettre de faire des journées de dix-sept heures ― et il n'exagérait même pas.
« Tu ne peux pas demander aux gens de te suivre sans leur expliquer ce qu'ils vont faire, commenta l'inspecteur tokyoïte.
― C'est pourtant exactement ce que j'ai fait pour arrêter Topaz. Je ne leur dis que l'essentiel le moment venu. Ça vaut aussi pour toi.
― Sans moi, tu n'aurais nulle part où aller.
― Qu'en sais-tu ? » C'était la pure vérité, mais le brun n'était pas près de le reconnaître.
« Tu préfères ne pas trop impliquer tes collègues réguliers parce que tu penses qu'ils sont sous surveillance et que tu as peur pour eux. Pas pour moi.
― Tu grossis le trait. J'avais aussi besoin de quelqu'un à qui on ne s'attendrait pas au sein de mes alliés. Dostoevsky sait que nous sommes en mauvais termes. Il n'imaginera pas tout de suite que c'est toi qui me fournis une cachette.
― J'espère au moins qu'il laissera un préavis avant de jeter une bombe dans l'appartement pour t'éliminer. »
La réplique d'humour cynique fit sourire l'inspecteur, d'un sourire sincère pour une fois. Il doutait que ce fusse les méthodes de Dostoevsky ― par contre, le poison dans les plats qu'ils commandaient parfois, c'était bien possible. Ils se méfiaient de tout, surtout maintenant que le russe devait être un peu « courroucé » par ce revirement de situation qui n'était pas à son avantage. Pas du tout même.
De ses petits essais de profilage, Dazai se doutait que Dostoevsky n'était pas du genre à se venger sur un coup de tête ― par contre, il était certain qu'il était rancunier. Il estimait donc que, même s'il y avait des chances très élevées que le russe se venge d'une manière ou d'une autre de cette défaite indirecte infligée par le brun, il ne passerait pas à l'action tout de suite. Il allait d'abord sécuriser ses positions, avant de prendre le risque de les fragiliser.
C'était donc plus une course contre la montre qui se jouait désormais : Dazai comptait sur Topaz pour leur fournir les informations qui lui manquaient pour arrêter Dostoevsky, et il espérait que le fugitif le ferait avant que le russe n'ait sa stratégie pour se débarrasser d'eux.
« Au moins, Topaz est enfin sous les verrous. » reprit Ango au bout de quelques instants. Dazai opina tout en continuant de fixer son écran.
« Et il a intérêt à ne pas s'échapper cette fois. Même si je doute qu'il y parvienne sans le soutien de Dostoevsky.
― Ce serait mieux qu'il en soit incapable, cela nous causerait moins de soucis.
― Oui. Même s'il nous faut aussi nous méfier de ceux qui pourraient entrer cette fois.
― Tu penses vraiment que Dostoevsky va envoyer des hommes éliminer Topaz ? »
Dazai soupira. Il avait du mal à déterminer si le russe prendrait un tel risque. Peu importe comment on y réfléchissait, les deux positions étaient risquées. Laisser Topaz en vie, entre les mains de la police, équivalait à laisser échapper des informations claires et précises sur lui ― Topaz savait forcément des choses après avoir reçu autant d'aide du russe. Cependant, envoyer quelqu'un le tuer équivalait également à courir ce risque, puisqu'il lui faudrait envoyer l'un de ses pions qui risquait de se faire prendre à son tour.
Il avait interrogé Ranpo ― et Ayatsuji, la fois où ils avaient échangé par messages et où il l'avait interrogé sur son opinion sur Topaz et l'attitude qu'il adopterait sous la pression, mais l'inspecteur chef d'équipe n'avait pas voulu se prononcer sur Dostoevsky ― qui partageait son opinion divisée. L'inspecteur au gavroche avait conclu en déclarant qu'ils surveilleraient avec attention le bureau et l'endroit où Topaz se trouverait pour ne prendre aucun risque.
« Je pense qu'il n'en serait pas à son coup d'essai en matière de meurtres prémédités, soupira finalement Osamu. Et qu'il n'a pas dû apprécier la désobéissance de Topaz. Il vient de perdre l'un de ses pions les plus importants. Et nous, nous avons gagné du terrain.
― Espérons que Topaz ait des informations utiles en sa possession, fit observer Ango. Sinon, votre avancée ne sera pas fabuleuse.
― Ne sois pas pessimiste. Il sait forcément des choses utiles. Même si ce n'est qu'une remarque sur une façon de parler ou de se comporter, c'est un indice. »
Son ancien ami le dévisagea d'un air peu convaincu, qui fit soupirer son interlocuteur. C'était du Ango tout craché d'être aussi pessimiste. Même dans les situations où on n'avait nullement besoin d'un rappel que tout était catastrophique, il se sentait obligé d'en rajouter une couche. Auparavant, Oda le charriait énormément dessus, et Dazai en rajoutait une couche par pure malice. Mais à l'époque, ce n'étaient que des plaisanteries innocentes d'amis.
« Débrouille-toi pour aller à l'interrogatoire alors, finit-il par déclarer. Moi je ne peux pas, mais tu pourras me faire un rapport comme ça. » Son interlocuteur croisa les bras sur sa poitrine et leva un sourcil au-dessus de la monture de ses lunettes rondes.
« Je te signale aimablement que je ne suis pas sous tes ordres, rétorqua-t-il.
― Tu avais déjà prévu d'y aller, commenta simplement Dazai en haussant les épaules. Et, consciencieux comme tu es, tu allais forcément faire un rapport pour tes supérieurs de Tokyo. Aucun problème donc à ce que tu m'en fasses un aussi. » Il sourit innocemment et Ango soupira en réponse.
« Je ne sais pas si ce « consciencieux » est un compliment ou une insulte.
― Comme tu veux ? »
L'inspecteur aux cheveux noirs soupira une nouvelle fois en remontant sur son nez ses lunettes ― un geste qui rappela à Dazai son autre collègue à lunettes, Kunikida. Il avait la même habitude de remonter ses « yeux » sur son nez quand ses interlocuteurs l'agaçaient. Était-ce un tic de personnes portant des lunettes ? N'étant pas concerné par un quelconque problème de vue ― enfin, s'il continuait de passer ses journées sur un écran, cela ne saurait tarder ―, il n'y connaissait rien.
« Dazai. » La voix d'Ango l'interrompit alors qu'il s'apprêtait à se reconcentrer sur son travail, et il releva la tête pour l'observer de nouveau. « Fais une pause. » La remarque de son ami le laissa pantois quelques instants, puis il se reprit rapidement :
« Toi, le spécialiste des nuits blanches, tu me demandes de faire une pause ?
― La seule raison pour laquelle on supporte tes excentricités et ton lunatisme impossible à gérer, c'est parce que tu es notre seule chance de gagner contre Dostoevsky. Mais, si tu t'effondres, tu seras juste inutile. »
Les mots secs d'Ango cachaient une véritable affection, Dazai pouvait le deviner aisément. Il fit malgré tout un peu la moue. Il avait au début hésité à recourir à l'aide d'Ango pour cette affaire parce qu'il ne désirait pas spécialement vivre pendant quelques temps avec son ancien ami qui l'agaçait toujours autant, et à qui il n'avait pas encore pardonné d'avoir fermé l'affaire Oda sans avoir retrouvé son tueur.
Cependant, il avait pu prendre un peu de recul sur la chose après avoir appris l'identité du tueur d'Oda. Quand il y repensait, il était évident que son ami avait subi des pressions de sa hiérarchie pour ne pas trop creuser. Personne n'avait jamais établi avec certitude qu'Oda avait été assassiné par Arthur Rimbaud, mais les hauts placés n'étaient pas aussi stupides qu'il n'aimait le penser, et avaient forcément fait le lien avec l'affaire d'envergure internationale sur laquelle le défunt enquêtait avant sa mort. Et qui disait affaire internationale, disait aussi pression internationale.
Il ne regrettait au final pas d'avoir choisi son ancien ami pour allié, même s'il l'agaçait pendant les trois quarts du temps qu'ils passaient ensemble. Il retrouvait des souvenirs de leur amitié passée, et cela n'était pas entièrement désagréable.
Pas entièrement.
(Non, il n'admettrait pas qu'Ango lui avait légèrement manqué pendant tous ces mois.)
(Pas même à l'agonie.)
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