29.5 - 𝐋a ville de Lénine (2)

coucou !
JOYEUX NOËL EN RETARD ! ✨
j'espère que vous avez été gâtés et que vous avez pu voir votre famille, tout en restant prudents bc on ne rigole pas avec la covid >:(

nouveau chapitre à Oulianovsk, avec notre petit Atsushi :) j'espère qu'il vous plaira, promis ça va bientôt faire sens ((:
et en prime je vous ai mis une poignée de shin soukoku pour rester sur ma lancée lmao

rendez-vous le 09 janvier, et bonne lecture !

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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐒𝐩𝐞́𝐜𝐢𝐚𝐥 - 𝐋𝐚 𝐯𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐋𝐞́𝐧𝐢𝐧𝐞
(deuxième partie)

J+6

23 JANVIER

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Atsushi ne savait pas quoi faire, et il avait beau puiser dans tout ce qu'il avait appris, il était tout bonnement incapable de déterminer quelle partie de sa formation allait lui être utile. Il songea même qu'il devait peut-être faire un courrier à ses supérieurs pour leur dire de rajouter un chapitre sur ça dans leurs programmes. Parce qu'à l'heure actuelle, il aurait grandement eu besoin d'avoir un cours Que faire lorsque votre supérieur est potentiellement en présence d'un agent double dangereux, mais qu'on ne peut pas le prévenir parce que son téléphone est éteint puisqu'il est en conférence avec peut-être un autre agent double ? auquel se référer. Le titre était peut-être un peu long, mais cela pouvait se travailler.

Il avait quitté la maison d'enfance de Lénine et faisait maintenant les cent pas dans la rue devant la bâtisse, en passant en revue ses options.

Il pouvait faire comme si de rien n'était, et attendre de voir ce qui se produisait. Ainsi, si le plan de Dostoevsky n'était pas de les tuer rapidement, il aurait peut-être une occasion de parler à son aîné en toute tranquillité et de l'avertir de ce qu'il avait découvert. Cependant, cette stratégie ne marcherait que si le russe n'avait vraiment pas l'intention de les tuer rapidement. Et Atsushi ignorait complètement ce qui pouvait bien être en train de se passer à l'hôtel, pendant qu'il tergiversait sur place.

Il pouvait aussi se rendre à l'hôtel, et agir comme s'il avait découvert quelque chose de très important qu'il voulait absolument montrer à son « père » dehors. Mais son jeu d'acteur était loin d'être très bon, et Katsura ne serait donc pas dupe ― ou alors, il était un piètre homme de main de Dostoevsky. Et puis, connaissant Kunikida, il préfèrerait lui dire d'attendre la fin de la conférence pour lui parler, et dans ce cas-là, cela ne l'avancerait pas beaucoup si le danger était imminent.

Dans tous les cas, songea-t-il avec détermination, il est certain que, si Katsura essaye de nous éliminer, il le fera sans que l'on puisse s'en apercevoir avant. Soit il nous élimine un par un, et alors il va passer à l'action maintenant, soit il attendra que nous soyons isolés tous les trois pour nous tuer sans état d'âme.

A son grand désespoir cependant, il réalisait que la première option semblait être la plus juste. Car Katsura n'avait jamais essayé de les emmener tous les deux quelque part ― mais il n'avait jamais non plus essayé de les séparer impérativement, alors peut-être que cela ne signifiait rien. Quoi qu'il en fût, il prenait de plus en plus conscience de l'urgence d'agir rapidement. Il ne pouvait pas savoir si Kunikida courait un grave danger, mais si c'était le cas, il n'était absolument pas en train de lui rendre service en hésitant ainsi.

Il prit donc la direction de l'hôtel, fort heureusement pas très loin de l'endroit où il se trouvait. Il continuait cependant de se demander quoi faire en arrivant : agir naturellement avec décontraction, ou tout de suite poser cartes sur table ?

Était-il utile de mentionner qu'Atsushi était du genre à se poser dix mille questions et à ne pas savoir prendre de décision rapidement ? Il avait toujours eu conscience d'être ainsi, mais il ne s'en plaignait que davantage aujourd'hui. S'il avait été plus du genre à foncer dans le tas sans réfléchir trop longtemps, il aurait su quelle attitude adopter, non ?

Penser à cela lui fit revenir en mémoire un événement qui illustrait parfaitement le genre d'attitude qu'il aurait bien aimé avoir dans cette situation. Il se souvenait encore clairement de son premier jour de formation, deux années plus tôt, en compagnie d'Akutagawa ― pour être honnête, il aurait voulu oublier le fiasco et l'humiliation totale qu'avait été ce premier jour, mais son esprit n'oubliait pas ce genre de moments malheureusement.

De ce fait, il se souvenait très bien que, pendant que lui était occupé à s'interroger en boucle sur la meilleure chose à faire et à paniquer, son compagnon d'infortune avait agi ― de la pire manière possible, mais il avait agi avec une confiance qu'Atsushi lui enviait presque. On aurait dit qu'il savait parfaitement ce qu'il faisait.

Le jeune inspecteur aux cheveux argentés essaya donc de tout son cœur de penser comme Akutagawa. C'était sans surprise une tâche extrêmement ardue ― comment se mettre dans la peau de ce type complètement inexpressif et dont la moindre action semblait être faite avec une consternation impressionnante ? ― mais il prit sur lui et essaya du mieux possible d'imaginer comment le jeune homme aux cheveux bicolores réagirait.

Et au bout de quelques minutes, Atsushi pouvait affirmer avec certitude qu'il ferait probablement la pire chose possible, à savoir entrer comme si de rien n'était dans la chambre d'hôtel et agresser Katsura avec un bon coup bien placé.

(Le jeune homme aux cheveux argentés se souvenait l'avoir vu s'exercer au combat frontal pendant leur formation, et souhaiter de tout son cœur ne pas avoir à l'affronter un jour, pour quelque raison que ce soit.)

Plus il y pensait, plus Atsushi était certain qu'il était incapable d'agir ainsi. Ce n'était pas dans ses gènes d'être agressif avec les gens ― d'ailleurs, il avait raté l'examen final de combat frontal parce qu'il était incapable de donner un coup fort à son adversaire. Enfin, il en était capable ; cependant, il ne pouvait le faire que dans des vraies situations de danger, quand la vie de quelqu'un en dépendait. Si son supérieur était réellement menacé, il pourrait peut-être... Mais si Katsura n'avait encore rien fait prouvant sa culpabilité, Atsushi doutait d'être capable de lui donner de vrais coups brutaux.

Il finit par atteindre l'hôtel, toujours dans le doute. Il savait que la réunion devait toujours être en cours ― il avait tenté d'appeler son mentor malgré tout, tombant malheureusement systématiquement sur sa boîte vocale qui n'avait fait qu'accentuer son stress. Il grimpa dans l'ascenseur en essayant de se calmer ― il tremblait de stress et d'anxiété ― et pressa le numéro de leur étage d'une main tremblante. Quelques secondes plus tard, l'appareil s'ébranlait et commençait à monter avec une lenteur presque mortelle.

Atsushi prit conscience d'à quel point la vie n'avait aucune pitié envers lui lorsque l'ascenseur s'arrêta entre deux étages, à cause d'une panne intempestive. C'était trop, franchement. Sa vie ne pouvait-elle pas se passer comme prévu, pour une fois ? Il ignorait complètement quoi faire, coincé dans cette cabine d'ascenseur comme un idiot.

La méthode « Imaginer ce qu'Akutagawa ferait pour prendre une décision » lui revint en mémoire, mais là, il séchait complètement. Il aurait... sans doute fait des menaces de mort à l'ascenseur et/ou au concepteur. Oui, cela semblait plutôt crédible. Mais il doutait que cela soit réellement efficace.

Avec un soupir, il se préparait déjà à appeler le centre d'aide qui était indiqué à l'intérieur, espérant mentalement qu'ils comprenaient l'anglais mâtiné d'un accent japonais, quand une secousse ébranla de nouveau l'ascenseur et le fit reprendre son ascension. Oh ? songea-t-il, peut-être que la vie lui redevenait favorable.

Moins de cinq secondes plus tard cependant, la cabine s'arrêta de nouveau, mais cette fois au niveau du cinquième étage. Les portes s'ouvrirent ― mais ne se refermèrent jamais. Avec un soupir, Atsushi compta les étages qu'il allait devoir gravir à pied s'il voulait arriver un jour dans leur chambre d'hôtel. Vingt-six. Il avait une légère envie de tout plaquer et d'attendre que des réparateurs viennent, mais la pensée que Kunikida était peut-être en danger le poussa à se résoudre à la dure montée qui l'attendait.

(S'il ne se passait absolument rien actuellement dans leur chambre d'hôtel, Atsushi allait être très dépité d'avoir sacrifié ses poumons pour rien.)

La montée fut aussi rude qu'on pouvait l'imaginer : le jeune inspecteur avait beau être en excellente condition physique, il termina son ascension à bout de souffle, les jambes en coton et les poumons éreintés par cet effort de respiration surhumain. Il inspira profondément une fois arrivé au trente-et-unième pallier et s'autorisa quelques secondes de répit pour reprendre son souffle.

Il se dirigea ensuite vers leur chambre, tira la carte magnétique qui en permettait l'ouverture de sa poche, et entra le plus discrètement possible à l'intérieur. Il croisa immédiatement les regards de Kunikida et Katsura, qui semblaient discuter tranquillement dans la pièce. La réunion avec le collègue de l'envoyé de l'ambassade semblait être achevée, et rien de grave ne paraissait avoir eu lieu, heureusement (il aurait pu attendre le réparateur finalement...).

« Tiens, Atsushi ! le salua Kunikida. Te revoilà.

Vous avez apprécié votre visite de la maison de Lénine ? » lui demanda poliment Katsura. Difficile de dire s'il le mettait à l'essai ― le jeune homme agissait toujours avec sérieux et calme.

« C'était très instructif, il répondit, un peu mal à l'aise. Et la conférence avec votre collègue ?

Nous avons fini il y a à peine quelques minutes, lui dit Kunikida. J'ai appris des choses très intéressantes. » Les deux inspecteurs japonais hochèrent la tête en se dévisageant, puis se tournèrent vers leur guide.

« Je vous laisse discuter en famille. » les salua celui-ci avant de quitter la pièce sans rien ajouter. Atsushi le regarda faire, de nouveau en proie au doute. Et s'il s'en faisait trop ?

« Alors ? Tu as pu consulter le livre d'or ? s'enquit Kunikida dès que la porte se fut refermée sur leur guide.

Oui. J'y ai trouvé quelques messages que je ne pouvais pas traduire, alors je les ai envoyés au bureau pour qu'ils soient transmis à des personnes capables de les comprendre. » Le blond hocha la tête avec satisfaction. « J'ai aussi trouvé un message caché. » L'attention de son interlocuteur fut piquée, et il se redressa avec intérêt.

« Un message ? Que disait-il ? »

Le jeune inspecteur aux cheveux argentés lui montra le bout de papier sur lequel il avait inscrit le message et la traduction, et qu'il avait emmené avec lui en partant à toute allure de la maison de Lénine. Son supérieur le lut lentement plusieurs fois, avant de tourner un regard inquisiteur vers lui.

« Donc, Katsura serait une taupe finalement ?

C'est ce que le message semble sous-entendre. Je crois... » Atsushi hésita ― vieille habitude. « Je crois que ce message s'adressait à Twain, et lui donnait la marche à suivre.

Si c'est le cas, cela voudrait dire que Katsura est un gros poisson, et qu'il savait beaucoup de choses sur les ambitions de Dostoevsky.

Il n'a pas l'air d'avoir un mauvais fond... Mais on ne peut pas ignorer le fait que son nom est apparu dans un message apparemment bien caché. Même si on ne peut pas lier directement ce message à Dostoevsky pour l'instant...

On manque de preuves, c'est sûr, réfléchit tout haut son responsable de formation. On ne pourrait même pas demander une mise en examen avec ce simple fait. La question est maintenant de savoir si on le confronte à ce message ou non.

N'est-ce pas risqué ? Il comprendra tout de suite qu'on est à deux doigts de le coincer si on aborde ce message.

C'est vrai, mais si on fait fausse route, il faudrait qu'on le sache tout de suite... Et puis, s'il voulait nous tuer, il l'aurait déjà fait non ? »

Atsushi n'était pas certain de ce raisonnement. Certes, Katsura avait eu le champ libre pour assassiner Kunikida pendant son absence, mais cela ne prouvait pas qu'il ne mûrissait pas un plan pour le faire. Il ne pouvait pas simplement leur trancher la gorge sans crier gare et s'en tirer aisément.

« Je ne sais pas quelle est la bonne décision, avoua-t-il ensuite.

Je pense qu'il n'y en a pas. On ne peut que choisir ce qui nous paraît le mieux. Je vais appeler Yosano pour lui demander son avis, histoire d'être sûr de ce qu'on fera. »

Atsushi opina et le regarda prendre son téléphone pour composer le numéro de leur supérieure. Ils ne faisaient que lui refiler le bébé si on pouvait le dire ainsi, songea-t-il. Mais cela le rassurait en même temps de savoir qu'ils prendraient la décision qu'elle aurait approuvée. Lui-même sortit ensuite son téléphone, pris de l'envie d'envoyer un message à quelqu'un pour se confier, mais sans savoir à qui le destiner.

Il ne voulait pas contacter ses parents ou sa grand-mère : quel genre d'adulte envoyait des messages à ses parents quand il était inquiet à cause de son travail ? (Sans doute le genre mature, parce qu'il n'y avait aucune honte à avoir, mais il ne voulait pas le faire malgré tout.) Il n'allait pas non plus recontacter Lucy : ils avaient rompu, et elle ne serait sans doute pas très disposée à lui faire la conversation.

En dehors d'eux et de ses contacts professionnels, il n'avait pas grand monde avec qui discuter, réalisa-t-il avec consternation. Il n'avait jamais eu beaucoup d'amis au lycée ou à l'école de police, et n'était plus vraiment en contact avec ceux qu'il s'était fait. Il discutait encore épisodiquement avec Kenji, qui était son cadet au lycée et avec qui il s'entendait bien, et Kyôka, la fille d'amis de ses parents qu'il rencontrait fréquemment puisqu'ils vivaient dans des maisons voisines, mais à part eux, la liste était très courte.

Son doigt passa plusieurs fois au-dessus du contact intitulé « Akutagawa », sans se poser sur le bouton « Envoyer un message » pour autant. Ne risquait-il pas d'être mal accueilli par le jeune homme aux cheveux bicolores ? Atsushi était à peu près certain du fait que son collègue n'appréciait pas les conversations sans but autre que de se raconter sa propre vie. Et d'ailleurs, quelle heure était-il au Japon ?

Une rapide recherche sur son téléphone lui apprit qu'il était actuellement vingt-et-une heures au Japon ― cela expliquait peut-être pourquoi il se sentait lessivé alors que la journée était loin d'être terminée finalement. En plus, il avait déjà encaissé le décalage horaire dans la matinée : il avait été très perturbant de partir de Tokyo à huit heures pour arriver à cinq heures du matin à Oulianovsk, après deux heures de vol.

S'il l'avait pu, il se serait jeté sur son lit et roulé sous la couverture pour se reposer, mais ce n'était franchement pas le moment. Il renonça aussi à contacter Akutagawa, songeant qu'il pourrait toujours lui parler en face à face, à leur retour, s'il avait toujours envie de se confier à quelqu'un ― en espérant que l'inspecteur aux cheveux bicolores ne le rembarre pas trop sèchement.

« Bon, déclara Kunikida en raccrochant, Yosano pense qu'on doit faire preuve de prudence et ne pas aborder le sujet du livre d'or. De toute manière, Katsura sait que tu as été à la maison de Lénine. S'il a connaissance du message qui s'y trouve avec son nom, il va commencer à craindre que tu l'ais vu, et il commettra peut-être un impair d'imprudence. Dans tous les cas, on agit comme si de rien n'était, et on se comporte comme si on lui faisait entièrement confiance. »

Atsushi opina doucement de la tête. Il n'avait rien à redire face à cette stratégie ― de toute manière, comme l'avait souligné Kunikida un peu plus tôt, il n'y avait sans doute pas de bonne décision en fin de compte. Ils ne pouvaient que choisir, tout en espérant ne pas se tromper. Il se demandait comment faisaient les gens toujours capables de trancher en quelques secondes, même concernant les sujets les plus sérieux. Il en avait rencontré plusieurs au cours de sa vie, mais n'avait jamais pu intégrer comment ils s'y prenaient pour ne jamais hésiter. Était-ce vraiment possible de décider rapidement sans jamais se demander s'ils prenaient la bonne décision et sans considérer les autres options ? Le jeune homme aux cheveux argentés était presque jaloux de cette capacité dont ils disposaient, et non lui.

« Et concernant l'exposition ? reprit ensuite Atsushi. Vous ne m'avez pas dit grand-chose dessus.

J'ai discuté avec le collègue de Katsura qui s'y est rendu, mais je n'ai pas pu lui poser de questions trop directes puisque Katsura est resté pour faire l'interprète par moments son collègue n'était pas d'origine japonaise et avait un peu mal à suivre mon débit. J'ai quand même pu obtenir confirmation de la présence d'Agatha Christie en lui demandant s'ils avaient eu des invités importants.

Et pour Dostoevsky ?

J'ai eu plus de mal à l'interroger subtilement, mais je lui ai demandé si des invités « normaux » et des invités importants avaient pu se croiser lors de l'exposition. Il m'a dit que oui, parce qu'ils n'avaient pas réservé la salle ou quoi que ce soit juste pour les hauts placés. Avec cette affirmation et la liste des invités, on peut être certains que Christie et Dostoevsky se sont croisés. Par contre, impossible de savoir si Goncharov ou le fameux Kolya sont venus également. »

Ils ne parviendraient sans doute pas à en avoir la confirmation aisément de toute manière, surtout dans le cas de « Kolya » ou Nikolaï, son vrai nom supposé. Ils ne savaient même pas à quoi il ressemblait physiquement, et Nikolaï n'était pas exactement un nom peu courant en Russie. Sans au minimum son nom de famille, ils n'étaient pas en mesure de bien identifier le nouvel allié de Dostoevsky. Mais même en fouillant les bases de données et les casiers judiciaires, impossible d'isoler un petit nombre de suspects. Il y avait un peu trop de personnes correspondant à leur description bien maigre ― et, comme l'avait souligné Ranpo, ils ne pouvaient pas exclure l'idée que le véritable nom de leur coupable soit un équivalent de Nikolaï dans une autre langue : Nicolas par exemple. Encore une fois, la liste était bien trop longue.

« Que fait-on alors maintenant ? s'enquit le jeune homme après quelques secondes de réflexion.

On continue de fouiller un peu la ville, et on se méfie de Katsura. Je vais lui dire qu'on repart visiter tranquillement les lieux touristiques. »

Atsushi opina en masquant sa furieuse envie de s'endormir sur place plutôt que d'arpenter cette ville bien trop gelée à son goût, et enfila une nouvelle fois toutes ses couches ― il les avait retirées au cours de sa montée périlleuse qui avait au moins eu le mérite de le réchauffer un peu. Ces changements incessants de température allaient avoir raison de sa santé, il en était certain. Si, dans trois jours maximums, il n'était pas malade, ce serait un miracle réalisé par son corps.

Lorsque Kunikida revint, il était prêt, mais les sourcils froncés de son supérieur lui indiquèrent que les plans étaient peut-être compromis.

« Katsura n'est pas devant notre chambre. Je ne sais pas où il est parti. » Les faux père et fils échangèrent un regard suspicieux. Où était passé leur guide ? Après toutes ces découvertes sur lui et son historique un peu étrange, ils avaient du mal à croire que ce n'était qu'une coïncidence qu'il se soit absenté.

« Je vais appeler la réception pour voir s'ils l'ont vu. » déclara le jeune homme aux cheveux d'argent. Son supérieur opina et le laissa parler quelques instants au téléphone. « Apparemment, il n'est pas passé devant eux ces dernières heures. Ils m'ont aussi signalé un problème d'ascenseur. Comme si je ne le savais pas, il ajouta pour lui-même en marmonnant ces mots.

Donc il ne doit pas être très loin, conclut Kunikida.

Vous avez frappé à la porte de sa propre chambre ?

Oui, mais aucune réponse. Je vais réessayer. »

Cette fois-ci, Atsushi suivit son supérieur dans le couloir tandis qu'il frappait à la porte de la chambre de leur guide. Elle ne s'ouvrit pas non plus lors de ce deuxième essai. Le jeune inspecteur aux cheveux argentés tendit l'oreille, essayant d'entendre quoi que ce soit à l'intérieur, en vain. La chambre ne semblait pas abriter son propriétaire pour le moment.

« Étrange, commenta Kunikida. Sommes-nous vraiment en train de le prendre en flagrant délit de traîtrise, ou est-ce que c'est un piège ? » Atsushi partageait ses doutes. Depuis le début de la journée, Katsura n'avait montré aucun indice permettant de suspecter qu'il était un « agent double ». Le fait qu'il disparaisse ainsi était trop imprudent pour sembler parfaitement naturel. Mais puisqu'ils avaient abordé ouvertement sa visite à la maison de Lénine...

« Que faisons-nous ? Il demanda ensuite à son supérieur.

Cherchons-le. Il est normal que les clients cherchent leur guide quand il disparaît sans prévenir. Mais restons sur nos gardes... »

Atsushi opina en déglutissant avec appréhension. Il avait un mauvais pressentiment qui lui enserrait la poitrine. Il essaya cependant de le chasser, et suivit son supérieur aux cheveux blonds tandis qu'il visitait tout l'étage et les étages inférieurs. Ils y cherchaient une trace de Katsura, en vain. Les ascenseurs étant en panne, il paraissait invraisemblable qu'il soit loin, mais ils firent les trois étages inférieurs puis les supérieurs sans trouver la moindre trace de son passage.

« C'est invraisemblable, soupira Kunikida. Où est-il passé ? Il n'a pas pu juste disparaître.

C'est peut-être vraiment un piège, s'inquiéta Atsushi. Il essaye de nous attirer quelque part pour nous éliminer.

C'est bien possible, vu la tournure des événements, soupira son aîné. Mais on ne peut pas le laisser faire tout ce qu'il veut, a fortiori s'il est dangereux.

Peut-être qu'on ne devrait pas le chercher quand même, fit remarquer le jeune homme aux cheveux argentés. Cela limitera nos chances de tomber dans son piège. » Son supérieur réfléchit quelques secondes avant d'opiner à contrecœur.

« Tu as raison, ne perdons pas plus de temps. »

Ils descendirent donc au rez-de-chaussée ― descente infiniment plus aisée que la montée, songea Atsushi ― pour retourner explorer la ville. Mais, alors qu'ils atteignaient le premier étage, un cri résonna depuis l'une des chambres. Les deux inspecteurs japonais échangèrent un regard. Ils n'étaient pas de la police russe, et ce n'était pas leur rôle d'arrêter les criminels en ce moment. Mais, ils ne seraient pas de vrais et bons policiers s'ils considéraient que leur rôle d'aider les gens s'arrêtait lorsqu'ils n'étaient pas en service.

Ils cherchèrent donc l'origine du cri ― et Atsushi eut de légers flashbacks de la soirée où Francis Fitzgerald avait été assassiné et où ils avaient fait face à une Zelda Fitzgerald complètement hystérique. Il ne savait pas ce que devenait la pauvre veuve ― il avait juste entendu Yosano dire que les interrogatoires étaient absolument impossibles pour le moment. La jeune femme était proche de son terme de surcroît, cela ne devait pas aider.

Ils tombèrent alors, au détour d'un couloir, sur une scène des plus chaotiques : un jeune homme se tenait recroquevillé sur le sol, une marque rouge sur la joue, tandis qu'un autre lui faisait face, poing levé. Deux autres clients de l'hôtel se tenaient en retrait, l'air paniqué ― et Atsushi remarqua au même moment que celui qui était debout avait une petite bombe dans la main.

(Était-ce la journée des souvenirs de précédentes missions qui revenaient ? Le jeune inspecteur aux cheveux argentés avait une certaine horreur des bombes depuis le premier jour de sa formation qui avait mal tourné.)

Il remarqua aussi que celui qui tenait la bombe était Katsura ― ce constat lui avait pris quelques minutes, parce qu'avec ses yeux qui jetaient des éclairs et sa frange relevée, on aurait dit une toute autre personne. Lorsqu'il les aperçut, le guide perdit cependant de sa superbe.

« C'est une méprise ! Je l'ai arrêté alors qu'il tentait de faire exploser l'hôtel ! » se défendit-il. L'homme agenouillé face à lui, aux cheveux blonds assez longs et détachés et portant un costume immaculé, protesta vertement en russe. Les deux inspecteurs étaient dans l'incapacité de comprendre la langue, aussi ils échangèrent un regard interloqué.

« Une bombe aussi petite ne peut pas faire s'effondrer l'hôtel tout entier. » commenta timidement Atsushi. Il avait au moins retenu cela de ses cours catastrophiques sur les explosifs. (Mais le reste des personnes présentes lui jeta un regard sceptique qui le convainquit que se taire et attendre valait mieux visiblement).

« Elle aurait quand même fait des dégâts, protesta Katsura en le regardant droit dans les yeux. Je ne pouvais pas le laisser faire. » L'autre homme lâcha plusieurs exclamations en russe qui ne semblaient pas être des formules de politesse à l'encontre de son interlocuteur. Atsushi regrettait de ne pas comprendre cette langue ― mais en même temps, il n'était pas certain de vouloir se constituer un répertoire de toutes les insultes possibles en russe.

« Je ne sais pas trop quoi penser, murmura ensuite l'inspecteur aux cheveux argentés à l'intention de son supérieur. On ne comprend pas ce que dit l'autre, alors comment être certain de ce qu'avance Katsura ?

Je ne sais pas quoi penser non plus, admit Kunikida, mais je pense qu'ils devraient être arrêtés tous les deux et emmenés au poste de police le plus proche.

Je suis innocent ! protesta Katsura. Je n'ai rien à y faire.

Vous pourrez dire ça à la police. Ils vous laisseront repartir dès qu'ils en auront la certitude. »

Pendant qu'ils parlaient, Atsushi coula un regard en direction de l'homme blond qui ne s'était toujours pas relevé. Était-il blessé ? Il constata cependant que celui-ci pianotait en réalité sur son téléphone. Le jeune inspecteur hésita un instant ― était-ce une bonne idée de le laisser faire ? N'était-il pas en train d'appeler des complices ? Au bout de quelques secondes cependant, le blond se redressa et lui mit sous le nez son écran. Atsushi s'aperçut alors qu'il avait utilisé une application de traduction pour leur écrire en japonais ce qu'il disait depuis le début en russe.

La traduction était évidemment très approximative, mais le jeune homme la comprit sans trop de mal malgré tout : l'inconnu accusé disait qu'il était complètement innocent et que c'était l'autre qui tenait la bombe quand il avait tenté de l'arrêter ― et aussi que la marque de coup qu'il portait sur sa joue avait été causée par Katsura. Cette deuxième version contradictoire rendit Atsushi encore plus confus. Ce genre de situations était de celles qu'il détestait le plus, car elles mettaient à rude épreuve leur objectivité d'inspecteur.

Il ne pouvait pas prendre parti malheureusement, mais il admettait que la version de l'inconnu était plus crédible que celle de Katsura ― pas seulement parce qu'il avait de sérieux soupçons sur l'envoyé de l'ambassade, mais aussi parce que cela expliquait le coup de poing reçu et les yeux qui lançaient des éclairs de Katsura lorsqu'ils étaient arrivés. Mais il ne pouvait évidemment pas le reconnaître. Il emprunta le téléphone de son interlocuteur pour traduire sa propre réponse, expliquant cordialement (il l'espérait) qu'ils étaient obligés de laisser la police de la ville faire son travail pour déterminer le coupable.

Cette réponse ne parut pas plaire au blondinet, qui se tourna vers le couple qui n'avait toujours pas bougé avant d'aller échanger quelques mots avec eux dans leur langue natale. Atsushi l'observa faire pendant quelques secondes, en proie à une panique grandissante. Il ne comprenait pas un traître mot de ce que se disaient les civils, et était donc dans l'incapacité de vérifier que le suspect principal n'était pas en train de les menacer, ou il ne savait quoi, pour qu'ils abondent dans son sens lors de leur témoignage.

Que faire ? songea-t-il pour essayer de ne pas laisser une panique le submerger. Il se passait en revue tous ses cours ― un vieux réflexe dont il ne se défaisait jamais ― en cherchant quoi que ce soit qui lui indiquerait la marche à suivre. Son propre téléphone sonna au même moment, accentuant pendant un bref instant sa panique intérieur ; aussi, il décrocha promptement au bout de quelques secondes sans même prêter garde à qui l'appelait.

« Tu parles russe ? » demanda-t-il à son interlocuteur ― dont il réalisa seulement à ce moment qu'il n'en connaissait pas l'identité, et que pour ce qu'il en savait, il était peut-être en train de s'adresser à ses supérieurs. Il y eut un silence à l'autre bout du fil pendant un instant, puis :

« Non. » En entendant la voix en question, il fut soulagé : ce n'était pas l'un de ses supérieurs, mais Akutagawa. Enfin, ce n'était peut-être pas une si bonne chose, songea-t-il dans un deuxième temps. Il imaginait le jeune homme aux cheveux bicolores complètement blasé à l'autre bout du fil.

« Oh, euh, bonjour Akutagawa, essaya-t-il de se rattraper peu subtilement.

Vous n'avez pas un guide avec vous pour traduire ?

Disons qu'il est potentiellement compromis. » lâcha Atsushi en coulant un regard vers Katsura et Kunikida qui discutaient toujours de façon assez animée.

« Je vois. » répondit sobrement son interlocuteur. Il y eut ensuite un silence prolongé des plus déstabilisants, puis Atsushi reparla :

« Tu m'appelais pour quelque chose en particulier ?

Oui. Topaz a été arrêté. » Un large sourire s'afficha sur les lèvres de l'inspecteur aux cheveux d'argent. Enfin une bonne nouvelle...

« Comment vous avez réussi ? lâcha-t-il ensuite.

Dazai a été plus malin que lui et l'a piégé. Maintenant, Topaz est en garde à vue et sera interrogé demain matin. »

La mention du temps fit tiquer le jeune inspecteur quelques secondes. Quelle heure était-il au Japon ? Tout à l'heure, il avait remarqué que la journée était déjà quasiment terminée là-bas, et quelques heures s'étaient écoulées depuis sa dernière vérification. N'était-ce pas la nuit dans leur pays natal ?

« Vous venez de procéder à l'arrestation ? s'étonna-t-il.

Non c'était il y a plusieurs heures déjà.

Alors... » Atsushi hésita un peu, puis accepta de signer potentiellement son arrêt de mort. « Pourquoi tu m'appelles aussi tardivement pour me le dire ? » Il y eut un nouveau silence, très, très long. L'argenté crut même que son interlocuteur avait raccroché, ou que le signal était coupé, et il retira le téléphone de son oreille pour vérifier que ce n'était pas le cas.

« Je n'ai pas eu le temps de le faire avant avec toutes les formalités. »

Cela ne sonnait pas très convaincant, mais il tenait à la vie, alors il décida de ne rien faire remarquer. Il ne pouvait cependant pas s'empêcher de se demander si son collègue inspecteur l'avait appelé maintenant simplement pour lui parler. C'était une pensée étrange, mais aussi légèrement satisfaisante. Enfin, c'était ce qu'il ressentait.

« Comment ça se passe à Oulianovsk ? » Akutagawa maintenait en plus la conversation ? Atsushi était stupéfait par la tournure des événements ― il en avait presque oublié les suspicions de crime qui se trouvaient tout autour de lui.

« C'est... compliqué ?

Comme toujours je suppose.

Mais on tient peut-être une piste. Tu sais si Yosano a bien reçu les documents que je lui ai envoyé ?

Elle ne m'a rien dit dans ce sens, mais je ne l'ai pas beaucoup vue aujourd'hui. Avec l'arrestation de Topaz, je ne pense pas qu'elle ait été très attentive au bureau.

Je suppose. » soupira le jeune homme ― il aurait bien voulu savoir si les photos des messages non traduits dans le livre d'or avaient été transférées aux experts. Il observa son environnement pour voir si on avait besoin de lui dans l'immédiat, et vit que le suspect blond le dévisageait avec un regard furieux. « Je crois qu'on va avoir besoin de moi...

Va travailler alors. Bonne chance. »

Akutagawa raccrocha sans plus de cérémonies, laissant Atsushi confus ― mais il n'avait pas le temps de s'appesantir sur la question ; l'autre venait vers lui maintenant qu'il avait raccroché, et lui pointait de nouveau son écran de téléphone. Le jeune inspecteur japonais y déchiffra le message suivant : Ces deux hommes témoigner de ma bon foi.

Atsushi observa le couple derrière lui, qui lui rendirent son regard avec un air inquiet. Était-il vraiment supposé croire que ce qu'ils disaient n'était en aucun cas influencé par le blond ? Cela ne paraissait absolument pas réaliste, honnêtement.

Puis-je vous demander votre nom ? Il tapa ce message ensuite, à l'intention du blond. Celui-ci quitta le module de traduction pour simplement inscrire, dans un mémo : Vassilievitch Alov. (Il n'eut aucune difficulté à changer d'alphabet pour l'écrire dans l'alphabet latin, ce qui étonna l'inspecteur.) Il n'avait cependant aucune idée de comment cela se prononçait. Il le nota malgré tout pour donner les informations ensuite à Kunikida ― il ne s'agissait pas de leur affaire, ils allaient laisser la police russe s'en occuper, mais il voulait quand même garder une trace de ce qui s'était produit et des principaux acteurs.

Il alla ensuite interroger le couple qui attendait toujours dans un coin. Ils ne parlaient pas non plus anglais, il dut donc se débrouiller avec un traducteur pour se faire comprendre. Pendant qu'ils inscrivaient leurs réponses à ses questions, il s'aperçut que la police était enfin arrivée sur les lieux du « crime », et qu'ils interrogeaient Katsura. La discussion semblait toujours animée ― leur guide pourtant si stoïque au début de la journée avait perdu de son sang-froid et ne s'exprimait désormais que sur un ton presque agressif et rapide.

Puisqu'ils parlaient en russe, Atsushi ne comprenait pas ce qui se disait, mais en observant le visage de Katsura, il devina que les policiers émettaient des doutes sur son témoignage. D'ailleurs, au bout de quelques instants, ils le firent se retourner pour lui passer les menottes, sous les regards médusés des personnes présentes ― sauf de Vassilievitch qui arborait désormais un petit sourire satisfait.

« Pourquoi l'arrêtez-vous ? » Atsushi entendit son supérieur poser la question en anglais ― et, apparemment, les policiers parlaient cette langue correctement puisque l'un d'eux répondit :

« Nous avons reçu un appel anonyme nous disant qu'il s'agissait d'un poseur de bombes dangereux. Il serait impliqué dans une explosion survenue il y a quelques mois. »

L'histoire d'appel anonyme fit tiquer l'inspecteur en formation ― un appel anonyme d'un numéro inconnu à n'en pas douter. Cela signifiait-il qu'ils s'étaient trompés en estimant que Katsura était de mèche avec Dostoevsky ? Était-ce au contraire ce blondinet qui triomphait qui faisait affaire avec Fyodor ? La situation paraissait de nouveau très embrouillée.

Ils ne purent cependant rien faire tandis que Katsura était emmené par les policiers malgré ses protestations ― et Alov fut embarqué à son tour pour plus de questions, ce qui rassura Atsushi. Il se souvint ensuite qu'il attendait toujours une réponse du couple, et s'aperçut que celui-ci s'était volatilisé. Son portable avait été posé sur un meuble du couloir, l'écran toujours allumé sur le traducteur en ligne utilisé.

Le jeune homme aux cheveux argentés le saisit pour voir si le couple avait inscrit quelque chose, et y découvrit un bref message traduit approximativement, qui le fit tressaillir. L'homme blond dit la vérité. C'était ce qu'il n'avait eu de cesse de clamer, mais puisqu'il avait discuté avec le couple juste avant, Atsushi n'était toujours pas certain de la valeur de vérité de cette déclaration.

Son portable sonna soudainement, le faisant de nouveau sursauter, et il aperçut avec surprise le nom de Ranpo s'afficher dessus. Pourquoi diable l'inspecteur au gavroche l'appelait-il sans crier gare ? Atsushi décrocha sans faire attendre le jeune homme trop longtemps.

« J'ai du neuf, lâcha le jeune homme, Kunikida est avec toi ?

Oui, répondit-il en faisant signe au blond de s'approcher.

J'ai lu les messages que tu as envoyé à Yosano. Il parait que votre guide est compromis ?

En effet, répondit Atsushi sans oser demander pourquoi le jeune homme avait vu les messages adressés à sa supérieure.

Du coup, je me suis penché sur son dossier dans la base de données japonaise. Il a quitté le pays il y a quelques années, en compagnie d'un ami de sa famille d'origine russe, qui avait étudié au Japon.

Comment s'appelle cet ami ?

Vassilievitch Alov. » Atsushi manqua de s'étrangler.

« C'était l'homme blond ! Il m'a dit qu'il s'appelait ainsi, dit-il à l'intention de Kunikida qui avait écouté toute la conversation.

Vraiment ? » Kunikida et Ranpo parlèrent d'une même voix. Ranpo ajouta :

« Parce que si c'est le cas, c'est important.

Ah oui ?

Oui. Parce que c'est un nom d'emprunt. Son vrai nom, c'est Nikolaï Gogol. »

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