28 - 𝐋es chiens sont les meilleurs amis des inspecteurs
est-ce que je suis en train de mourir sous les relectures, entre la week et ce chapitre ? peut-être bien que oui.
sinon, instant pub si vous aviez raté les multiples annonces et stories Instagram : cette semaine se tient la Soukoku Week organisée par la FSA. on a un nombre fantastique de participants, du coup si vous manquiez de lecture pour tenir le coup malgré le confinement, je vous invite à aller sur le compte de la FSA et de chercher la liste de lecture "Soukoku Week 2020" où on recoupe tous les recueils !
sinon, j'espère que vous allez bien :) personnellement, ça ne va pas trop mal, mais damn, j'ai tellement peu ee contact humain que je serais capable d'engager la conversation avec la première personne que je croise quand je vais me promener dans ma ville :')
(enfin je vais éviter parce que bon ce serait un peu louche quand même)
aujourd'hui je vous offre enfin des bonnes nouvelles et toujours plus de couples qui avancent o/ non, vous ne rêvez pas.
sinon, prochain chapitre le 21 novembre (ce sera d'ailleurs un chapitre un peu spécial mais shh je ne vous en dit pas plus) :3 bonne lecture ~
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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐡𝐮𝐢𝐭 ― 𝐋𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐢𝐞𝐧𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐦𝐢𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬
Le jeune homme observait en silence sa mère qui buvait tranquillement une tasse de café noir, sans la moindre dose de sucre ou de lait pour atténuer le goût ― il ne comprenait pas comment elle faisait. Lui-même buvait peu de café, et sûrement pas aussi noir que le sien.
Il porta à ses propres lèvres sa tasse de thé ― toute sa famille, grande buveuse de café, trouvait hilarant le fait qu'il en boive, surtout avec son attitude de « gros dur » (il citait ici sa chère tante) ― en attendant que sa mère lui explique pourquoi elle lui avait mis le grappin dessus alors qu'il venait à peine de rentrer d'une longue journée de travail.
Celle-ci fit durer le silence encore de longues minutes, tout en continuant de consommer son café bien serré. Lorsqu'elle fut à plus de la moitié de sa tasse ― il faisait là une estimation possiblement incorrecte, mais basée sur le temps écoulé et la hauteur du récipient ― elle déclara finalement, avec un air enfantin :
Alors, aurais-tu quelqu'un dans ta vie ?
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J + 6
23 JANVIER
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Retranscription d'entretien avec Edgar Allan Poe.
Réalisé au téléphone le 22 janvier par l'inspecteur Edogawa Ranpo.
(Pour plus d'accessibilité, le contenu a été traduit.)
(...)
Inspecteur Edogawa Ranpo (R) : Pourquoi avoir refusé un entretien en présentiel ?
Edgar Allan Poe (E) : Parce que je n'ai ni le temps ni les moyens de me rendre au Japon !
R : J'aurais pu me rendre aux Etats-Unis aussi... Quoique, je préfère largement rester ici. Surtout que vous n'avez pas grand-chose à m'apprendre je crois.
E : Pardon ?
R : Rien, rien.
À ce stade de sa lecture, soit cinq minutes après avoir commencé, Ryunosuke leva les yeux au ciel. Le manque de professionnalisme de son supérieur n'avait aucune limite. Il ne doutait pas qu'il avait retranscrit avec précision l'entretien mené avec Edgar Poe, et cela ne faisait que le désespérer un peu plus. Il se demandait si Yosano avait lui le rapport avant lui. Sans doute que non.
Sa supérieure était actuellement en entretien avec Chuuya Nakahara ; sa tâche personnelle étant terminée, il s'intéressait à celles des autres : Nakajima et Kunikida devaient être sur place à Oulianovsk, en train de chercher des informations. Quant à Ranpo, son entretien avec Edgar Poe avait eu lieu la veille au soir ― décalage horaire et heures de travail d'un auteur obligent ― et, étonnement, le jeune homme avait été prompt à retranscrire ce qui s'y était dit. Sans doute parce qu'il n'y avait pas grand-chose en fin de compte.
R : Vous avez dit que M. Twain se comportait étrangement depuis son séjour à Oulianovsk ?
E : Oui, il ne sortait presque plus de chez lui, à part pour aller à la fac. Et encore, il sautait la plupart des cours. On ne savait pas trop ce qu'il faisait à la place. Il refusait de nous le dire.
R : Vous n'avez rien vu ou aperçu qui pouvait vous donner un indice ?
E : Juste des bons de commande pour du matériel de bricolage.
R : De bricolage ?
E : Oui, des pioches notamment. Mais ce qu'il faisait avec, personne ne le savait.
R : Il était bricoleur ?
E : Pas spécialement. Il savait faire les réparations de base, mais ne bricolait pas par plaisir. C'était assez étrange.
R : Je vois. Vous avez essayé de lui parler ?
E : Je lui envoyais parfois des messages, mais il ne me répondait jamais.
R : Vous savez pourquoi ?
E : Comme je sors peu de chez moi, je n'ai jamais eu l'occasion de lui en parler en le croisant en face à face.
R : Oui, vous êtes auteur indépendant c'est ça ?
E : Oui. Je passe beaucoup de temps chez moi à travailler sur mon nouveau livre.
Ryunosuke s'arracha une nouvelle fois à la lecture pour consulter le dossier d'Edgar Poe. Âgé de vingt ans, il était l'aîné de Twain d'un an. Ils s'étaient rencontrés au lycée, car le jeune auteur avait redoublé une année et s'était ainsi retrouvé dans la même classe que son cadet. Ils s'étaient liés d'amitié, et celle-ci avait perduré même lorsque Edgar Poe avait quitté le lycée pour se consacrer à sa vocation d'écrivain. Son premier livre, publié deux ans plus tôt, avait rencontré un grand succès.
R : J'ai lu votre livre. Il était plutôt pas mal, mais le coupable était facile à deviner.
E : Pardon ?
R : Désolé si vous le prenez mal, je vous donne une critique constructive.
Ryunosuke leva à nouveau les yeux au ciel et cessa complètement sa lecture. De ce qu'il pouvait observer en parcourant brièvement la suite du texte, l'inspecteur s'était juste moqué encore et encore du pauvre auteur qui avait juré de faire de son deuxième livre une enquête infiniment plus dure que la précédente.
Il se concentra ensuite sur le bilan écrit de l'inspecteur : même s'il était moins certain que d'habitude à cause du caractère téléphonique de l'entretien, il n'avait pas décelé de mensonges dans les dires du jeune homme. Ni la moindre information intéressante, si ce n'était cette attitude surprenante adoptée par Twain. Pour déterminer ce qui l'avait déclenchée à Oulianovsk, ils allaient devoir creuser plus en profondeur dans la ville directement.
Il referma donc les deux documents qu'il avait consultés et s'enfonça dans sa chaise avec un soupir. Son téléphone vibra quelques instants plus tard, signalant l'arrivée d'un message. Il le sortit de sa poche, regrettant encore une fois le contact familier de son ancien téléphone et sa modernité surtout. Depuis qu'il avait jeté son premier portable de fonction par la fenêtre pour discuter avec Dazai, on ne lui avait redonné qu'un vieil appareil archaïque.
De : Atsushi Bakajima
[photo]
Il ouvrit le message avec un soupir pour observer la photo qui y était jointe : une photographie en hauteur d'Oulianovsk, sans doute prise par son collègue. Le surnom L'idiot qu'il avait dans son ancien téléphone lui manquait un peu, mais cette erreur de typographie réalisée en entrant son numéro dans ses contacts professionnels l'avait « amusé » et il l'avait laissé ainsi.
Il observa la photo de paysage en se demandant pourquoi son collègue la lui avait envoyée ― il n'était pas particulièrement amateur de photographies de ce style, même si cela lui arrivait d'en apprécier lorsqu'il en voyait des très jolies. Celle-ci était passable, un peu floue cependant, comme si elle avait été prise en vitesse.
Il songea aussi que son collègue avait quelque peu contrevenu à leurs directives en envoyant une photo permettant de le localiser ― lui et Kunikida étaient supposés se trouver en secret en Russie. Même si leurs téléphones étaient normalement de nouveau sécurisés, rien ne permettait de l'assurer à cent pourcents. Le jeune homme avait pris un risque un peu ridicule pour lui faire parvenir ce simple cliché ― mais il le trouvait beau, alors il ne fut pas rabat-joie dans sa réponse (en tout cas, moins qu'habituellement) :
A : Atsushi Bakajima
Jolie vue.
Bon, ce n'était pas une immense expansion de sentiments, mais cela ferait l'affaire pour son collègue de toute manière habitué à ses réponses neutres. Il espéra qu'ils trouveraient des informations utiles à Oulianovsk, puisque leurs autres pistes s'amenuisaient considérablement.
Il se demandait également ce que Dazai traficotait dans son coin. A sa connaissance, l'inspecteur n'avait pas refait surface pour leur distribuer ses énigmes ridicules et jouer avec leurs pauvres nerfs éprouvés par la longueur de ces affaires, mais s'il avait obligé les personnes concernées à garder le silence pour « duper Dostoevsky », il ne risquait pas de l'apprendre.
Sentant ses muscles le tirailler après être resté si longtemps dans la même position, il se redressa en regardant l'heure, songeant qu'il était temps pour lui d'aller fumer dehors ― et ainsi de braver le froid mordant qu'il dépréciait, mais son besoin de nicotine était plus fort. Il avait besoin d'une petite pause, même s'il n'était pas très occupé.
Il descendit donc les trois étages tout en enfilant son manteau et en cherchant son briquet et son paquet de cigarettes dans ses poches, et croisa, alors qu'il s'apprêtait à sortir, l'inspecteur Ayatsuji, qui sortait, lui, du bureau de l'inspectrice Tsujimura. L'inspecteur tenait dans la main son habituelle petite pipe ― le jeune homme aux cheveux bicolores se demandait toujours pourquoi il fumait ceci au lieu des cigarettes normales.
« On dirait que c'est l'heure de fumer, commenta-t-il platement en dépassant Akutagawa pour sortir.
― Hum. » acquiesça-t-il en le suivant.
Ryunosuke ne savait jamais trop comment se comporter en présence de l'homme connu pour son indifférence aux états d'âme et sa neutralité à toute épreuve (qui faisaient de lui un excellent inspecteur mais rendaient les conversations ardues). Il le suivit donc en silence dehors et s'installa à quelques mètres de lui, contre le mur, pour fumer tranquillement. Ils avaient une « magnifique » vue sur le parking et les inspecteurs qui allaient et venaient pour travailler. Les autres équipes n'avaient pas encore repris une activité normale, les vols de voiture avaient même au contraire diminué, mais cela leur permettait de prêter main forte à celle de Fukuzawa, submergée par les deux affaires qu'elle devait résoudre.
Il se demandait ce que ces deux équipes pensaient de leur situation actuelle. Estimaient-elles qu'ils ne savaient pas gérer correctement les deux affaires et qu'à leur place elles auraient fait bien mieux ? Ayatsuji et Tsujimura avaient toujours été très compatissants avec eux, mais la situation devait commencer à leur peser. Et puis, le pessimisme inné de Ryunosuke ne pouvait pas vraiment croire qu'ils n'éprouvaient aucun ressentiment en voyant que non seulement ils n'avaient pas hérité de l'affaire mais qu'en plus ils étaient forcés de se plier à des mesures de sécurité aberrantes « au cas où ».
Il prit plusieurs bouffées de sa cigarette en songeant qu'il valait mieux qu'ils n'aient pas été seuls, Ayatsuji et lui, ou le silence aurait été particulièrement gênant. Ryunosuke aimait bien les moments silencieux, même lorsqu'il était avec quelqu'un d'autre, mais il sentait les petits regards que posait sur lui Ayatsuji, visiblement désireux de lui demander quelque chose. Il s'abstenait cependant apparemment de le faire puisqu'il y avait d'autres individus à côté, et le jeune inspecteur était presque soulagé que ce soit le cas. Il savait que l'inspecteur blond était réputé pour son manque complet de tact et son insistance à toute épreuve, Tsujimura s'en plaignait assez souvent autour de la machine à café.
Ryunosuke consulta ses messages à un moment, mais rien n'était arrivé sur sa boîte de réception, même pas un message de son collègue Nakajima. Ce constat le déçut plus que de raison, mais il chassa vite ce fait de son esprit ― un peu moins vite de son cœur cependant. Les deux inspecteurs devaient être occupés à progresser (il l'espérait) dans leur poursuite de Dostoevsky.
Dazai lui avait promis une arrestation pour le lendemain, mais il n'avait pas l'impression que quoi que ce soit avait vraiment changé. Comment le brun comptait-il réaliser ce tour de force ? Ils n'avaient aucune piste concrète pour Topaz ou Dostoevsky aux dernières nouvelles. Il voyait difficilement comment ils allaient arrêter qui que ce soit.
Il s'était en tout cas attelé pendant son temps libre aux tâches demandées par le jeune homme et il avait comparé les listes d'invités aux personnes présentes, ainsi que consulté tous les dossiers des policiers qui l'avaient secondé. Il avait en effet, à son grand désarroi, constaté que certains inspecteurs dont il avait pourtant entendu le nom lors de sa garde du manoir avaient été malades le jour du meurtre et ne s'étaient pas rendus à leur travail ce jour-là. Ils avaient sans doute été remplacés par des alliés de Dostoevsky. Dazai avait émis l'hypothèse que ce soit par Dostoevsky lui-même, mais il doutait de ce fait. Le russe n'était pas si stupide.
« Inspecteur Akutagawa ? » La voix d'Ayatsuji le tira de ses pensées et il se tourna vers lui pour réaliser qu'ils étaient désormais seuls tous les deux : les autres inspecteurs étaient retournés travailler. Génial.
« Oui ? dit-il cependant avec le plus de politesse possible, considérant qu'il s'adressait à un supérieur.
― Votre sœur cadette a été enlevée par Dostoevsky n'est-ce pas ? » Effectivement, il manquait de tact, observa le jeune inspecteur, mais puisqu'il n'en avait aucun non plus, il ne se voyait pas lui faire de reproche.
« Oui, répondit-il sobrement.
― Je sais que les procédures dans ces situations imposent aux inspecteurs de laisser un temps de repos aux victimes avant de les interroger, mais n'avez-vous pas essayé d'apprendre quoi que ce soit sur les conditions dans lesquelles elle a été traitée et ce qu'elles pourraient signifier sur l'endroit où se trouverait Dostoevsky ? » Ryunosuke soupira imperceptiblement et répondit de son ton le plus respectueux :
« Ma sœur a passé l'entièreté de sa captivité dans des endroits sombres où aucune lumière ne passait. La seule fois où elle est sortie était à Tokyo avec Ivan Goncharov, et elle avait eu les yeux bandés au moment de sortir et retourner dans sa « cellule ». La police de Tokyo a fouillé les environs de l'endroit où elle était sortie en s'appuyant sur son témoignage, mais ils n'ont rien trouvé de tangible. » récita-t-il d'une voix neutre. Il se sentait un peu offusqué que l'inspecteur Ayatsuji émette l'idée implicite qu'ils n'avaient pas exploré cette piste.
« Et le café de Goncharov ?
― Il a été fouillé, et des traces d'ADN de ma sœur y ont été trouvées, mais rien de plus.
― Ils savent vraiment disparaître. » commenta l'inspecteur en prenant une bouffée de sa pipe.
Ryunosuke l'imita en prenant une bouffée de sa propre cigarette, et souffla ensuite longuement. Son interlocuteur garda le silence longtemps, si bien que l'inspecteur aux cheveux bicolores pensa tout d'abord qu'il avait fait le tour de ses questions. Le blond reprit cependant la parole après avoir consommé tout le tabac de sa petite pipe :
« J'ai l'impression que vous cherchez midi à treize heures. » La déclaration fit lever un sourcil circonspect à Akutagawa.
« Pardon ?
― Je crois que Dostoevsky est moins malin que vous ne le pensez. Vos raisonnements partent tous du principe qu'il manipule totalement Topaz, mais c'est impossible. On ne peut contrôler autrui, à moins d'être Dieu.
― Pourtant, tout porte à croire que Topaz écoute les conseils de Dostoevsky.
― Les écouter est une chose, les respecter à la lettre une autre. Mettez-vous à la place de Topaz : peu importe à quel point vous êtes reconnaissant, vous finirez toujours par en avoir assez qu'on vous dicte ce que vous devez faire. Topaz se cache depuis des mois, et même s'il a obtenu sa vengeance, sa patience doit commencer à atteindre ses limites.
― Donc vous pensez qu'il va désobéir aux ordres de Dostoevsky ?
― Et qu'il va quitter son trou à rats pour laisser les souris l'attraper. » Le blond ricana après cette analogie. « C'est la métaphore de Dazai, pas la mienne. »
La mention de son supérieur fit tiquer le bicolore ― évidemment, le brun allait encore s'illustrer par sa manie de tout faire dans son coin et de les en avertir qu'à la dernière seconde. Ryunosuke avait bien vite remarqué qu'il était devenu spécialiste de cet état d'esprit ― peut-être l'avait-il toujours été en réalité.
Cependant, il comprenait un peu mieux pourquoi le brun avait semblé aussi sûr de lui en lui déclarant qu'ils allaient bientôt procéder à une arrestation. Il s'appuyait sur la certitude que Topaz allait fauter et désobéir à Dostoevsky. Et, si le pessimisme naturel de Ryunosuke lui dictait que cela ne pouvait pas être aussi aisé, il savait aussi qu'Ayatsuji s'y connaissait en psychologie criminelle (il avait débuté sa formation dans cette branche, avait-il entendu dire). Peut-être pouvaient-ils donc se permettre d'espérer que les choses se passent comme prévues.
(Ou que, même si certaines choses se passaient mal, ils atteindraient leur objectif premier : attraper Topaz.)
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Moins de vingt-quatre heures plus tard, Ryunosuke n'avait pas quitté cet état d'esprit, mais il avait recommencé à maudire Dazai de tout son être.
L'inspecteur brun avait reparu par message, non pas un traditionnel SMS comme les gens normalement constitués, mais par une feuille pliée en quatre et glissée dans sa boîte aux lettres. Le jeune inspecteur l'avait trouvée la veille au soir en rentrant chez lui, et avait soupiré d'exaspération en en lisant le contenu. Dazai donnait parfois l'impression de considérer ses collègues comme de simples pions qu'il manipulait à sa guise.
Pourtant, il avait suivi à la lettre les inscriptions sur le papier. À contrecœur, il admettait que les instructions de l'inspecteur étaient sensées et que son plan avait des chances de réussir. Il ne le dirait jamais en face à l'inspecteur aux cheveux bruns cependant. Cela risquerait de l'encourager à continuer.
Avec un soupir, il tira sur la laisse du chien de sa voisine pour lui intimer de rester calme, et observa les passants qui déambulaient dans le parc. Il s'était senti idiot en allant sonner chez elle pour lui demander de garder son chien, mais elle avait justement besoin de quelqu'un ― à croire que Dazai avait même pris en compte cela ― et avait accepté sans sourciller. Voilà comment il s'était retrouvé dans le parc non loin de son immeuble, avec un petit chihuahua à promener, sous les regards amusés des passants qu'il trouvait presque insultants.
Ils ne pouvaient clairement pas imaginer que le chien qu'il promenait allait avoir une importance capitale dans l'arrestation d'un criminel dans quelques instants à peine. Ryunosuke lui-même avait du mal à l'imaginer. Ce cabot lui arrivait à la cheville. Enfin, vu la ténacité dont il faisait preuve lorsqu'il aboyait, il voulait bien croire qu'il pouvait effrayer.
(Il rendait surtout toute tentative de fuite discrète vaine. Impossible de disparaître dans la masse lorsque vous êtes poursuivi par une boule de poils bruyante qui repère votre odeur.)
En attendant cependant, il se sentait bien ridicule avec ce petit chien qui ne cessait de lui montrer les crocs ― qu'il soit rassuré : Ryunosuke ne l'aimait pas non plus. Bien au contraire. S'il n'y avait pas eu leur mission, il l'aurait abandonné depuis longtemps ― mais pas dans la rue, il n'était pas un monstre sans cœur non plus, il l'aurait simplement ramené à sa voisine, ou devant chez elle en tout cas.
Il jeta un coup d'œil à l'heure sur son téléphone pour vérifier que tout se passait comme prévu : il n'avait aucun retard sur son planning ― enfin, celui de Dazai ― et pour le moment, il n'avait rien de suspect à signaler. Dazai avait insisté sur l'importance de veiller au moindre comportement suspect autour de lui, qui indiquerait que Dostoevsky ou un de ses acolytes n'était pas loin, mais il ne voyait vraiment rien d'étrange dans le comportement des autres usagers du parc. Le seul qui avait l'air louche, ce devait être lui, avec son expression neutre et ses regards insistants envers tout le monde, sauf son propre chien.
Lorsque son téléphone indiqua midi, il se redressa du banc sur lequel il était assis, tira sur la laisse du petit chihuahua ― oui, ils étaient dans un parc mais non il n'allait pas laisser partir l'animal de compagnie, c'était un coup à ce qu'il détale et ne revienne jamais ― et l'entraîna vers la sortie du parc. Il avait un itinéraire bien défini, qui semblait complètement absurde quand on l'analysait de près, puisqu'il allait emprunter des petites rues et faire des détours infinis là où il aurait juste eu à remonter la grande allée sur sa droite. Encore une fois, même si Ryunosuke était plus que sceptique quant à l'objectif de cette étape, il s'y plia sans protester ― Dazai n'était de toute façon pas là pour entendre ses critiques ― et s'aventura dans les rues désertes des quartiers résidentiels.
Il avait une vague impression de déjà-vu, il avait aussi déambulé de cette façon dans des petites rues à Tokyo lorsqu'il suivait sa sœur même si les quartiers étaient plus sombres, plus tristes, et moins bien fréquentés. Il songea ironiquement que, malgré les deux mois qui s'étaient écoulés depuis cet événement, ils n'avaient pas franchement progressé sur le plan de cette affaire. À l'époque aussi, ils cherchaient Topaz, et sans le savoir Dostoevsky.
Il était près de midi trente lorsqu'il parvint sur la place qu'il aurait pu atteindre en dix minutes par des chemins conventionnels, et aperçut alors, à la terrasse d'un café à l'angle d'une rue, sa supérieure Yosano. Elle était en pleine conversation téléphonique, cachée aux yeux des autres par un journal et une paire de lunettes de soleil, mais lui qui était arrivé par derrière n'avait eu aucun mal à la reconnaître. De loin, elle donnait l'impression d'être là par hasard, lors d'un jour de congés, mais Ryunosuke était certain que rien de ce qui se produirait aujourd'hui ne serait une pure coïncidence du destin. Dazai devait l'avoir envoyée là ― si le terme était adapté ; il imaginait mal le brun, aussi agaçant soit-il, parvenir à envoyer la jeune femme quelque part comme un simple pion manipulable.
Dazai avait donc dû contacter individuellement tous les inspecteurs disponibles. Il aurait peut-être pu leur faire un message groupé, nota intérieurement l'inspecteur aux cheveux bicolores, tout en contraignant le chien à avancer dans la direction prévue. L'animal laissa échapper un petit aboiement, attirant sur lui l'attention de plusieurs passants, dont sa supérieure qui tourna la tête et sourit très largement en le voyant ainsi aux prises avec un petit chihuahua.
Cette histoire allait le poursuivre, il le sentait, à son grand malheur. Ils avaient intérêt à attraper Topaz à la fin, où le jeune homme commettrait un massacre pour s'assurer que cette anecdote humiliante ne sorte jamais du bureau de Yokohama ― c'était peine perdue avec une commère comme Ranpo, mais il espérait quand même sauver sa réputation.
Il passa comme si de rien n'était en voyant que sa supérieure avait replongé le nez dans son journal, et estima qu'elle devait continuer de coller à son « rôle » elle aussi. Il était si ridicule qu'ils se comportent ainsi, cela allait forcément mettre la puce à l'oreille de quelqu'un chargé de les surveiller. Il continua cependant de jouer la comédie et avança sur la place, tout en cherchant du regard quoi que ce soit qui puisse lui indiquer ce qui était supposé se produire.
Dazai lui avait expliqué ce qu'il devait faire jusqu'au moment où il arriverait sur la place, mais pas ensuite. Le jeune homme se retrouvait donc un peu désemparé au milieu de cet endroit bondé, essayant de savoir ce qu'il allait faire ensuite.
La réponse apparut bien plus vite que prévu : le chihuahua se mit à aboyer bruyamment et à tirer sur sa laisse. L'inspecteur déporta son regard sur lui, puis dans la direction vers laquelle il s'acharnait. Il aperçut alors une silhouette qui s'éloignait d'un pas vif de la foule, capuche rabattue sur son visage.
Exactement le comportement suspect d'un individu qui veut échapper à la police.
Ryunosuke libéra donc le petit chien ― il ignorait comment il avait repéré Topaz et pourquoi il s'acharnait autant sur lui, mais c'était le but alors il n'allait pas protester ― et le laissa partir à la poursuite du criminel ― tout en souhaitant intérieurement que le plan n'ait pas eu de raté et que ce soit bien ce qui était prévu par l'inspecteur aux cheveux bruns.
Il le suivit ensuite en écartant sans ménagement la foule de son passage ; il aperçut au même moment Yosano, épaulée par un groupe de policiers sorti d'il ne savait trop où, se diriger vers la silhouette qui s'était mise à courir en voyant le chien venir vers elle.
« C'est lui ? demanda-t-il à sa supérieure en la rejoignant.
― Oui, j'ai vu son visage quand il s'est tourné pour voir le chien. Pas de doute, c'est Topaz.
― On dirait que l'inspecteur Dazai avait raison.
― Visiblement, il ne lui a laissé aucune chance. » opina la jeune femme, tout en suivant le criminel d'un pas léger.
Ryunosuke se demanda durant quelques secondes pourquoi elle était aussi décontractée, avant de remarquer un blocage de policiers un peu plus loin, dirigé par Ranpo. Le jeune inspecteur avait un petit sourire amusé, Ryunosuke le devinait de là où il était, tandis que Topaz ralentissait, pris au piège par les hommes en uniforme qui surgissaient les uns après les autres pour l'entourer.
« C'est presque trop beau, ne put-il s'empêcher de faire remarquer.
― Et trop simple, opina Yosano, visiblement sur la même longueur d'onde que lui.
― Je ne vous permets pas de dire ça quand vous ne connaissez que la fin du plan. » La voix trop joyeuse de Dazai retentit derrière eux et ils firent volte-face pour observer l'inspecteur qui s'approchait d'eux tranquillement, les mains dans les poches.
« Tiens, te revoilà, fit remarquer Yosano d'un ton léger. Monsieur le héros de cette affaire. » Il lui sourit innocemment.
« Je vous créditerai dans mon autobiographie, ne vous inquiétez pas. » Ryunosuke leva les yeux au ciel devant cette remarque, tandis que sa supérieure laissait échapper un rire moqueur et poursuivait :
« Alors monsieur le héros au grand cœur, qu'est-ce que tu as dû faire pour réaliser cette arrestation périlleuse ?
― Acheter de la pâtée pour chien de luxe. »
Les deux inspecteurs en restèrent coi ― et le cerveau de Ryunosuke mit quelques secondes à additionner deux et deux. D'accord, il comprenait mieux pourquoi le chien était devenu fou en apercevant Topaz. D'une manière ou d'une autre, Dazai avait dû réussir à en disperser sur le criminel ― il n'était pas sûr de vouloir connaître les détails exacts.
« Dois-je avertir ma voisine que vous l'espionnez ? demanda-t-il d'un ton neutre ; ce n'était pas vraiment une blague mais Dazai s'esclaffa.
― On était dans la même classe en troisième année de collège. Quel heureux hasard qu'elle ait aussi emménagé à Yokohama et qu'elle se trouve être ta voisine ~
― Il faut croire que Dostoevsky n'est pas le seul à réaliser des hasards bienheureux, commenta Yosano, qui acceptait ces informations avec un peu trop de facilité au goût de son subordonné.
― Il ne serait pas amusant que ce soit le cas.
― Donc, puisque ton seul acte héroïque a été acheter de la pâtée pour chien, tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je parle à la presse, je présume. » reprit la jeune femme juste après.
Sans même attendre de réponse, elle se dirigea d'un pas ferme vers les deux caméramans qui venaient d'arriver dans la rue, et les journalistes qui cherchaient des informations concernant ce subit mouvement de foule et de policiers qui procédaient à une arrestation, bien loin de celles que l'on mettait en scène dans les films et séries d'action ― il y avait moins de sueur, de cris et de sang.
Dazai l'observa faire, un sourcil levé, puis secoua la tête horizontalement, apparemment amusé.
« Je suppose que c'est mieux que je reste dans l'ombre le temps d'attraper ce cher Fyodor.
― Vous pensez sincèrement y arriver ? » s'enquit Akutagawa. Son ton était moins critique qu'on aurait pu le penser, et Dazai dut s'en apercevoir puisqu'il esquissa un petit sourire amusé en répondant :
« Oui. Je ne peux pas affirmer que ce sera du premier coup, ou même prochainement. Mais je suis certain que je mettrai la main sur lui. » Sa détermination crevait les yeux, et l'inspecteur aux cheveux bicolores songea qu'il serait malvenu de la remettre en question. Malgré tout son ressentiment vis-à-vis de son aîné, force était d'admettre qu'il ne prenait apparemment pas cela à la légère.
« Bonne chance. » laissa-t-il alors échapper, ce qui sembla beaucoup amuser son interlocuteur.
« Ce ne sera pas de la chance. »
Il s'éloigna d'un pas souple sur cette dernière phrase très largement moqueuse et arrogante, laissant Ryunosuke soupirer seul dans la rue, avant de tourner son regard vers ses supérieurs. Ranpo discutait avec plusieurs des policiers qui l'avaient accompagné, tandis que Yosano était toujours en pleine interview auprès des journalistes.
Il remarqua par la même occasion que d'autres caméras s'étaient ajoutées, et que les journalistes qui tenaient leur micro en direction de la jeune femme étaient plus nombreux. Elle ne semblait cependant pas déstabilisée du tout, et son subordonné songea que, pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude, elle se débrouillait bien. Il se souvenait avoir fréquemment entendu Kôyô se plaindre des interviews qu'elle donnait parfois aux magazines ou aux journaux télévisés, souvent après qu'elle ait organisé divers événements au temple ― il y en avait aussi eu quand ses parents étaient décédés tragiquement, mais elle n'en avait donné qu'une seule pour faire taire les rumeurs et avait refusé toutes les autres demandes.
L'entretien dura quelques minutes avant que l'inspectrice principale du bureau de Yokohama ne salue les journalistes et tourne les talons. Lorsqu'elle rejoignit son subordonné et put se placer dos à eux, son sourire charmeur se métamorphosa en une grimace.
« Je viens de comprendre pourquoi l'inspecteur Fukuzawa détestait donner des interviews.
― Trop de stress ?
― Non. Trop de questions idiotes ! souffla-t-elle, pas trop fort pour ne pas attirer leur attention. « Selon vous, pourquoi Topaz se trouvait-il ici ? » comment est-ce que je suis supposée le savoir ? On était là pour l'arrêter, pas prendre un thé avec lui et savoir comment ça se passait dans sa vie depuis son évasion ! » Elle semblait aussi énervée que Kôyô finalement, songea-t-il.
« Au moins, tout le monde saura que Topaz est sous les verrous, y compris le bureau de Tokyo.
― Oui, mais on va devoir mettre le paquet pour qu'il ne joue pas une nouvelle fois les filles de l'air. Dazai m'a assuré que cela devrait aller, mais on va quand même être prudents.
― Dostoevsky ne le fera pas libérer une seconde fois ?
― Peu probable. Topaz est sorti sans son autorisation, c'est pour ça qu'on l'a attrapé. S'il avait continué à suivre ses ordres et ses plans minutieux, on ne l'aurait pas eu et il aurait soit commis un nouveau crime, soit définitivement quitté le pays.
― Dostoevsky doit être peu satisfait de ce revirement, commenta-t-il.
― Oh que oui. Si tu veux mon avis, ajouta à voix basse sa supérieure, s'il doit rendre une visite à Topaz, ce ne sera pas pour le faire évader une nouvelle fois. »
Ryunosuke saisit sans mal le sous-entendu implicite de cette dernière remarque : ils allaient devoir faire attention non seulement à ce que Topaz ne leur échappe pas, mais aussi à ce que Dostoevsky ne l'élimine pas. Surtout pas avant que le rouquin ne leur explique tout ce qu'il savait. Aux yeux de l'inspecteur aux cheveux bicolores, il était évident que le russe était resté sur ses gardes, même avec ce criminel dont il avait gagné la confiance. Mais Topaz était de loin la personne qu'ils connaissaient qui avait été le plus en contact, directement ou indirectement, avec lui. Il savait forcément des détails dont ils avaient besoin.
« Quand procèderons-nous à l'interrogatoire de Topaz ?
― Demain. Les supérieurs de Tokyo veulent être là.
― Cette affaire est pourtant toujours à notre charge, s'étonna légèrement l'inspecteur.
― Ils mettent tellement le nez dedans, depuis quelques jours, qu'ils sont presque en charge eux aussi. Et puis, Ango nous a bien aidés. » La mention du jeune homme du bureau de Tokyo rappela à Ryunosuke qu'il ne l'avait pas aperçu depuis quelques temps. Cela ne lui avait pas sauté aux yeux puisque l'homme n'était pas membre de leur équipe habituellement, mais il en prenait conscience désormais.
« L'inspecteur Ango est retourné à Tokyo ?
― Va savoir, soupira sa supérieure. Je lui ai envoyé un message hier pour savoir où il était passé, et il m'a répondu que Dazai lui avait demandé de faire quelque chose. » Ryunosuke observa un léger silence, n'osant pas poser la question qui lui avait traversé l'esprit de peur d'éveiller à nouveau la fougue de sa supérieure, mais elle sembla lire dans ses pensées : « Oui, j'ai demandé confirmation à Dazai. Il m'a assuré que c'était bien la vérité. » Elle esquissa ensuite un petit sourire. « Je vois que tu es prêt à prendre ton envol. »
La réplique finale laissa le jeune homme pantois quelques secondes, alors qu'il cherchait ce que voulait dire sa supérieure par cette phrase. Il pensa ensuite à sa promotion au titre d'inspecteur qu'il attendait depuis si longtemps, et haussa l'un de ses fins sourcils.
« Tu croyais attendre ma mort pour avoir ta promotion n'est-ce pas ? s'amusa la jeune femme avec un petit sourire en coin.
― Oui, admit-il sans fard, ce qui la fit rire encore plus.
― Rassure-toi, ce ne sera pas nécessaire. Je sais que je vous ai fait beaucoup attendre, toi et Nakajima, mais vous allez enfin cesser d'être nos deux inspecteurs en formation. Vous avez assez prouvé votre valeur. » Elle désigna ensuite du doigt discrètement les caméras qui filmaient encore la scène d'arrestation. « Et ton apparition sur toutes les chaînes d'informations ce soir la prouvera encore plus. »
Ryunosuke ne savait pas du tout quoi dire dans cette situation. Il avait attendu sa promotion avec impatience, mais maintenant il avait du mal à la réaliser. Inconsciemment, il s'était souvent dit qu'il ne l'attendrait sûrement jamais.
Mais visiblement, il s'était trompé, et il ne savait même pas ce qu'il ressentait maintenant. De la joie, sans doute. Et une très forte envie de l'annoncer à sa sœur. Elle allait être la première personne à qui il le dirait, c'était certain. Tout comme elle avait été la première à apprendre pour son admission à l'école de police et son affectation ensuite à Yokohama après avoir réussi sa formation là-bas.
Sa sœur était systématiquement la première au courant de tout ce qui concernait sa vie, La réciproque avait été vraie également pendant un temps, puis Ichiyô l'avait remplacé progressivement.
Lorsqu'il l'avait fait remarquer à Gin, elle avait souri, amusée, avant de lui demander s'il était jaloux. Bien évidemment, il avait répondu qu'il ne l'était pas du tout, que sa sœur pouvait se confier à qui elle voulait et que ce n'était pas un problème qu'elle préfère parler de ses réussites et tracas à sa petite amie, du même sexe qu'elle de surcroît.
Elle n'avait malheureusement pas semblé très convaincue par ses arguments ― lui les trouvait pourtant très bien ― et avait continué de sourire avec un petit air amusé. Quand il lui avait demandé ce qu'il y avait de si drôle, elle avait simplement répondu : Toi aussi tu feras pareil quand tu trouveras quelqu'un.
La réponse lui avait fait lever un sourcil. Pas parce qu'elle insinuait qu'il allait un jour avoir une relation, mais parce qu'il trouvait étrange qu'elle sous-entende qu'il se transformerait aussi en un petit ami qui disait tout à sa moitié ou il ne savait quoi.
Il trouvait toujours cet argument stupide même avec quelques mois de recul. Personne ne l'intéressait spécialement, et même si, en se concentrant très, très fort, il pouvait imaginer quelqu'un, il n'avait aucune intention ou envie de lui annoncer sa récente promotion.
(Et ce n'était absolument pas simplement parce que la personne en question allait obtenir sa promotion en même temps que lui, pas du tout...)
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