21 - 𝐋es joyaux de l'inspecteur Fukuzawa

avertissement parce que je sais que vous allez le dire sinon : oui, je continue de vous rendre confus avec ce chapitre mais à partir du prochain, les réponses arrivent, promis juré !

sinon, comment allez-vous ? moi, après avoir brûlé, je fonds. les gens du sud je sais pas comment vous survivez, je suis déjà devenue une flaque après quelques jours de chaleur seulement-
enfin bon, je survivrai comme toujours-

je vous donne rendez-vous le 21 août pour le prochain chapitre ! bonne lecture !

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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐞𝐭-𝐮𝐧 - 𝐋𝐞𝐬 𝐣𝐨𝐲𝐚𝐮𝐱 𝐝𝐞 𝐥'𝐢𝐧𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐅𝐮𝐤𝐮𝐳𝐚𝐰𝐚

Elle observait le marbre brillant sans un mot. Ses longs cheveux de jais étaient balayés doucement par le vent froid d'automne, celui qui fait remonter les vestes sur les épaules. Néanmoins, elle n'y prêtait attention que lorsqu'une mèche venait déranger son champ de vision, trop occupée à serrer de toutes ses forces le bouquet de myosotis qu'elle avait amené avec elle.

Depuis combien de temps n'était-elle pas venue sur la tombe de sa propre mère ? Cette question la tourmentait, car elle craignait la réponse tapie en elle. Cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait même pas eu l'intention de venir déposer quelques fleurs à l'endroit où reposait ce qu'il restait de sa défunte mère.

La première chose qu'elle remarqua, ce fut que d'autres personnes semblaient être venues récemment. Des petits bouquets provenant des pompes funèbres avaient été déposés, et apportaient un peu de couleur au marbre noir de jais qui avait été choisi pour porter le nom de sa génitrice. La plaque n'était même pas poussiéreuse, songea-t-elle avec étonnement, et elle se demanda qui était la personne qui venait aussi régulièrement. Peut-être s'agissait-il de plusieurs membres de sa famille.

Elle déposa le bouquet précautionneusement, et s'agenouilla sur la terre sans se préoccuper de l'état de sa jupe et de ses collants lorsqu'elle se relèverait. Elle avait fini son service de toute manière, puisque l'inspecteur Fukuzawa lui avait ordonné d'aller se reposer même si la journée n'était pas finie. Sans doute craignait-il qu'elle ait du mal à encaisser la vue du cadavre qu'ils avaient trouvé ce matin-là.

Regarder la mort n'était pas une chose facile, et jamais elle ne dirait qu'elle s'y était habituée. Mais cet homme égorgé n'était pas son premier cadavre mutilé ; c'était sa mère qui avait été son « baptême de feu ». Sa mère, si joyeuse, si souriante, si optimiste, mutilée par des hommes et des femmes qui prétendaient en être. Seuls des monstres pouvaient accomplir un acte de cruauté pareil. Et c'était bien cela qui l'avait poussée à s'engager ; la volonté de trouver ces monstres qui se cachaient dans les masses, et de les empêcher de continuer sur d'autres.

Tu penses que je vais y arriver, Maman ?

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J + 1
18 JANVIER

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« Merde. » Le juron d'Akiko résonna dans le silence de plomb de son appartement vide. « Merde ! » répéta-t-elle avec plus de force, sans se préoccuper de ses voisins qui l'entendaient peut-être jurer à quatre heures vingt-sept du matin.

Elle se laissa tomber sur son canapé, à bout de forces ― elle était debout depuis presque vingt-quatre heures, et les récents événements l'avaient vidée de ses forces. Une part d'elle aurait souhaité continuer d'enquêter tant qu'ils avaient peut-être une chance de retrouver Topaz dans les parages, mais il fallait être honnête : ils n'arriveraient à rien s'ils devaient lutter en permanence pour garder les yeux ouverts.

Pour autant, elle ne trouva pas aisément le sommeil, même une fois qu'elle eut rassemblé l'énergie nécessaire pour se traîner jusqu'à son lit. Son esprit repassait en boucle les événements de la soirée. Entre le mail de provocation, le drame survenu au cours de la fête de Francis Fitzgerald et la crise de Zelda Fitzgerald au cours de laquelle elle avait révélé une information dont ils ne disposaient pas, on ne pouvait pas dire que le calme avait été présent.

La jeune veuve de Francis Fitzgerald avait été emmenée à l'hôpital pour effectuer une batterie de tests concernant son enfant et sa propre santé, laissant les inspecteurs sans réponses à toutes leurs interrogations ― et les ambulanciers avaient été formels : Non, vous ne pouvez pas l'interroger, elle est trop instable. Il était pourtant certain que la jeune femme détenait de nombreuses informations essentielles pour eux.

D'une certaine façon, le fait qu'Ôgai Mori soit lié à cette histoire n'était en rien une surprise : ils le savaient déjà depuis les premiers instants où ils avaient enquêté, puisque c'était lui le « pauvre médecin cambriolé ». Dazai avait également confirmé que les deux hommes ne s'aimaient pas du tout, et n'étaient liés que par une rivalité dont il ne connaissait pas tous les tenants et les aboutissants. En désespoir de cause, ils avaient décidé de se tourner vers Kôyô Ôzaki, qui avait indirectement révélé qu'elle connaissait Mori et qui avait vraisemblablement des liens avec Fitzgerald. Les réponses de la jeune prêtresse avaient cependant été nébuleuses et décevantes :

« Je ne connais pas les détails, avait-elle expliqué lorsqu'ils lui avaient directement posé leurs questions, tout ce que je sais, c'est qu'ils se détestent cordialement depuis des années. Je ne connais pas l'origine de leurs mauvaises relations, je sais juste qu'ils dépensent beaucoup de temps et d'énergie à essayer de se nuire l'un à l'autre. » Le pire dans tout cela, avait songé Yosano, c'est qu'elle n'avait absolument aucun mal à imaginer ces deux hommes adultes et supposément matures se disputer comme des enfants de dix ans. « Je sais aussi qu'Ôgai a toujours soupçonné Fitzgerald d'être celui qui avait ordonné à Topaz de voler ce fameux portrait, quand bien même il n'y avait aucune preuve dans ce sens. »

Cela concordait avec les dires confus de Zelda Fitzgerald, qui avait dit que son défunt époux avait tenté de nuire à Ôgai Mori. Et cela expliquait les motivations de l'homme d'affaires à suivre le procès et à s'assurer que Topaz soit condamné. Cependant, la jeune femme se souvenait bien du dossier sur ce procès, et plusieurs choses ne lui semblaient pas concorder.

Tout d'abord, Topaz avait déclaré sur l'honneur qu'il ignorait l'identité de son commanditaire. Pourquoi, dans ce cas, Fitzgerald avait-il craint des représailles ? Topaz ignorait son identité, Mori n'avait que des soupçons ; ils n'avaient donc rien de suffisamment concret pour qu'ils puissent se permettre d'exercer des représailles. Évidemment, ils ne pouvaient pas exclure l'hypothèse que l'auburn ait appris l'identité de son bourreau pendant son incarcération ou à sa libération. Mais, dans ce cas de figure, comment Fitzgerald en aurait-il eu connaissance ? Il y avait des réponses possibles bien évidemment, mais le scénario finissait par lui sembler tellement tiré par les cheveux qu'elle craignait de faire complètement fausse route.

Le deuxième point qui la tourmentait, c'était le rôle de Margaret Mitchell dans toute cette histoire. Ils étaient toujours partis du postulat que la jeune femme se trouvait là par hasard, puisqu'il ne semblait pas y avoir de lien entre ce cambriolage ayant mal tourné et la Fitzgerald Corporation. Cette récente découverte changeait la donne, mais comment expliquer ce qui s'était produit ? Fitzgerald avait-il envoyé son employée surveiller Topaz ? Était-ce réellement une coïncidence qu'elle se soit trouvée non loin du lieu du vol ? Peut-être le magnat avait-il eu l'intention de l'éliminer car elle était devenue gênante pour lui ? Les hypothèses qu'elle émettait étaient de plus en plus invraisemblables.

Pour finir, le troisième point se voulait beaucoup plus terre à terre : Francis Fitzgerald était-il réellement capable de mettre au point une telle stratégie ? Même en laissant de côté l'hypothèse selon laquelle Margaret Mitchell aurait été sciemment envoyée en « terrain dangereux », le reste de l'affaire restait quand même soigneusement orchestré. Un appel anonyme ― et le fait que Topaz n'ait pas reconnu la voix de son interlocuteur pouvait s'expliquer par le fait qu'il était évident que s'il le voulait réellement, Fitzgerald aurait toujours été capable de s'exprimer dans un japonais plus que correct ― puis une arme déposée dans une boîte aux lettres sans que la moindre empreinte digitale ne figure dessus, ce n'était pas exactement ce qu'on appelait du travail amateur. Elle n'avait pourtant jamais eu le sentiment que l'américain était capable de telles machinations, surtout s'il s'agissait simplement de « taquiner » Mori.

Retourner ainsi tous les événements finissait par lui donner la migraine, aussi elle décida de laisser tomber toutes ces réflexions pour sombrer dans un sommeil bien mérité. C'était cependant plus facile à dire qu'à faire, et cela lui prit encore de longues minutes avant qu'elle ne sente enfin sa conscience la quitter et Morphée lui tendre les bras.

Juste avant qu'elle ne s'endorme, une pensée inattendue et presque absurde lui traversa l'esprit.

Est-ce que Mori avait seulement répondu à son message de la veille ?

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Il s'avérait que oui, il lui avait répondu. Akiko le constata par elle-même le lendemain ― enfin, plutôt le jour même ― lorsqu'elle se décida à trier toutes ses notifications après s'être reposée pendant sept heures ; elle se sentait encore épuisée, mais savait qu'elle avait atteint son maximum d'heures de sommeil. Elle tomba alors, perdue au milieu de ses rappels d'activité physique et des informations des chaînes d'actualité dont elle disposait de l'application, sur la réponse du médecin qui avait tardé à venir.

Elle datait que la veille au soir, vers 23h environ. Juste avant le drame, songea-t-elle avant de repousser cette pensée. Elle devait arrêter de laisser son esprit s'emporter sur des hypothèses ridicules. Le message était bref et loin d'être à la hauteur de ses espérances en matière de détails : Cela ne te regarde pas.

Il était bien évidemment hors de question qu'elle laisse cet homme, dont le passe-temps favori était de se mêler des affaires des autres, s'en tirer aussi facilement ; et de toute manière, elle avait des questions à lui poser sur sa relation avec Fitzgerald, alors elle composa son numéro et attendit quelques secondes qu'il décroche.

« Je n'ai rien à te dire, fut la première chose qu'Akiko entendit lorsqu'il décrocha finalement.

Pourquoi avoir décroché dans ce cas ? » observa-t-elle sans se départir de son calme, bien qu'appeler cet homme qu'elle n'aimait pas ne lui faisait pas franchement plaisir. Il y eut un petit silence avant que l'homme ne réponde :

« Parce que je sais que tu ne me laisseras pas m'en tirer comme ça. Et aussi que tu m'appelles pour me poser des questions sur Karma Topaz et Fitzgerald. Dazai a déjà essayé de m'interroger. » La jeune femme n'était pas surprise de cette information, elle savait désormais que son collègue avait été adopté par le médecin plus jeune et s'était vite doutée qu'il allait contacter son père adoptif pour l'interroger puisqu'il avait été aux premières loges pour la crise de Zelda Fitzgerald.

« Essayé ? releva-t-elle à la place. Vous faites entrave à la justice ? » L'expression arracha un ricanement moqueur à son interlocuteur.

« Ne dis pas ça comme s'il s'agissait d'un scoop. » Akiko ne put s'empêcher de songer qu'il était encore différent comparé à la dernière fois qu'elle l'avait vu. Il était bien plus mordant et sarcastique que d'habitude, comme s'il était de très mauvaise humeur.

« Vous n'êtes pas censé vous vanter. De toute façon, je voulais d'abord vous parler de l'inspecteur Fukuzawa. » Le silence pesant à l'autre bout du fil la convainquit de continuer sur cette voie. « Vous vous connaissiez pas vrai ?

Je t'arrête, soupira-t-il avec lassitude, ce n'est pas une conversation que je désire avoir au téléphone. Si tu tiens absolument à m'interroger dessus, fais une convocation officielle.

Vous vous y rendrez au moins ? demanda-t-elle. Pas la peine que je vous convoque si vous ne venez même pas.

― ... Je viendrais si cela concerne votre enquête, répondit le quadragénaire. J'ai dit la même chose à Dazai.

Pourquoi tant de complications ? l'interrogea-t-elle au bout de quelques instants.

Ce que j'ai à dire ne concerne que vous, pas les oreilles indiscrètes qui nous écoutent en permanence. »

Voulait-il dire Fyodor Dostoevsky ? Akiko était désireuse de l'interroger plus en détail, mais le médecin raccrocha sans crier gare sur ces mots, la laissant seule avec ses questions et la tonalité qui résonnait dans son oreille. Il y avait quelque chose d'étrange avec Mori, elle en était convaincue. Il avait clairement changé d'attitude depuis les récents événements, et elle s'interrogeait beaucoup sur les raisons de cette transformation soudaine. Elle l'avait toujours vu égal à lui-même, peu importe la situation, mais ces derniers temps, elle avait l'impression par moments de voir une toute autre personne.

Elle finit par consulter ses autres messages, curieuse de découvrir ce qu'ils disaient. La plupart n'étaient que des notifications de journaux qui parlaient tous de la mort de Fitzgerald, officiellement révélée un peu plus tôt par sa famille. Ils semblaient presque ravis de pouvoir meubler leurs actualités avec un tel drame qui allait fasciner toute la population pendant de longs jours, au moins jusqu'à ce qu'un autre scandale défraye la chronique.

Elle avait quelques messages de ses collègues aussi, dont un de Dazai qui lui demandait effectivement d'adresser une convocation officielle à Mori pour obtenir des réponses. Elle lui répondit brièvement une réponse affirmative, toujours aussi songeuse. L'attitude de Mori la déstabilisait vraiment, et elle se demandait encore plus comment interpréter le moindre de ses faits et gestes. Et puis, pourquoi tant de chichis pour leur dire ce qu'il savait ? Il avait toujours été assez narcissique pour aimer mettre en scène le moindre de ses faits et gestes, mais vu la situation, cela en devenait risible. Ils auraient pu organiser un rendez-vous informel plutôt que de s'embêter à lui adresser une convocation officielle qui allait nécessiter de la paperasse dont elle se serait passé.

Elle jeta un coup d'œil à l'heure en réalisant que son estomac criait famine ― ce qui lui apparut plus que normal étant donné qu'il était treize heures passées et qu'elle n'avait rien avalé depuis la veille au soir ― et décida de se préparer à manger rapidement avant de retourner au BEC. Elle ignorait si ses collègues étaient déjà présents et s'ils l'attendaient, mais elle décida quand même de prendre son temps. Elle savait que l'affaire à venir allait être éprouvante pour leurs nerfs à tous. Au moins, celle-ci semblait se recouper avec l'affaire Topaz.

Elle entendit plusieurs coups frappés à sa porte alors qu'elle était occupée à se préparer à manger, et pesta contre celui qui l'interrompait ainsi. Si c'était encore Kaiji, elle le laissait dehors, se promit-elle intérieurement en allant voir qui venait ainsi la déranger ; ce n'est cependant pas les cheveux bruns de son meilleur ami qu'elle aperçut, mais ceux noirs de son plus ancien collègue.

« Ranpo ? s'exclama-t-elle en lui ouvrant la porte. Qu'est-ce que tu... » Elle ne termina pas sa phrase car l'autre la dépassa et entra dans son appartement sans un mot. Il se tourna ensuite vers elle et la dévisagea avec sérieux, ses yeux émeraudes brillants et son visage figé en une moue inexpressive. Visiblement, il ne venait pas pour une simple visite de courtoisie comme elle l'avait imaginé au premier abord.

« Il faut que je te dise quelque chose. »

Akiko eut toutes ses peines à maîtriser le léger rougissement qui la prit face au regard fixe et déterminé que son ami posait sur elle, mais elle conserva son calme et l'observa avec curiosité.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » s'enquit-elle en lui faisant signe de s'asseoir et vérifiant la cuisson de ses pâtes pour éviter de commettre une imprudence. Il y eut quelques secondes de silence avant que son collègue ne lui réponde :

« Je crois qu'il y a quelque chose d'étrange avec cette affaire. » Pendant quelques secondes, la jeune femme fut tentée de lui rétorquer que cela n'était pas vraiment un scoop, et qu'ils le savaient déjà, mais elle avait conscience que jamais Ranpo ne serait venue la déranger juste pour lui dire cela, alors elle se contenta de lui faire signe de poursuivre sur sa lancée : « Toute cette histoire m'a rappelé quelque chose. Tu te souviens du cadre de Mori ? »

La jeune femme hocha la tête. Ils avaient vu ce cadre une seule fois, après l'affaire du portrait, lorsqu'ils l'avaient récupéré sur Topaz pour le restituer à Mori. Ils l'avaient observé sous toutes ses coutures, plus par curiosité que par nécessité professionnelle. Ils n'avaient jamais vu un cadre si précieux, couvert de dorures et même de fragments de pierre qui semblaient splendides. Ils s'étaient longuement interrogés sur comment un simple médecin qui paraissait avoir obtenu son diplôme dans une pochette surprise était entré en possession d'un tel trésor. L'avait-il volé ? Avait-il corrompu des gens pour l'obtenir ?

C'était un des plus grand mystères de leur bureau. Ils se demandaient sans cesse quelles explications il y avait derrière. L'hypothèse du vol leur avait longtemps semblé très cohérente, mais il aurait été surprenant que Mori ait fait un tel scandale pour quelque chose qui ne lui appartenait pas. Mais, si on suivait tout ce qu'ils avaient comme informations, peut-être Fitzgerald avait-il justement demandé à Topaz de voler le cadre à Mori car ce dernier le lui avait volé... Décidément, tout était bien trop compliqué.

« Tu penses que c'est la clé de l'inimité entre Mori et Fitzgerald ? demanda-t-elle finalement à son collègue, mais il secoua la tête négativement.

Non, pas forcément. Je pense que leur inimité repose plus sur une mésentente mutuelle et des caractères opposés. Je ne suis pas sûr qu'il y ait réellement une explication rationnelle. Mais, tu te souviens du cadre en lui-même ? Son esthétique principalement.

Oui, doré avec beaucoup de fioritures. Pas du tout dans le style de Mori. D'où notre hypothèse qu'il appartienne à Fitzgerald et qu'il ait été volé.

Quelque chose me tourmente depuis cette affaire, avoua finalement Ranpo en ignorant sciemment sa phrase précédente. Les fragments de joyaux qui se trouvaient dans le cadre, ils correspondaient exactement aux joyaux volés.

Aux joyaux volés ? répéta-t-elle sur le coup sans comprendre. De quoi tu... »

Elle marqua une pause. L'affaire des joyaux. La seule affaire irrésolue par Fukuzawa. L'unique point noir sur son dossier impeccable. Une collection de joyaux dérobée à une riche étrangère, qui avait été brutalement assassinée lors du cambriolage. Meurtre en chambre close sans la moindre trace d'effraction, et coupable impossible à identifier car aucun témoin et aucune vidéo de surveillance n'avaient été trouvés. Malgré tout son talent et ses efforts, Fukuzawa n'avait rien pu faire pour la résoudre, et elle figurait encore dans les affaires non classées de leur Bureau.

« Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, déclara Ranpo en voyant qu'elle comprenait où il voulait en venir. Mais cela sautait aux yeux facilement.

Tu ne l'as jamais dit à l'inspecteur Fukuzawa si ? réalisa la jeune femme. Pourquoi ? Il aurait peut-être repris l'affaire.

Ce n'étaient que des suppositions. Je ne pouvais pas juste lui dire qu'il y avait une correspondance.

Mais... »

Akiko était fermement décidée à protester et à relever le caractère illogique de cette décision lorsqu'elle s'arrêta. Elle observa fixement et en silence son collègue et ami de longue date et finit par aller s'asseoir à côté de lui. Elle n'avait jamais prétendu parfaitement connaître le jeune homme aux cheveux de jais, bien au contraire. Mais elle le connaissait depuis suffisamment longtemps pour comprendre qu'il n'était pas exactement dans son état normal ; et si elle avait d'abord pensé que c'était parce qu'il avait quelque chose d'important à lui apprendre, elle réalisait désormais que c'était plutôt parce qu'il était extrêmement déprimé. Le léger tremblement de ses mains le lui confirmait.

« Ranpo, déclara-t-elle d'un ton plus amical, est-ce que tout va bien ? » Il la fixa de ses yeux émeraudes avant de s'esclaffer et de sourire mais cela semblait un peu forcé, et son sourire s'effaça bien vite.

« L'inspecteur Fukuzawa me manque, finit-il par murmurer. Je ne sais pas comment on va faire sans lui. » Il marqua une pause avant de reprendre : « Je ne remets pas en cause tes compétences ! Tu es parfaite à la tête de notre bureau. Mais...

Je sais ce que tu veux dire, le rassura-t-elle. Ce n'est pas pareil. » Ils avaient perdu un mentor et un modèle qu'ils pensaient pourtant éternel. Parviendraient-ils un jour à s'estimer suffisamment talentueux pour lui faire honneur ?

« J'avais voulu lui parler de cette histoire de joyaux, avoua-t-il ensuite. Mais j'étais certain que ce n'était pas à moi de le faire.

Comment ça ? releva-t-elle, confuse.

C'était entre lui et Ôgai Mori. Je me suis longtemps demandé si l'inspecteur Fukuzawa ne le savait pas lui-même. » Akiko avait un peu de mal à suivre le fil de ses pensées, et à comprendre tout ce qu'il essayait de lui dire.

« Que c'était Mori qui avait volé les joyaux ?

Je ne crois pas qu'il les ait volés.

Mais...

Je ne sais paaaas, finit-il par lâcher en s'affalant sur elle. Je ne sais vraiment pas. J'ai l'impression de ne plus rien savoir. »

Voir douter ainsi son collègue convainquit Akiko qu'il n'allait vraiment pas bien. Ce qu'elle pouvait largement comprendre, car elle savait qu'il avait été très proche de l'inspecteur Fukuzawa. Sa mort avait dû être terrible à accepter pour lui. Elle-même avait encore du mal à réaliser qu'elle ne parlerait plus jamais à son mentor, à l'homme qui lui avait montré sa vocation dans la police et qui l'avait aidée alors que sa mère venait de mourir et qu'elle n'avait plus personne.

« J'ai l'impression d'avoir perdu mes compétences, finit par murmurer le jeune homme tandis que sa tête reposait sur l'épaule de la jeune femme. Je sais juste que j'aimerais que l'inspecteur Fukuzawa soit encore là.

Moi aussi, avoua Akiko avec une boule dans la gorge. Mais on ne peut pas le ramener. Il ne voudrait pas qu'on le pleure indéfiniment.

C'est tellement plus facile à dire qu'à faire. » Elle hocha doucement la tête avant de réaliser que la position de son ami ne lui permettait pas beaucoup de la voir.

« On ne peut pas faiblir en ce moment. Si tu as raison, alors on va se retrouver face à la même affaire que lui.

Pas nécessairement, protesta-t-il, je t'ai dit que...

Peu importe si ce sont des suppositions, le coupa-t-elle fermement. Cela ne change rien au fait qu'il y a quelque chose d'étrange dans cette affaire. Et je crois en ton intuition, ajouta-t-elle avec un sourire et en se déplaçant pour le regarder. Je suis certaine qu'il y a bien quelque chose de louche derrière tout cela. On va tirer ça au clair, et essayer de résoudre cette affaire en la mémoire de l'inspecteur Fukuzawa. Comme ça, on sera certains qu'il repose en paix. »

Connaissant l'inspecteur principal, elle était presque certaine que, même là où il se trouvait, il devait avoir du mal à se reposer tranquillement. Cette affaire l'avait toujours tourmenté, même s'il l'avait classée « sans suite » bien longtemps auparavant. Ne pas avoir pu apporter justice à la famille de la défunte, et ne jamais avoir fait payer celui qui avait commis un crime aussi horrible, cela lui avait toujours pesé. L'inspecteur Fukuzawa était ce genre de personne qui se blâme toujours, même quand tout le monde sait qu'ils ont fait de leur mieux.

« Je pense..., commença Ranpo, qu'il y a deux raisons pour lesquelles il ne pourrait pas reposer en paix. » Akiko arqua un sourcil.

« Lesquelles ?

L'affaire des joyaux déjà, comme tu l'as dit. Et aussi le fait qu'il doit craindre qu'on emmène son BEC droit vers la catastrophe. Tu te souviens du nombre de fois où il a rattrapé nos bêtises ?

On était jeunes et inexpérimentés, protesta la jeune femme avec un sourire. C'était normal.

Manquer de faire brûler la maison d'un témoin ? Provoquer des accidents en faisant des courses-poursuites avec de pauvres innocents ? Laisser détruire des preuves confidentielles parce qu'on était partis manger sans autorisation ? » Au fur et à mesure qu'il énumérait ces souvenirs de leurs débuts, Ranpo souriait de plus en plus. Son amie était soulagée de le voir redevenir de plus en plus lui-même. Même si oui, ces souvenirs ne faisaient pas partie de leurs plus glorieux moments d'inspecteurs.

« Encore une fois, nous étions jeunes.

Espérons que Nakajima et Akutagawa ne fassent pas ça alors, plaisanta le jeune homme au gavroche.

Tu sais qu'ils ont jeté une fausse bombe en plein sur leurs camarades lors de leur premier jour à l'école de police ? J'ai lu ça dans leur dossier, et j'ignore si je suis admirative ou non. »

Ranpo s'esclaffa longuement devant cette anecdote qui avait eu l'effet escompté : le distraire un peu. Elle était certaine que ni son subordonné, ni son camarade de promo n'apprécieraient qu'elle ait révélé ce détail, mais elle avait eu recours à la première idée qui lui avait traversé l'esprit pour prouver à son ami qu'ils n'étaient pas forcément sorti de l'auberge et qu'ils n'étaient pas les pires.

« D'ailleurs, reprit-il après être redevenu sérieux, tu ne penses pas qu'il serait temps de leur octroyer une promotion ? On a besoin d'inspecteurs assez gradés aux yeux de la hiérarchie pour être efficaces. Et ils ont prouvé plusieurs fois qu'ils avaient les compétences nécessaires pour assumer ce poste. Même si Akutagawa ne sait pas sourire, ajouta-t-il sur un ton à nouveau moqueur.

C'est une raison pour ne pas leur octroyer cette promotion, répliqua-t-elle sur le même ton. Plus sérieusement, je crois que tu as raison. Espérons que le BEC de Tokyo ne trouve rien à y redire sous prétexte qu'on est sur la sellette.

Ne t'occupe pas d'eux ? hasarda le jeune homme aux cheveux noirs. On se fiche de leur avis non ? » Tant d'insouciance la fit une nouvelle fois sourire.

« Pas exactement, mais on peut faire comme ça. »

Ranpo opina. Il se fichait de la hiérarchie et de ne pas être dans leurs bonnes grâces puisqu'il n'aspirait nullement à un poste à hautes responsabilités il assumait déjà à peine celles qu'il avait actuellement et cette décision semblait le satisfaire, même si Akiko avait quand même l'intention de leur soumettre la promotion avant de l'officialiser.

(Tiendrait-elle compte de leur avis s'ils la refusaient ? C'était une autre question.)

« Tu as mangé avant de me rejoindre ? changea-t-elle de sujet en réalisant qu'elle mourait toujours de faim et que son repas devait être prêt ― voire brûlé.

Non, mais je sais que tu n'as pas de sucreries. » bouda-t-il. Elle lui asséna une tape sur le front.

« Il n'y a pas que les bonbons pour se nourrir. Laisse moi finir de préparer quelque chose. »

Ce ne serait pas de la grande gastronomie, mais les aiderait à affronter leur nouvelle journée ? Demi-journée ? À affronter l'affaire qu'ils devaient résoudre en tout cas. Elle termina de préparer deux plats de pâtes un repas certes peu traditionnel mais ô combien efficace pour leur donner de l'énergie et les servit sur la petite table de sa cuisine. Elle traîna ensuite son collègue jusque là elle était certaine qu'il cherchait juste à l'agacer car il ne pouvait pas uniquement se nourrir de choses sucrées, c'était scientifiquement impossible qu'il soit encore en vie sinon.

« Tu pourras me conduire au BEC aussi ? demanda-t-il une fois qu'elle eut enfin réussi à l'installer devant son repas. Je suis venu en métro mais je n'ai plus d'argent pour acheter un deuxième ticket. » Elle le jugea quelques instants du regard, sachant pertinemment qu'il l'avait fait exprès pour qu'elle ne puisse pas refuser mais finit par hocher la tête.

« D'accord. Tu sais si les autres viennent aussi ? » Ranpo lui adressa un sourire moqueur.

« Tu crois vraiment qu'ils vont rester chez eux alors qu'on est sur une affaire aussi importante ? Il ne s'agit pas juste de défendre notre carrière et notre bureau. On a aussi notre fierté d'inspecteurs et on a une revanche à prendre sur le numéro inconnu. Et, en plus, c'est notre métier de protéger les civils ― et d'investiguer les cadavres, comme le préciserait Dazai ― alors on ne peut pas vraiment se tourner les pouces pendant qu'un meurtrier est encore en liberté pas vrai ? »

Akiko opina doucement. Elle avait de plus en plus peur qu'ils ne parviennent jamais à résoudre cette affaire et arrêter les criminels, mais la confiance de son collègue la rassura un petit peu. Ils ne devaient pas baisser les bras tout de suite. Ils étaient capables de prendre cette revanche, peu importe la difficulté et les efforts à mettre en œuvre.

Ils terminèrent leur repas en silence, puis la jeune femme prit la route du BEC de Yokohama aux côtés de Ranpo. Le trajet fut aussi très silencieux, mais ce n'était pas un silence gênant, plus un silence agréable partagé entre deux personnes qui se connaissaient si bien qu'elles n'avaient pas besoin des mots pour communiquer. Lorsqu'elle se gara sur le parking et qu'ils descendirent de la voiture, Ranpo lui offrit un dernier grand sourire enjoué en la remerciant chaleureusement, sans doute pour lui avoir remonté le moral.

(Cette action la fit rougir de nouveau, et elle se maudit intérieurement pour ne pas être capable de contrôler ses émotions face à son collègue qui ne la laissait pas indifférente, mais qu'elle se refusait à considérer comme une personne pour qui elle avait de grands sentiments. Ils n'avaient pas le loisir d'avoir ce genre de relation pour le moment.)

Effectivement, une fois qu'ils eurent grimpé les marches menant à leur pièce de travail, ils y trouvèrent tous leurs collègues déjà installés devant leurs ordinateurs ou une pile de dossier, occupés à travailler si sérieusement que cela la déstabilisa grandement depuis combien de temps n'avaient-ils pas été aussi concentrés ? Après l'évasion de Topaz, ils avaient aussi été très efficaces, mais cela n'avait duré que quelques semaines avant qu'ils ne perdent la charge de l'affaire. Et même une fois qu'elles avaient rouvert les dossiers quelques semaines plus tôt, ils n'avaient pas atteint un tel niveau de concentration.

« Vous voilà enfin, bougonna Kunikida en levant les yeux de la pile de dossiers qu'il consultait à toute vitesse.

On vous attendait pour faire une mise au point, ajouta Dazai sur un ton plus léger. On a reçu le rapport de l'analyse vidéo et de la scientifique qui a essayé d'analyser la scène du crime.

On a également retrouvé l'arme du crime, intervint timidement Nakajima. Des éboueurs l'ont découverte dans un sac destiné à être incinéré. Leur curiosité est un coup de chance.

Et l'hôpital nous a contactés par rapport à Zelda Fitzgerald, conclut Ryunosuke. Ils estiment qu'elle est totalement inapte à un interrogatoire actuellement, et les psychologues du BEC de Tokyo vont dans leur sens. Son esprit est trop confus pour qu'on obtienne un témoignage fiable à 100 %. »

La jeune inspectrice principale avait légèrement le tournis face à toutes ces informations données d'un coup, aussi elle s'installa à son ancien bureau qui n'était pas occupé et toujours recouvert d'une partie de ses affaires et essaya de les prendre une par une pour les comprendre entièrement.

« Recommençons par la plus simple, ordonna-t-elle. Zelda Fitzgerald n'est pas en état de nous donner des informations, d'accord.

C'est un problème, commenta Dazai, car elle semblait en savoir long. Mais je suppose que la brusquer ne servirait pas nos intérêts.

C'est certain, le rembarra Kunikida. Elle a vécu quelque chose de très éprouvant, on ne peut pas exiger d'elle qu'elle soit prête à en parler aussi peu de temps après. Attendons quelques jours pour voir l'évolution de son état. » Tous opinèrent en jugeant que c'était la meilleure chose à faire et Nakajima inscrivit sur leur grand tableau blanc ce qu'ils venaient de dire aux côtés de la photographie de Zelda Fitzgerald.

« Deuxième point, reprit Akiko, l'arme du crime ? Elle a été retrouvée ?

Oui, répondit l'inspecteur en formation aux cheveux d'argent, elle était supposée être incinérée, mais deux éboueurs habitués à faire les poubelles pour récupérer des objets encore en état l'y ont découverte. Ils ont pris peur et l'ont déposée anonymement ici ― mais les caméras de surveillance les ont enregistrés et on a pu les identifier. Ce sont deux honnêtes hommes si ce n'est leur habitude de fouiller les ordures destinées à l'incinération. » L'argenté avait pris un peu confiance en lui, remarqua la jeune femme aux cheveux de jais en écoutant son rapport. Il n'hésitait plus autant quand il fallait leur adresser la parole.

« Vous l'avez envoyée à la scientifique ?

Oui, répondit Dazai, et ils nous ont donné au passage le rapport d'analyse de la vidéo et de la scène du crime. »

Il lui tendit un dossier cartonné composé de plusieurs feuilles qu'elle entreprit de lire une par une. Les premières étaient surtout des photos prises dès leur arrivée, afin de pouvoir observer la scène du crime désormais impeccable. On y voyait le corps de Francis Fitzgerald gisant dans une mare de sang, mais aucun autre élément ne lui semblait visible. Elle passa ensuite au rapport d'analyse de la scène : ils avaient cherché des empreintes digitales, des marques de chaussures, des cheveux, tout ce qui aurait pu être laissé par leur tueur et qui les mettrait sur sa piste.

Sans grande surprise, le bilan n'était pas des plus complet, mais ils avaient malgré tout trouvé des empreintes laissées par des baskets de ville, à l'opposé complet des chaussures portées par les invités de Fitzgerald, ainsi que plusieurs cheveux dont l'ADN ne correspondait pas à celui des invités confirmés de la soirée. Il y en avait plusieurs, et elle parcourut les noms sans qu'ils ne lui évoquent quelque chose. Leurs dossiers détaillés avaient été joints avec les comptes-rendus de toute manière, mais elle remit leur lecture pour plus tard ; elle voulait d'abord savoir si la vidéo avait donné quelque chose.

Celle-ci leur avait été transmise, mais elle prit d'abord le temps de lire le rapport d'analyse effectué par la scientifique. Ils avaient relevé plusieurs détails intéressants : tout d'abord, le coupable présumé était passé plusieurs fois devant les caméras de surveillance, mais toujours en prenant soin de dissimuler une partie de son visage. C'était un détail contraignant pour eux, mais qui constituait un indice : il savait où étaient les caméras pourtant bien dissimulées de la résidence.

Autre détail qui avait son importance : certains invités avaient des déplacements qualifiés d'étranges par les analystes. En effet, ils semblaient se déplacer de façon peu naturelle, comme pour orienter Fitzgerald et son assassin dans la même direction. Les noms des invités avaient été relevés, et Akiko ordonna immédiatement qu'on leur adresse une convocation officielle, ainsi qu'à Mori au passage.

Le dernier point résidait dans le fait qu'un morceau de la vidéo se figeait à un moment, alors que la fête battait son plein. Cela ne semblait pas provenir d'un quelconque piratage mais plutôt d'une défaillance du système de sécurité surchargé de l'homme d'affaires, et cela avait permis aux analystes d'observer avec attention les expressions des personnes présentes et le décor. Ils avaient ainsi remarqué la silhouette d'un homme masqué visible à une fenêtre de la pièce. Impossible de l'identifier, mais il était certain que cet individu était louche et n'avait pas sa place ici.

Une fois avoir pris connaissance de tous ces points, Akiko décida de lancer la vidéo fournie sur une clé USB sur son ordinateur. Le résumé était assez riche en informations, mais elle voulait se faire une idée précise de ce qui s'était produit. Elle laissa pendant ce temps ses collègues et subordonnés lire les rapports, pour qu'ils soient en possession des mêmes informations qu'elle.

La vidéo n'était pas d'une qualité exceptionnelle et elle se demanda dans un premier temps comment les analystes avaient pu la décoder avec une telle précision mais d'un autre côté, il s'agissait de leur métier. Elle se concentra pour repérer les détails mentionnés dans le rapport, et découvrit enfin le visage au moins en partie de leur tueur : il était conforme à la description qu'ils avaient isolée, roux aux cheveux apparemment quelque peu bouclés, et vêtu d'un uniforme de majordome. Mais, le fait qu'il avait évité de regarder les caméras rendait une identification difficile, car les traits du visage étaient les plus importants pour reconnaître quelqu'un.

Alors qu'elle arrivait au bout de la vidéo, la porte s'ouvrit sur l'inspecteur Sakaguchi, qui leur apportait une nouvelle importante à en juger par son expression. Il lui tendit un nouveau dossier de la scientifique en déclarant :

« Ils ont trouvé des empreintes digitales sur l'arme du crime. Et il y a des concordances avec l'ADN retrouvé sur la scène du crime. »

Akiko s'empressa de lire le contenu du dossier : la plupart des empreintes avaient été effacées, mais il en restait quelques unes qui avaient échappé au nettoyage, appartenant à deux personnes dont l'ADN avait aussi été relevé sur la scène du crime.

Il ne leur restait donc que deux suspects.

Le premier était leur coupable supposé, ancien prisonnier évadé et en fuite, inculpé pour vol et homicide involontaire : Karma Topaz.

Le deuxième était un ancien suspect dans l'affaire de la recherche de Topaz, innocenté mais toujours fiché dans leur base de donnée : Chuuya Nakahara.

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