15.5 - 𝐀utour d'un verre (de vin et de whisky)
sniper_lunatique c'est ton moment :)
voilà enfin le bonus des 5K-6K (oui bon okay je suis en retard, et on me dit dans l'oreillette que les 7K approchent arf-) qui n'a pas été voté sur insta mais qui (normalement) devrait vous satisfaire...
(AVANT LA CHUTE VENDREDI)
(woops trop tôt pour ça)
bref. vous allez bien j'espère ? s'il y a des terminales qui passent par là, qu'est-ce que ça a donné pour vous parcoursup ? j'espère que vous avez eu vos vœux ou que c'est en bonne voie :3
sinon, je vous laisse profiter (vraiment) et je vous retrouve vendredi pour le nouveau chapitre :)
⋆✩⋆
𝐀𝐮𝐭𝐨𝐮𝐫 𝐝'𝐮𝐧 𝐯𝐞𝐫𝐫𝐞 (𝐝𝐞 𝐯𝐢𝐧 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐰𝐡𝐢𝐬𝐤𝐲)
J - 28
20 DÉCEMBRE
« Tu déconnes. » Les deux mots de Michizô claquèrent dans le silence relatif qui entourait les deux jeunes hommes, alors qu'ils partageaient un repas, confortablement installés dans un café de Yokohama. Chuuya prit une gorgée de la tasse de café fumante apportée par la serveuse quelques instants plus tôt et dévisagea son ami de lycée sans comprendre.
« Je ne vois pas ce que tu lui reproches.
- Franchement ? Plein de choses. Il est comme tous les autres. C'est un opportuniste, un égoïste et il n'en a probablement rien à faire de toi. » Un mince sourire étira les lèvres du rouquin.
« D'accord maman. » La remarque moqueuse du jeune homme parut offusquer son interlocuteur qui grimaça.
« Sérieusement Chuuya.
- Je suis sérieux. » Le susnommé posa une main amicale sur le bras du jeune homme. « J'apprécie ta sollicitude, mais ce n'est pas la peine de t'inquiéter pour moi. Et puis, ajouta-t-il pince-sans-rire, au besoin, j'ai une armée entière pour me défendre. Entre toi, ma famille et même Paul et Arthur, il ne ferait pas long feu.
- Tant mieux. » lâcha Tachihara, parfaitement sérieux malgré son petit sourire.
Le rouquin balaya le léger malaise qu'il ressentit devant son sourire, certes très mignon, mais qui le laissait toujours indifférent. Il n'ignorait pas que leur rupture, qui remontait pourtant à plusieurs années, avait été difficile pour le faux rouquin, et il lui semblait parfois qu'il ne s'en était toujours pas remis - bien que Michizô lui ait affirmé le contraire, en ajoutant qu'il avait le béguin pour une autre personne en ce moment-même.
Mais, le jeune étudiant n'oubliait pas à quel point il avait semblé blessé d'apprendre qu'il comptait revoir l'inspecteur Dazai une nouvelle fois au Remus un peu plus tard dans la soirée, et presque jaloux. Il n'ignorait pas non plus que son ami d'enfance avait une sévère dent contre le brun, comme contre à peu près tous les représentants de l'ordre, mais il avait le vague sentiment qu'il était particulièrement hargneux vis-à-vis du jeune homme.
« Au fait, comment vont tes frères ? s'enquit Michizô pour changer de sujet. Je ne t'ai pas entendu te plaindre d'eux de l'après-midi.
- J'ai abandonné tout espoir de les discipliner. Ils sont insupportables, je vais devoir m'y faire. » soupira le rouquin. Trois années passées à l'étranger lui avaient fait oublier à quel point ils étaient intenables quand ils s'y mettaient tous. « Comme toi avant. » avait souligné sa mère avec amusement quand il le lui avait fait remarquer.
« J'ai croisé Arô il n'y a pas si longtemps. Il était avec d'autres garçons de son âge.
- Sans doute ses amis de lycée. Il passe beaucoup de temps avec eux. J'aimerais que les autres en fassent de même... Je regrette le calme parfait du manoir de Paul et Arthur. »
Paul et Arthur Rimbaud-Verlaine étaient deux amis de son père, chez qui il avait séjourné pendant qu'il étudiait en France. C'était à l'initiative du premier qu'il avait accepté de partir aussi loin pendant trois ans. S'il avait dû se retrouver seul dans un pays complètement inconnu, il n'aurait sans doute pas choisi de partir aussi aisément.
Mais les deux hommes lui avaient assuré qu'ils l'accueilleraient avec plaisir, peu importe la durée de son séjour. Le rouquin s'était senti un peu mal à l'aise à l'idée de « squatter » pendant trois ans la demeure des deux amis de son père, mais celui-ci lui avait assuré que le couple serait réellement heureux de l'accueillir. Il lui avait expliqué ensuite que les deux français regrettaient souvent de ne pas pouvoir avoir des enfants et que c'était sans doute pour cela qu'ils s'étaient montrés si enclins à l'héberger.
Chuuya s'était senti un peu gêné à l'idée d'être une substitution à un enfant qu'ils ne pouvaient avoir, mais les deux hommes avaient été réellement adorables avec lui. Paul surtout, car Arthur était plutôt du genre réservé et restait souvent enfermé des heures dans son bureau à travailler sur il ne savait trop quoi. Mais il n'en était pas moins prévenant et affectueux avec le japonais qui avait habité pendant toute sa scolarité en France avec eux.
« La Terre appelle Chuuya, tu veux bien quitter tes beaux souvenirs de la France pour revenir dans notre modeste ville ? » La voix de Michizô le tira de ses souvenirs et il réalisa qu'il n'avait pas du tout prêté attention à son interlocuteur pendant plusieurs minutes.
« Pardon. Tu disais ?
- Je voulais savoir si Naomi t'avait contacté. Junichirô m'a dit qu'elle voulait organiser une réunion comme au bon vieux temps. » L'expression fit rire le rouquin.
« Elle m'a appelé ce matin, oui. » Il s'abstint de mentionner que cet appel était exactement la principale raison pour laquelle il avait demandé à s'entretenir avec l'inspecteur Dazai. Nul besoin de piquer Michizô au vif.
« Tu seras présent ?
- J'essayerai au maximum. Ça me ferait plaisir de revoir tout le monde.
- Mais Karma ne sera pas là. » soupira tristement le faux rouquin.
Chuuya ne déclara rien. Il ne partageait pas vraiment la tristesse de son ami, car il n'avait jamais été très proche du jeune homme emprisonné. De son point de vue, si Topaz avait vraiment commis les crimes dont il était accusé, sa condamnation était largement justifiée. Il était loin de partager l'engouement de ses camarades vis-à-vis de « l'injustice » de la condamnation.
« Je vais devoir y aller, lâcha-t-il à la place d'une quelconque remarque sur Topaz, en consultant son téléphone. Il faut encore que je rentre m'assurer que les gamins n'ont pas détruit la maison et que je me prépare. » Tachihara fit la moue mais hocha la tête.
« On se verra à la réunion de Naomi je suppose. »
Chuuya hocha la tête avant de demander l'addition au premier serveur qui passa non loin d'eux. Ils se partagèrent la note, puis se séparèrent tranquillement pour repartir à leurs domiciles respectifs. Le rouquin était assez impatient de revoir ce jeune inspecteur aux cheveux bruns qui l'intriguait et qu'il trouvait plutôt agréable à regarder. Même s'il n'oubliait pas qu'il lui avait donné rendez-vous pour une bonne raison, autre que pour se rincer l'œil.
⋆✩⋆
« Vous m'expliquez ? » Ces deux mots échappèrent au rouquin lorsqu'il arriva au Remus et tomba sur le jeune homme qu'il était venu rencontrer. Celui-ci était vêtu sobrement d'une chemise et d'un pantalon droit, mais aussi d'une paire de lunettes factices qui lui faisaient des yeux immenses et d'un ridicule chapeau pointu.
« Je reste incognito. » Chuuya croisa les bras sur sa poitrine et balaya la foule présente au bar du regard. Il voyait difficilement quels risques encourait le jeune homme s'il était repéré par eux ; il passait juste présentement pour un clown éméché.
« Vous seriez plus incognito sans cet accoutrement ridicule.
- De mon point de vue, vous êtes mal placé pour parler. » Le rouquin observa ses propres vêtements - une sweat à capuche jaune vif et un pantalon kaki - avant de s'offusquer :
« Pardon ?!
- Votre sens du style semble aussi spécial que le mien. » se moqua l'inspecteur en retirant ses lunettes
Chuuya ravala une insulte bien sentie et s'installa à ses côtés au comptoir. Le barman - qui n'était pas le même que la dernière fois qu'ils s'étaient vus au Remus - vint prendre sa commande puis les laissa discuter tranquillement. L'inspecteur Dazai avait déjà commandé et sirotait un verre de whisky dans lequel les glaçons avaient bien fondu.
« Vous êtes plus amateur de whisky que de vin ? releva-t-il en l'observant. Votre manque de goût est plus prononcé que le mien on dirait.
- En me basant sur vos goûts déplorables en matière de chapeau, je peux affirmer que c'est de l'hypocrisie.
- Mes chapeaux sont très beaux !
- Oui, oui... »
Ils se foudroyèrent du regard quelques secondes, avec une certaine amitié malgré tout. Ils se provoquaient plus qu'ils ne se disputaient. Le barman apporta un verre de vin au rouquin au bout de quelques secondes, qu'il savoura dès la première gorgée sous le regard de l'inspecteur brun. Il resta silencieux quelques secondes avant de déclarer :
« Alors ? De quoi vouliez-vous me parler ?
- J'ai reçu un coup de fil de Naomi Tanizaki, soupira le rouquin après avoir reposé son verre.
- Elle abrite Topaz ? s'exclama Dazai, les yeux brillants - cette idée semblait le ravir.
- Non. Elle m'a dit qu'elle voulait organiser une réunion avec les anciens du groupe de soutien.
- Et Topaz sera là ?
- Non, répéta Chuuya en soupirant. Vous pouvez me laisser finir ?
- D'accord, d'accord... Une réunion donc ?
- Oui. Je ne pense pas que Karma sera de la partie - il n'est pas idiot - mais Naomi m'a rappelé quelque chose que j'avais oublié. » Les iris noisette du brun pétillèrent avec intérêt.
« Quoi donc ?
- Karma avait un endroit secret où il se cachait pour fuir sa famille quand l'ambiance était trop pesante chez lui. Naomi a proposé qu'on se retrouve là-bas dans une semaine. Je ne suis pas sûr qu'il se cache là-bas, mais peut-être pourriez-vous aller y jeter un œil ? Vous trouverez peut-être des traces de passage.
- C'est peu probable, réfléchit tout haut l'inspecteur, mais c'est une piste à exploiter en effet. Les perquisitions chez les Tanizaki n'avaient rien donné, mais là-bas peut-être.
- D'ailleurs, lâcha ironiquement Chuuya, Tachihara vous passe le bonjour.
- Je m'en passerais. »
L'animosité entre ces deux hommes qui ne se connaissaient même pas amusait définitivement le jeune homme aux cheveux roux. Il reprit une gorgée de sa boisson préférée et laissa le silence s'étirer quelques secondes, avant que l'inspecteur de police ne le brise indirectement lorsque son téléphone vibra. Il jeta un bref regard à l'écran avant de le replacer dans sa poche sans répondre au message qu'il venait apparemment de recevoir.
« Rien d'important, déclara-t-il en croisant le regard curieux du rouquin ensuite.
- Si ce n'est pas un de vos collègues qui vous réclame, ça va je suppose.
- Il est vrai qu'ils ne peuvent pas se passer de moi, soupira théâtralement Dazai, mais même les héros ont besoin de repos. » Chuuya l'observa quelques instants, sceptique.
« Un « héros » ? Je n'ai jamais lu votre nom dans un journal.
- Je reste dans l'ombre et laisse mes collègues profiter de la lumière et de ma gloire ! ~
- Vous êtes un cas.
- Et vous êtes petit.
- Je ne suis pas petit ! C'est vous qui êtes trop grand. » protesta le rouquin. Il n'aimait pas qu'on se serve de sa petite taille, qui l'avait longtemps complexé, contre lui. Aujourd'hui, il se fichait d'être considéré comme petit, mais restait susceptible lorsqu'on lui faisait la remarque verbalement.
« Mais bien sûr ~ » se moqua doucement le brun.
Il prit à son tour une gorgée de whisky et laissa son regard noisette vagabonder sur la foule amassée en contrebas du bar. De son côté, Chuuya restait songeur. Il avait un sentiment étrange quand il s'adressait à cet inspecteur. Il avait du mal à définir ce que c'était exactement, mais il était envahi par un sentiment inqualifiable quand ils discutaient ainsi tous les deux. Quelque chose de plus complexe et tourmenté que de la simple attraction physique.
Il finit par chasser ces pensées de son esprit avec un claquement de langue et entendit son portable sonner dans sa poche. Une sonnerie qu'il ne reconnut pas tout de suite car ce n'était pas celle qu'il avait d'habitude, mais un générique de dessin animé stupide. Il le sortit rapidement pour mettre fin à son humiliation et constata par la même occasion deux choses : la personne qui l'appelait était Arô, son frère et sans aucun doute le coupable de cette petite plaisanterie, et il avait poussé le bouchon plus loin en changeant le fond d'écran du jeune homme avec une photo ridicule de lui et de ses cadets. Cinq têtes rousses souriaient largement à la caméra, dont certaines ornées d'oreilles de lapin faites avec les doigts par leurs voisins.
« Ce sont vos frères ? s'enquit la voix curieuse de l'inspecteur Dazai qui avait visiblement jeté un coup d'œil par-dessus son épaule.
- Oui, répondit le rouquin en refusant l'appel et en changeant la photo pour remettre celle qui ornait précédemment son téléphone : celle de la moto qu'il venait de s'offrir, un superbe appareil magenta.
- Une moto. Seriez-vous un macho, monsieur Nakahara ? s'amusa l'inspecteur.
- Absolument pas ! protesta le rouquin. J'ai économisé des années pour me payer cette moto.
- J'espère que votre petite taille ne vous empêche pas d'être prudent. » Chuuya le foudroya du regard. L'inspecteur avait la langue bien pendue ce soir-là et semblait s'amuser à jouer avec ses nerfs. Mais il parut comprendre le message devant les yeux bleus du jeune homme qui lançaient des éclairs puisqu'il se racla la gorge avant de changer de sujet : « J'ai une proposition à vous faire.
- Qui est ?
- Je serais suffisamment clément pour oublier votre dette à mon égard si vous acceptez de me tutoyer ~
- Quelle dette ? s'offusqua Chuuya. Je ne vous dois rien.
- Ah oui ? Et la bouteille de Pétrus de la dernière fois ?
- C'était pour mes informations.
- C'est beaucoup trop cher payé pour le peu que vous m'avez donné.
- Oh ? ~ Seriez-vous quelque peu sur la paille, monsieur l'inspecteur ?
- Ne serait-ce pas plutôt vous qui êtes trop pauvre pour accepter de payer le tiers de cette bouteille ? » Piqué au vif, le jeune homme aux cheveux flamboyants le foudroya de nouveau du regard.
« Seulement le tiers ? lâcha-t-il suspicieux.
- Le premier tiers, je le paye pour les informations. Le deuxième pour votre compagnie. » Il ponctua sa déclaration d'un grand sourire innocent - sûrement pas si innocent que ça d'ailleurs. Chuuya soutint son regard quelques secondes avant de secouer la tête négativement en signe d'abandon de la partie.
« Très bien, monsieur l'inspecteur. Tu détestes perdre n'est-ce pas ?
- Finement observé, monsieur j'adore le vin ~ Je suis un très mauvais perdant.
- Je suis sûr que le docteur Mori a beaucoup d'anecdotes croustillantes à me donner à ce sujet. » Le brun grimaça.
« Ne me rappelle pas que tu le connais. Je préfère oublier ce détail. »
Chuuya reprit une gorgée de sa boisson sans rien dire. Il trouvait toujours surprenante cette animosité qui régnait entre les deux hommes. Lorsque le docteur Mori lui avait parlé de son fils adoptif pour la première fois, il avait employé un ton égal et relativement affectueux, mais le rouquin avait bien remarqué qu'il semblait peu sincère. Dazai, lui, ne cachait même pas son mépris pour son père adoptif, et le rouquin était curieux de savoir pourquoi ils se détestaient autant.
Lui-même considérait Arthur et Paul comme des figures paternelles de substitution, qui l'avaient hébergé pendant trois ans, et qui avaient aussi toujours remplacé son père lorsqu'il partait en voyage d'affaires à l'étranger en aidant sa mère à s'occuper de ses six enfants. En tant que plus âgé, Chuuya avait toujours fait de son mieux pour apporter son soutien à sa figure maternelle mais il se souvenait d'avoir toujours été soulagé de voir l'un des deux français arriver lorsque son père partait, toujours chargé de bonnes idées pour occuper les plus jeunes pendant que les aînés géraient les tâches quotidiennes.
Il était très attaché à eux, même si les souvenirs de l'incident survenu peu avant son retour définitif au Japon teintaient cet attachement de regrets et de réserve. Il ne parvenait pas à oublier les événements qui s'étaient déroulés devant ses yeux, et même si Arthur lui avait assuré que ce n'était rien de grave et qu'il n'avait pas à s'en soucier, il restait incapable de simplement passer outre.
Il chassa ces sombres souvenirs de son esprit en prenant une nouvelle gorgée de vin et posa son regard bleu sur son compagnon, qui lui rendit son regard. Il appréciait la compagnie de cet imbécile d'inspecteur autant qu'il la détestait. Cela n'avait absolument aucun sens, songea-t-il, tout comme à peu près toute sa vie depuis des années.
Mais, songea-t-il, il y avait des choses bien pires dans la vie que de ne pas être certain de ce que l'on ressentait pour un jeune homme.
(Comme le fait que le jeune homme en question était un inspecteur de police, qui découvrirait peut-être un jour ce qui s'était passé en France quelques mois plus tôt.)
⋆✩⋆
« Est-ce que c'est la vérité ?
- Est-ce que tu veux réellement le savoir ?
- Évidemment. S'ils ont vraiment fait ça, alors je...
- Tu comptes te venger ? Le venger ?
- Non. Je veux juste comprendre ce qu'ils ont foutu pour que ça se passe comme ça. Et je sais que tu as participé à cette mascarade.
- Tu risques de regretter les réponses que tu obtiendras. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top