14 - 𝐓out peut toujours être pire

ou comment instaurer un climat de bonne humeur dans son chapitre dès la première ligne :)
allez je l'annonce clairement : on est dans la dernière ligne droite avant la fin de la première partie, sauf qu'elle est pas droite, elle est en forme de montagnes russes parce que y a rien de plus marrant que de vous faire passer d'une joie extrême à un désespoir extrême ;)

(oof my danganronpa vibes are showing)

sinon, merci pour les 5K, avec la sskk week je n'ai malheureusement pas eu le temps d'écrire le bonus associé, et j'ignore encore s'il sortira avant les 6K- je vous promets en tout cas qu'il arrivera avant le chapitre 16 maximum :')
attendez-vous aussi à voir peut-être des petites updates courtes apparaître, y a quelques points de vue que je n'ai pas eu l'occasion de développer dans les bonus mais que j'aimerais caser, alors je ferais peut-être des petits interludes de mille mots pour leur donner la parole :)

sinon on se retrouve le 15 mai pour le chapitre 15 (ce n'était pas voulu-) et je vous souhaite une excellente lecture !

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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐐𝐮𝐚𝐭𝐨𝐫𝐳𝐞 - 𝐓𝐨𝐮𝐭 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐞̂𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐢𝐫𝐞

La jeune femme soutint sans ciller le regard de son supérieur, qui dardait sur elle un regard légèrement agacé. Ils se dévisagèrent ainsi, dans une bataille de regards qu'ils n'étaient pas les seuls à faire dans cette équipe et qui pouvait durer très longtemps. À leurs côtés, l'autre subordonné du chef du bureau des enquêtes criminelles de Yokohama ne prêtait pas attention à leur dispute puérile – pourtant, des chamailleries, il en avait beaucoup à son actif aussi – et se contentait d'observer les documents étalés face à lui sur la grande table de la salle de réunion.

Le plus âgé ne semblait pas vouloir admettre sa défaite et ce fut la jeune femme qui abdiqua cette fois-ci, non sans faire la moue. Elle replaça une mèche de ses longs cheveux noirs derrière son épaule et croisa les bras sur sa poitrine. Elle était mauvaise perdante, surtout dans ce genre de conflits. Son supérieur ne se laissa pas faire cependant, et réajusta son costume en pestant sur le côté inconfortable du vêtement.

Il posa ses mains à plat sur la table cirée, puis observa son deuxième subordonné de son regard bleu posé. Celui-ci, une main posée sur les documents, l'autre dans un paquet de bonbons dans lequel il piochait sans vergogne ne lui accorda pas un regard. Difficile de croire qu'il travaillait efficacement, mais son regard émeraude brillait d'un sérieux absolu tandis qu'il balayait les papiers à la recherche d'une information importante.

Il finit par remarquer qu'ils avaient achevé leur duel idiot et leva justement ses yeux verts vers eux. Puis, un petit sourire narquois se dessina sur ses lèvres et il prononça une phrase moqueuse à leur intention :

C'est bon, vous avez fini vos enfantillages, on peut aller attraper le coupable ?

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J – 26
22 DÉCEMBRE

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Akiko poussa un profond soupir et observa l'instructeur dont elle avait depuis longtemps oublié le nom répéter pour la cinquième fois la prise destinée à déséquilibrer un assaillant trois fois plus imposant que soi, tandis que ses doigts toujours vernis de rouge tapotaient la table abîmée. Plusieurs personnes lui jetèrent des regards réprobateurs mais elle ne cessa pas pour autant. Elle avait besoin d'évacuer sa frustration et son exaspération d'être coincée dans cette formation inutile.

Être de retour à Tokyo ne l'enchantait pas, pas plus que de devoir suivre les cours de leurs collègues tokyoïtes dont elle n'avait jamais accepté l'arrogance pour apprendre des choses qu'elle savait déjà faire – certes, avec des méthodes peut-être moins conventionnelles, mais au moins, elle pouvait compenser la différence de taille en utilisant le meilleur point faible des hommes, toujours accessible peu importe leur carrure.

En plus, tous les autres policiers et inspecteurs qui suivaient la formation étaient des bleus, des jeunes hommes et femmes qui venaient de débuter leur carrière et qui ne connaissaient que les bases du combat défensif. Elle n'avait pas sa place ici, elle s'était inscrite à une formation d'experts, pas de novices !

Son agacement devait se ressentir dans son aura, car les autres ne cessaient de lui jeter des regards un peu effrayés, comme s'ils redoutaient qu'elle les agresse sans prévenir. Comme si c'était son genre... Peut-être un peu, elle reconnaissait son impulsivité, mais elle n'était pas aussi violente. Seules quelques personnes avaient le talent de lui faire voir rouge très facilement.

D'ailleurs, l'une d'entre elles se manifesta justement : l'écran de son téléphone posé devant elle s'illumina et le numéro de Mori apparut en appel entrant. Elle ne lui avait pas fait l'honneur de le mettre dans ses contacts mais elle avait quand même fini par reconnaître les chiffres de son numéro de téléphone. Elle fut bien contente d'avoir une excuse pour ne pas répondre – elle était en pleine formation, ce serait malvenu – mais elle s'interrogea sur les raisons qui pouvaient pousser l'homme à l'appeler.

Ils ne s'étaient pas adressé la parole, physiquement ou virtuellement, depuis qu'elle l'avait croisé au BEC de Yokohama. Elle ne savait toujours pas ce qu'il était venu faire là-bas ou avec qui il s'entretenait, et cela l'agaçait d'autant plus qu'il reprenne contact avec elle comme si de rien n'était. Elle laissa l'appel se terminer sans rien faire et ne lui adressa aucun message ensuite. Elle attendrait d'être en pause pour voir si elle l'ignorait ou non.

« Mademoiselle ? » Elle leva les yeux vers l'un des responsables de formation qui la dévisageait. « Pourriez-vous nous accorder un peu d'attention ? » Elle hocha la tête de mauvaise grâce, mais l'un des autres enchaîna :

« On a besoin d'un volontaire pour une démonstration. »

C'était complètement gratuit puisqu'il avait forcément remarqué qu'elle n'avait pas vu la prise précédente. Mais puisqu'elle n'était pas du genre à se laisser dominer par des hommes qui se croyaient supérieurs à elle parce qu'ils étaient mieux bâtis et plus grands qu'elle, elle se leva de sa chaise, vint se planter face au troisième homme qui fit mine de l'attaquer. Elle n'eut qu'à faire un pas de côté pour l'éviter et riposta avec un coup de pied bien senti au niveau du bas-ventre de son adversaire – coup de pied décuplé par les talons hauts qu'elle portait comme à son habitude.

Sous les yeux médusés des responsables de formation et de leurs élèves, l'homme tomba à terre avec un gémissement tandis qu'elle regagnait sa place comme si de rien n'était. Plusieurs personnes lui jetèrent de nouveaux regards craintifs dans lesquels on lisait néanmoins une admiration nouvelle. Satisfaite de son petit effet, Akiko sourit hypocritement aux deux hommes qui l'avaient « provoquée » et fit mine d'attendre qu'ils poursuivent.

Encore sous le choc, ils décrétèrent finalement que c'était un bon moment pour organiser une pause. Plusieurs personnes se levèrent pour aller prendre l'air et l'inspectrice aux cheveux noirs les suivit tout en adressant un bref message au docteur Mori : « Qu'est-ce que tu veux ? ». En réponse, il la rappela instantanément. L'envie de ne pas répondre prit une nouvelle fois la jeune femme, mais elle se résolut à affronter l'homme :

« Quoi ? Je suis en formation alors faites vite.

– Tu as rencontré le professeur Natsume ? » La question était tellement inattendue qu'il lui fallut quelques secondes pour répondre :

« Oui ? » Elle ignorait que Mori connaissait cet homme. Mais cela n'aurait peut-être pas dû l'étonner puisqu'il lui semblait parfois qu'il connaissait absolument tout le monde. Au moins de nom, voire plus en détail.

« Quand ?

Quand je suis venue à Tokyo pour le travail, répondit-elle en songeant qu'elle n'avait aucun compte à lui rendre en réalité.

Tu ne m'en as pas parlé.

Depuis quand sommes-nous assez proches pour que je vous dise ce genre de choses ? Cela ne vous regardait pas. Je ne connaissais même pas cet homme quand il m'a abordée.

– Qu'est-ce qu'il t'a dit ? » Exaspérée par toutes ces questions, elle finit par répliquer sèchement :

« Je ne crois pas que j'ai à vous rendre des comptes sur mes faits et gestes. Nous ne nous devons rien vous vous souvenez ? Ce n'est pas parce que ma mère vous accordait sa confiance que j'en fais de même. Et n'oubliez pas que je ne vous ai pas pardonné ce que vous avez fait ! » Il y eut un silence prolongé à l'autre bout du fil, et elle crut un instant que le médecin n'allait pas répondre. Il reprit cependant la parole d'un ton mesuré :

« J'ai bien conscience que tu ne m'apprécies pas mais je ne peux pas ne rien faire face à cette information. Je sais que le professeur Natsume t'a confié quelque chose qu'il ne veut pas me dire.

Eh bien, méditez sur ses raisons, cingla-t-elle. Il doit savoir comme nous tous que vous n'êtes pas digne de confiance.

– Je ne suis pas ton ennemi, dans cette affaire comme au quotidien. Tu ne te méfies pas de la bonne personne.

Oh ? Et de qui devrais-je me méfier alors, puisque vous semblez tout savoir ? Qui dans mon entourage est moins digne de confiance que vous ? » Elle s'attendait, presque triomphale, à ne pas obtenir de réponse de la part de son interlocuteur acculé, mais le nom tomba comme une pierre :

« Dazai. »

Elle en resta bouche-bée. Elle pensait qu'il ne répondrait rien, ou alors le nom d'une personne qui lui semblerait complètement ridicule car jamais cette personne ne pourrait les trahir. Mais Mori avait répondu, et elle réalisa en même temps que, à sa grande honte, elle ne parvenait pas à protester aussi violemment qu'elle ne l'aurait dû.

« Non, répliqua-t-elle finalement, mais son ton n'était plus aussi assuré.

Tu en doutes toi-même.

Qu'est-ce que vous en savez ? Et comment vous pourriez savoir ce genre de choses ? Vous ne connaissez même pas Dazai.

– Détrompes-toi, je le connais mieux que tu ne le penses. Crois-moi ou non, c'est comme tu veux. Mais dis-moi ce que le professeur Natsume t'a dit. »

Il y avait dans sa voix une telle intonation suppliante qu'Akiko en fut extrêmement déstabilisée. Elle n'avait jamais entendu l'homme supplier qui que ce soit. Et elle n'aurait jamais imaginé l'entendre un jour. Surtout pas en s'adressant à elle.

« Il m'a dit de faire attention à un marionnettiste, finit-elle par répondre, éprouvant un peu de pitié pour son interlocuteur. Et de prévenir l'inspecteur Fukuzawa qu'il devait être prudent. »

Il y eut un silence à l'autre bout du fil et la jeune femme repensa au moment où elle avait transmis cet avertissement à son supérieur. Celui-ci s'était contenté de secouer la tête doucement en la remerciant. Elle avait eu un vague mauvais pressentiment mais l'avait repoussé dans un coin de son cœur. Son supérieur était largement capable de se débrouiller seul.

De l'autre côté de la ligne, Mori ne parlait plus et la jeune femme s'interrogea quelques instants à ce sujet avant d'entendre un petit bruit répété signalant que son interlocuteur avait raccroché. Elle observa son écran, les sourcils haussés. Quelle mouche piquait ce fichu médecin ? Ce n'était pas dans ses habitudes d'agir de façon aussi étrange.

Elle se demandait aussi pourquoi cela l'intéressait tant de savoir ce que cet étrange homme du nom de Sôseki Natsume lui avait dit. Ses avertissements étaient remplis de mystère et elle n'en comprenait absolument pas le sens. En avaient-ils plus pour Mori ? Peut-être que l'appellation du « marionnettiste » lui parlait plus qu'à elle.

En ce qui concernait l'avertissement adressé à Fukuzawa, son supérieur n'avait pas semblé en tenir réellement compte et, de toute façon, l'affaire de la disparition de Gin Akutagawa était close. Non résolue, mais close aux yeux du gouvernement.

Lorsque Ranpo avait déclaré savoir où se trouvait la jeune femme, ils avaient tous ressenti cette bouffée d'espoir à l'idée qu'ils allaient peut-être la retrouver saine et sauve. Pourtant, les capacités de déduction de l'inspecteur lui avaient fait défaut au pire moment : lorsqu'ils avaient envoyé des policiers à l'endroit où elle devait se trouver, il n'avaient trouvé qu'une pièce vide.

Soit Ranpo s'était trompé sur toute la ligne, soit leur adversaire avait été plus rapide. Et vu le profil du numéro inconnu, s'il était bien en effet derrière toute l'affaire comme Fukuzawa l'avait supposé, la deuxième hypothèse était possible. Quoiqu'il en fût, toutes leurs perquisitions se soldèrent par des échecs retentissants.

Akiko s'en voulait d'avoir été impuissante alors qu'elle avait garanti à Ryunosuke qu'ils retrouveraient sa sœur. Après plus d'un mois de disparition, les chances de retrouver la jeune femme en vie étaient bien maigres. Elle continuait d'espérer, comme l'inspecteur principal Fukuzawa d'ailleurs, mais l'affaire étant classée, il était difficile de poursuivre l'enquête avec leurs minces ressources.

Elle repensa aussi aux dires de Mori, au sujet de Dazai et de la confiance que lui portaient ses collègues. Le jeune homme était-il réellement un traître ? Elle avait du mal à le croire. Il était certes agaçant et arrogant, mais il était complètement impliqué au sein de leur équipe. Et puis, il s'était tout autant investi qu'eux sur l'enquête de Topaz. Cela lui semblait vraiment invraisemblable qu'il les trahisse.

Pourtant, une part d'elle continuait de lui souffler que ce n'était pas complètement impossible non plus. Elle s'en voulait de penser ainsi mais elle ne pouvait pas se mentir à elle-même. Les propos de Mori n'avaient pas fait naître des doutes en elle, ils les avaient simplement éveillés. Elle se pinça l'arête du nez et poussa un profond soupir. Chaque confrontation qu'elle avait avec Mori la mettait toujours sur les nerfs, pour diverses raisons.

Les responsables de formation choisirent ce moment précis pour annoncer la fin de leur pause mais, au lieu de retourner dans la salle s'installer à sa table, elle tourna les talons et prit la direction de la sortie sans prêter attention aux injonctions des hommes qui la rappelaient. Elle n'avait pas envie de retourner écouter leurs cours stupides d'auto-défense pour les débutants. Elle abandonna donc son stylo et son bloc note et quitta le centre de formation sans regarder derrière elle.

Fukuzawa allait lui remonter les bretelles quand il apprendrait ce qui s'était produit, mais elle décida de reléguer cette idée dans un coin de son esprit. Elle préférait ne pas imaginer ce que l'homme allait lui dire quand il allait apprendre qu'elle avait dérogé à ses fonctions et manqué de respect – même légèrement – à un de leurs supérieurs.

Elle marcha quelques minutes dans les rues de la capitale avant de s'asseoir sur un banc inoccupé et de sortir son téléphone. Elle ouvrit son répertoire et hésita quelques instants sur la personne à appeler. Elle finit par trancher et par presser le nom de son ami d'enfance et plus proche confident, qui répondit au bout de quelques secondes – évidemment, il n'avait probablement rien de mieux à faire :

« Akiko, tu tombes bien ! J'ai une nouvelle du tonnerre ! » La jeune inspectrice sourit légèrement devant l'énergie inépuisable de Kaiji et le laissa poursuivre sans rien dire : « Je commence à avoir des fans !

Kaiji, on en a déjà parlé. Si les gens te regardent en murmurant, ce n'est pas parce qu'ils t'admirent mais parce que tu leur fais peur.

Mais non, je ne parle pas de ça. J'ai reçu une nouvelle commande d'inventions ! » Décidément, ses conversations avec Kaiji ne cessaient de la surprendre. Après toutes ces années passées à se moquer des inventions inutiles du brun, elle peinait encore à admettre qu'il y avait des gens qui voulaient les lui acheter.

« Sérieusement ?

Oui ! Tu te souviens de l'homme qui avait acheté tout mon stock ? Il a parlé de moi à un de ses amis, qui vient de me contacter pour une commande !

Quel genre de commande ? s'enquit Akiko, curieuse.

Un appareil capable de casser de gros blocs de roche pour en faire des plus petits ! Il travaille dans une ancienne carrière a priori. »

L'inspectrice se posa deux questions : la première était « Est-ce qu'il est vraiment capable de fabriquer ça ? » et la deuxième « Ce genre d'appareil n'existe-t-il pas déjà ? » mais elle les garda toutes les deux pour elle. Elle ne voulait pas briser la bulle dans laquelle se trouvait son meilleur ami désormais – de toute manière, elle n'y parviendrait sûrement pas. Quand Kaiji partait dans ses délires, il était souvent impossible de le faire redescendre.

« Félicitations, finit-elle par déclarer. J'espère que tu ne le décevras pas.

Bien sûr que non ! s'offusqua son interlocuteur. Je travaille déjà sur le prototype au moment où je te parle. Ça va être ma meilleure invention, et de loin. » Ça, la jeune femme demandait à voir. Les catastrophes ambulantes qu'étaient les inventions du jeune homme étaient quelque chose à laquelle elle n'était que trop habituée. « Sinon, comment tu vas toi ? C'est rare que tu m'appelles.

J'étais supposée être en formation à Tokyo mais je suis partie. » À l'autre bout du fil, Kaiji s'esclaffa. « J'ai eu un appel de Mori, ajouta-t-elle ensuite.

Qu'est-ce qu'il te voulait ? » demanda prudemment le scientifique, soudainement un peu plus calme.

Il connaissait tout des différends qui opposaient depuis des années le docteur Mori et son amie de toujours, même s'il ne prenait pas parti. En tant que scientifique, il disait respecter le médecin pour ses talents, mais en tant qu'ami proche d'Akiko, il savait bien d'où provenait l'aversion profonde de l'inspectrice pour l'homme.

« Savoir ce qu'un de ses amis m'avait dit. Et me mettre en garde contre un de mes collègues qui serait un traître. Je n'arrive pas à savoir s'il y a de la vérité dans ses dires.

C'est ton collègue. Tu devrais être bien placée pour savoir ce qu'il en est.

Si au moins je pouvais le comprendre. C'est une énigme.

C'est ce Dazai ? » Elle lui avait déjà parlé de tous ses collègues, mais elle décela une note d'intérêt dans la voix de son ami.

« Tu vas encore m'apprendre des choses que j'ignore complètement alors que c'est moi l'inspectrice ? demanda-t-elle, suspicieuse.

Non... C'est juste que j'ai entendu parler de lui dernièrement.

Par qui ? Et dans quel contexte ?

C'est un interrogatoire ? s'amusa Kaiji. Un de mes amis m'a parlé de lui. En bien. Donc, je ne pense pas que tu ais besoin de te méfier. »

Un « ami » hein... Elle avait évidemment connaissance des rumeurs qui couraient sur son collègue brun, au sujet d'une fréquentation qu'il aurait. Les paris étaient ouverts sur l'identité de la personne en question, même si les inspecteurs n'y mettaient pas sérieusement toutes leurs compétences – ils avaient quand même un peu de respect pour la vie privée des autres.

« C'est ton ami aussi qui t'avais dit qu'il se passait des choses étranges au temple Sôji ?

Non, ça c'était ma petite amie. » répliqua le jeune homme du tac au tac. Akiko resta silencieuse quelques secondes avant de lâcher :

« Tu es célibataire depuis ta naissance.

Tu pourrais réagir autrement !

Je sais que c'est un mensonge ! Tu ne sais pas mentir je te rappelle, surtout pas à moi. Il est impossible que je gobe un mensonge aussi gros.

Un jour ce sera la vérité. » affirma le jeune homme avec conviction. Encore une fois, la jeune femme se retint de briser les rêves de son ami. Elle ne le condamnait pas à rester seul non... mais si un jour il lui présentait vraiment une petite amie, elle s'interrogerait fortement sur les motivations de la fille.

« Donc, c'était qui ? reprit-elle sans tenir compte des murmures vexés de son ami.

Une connaissance. » La réponse floue ne convainquit pas l'inspectrice aux cheveux noirs qui fit la moue et insista :

« Quel genre de connaissance ? »

A l'autre bout du fil, Kaiji ne répondit rien, et Akiko pressentit qu'elle n'allait pas être satisfaite de la réponse qu'il allait lui donner. Elle aurait dû se méfier de cette information dès le début au lieu de lui faire confiance. Elle inspira un grand coup et lâcha d'une voix posée – trop posée :

« Kaiji, ne me dis pas que c'est Mori qui te l'a dit.

Ce n'est pas Mori qui me l'a dit. » La réponse était celle qu'elle voulait entendre, mais le ton ne collait pas, aussi elle laissa échapper un petit cri d'agacement :

« Mais il ne peut pas se mêler de ses affaires lui ? » pesta-t-elle. La propension du docteur à se mêler littéralement de tout était à la fois impressionnante et frustrante.

« Écoute, je pense que tu le juges mal sur cette affaire, avança prudemment Kaiji. Je sais parfaitement ce qu'il a fait pour que tu le méprises autant. Mais je crois vraiment qu'il voulait vous aider à retrouver Gin Akutagawa. » La mention du nom complet de la jeune disparue retint l'attention de l'inspectrice et la calma quelque peu.

« Tu savais vraiment tout alors. Quand je pense aux efforts de la prêtresse Ôzaki pour garder ça secret... »

Elle laissa échapper un petit rire ironique en repensant à la femme aux cheveux roses et à toutes les précautions qu'elle avait prises pour conserver sa réputation immaculée et faire en sorte que personne n'apprenne que quelqu'un de sa famille avait mystérieusement disparu. Visiblement, il y avait malgré tout un nombre considérable de personnes qui n'ignorait pas ce fait.

« Cette histoire est vraiment louche tu sais, reprit son ami, inhabituellement sérieux.

Si Mori trempe dedans, ça ne me surprend pas, grinça-t-elle.

Je ne fais pas allusion à sa présence. Je veux dire... Elle a disparu sans laisser la moindre trace, pour réapparaître comme si de rien n'était à Tokyo et refuser de rentrer avec son frère. Et elle est désormais de nouveau introuvable.

Comment connais-tu tous ces détails confidentiels ? demanda la jeune femme. Ou plutôt, comment Mori les connaît-il tous ?

J'ai cru comprendre qu'il était plutôt proche de la prêtresse Kôyô Ôzaki. Pas d'une manière étrange, précisa-t-il après quelques secondes de silence. Juste comme des amis.

De toute façon, je ne désire pas connaître ce genre de détails, marmonna Akiko. Sa vie personnelle m'importe peu. »

Ils discutèrent encore quelques instants, puis Kaiji raccrocha pour se concentrer sur son prototype de machine et laissa son amie à ses pensées. Elle avait le cerveau en ébullition à cause de tout ce qu'elle avait appris en l'espace de deux appels. Pour trier ses pensées, elle sortit un petit calepin de la poche de son manteau – digne des meilleurs détectives – et se mit à griffonner dessus avec le petit stylo inclus dedans – son vrai stylo était resté en salle de formation.

Elle commença par remettre les bases de l'affaire Gin Akutagawa : la concernée était une lycéenne en dernière année à l'Académie Internationale de Yokohama, qui n'était pas rentrée chez elle un week-end alors que c'était une habitude chez elle. Ses parents, inquiets, s'étaient rendus à l'Académie pour aller dans sa chambre et ne l'y avaient pas trouvée non plus.

Les appels étaient restés sans réponse et personne, que ce soit son frère, ses camarades, sa petite amie ou ses professeurs, n'avait pu dire où elle s'était rendue. Au final, après quelques jours de silence radio, Kôyô Ôzaki avait accepté de contacter la police, mais uniquement le meilleur inspecteur de la Brigade des Enquêtes Criminelles, Yukichi Fukuzawa. Elle n'avait d'abord confié l'affaire qu'à lui pour protéger sa réputation, avant de finir par accepter de mettre plus d'inspecteurs sur l'affaire. Elle avait également été menacée par le numéro inconnu, qui lui avait envoyé un brouillon de mail adressé à toutes les instances de police et qui révélait tous les secrets de cette affaire.

Voilà tout ce qu'ils avaient appris de la bouche de la famille de Gin Akutagawa. À ces informations, ils avaient rajouté celles de Fukuzawa (et indirectement de Ryunosuke) : le pendentif dont la jeune lycéenne ne se séparait jamais avait été retrouvé dans un parc, à un emplacement indiqué par un numéro inconnu, et quelques heures plus tard, elle avait été aperçue à Tokyo avec un homme dont personne n'avait pu obtenir de description – Akutagawa refusait de la donner. Elle n'avait absolument pas voulu suivre son frère pour des raisons encore obscures et s'était une nouvelle fois volatilisée.

Elle pouvait maintenant rajouter les quelques informations dont elle disposait désormais : Mori était ami avec Kôyô Ôzaki et n'était sans doute pas étranger à la décision de la prêtresse de confier l'affaire à plusieurs inspecteurs. Peut-être même était-ce lui qui, dès l'origine, lui avait conseillé de confier l'affaire à Fukuzawa. Plusieurs interrogations subsistaient cependant : pourquoi parler de cela à Kaiji ? Pour qu'elle en entende elle-même parler ? Mais la question restait la même : pourquoi ? Quel intérêt retirait Mori de la résolution de cette disparition ? – il en tirait forcément un intérêt, cet homme ne faisait rien gratuitement.

Elle poussa un soupir en achevant sa réflexion intense. Elle avait noirci plusieurs pages de son carnet avec ces simples faits et interrogations. La disparition de Gin Akutagawa continuait de la hanter malgré son statut aujourd'hui clos. À l'instar de son supérieur et ancien mentor, elle ne parvenait pas à renoncer à cette affaire.

Restait aussi la délicate question de Dazai et de sa « traîtrise ». Elle restait toujours peu convaincue que son collègue soit un traître comme l'affirmait Mori... mais elle savait au fond d'elle qu'il en était capable. Il était un inspecteur talentueux, perspicace, mais elle avait aussi conscience qu'il avait un sens de la justice parfois discutable et qu'il pouvait agir égoïstement, sans réellement penser aux autres. Comment savoir alors si oui ou non il était une « taupe » comme on surnommait parfois ceux qui jouaient un double jeu ?

Son comportement de ces derniers temps était étrange, certes, surtout avec tous ces appels auxquels il répondait presque systématiquement. Elle se mit à se demander s'il s'agissait vraiment de coups de fil passés à un amant... ou à un complice. Mais ils n'avaient observé aucune fuite d'information ces dernières semaines, depuis que Dazai était revenu.

Sauf en ce qui concernait Gin Akutagawa, réalisa-t-elle, et son cœur rata un battement lorsqu'elle se souvint de l'échec de leur expédition et de la prévision de Ranpo, cet échec si surprenant et inexplicable... Non, non, elle secoua la tête pour chasser cette pensée de son esprit. Dazai ignorait tout de l'affaire Akutagawa. Il ne pouvait pas avoir prévenu ceux qui avaient enlevé la jeune fille que d'autres inspecteurs étaient sur l'affaire. Et puis, pourquoi aurait-il fait cela ? Il avait peut-être un sens de la justice étrange mais il ne tolérait pas des enlèvements et des séquestrations...

Elle massa ses tempes pour se calmer et remettre du calme dans ses pensées. Elle ne devait pas se monter la tête inutilement. Pourquoi laissait-elle les paroles de Mori autant l'atteindre ? D'ordinaire, elle n'aurait même pas prêté attention à ses dires. Elle aurait juste chassé ses provocations de son esprit et n'y aurait plus repensé. Mais celle-ci restait dans son cerveau avec une obstination dérangeante.

« Excusez-moi ? » Une voix masculine parvint à ses oreilles, une voix doucereuse et inconnue qui lui fit relever la tête. Un homme se tenait face à elle, aux longs cheveux d'argent et au crâne entouré de bandages blancs. Il lui offrit un petit sourire qui la mit mal à l'aise.

« Oui ? répondit-elle malgré tout d'une voix assurée.

Seriez-vous par le plus grand des hasards une inspectrice de police ? » Akiko fronça les sourcils légèrement et finit par hocher la tête avec suspicion malgré tout. Elle n'était pas très loin du centre de formation alors une telle déduction n'était pas compliquée, mais cela lui semblait étrange malgré tout.

« Je peux vous aider ?

Eh bien, à vrai dire, oui. J'aimerais que vous transmettiez un message à un de vos supérieurs, peu importe lequel.

Quel genre de message ? »

Sa suspicion devenait de plus en plus grande à chaque minute. Son intuition d'inspectrice lui criait qu'il y avait quelque chose d'étrange dans cette histoire et elle balaya les alentours d'un regard vif, sur ses gardes. Alors qu'elle refocalisait son attention sur son interlocuteur, un éclat accompagné d'un mouvement vif attira son attention, et elle parvint de justesse à bloquer une attaque au couteau qui aurait pu lui être fatale.

En un éclair, elle fut debout, à quelques mètres de son agresseur qui faisait désormais la moue. Son bras gauche la lançait légèrement, là où elle avait bloqué le coup et portait donc désormais une entaille sans gravité. Ses yeux magenta brillants de colère se posèrent sur l'homme en face d'elle et elle regretta de ne pas avoir son arme de service avec elle. Elle aurait au moins pu intimider l'autre... Elle n'avait sur elle qu'un stylo miniature pour se défendre, nul doute que cela ne ferait même pas ciller son opposant.

« Vous êtes plus réactive que je ne le pensais, lâcha ledit opposant. Mais je ne commettrais pas la même erreur que la dernière fois. » Aux oreilles de l'inspectrice, cette phrase résonna comme un aveu : c'était sans doute l'homme qui avait attaqué Ryunosuke. Était-ce donc cet homme qui se jouait d'eux depuis le début, ou y avait-il encore un complice caché ?

« Je ne sais pas qui vous êtes mais vous allez me suivre, répliqua Akiko sans laisser paraître son inquiétude vis-à-vis de la situation.

Malheureusement, j'ai d'autres projets en tête.

Pourquoi vous essayez de vous en prendre aux inspecteurs de Yokohama ? interrogea la jeune femme, aussi bien pour gagner du temps que pour essayer de récupérer des informations.

Vous faites fausse route. Je ne m'en prends pas à vous parce que vous êtes de cette ville ridicule, mais parce que vous enquêtez sur une affaire spéciale. »

L'affaire Gin Akutagawa. Voilà qui expliquait les avertissements de Sôseki Natsume, particulièrement adressés à Fukuzawa qui était le seul en charge de l'affaire au début. Désormais, Ranpo et elle en savaient aussi long sur cette histoire. La pensée l'effleura qu'ils n'étaient pas les seuls : Kaiji aussi. Son ami allait-il être attaqué également ? Ils n'avaient pour le moment été ciblés que dans la capitale mais cela durerait-il ?

Il était impératif qu'elle puisse arrêter l'homme face à elle pour l'interroger plus amplement dans les salles d'interrogatoire du département tokyoïte. Mais la tâche s'annonçait quelque peu ardue compte tenu du fait qu'elle était désarmée, contrairement à lui. Le moment est venu de se reposer sur les compétences dont je me suis vantée tout à l'heure, songea-t-elle en se mettant en position défensive. Elle avait le sentiment que son adversaire n'était pas aussi doué en arts martiaux qu'elle. Il comptait sans doute parvenir à la réduire au silence avec son premier coup de couteau. À elle de prendre l'avantage en s'appuyant sur ce fait.

Il s'élança pour l'attaquer frontalement mais elle anticipa sans problème son mouvement et contre-attaqua avec un coup de poing en direction du visage de l'autre. Elle atteignit sa cible – ses phalanges sentirent passer l'impact – mais il ne cilla même pas et asséna un nouveau coup de lame qu'elle évita de justesse, rapidement suivi de plusieurs autres qui entaillèrent sa chemise mais pas sa peau heureusement.

Elle conserva son équilibre tant bien que mal et fit de son mieux pour attraper le bras qui tenait le couteau et ainsi désarmer son adversaire ; il était cependant plus habile qu'elle ne l'avait pensé au début et elle eut toutes les difficultés du monde à s'approcher de lui. Il ne cessait de bouger vivement, et elle ne parvenait pas à conserver son emprise sur lui plus de quelques millisecondes.

En désespoir de cause, elle tenta de le déséquilibrer. Il était plus massif qu'elle – même si elle avait affronté des adversaires bien plus imposants que cet homme étrange – mais, comme elle l'avait démontré lors de sa formation, elle connaissait bien des techniques pour déséquilibrer les personnes plus imposantes qu'elle. Honnête ou non.

Elle fléchit la jambe et tenta de balayer celles de son adversaire, qui réussit à ne pas s'effondrer malgré tout et la déséquilibra à son tour. Elle s'effondra et l'autre en profita pour la poignarder dans le ventre, mais ses réflexes lui permirent de limiter la plaie à l'extrémité de sa hanche. Une vive douleur la lança malgré tout et elle parvint difficilement à se redresser pour éviter qu'il ne reparte à l'attaque.

L'homme ramena ses cheveux argentés en arrière et décida de changer d'approche : il sortit un deuxième couteau – comme si un ne suffisait pas – et repartit à l'attaque. La jeune femme s'épuisait légèrement, ses blessures la lançaient et l'autre ne faiblissait pas. Il continuait ses attaques avec la même intensité qu'au début et parvenait de mieux en mieux à bloquer celles de l'inspectrice.

Pour tenter malgré tout de reprendre le dessus, elle décida de s'accrocher à toutes les techniques que l'inspecteur Fukuzawa lui avait enseignées et changea elle aussi d'approche : elle se posta simplement en position défensive et attendit simplement la première opportunité de lui planter un coup de poing bien placé dans la cage thoracique. L'autre se défendait bien, mais on voyait que ses connaissances dans le domaine des arts martiaux étaient primitives et qu'il finirait par laisser des ouvertures ; et en effet, l'une de ses attaques qui atteignit la joue de l'inspectrice laissa son flanc gauche exposé suffisamment longtemps pour qu'elle y enfonce son poing et le fasse chuter.

Elle se plaça sur lui pour se positionner de telle façon à lui bloquer toute retraite et à l'immobiliser longuement. Elle n'avait pas de menottes sur elle malheureusement, alors elle se contenta de maintenir tout son poids sur lui pendant qu'elle sortait son téléphone pour prévenir la police – chose qui ne fut pas aisée puisque l'autre ne cessait de bouger pour essayer de s'échapper. Elle jeta ensuite un regard agacé aux passants qui s'arrêtaient pour la regarder avec stupéfaction et les incita vivement à reprendre leur chemin. Ce n'était pas un spectacle après tout, et cet homme était encore dangereux. Elle avait fait voler les deux couteaux hors de sa portée mais quand même. Elle restait consciente que la moindre seconde de relâchement pouvait renverser la situation. Si l'autre parvenait à se relever et blesser des civils... Elle ne se le pardonnerait pas.

Fort heureusement – et étrangement – l'autre avait cessé de se débattre pour rester tranquille sur le sol bétonné. Akiko trouvait ce revirement assez étrange, aussi elle ne baissa pas sa garde. Qui savait ce qu'il mijotait encore... Elle dut encore attendre quelques minutes pour que deux voitures aux gyrophares allumés arrivent à toute vitesse dans la petite rue de la capitale et qu'une horde de policiers armés en descende.

Ils se mirent en formation – ce que la jeune femme trouvait presque ridicule puisque le danger était écarté pour le moment – et s'avancèrent prudemment vers elle. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'ils se méfiaient tout autant de l'homme au sol que d'elle, et elle retint un soupir méprisant.

« Madame, vous pouvez vous relever. » lui indiqua l'un des hommes pendant que d'autres s'approchaient pour maintenir à leur tour son adversaire sur le sol. Elle s'exécuta sans protester et en profita pour sortir sa plaque de service.

« Inspectrice Akiko Yosano du Bureau des Enquêtes Criminelles de Yokohama, se présenta-t-elle d'un ton ferme. Cet homme a tenté de me poignarder à plusieurs reprises. » L'autre hocha la tête après une petite hésitation et lui désigna une jeune femme qui discutait avec d'autres policiers non loin.

« L'inspectrice Yamagawa se trouve là-bas. C'est elle qui est responsable de cet homme. » Akiko l'observa et se souvint qu'elle l'avait déjà vue aux côtés de l'inspecteur Minoura du département d'identification, lors de leur première visite. Elle se dirigea vers la brunette qui se tourna vers elle en la voyant arriver.

« Inspectrice Yosano, c'est ça ? l'interrogea-t-elle, elle se rappelait visiblement elle aussi qu'elles s'étaient déjà rencontrées.

Et vous êtes l'inspectrice Yamagawa. » Heureusement que l'autre homme lui avait donné son nom, songea-t-elle. Elle aurait été bien en peine de le retrouver sinon.

« Oui, du Bureau des Enquêtes Criminelles de Tokyo. Les agressions ne font pas partie de mes tâches, mais l'inspecteur en charge de ces crimes est déjà sur une autre affaire.

Merci d'être venus au plus vite en tout cas. Qu'allez-vous faire de lui ?

Il va être emmené au département de la police métropolitaine, puis interrogé. Ensuite, eh bien, nous aviserons. Vous comptez porter plainte je présume ?

Bien sûr. Je n'apprécie pas vraiment d'être attaquée ainsi dans la rue. » Son interlocutrice eut un petit rire.

« Nous en discuterons tout à l'heure alors. Pour le moment, la priorité c'est... »

Elle n'acheva pas sa phrase en entendant des exclamations étouffées en provenance des policiers chargés d'emmener l'homme dans leur voiture. Les deux jeunes femmes reportèrent toute leur attention sur eux, et sur l'exclamation qui suivit :

« Il est mort ! »

Avec stupéfaction, Akiko constata en effet que la tête de l'homme pendait étrangement sur le côté, et que ses yeux étaient révulsés. Alors que tous les regards se tournaient vers elle, soupçonneux, elle sentit son portable vibrer dans la poche de sa veste. Elle le sortit, sans se préoccuper de leurs regards curieux, s'attendant presque à voir un message provocateur du numéro inconnu. Mais elle se trompait.

De : Dazai

Ranpo a été pris pour cible par une attaque criminelle.

Parfois, la situation pouvait toujours empirer. 

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