05 - 𝐋'Affaire

coucou !
c'est bientôt noël, je sais que je l'ai déjà dit dans le chapitre précédent mais là c'est vraiment le cas-
et les vacances sont enfin là- (sauf si vous avez cours le samedi matin, auquel cas je vous dit courage.)
en tout cas, j'espère que vous passerez de belles fêtes de fin d'année, que vous réussirez à vous reposer et à célébrer malgré les grèves des transports, et je souhaite que l'année 2020 soit pleine de bonnes choses pour vous ❤

le prochain chapitre sortira le 03 janvier ! bonne lecture !

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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐂𝐢𝐧𝐪 ─ 𝐋'𝐀𝐟𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞

La jeune femme avait du mal à contenir les divers sentiments qui brûlaient en elle alors qu'elle faisait face au cercueil. Dans son dos, les murmures et les pleurs qui parvenaient à ses oreilles ne faisaient qu'accentuer les émotions qui l'animaient. Hypocrites. Menteurs. Voilà ce qu'elle désirait leur hurler.

Ils étaient là, vêtus de noirs, un mouchoir dans la main pour s'éponger les yeux, alors qu'aucun d'eux n'avait été là quand il le fallait. Quand Tsuya avait perdu son mari, son travail, tout ce qu'elle avait sauf sa vie, ils n'avaient pas été présents pour elle. Et maintenant, ils venaient pleurer sa disparition. Tant d'hypocrisie l'écœurait, et dans d'autres circonstances, elle leur aurait probablement jeté au visage tout ce qu'elle pensait d'eux.

Un raclement de chaise la tira de ses pensées sombres, et un homme s'assit à ses côtés. Elle ne lui jeta qu'un seul regard, pour s'enquérir de son identité. Lui aussi faisait partie de ceux à qui elle avait beaucoup de choses à dire, mais pour des raisons différentes des autres. Il n'y couperait pas lui non plus, mais elle lui reconnaissait une chose à ce moment précis : il ne s'embêtait pas à feindre le deuil extrême. A part son costume noir – mais il en portait un tous les jours – et son sourire qui était pour une fois absent de son visage de vampire, il n'avait rien changé.

Il soutint son bref regard, avant de laisser échapper un bref rire, comme s'il avait deviné ses pensées. Ledit rire lui attira des regards courroucés de la part des autres membres de la famille « endeuillés », mais cela ne sembla guère l'atteindre. Il se contenta simplement de déclarer, d'une voix égale – et presque moqueuse, elle l'aurait juré :

Toutes mes condoléances pour le décès de ta mère, Akiko.

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J – 65
15 NOVEMBRE

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C'était la première fois depuis plusieurs semaines que les inspecteurs de la brigade de Fukuzawa n'étaient pas désœuvrés. Finies les lectures d'emballages divers, finis les empilements de post-it ou d'autres objets de bureau, désormais les neurones fonctionnaient à toute allure et on courait à droite et à gauche pour rassembler tout ce qui était nécessaire à un briefing complet sur la nouvelle affaire.

Le temps que Ranpo – normalement en congés, mais il ne les aurait pas pardonnés s'ils ne l'avaient pas prévenu qu'une enquête leur était finalement confiée – arrive, tout était prêt : Akiko et Ryunosuke avaient ramené des archives la documentation relative au criminel évadé tandis que Fukuzawa discutait au téléphone avec ses supérieurs du bureau de Tokyo et que Dazai, Kunikida et Atsushi rassemblaient des feuilles et des stylos.

Dès que l'inspecteur aux cheveux noirs pénétra dans le bureau, ils s'attaquèrent au résumé de tout ce qu'il s'était passé. Le jeune homme sembla particulièrement déçu d'avoir manqué la chute du coffre-fort, mais il était content que ses collègues l'aient contacté avant de commencer leur enquête.

« Ayatsuji n'est pas trop déçu ? s'enquit-il une fois que ses collègues eurent fini leur résumé.

– Il nous a laissé l'affaire en apprenant que c'est nous qui avions arrêté le criminel évadé. C'est d'ailleurs pour ça qu'on nous confie cette enquête à nous, le BEC de Yokohama, expliqua Akiko. D'ordinaire, ce n'est pas forcément notre rôle de pourchasser un criminel en fuite.

– De quelle affaire s'agissait-il ? » interrogea Ranpo. Dazai ouvrit l'un des dossiers ramenés des archives et le fit glisser jusqu'à son collègue au gavroche.

« Affaire du portrait, lâcha-t-il en utilisant le surnom qu'ils avaient donné à cette enquête.

– Celle qui était originellement dévolue à Tsujimura mais qui a atterri dans nos mains après la mort d'une innocente ? » Ranpo avait une mémoire stupéfiante des affaires qu'ils résolvaient.

« Celle-là même, répondit Kunikida. Pour résumer, déclara-t-il à l'intention de Ryunosuke et Atsushi qui n'étaient pas à la brigade à l'époque, un jeune homme s'est introduit chez un médecin et lui a dérobé un portrait avec un cadre en or et en joyaux. Lors de sa fuite, il a tué « accidentellement » une jeune femme qui passait non loin.

– On n'a jamais pu établir s'il s'agissait réellement d'un accident, commenta Akiko.

– Mais au vu des circonstances, c'est plus que probable, ajouta Dazai. Elle se trouvait vraisemblablement au mauvais endroit au mauvais moment.

– Quoiqu'il en soit, reprit Kunikida, on a appréhendé le coupable environ une semaine après. Il a été condamné à de lourdes peines de prison pour vol et homicide involontaire. Et il vient de s'enfuir, conclut-il en secouant la tête.

– Donc, on doit juste le rattraper ? demanda Ryunosuke.

– Plus facile à dire qu'à faire en général, répliqua sa supérieure et responsable de mission. La police bloque toutes les sorties de la capitale, mais il y a une petite chance qu'il ait quitté la ville avant que les barrages soient mis en place. »

Les discussions étaient lancées, on énumérait les dispositifs mis en place dès l'annonce de l'évasion du criminel et on attendait que l'inspecteur Fukuzawa revienne avec les indications du bureau de Tokyo. Cela aurait normalement dû être l'affaire des tokyoïtes, mais puisque l'affaire du portrait avait été résolue par leurs soins et qu'ils étaient totalement désœuvrés, on leur avait délégué le soin de rattraper le criminel.

Ce qui arrangeait grandement Akiko. Bon, cette affaire éveillait quelques mauvais souvenirs dans son esprit, mais au moins, ils avaient du travail, et pas une simple recherche de voitures, une vraie enquête. Ils n'avaient pas pour habitude de chercher des criminels déjà arrêtés, mais au moins ils allaient cesser de se tourner les pouces.

Pendant que ses collègues réfléchissaient aux parcours que pouvaient emprunter un criminel qui venait de s'évader de prison, elle consulta le dossier de l'affaire pour se rafraîchir la mémoire sur les petits détails que Kunikida n'avait pas mentionnés. Parmi les témoins entendus lors du procès, un nom attira son attention.

« Francis Fitzgerald ? » lut-elle avec surprise. Les autres tournèrent vers elle des regards intrigués, ne comprenant pas ce que le magnat venait faire dans cette histoire. Seuls Dazai et Ranpo répliquèrent avec une synchronisation parfaite :

« Il était là lors du procès.

– Ça je le vois, répondit Akiko. Mais qu'est-ce qu'il faisait là ? Et pourquoi il a témoigné ?

– C'était l'une de ses employés, fit l'inspecteur brun. La femme tuée. » précisa-t-il.

En tournant les pages du dossier, Yosano trouva en effet une confirmation des dires de son collègue : la victime se nommait Margaret Mitchell, c'était une responsable des ressources humaines à la Fitzgerald Corporation. Elle était morte à la suite d'une perte de sang trop abondante, causée par la balle que le criminel lui avait tirée dans la hanche.

« Pour les raisons du témoignage, je ne sais plus trop, reprit Dazai. Je crois qu'il voulait surtout être sûr que le tueur aille en prison.

– Ou il voulait une compensation pour la mort de son employée, ajouta Ranpo, ce qui sonnait plus vrai.

– J'espère qu'il ne se mêlera pas de la poursuite, soupira Kunikida. La presse va déjà se faire plaisir dès qu'ils apprendront l'évasion, si en plus il commence à donner des interviews, ce sera encore pire.

– Au moins, le médecin concerné ne risque pas de faire ça, railla Akiko.

– Il est mort ? interrogea Atsushi d'un ton hésitant.

– Non. » Malheureusement, ajouta-t-elle en son for intérieur, mais ses pensées devaient transparaître sur son visage car Ranpo eut un sourire amusé en l'observant, et le visage d'Atsushi continuait d'exprimer de la confusion. « Il n'est pas du genre à donner des interviews aux médias, précisa-t-elle finalement en tentant de modérer le venin dans sa voix. Même si la presse ou la télé l'approche, il déclinera leurs demandes d'interview. »

L'inspecteur en formation aux cheveux argentés hocha finalement la tête, acceptant l'explication de sa supérieure. Celle-ci reprit sa lecture du dossier, et s'intéressa cette fois à la reconstitution des événements. Tout d'abord, une intrusion par effraction avec l'aide d'un banal pied de biche. Le coupable avait ensuite dérobé un cadre précieux, et s'était enfuit juste après – cela avait beaucoup interpellé les inspecteurs, mais le coupable avait juste dit qu'il avait estimé que ce serait suffisant pour couvrir ses dépenses.

(Il était par la suite revenu sur cette déclaration, en expliquant que quelqu'un lui avait dit de ne voler que ça. Il ignorait cependant l'identité de cette personne, n'ayant conversé avec elle que par téléphone. C'était un homme, c'était tout ce qu'il avait pu leur dire.)

En s'enfuyant, le coupable était tombé sur une jeune femme qui avait remarqué son effraction – du moins selon les dires du tueur. Paniqué, il avait « accidentellement » pressé la détente du pistolet qu'il transportait avec lui – pistolet trouvé mystérieusement dans sa boîte aux lettres le matin même, sans autres empreintes que celles du cambrioleur.

Il avait ensuite tenté de fuir le pays avec son frère, apparemment la raison pour laquelle il avait commis son délit, mais avait été rattrapé alors qu'il tentait de rejoindre un aéroport hors de la capitale. Le cadre avait été récupéré et rendu à son propriétaire, et le coupable avait été emprisonné après un court procès.

Voilà qui constituait l'affaire dite du portrait (le cadre volé contenait un portrait, d'où le surnom) qu'ils avaient résolue trois ans auparavant. Ils avaient été six à travailler dessus – Fukuzawa, Ranpo, Dazai, Kunikida, Oda et elle – et avaient résolu l'affaire en une semaine environ. Une durée plus que raisonnable, surtout que le coupable avait quasiment disparu de la circulation après son crime.

En tournant une page, Akiko tomba justement sur la fiche du jeune homme qui avait commis le vol et le meurtre. Le visage effrayé du jeune homme aux cheveux auburn et aux yeux bleus la frappa. D'après la fiche, il n'avait que dix-sept ans au moment du crime. Cela lui avait au moins permis d'obtenir une peine allégée, dans une prison pour mineurs.

Il s'appelait Karma Topaz. Un étrange nom de famille, songea l'inspectrice, mais elle découvrit en poursuivant sa lecture qu'il s'agissait d'un nom que son père avait pris, car il avait été abandonné à la naissance sans nom de famille. Il résidait dans l'arrondissement de Sakae avant son arrestation, et étudiait dans le lycée public le plus proche. Il était un garçon sans problèmes jusqu'à ce dérapage, apparemment provoqué par des soucis financiers après le licenciement de son grand frère.

Rien de très exceptionnel en soi, pensa-t-elle. La plupart des jeunes criminels qu'ils arrêtaient dérapaient pour ce genre de problème. Ils voulaient s'enrichir, avec les seuls moyens dont ils disposaient. Mais dans ce cas précis, cela avait été un peu plus loin. Karma Topaz s'était retrouvé avec un meurtre sur les bras, et vu le profil psychologique qui avait été établi après son arrestation, il risquait d'avoir du mal à vivre avec pour le restant de ses jours.

« J'ai des informations supplémentaires, annonça Fukuzawa, qui avait visiblement achevé sa conversation avec la hiérarchie de Tokyo. Au sujet de son évasion. » Des regards curieux et attentifs se tournèrent vers lui. « Il s'est évadé de la prison de Katsushika, dans la capitale.

– Ce n'est pas normalement une prison de haute sécurité ? observa Dazai.

– « Normalement », répéta ironiquement Ranpo.

– Les inspecteurs qui se sont rendus sur place ont estimé qu'il avait reçu l'aide d'au moins une personne extérieure pour son évasion. Une personne très douée avec un ordinateur visiblement, puisqu'elle a remplacé les vidéos des caméras de surveillance par des morceaux de vidéo en boucle.

– C'est si classique, commenta Akiko. Depuis le temps qu'ils font le coup dans les séries, on ne devrait pas ne pas se faire avoir ? » Sa déclaration fit sourire certains de ses collègues, mais tous savaient qu'elle n'avait pas tort.

« Mais comment est-il sorti de sa cellule et de la prison ? interrogea Atsushi.

– Ce point est plus délicat. Il semblerait que les gardes aient trouvé la cellule de Karma Topaz ouverte lors de leur ronde. Personne ne sait exactement comment il l'a déverrouillée, et comment il a quitté l'enceinte de la prison.

– On est sûrs qu'il l'ait quittée ? » lâcha Dazai en plissant les yeux. Tous les autres haussèrent un sourcil d'incompréhension. « Il pourrait très bien se cacher à l'intérieur, en attendant une opportunité pour sortir, clarifia-t-il. La prison de Katsushika est immense.

– Elle a été fouillée de fond en comble, déclara Fukuzawa en secouant la tête négativement. Il est probablement en liberté dans la capitale. »

Vue la mine qu'affichait son collègue, Akiko doutait qu'il ait complètement abandonné son hypothèse. Fukuzawa ajouta que les plans de la prison allaient leur être envoyés au plus vite, mais qu'une brigade du bureau de Tokyo allait se charger de comprendre comment l'évasion avait pu avoir lieu.

« Doit-on se rendre à Tokyo malgré tout ? demanda Ranpo.

– Oui, mais ce n'est pas la peine que toute l'équipe y aille. Ranpo, Yosano et Akutagawa, vous suffirez largement. Des renforts vous seront envoyés si besoin. Kunikida et Nakajima, vous vous tenez prêts à intervenir si Karma Topaz est repéré à l'extérieur de la capitale. Il est originaire d'ici, alors il est possible qu'il cherche à y revenir.

– Et moi ? geignit dramatiquement Dazai, ce qui lui valut un regard noir de Kunikida. Vous me laissez de côté alors que c'est ma première mission depuis mon retour?

– Non, le rassura l'inspecteur expérimenté. Toi, tu vas interroger les proches de Karma. Éventuellement, Kunikida et Nakajima peuvent t'assister. »

Les yeux du brun pétillèrent soudainement d'excitation, et Akiko songea que, mine de rien, il avait obtenu la partie la plus intéressante du travail. Elle, elle devrait se coltiner le lendemain l'aller-retour à Tokyo, avec son subordonné muet et son collègue accro au sucre. Le voyage s'annonçait intéressant.

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« Là ! »

La voix enjouée de Ranpo arracha à Yosano un soupir de désespoir. Cela faisait une demi-heure qu'ils étaient partis, et ils s'étaient déjà arrêtés cinq fois, pour acheter diverses sucreries sur les aires d'autoroute.

« Non, lâcha-t-elle avec agacement. On s'est déjà trop arrêtés. On doit être au BEC de Tokyo dans quarante minutes. » Le jeune homme aux cheveux noirs poussa un gémissement plaintif.

« Tu es trop pressée Akiko... »

La jeune femme ne lui répondit même pas et se contenta de changer de voie. Ryunosuke, à l'arrière, les dévisagea tour à tour sans rien dire – une habitude permanente pour lui.

« J'envie Dazai..., se plaint à nouveau Edogawa. Il a la meilleure partie du travail !

– Il vient de revenir c'est normal, observa la jeune femme.

– Non. » L'inspecteur gonfla les joues de manière enfantine. « J'aurais bien voulu interroger les anciens amis de Karma Topaz. En plus je suis aussi doué que Dazai pour interroger ! »

Akiko lui jeta un regard moqueur, mais plus pour l'embêter qu'autre chose. Elle savait qu'il était en effet doté d'un certain talent pour déceler les mensonges et pousser les autres à se révéler, autant que Dazai. Ils étaient toujours les deux inspecteurs qui interrogeaient les suspects appréhendés – et qui obtenaient quasi systématiquement les aveux du coupable.

« Notre mission est importante aussi. Il y a de grandes chances que Topaz ne soit pas encore sorti de la ville, vu les barrages. » Ranpo opina, visiblement à contrecœur.

« On va devoir rester longtemps à Tokyo ? interrogea Ryunosuke.

– Ça dépendra de l'avancée de l'enquête, répondit sa responsable de formation. Si on le retrouve ou qu'il est repéré à l'extérieur de la capitale, on pourra rentrer. »

Depuis le rétroviseur central, Akiko vit sa mine déjà fermée se renfrogner encore plus. Cette nouvelle ne semblait pas le réjouir. C'était son premier déplacement professionnel – heureusement leur proximité avec le BEC de Tokyo, plus grand que le leur, leur épargnait de partir à l'autre bout du Japon et il irait rarement plus loin que la capitale pour des affaires.

Elle repensa à l'étrange image reçue sur son téléphone, mais chassa vite cet élément de son esprit. Elle devait se concentrer sur la route, pas sur une image envoyée par une personne dont elle ne connaissait absolument pas l'identité. Elle ne préférait pas commettre un accident alors qu'elle était elle-même supposée les empêcher. Et puis, bonjour le professionnalisme face à leurs supérieurs.

« Akiko ? » demanda soudainement Ranpo après plusieurs longues minutes de silence. La susnommée lui jeta un regard en coin, suspicieuse.

« On ne s'arrête plus je t'ai dit.

– D'accord, mais tu viens de rater la sortie. »

Le regard magenta de l'inspectrice se déporta immédiatement sur le GPS, qui indiquait effectivement la sortie qu'elle venait de dépasser, et qui demandait désormais de faire demi-tour. Elle retint un profond soupir de désespoir et de rage. Elle devait rester calme. Heureusement, le GPS avait recalculé leur itinéraire et indiquait finalement la sortie suivante – que la jeune femme ne rata pas cette fois.

Il leur fallut encore un moment pour atteindre le bureau de leurs supérieurs et collègues, les routes étant assez encombrées, ce qui éprouvait la patience de la jeune inspectrice au volant. Lorsqu'ils s'arrêtèrent finalement sur le grand parking – depuis quand leurs collègues tokyoïtes avaient-ils droit à un endroit aussi grand juste pour garer leurs voitures ? – elle soupira de satisfaction, heureuse d'être arrivée.

Le BEC de Tokyo n'avait pas grand-chose à voir avec celui de Yokohama, aussi bien en extérieur qu'en intérieur. Tout d'abord, il ne s'agissait pas d'un bâtiment en lui-même, juste d'un étage au sein du département de la police métropolitaine. L'immense immeuble de dix-huit étages en question se voyait de loin grâce à la tour cylindrique qui le surplombait, la seule chose qui marquait réellement la construction dans l'esprit des gens, sinon ce n'était rien d'autre qu'un bâtiment des plus banals.

Pour ce qui était de l'intérieur, les rénovations étaient bien plus fréquentes, et cela se ressentait. Le BEC de Yokohama n'avait pas à se plaindre, leurs locaux aussi étaient impeccables, mais il y avait quand même une nette différence d'ambiance. Partout, des agents marchaient d'un pas plus ou moins rapide, et leurs conversations créaient un brouhaha auquel les inspecteurs de Yokohama n'étaient pas habitués. Ils restèrent un long moment les bras ballants, sans savoir quoi faire ni où aller. Il y avait trop de passage et trop de bruit pour qu'ils puissent essayer de se repérer.

Finalement, Ranpo aperçut un panneau indicatif, destiné aux visiteurs et sur lequel figurait l'étage de la section des enquêtes criminelles : le douzième. Ils se mirent ensuite en quête des ascenseurs mais se firent rembarrer par la sécurité qui leur annonça qu'ils devaient alors aller au bureau de l'administration pour recevoir leurs passes.

Il leur fallut au total une demi-heure pour récupérer tout ce qui leur fallait et accéder enfin à la section de leurs collègues. Là encore, rien à avoir avec leurs locaux. Le BEC de Tokyo possédait ses sept équipes et ne manquait clairement pas d'effectifs. Il régnait dans leur étage une activité qui contrastait nettement avec celle du BEC de Yokohama. Ils ne manquaient pas de travail, eux, visiblement. Ils croisèrent miraculeusement Ango, rentré la veille et déjà de retour dans ses locaux et purent l'interroger sur ce qu'ils devaient faire.

« Je vous conseille d'aller voir la division d'identification, expliqua l'inspecteur. Ce sont eux qui enquêtent sur l'évasion en elle-même. Prenez ce couloir, tournez à droite et c'est la troisième porte. » ajouta-t-il en leur désignant vaguement le chemin avant de retourner répondre aux questions de ses subordonnés.

Ils trouvèrent sans trop de problèmes, mais se heurtèrent à une porte close. Cette fois, ce fut la collègue d'Ango, également venue à Yokohama mais dont Akiko n'avait pas retenu le nom, qui leur indiqua qu'ils devaient être à la prison, mais qu'ils rentreraient vite et qu'ils n'avaient qu'à les attendre. Les trois inspecteurs de passage s'adossèrent donc à un mur et attendirent patiemment.

Yosano sortit son téléphone pour consulter ses éventuels messages. Elle n'en avait qu'un, de Kaiji, qui lui avait envoyé une photo de sa nouvelle invention visiblement. Elle soupira intérieurement. Comprendrait-il un jour ? Elle craignait malheureusement que non. Elle ne répondit rien, et se contenta de changer de page de messages, pour accéder à celle du mystérieux numéro inconnu, et à la photo.

Elle la re-regarda pour la cinquantième fois au moins depuis qu'elle l'avait reçue, toujours obligée de constater l'évidence : c'étaient Akutagawa et la jeune femme blonde interrogée par Fukuzawa. Elle n'avait cessé de conjecturer, pour au final arriver à une conclusion : ce n'était pas son genre de tergiverser ainsi. D'ordinaire, elle aurait déjà interrogé les concernés.

La seule chose qui la retenait de mettre les pieds dans le plat avec son subordonné était sa réaction. Mais elle risquait de devenir folle si elle continuait de juste faire des hypothèses dans son esprit sans jamais obtenir de réponses. Pour éviter que la commère de service juste après Dazai, à savoir Ranpo, ne se mêle de cette affaire déjà délicate, elle passa par la voie du message, et transféra la pièce jointe au jeune homme face à elle.

Elle observa ensuite son visage changer d'expression, d'abord très légèrement (probablement en voyant qu'elle lui avait envoyé un message) puis de manière beaucoup plus marquée. Il pianota ensuite une réponse qui ne tarda pas à s'afficher sur le téléphone d'Akiko.

De : Ryunosuke

Qu'est-ce que c'est que ça ?

A : Ryunosuke

Toi et une femme liée à l'enquête de l'inspecteur Fukuzawa ?

De : Ryunosuke

Vous m'espionnez ?

A : Ryunosuke

On m'a envoyé cette photo. Sans explications. Je ne connais pas le numéro, et il est de toute façon non attribué selon les services de téléphonie.

Elle vit du coin de l'œil son subordonné se tendre très perceptiblement. Même Ranpo cessa de mâchonner un bonbon en regardant le mur pour lui jeter une œillade intriguée.

« Un problème ? »

Le jeune inspecteur en formation secoua la tête négativement avant de marmonner qu'il avait besoin d'une cigarette. Il quitta le couloir pour rechercher un espace fumeur tandis que ses deux supérieurs le regardaient s'éloigner sans rien dire. Quelques minutes plus tard, Akiko reçut un nouveau message : une capture d'écran d'une conversation, accompagnée d'un bref message : Ce numéro ?

La jeune femme compara les chiffres et dut se rendre à l'évidence : il s'agissait du même numéro en effet. Elle parcourut le seul message que contenait la conversation, un énigmatique Je relève le défi, inspecteur, et répondit à son subordonné.

A : Ryunosuke

Oui. Tu sais de qui il s'agit ?

De : Ryunosuke

Je cherche à le savoir aussi. Mais je n'ai vu aucune information dessus dans notre base de données.

Akiko s'accorda quelques secondes de réflexion. Ils étaient tous deux inspecteurs, du même bureau et de la même équipe. Et ils avaient tous les deux reçus d'étranges messages. Essayait-on de les menacer ? Cependant, cela ne ressemblait pas vraiment à une menace dans son cas. C'était une simple photographie, qui ne la concernait même pas.

Elle reçut un autre message de Ryunosuke quelques instants plus tard.

De : Ryunosuke

Ne divulguez pas la photo pour le moment s'il vous plaît.

A : Ryunosuke

Pourquoi ? Elle pourrait nous servir à retrouver l'auteur de ces messages.

De : Ryunosuke

S'il vous plaît.

L'inspectrice aux cheveux noirs cligna plusieurs fois des yeux, surprise. Ce genre de formule de politesse n'était pas habituel pour Ryunosuke, bien au contraire. Elle n'eut cependant pas le loisir de plus s'interroger sur le comportement de son subordonné, car un homme arriva dans le couloir où ils patientaient et posa sur eux un regard méprisant.

« C'est vous les inspecteurs de Yokohama ? » Akiko et Edogawa échangèrent un regard avant d'hocher la tête en silence. L'autre lâcha immédiatement, d'un ton sec : « Rentrez chez vous. On l'a retrouvé. »

Il tourna ensuite les talons sans apporter plus de réponses, et les deux inspecteurs de l'équipe Fukuzawa durent le poursuivre quelques instants pour le rattraper et lui demander de clarifier :

« Vous avez attrapé Karma Topaz ? s'exclama Akiko d'un ton stupéfait.

– Il y a quelques instants oui. Vous pouvez clôturer votre affaire et rentrer chez vous. »

La jeune femme n'en croyait pas ses oreilles. Ils avaient enfin obtenu une affaire après des semaines d'inactivité, et les inspecteurs tokyoïtes l'avaient résolue en moins de vingt-quatre heures. Quel genre de blague était-ce, au juste ? Parce qu'elle ne la trouvait pas très drôle honnêtement. Elle avait une furieuse envie de crier sa façon de penser à l'homme qui venait de mettre un terme à tous leurs espoirs d'affaire importante, mais Ranpo lui fit signe que ce n'était pas la peine.

Le jeune homme aux cheveux noirs l'entraîna ensuite à l'écart du groupe, et déclara de son habituel ton posé :

« Préviens Ryunosuke qu'il doit nous rejoindre au plus vite.

– On ne va quand même pas partir comme ça ! s'insurgea Yosano.

– On ne va pas partir, pas tout de suite en tout cas, la rassura son ami d'enfance. J'aimerais m'assurer de quelque chose avant. »

La jeune femme remarqua au même moment que son expression avait changé. Il n'arborait plus son visage insouciant, mais bel et bien celui d'un inspecteur concentré sur son affaire. Cela piqua la curiosité d'Akiko. Qu'avait bien pu remarquer son ami pour agir ainsi ? Elle passa mentalement en revue les dernières minutes, cherchant ce qui avait fait tiquer le jeune homme au gavroche, puis envoya un message à Ryunosuke en décidant qu'il valait mieux faire confiance à son ami.

Il ne fallut que quelques minutes au jeune homme aux cheveux bicolores pour les rejoindre. Son visage n'affichait rien d'autre que son habituelle expression ennuyée, mais lorsque son regard croisa celui de sa supérieure, celle-ci y lut la même demande silencieuse que celle adressée par message.

« Ils ont attrapé Topaz, l'informa Ranpo sans préambule.

– On rentre à Yokohama alors ? interrogea le jeune homme sans s'émouvoir de cette nouvelle.

– Non, pas tout de suite. Où es-tu parti fumer ?

– Il y a un coin fumeur au dixième étage. Une terrasse aménagée.

– Elle donne sur l'entrée ?

– Sur la route qui mène ici.

– Tu as vu passer des véhicules de police il y a une dizaine de minutes ? » Akiko, qui suivait jusqu'à présent l'échange de loin, comprit ce que son camarade sous-entendait à ce moment-là.

« Non, répondit Akutagawa après quelques secondes de réflexion. Mais vous ne pensez pas que... » Il avait visiblement compris également.

« Ce type n'est pas un inspecteur de cette brigade, lâcha Ranpo comme s'il parlait de la pluie et du beau temps. J'en suis persuadé. »

Akiko avait beau retourner ça dans tous les sens, elle ne comprenait pas comment son collègue pouvait affirmer cela aussi simplement. Ils étaient au département de la police métropolitaine, pas dans un endroit où n'importe qui entrait comme dans un moulin.

« Mais peut-être qu'il a pris de l'avance et qu'un convoi transportant le criminel est en train d'arriver, fit observer Ryunosuke, et Akiko nota la pertinence de cette remarque en son for intérieur. Ou alors qu'ils l'ont juste renvoyé tout de suite en prison.

– Ce n'est pas la procédure, fit à son tour observer Ranpo. Et renvoyer un criminel dans un endroit d'où il s'est déjà évadé est illogique. Non, reprit-il avec une moue boudeuse devant les doutes apparents de ses collègues, j'en suis persuadé, ce type n'est pas inspecteur.

– Et comment il est rentré ici alors ? Objecta Akiko. On est au DPM, leur système de sécurité est un des plus développés du pays.

– Tu sais ce qu'on dit ? Plus c'est gros, plus ça passe. »

Sous les yeux éberlués de Yosano et Akutagawa, il s'avança vers le centre de l'étage, et s'exclama d'une voix forte, de manière à ce que tout le monde l'entende :

« Est-ce que je peux parler à quelqu'un des Affaires générales ? » Il y eut un silence prolongé, puis trois têtes sortirent de l'encadrement d'une porte d'un bureau au fond, et dévisagèrent un bref instant le détective au gavroche, avant de se diriger vers lui.

« Oui ? répondit l'un des trois hommes, comme si de rien n'était.

– Est-ce que vous avez envoyé une de vos équipes à la recherche de Karma Topaz ? demanda Edogawa avec un sourire d'enfant innocent.

– Non, fut la réponse de l'homme. Juste la division d'identification à la prison.

– Est-ce que cette division est dirigée par un homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux noirs, légèrement dégarni, divorcé et fumeur depuis au moins dix ans ? »

Tandis que les trois hommes des Affaires générales clignaient des yeux, surpris par cette description précise, Akiko l'observait faire avec un petit sourire aux lèvres. Son ami ne pouvait décidément pas s'empêcher de mettre en avant ses aptitudes développées en profilage criminel. De nombreux inspecteurs et même simples officiers de police se formaient souvent au profilage, mais les vrais maîtres de cette discipline étaient rares, et c'était la fierté du BEC de Yokohama que de compter deux profileurs reconnus, le premier étant Ranpo et le second Dazai.

(Et l'inspecteur Fukuzawa regrettait souvent que ses deux hommes aiment un peu plus profiler dans la vie quotidienne que sur le terrain. Tout le monde le regrettait d'ailleurs, si les deux s'y mettaient, avoir une vie privée devenait un vrai calvaire. Akiko se demandait encore comment ils avaient pu deviner rien qu'en la voyant revenir de son speed date que son partenaire était un énorme macho – et énorme dans les deux sens du terme.)

« Oui, c'est l'inspecteur Minoura, finit par répondre l'homme, tandis que la mine assurée de Ranpo disparaissait.

– Vraiment ? » Akiko dut faire un effort monumental pour ne pas rire.

« Bien sûr. »

Le jeune homme au chapeau le remercia avant de rejoindre ses collègues qui l'accueillirent avec un sourire moqueur pour Akiko et un regard blasé pour Ryunosuke.

« Pas trop dur pour l'ego ? lâcha la jeune femme en lui tapant sur l'épaule.

– Je suis persuadé d'avoir raison, s'entêta Ranpo. Ce type devait être en train de mentir aussi.

– D'accord monsieur mauvaise foi, s'amusa l'inspectrice.

– On rentre ? demanda ensuite Akutagawa.

– Non, décréta Edogawa. Je vais vous prouver que j'ai raison. »

Il se détourna sur ces mots et regagna l'ascenseur en quelques enjambées – ses deux partenaires durent hâter le pas pour le rattraper avant que les portes de la machine ne se referment.

« Où est-ce que tu veux aller ? l'interrogea Yosano.

– Il doit bien y avoir un endroit où ils retiennent les criminels, non ?

– Tu ne veux pas lâcher l'affaire, hein ? » souffla la jeune femme en secouant la tête. L'autre lui adressa un sourire complice.

« Tu sais aussi bien que moi que je n'ai jamais tort. »

L'inspectrice ne répondit rien, même si elle le savait bien au fond. Elle avait rencontré Ranpo en arrivant à la brigade sept ans plus tôt, et n'avait jamais vu une de ses hypothèses être entièrement fausse. Parfois partiellement – comme aujourd'hui apparemment – mais jamais complètement.

Ils regagnèrent l'accueil, et Ranpo usa de toute sa conviction – et de quelques vérités enjolivées – afin d'obtenir le renseignement recherché. Akiko songea que si Fukuzawa entendait parler de tout ça, il leur remontrait sévèrement les bretelles et les mettrait aux archives jusqu'à leur retraite.

« Premier sous-sol, s'exclama triomphalement le jeune homme aux cheveux noirs en revenant.

– Mais ils vont nous laisser entrer sans rien dire ? fit remarquer Ryunosuke.

– Ne t'inquiète pas, tu leur feras ton regard le plus menaçant et ils ne diront rien ~ »

Edogawa les entraîna sur ces mots vers un autre ascenseur qui les emmena vers le fameux premier sous-sol. Akiko restait sceptique quant à leurs chances de passer – même si certes, le regard de Ryunosuke était effrayant pour ceux qui n'y étaient pas habitués.

Ils furent évidemment accueillis à l'arrivée par un comité d'accueil des plus sympathiques : trois policiers lourdement armés, avec un air menaçant qui aurait dissuadé n'importe qui de venir leur parler dans la rue sur le visage et un doigt qui pianotait dangereusement sur la gâchette.

« Bonjour ! les salua joyeusement Ranpo. On vient voir Karma Topaz ! » Deux des hommes échangèrent un regard tandis que le troisième jaugeait les nouveaux venus.

« Vous avez une autorisation ? » L'inspecteur aux cheveux noirs feignit l'innocence.

« Une autorisation ? Mais c'est l'inspecteur Minoura qui nous envoie ! » Nouvel échange de regard. « On vient spécialement de Yokohama pour ça ! ajouta-t-il pour donner de la crédibilité à ses plaintes. Vous n'allez pas nous laisser repartir bredouilles ! »

Le doute était visible dans les yeux des trois policiers, mais ils finirent par les laisser passer ; l'un d'eux les escorta jusqu'à la cellule du nouvel arrivant – il ne sembla pas remarquer la mine d'Edogawa qui devenait de plus en plus boudeuse au fur et à mesure que ses hypothèses s'avéraient fausses.

Ils marchèrent quelques instants et arrivèrent devant une salle d'interrogatoire où un jeune homme était installé sur une chaise, face à deux inspecteurs qui devaient être en train d'appliquer la méthode du bon et du mauvais flic d'après leurs expressions et leur gestuelle. La vitre était éloignée de la table qui séparait les policiers du criminel, mais la réplique de Ranpo fut catégorique :

« Ce n'est pas lui. » Ryunosuke lui jeta un regard intrigué qui se déporta sur Akiko lorsqu'elle dit :

« Ce n'est clairement pas lui.

– Pardon ? lâcha le policier. Vous êtes aveugles ?

– Non, par contre vous, vous l'êtes, répliqua comme si de rien n'était Ranpo. C'est évident qu'il s'agit de deux personnes différentes.

– Si c'est une plaisanterie... »

Sans laisser au tokyoïte une chance de terminer sa phrase, le détective au gavroche contourna le local et entra sans crier gare dans la pièce, faisant sursauter les trois hommes présents dedans. Akiko et son subordonné le suivirent, et découvrirent ainsi le jeune homme arrêté par leurs collègues : ses cheveux tiraient plus sur le roux que sur l'auburn, et ses yeux étaient plus clairs que le véritable Karma Topaz. Comment leurs collègues avaient-ils pu se tromper ainsi ? songea Akiko. Ils se ressemblaient oui, mais pas au point d'être confondus. Même le policier qui les avait critiqués quelques minutes plus tôt ne semblait plus aussi sûr que lui.

« À quoi vous jouez ? » Le ton du premier inspecteur – le méchant flic – était assez agressif. Pour autant, Edogawa lâcha :

« Vous vous amusez bien à interroger un innocent ? » La réaction du prisonnier fut immédiate.

« Vous me croyez innocent ? s'écria-t-il.

– Bien sûr. » Les trois inspecteurs de Yokohama s'attendaient à toutes les réactions du monde mais pas à celle qui suivit :

« Mais je suis Karma Topaz ! »

Akiko en resta bouche-bée, et son ami aussi. Cette affaire devenait de plus en plus incompréhensible. Ce type n'était absolument pas le véritable Karma.

« Tu n'es pas Karma Topaz, lâcha Ranpo.

– Bien sûr que si.

– Non.

– Si. »

Les deux hommes continuaient encore leur débat lorsque, quelques instants plus tard, Akiko s'adressa aux deux inspecteurs de Tokyo.

« Vous avez pris ses empreintes digitales ?

– Elles ne concordent pas, tout comme son apparence, avoua l'inspecteur qui n'avait pas encore parlé. Mais il a insisté pour être arrêté. Il a même tenté de nous frapper pour être inculpé.

– Ça n'a aucun sens. » lâcha Ryunosuke en traduisant la pensée de sa supérieure.

Akiko hocha la tête, perdue. Elle réalisa ensuite que le débat de Ranpo et de l'inconnu avait cessé, et que l'inspecteur aux cheveux noirs avait désormais le nez rivé sur son téléphone. Il jeta ensuite l'appareil à son amie qui l'attrapa de justesse, et y découvrit un écran de conversation sur lequel trônait un numéro auquel elle était presque habituée.

Trois messages avaient été envoyés, tous typographiés d'une étrange manière. Ils étaient tout aussi énigmatiques que les précédents reçus par Akiko et Ryunosuke. Celui du milieu était une photographie d'un souterrain, encadrée par deux messages au sens obscur, qui accentuèrent le malaise que l'inspectrice ressentait depuis qu'elle avait reçu les premiers messages :

Vous voulez pimenter le jeu ?

Essayez de ne pas le regretter plus tard.

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