04 - 𝐋e coffre-fort tombé du ciel

Hello !
Noël approche à grands pas,
et la dernière fois
que je disais ça
en nda
c'était pour le chapitre huit de 01643.
(deux jours de recherche d'une anecdote pour ça quand même.)
Sinon j'espère que vous allez bien !
ce chapitre est le premier qui va sérieusement rentrer dans l'histoire (oui avec ce titre on dirait pas trop mais je vous assure-) et qui va commencer à apporter une ou deux réponses aux mystères du passé de nos chers inspecteurs ~

ah, et j'espère que mes suspens et slow burn vous avaient manqué :) le prochain chapitre sortira le 20 décembre ! bonne lecture ~

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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐐𝐮𝐚𝐭𝐫𝐞 ─ 𝐋𝐞 𝐜𝐨𝐟𝐟𝐫𝐞-𝐟𝐨𝐫𝐭 𝐭𝐨𝐦𝐛é 𝐝𝐮 𝐜𝐢𝐞𝐥

Le jeune homme aux cheveux bruns était assis sur une chaise, dans un bureau bien trop familier. Les murs blancs et le linoléum assorti donnaient à la pièce de faux airs d'hôpital, et les tableaux kitsch accrochés aux murs n'aidaient pas à faire apprécier au garçon cette pièce où il était souvent convoqué.

Face à lui, un homme plus âgé croisait les mains au-dessus de son bureau couvert de paperasse, tandis qu'un autre homme, à peine plus âgé que le brun cette fois, les observait sans rien dire. Son regard bleu était toujours empli de sentiments que le garçon ne comprenait pas. Pourquoi cette compassion ? Pourquoi cette inquiétude ?

Le plus âgé passa une main dans ses cheveux grisonnants, et soupira. Devant lui, un dossier ouvert sur des rapports d'incidents plus que nombreux était posé. Il échangea quelques mots à voix basse avec l'autre personne, puis déclara, d'une voix qui ne souffrait aucune contestation :

Voici ton nouveau mentor. Il s'appelle Oda.

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J - 66
14 NOVEMBRE

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Dazai soupira et referma d'un geste brutal le dossier ouvert devant lui. Son collègue Kunikida lui jeta un regard glacial en le voyant faire, et remonta ses lunettes sur son nez avant de se lever et de le tancer vertement :

« Termine ton rapport !

- Non, répondit le brun avec une moue boudeuse. Il n'y a rien à dire, Kunikida. La voiture a été retrouvée, point final.

- C'est déjà un miracle qu'elle l'ait été, commenta Ranpo qui mâchonnait une sucette - ramenée par Dazai le matin même, évidemment. D'ordinaire, on ne les retrouve pas du premier coup.

- Parce que vous n'avez pas mon talent ~ » Kunikida leva les yeux au ciel, Edogawa étouffa un rire et, même s'il ne dit rien, le visage d'Atsushi était suffisamment éloquent pour qu'il comprenne que le jeune inspecteur ne partageait pas son avis.

« Écris quand même ton rapport, insista l'inspecteur blond. Tu sais bien que chaque affaire doit être classifiée. »

Dazai lui offrit un sourire innocent qui fit soupirer son collègue. Alors qu'il s'apprêtait à revenir à la charge, Fukuzawa sortit de son bureau et traversa la pièce sans leur accorder la moindre attention. Ils purent tous remarquer que leur supérieur avait sa veste et son arme de service avec lui. L'affaire avançait-elle enfin ?

L'apparition soudaine de l'inspecteur principal eut le mérite de faire oublier à Kunikida le rapport de Dazai - à moins que ce ne soit juste de la résignation ? - et il repartit à son propre bureau pour reprendre ce qu'il faisait, du classement de documents visiblement. Il n'y avait que l'inspecteur blond pour appliquer les instructions de Fukuzawa en cas de pénurie d'affaires.

Ils « travaillèrent » en silence quelques instants, jusqu'à ce qu'Atsushi se lève et récupère son manteau. Son responsable de formation lui jeta un regard intrigué, auquel le jeune homme répondit :

« Je dois m'absenter plus tôt aujourd'hui, je vous ai prévenu hier. » L'autre s'en souvint visiblement puisqu'il acquiesça en marmonnant de vagues recommandations. Ranpo et Dazai échangèrent un regard intéressé.

« Où est-ce que tu vas ? attaqua le jeune homme aux cheveux noirs. Ce n'est pas dans tes habitudes de partir plus tôt.

- Aurais-tu quelque chose de plus important à faire que te tourner les pouces avec nous ? enchaîna le brun.

- Un rendez-vous galant par exemple ? » terminèrent-ils en cœur, apparemment sur la même longueur d'onde.

La mine qu'afficha le jeune inspecteur de police tourmenté par ses aînés était exactement le type de visage qui donnait à Dazai l'envie de tourmenter la personne encore plus. Ses joues se colorèrent de rouge et ses grands yeux jaunes s'écarquillèrent devant l'hypothèse de ses deux supérieurs - qui devait plus tenir du fait avéré vu sa réaction.

« N-Non ! »

Sa protestation était bien peu convaincante, surtout au vu de sa rougeur soudaine qui trahissait une gêne importante. Dazai et Ranpo échangèrent un regard et un sourire moqueur avant de repartir à la charge comme ils savaient si bien le faire :

« Dis-nous tout Atsushi ! s'exclama le brun en se penchant vers lui, les yeux brillants.

- C'est notre rôle d'aînés de t'aider à te comporter dans ce genre de situation, ajouta l'inspecteur aux cheveux noirs en remontant ses lunettes.

- Laissez-le tranquille, tous les deux, intervint finalement Kunikida. Ce ne sont pas vos affaires.

- Nous ne cherchons qu'à apporter à Atsushi une aide innocente. » se défendit Edogawa en ouvrant un sachet de bonbons. Leur collègue blond les dévisagea avec insistance, avec un air qui signifiait clairement : « Je n'en crois pas un mot. ». Il les connaissait trop bien.

« Monsieur Dazai, monsieur Ranpo, déclara finalement Atsushi dont les joues avaient repris une couleur naturelle, c'est gentil de votre part, mais je n'ai pas besoin de votre aide. »

Dès leur première rencontre, Osamu avait deviné que le jeune homme était très innocent, mais il ne s'attendait pas à ça. Bon sang, il était adorable. Alors même que c'était évident que l' « aide innocente » des deux inspecteurs était aussi fausse que le tableau de Rembrandt accroché dans le hall du bureau, il les remerciait malgré tout. Même Kunikida en resta sans voix.

« Donc, c'est bien un rendez-vous galant ? » reprit Ranpo après quelques secondes. Les rougeurs sur les joues d'Atsushi reparurent légèrement, mais il esquiva la question en renouant son écharpe à carreaux et en quittant la pièce rapidement, en saluant ses supérieurs.

« N'envisagez même pas de l'espionner, déclara finalement l'inspecteur aux cheveux blonds en les foudroyant du regard.

- Comme si c'était notre genre ! s'exclama Dazai sur un ton exagérément outré.

- On n'oserait jamais faire ça, approuva Ranpo en mâchonnant un bonbon. Tes accusations nous blessent, Kunikida. »

Le susnommé ne sembla nullement se repentir, et se contenta de marmonner quelque chose d'inintelligible. Les deux autres inspecteurs gardèrent le silence un petit instant, avant que celui au chapeau gavroche ne chuchote, assez fort pour être entendu :

« Tu sais qui c'est ? » Kunikida leur jeta un nouveau regard ennuyé, avant de répondre :

« Une fille avec qui il était au lycée il me semble. Je ne sais pas grand-chose, je ne suis pas une commère comme vous.

- Nous ne sommes pas des commères ! se défendit Dazai. On veut juste savoir de qui il s'agit pour être sûrs que c'est quelqu'un de bien.

- Bien sûr. » Le blond ne semblait toujours pas convaincu. Ranpo finit par reprendre, à l'intention de son collègue brun :

« Tu penses qu'on peut la trouver en cherchant dans les anciens élèves de son lycée ?

- Sûrement, approuva le jeune homme. Avec les caméras de surveillance de la ville aussi. » Edogawa hocha la tête en signe d'accord, tandis que Doppo les dévisageait d'un air choqué.

« Vous n'y pensez pas !

- C'est une blague, Kunikida, pouffa Dazai. On ne va pas aller aussi loin quand même.

- Nous ne sommes pas aussi intrusifs. » ajouta Ranpo.

L'inspecteur Kunikida ne semblait définitivement pas convaincu par les déclarations de ses deux collègues, mais eut cette fois-ci la gentillesse de ne pas remettre en doute leur parole. Il se contenta de se lever à son tour, et de quitter le bureau - les deux autres inspecteurs ne posèrent aucune question, ils se doutaient bien que le blond allait chercher sa sempiternelle tasse de café, nécessaire pour le contrôle de ses nerfs face à ses deux collègues.

Dazai le regarda s'éloigner avec amusement, avant de se décider à jeter un coup d'œil à son rapport... Finalement non, il préférait encore se tourner les pouces. Il haïssait la paperasse administrative, et ce, depuis son premier jour dans la police criminelle. Il ne s'était pas engagé pour remplir des tonnes et des tonnes de documents administratifs à l'utilité douteuse.

Pour être honnête, il ne s'était engagé pour rien de spécial. Il n'avait aucune ambition, aucun désir. Il ne voulait rien faire de sa vie. (Il ne voulait même pas vivre.) Il n'avait choisi une carrière que pour avoir une excuse pour fuir Tokyo. Et il estimait avoir les compétences nécessaires pour devenir inspecteur.

Il était heureux d'avoir fait ce choix, car depuis qu'il était au Bureau des Enquêtes Criminelles, il se sentait complet. Pas tout à fait complet, mais une partie du vide qui était toujours logé dans son cœur depuis qu'il était petit avait été comblé. Il n'aimait pas être sentimental, mais il était sincèrement reconnaissant à ses collègues d'être comme ils étaient.

La porte du bureau le tira de son élan sentimental intérieur, et Kunikida revint, une tasse de café fumant dans la main, et accompagné de quelqu'un d'autre : l'inspecteur Tsujimura. La jeune femme leur adressa un salut de tête poli, tout en continuant sa conversation avec le blond.

Dazai échangea un regard surpris avec Ranpo. D'ordinaire, ils ne se seraient pas privés de faire des commentaires peu subtils, mais ils savaient que leur collègue blond était en couple depuis trois ans avec un informaticien, et très peu attiré par les femmes. Ils se contentèrent donc de les fixer de façon insistante, jusqu'à ce que ledit collègue blond leur adresse un regard agacé.

« Vous avez un problème ? »

Les deux inspecteurs secouèrent la tête négativement, jugeant préférable pour leurs oreilles et leur crâne d'attendre que l'inspectrice de la brigade des vols soit partie pour commencer leur interrogatoire. Et c'est ce qu'ils firent dès qu'elle eut de nouveau passé le pas de la porte :

« Qu'est-ce que Tsujimura voulait ?

- Elle travaille sur une affaire importante, expliqua Kunikida, bien moins agacé par la question qu'ils ne le redoutaient. Et elle voulait savoir si je pouvais la mettre en contact avec Katai pour récupérer des informations. » La mention de son petit ami suffit à éclairer légèrement son visage - que c'était beau l'amour.

« Ils ont une affaire ? geignit Ranpo. Ils ne peuvent pas partager ?

- C'est un cambriolage. Leur rayon, pas le nôtre.

- Tu sais bien que nous sommes abonnés aux cadavres nous, ironisa Dazai, ce qui lui attira un regard agacé de son aîné blond.

- Un peu plus de respect pour notre travail, lâcha-t-il. On protège les civils.

- Sans vouloir détruire tes beaux idéaux mon cher Kunikida, on se confronte plus souvent à des cadavres que des civils en vie. »

Ranpo toussota pour détendre l'atmosphère qui s'alourdissait à chaque nouvelle réplique. Ce n'était pas la première fois que les deux jeunes hommes confrontaient leurs conceptions du travail d'inspecteur de police criminelle. Kunikida, caractérisé par de profonds idéaux de justice et de valeurs morales, détestait la manière crue qu'avait Dazai de définir leur travail, quand bien même le brun n'était pas dans l'erreur.

« Quelqu'un veut un bonbon ? » lâcha-t-il d'un ton dégagé.

C'était son dernier recours pour alléger l'ambiance de la brigade. Il ne sembla malheureusement pas porter ses fruits, puisque les deux inspecteurs continuèrent de se dévisager, l'un avec colère, l'autre avec défi. Heureusement, la porte du bureau s'ouvrit de nouveau, cette fois sur l'inspecteur Fukuzawa.

L'homme d'une quarantaine d'années haussa un sourcil intrigué en sentant l'ambiance lourde qui régnait dans la pièce de travail de ses subordonnés, et son regard bleu métallique passa successivement sur Dazai, Kunikida et Ranpo. Il sembla comprendre instantanément la situation, et toussota.

« Tout va bien ? » interrogea-t-il.

C'était évidemment une question qui n'attendait pas de réponse, il avait déjà compris tout ce qui se passait, il voulait simplement calmer le jeu - et sa méthode était bien plus efficace que celle de Ranpo. Les deux fautifs cessèrent de se dévisager et reprirent leur travail - ou leur faux travail dans le cas de Dazai.

« Du nouveau, inspecteur ? demanda finalement Kunikida alors que Fukuzawa regagnait son bureau.

- Pas grand-chose j'en ai peur, répondit l'homme en secouant la tête. Mais vous savez que je ne peux pas en parler avec vous. »

Les trois autres se retinrent de soupirer. Leur absence de travail ne faisait que les rendre plus curieux sur cette affaire top secrète. Le directeur du BEC esquiva cependant leurs potentielles protestations en s'enfermant rapidement dans son bureau pour reprendre son fastidieux travail. Il en ressortit la tête au bout de quelques minutes :

« Au fait, Dazai, déclara-t-il, on m'a informé de la venue de plusieurs inspecteurs du bureau de Tokyo demain, pour leur contrôle de routine. Tu t'occuperas d'eux. »

Il retourna dans son antre sur ces mots, empêchant ainsi son subordonné de protester. Celui-ci soupira d'agacement, tandis que ses deux collègues riaient sous cape. Au moins il ne serait pas désœuvré le lendemain... Mais il n'était pas dupe pour autant : les visites d'inspecteurs de Tokyo étaient toujours encadrées par l'inspecteur le plus expérimenté parmi ceux en service ce jour-là.

Il ne manquait pas d'expérience, il avait quatre ans de métier à son actif, ce qui faisait de lui l'un des plus expérimentés (leur brigade concentrait les plus jeunes inspecteurs du BEC), mais il avait démissionné six mois plus tôt, et venait à peine de reprendre ses fonctions. De plus, Yosano était en service le lendemain, et elle était plus expérimentée que lui.

En d'autres termes : rien ne justifiait qu'il soit désigné pour accueillir leurs collègues tokyoïtes.

Sauf si Ango était parmi eux.

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Le lendemain matin, lorsque la sonnerie du réveil ne tira encore une fois pas Dazai du sommeil - il avait dormi cette fois, mais s'était réveillé à cinq heures du matin et n'avait pu refermer l'œil, il hésita longuement à se faire porter pâle. Une petite migraine, un rhume qui commençait à se déclarer ou même ses allergies - inexistantes - qui le reprenaient, il ne manquait pas d'excuses. Mais il doutait que Fukuzawa les accepte.

Non, il était même sûr qu'il n'allait pas les accepter , et qu'il lui infligerait la sanction réservée à ceux qui rataient le travail pour des raisons telles que la flemme : un séjour forcé aux archives et une interdiction de partir sur le terrain d'une durée aléatoire - probablement deux semaines au vu du sérieux de la situation.

Ce n'était définitivement pas une bonne idée de rater le travail aujourd'hui, songea-t-il en se redressant et en s'asseyant en tailleur sur son lit. Il attrapa son téléphone pour consulter ses messages et les actualités du jour : des pocky au thé vert pour Ranpo, un scandale dans une boulangerie accusée d'en payer une autre pour les approvisionner, et quelques reportages peu pertinents sur la vie scolaire des étudiants japonais (soit le reportage hebdomadaire qui servait à meubler l'actualité quand il n'y avait rien à dire).

Il se releva ensuite de son lit, et alla se préparer pour se rendre au travail. Il fit volontairement tout durer, de sa douche brûlante au beurrage de ses tartines, pour retarder le moment fatidique de partir. Il n'avait aucune envie de rencontrer les inspecteurs tokyoïtes, surtout en sachant qu'Ango devait être parmi eux. Oui, ils étaient amis mais si Dazai l'évitait depuis six mois, ce n'était pas pour être obligé de l'accompagner toute la journée.

Au moins cela l'occuperait, se répéta-t-il en boucle en enfilant une chemise propre. Au moins il ne se tournerait pas les pouces toute la journée. Même s'il aurait encore préféré ça au supplice que lui infligeait Fukuzawa.

Alors qu'il fouillait dans ses tiroirs à la recherche de son cordon pour accrocher son badge autour de son cou - il ne l'utilisait pas au quotidien mais pour cette visite officielle il allait en avoir besoin, il tomba sur un objet qu'il n'avait pas vu depuis longtemps : une corde tressée, assez longue, et visiblement réparée à un endroit. Il se figea légèrement devant cette trouvaille inattendue, tandis que les souvenirs - et les pensées associées - revenaient dans son esprit.

Il lui fallut quelques instants pour reprendre le contrôle, et pour fermer d'un geste sec le tiroir. Tant pis pour le cordon. Il y avait dans ce meuble des souvenirs enfouis qu'il ne désirait pas déterrer. Surtout pas aujourd'hui.

Il quitta ensuite son appartement, ses gestes toujours brutaux tandis qu'il chassait de son esprit les pensées désagréables qui étaient revenues le hanter. Il se dirigea d'un pas presque automatique jusqu'à sa bouche de métro, se rappela soudainement qu'il devait acheter des pocky pour Ranpo, fit demi-tour jusqu'au magasin, se rendit compte qu'il avait oublié son porte-monnaie, remonta chez lui, prit sa monnaie, paya finalement les sucreries, et put enfin se rendre à la bouche de métro.

Aujourd'hui n'allait pas être sa journée.

Son trajet se déroula heureusement - ou malheureusement ? - sans accroc, et il arriva sans encombres au BEC de Yokohama. Il y pénétra, grimpa les marches rapidement jusqu'au troisième étage, en espérant que lorsqu'il ouvrirait la porte, Fukuzawa lui dirait que finalement la visite était annulée et qu'il allait peut-être passer une journée moins pourrie qu'elle n'en avait l'air.

Mais visiblement même les dieux étaient contre lui puisque lorsqu'il entra dans la pièce, Fukuzawa l'y attendait - apparemment même lui avait eu peur que son subordonné ne sèche le travail - avec ses recommandations habituelles :

« Ils sont là pour s'assurer que notre bureau fonctionne correctement puisqu'officiellement nous sommes une branche du leur. Ils vont vouloir tout visiter et parler à quelques employés, tu as juste à les guider.

- Ils viennent tous les ans, fit observer Dazai, et notre bureau n'est pas si grand, je pense qu'ils n'ont pas besoin de guide.

- C'est la procédure, soupira l'inspecteur principal. Contente-toi de les accompagner pendant qu'ils visitent. Je vous rejoindrais à la fin. »

Le quadragénaire retourna sur ces mots dans son bureau, tandis que Dazai se demandait intérieurement comment son supérieur allait deviner quand est-ce que la visite serait finie. Il soupira, pendant qu'Akiko le dévisageait avec amusement.

« Amuse-toi bien, le taquina-t-elle, un grand sourire moqueur sur les lèvres.

- Remplace-moi, implora-t-il en joignant ses mains pour mimer une prière.

- Non. C'est ton boulot. Moi je vais rester ici et... » Son regard rosé balaya le bureau, et elle finit par conclure : « Et me tourner les pouces en attendant que Kunikida arrive. Ce qui ne devrait pas... »

Elle n'acheva pas sa phrase en voyant la porte d'entrée s'ouvrir : l'inspecteur blond entra et les salua rapidement, avant de déclarer - crier - à Dazai :

« Les inspecteurs de Tokyo sont en bas. » Le brun grimaça.

« Dis-moi qu'Ango n'en fait pas partie. » Le silence de son collègue fut équivoque. Définitivement, ce n'était pas sa journée.

« Ce n'est pas forcément une mauvaise chose, lâcha Yosano, doucement. Vous n'avez pas parlé depuis l'affaire, pas vrai ? »

Le jeune inspecteur brun grommela un assentiment. Il savait où la jeune femme voulait en venir, mais il ne voulait juste pas aborder ce sujet-là avec Ango. Ni même avec quiconque d'ailleurs. Certains sujets devaient rester enfouis.

Il finit par quitter leur pièce de travail, laissant ses deux collègues - et Ryunosuke qui était resté aussi muet qu'une tombe pendant toute la conversation - à leurs « occupations ». Il descendit les escaliers lentement - tout en gardant toujours un regard fixé devant lui alors qu'il traversait le couloir avec les portraits des inspecteurs honorables du bureau - et regagna le hall du bureau en essayant de se composer un visage dégagé.

Trois personnes l'attendaient dans l'entrée, une femme et deux hommes. La première avait de courts cheveux brun-roux, une tenue formelle mais pas trop, et était en grande conversation avec Tsujimura - une conversation visiblement animée, les deux jeunes femmes se foudroyaient du regard. Dazai nota que la femme, qui semblait à peine plus âgée que lui, tenait dans une main un sabre.

L'un des deux hommes était à leurs côtés, essayant visiblement de calmer le jeu entre ses compagnes. Il avait les cheveux noirs coiffés en pic et une petite barbichette qui renforçait un air sévère. Contrairement à la femme, sa tenue était impeccable. Il était à l'image parfaite de l'inspecteur de police que l'on voyait dans les séries.

Quant au dernier homme... Il s'agissait ni plus ni moins d'Ango Sakaguchi, son « ami ». Cheveux noirs soigneusement coiffés - ce qui n'empêchait pas certaines mèches de se rebeller - et yeux clairs sérieux, il ressemblait également à un cliché d'inspecteur de police. Ses lunettes rondes encadraient ses yeux, et contribuaient à lui donner cette image.

Dazai et lui se dévisagèrent un instant, mais rien ne filtra dans leurs expressions neutres. L'inspecteur de Yokohama finit par signaler sa présence aux deux autres tokyoïtes qui ne l'avaient pas remarqué. Tsujimura ne sembla pas mécontente de le voir arriver - pour une fois.

« Je suis l'inspecteur Osamu Dazai. » se présenta-t-il aux deux inspecteurs qui ne le connaissaient pas. Il avait ostensiblement évité de regarder Ango, mais ce fut ce dernier qui lui répondit :

« Inspecteur Ango Sakaguchi. » Comme si je l'ignorais, songea le jeune homme brun. Il s'abstint de dire quoi que ce soit et observa les deux autres.

« Inspectrice Murakoso, se présenta sobrement la jeune femme d'un ton légèrement provocateur qui lui valut une moue réprobatrice de la part d'Ango - Dazai l'appréciait déjà.

- Et je suis l'inspecteur Takuichi Aoki, ajouta l'homme à ses côtés. Enchanté, inspecteur Dazai. » Le susnommé lui adressa un sourire amical, avant d'enchaîner :

« C'est la première fois que vous venez ?

- Murakoso, oui, répondit Ango. Aoki et moi sommes déjà venus l'année dernière. »

Osamu daigna finalement lui accorder un regard ennuyé, mais hocha la tête. Tsujimura profita de cet instant de pause pour prendre la parole.

« Inspecteur Dazai, pouvez-vous expliquez à cette inspectrice... » Elle désigna Murakoso du menton. « ... qu'elle n'a pas besoin de garder son sabre pendant cette visite ? Personne ne va vous attaquer dans l'enceinte de notre bureau, ajouta-t-elle à l'adresse de la jeune femme.

- Je ne m'en sépare pas ! objecta la concernée en foudroyant l'inspectrice aux cheveux bleus. J'y tiens plus que tout.

- On ne va pas vous le voler enfin ! s'agaça son interlocutrice. C'est juste une question de procédure. Vous ne pouvez pas rentrer avec votre arme de service.

- Je veux le garder ! »

Les deux jeunes femmes se toisèrent avec mépris pendant de longues minutes, tandis que les trois jeunes hommes échangeaient des regards interrogateurs. Ce fut finalement Aoki qui s'avança, arracha le sabre des mains de sa collègue et le tendit à Tsujimura.

« Tenez.

- Takuichi ! s'insurgea Murakoso. Espèce de traître !

- Calme-toi Murakoso, finit par souffler Ango en remontant ses lunettes sur son nez. Ce n'est que l'affaire de quelques heures. »

La jeune femme semblait très en colère, mais n'insista pas plus et se tourna vers Dazai pour lui indiquer de commencer ce qu'il avait à faire. L'inspecteur brun les entraîna vers les locaux du rez-de-chaussée, puis patienta le temps qu'ils observent ce qu'ils avaient à observer.

Le jeune homme n'avait jamais compris en quoi consistaient les visites des inspecteurs de Tokyo, mais ils savaient qu'elles étaient importantes pour que leur BEC reste ouvert. C'étaient en quelque sorte des inspections, mais réalisées par des inspecteurs comme eux et non des agents de l'État comme c'était le cas des autres BEC du Japon.

Ils interrogèrent également quelques hommes de Tsujimura avant de lui faire signe qu'ils pouvaient continuer. Venaient ensuite les archives, et ce fut après leur visite de cette grande pièce qu'Ango finit par adresser la parole à Dazai, alors qu'ils remontaient les escaliers menant au bureau de Ayatsuji et que ses deux collègues se querellaient encore au sujet du sabre.

« Donc tu es revenu ici, souffla le jeune homme aux lunettes en guise d'introduction.

- Oui. » répondit laconiquement Dazai. Il ne fit aucun effort pour développer sa réponse.

« Fukuzawa t'a forcé la main ?

- Non. C'était mon choix de revenir. » Ango lui jeta un regard circonspect. Il ne semblait pas croire les déclarations de son interlocuteur, qui étaient pourtant vraies - à moitié, du moins.

« Tu voulais tout arrêter. Tu avais remis ta démission pour ça. » Dazai soupira bruyamment et lâcha, du bout des lèvres :

« J'ai changé d'avis. »

Il accéléra le pas pour atteindre le niveau des deux autres inspecteurs et entama la conversation avec eux. Il ne tenait pas à s'appesantir sur le sujet de son retour, surtout pas avec Ango. Pourquoi est-ce que tout le ramenait à l'affaire aujourd'hui ? Depuis son retour, il bloquait toute pensée relative à cette période, pourtant, il ne cessait d'y repenser aujourd'hui.

Il discuta un peu avec Murakoso et Aoki au cours des déplacements suivants, entre les salles d'archives. Ils avaient respectivement un et trois ans d'expérience en tant qu'inspecteurs, ce qui faisait qu'Ango était leur supérieur hiérarchique. La jeune femme avait effectivement un caractère marqué qui devait donner du fil à retordre à son supérieur. Quant au jeune homme, il était d'un sérieux qui lui rappelait fortement Kunikida.

Après les archives venaient les locaux qui abritaient la deuxième brigade du bureau, celle d'Ayatsuji. En théorie, leurs deux brigades étaient très liées puisqu'elles se partageaient les affaires de meurtres, de disparitions et de violences, mais en réalité ils se connaissaient très peu. La répartition des affaires se faisait d'elle-même, sans que les inspecteurs n'aient réellement à se parler.

Ils semblaient aussi désœuvrés qu'eux ; la moitié des inspecteurs n'était pas en service et l'autre disputait une partie de cartes. Ils se cachèrent rapidement en voyant les tokyoïtes, même si c'était un peu tard pour cela, et firent semblant de travailler pour se donner une contenance.

Ango fronça les sourcils devant ce spectacle mais ne dit rien. Dazai se demanda si le BEC de Tokyo était autant en manque de travail qu'eux - probablement pas puisqu'ils étaient basés dans la capitale, mais étant donné qu'ils ne déléguaient pas de tâches à leur bureau affilié, ils ne devaient pas non plus être débordés.

La visite fut vite expédiée, et ils purent reprendre leur route vers le dernier étage et dernier bureau. C'était la partie que Dazai appréhendait le plus, puisqu'au bout du couloir qui menait à leurs locaux, on y trouvait le plus récent tableau d'hommage aux inspecteurs qui s'étaient illustrés au cours de leur carrière.

Son regard noisette ne se posa pas dessus, comme toujours, mais il savait sans même se retourner qu'Ango l'observait.

« Je ne pensais pas qu'il aurait droit à un tel hommage. » Dazai serra les dents et se tourna vers le jeune homme aux lunettes ; il constata avec surprise que celui-ci ne semblait pas critique mais juste curieux, ce qui n'apaisa pas le brun pour autant.

« Bien sûr que si. Il est mort héroïquement. » Le regard clair d'Ango se posa sur son ancien ami et soupira.

« Il paraît. »

Excédé par la tournure que prenait la conversation, Dazai soupira et se détourna du jeune inspecteur. Il croisa les regards intrigués de Murakoso et Aoki et ignora les questions qu'il lisait dans leurs regards. Alors qu'il s'éloignait à grandes enjambées, Ango le rattrapa et murmura :

« Oda me manque aussi tu sais. »

Il prit ensuite la tête du groupe, le chemin à parcourir jusqu'au dernier étage n'était plus très grand de toute manière. Dazai l'observa s'éloigner sans rien dire. Si le jeune homme disait la vérité, il avait une étrange manière de le montrer, songea-t-il amèrement. Aucune larme n'avait coulé sur ses joues depuis la mort de l'inspecteur.

Il sentait sur lui les regards curieux des deux policiers restés en retrait, mais les ignora de nouveau. Peut-être savaient-ils qui était cet homme aux cheveux auburn, décoré à titre posthume. Peut-être l'ignoraient-ils. Dazai ignorait si l'affaire s'était rendue jusqu'aux oreilles des tokyoïtes. Peu lui importait de toute manière. Il ne comptait pas leur expliquer.

C'était peut-être du déni. C'était peut-être ridicule. Mais repenser à Oda et aux événements de ce jour-là le faisait souffrir et ravivait des pulsions qu'il avait pourtant tenté d'enfouir à tout prix. Alors il gardait le silence dessus. Il n'en parlait jamais, et même s'il n'allait pas jusqu'à faire comme si rien ne s'était produit, il préférait laisser cet épisode de côté.

C'était pour le mieux non ?

⋆✩⋆

« Alors ? Tu as survécu ? »

Dazai releva la tête et observa Kunikida qui s'était installé à ses côtés sur le banc qu'il monopolisait depuis le début de sa pause. Le jeune homme blond lui tendait un gobelet de café qu'il saisit avec gratitude et en avala quelques gorgées. Il s'affala un peu plus sur l'infrastructure en bois avec un gémissement.

« C'était horrible. » Le blond hocha la tête en buvant son propre gobelet de café.

« Tu dramatises.

- Non, répliqua Dazai.

- Si. Tu es trop dur avec l'inspecteur Sakaguchi. » Le brun fit la moue et dévisagea son collègue.

« Vous ne vous connaissez même pas, se plaint-il, pourquoi tu prends sa défense ?

- Je n'ai pas besoin de le connaître pour savoir que tu es probablement injuste. Tu sais qu'il appréciait énormément Oda. »

Dazai ne répondit rien. Il savait que son interlocuteur n'était pas complètement dans le faux... mais il n'était pas non plus complètement dans le vrai pour lui. Quand bien même Ango souffrait de l'absence permanente d'Oda... Il se comportait comme quelqu'un qui se fichait complètement de ce qui était arrivé à l'inspecteur. Osamu ne lui avait jamais pardonné d'avoir ordonné la fermeture de l'affaire alors même qu'ils n'avaient pas trouvé le coupable.

« Et sinon, déclara le brun d'un ton enjoué, comment ça va avec Katai ? » Kunikida lui jeta un regard ennuyé et répondit :

« Tu ne cesseras donc jamais de jouer les commères ? » Dazai rit devant ce reproche plus que mérité.

« Je fais la conversation, se défendit-il tandis que Doppo secouait la tête avec un amusement mêlé de consternation.

- Ça va. Mais de toute manière, Dazai, tu es probablement la dernière personne à qui je demanderais des conseils romantiques en cas de problème. » Le brun afficha une moue offusquée.

« Je suis de très bon conseil tu sauras !

- Es-tu déjà seulement sorti avec quelqu'un ?

- Tu crois que j'ai compté ? »

Le regard de Kunikida était clairement peu convaincu, et Osamu ne s'était même pas persuadé lui-même. Il était sorti avec quelques filles au lycée, mais cela n'avait jamais duré très longtemps et ce, pour deux raisons : tout d'abord parce que le jeune homme était incapable de s'attacher réellement à elles, et ensuite (et c'était plutôt la raison principale) parce qu'elles étaient dépourvues d'attributs masculins.

Il ne l'avait jamais spécialement rendu public, mais il n'avait jamais été très attiré par les filles, et avait compris au bout de quelques années qu'il ne le deviendrait pas miraculeusement en grandissant. Après le lycée, il avait commencé à repousser toutes les demandes des jeunes femmes, sans pour autant refuser leurs avances. Ses collègues trouvaient que c'était parfaitement contradictoire et cruel pour ses « prétendantes » mais ce n'était pas comme si leur opinion importait beaucoup à Dazai.

« Peu importe, soupira finalement Kunikida. De toute façon, tout va bien. » Son regard se déporta vers son collègue brun. « Et toi ?

- Je n'ai pas de problèmes de couple, merci de t'en inquiéter. » Le blond leva les yeux au ciel.

« Je sais. Je voulais savoir si tout allait bien dans ta vie. »

Dazai sourit doucement. Son collègue était définitivement une bonne personne. Malgré leurs différends, il continuait de se préoccuper de lui.

« Tout va bien, répondit-il en mettant volontairement de côté dans son esprit les souvenirs désagréables qui lui étaient revenus depuis le début de la journée. J'aurais préféré ne pas devoir accompagner Ango mais... » Il laissa sa phrase en suspens, puis en reprit une autre : « Il nous faudrait une affaire.

- Malheureusement, elles ne tombent pas encore du ciel, lâcha Kunikida. Mais tu as raison. L'inactivité nous ramollit. »

La scène qui suivit resta longtemps gravée dans leurs esprits, parce qu'elle était absolument extraordinaire, à tous les égards.

Alors que Doppo achevait sa phrase, un bruit sourd fit sursauter les deux inspecteurs, ainsi que tous ceux qui trouvaient dans le Bureau des Enquêtes Criminelles. Les têtes affluèrent immédiatement aux fenêtres, tandis que les plus proches de la sortie s'y rendaient en courant pour voir ce qui avait provoqué le vacarme.

Kunikida et Dazai se redressèrent de leur banc, et se dirigèrent également à l'endroit de l'impact. Une voiture de police était endommagée, écrasée par ce qui ressemblait à un coffre-fort blindé. Les têtes des hommes et femmes sortis se levèrent immédiatement vers le ciel à ce moment, mais ils n'y virent aucun appareil volant.

« Est-ce que ce truc vient de tomber du ciel ? s'interrogea l'inspecteur Tsujimura, et sa question plus que légitime déclencha de nombreux murmures dans l'assemblée.

- C'est impossible, objecta quelqu'un que Dazai ne repéra pas.

- Il est ouvert. » déclara la voix posée de l'inspecteur Ayatsuji, arrivé quelques secondes plus tôt et dont le regard était resté posé sur l'objet.

Les fonctionnaires échangèrent des regards hésitants - était-il prudent de s'en approcher ? Cela pouvait très bien être une bombe, même si aucun bruit caractéristique de bombe ne se faisait entendre. Ce fut finalement la directive de l'inspecteur principal Fukuzawa, arrivé dans les derniers, qui les décida : il ordonna à ses subordonnés de s'écarter et s'approcha du coffre-fort avec prudence.

« Inspecteur, faites attention. » l'avertit Akiko.

D'autres approuvèrent d'un signe de tête, mais le quadragénaire posa une main sur l'objet, et se pencha pour en extirper le contenu : une chaîne métallique, qu'il tira avec difficulté, et au bout de laquelle trônait un boulet. La perplexité s'empara de tous les inspecteurs amassés autour.

« Un boulet ? s'exclama finalement Tsujimura. C'est supposé être une blague ?

- Je pense que c'est un symbole, intervint Ayatsuji. Quelqu'un veut nous dire quelque chose.

- Un signe divin ? s'inquiéta quelqu'un dans la foule.

- Tu crois que les dieux font pleuvoir des coffres-forts ? » railla quelqu'un d'autre.

Trois autres personnes fendirent la foule ; Ango et ses acolytes, qui n'étaient a priori pas encore repartis dans leur grande ville. Ils observèrent l'étrange spectacle qui s'étalait devant leurs yeux et finirent par interroger l'inspecteur Fukuzawa du regard. Il leur résuma la situation en quelques mots, tandis que les inspecteurs de Yokohama se réunissaient pour spéculer.

« Une chaîne avec un boulet, c'est le symbole par excellence des prisonniers, déclara Dazai en rejoignant ses collègues.

- Le vrai problème, souligna Kunikida, c'est d'où provient ce coffre-fort. Il n'a pas pu tomber du ciel ainsi !

- Il y a des immeubles assez hauts pour qu'on le fasse tomber de là, observa Ryunosuke, en désignant les immeubles qui surplombaient le parking du BEC.

- Personne n'a la force suffisante pour projeter un coffre-fort blindé ainsi, objecta Tsujimura.

- Plusieurs personnes pourraient au moins arriver à le pousser. »

Les hypothèses se succédaient, sans qu'il y en ait une qui se distingue des autres par sa vraisemblance. Ce fut au final la sonnerie d'un téléphone qui coupa tous les inspecteurs dans leurs théories. Ils sortirent tous leur appareil de leur poche pour vérifier si c'était le leur, mais ce fut Ango qui décrocha.

Il parla quelques instants avec son interlocuteur, pendant que les inspecteurs désœuvrés essayaient de deviner à qui il s'adressait en analysant le ton, le vocabulaire et l'expression du tokyoïte. Visiblement quelqu'un de haut placé, car son ton était extrêmement respectueux. Dazai éprouva un bref instant l'envie de crier une bêtise pour afficher son « ami » devant son supérieur, mais il se retint.

La conversation dura au total environ cinq minutes, pendant lesquelles tous les inspecteurs attendirent en silence - rien ne prouvait que la communication concernait le coffre-fort tombé du ciel, mais leur intuition leur disait qu'il y avait un lien. Lorsqu'Ango raccrocha finalement, ses mots résonnèrent dans le silence qui s'était emparé de l'assemblée.

« J'ai une affaire pour l'une des brigades des meurtres et disparition. »

Les inspecteurs concernés échangèrent des regards brillants. Enfin une affaire ! L'excitation s'empara doucement de Dazai, qui espérait que ce serait sa brigade qui récupèrerait l'affaire.

« De quoi s'agit-il ? » demanda finalement quelqu'un de la brigade d'Ayatsuji.

Ango tourna l'écran de son téléphone vers lui, et les autres jouèrent des coudes pour voir le visage qui y était affiché. Dazai fut frappé par les traits fins du jeune homme, et par ses yeux d'un bleu clair, presque cristallin.

« Qui est-ce ? demanda Akiko.

- Un tueur qui vient de s'évader de prison. Il s'appelle Karma. »

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