08 - 𝐀vertissement(s)

coucou !
j'espère que vous allez bien ! moi je revis maintenant que le bac blanc est terminé et que je suis en vacances- j'espère que c'est aussi votre cas, ou que ça le sera bientôt !
sinon, je sais que vous me détestez pour la fin du chapitre précédent, et vous allez me détester encore plus maintenant :')
maiis promis, on va aussi voir des bons personnages dans ce chapitre :0
juste une petite info : l'un des ships mystères pourrait bien commencer à apparaître dans ce chapitre alors je me permets de faire un petit rappel pour la paisibilité de mon espace commentaire : peace and love, tous les ships sont valides tant qu'ils ne sont ni glauques ni illégaux :)

sinon, on se retrouve le 21 février pour le chapitre neuf et je vous souhaite une agréable lecture ☆

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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐇𝐮𝐢𝐭 ─ 𝐀𝐯𝐞𝐫𝐭𝐢𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭(𝐬)

La jeune femme ouvrit un tiroir, et y découvrit un album photo. Elle hésita un instant, passa un doigt sur la couverture, puis le rangea dans un carton sans l'ouvrir. Pour le moment, elle ne pouvait pas se permettre de perdre du temps en se plongeant dans le passé. Elle devait aller de l'avant.

Elle continua de fouiller les tiroirs quelques instants encore, puis acheva de remplir son carton avec quelques livres. Elle le ferma ensuite d'un morceau de scotch opaque, puis le poussa dans un coin de la pièce avant d'en saisir un autre et de le déplier tant bien que mal. De temps en temps, la tête brune de son meilleur ami apparaissait dans le chambranle de la porte de la chambre, mais elle refusait toujours son aide d'un mouvement de main ferme, et il n'insistait pas.

La jeune femme s'attaqua enfin à l'armoire, un peu trop remplie à son goût mais surtout porteuse de nombreux souvenirs. Tous ces vêtements que sa mère avait un jour portés... Elle savait que s'en débarrasser allait lui demander beaucoup de courage. Un courage qu'elle ne savait pas si elle possédait. Elle inspira un bon coup, ouvrit la porte, et se retrouva immédiatement ensevelie sous les vêtements.

Sa mère n'avait jamais aimé le rangement, et cela se voyait. Avec un soupir agacé, la jeune femme retira un t-shirt de son visage et le laissa tomber à terre. Devant la montagne de vêtements qu'abritait la penderie, elle sentit sa motivation s'envoler. Mais, dans quelques jours, l'appartement serait vendu, et il fallait qu'il soit vide d'ici là.

Lorsque son ami passa une nouvelle fois la tête dans la pièce et la vit, affairée à trier ce qu'elle voulait garder en souvenir et le reste, il hésita à venir l'aider. L'absence de négation de la part de son amie le poussa à prendre le risque, et, en effet, elle le laissa faire. Au fur et à mesure de son tri, les yeux de la jeune femme se remplissaient de larmes qu'elle finit par ne plus pouvoir retenir.

Alors, quand bien même elle s'était jurée de rester forte pour réaliser son objectif, elle s'autorisa à pleurer, sous les yeux de son ami qui posa une main compatissante sur son épaule.

Ça va aller Akiko. Je sais que tu es assez forte pour surmonter cela.

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J – 63
17 NOVEMBRE

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Pour la première fois depuis qu'elle était inspectrice, Akiko était désemparée et ignorait quoi faire. Après avoir reçu un énigmatique coup de fil, Ryunosuke s'était muré dans un silence dont elle ne parvenait pas à le faire sortir, et elle pouvait presque voir les rouages de son cerveau tourner, alors que son regard était plongé dans la contemplation de la route.

Malgré ses réticences, elle avait finalement accepté de laisser Ranpo conduire leur véhicule de fonction, et rédigeait sous forme de notes sur son ordinateur le rapport de ce qu'ils avaient trouvé, ou plutôt de ce qu'ils n'avaient pas trouvé. Ryunosuke avait effectivement découvert des informations plutôt intéressantes, mais eux n'avaient rien découvert après leur exploration approfondie de la prison et leur interrogation des surveillants. Tout concordait, les déclarations comme les empreintes relevées par les tokyoïtes.

Elle avait presque l'impression de se trouver face à une affaire sans solution. Comment établir un lien logique entre un évadé introuvable, un civil qui voulait à tout prix se faire arrêter à sa place, le nom d'un inspecteur décédé six mois plus tôt associé à un mystérieux expéditeur de menaces et une cellule non fracturée et simplement ouverte comme par magie ?

Théoriquement, les affaires de recherche d'un évadé n'étaient pas les plus compliquées. Elles étaient surtout une question de course contre la montre, de recherches rapides d'un homme ou d'une femme qui pouvait quitter le pays à tout moment et disparaître à jamais. Mais définitivement, l'affaire Topaz n'avait rien de commun avec celles-là, si ce n'était la même origine.

Topaz était introuvable, et ne semblait avoir rien laissé de tangible derrière lui. Il y avait bien la piste trouvée par Ryunosuke, avec Oda, mais Akiko doutait qu'elle puisse être réellement exploitée. Il n'y avait aucun lien entre eux deux après tout. Certes, elle ne connaissait pas le moindre détail de la vie de son ancien collègue – ça, c'était plutôt le cas de Dazai – mais ils avaient travaillé ensemble pour rattraper Topaz lorsqu'il essayait déjà de les fuir, et l'auburn n'avait jamais mentionné un quelconque lien avec leur cible de l'époque.

Non, il n'y avait aucun lien entre eux, affirma-t-elle mentalement en continuant de taper les informations essentielles à la rédaction de son rapport. Une fois sa besogne terminée, elle laissa son regard dériver sur la route, puis observa tour à tour ses deux collègues. Ranpo, tout content d'avoir eu l'autorisation de conduire, avait un grand sourire béat sur les lèvres et ressemblait à un enfant qui venait d'avoir un gros cadeau.

Ryunosuke, lui, n'avait absolument pas bougé depuis la dernière fois qu'elle l'avait regardé, toujours muré dans son silence. Il y avait quelque chose qui clochait, Akiko en était persuadée. D'abord, Kaiji qui lui parlait d'étranges incidents au temple Sôji... Ensuite, la photo et les supplications du jeune homme pour qu'elle n'en parle pas... Et enfin, ce coup de fil qui avait duré quelques secondes à peine et qui avait précédé le mutisme soudain du jeune homme aux cheveux bicolores.

L'inspectrice aux cheveux noirs se demandait bien de quoi il retournait exactement, et pour une fois, ce n'était pas tant de la curiosité mal placée qu'une réelle inquiétude pour son subordonné. Même sans savoir de quoi il s'agissait exactement, elle avait bien deviné que quelque chose de grave s'était produit, et elle espérait que ce n'était pas une terrible tragédie. Elle était peut-être un peu trop paranoïaque – déformation professionnelle – mais elle s'inquiétait quand même.

Et les messages du numéro inconnu n'arrangeaient rien. Elle avait envisagé l'hypothèse que ce soit lui, le mystérieux interlocuteur de Ryunosuke au téléphone, mais n'était pas sûre de ce fait finalement. Il avait semblé plus... amical ? Elle ne savait pas trop comment qualifier le comportement de son subordonné vis-à-vis de son correspondant, mais il ne lui avait pas semblé aussi agressif qu'il ne devrait l'être avec celui qui jouait avec leurs nerfs.

(Elle, elle devait contenir sa colère à chaque fois qu'elle pensait à cet inconnu, d'autant plus que sa promesse orale de lui mettre son poing dans la figure s'était accompagnée d'un énième message provocateur : Essayez donc.)

Justement, le téléphone de son subordonné sonna une nouvelle fois mais il jeta simplement un coup d'œil à l'écran sans décrocher. La jeune inspectrice remarqua également que son visage s'était renfrogné. L'appareil sonna encore à plusieurs reprises, sans que l'autre ne se décide à décrocher.

« Tu peux répondre tu sais, finit-elle par observer. On peut même s'arrêter pour que tu puisses le faire en toute intimité. » Ils retournaient simplement à leur hôtel, dans l'attente des directives du département des Affaires générales de Tokyo et de leur propre supérieur, l'inspecteur Fukuzawa.

« Non, répliqua sèchement Ryunosuke. Ce n'est pas important. »

La vigueur avec laquelle le portable continuait de sonner contredisait ses dires, mais la jeune femme ne protesta pas. Quels que soient les problèmes auxquels son subordonné faisait face, il ne comptait visiblement pas s'étendre dessus en présence de ses supérieurs. Elle échangea un petit coup d'œil avec Ranpo, qui semblait mourir d'envie de poser plus de questions, mais qui s'abstenait visiblement – un tel acte surprit son amie, qui n'avait pas l'habitude que son compagnon fasse preuve d'autant de sollicitude, mais elle finit par deviner aux œillades qu'il jetait à Ryunosuke qu'il essayait de le profiler à la place.

Elle secoua la tête avec consternation à ce constat, mais ne dit rien. Elle avait abandonné depuis longtemps toute idée de raisonner son ami quand il était ainsi. Ils se connaissaient depuis sept ans, et la jeune femme avait compris dès la première année que le jeune homme au gavroche amoureux des sucreries était borné. Plus borné encore que son meilleur ami Kaiji, ce qu'elle ne pensait pas possible.

« Akiko... »

La voix de l'inspecteur aux cheveux noirs attira l'attention de la jeune femme, qui lui jeta un regard interrogateur. Un immense sourire toujours collé aux lèvres, celui-ci déclara d'une voix innocente :

« Je crois que je me suis perdu ! »

Il y avait presque de la fierté dans sa voix qui désespéra sa collègue, qui balaya les environs du regard. Elle connaissait à peu près Tokyo car elle était souvent venue avec sa mère, mais ce quartier ne lui disait pas grand-chose. Avec un petit soupir, elle sortit du véhicule pour essayer de repérer un plan, sans grand succès. Le quartier ne devait pas vouloir attirer les touristes, se dit-elle en cherchant simplement un nom de rue, ou même de bâtiment qu'elle pourrait ensuite rechercher sur Internet.

Elle parcourut de son regard aiguisé les environs, à la recherche d'un nom significatif. Le quartier n'était visiblement pas très peuplé, à en juger par les volets déboîtés et les devantures de maison recouvertes de lierre ou autre plante grimpante. Il y avait quelques boutiques au nom assez effacé, ce qui la fit soupirer. Quelle espèce de malchance s'était donc abattue sur elle ces derniers jours ? Elle ne cherchait pas grand-chose pourtant. Juste un nom qui lui fournirait une indication géographique.

Elle avança encore un peu plus dans la rue, et son regard accrocha soudainement une silhouette adossée à un mur fissuré. Tout dans l'homme contrastait avec le quartier apparemment en grande partie abandonné : sa canne au pommeau doré, son manteau marron qu'on devinait être de bonne qualité au premier coup d'œil, son chapeau melon et sa fine moustache le faisaient bien plus ressembler à un aristocrate anglais qu'à un japonais moyen.

L'homme sentit visiblement le regard insistant posé sur lui, puisqu'il releva la tête pour croiser son regard. Ils étaient assez loin l'un de l'autre, mais l'inspectrice eut la désagréable impression que l'homme avait souri en la voyant. Elle tenta de l'ignorer, elle ne le connaissait absolument pas après tout, mais n'eut d'autre choix que de se rapprocher de lui en remarquant que la fameuse plaque qu'elle cherchait depuis plusieurs minutes se situait juste à ses côtés.

(Si elle avait été paranoïaque, elle aurait même cru qu'il l'avait fait intentionnellement, et puisqu'elle l'était un petit peu trop, elle en était assez convaincue.)

Elle s'avança de quelques mètres, juste assez pour apercevoir le nom et ainsi repartir, mais la voix grave de l'homme inconnu la figea sur place.

« Pardonnez mon indiscrétion mademoiselle, mais seriez-vous par hasard l'inspectrice Akiko Yosano ? »

Si elle trouvait déjà l'homme louche de par sa tenue et sa position d'attente stratégique alors qu'il n'y avait pas un chat dans la rue, elle était désormais convaincue que ce type était douteux. L'autre ne semblait pas agressif, mais le plus vite elle mettrait de la distance entre eux, le mieux elle se sentirait.

L'homme cligna des yeux devant son silence, avant d'ajouter :

« Je ne suis pas dangereux vous savez.

C'est exactement ce que les gens dangereux disent. » répliqua sèchement la jeune femme. L'autre pouffa avant de lui offrir un autre sourire presque félin.

« Ne vous inquiétez pas, je ne suis qu'un humble quinquagénaire de passage par ici, déclara-t-il finalement. Et je ne m'attendais pas à vous y trouver. » L'étincelle malicieuse qui brillait dans ses yeux démentait ses dires.

« Nous nous connaissons ? demanda Akiko, méfiante.

J'ai bien peur que non. Cependant, j'ai de nombreuses fois entendu parler de vous.

Par qui ? » Le sourire de l'homme s'agrandit. Il esquiva la question, mais lui donna une autre information :

« Je m'appelle Sôseki Natsume. Je ne suis qu'un auteur de livres qui peine à gagner sa vie. »

Akiko voulut lui répliquer brusquement que tout chez lui témoignait d'un manque d'argent inexistant, mais ne dit rien. Son cerveau était trop focalisé sur autre chose, sur le nom de l'inconnu. Il lui était vaguement familier, sans qu'elle ne parvienne à se souvenir d'où elle avait pu l'entendre, et de qui avait pu le prononcer. Natsume dut lire son trouble, puisqu'il agita une main gantée comme pour balayer ses dires.

« Pas la peine de vous embêter à chercher qui je suis. Je pense que vous avez bien d'autres problèmes à régler actuellement. »

Cet homme semblait savoir beaucoup de choses, songea l'inspectrice, et elle ne savait pas si c'était une bonne nouvelle ou non. Elle hésitait encore sur la catégorie dans laquelle classer cet étrange individu : ami ou ennemi ? Mettre fin à la conversation lui paraissait approprié et plus sûr, mais elle avait une dernière question sur les lèvres :

« Pourquoi m'aborder ainsi si ce n'est pas pour répondre à mes questions ou m'apprendre quelque chose que je ne sais pas ? » Le regard brillant de Natsume se perdit brièvement dans le vide avant de répondre :

« J'étais juste curieux de savoir quel genre de personne était la fameuse inspectrice que Yukichi a pris sous son aile il y a dix ans. »

La dénommée écarquilla les yeux sous la surprise. Yukichi était le prénom de son supérieur admiré, l'inspecteur Fukuzawa, et l'étrange homme faisait visiblement référence à un événement que très peu de personnes connaissaient : Fukuzawa, Ranpo et elle.

« Comment vous..., commença-t-elle avant d'être coupée par l'homme :

– Passez le bonjour de ma part à ce cher Yukichi. Et... » Il hésita très légèrement avant de poursuivre, tandis que dans son regard passait nombre d'émotions : « Dites-lui d'être prudent. »

Les derniers mots de Sôseki Natsume résonnèrent comme un avertissement aux oreilles d'Akiko, un avertissement qui lui fit froid dans le dos. Était-il en lien avec la mystérieuse affaire qui prenait tout le temps du quadragénaire ? Son instinct lui souffrait que oui, et cela ne fit que l'inquiéter. C'était une affaire dont ils ne connaissaient pas le moindre petit détail, et qu'ils ne pouvaient absolument pas aider à résoudre.

Après son avertissement funeste, l'homme agita sa canne avant de se décoller du mur pour laisser la jeune inspectrice tranquille. Lorsqu'il passa à ses côtés, il murmura quelques mots énigmatiques à son oreille : Prenez garde au marionnettiste. Akiko ignorait le sens de ces mots, et n'eut pas le temps de s'appesantir dessus : elle aperçut au bout de la rue la silhouette de Ranpo qui venait à sa rencontre, probablement intrigué par la longueur de son absence.

Il la rejoignit en quelques enjambées, et son regard se posa sur la silhouette qui s'éloignait au loin. Ses yeux émeraude étincelèrent, et une petite moue surprise se dessina sur ses lèvres.

« C'était le professeur Natsume ? s'enquit-il, et la jeune femme lui jeta une œillade intriguée.

– Tu le connais ?

– C'est un proche de l'inspecteur Fukuzawa, répondit l'inspecteur au gavroche. Je l'ai déjà rencontré à quelques reprises. »

En effet, Akiko avait tendance à oublier que son ami de longue date connaissait l'inspecteur principal avant même de rejoindre le bureau des enquêtes criminelles de Yokohama. D'une certaine façon, elle aussi avait rencontré Fukuzawa bien avant de rejoindre la police japonaise. Mais elle ne le connaissait pas réellement à ce moment-là, contrairement à Ranpo qui avait passé toute une partie de sa vie à ses côtés.

« Il t'a parlé ? poursuivit l'inspecteur aux cheveux noirs.

– Brièvement. Il voulait que je salue l'inspecteur Fukuzawa de sa part et... que je lui dise d'être prudent. »

Elle avait hésité à mettre son collègue et ami dans la confidence, mais elle n'avait pas envie de lui faire des cachotteries, et son avis sur la question lui serait peut-être utile. Les mots de l'étrange homme l'avaient inquiétée, même si elle essayait de contenir cette inquiétude grandissante. Rien ne servait de retourner cela dans tous les sens, c'était au contraire le meilleur moyen de provoquer une catastrophe, mais elle ne pouvait pas juste garder ça pour elle le temps de voir Fukuzawa.

« Je suppose que c'est en lien avec sa mission. » ajouta-t-elle en remarquant le silence de Ranpo. Elle lui jeta ensuite un coup d'œil, et constata que le jeune homme était plongé dans ses pensées.

« Ryunosuke..., lâcha-t-il finalement, et Akiko ne comprit pas ce que son subordonné venait faire dans cette histoire jusqu'à ce qu'il ajoute : Il en sait plus que nous sur cette affaire. »

En effet, Yosano avait compris ce fait depuis longtemps également. Entre la convocation de Ryunosuke par Fukuzawa le jour où Dazai était revenu, la photo qu'elle avait reçue montrant l'inspecteur aux cheveux bicolores avec une femme interrogée par Fukuzawa, et les problèmes que connaissaient apparemment la famille Ôzaki à laquelle il était relié, cela lui était apparu comme une évidence.

« C'est probable, souffla-t-elle. Je me demande de quoi il retourne. » Ranpo baissa les yeux.

« Je pense que j'ai compris les tenants et les aboutissants, déclara-t-il d'un ton dépourvu de fierté pour une fois, mais je ne parviens pas à comprendre pourquoi elle dure aussi longtemps. Une affaire aussi habituelle... »

Akiko lui jeta un regard curieux, mais son ami fit celui qui n'avait rien vu, et se contenta de retirer son chapeau pour en sortir deux bonbons emballés ; il en offrit un à sa collègue, qui fut déstabilisée par un tel changement d'attitude. L'inspecteur aux cheveux noirs avait vraiment le chic pour passer d'un état d'esprit à un autre, sans la moindre transition.

« Ryunosuke va se demander où on est passés, fit-il observer ensuite. Déjà qu'on avait peur que tu ais fait une mauvaise rencontre...

– Oh, je t'en prie. Tu penses sincèrement qu'un voyou pourrait me mette en difficulté ? » Yosano était presque outrée, mais le rire de son ami l'apaisa :

« C'est pour le voyou que je m'inquiétais. »

La jeune femme aux cheveux noirs ne put retenir un petit rire, elle préférait nettement cette explication. Les deux inspecteurs reprirent ensuite la direction de leur voiture, prêts à reprendre leur route. Cependant, une surprise des plus désagréables les y attendait : trois hommes étaient en train de faire avancer la voiture en la poussant, probablement dans le but de l'emmener dans un coin où ils pourraient la forcer et voler ce qu'il y avait à l'intérieur.

Les deux inspecteurs n'eurent qu'à montrer leur arme de service pour les faire déguerpir, mais derrière leurs visages menaçants se cachait une véritable interrogation : la voiture n'était théoriquement pas vide de présence humaine, puisqu'ils avaient laissé leur subordonné derrière eux.

Pourtant, lorsqu'ils ouvrirent les portières de leur voiture, Ryunosuke s'était volatilisé de la banquette arrière, et n'avait laissé derrière lui que la paperasse déjà accumulée lorsqu'il s'y était installé.

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« Vous avez perdu Ryunosuke ? »

L'exclamation sidérée de Fukuzawa résonna dans la chambre d'hôtel de Ranpo, où les deux inspecteurs étaient retournés après avoir retrouvé leur chemin. Ils avaient appelé non stop leur subordonné aux cheveux bicolores, sans jamais obtenir de réponse. En revanche, son téléphone était allumé, ils pouvaient donc exclure la piste de l'enlèvement et, avec un peu plus de moyens à disposition, ils pourraient localiser le jeune homme. Mais pour cela, il fallait d'abord informer leur hiérarchie de ce qui s'était produit.

« C'est un peu compliqué. » tenta de se justifier Ranpo en implorant du regard l'aide d'Akiko.

Sans même se trouver dans la même pièce que Fukuzawa, ils se sentaient peu rassurés à l'idée d'affronter sa colère. Ils n'étaient pas directement responsables de sa disparition, mais ils avaient quand même laissé le jeune homme encore en formation seul pendant un long moment, tout ça parce qu'ils s'étaient perdus.

« Reprenez depuis le début, reprit Fukuzawa après un soupir qui résonna dans le haut-parleur.

– Nous sommes allés inspecter la prison, comme prévu avec le BEC de Tokyo, déclara Akiko. Ensuite, en revenant, on s'est... perdus, et je suis descendue de la voiture pour aller chercher un nom de rue afin de retrouver notre chemin.

– Comme elle mettait du temps à revenir, enchaîna Ranpo, j'ai été la rejoindre. Et lorsqu'on est revenus, on essayait de nous voler notre voiture, et Ryunosuke n'était plus là. »

Bon, ils avaient passé sous silence quelques détails, notamment qu'ils avaient encore discuté après d'être retrouvés, mais ils étaient déjà suffisamment en mauvaise position. La jeune inspectrice avait également gardé pour elle sa rencontre avec Sôseki Natsume, jugeant que ce n'était pas le moment adéquat pour parler de l'avertissement adressé par celui-ci à Fukuzawa.

« Ryunosuke agissait-il bizarrement avant ça ? demanda le quadragénaire, en suivant presque leur procédure pour les affaires de disparition.

– Il a reçu un coup de fil avant que l'on ne quitte la prison, répondit Ranpo. Et d'autres ensuite, mais il n'a pas décroché.

Vous ne savez rien sur l'appelant ? » Ils secouèrent la tête dans un même geste avant de se souvenir qu'ils étaient au téléphone et que leur supérieur ne pouvait pas les voir.

« Il n'a rien mentionné, avoua Yosano.

– Je pense qu'il y en a eu deux, observa ensuite Ranpo. Un premier à la prison, et un autre ensuite.

– Qu'est-ce que te fait dire ça ? s'enquit Fukuzawa.

– Lors du premier coup de fil, il a décroché presque immédiatement, et sa façon de parler et son ton montraient que c'était quelqu'un qu'il appréciait – et pour qui il était inquiet. En revanche, il n'a pas répondu aux appels suivants, et sa gestuelle et ses expressions indiquaient qu'il ne voulait pas du tout parler à la personne qui l'appelait. »

Le silence qui suivit à l'autre bout du fil témoignait des réflexions de l'inspecteur principal sur ces informations. Akiko se sentait comme une enfant désemparée, qui attendait les directives de ses parents pour savoir quoi faire.

« Vous avez trouvé des choses au sujet de Topaz ? demanda finalement l'inspecteur Fukuzawa.

– Hum... » Aucun d'eux deux ne s'attendait à cette question. « J'allais vous rédiger un rapport, expliqua ensuite Akiko. Mais nous n'avons qu'une faible piste.

– Dans ce cas, termine-le et envoie-le moi.

– Et pour Ryunosuke ? » Elle s'inquiétait pour le jeune homme. Certes, il n'était pas incompétent mais ils ignoraient complètement ce qui avait bien pu lui arriver.

« Je vais vous envoyer du renfort. Vous ne pouvez pas vous séparer, et il est également important de retrouver Topaz. »

Les inspecteurs de brigade criminelle ne pouvaient pas travailler seuls, surtout en terrain sensible. Parfois, comme maintenant, la jeune femme détestait cette règle. Elle aurait bien voulu laisser tomber ce fichu évadé pour rechercher Ryunosuke. N'était-ce pas plus important ? Certes, en tant qu'inspecteurs, ils évoluaient en permanence en étant en danger, c'était la première chose à savoir quand on s' « engageait » mais la situation actuelle était quand même inquiétante.

« Du renfort d'une autre équipe ? » supposa Ranpo. Après tout, Dazai, Kunikida et Atsushi avaient leurs propres responsabilités. Leur supérieur répondit un assentiment bref, avant de donner une dernière indication :

« Soyez prudents vous aussi. Même si le fait que le téléphone de Ryunosuke soit allumé est assez rassurant – s'il avait été enlevé, il aurait sûrement été détruit, on ignore encore ce qui lui est arrivé.
– On a été menacés, révéla soudainement Edogawa, en lâchant cette information comme s'il parlait du temps qu'il faisait. Anonymement, par message. »

Akiko avait presque oublié ce « détail ». Après qu'ils aient découvert que l'homme attrapé n'était pas Topaz, ils avaient reçu deux messages chargés d'avertissements : Vous voulez jouer ? Soyez prêts à en payer le prix. Était-ce cela, le prix qu'ils avaient à payer ?

« Un numéro inconnu ? répondit posément leur supérieur.

– Oui, répondit cette fois Akiko. Et moi j'ai reçu une pièce jointe du même numéro. »

Son ami lui jeta un regard surpris, et elle songea qu'elle s'était engagée auprès de Ryunosuke à ne pas en parler. Mais le jeune homme n'était pas là, et peut-être que cette photo pouvait les aider.

« Qu'y a-t-il sur la photo ?

– Ryunosuke et une femme blonde. Celle qui était dans votre bureau il y a plusieurs jours. » Il y eut un long silence prolongé à l'autre bout du fil, et Ranpo en profita pour en rajouter une couche :

« Inspecteur ? Votre affaire, elle concerne indirectement Ryunosuke pas vrai ? » Le silence se prolongea encore un peu, et les deux autres surent avec certitude qu'ils avaient visé juste.

« Je ne peux pas vous en parler pour le moment, répondit simplement l'homme à l'autre bout du fil.

– Mais il a disparu, peut-être à cause de cela ! s'emporta légèrement Akiko.

Mes directives étaient claires, je suis navré. Mais pouvez-vous me donner un renseignement ? »

Puisque lui ne leur en donnait aucun, la jeune inspectrice n'avait pas une grande envie de le faire, mais Fukuzawa restait son supérieur, aussi se plia-t-elle à la demande :

« Quel renseignement ?

Ryunosuke vous a-t-il parlé des messages qu'il a reçu de ce même numéro inconnu ? »

Ranpo et Yosano échangèrent un long regard. Le premier paraissait assez surpris, mais pas complètement, comme s'il se doutait vaguement que son subordonné avait aussi été concerné par ces messages. La deuxième, elle, en savait plus.

« Il m'a parlé d'une menace oui. Quelque chose comme « Je relève le défi. ».

– Il a aussi dit qu'il avait déjà vu le logo, et qu'il avait un lien avec le numéro inconnu, se souvint Ranpo.

Quel logo ? » Quelque chose dans la voix de Fukuzawa indiquait qu'il en connaissait déjà l'existence, et qu'il cherchait simplement à s'assurer qu'ils parlaient du même.

« Celui qu'il a trouvé dans un cadre dans la chambre de Topaz, répondit d'abord Akiko, avant d'ajouter : Mais je devrais peut-être vous faire le rapport complet pour commencer.

Envoie-le moi au plus vite alors, accepta l'inspecteur principal. Et soyez prudents. »

Il raccrocha quelques secondes plus tard, après avoir salué ses deux inspecteurs, qui se détendirent enfin un petit peu, même s'ils éprouvaient toujours une certaine tension due à l'absence du plus jeune.

« Ça s'est plutôt bien passé non ? finit par souffler Edogawa.

– Oui... Si je lui envoie le rapport dans les trente prochaines minutes, on s'en tirera peut-être sans séjour aux archives.

– C'est beau d'y croire. » sourit ironiquement l'inspecteur au gavroche.

Sa collègue soupira avant d'attraper son ordinateur portable pour s'atteler à sa besogne. Au moins, elle avait déjà ses notes pour s'aider... D'autant plus qu'elle ne pouvait pas compter sur Ranpo, qui se lamentait en fouillant sa valise car il ne lui restait plus de taiyakis. Chacun ses priorités visiblement.

Il finit par mettre la main sur un ramune – tandis que la jeune femme comprenait mieux pourquoi son collègue avait un aussi gros sac alors qu'il pouvait porter les mêmes vêtements deux jours d'affilée et revint s'asseoir aux côtés de sa collègue, sur son lit.

« Tu t'inquiètes pour Ryunosuke, fit-il remarquer en observant la vitesse avec laquelle ses doigts s'abattaient sur les touches du clavier.

– Évidemment, répliqua-t-elle sans ralentir le rythme. Je sais qu'il a le niveau d'un bon inspecteur. Mais il n'a pas encore toute l'expérience dont on a besoin pour faire ce boulot.

– Au fond, s'amusa le jeune homme, c'est pour ça que tu retardes sa promotion, et non pas parce qu'il ne sait pas sourire. Tu penses juste qu'il est moins compétent parce qu'il n'a jamais résolu d'affaire comme Atsushi.

– Non ! se défendit-elle, piquée. C'est juste que... » Elle chercha ses mots quelques secondes en maudissant son ami qui avait tapé dans le mille. Il en profita d'ailleurs pour ajouter :

« Tu sais que j'ai toujours raison. »

Ce qui poussa sa collègue et amie à lui envoyer un coussin dans la tête, par pure vengeance gratuite, sort qu'elle réservait à son ami lorsqu'il se vantait trop (l'objet pouvait varier selon les contextes, mais la violence, jamais). Celui-ci ne l'évita pas – elle était sûre qu'il aurait pu le faire mais qu'il avait préféré lui laisser le plaisir de se venger – et se laissa dramatiquement tomber sur son lit.

« À l'aide ! s'écria-t-il avec des mouvements exagérés qui lui rappelèrent Dazai.

– Tu l'as cherché.

– Je n'ai fait qu'énoncer une vérité générale. » bougonna le détective en gonflant les joues de façon enfantine.

Akiko sourit, avant de secouer la tête doucement. Le talent inné que possédait Ranpo pour résoudre rapidement les énigmes était l'une des raisons pour laquelle leur équipe avait d'aussi bons résultats. Mais elle faisait partie des seuls à savoir que l'inspecteur au gavroche avait tendance à « restreindre » son talent pour maintenir la cohésion de leur brigade. S'il était le seul à résoudre les crimes en quelques minutes, jamais ils ne pourraient travailler aussi efficacement ensemble.

Pourtant, quand on le voyait, on avait du mal à croire qu'il était du genre à se brimer pour les autres. Il aimait au contraire se mettre en avant, tel un enfant, et ne pas laisser les autres lui voler ses privilèges. Quand elle avait compris qu'il se retenait parfois de révéler les coupables pour laisser leurs collègues gagner de l'expérience, elle avait d'abord été très surprise.

« Dis-moi, Ranpo..., déclara-t-elle au bout de quelques instants de réflexion.

– Hm ?

– Tu l'as déjà résolu, ce mystère ? Celui de la disparition de Topaz. » clarifia-t-elle.

Un geignement lui répondit, et lorsqu'elle se tourna vers son collègue, il avait masqué sa tête sous le coussin qu'elle lui avait jeté plus tôt. Son chapeau gisait un peu plus loin sur la couverture, et le reste de son ramune aussi.

« Non, finit-il par avouer, et l'inspectrice aux cheveux noirs sut rien qu'au ton de sa voix que ce simple mot lui coûtait. Je n'y arrive pas. Il n'y a pas de lien logique entre tout ce que l'on découvre. Rien du tout. »

Akiko ne dit rien, mais ce constat l'inquiétait. Si même Ranpo, pourtant un inspecteur chevronné et talentueux, ne parvenait pas à comprendre l'affaire à laquelle ils faisaient face, qui le pourrait ?

« Mais je pense savoir pourquoi Ryunosuke a disparu, lâcha subitement le jeune homme aux cheveux noirs.

– Pourquoi ? s'exclama-t-elle un peu abruptement.

– Je crois que l'inspecteur Fukuzawa travaille sur une disparition. Et je crois que Ryunosuke est parti rejoindre la personne qui a disparu. » Akiko fronça les sourcils. Le jeune homme avait formulé les choses de façon quelque peu énigmatique. Une personne disparue qu'il serait parti rejoindre...

« Tu veux dire qu'on l'a enlevé aussi ?

– Tu crois réellement que notre Ryunosuke est du genre à se faire kidnapper sans faire d'histoire ? »

Clairement, non. Il avait toujours l'air détaché de tout, mais sa supérieure savait que derrière ce masque d'impassibilité, il était alerte et faisait attention à son environnement en permanence. De plus, il était armé et avait de l'expérience dans les arts martiaux. La piste de l'enlèvement était difficile à croire. Et puis, deux bonnes heures s'étaient écoulées depuis la disparition de l'inspecteur, et personne ne leur avait adressé des menaces du type « abandonnez l'affaire si vous voulez revoir votre collègue ». Non, définitivement, la piste de l'enlèvement sonnait fausse.

« Tu penses qu'il est parti de son plein gré, comprit la jeune femme.

– Pour rejoindre la personne qui a disparu et qui a dû le contacter pour lui donner rendez-vous, compléta Ranpo. Ce n'est qu'une hypothèse bien sûr, mais elle ne me semble pas impossible. »

En effet, songea Akiko, il était plus vraisemblable de supposer que Ryunosuke avait quitté la voiture de son plein gré. Mais puisqu'ils étaient en service, seule une chose très importante avait pu le faire partir ainsi sans prévenir.

« Par contre, il a pu se faire enlever ensuite, souligna Ranpo. Si l'invitation était un piège par exemple. Mais il n'est pas stupide, alors je pense qu'il est resté sur ses gardes. »

Il vaut mieux en tout cas. Cette pensée flotta entre les deux inspecteurs. Ils n'avaient honnêtement pas besoin d'une autre recherche acharnée dans les rues japonaises et ne souhaitaient pas qu'un malheur soit arrivé à leur subordonné. Il était compétent. Il saurait se débrouiller. Et peut-être s'inquiétaient-ils pour rien et Ryunosuke allait revenir, comme une fleur, dans quelques instants.

Akiko se répétait ces mots en continuant la rédaction de son rapport. Celle-ci lui prit encore une vingtaine de minutes, puis elle put enfin l'envoyer à son supérieur. Ledit supérieur devait être à l'affût de son résumé, car il les rappela moins de dix minutes plus tard – et la jeune femme songea qu'il n'avait dû lire son rapport que rapidement, et que c'était bien la peine qu'elle s'embête à le rédiger si c'était pour qu'il ne le lise qu'en diagonale.

« Oda ? fut son premier mot lorsqu'ils décrochèrent. Topaz avait un bout de papier avec son nom ?

– Oui, répondit Ranpo, et associé à un logo lié au numéro inconnu selon les dires de Ryunosuke.

... Ryunosuke m'avait déjà fait part de ce logo, déclara Fukuzawa. Il a été analysé par un expert. La composition est complexe, très soignée, mais ne semble rien représenter. En revanche, il y a deux arabesques qui pourraient correspondre à des lettres. L'expert n'a pas pu les déterminer avec précision, mais il pourrait s'agir d'un S et d'un O. »

Sakunosuke Oda. Akiko se mordit la lèvre. Son subordonné aux cheveux bicolores avait déjà émis l'hypothèse que peut-être leur ancien collègue avait un lien derrière cela, voire était derrière cela, mais cela ne faisait aucun sens.

Rien dans cette affaire n'a de sens, susurra une petite voix en son for intérieur. Mais quand même...

« Oda est mort, souffla Ranpo. Ça ne peut pas être lui.

On ne doit négliger aucune piste, leur rappela leur ancien mentor. Pas même les plus invraisemblables.

– Vous ne pensez tout de même qu'Oda pourrait être celui qui se moque de nous ainsi ? s'insurgea Akiko.

– Non. Oda est mort, je le sais tout aussi bien que vous. Mais, il y a peut-être que quelque chose que nous avons manqué à l'époque. »

L'affaire avait été classée sans suite, à peine plus d'un mois après la mort de l'auburn, par les inspecteurs du BEC de Tokyo, devant une absence flagrante de preuves pouvant aider à reconstituer ce qui s'était réellement produit. Dazai avait toujours eu ce fait en travers de la gorge, Akiko s'en souvenait bien. Il avait déjà remis sa démission à l'époque, mais la nouvelle de la fermeture de l'enquête l'avait révolté. Elle ne se souvenait pas l'avoir un jour vu aussi furieux.

Cette affaire non résolue pesait toujours sur ceux qui avaient connu Oda. L'homme était mort héroïquement, et le fait que son meurtrier vive toujours en parfaite liberté était dur à accepter pour eux.

Mais aucune empreinte, aucune arme, aucun petit indice même insignifiant ne leur avait permis de retrouver le nom de celui qui avait pris la vie d'Oda avec une simple balle. Seul Dazai avait assisté aux derniers instants de son mentor, mais tout s'était produit si vite que même lui n'avait pas pu repérer le coupable.

« Vous comptez avertir Dazai ? demanda soudainement Ranpo après plusieurs minutes de silence.

... En temps voulu. Il a pour le moment un autre travail à accomplir.

– Les interrogatoires ont apporté quelque chose ?

Pour le moment, pas vraiment, mais je pense avoir trouvé une personne qui sera disposée à lui parler. » Il marmonna quelque chose d'inaudible, probablement plus pour lui-même que pour ses subordonnés, qui poussa Akiko à se demander si ce serait réellement aussi simple.

« Vous n'avez pas votre propre affaire ? » releva Ranpo avec amusement. Leur supérieur eut un petit rire évasif, avant de déclarer :

« Il faut justement que j'y retourne. Faites attention à vous. »

Il raccrocha ensuite, et le silence envahit de nouveau la chambre d'hôtel. Les deux inspecteurs avaient parfaitement conscience que leur mentor avait raccroché pour éviter d'autres questions sur la façon dont il avait trouvé cette personne. Mais au fond, cela ne les concernait pas et c'était l'affaire de Dazai de s'entretenir avec elle.

Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, Akiko sentit quelque chose couvert de plastique contre sa joue, et tourna la tête vers Ranpo, qui était occupé à lui enfoncer une sucette dans ladite joue. Elle soupira, attrapa le bâtonnet, et observa le parfum. Pomme. Son préféré.

« Tu es un enfant, souffla-t-elle en secouant la tête, mais en ouvrant néanmoins la sucette.

– Rien de mieux que le sucre pour te changer les idées. » fit observer l'enfant en question avec un grand sourire, en utilisant probablement sa philosophie de vie.

La jeune inspectrice plaça la confiserie dans sa bouche et savoura le goût de la pomme sur sa langue. Elle remercia son ami, avant de repartir dans sa chambre. Étrangement, la philosophie de Ranpo semblait exacte : elle se sentait moins anxieuse. Grâce au sucre ou au sourire de son collègue ? C'était une autre question. 

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