07.5 - 𝐋es désastreux débuts de l'inspecteur Atsushi Nakajima

hello !
j'espère que vous allez bien !
merci du fond du cœur pour les 2K, voici en remerciement le premier texte de - je l'espère - une longue série de petits spin-off de l'histoire principale de ARE ♡
j'en profite aussi pour approfondir la backstory de certains personnages qui n'ont pas (encore) la vedette dans l'histoire principale et quelques petits détails simplement mentionnés dans l'histoire principale, mais qui méritent un peu plus de détails, selon moi ou selon vous :)

bonne lecture ♡

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𝐋𝐞𝐬 𝐝é𝐬𝐚𝐬𝐭𝐫𝐞𝐮𝐱 𝐝é𝐛𝐮𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐥'𝐢𝐧𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐀𝐭𝐬𝐮𝐬𝐡𝐢 𝐍𝐚𝐤𝐚𝐣𝐢𝐦𝐚

J - 1 017
05 AVRIL

« Allez Atsushi, montre-leur de quoi tu es capable ! »

Le susnommé tressaillit en entendant le cri de sa mère et rougit en voyant les coups d'yeux intrigués des autres jeunes adultes présents se diriger vers lui. Il secoua la tête pour chasser ce rougissement et ne pas se faire étiqueter tout de suite comme un jeune homme faible et caché derrière sa mère, sans grand succès.

Autant il adorait sa mère, avec qui il entretenait une relation très proche, autant il aurait bien voulu que quelqu'un d'autre l'accompagne. Sa figure maternelle était beaucoup trop fière de son fils qui allait - peut-être - devenir inspecteur de police et qui faisait pour une fois preuve d'ambition.

Atsushi n'avait jamais été un enfant téméraire et ambitieux, prêt à prendre des risques pour réaliser ses rêves. Ceux-ci restaient toujours complètement fictifs et il n'essayait presque jamais de les accomplir, parce qu'il savait qu'il n'en serait pas capable. Et même si, honnêtement, il doutait d'être capable de devenir inspecteur de brigade criminelle, il avait envie de s'accrocher pour une fois.

Il se décida finalement à pénétrer dans le centre de formation sans s'attarder dehors pour observer les autres membres de sa promotion. Il allait avoir besoin de sociabiliser avec eux, il le savait bien, mais il était trop stressé pour y penser maintenant.

Atsushi débutait aujourd'hui sa formation à l'école de police de Tokyo, afin d'accomplir son fameux objectif, devenir inspecteur de police. Dans son entourage, de nombreuses personnes n'avaient pas compris pourquoi il avait pris cette soudaine décision, pourquoi il avait décidé de consacrer les années actives de sa vie à se mettre en danger, à pourchasser les criminels et à résoudre d'horribles meurtres. Ils lui avaient demandé quelle mouche le piquait et ce qui l'avait poussé à prendre cette décision irrationelle selon eux.

Mais il n'y avait pas réellement de raison, juste une envie forte d'accomplir quelque chose. Il aurait pu devenir professeur ou employé de bureau, quelque chose de beaucoup plus stable et sûr que policier. Mais il sentait qu'il ne serait pas satisfait ainsi. Il voulait, c'était peut-être arrogant de le dire ainsi mais c'était la formulation qui lui venait, accomplir quelque chose de grand.

Et puis, tout le monde n'avait pas cherché à le décourager. Sa mère l'avait soutenu presque immédiatement, et elle n'était pas la seule.

Lucy aussi l'avait - à sa grande surprise au début - encouragé à suivre cette voie. Non pas que sa petite amie était du genre à le rabaisser, mais elle lui disait toujours honnêtement ce qu'elle le pensait capable de réaliser ou non. Lorsqu'il lui avait expliqué son envie de devenir inspecteur de police, elle avait simplement acquiescé, en lui disant qu'elle le soutiendrait.

Et cet encouragement l'avait poussé à soumettre sa candidature au département de la police métropolitaine. Ainsi, il se trouvait aujourd'hui devant l'école de police, prêt à commencer sa formation obligatoire, qui consistait notamment à apprendre les divers arts martiaux utiles pour se défendre en cas d'agression physique.

En tant que partisan de la non-violence, il appréhendait un peu ces cours, mais savait qu'ils constituaient une part essentielle de son futur travail. Cependant, il espérait quand même qu'il n'aurait pas pour instructeur et/ou partenaire d'entraînement quelqu'un de trop brusque. De toute façon, il était sûr qu'il serait incapable de faire le moindre mal à quiconque.

Lorsqu'il pénétra dans l'immense bâtisse, il dut faire face à une première difficulté : se repérer dans le bâtiment. Une tâche qui était loin d'être simple, car les plans étaient minuscules et difficiles à lire, surtout avec la montagne de futurs élèves agglutinés devant. De plus, l'amphithéâtre où il devait se rendre n'était absolument pas indiqué clairement dans les couloirs, et il se perdit plusieurs fois en tournant dans la mauvaise direction. Heureusement qu'il avait une avance considérable, songea-t-il.

Il nota cependant au cours de ses pérégrinations que l'endroit était plutôt moderne. Les murs auraient eu besoin d'un petit coup de pinceau et les fenêtres d'un coup de chiffon, mais sinon, tout semblait assez récent. Il s'attendait presque à se retrouver dans un bâtiment au budget restreint par l'État, comme ceux qu'il avait parfois vu dans des reportages.

Lorsqu'il parvint enfin à trouver l'auditorium, l'heure était déjà bien avancée, et il n'était plus vraiment dans les premiers arrivés. On devait normalement leur faire une présentation de la formation - que des choses qu'il savait déjà en fait, mais c'était un passage obligé pour tous les nouveaux élèves. Et puis, il parviendrait peut-être à sympathiser avec quelques personnes, et à commencer à rencontrer ceux qui allaient peut-être être ses collègues un jour.

Alors qu'il s'approchait des portes, il se retrouva soudainement emporté par la foule des futurs policiers qui entrait rapidement dans l'auditorium qui venait d'ouvrir. Il manqua de trébucher à plusieurs reprises sur des obstacles non-identifiés et dut se retenir de justesse au mur pour ne pas s'étaler devant tout le monde et provoquer un effet domino. Lorsqu'il atteignit enfin un siège vide, il était tout au fond de l'amphithéâtre, coincé entre un siège cassé et un jeune homme qui semblait dormir, la tête contre la table devant lui.

Atsushi s'installa doucement sur un fauteuil inconfortable et observa brièvement son voisin endormi. Il avait des cheveux noirs étalés tout autour de son visage, et n'était vêtu que de noir, comme s'il se rendait à un enterrement. Il semblait porter à la réunion à venir autant d'intérêt qu'à un séminaire sur la reproduction des insectes. Et le jeune homme savait de quoi il parlait, il avait déjà dû assister à un séminaire sur ce sujet, traîné de force par son père.

Le jeune homme aux cheveux gris reporta son attention sur l'estrade loin devant lui, remarquant que quelques personnes commençaient à s'y installer. Mais alors qu'il se demandait s'il devait prendre des notes, un petit bruit atteignit ses oreilles, un petit tic-tac caractéristique et digne de films d'action.

Il se tourna vers ses camarades à côté et devant lui, cherchant à leur poignet une montre d'où pouvait provenir le bruit qu'il percevait. Mais leurs bras étaient soit recouverts par des manches de chemise, soit vierges de tout accessoire.

Le tic-tac continuait cependant, à un rythme régulier qui mettait le jeune homme mal à l'aise. Était-il le seul à l'entendre ? Il n'y avait que trois personnes au dernier rang, lui, celui qui dormait et une jeune femme avachie sur sa chaise avec des écouteurs dans les oreilles.

Le regard du futur inspecteur balaya les environs. Il essaya de rester rationnel en se disant que ce devait être une montre, mais le bruit était quand même assez audible. Une montre faisait rarement autant de bruit.

Mais alors, était-ce une bombe munie d'un détonateur ? Ils étaient en plein cœur d'une école de police, très sécurisée et bourrée de caméras de surveillance. C'était impossible qu'il y ait une bombe à l'intérieur n'est-ce pas ? Ses craintes ne disparaissaient pas malgré ses tentatives de résonner logiquement.

Il finit par se retourner vers son voisin endormi, et hésita quelques instants avant de tapoter sur son épaule. Il ressentait le besoin d'informer quelqu'un de ce qu'il avait remarqué, ne serait-ce que pour pouvoir se dire qu'il n'était pas seul à posséder l'information.

L'autre ne bougea pas tout de suite, puis finit par tourner sa tête et ses yeux gris vers celui qui venait de le déranger. Il se redressa ensuite complètement, et passa une main dans ses cheveux noirs aux pointes blanches.

« Excusez-moi, se justifia instantanément Atsushi devant son regard ennuyé, c'est juste que... vous n'entendez pas un drôle de bruit ? »

L'autre haussa un sourcil circonspect avant de balayer le fond de l'auditorium du regard quelques instants. De longues secondes de silence s'écoulèrent, pendant lesquelles Atsushi perçut le bruit caractéristique de la bombe, mais craignit que l'autre ne l'entende pas. Au bout d'un moment, l'inconnu reposa son regard gelé sur lui.

« Si. » finit-il par déclarer en cherchant derrière eux du regard.

Ils soulevèrent leurs sièges et leurs affaires, à la recherche de ce qui produisait cet étrange son. Alors qu'Atsushi se baissait pour observer le dessous des sièges, son regard se posa sur un petit appareil criblé de câbles, dont semblait provenir le tic-tac.

Donc, c'était bien une bombe.

Ce constat frigorifia le futur inspecteur qui se sentit pâlir violemment. Il attrapa l'appareil et le sortit à la lumière pour le montrer à son nouveau camarade. Celui-ci l'observa longuement sous toutes ses coutures, sans rien dire.

« C'est une vraie ? » demanda Atsushi, hésitant. Il n'était pas sûr de bien différencier le vrai du faux à ce stade de sa formation.

« On dirait. répondit le jeune homme aux cheveux bicolores.

- Qu'est-ce qu'on fait ? » commença à paniquer celui aux cheveux argentés.

Ils n'avaient eu aucune formation pour le moment, et ne pouvaient évidemment pas désamorcer une bombe. Mais l'auditorium était rempli de monde, et ils étaient bien loin de la scène. Il n'y avait de plus pas de décompte, juste ce tic-tac faible et incessant.

Alors qu'Atsushi paniquait en essayant de trouver une solution, l'inconnu, toujours aussi détaché visiblement, commença à toucher les fils. Sous les yeux médusés du jeune homme aux cheveux gris, il en arracha un.

Il y eut un instant de silence, et le futur inspecteur crut que la méthode de son camarade avait fonctionné. Mais au bout de quelques secondes, un bruit strident résonna dans tout l'auditorium et fit se retourner tous les autres futurs élèves vers eux.

Craignant le pire, Atsushi attrapa vivement la bombe et, dans un mouvement complètement irréfléchi et idiot, jeta l'appareil de toutes ses forces vers le reste de la salle. Il y eut des cris, des protestations, et surtout un grand mouvement de panique qui se répandit dans toute la salle.

Quelques secondes plus tard, la bombe explosa dans un nuage de paillettes et de laine.

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« Je suis vraiment confus. » s'excusa Atsushi pour la vingtième fois au moins, sous le regard agacé de son responsable de formation.

A ses côtés, le jeune homme aux cheveux bicolores ne bougeait pas, tel une statue de cire insensible à ce qui se produisait. A croire qu'il se fichait bien du fiasco qu'avait été la réunion de rentrée à cause d'eux... Enfin, en soit, Atsushi était le vrai responsable de ce désastre puisqu'il était celui qui avait lancé la bombe dans l'assistance.

« Avez-vous conscience que ce genre de comportement est parfaitement indigne d'un futur inspecteur ? » observa le responsable, un homme qui répondait au nom de Fukuchi. Le jeune homme aux cheveux argentés se ratatina un peu plus à ces mots. « Si cela avait été une vraie bombe, les dégâts auraient été catastrophiques. Sans parler de toutes les vies qui auraient été emportées... »

Comme débuts prometteurs, on faisait difficilement pire, se lamenta Atsushi. Il allait devoir redoubler d'efforts pour se rattraper après ce désastre sans nom. Si c'était seulement possible... Ne ferait-il pas mieux de quitter immédiatement l'école et de faire une croix sur son objectif ? Il n'avait pas très envie de s'y résoudre, mais vu la situation...

« L'exercice de la bombe est un classique répété chaque année, poursuivit l'homme, mais c'est la première fois que je vois une telle réaction. Jeter une bombe sur le public, quand même... J'espère que vous ne ferez jamais cela lorsque vous verrez une vraie bombe. Quant à vous... » Le regard de Fukuchi se déplaça sur l'autre jeune homme convoqué dans son bureau. « Et j'espère que vous suivrez une meilleure formation pour désamorcer une bombe.

- Ça dépendra de vous. » répliqua sèchement le concerné, et Atsushi resta sidéré par son aplomb. Alors qu'il n'avait qu'une envie, se terrer dans un trou pour ne jamais en sortir, l'autre se comportait comme si ce qui venait de se produire n'était qu'un événement sans importance.

« Ne soyez pas insolent, s'offusqua leur interlocuteur. Nous nous targuons d'offrir une formation optimale à tous les jeunes désireux de protéger leurs concitoyens, et je ne laisserais pas deux insolents ternir cette réputation. Faites attention à vous, au moindre faux pas je demanderais votre expulsion. »

Atsushi s'inclina de nouveau avec reconnaissance, mais l'autre se contenta de renifler avec un mépris même pas dissimulé. Leur responsable de formation fit comme s'il n'avait rien entendu, et les congédia d'un signe de la main. Le jeune homme aux cheveux argentés ne se fit pas prier et quitta la salle en le remerciant une dernière fois, son voisin et camarade involontaire de méfait sur les talons.

« Je suis désolé que vous ayez été entraîné dans cette affaire, s'excusa une nouvelle fois Atsushi lorsqu'ils furent dehors. Je n'avais pas l'intention de...

- Peu importe, bougonna son interlocuteur. Au moins, on a échappé à cette assemblée idiote. » Certes, mais quand même... Le futur inspecteur ne pouvait pas croire que l'autre se fichait à ce point de ce qui venait d'arriver.

« Je m'appelle Atsushi Nakajima, se présenta-t-il ensuite timidement.

- Akutagawa. » répliqua simplement le jeune homme aux cheveux bicolores d'un ton toujours bougon.

Il y eut un petit moment de silence inconfortable, pendant lequel Atsushi se creusa la tête pour trouver quelque chose à dire tandis que l'autre regardait toujours droit devant lui en silence. Ils étaient seuls devant le grand centre de formation, les autres se trouvant désormais dans un autre auditorium et écoutant le fameux discours de rentrée. Les deux « délinquants » devaient probablement s'y rendre, ne serait-ce que pour entendre la fin, mais le gris était persuadé que son compagnon ne le ferait pas.

« Il y a une raison particulière pour laquelle vous voulez devenir inspecteur ? » finit-il par demander, essayant de meubler le temps qu'il restait. L'autre posa sur lui un regard déstabilisant, comme s'il se demandait pourquoi il prenait encore la peine de lui parler, et Atsushi eut très envie de fuir finalement. L'autre l'effrayait un peu.

« Non. » répondit sobrement Akutagawa.

Il était visiblement un spécialiste des réponses courtes, se dit le futur inspecteur aux cheveux argentés. Sans doute ne fallait-il pas vouloir avoir une longue conversation avec lui, au risque de faire les trois quarts de la discussion seul. Ils restèrent de nouveau silencieux, et Atsushi se surprit à espérer que l'assemblée se termine vite, pour qu'il puisse rejoindre des camarades plus bavards. Son interlocuteur le mettait un peu mal à l'aise. On lui avait parfois dit qu'il n'avait pas le profil d'un policier, mais c'était aussi vrai pour le jeune homme aux cheveux bicolores.

Finalement, ce fut la toux subite dudit jeune homme aux cheveux bicolores qui rompit le silence quelques instants. Atsushi le regarda un moment à la dérobée, puis ouvrit la bouche pour poser une question ; celle-ci fut cependant avalée par le brouhaha soudain qui s'empara de la cour dans laquelle ils se trouvaient. Leurs futurs camarades de promotion venaient de sortir de l'auditorium, et ils les entourèrent tout de suite en les apercevant.

« Eh ! Bien joué ! s'exclama une jeune femme en leur tapant dans la main.

- C'était hilarant ! ajouta un jeune homme en les applaudissant, imité par quelques autres personnes.

- Franchement, j'ai rarement autant ri ! » conclut une autre fille et d'autres approuvèrent.

Déstabilisé par cette popularité inattendue, Atsushi ne sut pas trop comment réagir sur le coup. Il finit par hocher la tête et sourire, soulagé que ses camarades de lui en veuillent pas pour cette catastrophe.

Du coin de l'œil, il vit son nouveau camarade s'éloigner discrètement loin de la foule. Atsushi espérait qu'il aurait l'occasion de le revoir et d'apprendre à faire sa connaissance, car il se sentait intrigué par ce jeune homme. Mais cela, seul l'avenir le leur dirait...

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