Chapitre 6
À peine ais-je entrouvris l'entrebâillement de la porte de la salle de bain que mes prunelles se furent heurtées à la poitrine encore dénudée de mon gamin, qui pour sa part, se tenait toujours au beau milieu de la pièce. Le t-shirt partiellement enfilé, seuls ses avant-bras avaient été introduit dans les manches du vêtement lorsqu'il eut violemment redressé la tête sous mon entrée fracassante. Le sévère soubresaut dont il fut victime à cet instant n'ayant guère tardé à provoquer l'éveil d'un pénible sentiment d'embarras chez ma personne alors même que mon esprit eut consenti à me faire redescendre sur terre. Un fait me faisant soudainement prendre conscience que la fatigue n'aidait en rien à calmer l'amoncellement de films qui avait tendance à se former dans ma tête lorsque je me retrouvais mis sous pression. Quand bien même je me fus empressé de balayer cette constatation d'un bref revers de la main, une part de moi songeant qu'il y avait bien mieux à faire pour le moment que de réaliser un putain de constat sur mes états d'âme. À commencer par trouver un moyen d'expliquer la raison pour laquelle je débarquais en trombe dans la salle de bain sans que j'aie à mettre cartes sur table. Un furtif coup d'œil vers les mains de mon petit-ami, vide de la présence de toute forme d'objet tranchant étant toutefois parvenu à me soutirer un profond soupir de soulagement sans que je ne songe même à le subtiliser. Bien trop exténué pour m'efforcer de me contenir plus longtemps.
Quelques secondes se furent encore écoulées durant lesquelles mes prunelles grises se furent attardées sur la toile abstraite qu'était devenue le torse de mon petit-ami. Sa peau toujours dénudée malgré le laps de temps écoulé et le regard empli de détresse qu'il m'eut adressé ayant toutefois suffit à me faire bouger de là où j'étais dans une soudaine prise de conscience tandis que je m'efforçais de ne pas loucher sur ses plaies, n'ayant pas la moindre envie de le rendre plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. Un bref regard glissant sur l'une de ses clavicules, meurtries par les précédents événements de cette soirée cauchemardesque, en fut néanmoins bien assez pour me faire saisir la gravité de la situation, sachant parfaitement qu'il s'agissait de l'exacte emplacement où cette grande perche de Berthold — si ma mémoire est bonne — avait exercé une majeure partie de sa force de sorte à soumettre Eren à l'une des pires atrocités. Si bien que le cri qu'il lui avait soutiré raisonnait encore parfaitement dans ma tête, hérissant mes poiles pour l'énième fois de la soirée.
Je secouais la tête pour me défaire de tous ces souvenirs sordides, tentant de me concentrer au mieux sur ma démarche, car sachant pertinemment que nous n'étions pas près de nous coucher si je demeurais comme un con à contempler mon gamin sans rien faire. Je poursuivi de ce fait ma route vers ce dernier jusqu'à ce que je puisse finalement me trouver à sa hauteur, profitant de la proximité pour lui saisir les poignets d'une délicatesse que je ne me serais jamais cru possible, ne cessant d'être étonné par le fait même de pouvoir parvenir à exercer une telle douceur à l'égard de quelqu'un. Un constat parvenant à me figer l'espace d'un millième de seconde avant que je ne m'empresse de retourner à ma besogne. Mes prunelles ayant néanmoins prit un moment avant de remonter vers le regard déserté du moindre éclat de mon brun, car l'ayant parfaitement perçu retenir son souffle sous mon toucher. Et ce, bien qu'il ne fît pas le moindre mouvement de recule pour se défaire de ma prise. Eren semblant vraisemblablement faire un véritable effort pour se laisser approcher, associant sans doute inconsciemment toute forme de contacte à celui de ces pourritures. Une hypothèse qui n'eut pas éprouver le moindre mal à raviver cette subtile envie de meurtre qui n'avait jamais vraiment quitter le seuil de mes pensées, mais dont je dû m'efforcer de faire fi une fois de plus, car jugeant préférable de passer le bien-être d'Eren avant toute chose. L'aboutissement de telles réflexion m'incitant par ce fait à procéder, débutant tout d'abord par tenter de faire passer le bras droit de ce dernier dans l'une des manches de cedi t-shirt faisant pour l'instant office de véritable problème à nos yeux. Une action qui fut exécuté sans trop d'encombre, jusqu'à ce que nous fumes arriver à la seconde étape qui consistait à soulever puis d'infiltrer à son tour le bras gauche d'Eren dans la seconde manche du vêtement. La souffrance émit par cette action pourtant banale ayant presqu'instantanément provoqué l'émergence d'une grimace de douleur sur le visage de mon gamin. Ce qui m'occasionna un bref pincement au cœur sans pour autant que je ne cède à ses plaintes, tentant tout de même d'exercer le plus de précautions possibles de manière à minimiser au maximum sa peine. Quand bien même mon esprit s'égara de nouveau en songeant à tout le mal qu'Eren avait dû s'infliger afin d'essayer de parvenir à s'habiller par lui-même tout du long de cette longue attente inopinée, ainsi que du combat intérieur qu'il avait dû s'imposer de manière à ne pas recourir à mon aide. Mon petit-ami ayant visiblement préféré confronter ses démons ; s'entêter abruptement, que de venir me demander de l'aide...
Enfin, jusqu'à ce que je ne débarque importunément, l'incitant sans savoir à rendre les armes.
Un certain laps de temps nous fume requis durant lequel nous dûmes échafauder plusieurs tentatives avant de ne finalement parvenir à nos fins. Un maigre soupir ne tardant à franchir de nouveau mes lèvres tandis que j'eus consenti à détourner mon regard sculpté par la fatigue de ma précédente source de préoccupation. Chacune de mes réflexions se confondant les unes aux autres dans un tourbillon de contrariété alors que j'eus finalement opté à mêler plus distinctivement le gris de mes prunelles au vert-bleuté de celles d'Eren d'où je pu presqu'instantanément discerner fatigue, accablement, mais également une fine pointe de culpabilité. Je fus cependant prit de cours lorsqu'un sourire eut fleuri sur ses lèvres meurtries, quand bien même ce dernier m'eut semblé irrémédiablement faux. Ce qui ne fit qu'accentuer la charge sur mes épaules, même si je ne fis rien pour arranger les choses. Une part de moi souhaitant visiblement aller à l'encontre de ce sentiment qui me recommandait, m'hurlait de ne pas franchir la ligne rouge, celle qu'on apprenait tout doucement à forger et à ne pas dépasser avec précaution, qui nous narguait par son aspect interdit, mais face à laquelle il ne fallait céder sous aucun prétexte.
Me risquer à m'attarder sur les traits d'Eren était ce qui s'apparentait le plus à cette fameuse limite que je m'étais longtemps abstenu d'outrepasser depuis les derniers évènements. Je le contemplais désormais réellement, mes pupilles s'autorisant à vagabonder de part et d'autre de son visage. Elles frayaient leur chemin sans omettre de sonder la moindre anomalie, partant de l'œil au bord noir de mon partenaire en passant par ses cernes creuses et violacée à l'entaille résidant sur son arcade sourcilière et qui allait d'ailleurs sans nul doute laisser une marque... Elles eurent terminé leur périple en aboutissant sur les innombrables hématomes semblant revêtir la peau de mon gamin au même titre qu'une foutue tapisserie ringarde de mauvais goût. Une constatation qui m'affligea, m'incitant à poser l'une de mes paumes contre sa joue froide et blessée, car ressentant le besoin immédiat d'effectuer un contact, aussi infime puisse-t-il s'avéré être. Je souhaitais l'inciter à me regarder pour de vrai et à laisser tomber sur le champ cette façade qu'il s'évertuait visiblement à dresser dans le seul but de m'épargner davantage de peine.
Ce que je refusais catégoriquement et qui dû transparaitre sur mon front puisque dès l'instant même où la surface de mes doigts eut rencontré celle de sa pommette, cela eut semblé suffire à démanteler ces barrières factices. Ce même rictus erroné se dématérialisant pour ainsi se métamorphoser en une moue grise et flétrie. Eren n'ayant toutefois visiblement pas l'intention de me laisser en voir davantage, par honte ou par orgueil peut-être, mais tout ce qui m'importait dans l'instant avait été qu'il s'était précipité vers moi, réduisant en un temps record les quelques centimètres de distance nous séparant pour aussitôt entourer ma nuque de ses bras. Je le sentais se raccrocher à moi avec fermenter, comme s'il était en proie de noyade et que je représentais l'une de ces bouées de sauvetage à laquelle s'accrocher.
Il avait plaqué nos torses l'un contre l'autre avec une telle rigueur qu'il m'eut contraint dans l'action à reculer d'un pas sous l'impact. Le soudain déséquilibre me désorientant l'espace d'une seconde jusqu'à ce que je ne recentre mon attention sur le souffle tiède qui s'écrasait désormais lourdement contre l'épiderme de mon cou. Les mèches brunes encore humides chatouillaient quelque peu la bordure de ma mâchoire sous la soudaine proximité, permettant par conséquent à leur doux parfum d'enivrer mes narines. Eh bien que je parvenais à ressentir le cœur de mon gamin s'affoler à travers sa poitrine, le sentant battre si fortement qu'il m'aurait semblé être en mesure de sortir de son thorax, pas une seule larme ne fut versée ni le moindre sanglot ne fut émis.
Certes, ses bras tremblaient, mais bien moins que la dernière fois où j'avais été autorisé à le sentir tout près de moi, ce qui me soulageais plus que je n'aurais su l'avouer... Toutefois, Eren s'avérait bien trop démuni pour que je puisse me permettre de saisir le moindre espoir de le voir un jour oublier un tel cauchemar.
Il me donnait l'impression de se trouver au bord d'un précipice, et la fermeté avec laquelle il m'étreignait, celle que la simple éventualité de me lâcher aurait eu le pouvoir de causer sa perte, ou même de signifier la fin du monde, de son monde.
Le voir comme ça s'était... Je détestais ça.
Alors je fis ce que je faisais le mieux ; j'ignorais la douleur causée par mes propres blessures et le serrais contre moi, l'entourant à mon tour de mes bras, je menais l'une de mes mains dans son cuir chevelu et y laissait défiler mes doigts.
« Tu peux t'accrocher, je ne te lâcherai pas. » J'avais soufflé ces paroles près de son oreille avant de l'embrasser tendrement sur la tempe, et il avait pour toute réponse raffermi notre étreinte, nichant davantage son nez dans le creux de mon cou.
∞∞∞∞∞∞∞∞
« Ça te fait mal...? » Eren avait demandé faiblement, son regard vitreux perpétuellement posé sur mes jointures tandis que je m'attelais à lui remettre ses bandages, tâchant d'exécuter l'opération aussi proprement que possible en dépit de la fatigue qui semblait gagner un peu plus de terrain à chaque instant.
« C'est moins grave que ça en a l'air. » Avais-je mentis, n'ayant pas le cœur à le voir s'inquiéter. D'une part, car n'ayant pas l'habitude d'être sujet à de pareil sentiments portés à mon égard, mais d'une autre parce qu'il n'avait pas à se soucier de ce genre de détail pour le moment. Bien qu'il ne semblât visiblement pas partager le même avis. Le siège sur lequel il était installé vis-à-vis moi s'avérant être à la juste hauteur afin de lui permettre d'appuyer son front contre mon abdomen, interrompant par conséquent ma besogne. Ce qui m'agaça sobrement, car n'ayant qu'une hâte, essayer de dormir un peu, de sombrer dans un sommeil profond et de me réveiller dans mon lit au petit matin avec la folle idée que tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve. Et ce, même si j'avais bien conscience de la dure réalité de la vie, et que ce genre de scénario serait bien trop beau pour être vrai.
« Je suis désolé... »
Ces seuls mots avaient suffi à me faire sortir de mes songes, mes sourcils se fronçant irrémédiablement à leur retentissement tandis que j'eus dérivé mon regard vers le sommet du crâne de mon gamin. Un silence pesant s'installant à la suite de ces paroles puisque je fus trop surpris pour même songer à rétorquer quoique ce soit, départagé entre l'étonnement et un fort sentiment de confusion.
« Qu —
J'aurai pas dû... J'aurai pas dû me défouler sur toi, je... Je sais que t'as fait de ton mie- » Sa voix s'était évanouie avant même qu'il ne parvienne à terminer sa phrase, l'émotion sans doute devenue trop forte à supporter et les souvenirs, encore bien trop fraies dans sa mémoire pour être confrontés. « T'as fait de ton mieux. » Il répéta cependant dans un murmure, mais entendre la fin de sa pensée n'avait fait qu'achever mon cœur à coup de poignard, et ce, pour la simple et bonne raison que j'avais juré. J'avais juré de le protéger et pourtant... pourtant j'avais échoué lamentablement.
J'étais pitoyable.
Il était là à remuer tout ça dans sa tête, à s'excuser alors qu'il n'avait rien fait de mal parce qu'il avait eu raison. Raison de m'accuser, raison de se défouler sur moi, raison sur tout. Je n'avais pas su le protéger ni l'éloigner de mes problèmes du passé.
« Non t'as eu raison, je suis le seul à blâmer. »
Ce détournement de situation avait eu pour effet de le faire tressaillir, visiblement surpris par mes propos. Ces grands yeux verts s'étaient ainsi empressés de trouver les miens avec affolement, remontant sa tête dans ma direction.
« Qu'est-ce que tu —
J'aurais dû le voir venir ! » Je lui coupais la parole avant de serrer les dents, un rouleau de bandage résidant encore dans le creux de ma paume tandis que j'eus conduis l'une de mes mains à mon visage boursouflé, cachant mes yeux.
« Dès le moment où Isabel et Farlan sont réapparu, j'aurais dû... J'aurais dû faire quelque chose... Je —
Mais tu ne pouvais pas savoir. » Il avait rétorqué, le regard éteint et le visage soudainement fermé de toute expression. C'était comme s'il lisait un script sans jouer, ou encore qu'il énonçait l'évidence pour essayer de me convaincre ou même mieux, de se convaincre lui-même que nous n'aurions pas pu éviter l'inévitable.
Il sonnait résigner dans l'idée que rien n'aurait pu changer le cours des choses, et ce genre de mentalité... Ça ne lui ressemblait pas.
« Tu devrais t'occuper de toi aussi. » Il avait ensuite poursuivi, faisant fi du regard déconcerté que je posais sur sa personne. « Je vais t'attendre en bas. »
Puis, sans même me laisser le temps de répliquer quoique ce fut, il avait disparu derrière la porte de la salle de bain, me laissant seul avec mes tourments.
∞∞∞∞∞∞∞∞
Dix minutes fût le temps que je me fus accordé pour me débarrasser de toute cette crasse qui parsemait ma peau depuis déjà bien trop longtemps. À croire qu'à trop me préoccuper d'Eren, j'en avait presque oublié que j'étais crade de la tête au pied et moi aussi bien amoché. Les trainées d'eaux rougeâtres défilant entre mes pieds sur l'émail du bain ayant suffi à me faire réaliser l'ampleur des dégâts quand bien même j'avais jusqu'ici eu une vague idée de mon état déplorable. Le picotement de mes blessures au contacte du liquide vaporeux contre ma peau — ternis par les bleus monstrueux qui devaient désormais me recouvrir le corps — ayant suffi à me le faire deviner.
J'eus alors une pensée pour mon gamin qui avait dû confronter cette vision sinistre de ma personne après avoir survécu à une épreuve pareille, sans compter que tous ces péripéties avaient dû l'inciter à voir cet aspect brut de ma personnalité. Celui que j'avais terré au plus profond de moi il y a de cela quelques années, me jurant de ne jamais plus céder à la rage.
Je claquais de la langue en songeant que malgré tout mon bon vouloir, malgré tous mes efforts, j'étais tout de même parvenu à tout faire foirer.
Encore une fois.
J'en venais alors à penser que je n'étais peut-être tout simplement pas fait pour être entouré, après tout, mon géniteur n'avait jamais été plus qu'un simple inconnu ayant jeter de l'argent en l'air pour prendre son pied. Ma génitrice n'était que rarement à la maison et préférais visiblement se faire sauter que d'élever son propre fils... Mes amis de longue date disparaissaient sans laisser de trace... Quant à mon oncle, j'imaginais que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne se lasse de ma présence et ne me renvoie chez sa sœur.
Et si Eren aussi en venait à en avoir marre de moi, serais-je vraiment capable de le supporter?
Après tout ça?
Toute ces pensées négatives tournaient dans ma tête tandis que je me fus enfin décidé à sortir de la douche, laissant à peine le temps aux gouttelettes rescapées d'achever leur périple sur mes muscles endoloris avant de les effacer de la surface de ma peau en un temps record. La serviette m'ayant servi à me sécher ne tardant pas à trouver sa place autour de ma taille tandis que mon regard se fut porté sur mon reflet dans le miroir d'en face. Un reflet dont l'apparence n'était pas pour me surprendre au vu de tout ces coups que j'avais choisi d'encaisser à la place d'Eren, car préférant de loin subir la violence abusée de ces tyrans plutôt que de les voir s'en prendre à mon gamin.
Je laissais tomber mon regard sur mes mains — encore éprit de tremblement sous le poids de l'émotion — alors que j'eus enfin entrepris de considérer quelques instants le travail qu'avait effectué Farlan sur mes jointures. Mes prunelles osant longer les joints avec détachement tandis que la désagréable envie de les arracher d'un coup sec germait peu à peu dans mon esprit. Comme si m'infliger cette douleur pouvait punir ma faiblesse.
Mais je ne le fis pas.
Pour la simple et bonne raison que choisir cette alternative n'aurait mené nulle part, sans compter qu'elle n'irait certainement pas en ma faveur ni en celle de quiconque.
Je lâchais donc les coutures des yeux pour de nouveau porter mon attention sur la trousse de bandage délaissée quelque temps plus tôt sur le comptoir de la salle de bain. L'idée de panser mes plaies proprement et d'ainsi retourner le plus rapidement possible auprès d'Eren ayant suffi à me mettre au travail, me contraignant dans l'immédiat à laisser ces pensées sombres de côté.
Toutefois, et ce, bien que la tâche fût accomplie en moins de temps qu'il n'en faut pour ne le dire, mes expériences passées m'ayant fait prendre en vitesse pour ce qui était d'effectuer les premiers soins en globalité, je ne sus m'empêcher de me pincer l'arête du nez en constatant avoir omis de prendre des vêtements de rechange avant d'entrer dans la douche. Une observation qui me fit bien chier en sachant que je ne pouvais tout simplement pas remettre ma tenue précédente qui s'avérait désormais bonne à jeter. Sans compter que l'idée même de passer par Eren afin d'obtenir des habits et d'ainsi risquer de l'exposer à ma nudité — enfin, à ma semi-nudité — n'était même pas à envisager. Ce qui ne m'eut guère laissé d'autres choix que d'oser m'aventurer à l'extérieur de la salle d'eau si je désirais enfiler autre chose qu'une serviette humide rose saumon. L'une de mes paumes rabaissant ainsi la poignée de la porte de sortie tandis que j'eus envisagé de ramener le battant vers moi dans une lenteur phénoménale, car ayant parfaitement conscience de sa tendance à grincer, je ne voulais par-dessus tout pas attiser la curiosité d'Eren et prendre le risque de le rebuter à jamais de toute présence masculine en faisant l'erreur de m'exposer librement sous ses yeux. Je traçais donc mon chemin à pas feutré jusqu'à la chambre de mon petit-ami, priant silencieusement les cieux pour que ce dernier se soit conformé à ses dires de m'attendre en bas et non dans cette même chambre. La simple éventualité de le surprendre dans cet accoutrement me tordant un peu plus les trippes à chacun de mes pas, placés judicieusement à des endroits stratégiques afin d'éviter de produire le moindre bruit sur ce sol craquant. Ce qui n'était pas une mince affaire, sachant que j'étais encore totalement étranger à cette maisonnée, n'étant venu que très rarement chez ce supposé tuteur.
Je fus néanmoins soulagé de ne pas trouver la moindre présence de mon gamin dans la pièce où régnait cela dit un bordel plus monstrueux que je ne l'aurais imaginé. Ne serait-ce que par la couette du lit qui trainait à même le sol, par les oreillers éparpiller en vrac sur le matelas, les montagnes de linges éparpillées ici et là, ou même par l'entassement de tasses et d'assiettes accumulés sur les meubles. Je me fis néanmoins la réflexion que la fatigue accumulée était bien trop grande pour que je puisse même me permettre de poursuivre mon examen des lieux ou même de songer à m'y attarder davantage. Sans compter qu'il y avait mieux à faire pour le moment que d'estimer les compétences d'Eren à tenir une chambre proprement vivable. Comme par exemple, trouver l'objet de mes convoitises, à savoir ; n'importe quel bout de tissus pouvant me permettre de me couvrir un tant soit peu. Ce qui allait s'avérer plutôt simple comme Eren possédait une corpulence supérieure à la mienne. Un fait qui avait le don de m'agacer par moment, mais qui n'était pas un véritable problème en soit, car n'étant pas d'un naturel à me préoccuper de ce genre de chose.
Enfin, il ne m'avait suffi que d'un trentième de seconde avant de tomber sur quelque chose de décent, puis d'un autre pour m'habiller de ce qui n'était pour finir qu'un pullover bleu-noir et d'un jogging aux couleurs sombres. J'avais ensuite pris soin de passer un dernier coup de serviette sur mon cuir chevelu de sorte à en essorer les mèches au maximum puis avait laissé tomber la pièce de tissu dans le panier à linge avant de sortir de la chambre sans oublier de fermer la porte derrière moi, souhaitant pour l'instant rayer cette image bordélique de mon esprit.
Je descendis par la suite le palier de la maisonnée d'une démarche assez bancal compte tenu des vagues de douleurs qui me traversaient tout le corps au moindre faux pas, me donnant sans doute l'allure d'une vieille merde sur patte rendu au bout de sa vie. Une comparaison que j'eus vite fait de balayer du revers de la main tandis que je fus finalement arrivé à rez de chaussée, longeant le passage afin de vérifier que la porte d'entrée était bien fermée à clef pour m'apercevoir aussitôt qu'elle avait été verrouillée à double tour. Eren m'ayant visiblement devancé, ce qui n'était pas pour me déplaire au vu des circonstances.
Je poursuivi dès lors ma route vers la salle de séjour, là ou j'imaginais bien mon gamin s'y être réfugier, et ce fut la conscience plus ou moins tranquille que je le découvris installer sur le canapé face à la télévision. Une épaisse couverture le recouvrant, je devinais toutefois aisément qu'il avait ramené ses jambes contre sa poitrine et entouré celles-ci de ses bras, à l'abris sous le revêtement. Je l'avais contemplé l'espace d'un instant, une tristesse infinie m'emplissant le cœur sous l'air exténué qu'il arborait malgré son air endormi qui ne perdura cependant pas. Car à peine j'eus entrepris de m'avancer vers lui qu'il avait réouvert les yeux, relevant brusquement la tête sous la frayeur que lui avait suscité ce son. La crainte présente dans son regard m'ayant toutefois semblé diminuer d'intensité lorsqu'il eut réalisé qu'il ne s'agissait que de moi et non de tout autre individu malfaisant. Ce qui me permis de reprendre mon souffle, inconsciemment rompu sous la peur qu'il ne me repousse.
« Tu viens...? »
Ces paroles avaient été prononcées comme une supplique à laquelle je n'avais su résister malgré le léger sentiment de surprise qui s'était d'abord éveillé au creux de ma poitrine. Une part de moi s'étant précédemment attendu à ce qu'il tente d'instaurer un peu de distance entre nous au lieu de réclamer un rapprochement. Même si, à mieux y penser, ce genre de réaction était sans doute tout typique pour quelqu'un ayant un besoin immédiat de ressentir une quelconque forme de sécurité. Une sécurité que j'étais prêt à lui fournir si cela signifiait pouvoir l'apaiser un tant soit peu.
Je ne perdis donc pas une seule minute de plus avant de poursuivre ma route vers le canapé et de prendre place auprès de mon gamin qui avait prit soin de soulever la couverture alors que je m'installais grossièrement. La peur de commettre une maladresse me freinant irrémédiablement, ce qui eut fini par avoir raison de moi, m'entrainant à laisser le libre arbitre à mon brun tandis que je patientais sans vraiment trop savoir quoi faire le temps qu'il se pose comme il faut contre moi. Mon bras demeurant suspendu en l'air jusqu'à ce que je parvienne à le juger confortablement installer, sa tête reposant contre ma poitrine et ses bras m'encerclant doucement, j'avais remonté la couverture d'un geste habile sur nos deux corps et avait resserrer l'étreinte qu'il m'offrait, plongeant mon nez dans ses mèches de cheveux encore humides afin d'en humer le parfum.
Je songeais à la suite des évènements, à la discussion que nous allions devoir échanger concernant Isabel, Farlan, mon passé... Aux explications que j'allais devoir fournir à mon oncle concernant ma disparition d'un soir et mon apparence, et celles qu'Eren aurait à raconter à son tuteur, à nos amis ou encore à la direction du lycée, au patron de la pizzeria et même au club de danseurs, à Mike...
Je soupirais.
Ça ne faisait que commencer.
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Salut, salut ! Alors voilà le chapitre 6! J'espère qu'il vous a plus, j'ai décidé de faciliter un peu mon style d'écriture pour vous comme pour moi ! J'hésite encore un peu sur les temps de verbe alors désolé si ça vous perturbe un peu haha j'essaye de faire de mon mieux !
Donc comme dit Levi, ça ne fait que commencer alors tenez vous prêt !
Comme je l'ai dit dans le chapitre précédent, ne vous inquiétez pas, cette fiction peu prendre du temps à sortir, mais j'ai bien l'intention de la terminer alors ne désespérez pas si vous voulez la suite ! Elle viendra petit à petit ;)
Sur ce, j'espère que j'ai pu vous soulager un peu avec le début de ce chapitre, et non Eren ne s'est pas mutilé, pardon pour la petite frayeur haha ^^
On se retrouve pour le chapitre 7 avec un nouveau PDV ! À vous de devinez de qui il s'agit ;)
À plus mes chéri(e)s
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