Chapitre 3


POINT DE VUE LEVI.

« Ere —

Ne t'approche pas j'ai dit ! » M'ordonna de nouveau mon gamin à s'en déchirer les cordes vocales, sa voix fragilisée par ses précédents hurlements de terreur se brisant aussi violemment qu'un morceau de verre se fracassant contre le sol. Eren s'étant éloigné à la manière d'un fauve en captivité pour ensuite saisir la poignée de sa portière avec empressement. Une lueur d'effroi parfaitement lisible par la croisée de son regard qui ne sembla guère vouloir s'éteindre de sitôt alors qu'il me surveillait d'une appréhension terriblement douloureuse. Une réaction vis-à-vis laquelle je ne sus rester de marbre et qui parvint aussitôt à me pétrifier. Mon cœur se désagrégeant en un milliard de fragments dissemblables à la simple idée que mon toucher puisse effrayer, voir même dégoûter la seule personne au monde que je n'eus jamais aimer... Une éventualité suffisant à me faire serrer la mâchoire de manière à mieux me contenir pour ne pas craquer sous la pression. Mon corps se reculant de lui-même avant que l'une de mes mains précédemment tendue dans sa direction, puis cruellement repoussée, ne reprenne piteusement sa place initiale sur mon genou. Ma gorge se serrant sous la charge incommensurable de tant d'émotions divers qu'il me serait difficile de même parvenir à tous les nommer tandis que je me résolvais finalement à quitter les prunelles larmoyantes de mon brun. Des larmes fraîches débutant tout juste à noyer la frontière de mes cils à l'instant où j'eus porté mon regard sur mes vieux compagnons d'arme installés devant. Une part de moi m'incitant à focaliser l'entièreté de mon attention sur ceux-ci, car sachant pertinemment que persister à mêler le gris métallique de mes iris au vert émeraude de celles de mon petit-ami suffirait à démanteler chacune de mes dernières barrières, déjà bien frêles.

« Isabel... » Je parvins difficilement à articuler malgré la neutralité que je me fus efforcé d'arborer en présence du gamin. «Jt'en prie... » Je poursuivi une fois qu'elle s'eut tournée vers moi dans un calme effarant, délaissant quelque peu l'objet de sa curiosité palpable. Mes doigts empoignant fermement mon jean sous l'effort incommensurable qui me fut demander pour ravaler mes émotions, d'un côté par stupide fierté, mais de l'autre, car je savais pertinemment qu'Eren ne pourrai supporter de me voir dans une position aussi vulnérable.

Comme moi j'étais incapable de le voir aussi dévasté...

Ma lèvre inférieure trembla légèrement sous les scènes de ce film effroyable qui se répétait inlassablement dans mon esprit, soupoudrant mon cœur d'une intense culpabilité alors que ma conscience m'hurlait que j'étais l'unique responsable, que tout était de ma faute. Une conclusion qui me fit légèrement baisser la tête sous le poids démesuré de l'accablement. Ma mâchoire se contractant avec force lorsque j'eus senti le regard brûlant de mon brun peser sur ma personne. Mes iris s'obstinant cependant à regarder — sans vraiment voir — la mine ahurie de mes deux amis, patientant lamentablement que ceux-ci se décident à intervenir, car n'ayant plus le courage de regarder Eren dans les yeux en sachant que son état était le fruit de mon insouciance et de mon impuissance. Une part de moi ne pouvant s'empêcher de se demander ce qui serait arrivé si j'avais écouté Farlan l'autre soir et l'avais suivi sans mot dire, songeant peut-être qu'ainsi, Eren aurai été plus en sécurité... Des pensées sur lesquelles je fus toutefois interrompu par le claquement sonore des portières du véhicule tandis que mon brun s'agitait de nouveau près de moi, seule sa respiration haletante parvenant à briser ce silence affligeant lorsque je me fus résolu à lâcher le pare-brise des yeux. Mes paumes trouvant d'elles-mêmes leur chemin vers mon visage, arpentant celui-ci comme l'auraient fait des essuie-glaces capables d'en effacer toute trace de fatigue avant de monter vers mon cuir chevelu dont les mèches noires étaient dorénavant imprégnées d'une poisse insupportable.

Plusieurs secondes s'écoulèrent durant lesquelles j'observais le revêtement du plafond, une pierre semblant m'oppresser les poumons sous l'appréhension qui me taraudait l'esprit, car sachant pertinemment qu'il me fallait confronter la réalité si je désirais éviter de commettre la même erreur qu'autrefois. Une ébauche qui suffit à me virer l'estomac, effrayer à la simple éventualité que je puisse de nouveau perdre quelqu'un de cher à mes yeux, et qui m'incita par ce fait à pauser mes prunelles sur mon gamin dont les orbes ne m'avaient encore quitté. Ayant la ferme intention de lui faire comprendre, et ce, par n'importe quel moyen, que j'étais là pour lui et que jamais je ne le lâcherai, quand sa portière s'ouvrit à son tour, le faisant sursauter, puis se retourner dans un élan de frayeur surdimensionné. Une aura tourmentée ne perdant guère de temps à le submerger tandis qu'il considérait dorénavant mon amie de ses yeux rougis. Celle-ci se tenant face à lui, un sourire compatissant aux lèvres qui ne sembla cependant pas arriver à le mettre à l'aise. Eren l'ayant dévisagé durant ce qui me parut s'avérer une éternité jusqu'à ce qu'il ne se décide soudainement à reporter son attention sur ma personne, m'adressant l'un de ces regards capables de vous désarmer en un rien de temps et qui suffit à dissiper le peu de constance dont je fus doté. Ce qui m'engendra un léger sentiment de découragement, un maigre soupir parant la frontière de mes lèvres meurtries alors que j'inclinais sobrement la tête sur le côté, ne sachant plus le moins du monde comment je devais m'y prendre pour le réconforter, n'étant déjà de base, pas forcément doué pour ce genre de chose...

« Aller gamin... » Je me fus tout de même efforcé de dire, feignant un rictus tout en essayant au mieux de maîtriser le timbre de ma voix enrouée. Les épaules tombantes et le cœur prit par un vif tourbillon de sentiments pénibles, bien que mes paroles n'eurent aucunement semblées cheminer jusqu'à lui. Une observation qui me fit resserrer la poigne de mes mains liées dans un geste purement inconscient tandis que je baissais les yeux vers celle-ci, mordant simultanément l'intérieur de ma joue de sorte à ne pas crouler sous l'accablement. Quand le crissement du cuir recouvrant les sièges de la bagnole se fit entendre, Eren ayant vraisemblablement consenti à coopérer tandis que la voix d'Isabel retentissait de nouveau, une voix claire, chaleureuse qui me remémora de nombreux souvenirs sans pour autant que je ne songe à m'y attarder davantage. Mes prunelles s'obstinant à scruter un point invisible devant moi jusqu'à ce qu'un maigre gémissement ne retentisse, attirant sitôt mon attention sur mon bien-aimé qui se tenait désormais péniblement debout, son bras droit derrière le cou de la jeune rousse et l'une de ses paumes appuyées sur sa hanche, visiblement douloureuse. Une constatation à la suite de quoi j'entrepris de me redresser vivement dans l'intérêt de sortir à mon tour, alerté par la souffrance de mon partenaire, quand mes iris s'accrochèrent à celles de ma compère dans l'action précipité, me dissuadant ainsi de poursuivre sur ma lancée. Le choc qu'elle puisse me déconseiller une approche quelconque vers mon petit-copain me remémorant de justesse la raison pour laquelle je m'étais tenu en retrait il y a encore quelque instant. Un souvenir qui m'incita aussitôt à me relâcher sur mon siège, le dos vouté et l'apparence pitoyable, mais qui ne m'empêcha cependant pas de discerner ce faible rictus qui fleurissait gentiment au coin des lèvres de la rouquine. Le tout assorti d'une légère lueur d'optimisme au fond de ses joyeux de jade auxquelles je n'avais eu à faire depuis déjà bien trop longtemps, et qui demeurait sa manière bien à elle de tenter de me rassurer avant qu'elle ne coupe court à l'échange visuel. Cette dernière reportant prestement son attention sur Eren tout en referment la portière du mieux qu'elle put dans les circonstances, me laissant par conséquent seul avec mes songes alors qu'elle entreprenait de guider mon gamin vers notre vieille planque pourrie — lieux où nous avions l'habitude de nous retrouver par le passer, pour nous détendre, nous défaire de nos problèmes du quotidien, ou encore pour dealer certaines substances... Du moins, c'était le cas pour Farlan qui à l'époque s'évérait être un vendeur assez réputé dans le domaine... Quant à moi, je ne lui commandais que des cigarettes standards qu'il n'acceptait de se procurer qu'en guise de notre amitié (assez complexe), m'ayant toujours refusé à toucher le moindre gramme de cette merde qu'il refilait à ses acheteurs, car ayant bien trop souvent été exposé aux effets secondaires générés par cette marchandise à matière toxique. —

Le temps s'écoula encore quelques secondes durant lesquelles mon regard demeurait fixer au parquet de cette bagnole dont la splendeur n'avait eu le moindre mal à m'apprendre le délit dont elle était l'objet. Je tenais prisonnière de mes canines ma lèvre inférieure sous l'éventualité que cet accident dont je m'étais naïvement cru à l'abri il y eut encore de cela quelques heures ne s'était furieusement pas avéré suffisant pour inciter le châtain à se détacher de ce milieu malsain et dangereux. Une pensée parvenant à raviver une profonde colère en mon saint, grugeant peu à peu mon âme à la manière d'une infection incurable capable de vous faire perdre la raison.

« Putain ! » Je ne sus retenir un juron, mon poing ayant bien vite percuté le dossier du siège central dans un élan purement colérique. « Bordel de merde ! » J'ajoutais avant d'infliger davantage de dégât au cuir qui forgeait la banquette arrière. Le revers de la ceinture m'usant la peau de la clavicule sous mes gestes dirigés par la rage bien trop longtemps refoulée alors que la sonorité de mes coups résonnait vivement dans mes tympans, saillant ceux-ci tel un sifflement sourd.

Mon souffle ardant se coinça dans ma gorge l'espace d'un instant, assez longtemps pour m'inciter à me calmer sobrement en dépit de ma fureur débordante. Mon dos s'évachant sur le dossier au même titre que mon crâne que j'eus lassement laisser tomber sous la fatigue qui prenait davantage de terrain sur mon esprit. Je sentais ma poitrine se soulever puis s'affaisser vigoureusement sous ma respiration dorénavant haletante et difficile. Seule caractéristique parvenant à rompre ce silence étouffant tandis que je déviais légèrement le regard vers l'extérieur, dirigeant mes prunelles empreintes d'un clair-obscur métissé sur la silhouette de mon gamin un peu plus loin.

Mon gamin avec qui cette enflure avait joué impudemment, le forçant à se soumettre misérablement tout en ayant la répugnante intention de le marquer à vie d'une honte sans pareil.

Un excès de colère me fit resserrer les poings lorsque je revis le portrait de cette pourriture en mémoire, souriant comme un chien en chaleur à la simple idée de pouvoir incérer sa grosse bite sale dans le postérieur de mon petit-ami et de le baiser comme n'importe quelle pute de la rue Sainte-Catherine. Une image qui me révulsa, générant en moi le désir obsessionnel de terminer ce que j'avais commencé plus tôt si cela n'avait été de l'intervention de Farlan.

J'imaginais ce connard à ma merci, ma lame près de sa gorge et prêt à peser, à faire glisser le revers de l'arme sur la peau rugueuse de cet animal. Je voyais le sang gicler tandis que je perforais sa jugulaire dans une lenteur frémissante.

Poussé par l'irrémédiable envie de commettre l'irréparable, l'adrénaline se déversant dans mes veines m'incita à sortir du véhicule pour échapper à ces pensées meurtrières dont je ne pouvais me débarrasser aussi aisément. Les souvenirs s'avérant encore bien trop frais dans ma tête pour que je puisse songer ne serait-ce qu'un seul instant à me reprendre et réaliser l'absurdité que représentait un meurtre sur les mains d'un adolescent, où encore à la sentence réservée aux personnes ayant l'audace d'exercer un tel crime, une telle atrocité.

Je claquais la portière d'un puissant revers de la main sous une impulsion incontrôlée, l'air frais emplissant mes poumons, caressant mes plaies béantes recouvertes d'une épaisse couche de sang coagulé, mais ne parvins cependant pas à éteindre ce brasier qui prenait quant à lui une ampleur incommensurable au creux de ma poitrine. Mon esprit bouillonnant à la simple éventualité que ce fils de pute puisse avoir survécu sous la puissance de mes coups.

Je tournoyais sur moi-même avec affairement, laissant définitivement tomber cette façade d'indifférence, car n'étant plus en mesure de l'appliquer. Une boule de coton m'ayant montée à la gorge quand le manque se fit cruellement ressentir, contaminant mon esprit d'une brume épaisse pour finalement engloutir le peu de maîtrise qu'il m'eut resté. Mes mains tremblantes et abimées cherchant d'une vivacité sans nom la présence de mon paquet de cigarette qu'elles eurent heureusement déniché dans la seconde, ouvrant précipitamment le compartiment chiffonné pour en sortir la dernière tige du lot. Froissée et pitoyable, à l'image de mon âme...

Je ne fis cependant pas plus de réflexion à ce sujet et menais la brindille à mes lèvres d'une manière précipitée. Le bout de mes doigts parcourant d'une impatience folle l'intérieur de mes poches, tentant péniblement de mettre la main sur mon briquet dans les plus brefs délais sans toutefois que je ne parvienne à déceler l'objet tant convoité qui dû m'avoir échappé quelque temps plus tôt, lors de la confrontation. Un constat qui me fit tiquer de plus belle tandis que je retirais brusquement la clope de ma bouche. Écrasant celle-ci au creux de ma paume avant de l'insérer dans l'une des poches de mon jean sans le moindre ménagement. La frustration étant telle que je ne sus réfréner l'irrémédiable envie de me défouler à nouveau, interrompant machinalement mes allers et venues indéfinies avant que mon pied gauche ne rencontre sa première victime. Celui-ci heurtant toutefois si violemment l'un des pneus de la Mercedes qu'une décharge atrocement douloureuse eut parcouru l'entièreté de ma jambe. Des fourmillements percutants chacun de mes muscles endoloris alors même qu'un cri étouffé surgissait des tréfonds de ma gorge. Une grimace déformant mes traits sous la souffrance occasionner par cet acte imbécile, mais dont je ne pus réprimer la mise en œuvre, car ne sachant pas le moins du monde comment faire autrement pour me départir de cette rage irrépressible. Mes mains se portant systématiquement à la base de mon pied comme pour en atténuer la douleur alors qu'un souffle étranglé m'échappait sous le ressenti. Ce qui ne suffit cependant pas à calmer mes ardeurs, car je n'eus guère tardé avant de me mettre à me bousiller les jointures — déjà fragilisées pour la plupart —. Fracassant sans relâche ces dernières contre la surface de l'une des vitres du véhicule volé pour peu à peu l'imprégnée d'une fissure monumentale. Un petit manège qui serait bien parvenu à se poursuivre encore un moment si cela n'avait été d'une main s'emparant brusquement de mon avant-bras, m'interrompant derechef dans ma fureur démesurée.

« Ça suffit, Levi. » M'ordonna tristement le châtain à l'instant où je me fus violemment retourné dans sa direction, une once de remontrance scintillant dans mes iris à la seule vue de mon vieil ami. Ma poitrine se gonflant de manière radicale tandis que j'eus entrepris de me soustraire à son emprise avec brutalité.

« Tout est de ta faute ! » Je l'accusais en reculant de quelque pas, les nerfs à vifs et fouettant l'air de ma paume. « Si t'avais pas fait le con cette fois-là, on en serait pas là ! » J'ajoutais d'une voix pleine, brulante de reproche. « Tu réalises ce qu'ils lui ont fait au moins ?! De par quoi il a dû passer juste à cause de ta connerie ?! » J'achevais en pointant fièrement la baraque du bout de l'index, la respiration haletante et le corps tremblant de toute part. Le vent rugissant quelque instant avant que mon interlocuteur ne reprenne la parole avec exaspération, l'une de ses paumes se frayant un chemin jusqu'à sa figure lorsqu'il eut délaissé mes iris emplies d'un effarement cataclysmique.

« R'garde, je suis vraiment désolé, il commença d'un timbre agacé, à peine audible, mais ça changera pas ce qui s'est passé ! Tu crois que j'ai fait exprès ? Que j'ai délibérément choisi de m'faire voler ?! » Il poursuivi, faussant l'indignation. Ce qui ne fit qu'agrémenter mon irritation à son égard.

« Ferme ta gueule, tu ne me la feras pas deux fois ! Je rétorquais aussitôt tout en l'empoignant fermement par le col. On sait très bien tous les deux qu't'avais leur stock, mais qu't'as pensé qu'à ta p'tite personne ! » Je m'insurgeais avant de le relâcher tout aussi violemment, repoussant son buste d'une force délibérée tout en m'injuriant personnellement pour l'avoir un jour fréquenté sérieusement. « Ça aurai pas dû arrivé ! Pas lui, putain... ! » Je soufflais d'une voix empreinte de frustration tout en tournant dorénavant le dos au châtain. Les mains sur le crâne et les yeux cloués sur le sol, faisant momentanément fi de cette douleur qui me tiraillait les membres depuis la perte de mon sang-froid quelque temps plus tôt. De fraiches giclées d'hémoglobine jaillissant de mes plaies pour s'écouler dans une descente incessante, tâchant chacun des pores de ma peau d'une couleur rougeâtre, insoutenable.

« ... Écoute Levi, intervint mon homologue au bout d'un certain lapse de temps à m'observer silencieusement, ne sachant manifestement plus sur quel pied danser. On ferait mieux de —

Où est-ce qu'il est ? » Je ne me gênais cependant aucunement pour lui couper la parole, ressentant le besoin imminent de croiser les prunelles intelligibles de mon gamin et d'ainsi m'assurer de son état, d'être à ses côtés. Une demande qui sembla toutefois prendre mon ami de court alors qu'il fronçait légèrement les sourcils sous l'égarement momentané, quand une lueur de lucidité traversa son regard teinté de gris.

« Avec Isa, il m'affirma dans un premier temps, le silence s'installant encore quelques secondes avant qu'il ne crût bon d'ajouter ; dans la salle de bain. » Une spécification lui épargnant de justesse une sublime injure de ma part — sachant qu'il était évident que je fusse d'ores et déjà au courant de ce premier détail — tandis que j'optais pour le contourner sans mot dire, traçant mon chemin vers ce qui s'eut avéré, il y eut un temps, ma seule échappatoire à cette vie désastreuse.

Toutefois, à peine parvins-je à m'avancer de quelque pas que Farlan m'eut intercepté de nouveau, enserrant mon poignet d'une prise ferme, et qui m'incita par ce fait même à reporter mon attention sur sa personne. Ma langue rencontrant mon palet dans un énième claquement agacé en dépit de la douleur qui m'eut traversée l'articulation. Une grimace peignant mes traits l'espace d'un instant, quand mon ami reprit la parole.

« Crois-moi, il fit une pause, affrontant mon regard dans un duel sans merci. C'est pas le bon moment pour aller le voir, là. » Il m'assura d'une voix claire, et ce, sans détourner ses prunelles odieuses des miennes, emplies d'un entêtement résolu. L'inquiétude ressurgissant bien malgré tout au creux de mon être pour adroitement se mêler à l'indignation qui persistait à me tarauder l'esprit.

« Et je peux savoir ce qui te fait dire ça ? » Je rétorquais assez froidement, furieux qu'il puisse se mettre au travers de mon chemin. « T'es passé à deux doigts de te faire violer toi aussi et j'étais pas au courant ou— »

« Bon maintenant t'arrête, Livaï ! » Il m'interrompit sur ma lancée tout en m'attirant brusquement vers lui, soulevant mon avant-bras dans la précipitation tout en prononçant les syllabes d'un surnom qui parvint à me faire tressaillir, ne m'étant pas le moins du monde attendu à ce qu'il décide d'employer de nouveau une telle familiarité après tout ce temps.

« J'ai compris, c'est moi le connard ! J'ai provoqué cette situation et rien ne serait surement arrivé si j'avais juste respecté ma parole et prit le pognon comme convenu ! Isabel est au courant, toi t'es au courant et tout le monde est au courant ! » Il s'insurgea avec hargne tout en effectuant de grands gestes de sa main libre. « Mais hey, comment il s'appelle déjà ? Eren, c'est ça ? Il me questionna rageusement. Comment tu penses qu'il va réagir s'il te voit dans cet état-là ?! » Il poursuivit, faisant sans doute allusion aux contusions enjolivant mes jointures désormais en miettes, mais également à tout ce sang qui m'eut tout d'un coup semblé plus abondant qu'il y eut encore quelques minutes. Une constatation qui me fit légèrement écarquiller les yeux alors que de grosses perles écarlates s'écrasaient lourdement sur le sol graveleux.

« Tu comprends maintenant pourquoi j'te dit que c'est pas le bon moment ?! » Je perçu très distinctement la voix du châtain alors qu'il desserrait sobrement sa prise sur mon poignet. Ses doigts longeant ma peau sur plusieurs millimètres de distance avant d'interrompre leur trajectoire à seulement quelque pas de ma paume. Un geste qui parvint à soulever chacun de mes poils dans un frisson colossal sans pour autant que je ne prenne la peine de m'y attarder. Bien trop occuper à constater l'ampleur de ma bêtise commise un peu plus tôt pour m'encombrer d'une seconde gêne. Une part de moi-même me reprochant les difficultés qu'allaient m'engendrer de telles blessures lorsqu'il serait temps de prendre soin d'Eren...

« Donc là, hey, Livaï. Reprit mon vis-à-vis tout en claquant des doigts à deux reprises sous mes yeux pour que je reporte l'entièreté de mon attention sur sa personne. Ce que je ne tardais pas à faire, relevant mon regard vers ce dernier. Là, tu vas m'écouter, c'est clair ? Tu vas piler sur ton orgueil deux s'condes pi* tu vas m'suivre pour que j'te soigne avant qu'tu fasses un malaise. »

« Pi grouilles-toi, j'ai pas toute la nuit ! » Il m'ordonna finalement avant de ne me relâcher définitivement, puis de ne me contourner d'un pas rageur. Traçant sa route vers l'entrée de cette baraque inhabitée, moi sur les talons...

∞∞∞∞∞∞∞∞

À peine fus-je entrée, la tête lourde et le visage pâle, que des bruits de pas précipités, suivi d'un grand fracas se fit entendre dans le couloir de la salle d'eau. S'ajoutant à cela l'écho sordide d'un dégobillage qui parvint sans le moindre mal à me retourner l'estomac. Mon cœur se serrant à la simple image de mon gamin se tordant de douleur sur le carrelage, vidant ses tripes dans la cuvette des toilettes sous le dégoût affligeant qui devait présentement s'accaparer de son être.

Je senti les larmes humidifier mon regard sous le mal-être qui me prit de nouveau, un atroce sentiment de culpabilité m'étreignant la poitrine, et qui m'incita du même pas à clore les paupières d'une force démesurée. Ma lèvre inférieure tressautant quelque peu tandis que j'eus péniblement relever le menton vers le ciel, inspirant profondément de manière à mieux me contenir pour ne pas laisser les perles d'eau salées s'écouler le long de mes pommettes endolories. Une boule d'angoisse ne tardant pas le moins du monde à se former au creux de mon bas-ventre dû à l'appréhension qui me grugeait peu à peu, car sachant pertinemment que mon brun ne serait jamais plus le même à la suite de ce qui venait tout juste de se produire.

Le temps s'écoula encore de longues minutes durant lesquelles je demeurais immobile, observant sans vraiment voir la moisissure qui tâchait le plafond, se propageant à la manière d'une maladie incurable. Un fait qui je savais, m'aurait habituellement dérouté, mais qui, en cet instant de pure agonie, n'était même parvenu à me faire sourciller, bien trop préoccupé par l'état de mon gamin pour même parvenir à me soucier de quoique ce soit d'autre. Chacune de mes pensées s'avérant tournées d'une manière ou d'une autre vers ce dernier tandis que j'hésitais encore sur le meilleur choix à faire. Si je devais passer outre les conseils de Farlan et me précipiter vers Eren pour tenter de le réconforter un tant soit peu, n'en ayant strictement rien à battre de mes blessures, ou si au contraire, je me devais de lui laisser du temps seul avec lui-même. Connaissant sans doute mieux que quiconque ce désir de solitude assez courant chez les personnes atteintes d'un choc post-traumatique...

« Oi, Levi. » M'interpella tout bonnement Farlan à l'instant même où j'aperçu la jeune rousse au bout du couloir, celle-ci m'adressant un léger rictus, empli d'une certaine compassion tandis qu'elle se dirigeait vers la salle d'eau, une couverture repliée contre sa poitrine.

« Écoutes, je sais que c'est difficile pour toi... Poursuivi mon ami tout en posant l'une de ses paumes sur mon épaule sans tout du moins que je ne daigne lui porter le moindre regard, mes prunelles s'obstinant à considérer la porte par laquelle venait tout juste de disparaître Isabel une fois qu'elle eut frappé pour désigner sa présence. Mais faut vraiment te soigner mon vieux. » Il acheva avant de ne me trainer à sa suite en direction de ce qui fut un temps ce que nous considérions comme le salon. La lourdeur de mes pieds me donnant la vague impression de trainer un poids, sans doute la masse imposante de ma culpabilité, mais par-dessus tout de mon inutilité. Comme si j'étais condamné à patienter, patienter que le pire soit passé...

∞∞∞∞∞∞∞∞

HEY me revoilà !!! Donc je vous demande de m'excuser pour le retard ! Avec la panoplie d'examen et de devoir + le travail, j'ai à peine trouvé le temps d'écrire ! Mais j'y suis parvenu finalement, et je suis très contente de vous faire part du tout premier point de vu de Levi dans ce tome 2 !

Donc, plus qu'une semaine et je serais libre ! Ainsi je compte publier plus fréquemment ! 8D 

Comme convenu, je suis arrivé à publier ce chapitre avant la fête des mères ! Donc, je souhaite une agréable journée à toute les mères présentes sur ce site ! Je me permet également d'inclure toute les femmes/filles s'auto proclamant "mère" d'Eren et/ou de Levi XDD

Aussi, j'espère que ce chapitre vous a plu et que vous acceptez de me pardonner pour sa sortie tardive >.> J'aimerais également savoir ce que vous en avez pensé en grande sadique que je suis ! XD

Sur ce, je vous dit à très bientôt je l'espère pour le chapitre 4 ! Et vous allez pleurez ~

Mouhahahahha

*Pi --> Diminutif de "puis"

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